Si vous rêvez de quelque chose, c'est que vous êtes capable de l'accomplir. ♦ Alba

I. Elle était un peu comme ma boussole, elle arrivait toujours à voir où j'en étais et là où je voulais aller, rien qu'en parlant avec moi.

Lorsqu’on va à l’école les enfants apprennent la véritable composition d’une famille, c’est-à-dire un père et une mère. Plus tard en grandissant, ils apprendront que parfois la configuration est bien différente et qu’aucune famille n’est identique. Un papa seul. Une maman célibataire. Ou encore deux papas ou deux mamans. Mais dans la tête d’Alba, six ans, son toit contient déjà une différence de taille. Sa mère vit seule depuis toujours. Avait-elle eu un jour un papa ? Est-ce qu’il pensait à elle de temps en temps ? Quand on lui demande ou est son père elle répond toujours cette phrase qu’elle pense simplement anodine « il est avec les étoiles ». Jusqu’à ce qu’elle comprenne ce que ça voulait réellement dire. Alors un soir au moment du coucher alors qu’elle priait ces étoiles de lui rendre son père elle a fini par poser la question qui l’a hanté depuis longtemps désormais. « Est-ce que papa est mort maman ? » Le regard de sa mère s'est alors assombri à cette question qui paraissait pourtant si innocente dans la bouche de sa fille. Carole ne parlait jamais du père d’Alba. Elle ne prononçait même pas son prénom en présence de la petite, elle semblait simplement le maudire de ne plus être présent pour les deux femmes. « Non mon cœur, il n’est pas mort. » Que répondre à cette question ? Elle ne pouvait pas dire oui. Elle ne savait pas elle-même ce qu’était devenu le père de la jeune femme. « Pourtant, il n’est pas avec nous. Delia dit que papa m’a abandonné quand il m’a vue à la clinique. Est-ce que c’est vrai ? » Les enfants peuvent être tellement cruels entre eux. Pourquoi cette Delia qui était dans la même classe que la petite fille lui disait des horreurs pareilles ? Aucune idée. La jalousie peut-être. Le cœur de sa mère a dû se serrer en entendant la détresse dans la voix d’Alba. Est-ce qu’elle croyait à une chose aussi cruelle ? Oui. Évidemment à son âge difficile de savoir différencié le vrai du faux. « Non jamais il ne t’aurait fait ça, il t’aimait très fort ma puce. J’ai quelque chose pour toi de sa part, j’attendais le bon moment pour te l’offrir. » Alba regarde sa mère sortir rapidement de sa chambre et revenir avec un bracelet dans ses mains. « C’était à ton père, il est pour toi. » Un sourire lumineux éclaire soudainement le visage de la petite fille en voyant ce présent si cher à son cœur. Effaçant ainsi toutes les peines qu’elle avait cette nuit-là. « Merci maman ! Je ne le quitterais jamais ! » Un si petit mensonge a pris une si grosse conséquence maintenant. Carole n’a jamais osé avouer à sa fille que le bracelet qu’elle porte toujours n’était qu’une simple petite bricole acheter dans un magasin le matin même. La demoiselle ne lui pardonnerait pas cette tromperie, cet affront. Parce que sous la carapace de la jeune peste se trouve encore le cœur de la petite fille qu’elle était autrefois.

