(✰) message posté Sam 12 Juil 2014 - 23:41 par Invité
Je ferme le dernier volet resté ouvert et allume la télévision. Mes parents sont partis faire quelques courses au centre commercial à l'autre bout de la ville et il leur faudra bien trois heures pour faire tout ce qu'ils veulent faire là haut. J'ai donc trois heures pour moi, au calme, pour penser mais aussi évacuer la peine que je ressens à ce moment même. Je monte me changer. Je n'ai aucune envie de rester en robe à talons devant ma télévision. Je préfère balancer ces habits dans la salle de bain et enfiler un bas de jogging et un t-shirt délavé en guise de haut. Je détache mes cheveux et me démaquille rapidement. Aujourd'hui, je vais rester devant la télévision et faire ce que j'aime le plus faire au mois de juillet : boire du vin rouge en pleurant. Cela fait neuf ans qu'Hunter est décédé et tous les ans, à la même époque, je déprime comme jamais. Je me sens idiote, complètement idiote mais je n'arrive pas à faire autrement. Il a laissé un trou béant en moi et je n'ai toujours pas réussi à le combler. Enfin, c'est ce que je pense. Mais mon psychologue pense autrement. Je consulte depuis neuf ans, toutes les semaines et c'est la première fois que je dis me sentir vide à l'intérieur et non pas morte. Pour lui, c'est une preuve que je commence à remonter la pente. Je sais que c'est ce qu'il espère plus que tout au monde, qu'il veut que j'aille mieux pour se dire qu'il n'est pas un mauvais psychologue. Neuf ans avec le même problème, il devrait se remettre en question. Ou pas. Parce que je sais très bien que le problème vient de moi et seulement de moi. Je mets du temps, beaucoup de temps mais c'est le résultat qui compte. Soupirant légèrement, je retourne à l'étage inférieur et prend un bouteille de rouge de ce midi. Il doit rester un verre ou deux et c'est déjà assez. Je n'ai aucune envie que mes parents me retrouvent ivre morte lorsqu'ils rentreront de leurs courses. Déjà qu'ils ont fait le voyage depuis Mullingar pour être avec moi ce mois-ci... Je les aime tellement et je suis heureuse qu'ils ne me forcent pas à aller voir un autre homme, à refaire ma vie. Je dois l'admettre, neuf ans sans relation sérieuse c'est long mais bon.... Le prochain – soit le deuxième – sera le bon, on y croit. Je me sers un verre et allume la télévision. Seul l'écran plat éclaire le salon. Je change de scène à maintes reprises et tombe sur un reportage. Mon sang se glace quand je vois de quoi il s'agit. L'attentat de juillet 2005. Je n'ai pas le temps de dire 'ouf' que j'ai déjà changé de chaînes mais aussi que les larmes coulent le long de mes joues. C'est plus fort que moi. Mettre ces mots sous mes yeux c'est comme se frotter la rétine avec un oignon. Je n'y arrive pas. Un film niais comme jamais débute et je pleure encore, buvant une nouvelle gorgée de ma boisson. Je prends mon portable et cherche le numéro de ma meilleure amie. J'ai besoin de quelqu'un et rapidement. Alors que je m'apprête à appuyer sur la touche envoyer, quelqu'un sonne à la porte. Il doit s'agir de mes parents qui ont oublié quelque chose. Je soupire, essuye mes larmes du mieux possible et me dirige vers l'entrée, mon verre de rouge à la main. « Qu'est-ce que vous avez oublié ? » Je tente de cacher mon visage tout en ouvrant la porte. Ne voyant personne pénétrer dans l'appartement, je tourne les yeux et reconnais Wade. Je déglutis et lui souris légèrement. Encore mieux. « Entre » Dis-je d'une voix tremblante en lui laissant la place de passer. Je ferme la porte derrière lui et me dirige vers le salon où j'allume la lumière. J'ai l'air d'une sacré dépressive dans ma tannière. « Tu veux boire quelque chose ? » Je ne le regarde pas droit dans les yeux. Me retrouver face à Wade me retourne l'estomac. Je l'adore, il est la personne parfaite mais je n'aime pas vraiment qu'il me voit dans cet état, que ce soit physique ou moral... J'attends sa réponse, posant mon verre sur la table, prête à aller dans la cuisine.
