Miss you - Andy

« Vous savez, il y a d'autres moyens beaucoup plus joyeux pour noyer son chagrin... » Tiré de ses pensées par une voix féminine et presque rauque, Andy releva son visage vers sa nouvelle interlocutrice alors que celui-ci avait été plongé depuis déjà un bon moment dans la contemplation du fin fond de son verre. « Plaît-il ? » répondit-il du tac-o-tac en arquant un sourcil. Il n'aimait pas être dérangé et surtout pas lorsqu'il buvait un bon verre de téquila, boisson qui le ramenait toujours dans ses plus profonds souvenirs provenant de son Mexique nostalgique. « Je vous disais qu'il y a des façons plus joyeuses de passer son temps... » reprit la voix féminine avant de rester bloquer face au regard glacial du jeune homme qu'elle venait d'aborder et de reprendre en déglutissant : « ...Que de boire seul. » Andy haussa alors les épaules tout en prenant son temps pour détailler la nouvelle arrivante. D'une cinquantaine d'années, peut-être moins, elle possédait une beauté qui avait probablement connu jadis de meilleurs jours. Elle revêtait une robe moulante, trop vulgaire pour son âge et un maquillage du même genre, terminé par un rouge à lèvres rouge pétant qui faisait ressentir au solitaire une pointe de dégoût. « Si vous, vous supposez que j'ai besoin de compagnie, moi je dirais plutôt le contraire. » reprit l'homme en ponctuant ses paroles d'un petit sourire vicieux. Il n'avait rien contre cette femme qui venait d’empiéter sur sa solitude tant recherchée après une semaine si épuisante pour lui mais il tenait quand même à ses moments de détente. « Ça pourrait changer. » La réponse de la jeune femme le força alors à froncer les sourcils puis à jeter un regard à ses alentours pour essayer de trouver une autre proie que ladite femme mûre aurait pu aller ennuyer. Mais il n'y avait que de vieux motards en veste de cuir et barbes blanches ainsi que quelques personnes d'à peu près son âge qui jouaient au billard dans le fond de ce bar qu'il avait lui-même déniché par hasard en vagabondant dans les rues de Londres. « Je vous dérange, c'est ça ? » La reprise de parole de la femme le tira subitement de ses pensées. « Non, ça va, c'est rien. » Ou si c'était beaucoup, mais il n'osa pas lui dire, remarquant que finalement un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal et peut-être même qu'elle aurait une clope pour le dépanner. Car oui, subitement il ressentait comme une grosse envie de fumer. Une cigarette. Chaque fois qu’il procédait à une grosse arrestation, il avait envie de fumer. Et cette semaine ne l’avait pas épargné : trafiquant de drogue et prostitution dans les rues les plus sombres de Londres. Andy enchainait les heures et ne se plaignait jamais. Mais son corps commençait à lui faire ressentir la fatigue subite. « Je m'appelle Maggie... » reprit timidement la couguar en se laissant servir un verre de vin blanc. « Andy » répondit-il du tac-o-tac. «  Et...Je peux en savoir plus sur.. toi ? » demanda-t-elle finalement en faisant semblant de siroter son verre de vin. « Pourquoi faire ? » Andy n'avait jamais été le genre de mec qui en disait beaucoup sur sa vie et moins il en disait moins il ressentait, et il vivait très bien ainsi. « Les hommes qui sirotent seuls ont parfois beaucoup de choses sur le cœur. » Sa réponse ne le choqua pas, au contraire. Il reporta son attention face à lui, conscient de ce qui se déroulerait par la suite. Il lui raconterait des choses inventées sur sa vie pour la satisfaire, elle lui dirait qu'elle est mariée ou pas ou plus et qu'elle cherche à satisfaire un vieux désir de jeunesse et que ses bras lui faisaient envie depuis le premier instant où elle avait posé ses yeux sur lui, alors il lui proposerait de rentrer avec lui, elle accepterait et...Bref, pour comprendre la suite il ne fallait pas être magicien. « Peut-être bien ou...peut-être pas. » Buvant un trait de son verre, Andy se passa la langue sur les lèvres avant de relancer un regard à la dame. « Alors ? » insista-t-elle de façon persistante. Il soupira. Il n'avait pas envie de lui raconter quoique ce soit mais ce soir il n'avait pas la force d'inventer quoique ce soit sur sa vie non plus. Puis comme sa chevelure blonde l'incitait à lui proposer son lit, il se mit à parler, tel un moulin à parole. « Je viens du Mexique. Guadalajara plus précisément. J’suis flic. Voilà. » Là-bas, le trafic de drogue coulait à flot et c'était suite à l'overdose de son frère qu'il avait décidé de se lancer dans la brigade des stups. Sa franchise le fit sourire car elle était aussi inattendue que le sourire qui se dessina sur le visage de Mary-Kate. « Intéressant. Et la cause de ce verre ? » demanda-t-elle à nouveau alors qu'Andy haussait les sourcils. « L'envie d'alcool qu'avait mon estomac. » Il réalisa un sourire hypocrite dans sa direction, remarquant seulement ensuite la main qu'elle avait osé poser sur son avant-bras. « Vous êtes musclé... » reprit-elle ne montrant pas la moindre envie de parler d'elle. « Et je suppose que ça te plaît ? » « Tout à fait. » Le sourire de la femme l'aida alors à se détendre mais le força aussi à se languir d'envie pour ce qui produirait sûrement par la suite. Ils marquèrent un long silence tandis que la main de la blonde s'était progressivement glissée sur sa cuisse. « J’ai le mal du pays. » termina par lâcher Andy. Ouais, sa famille lui manquait, son enfance lui manquait. Cette enfance qui n’était qu’un sombre souvenir au vue de toutes les horreurs auxquelles il avait assisté. Il avait été muté il y avait six mois de cela. ‘’Besoin de personnel à Londres’’ lui avait-on dit. Tout cela devait être en un principe permanent et puis… il s’y était plu. Il avait appris l’anglais sur le tas et avait nourris un espoir qu’il avait perdu depuis plus de dix ans… Un sourire triste se dessina sur ses lèvres alors que la femme demandait : « Vous avez l’air bien seul. » Il secoua négativement la tête pour lui répondre très doucement. « Oui et je m'en porte mieux ainsi. Je pense qu'on vit mieux sans famille, n'est-ce-pas ? Sans attache, sans rien. » Et le pire dans tout cela était qu'il le pensait. Il n'avait pas de petite-amie n’était plus jamais retombé non plus amoureux depuis Adrianna… et pour dire vrai, n’avait jamais réussi à oublier cet amour de jeunesse. La femme ne lui répondit pas, se contentant juste de le regarder. « C’est dommage de penser ainsi… » Il secoua la tête, posant à son tour cette fois-ci, sa propre main sur la cuise dénudée de la jeune femme. « Je ne pense pas, non. » Le sourire de la femme lui fit alors comprendre qu'il avait gagné. Il n'avait raconté que quelques détails sur sa vie mais ça avait fonctionné à encore plus l'attirer et il le savait. Il n'avait pas mentionné son enfance turbulente, les problèmes qu'il avait causé à ses parents en faisant des conneries avec son frère, le fils intelligent et confiant qu'il avait toujours été mais aussi le solitaire et sombre qu'il pouvait paraître. La dépression qu'il avait subit suite à la mort de son frère. Bref, il ressentit finalement de la joie de pouvoir se lever à son tour tandis que la femme lui prenait la main pour l’entraîner vers la sortie...