II. On nous croise dans certains endroits,nous les ados tristes, solitaires, mal dans leurs peau, différents.

« Non Alba tu n’auras pas de piercing à la langue tu as quinze ans bordel ! Et arrête de dessiner quand je te parle ! » Alba, quinze ans relève les yeux de sa boite de céréale sur laquelle elle était en train de dessiner une main sortant des entrailles de la terre. Ah l’adolescence ! Tellement de joie et de bonne humeur sur leur visage. Alba ne faisait pas exception. Elle qui souhaitait se distinguer de ses pairs, la voilà exactement comme les autres. Elle tirait la gueule vingt fois par jour et si une journée se passait sans aucune dispute entre les femmes Dorman s’était une bonne journée. L’adolescente rebelle pousse sa boite de céréale de devant elle et pousse un gros soupir pour bien montrer sa désapprobation aux paroles de sa mère. « Maman c’est bon, j'ai compris pas la peine de me le répéter cinquante fois. Pas de piercing à la langue c’est ok. » Et elle a mis ses écouteurs. Plus aucune envie de discuter avec sa mère plus longtemps ce matin-là. Depuis deux ans déjà Alba et Carole conservaient une relation particulièrement houleuse. La faute à qui ? À la vie surement. Carole avait décidé cinq ans plus tôt de repartir en Angleterre emmenant avec elle une fillette complètement paumée hors de son pays natal. Elle n’a pas bien supporté le changement. Est-ce que j’ai besoin de dire pourquoi ? L’Angleterre et le Brésil sont bien différents. Nouvelle langue. Nouvelles coutumes. Nouveaux amis. Bref un énorme changement pour une petite fille déjà bien différente des autres. Sa mère disparaît de la cuisine afin de se préparer pour le travail et hurle depuis la porte pour que sa fille l’entende, écouteur ou pas dans les oreilles. « PAS DE PIERCING ALBA ! » « MAMAN TU ME SAOULES » On est bien loin des je t’aime susurrer la nuit avant d’aller dormir. Leur complicité lui manque mais elle n’arrive pas à régler les conflits qui l’opposent à sa mère. Le soir alors que la demoiselle est assise sur le canapé du salon, sa guitare à la main sa mère arrive et stop net devant l’entrée de la pièce. « Je peux savoir ce que tu as fait ??? » Un sourire sournois s’affiche clairement sur le visage de l’adolescente à ce moment-là. « Quoi ? Je n’ai pas de piercing à la langue. » Carole s’approche d’Alba et soulève ses mèches de cheveux du bout des doigts comme si elle touchait quelque chose d’avarier. Une grimace de dégoût sur le visage. « Qu’est-ce que tu as fait de tes cheveux ? Et c’est quoi tout ça sur ton oreille ? Et je peux savoir pourquoi ta cheville est bandé ? » Ah elle a tout vu d’un coup, normal qu’elle se soit arrêté d’un seul coup. Le matin sa jeune fille était brune et la voilà le soir avec une chevelure aussi rouge que le sang. « Oh alors pour répondre à toutes tes questions, j’ai fait une couleur, ça me va bien non ? Mon oreille se sentait seule avec un seul trou du coup je me suis dit que percer l’oreille entière serait une bonne idée. Et ça ? Eh bien comme tu ne voulais pas que je dessine n’importe où j’ai opté pour ma peau. Ça te plaît ? » Toujours ce foutu sourire insolent sur le visage Alba se lève de son canapé pour se planter devant sa mère. Sans aucune menace, ni aucune intention de l’intimider, elle n’a jamais été du genre violente et encore moins avec son seul parent mais elle ne supporte pas qu’on la regarde de haut. « Tu te fous vraiment de ma gueule ? » « Pas du tout maman ! J’ai quinze ans et tu me traites encore comme une gosse de cinq ans. J’ai parlé d’un piercing à la langue il y a une semaine, j’ai jeté cette idée en l’air et tu n’as pas arrêté de vérifier si je ne m’étais pas percé dans ton dos eh bien voilà. C’est fait ! Tu es contente de pouvoir dire à tes amis que je suis une fille indigne maintenant ? » Lourdement Carole s’assoit sur le canapé à la place de sa fille, la tête d’un seul coup baissé et les épaules affaissées, la fatigue sûrement. « Qu’est ce que je t’ai fait bon sang ? » Un profond soupir sort de la gorge de la jeune femme. Sa mère ne faisait jamais rien mais elle était toujours sur son dos. Toujours en train de vérifier si elle ne faisait pas de bêtise même si elle ne lui donnait jamais aucune excuse