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(✰) message posté Dim 13 Juil 2014 - 16:21 par Invité
L’armée, les attentats… deux choses qui ont changé ma vie complètement. Avant les attentats j’étais heureux et proche de mon cousin et sa fiancée, après cela je ne l’avais plus lui. J’ai dû me remettre de mes blessures et à peine cela fait mon père m’a forcé à reprendre les rênes de son entreprise ce que je n’ai pas voulu alors je me suis retrouvé engagé dans l’armée. Au moins, je n’ai pas eu le temps de penser à Hunter, à Aislinn, à ma peine. L’entrainement a été rude, tout comme les missions sur lesquelles j’ai dû aller et tout ça et devenu un véritable engrenage pour ne plus penser, pour ne pas laisser la peine déborder. J’ai enchainé les missions, toujours plus loin, toujours plus longues, avec toujours moins de permission ou des permissions courtes qui ne me permettaient pas de rentrer à Londres. Pendant les huit dernières années de ma vie je me suis mis entre parenthèses, j’ai mis ma vie entre parenthèses pour oublier, pour construire un nouveau moi. Mais aujourd’hui que je suis revenu dans cette ville, je me rends bien compte que c’était idiot ne serait-ce que de penser que j’y arriverais. Il était impossible d’oublier tous les gens avec qui j’avais vécu, impossible d’oublier mes amis mais aussi mes ennemis, impossible d’oublier mon cousin de qui j’étais si proche, d’oublier la trahison de mon père, l’inactivité de ma mère face aux décisions de mon paternel me concernant, et je devais en plus rajouter qu’il était impossible d’oublier toutes les horreurs que j’avais vu. En plus de cela, même avec la meilleure volonté du monde je ne pourrais jamais le faire réellement puisque tous les soirs dans la glace, en plus des cicatrices que j’avais hérité des attentats, j’avais maintenant une longue cicatrice sur la cage thoracique, là où l’on m’avait ouvert en urgence pour extraire la balle qui avait perforé mon poumon. Cette balle me rappelait l’armée, cette balle me rappelait celui qui était devenu mon frère, mon jumeau, ma moitié toutes ses années et qui lui était décédé. Alors oublier était impossible oui mais se racheter cela pouvait l’être. Eviter Londres avait été une mission comme les autres pour moi pendant ses huit dernières années voilà pourquoi je n’étais que très peu rentré et que je n’avais que très peu vu Aislinn. Nous nous étions écris, sans cesse, cela faisait du bien mais entre la voir et lui écrire, les sensations n’étaient pas les mêmes voilà pourquoi j’avais préféré me contenté de la seconde solution. Mais maintenant, j’étais ici, j’avais choisi de revenir ici n’ayant nulle part où aller, ne trouvant aucune autre ville pouvant être ma maison alors plutôt que de tenter d’oublier le passé je devais me reconstruire dessus, en faisant avec, en en tirant de solides bases. Ce mois n’était pas le meilleur pour construire des bases solides en sachant qu’il avait tout détruit il y a neuf ans de cela mais je savais que je n’étais pas le seul à y penser sans cesse. C’est pourquoi je pris la direction de chez la blondinette, ce que je faisais assez rarement depuis que j’étais revenu malgré mon attachement pour elle. Après quelques secondes d’attente derrière la porte, j’avais pénétré à l’intérieur et j’avais pu voir qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme. « La même chose que toi s’il t’en reste mais ça peut attendre. » Avant même qu’elle ne puisse se diriger vers la cuisine j’avais pris sa main pour l’attirer vers moi et la prendre dans mes bras pour la serrer. L’émotion monta en moi, mais je fis ravaler à mes yeux les larmes qu’ils venaient de produire bien rapidement. Quel genre d’ami est ce que je serai, quel genre d’homme je serai si s’était moi qui me laissais submerger. Alors que je relâchais mon entreprise je ne pus m’empêcher de lui dire : « L’égoïste que je suis n’a trouvé que ta présence pour partager ce moment. » Egoïste oui car ce n’était pas agréable que de supporter la peine d’un autre en plus de la sienne, mais aussi égoïste de partager ma peine tant que je suis là mais de ne pas lui dire que j’ai de forte chance de ne pas vivre pendant plusieurs années encore et qu’elle devra affronter cela toute seule.
