Pyjamas party (Pobby)

J'avais envie de me servir un verre de vin, là, maintenant, tout de suite. Je sortis des verres et une bouteille de rouge. « T'en veux un? » demandais-je à la jeune femme. Mais je n'attendis pas vraiment sa réponse et lui en servit un malgré tout. Au pire, je le boirai, lui aussi.  Je viens bien merci et toi ? Dit donc, ça fait un bail que l'on ne sait plus vue... Quoi de neuf ? me dit-elle lorsque je la saluai. Je lui fis un petit sourire. « Oui, ça va, malgré le fait que je suis épuisée par ma semaine de stage.... Je ne souhaite même pas savoir ce que ça va être si je suis une avocate un jour! » lui dis-je en soupirant. Mais bon, si cela continuait ainsi, je pouvais bien me mettre un doigt dans l’œil. Je n'obtiendrai jamais ma licence avec une attitude comme j'avais et une non-motivation évidente pour le droit. Mais bon, on pouvait toujours rêver! Et puis, je n'étais pas sans le sous. Mes parents étaient riches et je comptais bien en profiter bien longtemps, quitte à rester longtemps à la maison. « Ouais, ça fait longtemps qu'on s'est vu... » dis-je en prenant une gorgée de mon vin. « Sinon, pas grand chose. Je continue de sortir le plus souvent possible et je fais en sorte d'énerver le plus possible les gens autour de moi! » dis-je en souriant davantage. Si seulement, la fin de ma phrase était un pur mensonge ou une plaisanterie, mais bon. C'était la vérité. J'étais comme dirait-on? « A pain in the ass » et cela me fit rire, même si je ne l'avais que pensé.

Je lui demandai alors à mon tour ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie. « On ne va quand même pas ne parler que de moi, même si ma vie est bien intéressante! » ajoutais-je ensuite. J'étais centrée sur moi-même, mais il y avait des limites, surtout avec les gens auxquels je tenais particulièrement, comme Pobby.  Comment aurais-je pu oublier l'accessoire existentiel ? me dit-elle en rigolant en parlant de pyjama. Vous avez changé de décorateur ? Il me semble que quelque chose à changé... me demanda-t-elle. Je regardai la pièce. « Oui, c'est vrai. C'est plus moderne, non? Mes parents ont définitivement un peu plus de goût qu'avant! Il était plus que temps! » m'exclamais-je avant de boire une gorgée de mon verre de vin à nouveau. « Bref, tu veux commencer par quoi? Un film? Du papotage? Les deux en même temps? » lui demandais-je avec un sourire malicieux. Je n'étais jamais à cours d'idée lorsqu'il était question de parler. Je pouvais le faire longtemps sans jamais m'arrêter. Un vrai moulin à parole!

Décidément, Pobby avait l'air émerveillé par la nouvelle décoration, ce qui me fit sourire. J'étais heureuse que ça lui plaise tant. Même si je n'y étais pas pour grand chose. Il s'agissait là simplement de l’œuvre de mes parents et de leur envie incessante de changement. Jamais rien n'était parfait pour eux, mise à part les honneurs dont étaient toujours les bienfaiteurs mon petit frère et ma grande sœur. Bref, rien qu'à penser à eux, je perdis le petit sourire qui était né sur mon visage. Bref, cela ne servait à rien de penser à eux et à leur perfection en ce moment-même. Ça n'allait absolument rien changer.  « Son travail est magnifique ! Il va me falloir son adresse parce qu'il a vraiment fait un paradis ! » s'exclama-t-elle avec un sourire.  « Je demande à mes parents et je te file l'adresse le plus rapidement possible alors! » lui dis-je, un petit sourire en coin. Si mon malheur pouvait faire le bonheur des autres, eh bien, qu'il en soit ainsi! Je lui demandai par la suite ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie, après qu'elle m'ait elle-même posé la question.   « si tu savais ma belle, tu n'en reviendrais pas ! » m'annonça-t-elle avec un clin d'oeil. Aussitôt, elle m'intrigua. Pobby savait très bien que j'étais dotée d'une curiosité maladive! Elle ne pouvait pas me balancer ça sans en ajouter davantage. C'était bien trop inhumain. J'arrivais d'ailleurs à peine à contrôler mon excitation. « De quoi tu parles petite cachottière? » lui demandais-je avec un air malicieux. Tôt ou tard, elle allait cracher le morceau. Mon amie n'avait plus trop le choix maintenant. Elle savait que j'étais sur son cas.