pour se faire du souci. « Rien du tout. A part que tu es toujours sur mon dos. Tu viens me chercher après les cours, je n’ai pas le droit de sortir, tu fouilles dans mes affaires quand j’ai le dos tourné. Comme si j’étais une ancienne junkie que tu devais surveiller. J’en ai marre. » La semaine dernière, sa mère avait fouillé son journal intime et lui avait demandé qui était ce Ezra qu’elle trouvait mignon. C’était intime elle n’avait pas à regarder ça. « Tu avais un paquet de cigarettes dans ton sac la semaine dernière et des préservatifs. » Encore là-dessus ? Carole avait aussi pour habitude de rabâcher la même chose sans arrêt. « Putain maman ! C’était une clope bordel tu vas me saouler avec ça combien de temps ? Et les préservatifs ont été distribués en cours. Appelle l’établissement tu verras bien. » Et en plus c’était vrai. Alba ne mentait pas. C’était sûrement un de ses défauts, elle était trop franche. « Trouve-toi un homme tu seras peut-être plus sur mon dos et arrêtes d’espérer le retour de mon connard de géniteur. » Une brûlure se fit sentir immédiatement contre sa joue d’adolescente. Le bruit de la gifle grésilla encore quelques secondes au fond de son oreille. Les yeux écarquillés, elle regardait sa mère. Elle n’avait jamais levé la main sur elle, pas même une fois. « Je t’interdis de parler de lui comme ça. C’était un homme bien. » « Je n’en sais rien ! Je ne connais même pas son nom ! Tu ne dis rien sur lui et tu l’attends comme s’il était le messie ! Il est parti y a quinze ans alors remets-toi ! » Et la discussion s'est finie ainsi. Avec un bruit de porte et de la musique en fond sonore quelques minutes plus tard. Alba a su le nom de son géniteur que ce soir-là quand sa mère est venue s’excuser pour la gifle. La jeune femme a récupéré ses cheveux bruns quelques mois plus tard mais n’a jamais abandonné ses boucles d’oreille. Parce qu’elles étaient là pour rappeler à sa mère de ne plus la prendre pour une enfant.

III. Pour la première fois et tous autant qu'ils étaient, ils eurent l'impression d'avoir une vraie famille.

« Bon maman tu vas me dire ce que tu caches depuis six mois maintenant. Est-ce qu’on a des problèmes d’argent ? Parce que je peux reprendre mon boulot dans ce restaurant si tu veux. » Les tensions présentes lors de l’adolescence d’Alba se sont bien calmées désormais. Principalement parce que sa mère n’était plus constamment sur son dos. Merci la couleur rouge et le tatouage ! La crise de rage passée, elles ont discuté et leur relation a fini par s’améliorer. Alba n’avait déjà pas de père elle n’allait pas en plus perdre sa mère pour des disputes plus idiotes les unes que les autres quand même. C’est bien pour cette raison que la jeune adulte de dix huit ans qu’elle est lui propose de travailler. Elle est serveuse de temps en temps dans un restaurant, principalement pour aider sa mère quand les fins de mois sont difficiles à payer. Mais là sa mère lui a interdit de bosser le temps qu’elle rentre dans la fac de son choix et qu’elle travaille sur ses examens de fin d’études. Du coup ça ne l’étonnerait pas que sa mère ne lui dise pas la vérité pour ne pas qu’elle échoue ses examens. « Non. Non mon cœur ce n'est pas ça. Assieds-toi, je voudrais que l’on discute toutes les deux. » Lorsque quelqu’un demande à son interlocuteur de s’asseoir ce n’est jamais bon. Alba, s’assoit docilement en face de Carole et la regarde droit dans les yeux. Si quelque chose lui tombe sur la tête elle veut le voir venir. « Comment ça se passe avec Neil ? » Hein ? Que venait faire Neil dans la conversation au juste ? Est-ce qu’il y avait un problème avec Neil ? Le cœur d’Alba bat la chamade quand elle entend le prénom de son ami. Elle n’en a déjà pas beaucoup alors elle ne veut surtout pas perdre celui-là. « Maman on est qu’amis je te l’ai déjà dit ! Et ne change pas de sujet. Qu’est-ce que toi tu me caches ? » « Est-ce que tu te protèges au moins. » Les yeux de la jeune femme se sont soudainement écarquillés, se protéger de quoi au juste ? Non sérieusement elle pensait encore qu’Alba couchait avec Neil ! Ils n’avaient pas ce genre de relation. Un frisson descendit le long du dos de la demoiselle. Même pas en rêve ! Une soudaine envie