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(✰) message posté Dim 13 Juil 2014 - 17:18 par Invité
J'étais fatiguée, fatiguée de pleurer, de souffrir. J'avais beau faire ce que je voulais, je n'arrivais pas à me sentir bien une fois que le mois de juillet arrivait. C'était d'ailleurs pour cela que je m'arrangeais toujours pour ne pas avoir beaucoup de travail pendant ce mois. C'était le mois 'vacances' en quelque sorte et pendant ce temps, c'était ma meilleure amie qui prenait les rênes de notre maison de production et qui s'occupait de tout. Elle savait très bien que je ne pouvais pas faire plus, que je ne pouvais pas faire mieux, bien que je le voulais plus que tout. Me plonger dans le travail n'était pas une option pour moi, pas ce mois du moins. Tout le reste de l'année, j'étais une vraie acharnée, je ne cessais d'enchaîner les promotions avec nos talents, je les dénichais sur le net, dans le métro, partout. Je faisais tout pour avoir une vie normale mais en ce moment, je n'y arrivais plus. Il fallait que j'arrête de faire comme si de rien n'était parce qu'il y avait quelque chose. J'étais humaine, je suis humpaine et pleurer ne va pas me tuer, loin de là. Au pire, ce n'est pas si grave. Alors que je commence à me diriger vers la cuisine pour ramener à Wade de quoi boire, il m'attrape par la main et mon cœur rate un battement. Wade était là le jour de l'attentat, quelques cicatrices le prouvent encore alors que moi, je n'ai rien pour prouver que j'y étais, sauf ma peine, en quelque sorte. Alors que ses bras se refèrment autour de moi, j'étouffe un sanglot. Je déglutis avec difficultés et je me retiens de me transformer en fontaine. J'en aurais besoin, le jeune Montgomery ne me jugera pas mais je me l'interdis. Je n'ai aucune envie que l'on se transforme tous les deux en pleureuses. Je sais qu'il y a une chance sur deux pour que cela arrive mais ce n'est pas grave. On en a besoin tous les deux et je le sais rien qu'à regarder ses yeux. Il essaye de rester fort mais je vois bien qu'une légère couche de larmes s'est installée. « L’égoïste que je suis n’a trouvé que ta présence pour partager ce moment. » Je lui souris et dépose un baiser sur sa joue. Pour une fois qu'un homme est plus ou moins à ma taille. Je lui montre le canapé et me dirige rapidement vers la cuisine. Une bouteille de vin décantait déjà. Un verre pris sur mon retour et je suis déjà assise à côté de lui à le servir. « Il n'y a pas d'égoïsme qui tienne. J'allais appeler Kaitlyn pour déverser ma peine sur elle. Je ne savais pas si tu avais quelque chose de prévu ou non » Et il fallait aussi avouer que je n'avais guère eu envie qu'il me voit comme ça. Enfin, maintenant c'est fait et je ne regrettais pas du tout son initiative, loin de là. Au moins il savait ce que cela était de souffrir, d'y penser un peu trop souvent... Je soupire et fais claquer nos verres. « A notre santé. Comment vas-tu Wade ? » Mon état se voyait sur mon visage et il me connaissait assez bien pour savoir quand ça allait et quand ça n'allait pas. Pendant ses huit années à l'armée, nous avions souvent échangé par lettres et il savait tout de ce que j'avais vécu ici. La montée et le succès de notre maison de disque, la radio que j'avais réussi à acheter et à faire fonctionner et tout ce qui allait avec. Il savait aussi que je ne m'étais pas remise des attentats de juillet 2005 et que, tous les ans, c'était le même schéma qui se répétait. « Ca te manque pas trop ? » Il avait été 'mis au placard' par l'armée et je ne savais même pas réellement pourquoi. Il était peut être 'trop vieux' pour être sur le terrain. Cette pensée me fit légèrement rire. Il n'était pas trop vieux et étais en pleine forme physique alors je ne comprenais pas trop... Mais je ne lui demandais rien. S'il voulait m'en parler, il pouvait. Sinon, ce n'est pas franchement très grave... Je tenta de lui afficher un léger sourire. J'avais envie de parler d'Hunter mais je savais aussi que si je parlais de mon défunt petit ami et fiancé, j'allais pleurer pendant des heures... Alors autant me concentrer sur le jeune homme même s'il n'avait sûrement pas envie de parler de l'armée, de son renvoi et de tout ce qui allait avec... Je bus une gorgée de ma boisson et ramena mes jambes au niveau de ma poitrine. J'avais l'air d'une dépressive, je n'en étais pas loin après tout...