 « tes parents sont en voyage ? Ça fait une éternité que je ne les ai plus vu par contre... » demanda-t-elle. La jeune femme essayait-elle de détourner la conversation. « Je vais trouver ce que tu me caches, jolie Pobby. Tu me connais... Mais bref, si tu veux tout savoir, non, ils ne sont pas en voyage. Ils sont juste trop occupés par leur vie. On ne les verra définitivement pas ce soir... » lui dis-je en soupirant. Je pris une gorgée de mon verre de vin. Comment avais-je pu l'oublier celui-là! J'avais désormais l'envie de finir la bouteille à moi toute seule. Mais bon, il fallait bien me retenir sinon la soirée allait finir par être pourrie.

Pobby alla alors s’asseoir sur le divan et je la suivis, bouteille et verre de vin en main pour continuer la déchéance.  « comme on a le temps, que nous sommes seules et que nous ne nous sommes plus vues depuis longtemps, je veux tous les détails ! » me demanda-t-elle alors. Enfin un terrain que j'appréciais. « Bah.... tu sais... j'ai mes stages... J'essaie du mieux que je peux de m'y tenir, même si des fois, je n'y vais tout simplement pas. Mais ce n'est pas de ma faute! J'ai toujours mieux à faire... Mais bon, bref, mon mentor... Wesley … Bah... Il est toujours sur mon dos... Mais comme il est sexy et tout, ça me dérange un peu moins. » commençais-je par lui dire. Décidément, je parlais souvent de ce jeune homme ces temps-ci. Serait-il possible qu'il me plaise plus que je ne voudrais le croire?

Pobby décida d'attiser encore plus ma curiosité en prononçant son discours.  Tu le saura ma belle... Mais ne t'attends pas à quelque chose d'extraordinaire... C'est vraiment quelque chose de mal... me dit-elle. J'avais toujours vu Pobby comme une bonne fille, sans reproche aucun. C'était un modèle de femme à suivre et je ferais mieux des fois d'agir comme elle. Alors si elle avait fait quelque chose de mal, bien sur que ça aiguisait encore plus mon envie de savoir ce qui se passait. Mais je me demandais bien ce qu'elle avait pu faire. Écraser un écureuil? Une mouche? Bref, je ne patienterais pas bien longtemps et la jeune femme allait devoir cracher le morceau bien assez tôt! « Allez dis moi! Tu peux pas avoir causé la fin du monde tout de même! C'est impossible! » m'exclamais-je haut et fort. Mais mon amie semblait bien mal à l'aise tout d'un coup. Elle baissa même le regard, visiblement coupable de quelque chose de grave. « T'as pas volé quelque chose quand même? » lui demandais-je, essayant de deviner encore de quoi il pouvait bien s'agir! Ma curiosité et mon manque de tact me perdront! Ça c'est certain!

Mais le sujet retomba une nouvelle fois sur moi et dans un élan de compassion, Pobby me prit dans ses bras. Pendant un moment, je me raidis. Je n'aimais pas trop ce genre de contact, mais au final, ça faisait du bien de sentir que quelqu'un t'appréciait. « Merci! Tu es gentille! » lui dis-je avec un pauvre sourire.  Wesley hein ! dit-elle alors lorsque je le mentionnai. J'eus un petit sourire malicieux. « Ouais, sait-on jamais! » ajoutais-je en lui faisant un clin d'oeil, répondant ainsi au large sourire de mon amie. Un mentor ? me questionna-t-elle. « Bah tu sais? Dans mon stage, il y a quelqu'un qui me supervise, qui me montre les ficelles du métier? Bah, c'est Wesley qui a ce rôle là-bas au cabinet d'avocat! » lui expliquais-je rapidement.  

« Bon, maintenant, tu vas tout me dire. On a toute la soirée et puis, si ça peut te rassurer, je dirai rien à personne. Motus et bouche cousue! » lui dis-je, plus sérieuse, faisant aussi le mouvement avec mes mains. « Après, on pourra parler de ma vie sentimentale! Je te dirai tout sur Wesley!  Mais je vois bien que quelque chose te tracasse. Je suis certaine que ça va t'aider d'en parler! » lui dis-je, croisant les jambes contre mon corps, sur le divan, attendant patiemment qu'elle se livre à moi. Après tout, on était là pour se raconter nos vies. Si elle ne disait rien, Pobby ne respectait pas les lettres du jeu. Et surtout, ça me vexerait qu'elle ne m'en parle pas à moi, moi qui étais tout de même une de ses amies proches! Bon!  « À moins que tu ne veuilles pas en parler à moi? » ajoutais-je avec une mine triste.