de se boucher les oreilles pour ne plus entendre autant d’ânerie sortir de la bouche de sa génitrice lui prend, mais elle la repousse pour ne pas passer pour une gamine immature. « Arh !!! Je dois me teindre les cheveux en orange pour que l’on recommence à discuter normalement ? » « J’ai rencontré quelqu’un. » Le souffle d’Alba se coupa dans sa poitrine pendant une longue seconde. Elle n’a jamais imaginé ce genre de scénario dans sa tête. Le silence est la meilleure des réponses mais pour l’instant c’est la langue bien pendue de notre Brésilienne qui est soudainement coupé. Privé de corde vocale durant un long moment. Sous le choc. « C’est quelqu’un de bien. Je voulais attendre que ça devienne sérieux pour t’en parler. Il est veuf et il a deux enfants. Une fille et un garçon. Romy et Andrea. Je n’ai pas encore rencontré il l’aime beaucoup je suis sûre que c’est une fille bien… » Elle ne connaissait même pas cette Romy et elle disait déjà d’elle que c’était une fille bien ? Un pincement de jalousie répondit à cette interrogation. C’est en voyant le visage de sa mère, son pilier, aussi rouge que son ancienne couleur de cheveux qu’elle a finie par reprendre la parole. « Maman relax tu ne veux pas me donner son cv tant que tu y es ? Est-ce que tu es heureuse ? » C’était le plus important pour elle. Plus important encore que de savoir si elle, elle serait heureuse d’avoir un beau-père. Ce n’était pas important de savoir si elle, elle allait s’entendre avec lui. Tant que sa mère était heureuse. Ça s’était primordial. « Oui. Il me rend heureuse. C’est encore un peu tôt mais je crois que je suis amoureuse de lui. » Fronçant les sourcils la jeune Alba se laisse un peu de temps pour digérer ce qu’elle vient de dire. « Euh… Ben… C’est bien. Enfin je crois. » « Tu crois ? » Elle esquisse un sourire d’excuse pour son manque de tact flagrant. Elle ne souhaitait pas faire peur à sa mère évidemment, que c’était bien. « Excuse-moi maman je ne t’ai jamais vue amoureuse, ni avoir une relation quelconque avec quelqu’un alors je suis un peu surprise, mais je suis heureuse pour toi. Vraiment. » « J’aimerais que tu le rencontres. Quand tu te sentiras prête évidemment. » Le plus tard possible ça serait bien. Alba n’était pas prête. « Évidemment. » Après avoir discuté encore un temps de ce Monsieur Teller qu’elle fréquentait Alba a pris la poudre d’escampette quand sa mère avait le dos tourné. Vite fait bien fait elle a téléphoné à Neil pour qu’il la rejoigne et bras dessus bras dessous ils ont arpenté les rues, en fumant quelques joints et quelques clopes histoire de se détendre. Rien de bien grave en soit. « C’était trop bizarre. Ma mère était là à me dire qu’elle était heureuse et amoureuse ça m’a filé le cafard. » « Pourquoi ? » Le regard fixé sur son ami elle cherche pourquoi en entendant sa mère lui expliqué qu’elle avait rencontré l’amour ça lui avait d’un seul coup filé le cafard. « Je ne sais pas. Peut-être parce que j’ai dû mal à choisir mes mecs et que je me retrouve toujours sur le carreau par la suite ? » Cela faisait maintenant quelques années qu’Alba fréquentait des garçons et elle n’avait jamais eu de chance avec la gent masculine. Attiré plus par ses courbes que par son cerveau chacune de ses relations se finissaient presque toujours de la même manière. Elle, donnant un coup de genou dans les parties de son ex partenaire. Une douleur physique contre une douleur morale ce n’est pas cher payer. « Ouai mais avoue que tu en profites bien quand même. » Un gloussement typiquement féminin sort de la bouche de la jeune femme, laissant des volutes de fumée s’envoler dans le ciel. « Tu m’en diras tant ! Ils sont tellement crédules ! » Et elle adorait jouer avec eux aussi. Après avoir dépassé le stade papillons dans le vendre et cœur dans les yeux. Une fois l’innocence d’Alba volait par un abruti elle a fini par abandonné la partie et aujourd’hui elle adore jouer avec ses partenaires jusqu’à les rendre fous. De désir ou de rage à vous de voir.

IV. Toutes les fois où je déprime en voyant ce qui se passe dans le monde, je pense à la zone d'arrivée des passagers de l'aéroport de Londres ; de l'avis général nous vivons dans un monde de haine et de cupidité.

Romy par ci Romy par là. Si elle entendait encore une seule fois le nom de Romy aujourd’hui elle allait exploser ou vomir au choix. Cette sacré Romy qui manquait tant à son père. Cela faisait cinq ans qu’elle le connaissait mais il lui parlait très souvent de sa fille. Sans pouvoir s’en empêcher la jalousie commençait sérieusement à la ronger. Elle pourtant si fière de dire qu’elle vivait seule avec sa mère et qu’elles étaient heureuses se sentait seule sans figure paternelle à qui parler. Évidemment elle pouvait parler avec le futur époux de sa mère mais ce n’était pas pareil. Il n’était pas son père. Elle l’aimait comme tel mais il ne remplacerait pas vingt-deux ans en seulement une petite année. Alba a mis du temps a accepter de le voir. Elle ne se sentait pas prête pour cette rencontre et encore après elle ne le laissait pas rentrer derrière ses défenses. Elle avait peur qu’il s’en aille après qu’elle se soit attachée à lui. Mais non il n’était pas comme ça et il semblait vraiment l’apprécier, même avec son caractère de cochon, même avec ses saute d’humeur dû à sa jeunesse. Assise sur le lit elle admire sa mère se préparer en princesse pour le jour de son mariage. Il n’y a pas à dire Carole était la beauté incarnée. Cette robe et l’amour la faisait resplendir. « Comment tu me trouves ? » Un peu ému Alba ne répond pas tout de suite. Admirant les reflets de ses yeux sombres, le même regard qu’elle. Et dans un élan d’amour elle s’est levée de sa place pour prendre sa mère dans ses bras. Ce n’était plus Carole et Alba désormais, il fallait composer avec sa nouvelle famille et la jeune femme s’y faisait petit à petit. « Tu es magnifique maman. Je suis tellement heureuse pour toi. » Rien n’a jamais été plus vrai que ses paroles-là. Elle était vraiment heureuse pour sa mère. Elle avait enfin oublié son premier amour et elle faisait sa vie sans penser aux conséquences tout ce que la jeune femme voulait pour elle. « Merci ma chérie… Et s’il te plaît. Fais un effort avec Romy. » Arh !! Encore ce prénom. Inspirant un grand coup elle desserre ses poings et se met à sourire pour rassurer sa mère. Oui elle ferait des efforts. Après tout Romy n’avait rien fait. Ce n’était pas la jalousie d’une petite fille encore enfouie dans le corps d’une femme qui guiderait ses choix. « Oui ne t’en fais pas je vais essayer de m’entendre avec elle. Je te le promets. » Et c’était la vérité ! Elle le pensait vraiment. Enfin durant trente seconde. Parce qu’après elle l’a rencontré. Et allez savoir pourquoi elles ne se sont pas du tout entendues. C’était physique peut-être. L’amitié et la haine ne se contrôlent malheureusement pas. Le futur mari se charge des présentations et franchement, elle aurait préféré éviter de le faire là, à ce moment précis. « Alba. Je te présente Romy et ses deux amis Vincent et Solal. » Et dire que sa mère n’a pas voulu qu’elle vienne avec Neil. C’est un mariage pas une soirée ma chérie avait-elle dit. Se retenant de justesse de lever les yeux au ciel elle sourit légèrement et lâche un simple « Salut. » Pas très à l’aise dans ce genre de situation elle l’était encore moins aujourd’hui. Peut-être est-ce dû au regard de Vince qui semblait vouloir d’un seul coup la dévorer. Ou à son regard à elle chargé de curiosité sur l’autre jeune homme Solal. Il était certes beau garçon, Vince aussi mais il y avait autre chose en lui, quelque chose qu’elle souhaitait vraiment gratter pour voir de plus près. Sans faire plus de présentation le mariage a fini par se dérouler normalement. En étant le témoin se mère, elle n’a pas pu se cacher dans le fond en attendant la fin, elle a dû attendre sous le regard des amis et de la famille du couple. Tout pour la mettre à l’aise finalement. Elle n’a pas pu être seule une seconde après la cérémonie, poursuivie par Vince qui alimentait la tension ambiante déjà bien présente entre Romy et elle. Jusqu’à ce que son nouveau beau-père vienne la sauver. « Est-ce que tu peux venir avec moi ? » Alba le suivi sans même poser de question, pour fuir Vince déjà et parce que le visage de son beau-père semblait grave. Avait-il une mauvaise nouvelle à lui annoncer ? « Tu sais que tu comptes beaucoup pour moi Alba. Et je sais que je ne remplacerais jamais ton père mais si tu es d’accord, si tu en as envie, j’aimerais que tu portes mon nom, que tu fasses vraiment partie de ma famille. Je voudrais t’adopter. » Le choc fut si fort que le cœur d’Alba cessa de fonctionner pendant quelques micros secondes. Elle ne s’attendait pas du tout ça. Jamais elle n’aurait imaginé qu’elle porterait un jour le nom des Teller. « Je… Oui… Je…Merci. » Et avec son baragouinèrent elle accepta, son nom, son amour, son nouveau frère et… aussi sa nouvelle sœur. Une partie de sa peine a été pansé ce jour là par son nouveau père. Mais ce que Monsieur Teller ne savait pas c’est qu’il venait de déclencher une guerre entre les deux femmes parce que la signature de ce papier allait faire de grosses vagues. Un tsunami de problème arriverait très bientôt.

V. Qu'est-ce qu'un abstinent après tout ? Un faible qui cède à la tentation de se refuser un plaisir.

« Romy va t’inviter à la fête du nouvel an où elle va ce soir, fait un effort. » Le téléphone manque de lui tomber des mains en entendant sa mère lui dire cela. Sa « sœur », la magnifique et incroyable Romy va l’inviter ? Elle ? À une fête. Chouette alors ! L’idée la pétrifie d’angoisse d’un seul coup. Il est hors de question qu’elle aille ou que ce soit avec elle. Jamais. « Pas envie. » Alba vingt-trois ans plus matures tu meurs. Mais elle l’avoue sans honte, elle ne supporte pas sa sœur adoptive. Elles ont désormais le même nom mais les sentiments ne sont jamais venus. Si auparavant Alba aurait été heureuse d’avoir une sœur la douche glacée qu’elle a reçue en apercevant celle qui est soi-disant sa sœur n’a plus du tout donner envie à la demoiselle d’avoir une sœur. « Alba ! Tu y va c’est tout ! Elle fait des efforts elle » Un grognement sort de la bouche de la jeune femme en signe de protestation. Elle avait quelque chose de prévu ce soir. Avec ses amis de la fac et Neil. Elle n’avait aucune envie d’être avec Romy et de supporter une soirée à jouer les faux culs. Faire des sourires à des gens qu’elle ne connaissait pas et se retrouver toute seule dans un coin ce n’était pas ce qu’elle souhaitait pour le réveillon du nouvel an. « Je ne te demande jamais rien. Alors pour une fois fait ce que je te dis. » Alba savait que même si elle n’habitait plus chez sa mère, elle lui accorderait cette faveur. Parce qu’effectivement elle ne lui demande plus jamais rien. Depuis cinq ans encore moins qu’avant. La voilà Madame Teller et depuis Carole Dorman était bien plus heureuse. Qui dit heureuse dit plus de liberté pour l’étudiante qu’était Alba. « Ok ok j’y vais si ça peut te faire plaisir ! » Après avoir raccroché avec sa mère, elle soupire et appel son ami. Il allait être très content de savoir qu’elle ne pouvait pas venir. Vraiment il allait se fendre la poire pendant trois jours avec cette excuse. Les petites complications entre Romy et Alba le faisaient rire. « Neil ce soir je ne peux pas venir. Javotte doit m’inviter à une fête. » Pour ceux qui se posent la question de savoir qui est Javotte la réponse est toute bête. C’est la demie sœur de Cendrillon. L’affreuse demie sœur qui a de bien trop grands pieds pour les souliers du prince. Eh bien c’est le surnom qu’Alba lui donne quand elle parle d’elle à son ami Neil. Un ricanement lui répond. Qu’est-ce qu’elle disait ? Ça le fait rire lui. « Est-ce qu’il y aura le séduisant Solal ce soir ? » Et merde. Il revient sur le tapis. Alba n’aurait jamais dû ouvrir sa grande bouche. Son ami adorait la taquiner sur cette histoire depuis le jour du mariage. « Oh ferme là et ne recommence pas avec ça ! J’étais bourrée quand je t’ai dit qu’il m’attirait ! Je raconte n’importe quoi sous l’influence de l’alcool. » Nouveau ricanement d’un côté. Nouveau soupir de l’autre. « Nan. T’es totalement franche quand tu picoles ma poule. Je te connais par cœur. » Il la connaissait trop bien ce petit… Elle lui raccroche au nez de colère. Franchement à quoi lui servait ce type ? À rien. Elle le supportait depuis presque dix ans et il ne lui servait à rien à part se foutre d’elle. Enfin non ce n’est pas vrai mais elle a bien le droit à un peu de mauvaise foi non ? Elle va passer une soirée complètement pourri alors autant garder la tête haute. Youpi tralala elle passe la soirée avec Romy. C’est avec bonne humeur qu’elle se prépare. Une robe. Du maquillage. Ok elle n’était franchement pas à l’aise en tenue de fille mais pourquoi pas. Après tout elle se serait habillée de cette manière pour une autre soirée. Un verre plus tard. Deux verres… Et encore quelques verres plus tard elle profite un peu de la soirée. Elle a même supporté de parler quelques secondes avec Vince sans lui lancer le regard moqueur dont elle a l’habitude. Ce qui est un excellent pas. Peut-être pouvait-elle apprécier les amis de Romy. Et elle aussi, un jour, dans dix ans, un millénaire sûrement. Les douze coups de minuit se font entendre. Elle souhaite bonne année à un type qui lui tend un verre. Elle profite du fait qu’il en avait deux dans les mains pour lui piquer et partir directement vers Solal. On fait un effort ce soir. C’est une nouvelle année. « Salut. J’ai entendu dire que c’était ton anniversaire. Alors joyeux anniversaire. » Et elle lui offre le verre en trop qu’elle avait dans la main. En signe de cesser le feu. À savoir comment les deux protagonistes se sont retrouvés soudainement dans une chambre ça s’est la question du siècle. Est-ce Alba qui l’a embrassé ou Solal qui s’est jeté sur elle quoi qu’il en soit leur baiser prend de l’ampleur et leurs mains commencent doucement à chercher l’autre. Mais son adorable demie sœur pointe le bout de son nez à ce moment-là brisant le charme et l’ambiance par la même occasion. Et d’un seul coup comme s’il avait été touché par un déchet il est parti sans même un regard en arrière. « Que… » Un peu choquée. Les lèvres gonflées et les cheveux en bataille, elle a pris appui sur le lit et elle a téléphoné à son ami pour qu’il vienne la chercher. « Tu peux venir me chercher s’il te plaît ? Tu n’es pas trop bourré ? » « J’arrive. » L’alcool aidant elle raconte à son ami dans la voiture ce qu’il vient de se passer dans cette chambre. Les joues rouges de désir non comblé et de frustration. « T’es sérieuse là ? Il t’a planté comme une conne dans la chambre ? Parce que ton affreuse demi-sœur s’est pointée ? » Enfin quelqu’un qui la comprenait merci mon dieu. « Ouaip ! Cette soirée était l’apothéose. Entre l’un qui me suit partout comme un petit chien et l’autre qui me calcule que lorsque l’ombre de Romy n’est pas à l’horizon on peut dire qu’elle a tiré le gros lot. » Un ricanement sort de la bouche des deux amis avant que le silence retombe. Un grognement de frustration plus tard elle se retourne vers Neil, les yeux brillants de colère avant de lui lâcher. « Amène moi picoler s’il te plaît je dois évacuer la frustration. » « C’est comme si c’était fait ma jolie. » Dieu seul sait ce qu’il s’est passé cette soirée-là. La seule chose dont elle se souvient c’est qu’au matin elle avait une migraine carabinée et que son ami la tenait dans ses bras. Désormais ? Romy ne lui adressait plus la parole et Alba en jouait pour la faire enrager justement, lui faisant des sourires et lui jouant la carte de la gentille sœur. Vince s’est mis à la mépriser même sans l’aide de son ombre et elle lui rend bien quand il s’y met. Et Solal ? Ah alors là plus lunatique tu meurs. Lui il fait comme si elle n’existait pas. Ce sentiment de rejet lui fait faire n’importe quoi. Ce pincement dans la poitrine s’accroche inlassablement chaque fois qu’il passe à côté d’elle sans la calculer. Est ce pour ça qu'elle pense régulièrement à lui ? Parce qu'il l'a fuit ? C'est une bonne question. Mais afin de parer les coups elle a fini par mettre en place sa technique personnelle, la séduction. Et malheureusement il s’y est mis aussi. Mais personne ne leur a dit qu’à trop jouer avec le feu on finit toujours par se brûler ? À les voir ce n’est pas sûr.