I hate pigeons + Maelle&Enzo

Ce n’est que le deuxième jour que tu es à Londres et déjà tu es à la recherche d’un beau vélo. Tu ne pouvais pas amener le tiens depuis Venise, tu t’es dit que ce n’était pas grave, ça te ferait une occasion de te faire un plaisir. Un nouveau vélo, un petit joujou pour bien commencer cette aventure londonienne. Tu ne connais pas les boutiques de vélo de la ville, alors tu as fait une recherche sur internet. Tu as découvert qu’il y a une boutique « Cycle Surgery » vers Holborn. C’est un peu loin de chez ta soeur mais tu t’en fiches, tu n’as rien de spécial à faire.

Tu prends ton temps dans la boutique une fois que tu y es. Tu attends qu’un employé soit disponible pour lui poser quelques questions sur les vélos et tu achètes ton petit joujou. Une fois ton vélo en main, tu sors et tu en profites tout de suite. Tu as bien évidemment pensé à acheter tout les accessoires qui vont avec, c’est à dire le casque et l’antivol. Tu fais attention sur la route, il te faut un temps d’adaptation avant de rouler à gauche de manière automatique. Tu prends des routes pas très peuplés, tu t’éloignes, tu ne sais pas où tu te rends, tu profites de l’air frais de novembre. Ton pull serait presque pas assez pour te couvrir mais tu n’avais pas envie de prendre ta grosse veste. Tu souris quand tu réalises que tu es à présent vers le centre ville, cela fait deux heures que tu roules. Tu te dis que tu aurais du enclenché l’application runtastic pour savoir quel chemin tu as parcouru et surtout combien de kilomètres. Tu aimes bien revenir sur tes parcours pour voir les coins que tu as déjà foulé. Tu commences à avoir soif, tu décides de te faire une pause. C’est vers Oxford Street que tu t’arrêtes à un Starbucks. Tu vas prendre de quoi te réchauffer en même temps.

Tu attaches ton vélo et tu gardes ton casque sur la tête. Il y a la queue jusqu’à l’extérieur de la boutique mais ça ne te dérange pas, tu n’es pas pressé. C’est surtout que tu n’as pas vu d’autres Starbucks aux alentours et tu veux à tout pris ton chocolat chaud préféré. Celui au caramel. Tu gardes ton casque sur la tête parce qu’il ne te dérange pas. Tu regardes les gens dans la file d’attente et c’est à ce moment là que tu sens quelque chose tomber sur ton casque. Tu hausses les sourcils et l’ôte pour regarder de quoi il s’agit et c’est avec une grimace que tu vois qu’un pigeon a fait ses besoins juste au dessus de ta tête.

« Ah ben ça commence bien. »

Tu grimaces encore plus quand tu vois que tes cheveux ont été touché dans une moindre mesure. Tu aimerais bien un mouchoir pour enlever ça. La file d’attente avance un peu et c’est au tour de la personne derrière toi de se prendre le même cadeau venu du ciel. Tu grimaces et lèves les yeux vers le haut pour voir toute une bande de pigeon posé sur le bord du toit. Tu reprends la parole dans ton anglais parfait, sans accent aucun.

« On est pas au bon endroit visiblement. »

Et tu te dis que tu ferais mieux de remettre ton casque.

Mes journées étaient tellement étranges depuis quelques temps. Mon nouveau statut de journaliste sportive me convient parfaitement. J'ai même déjà eu des propositions pour participer à une émission de télé et j'avoue que je suis totalement partante, mais du côté de ma vie sentimentale c'est la grosse mouise. Je ne sais plus où j'en suis. J'ai embrassé Olly alors que je suis encore en couple avec Aaron. J'aime beaucoup Aaron, mais il y a quelque chose qui ne va pas. Je n'arrive pas à être moi-même avec lui. Je n'ai pas vu Olly énormément de fois, non une seule fois pour l'instant, le jour de l'anniversaire de mon petit ami. Le fameux jour ou l'on s'est embrassé et depuis je n'arrête pas de penser à lui. Mon cerveau me crie que je suis une horrible petite amie et mon instinct me dit de suivre mon cœur. Seulement je ne veux pas blesser Aaron. Je ne veux pas qu'il soit malheureuse à cause de moi, pourtant c'est forcément ce qui va arriver et je recule le moment de lui parler à chaque fois. Je ne me sens pas prête à lui dire.

J'ai eu besoin de prendre l'air après une mâtinée à penser à tout ça. Le travail est là heureusement, j'oublie complètement tout ça quand je travail mais dès que j'ai du temps pour moi j'y réponse alors en marchant vers le starbuck mes pensées vont vers Olly et vers notre baiser. Le froid a commencé à s'installer et j'ai sorti mon bonnet et mes gants. Il y a de la queue comme toujours et j'oublie presque le monde qui m'entoure jusqu'à ce que j'entende quelqu'un pester contre les pigeons. Je lève les yex au cile, je n'ai jamais aimé ces sales bêtes. Visiblement le type en face de moi s'est fait arrosé et vu sa tête j'ai eu la même aussi, merci le bonnet. Je sors des mouchoirs et me décale un peu pour que les pigeons aillent se satisfaire ailleurs. Je tends le mouchoir au jeune homme en face de moi et lui :

« Tenez, je ne sais pas si ça sera très utile, il faudrait mieux mettre de l'eau chaude, heureusement ça pars tout seul et vous avez de la chance de ne pas avoir des cheveux long.»

Je lui souris. Je n'aurais qu'à mettre mon bonnet à la machine et ça partira en moins de deux.

« Je n'aime pas beaucoup ces oiseaux. On dirait qu'ils n'attendent que ça de pouvoir faire leur besoin.»

Je lève les yeux au ciel. Les oiseaux n'ont jamais été mon fort. J'ai toujours été plus chien et chat que oiseaux. D'ailleurs je pense que je vais m'acheter un chien. Je vais voir avec Seth si ça ne le dérange pas trop.

La fille derrière toi a été sauvé par son bonnet, tout comme toi avec ton casque, enfin, presque. Tu en as un peu dans les cheveux, mais c’est moindre. Elle sort des mouchoirs et elle t’en tend un. Tu lui fais un sourire, appréciant son geste et tu prends le dit mouchoir.

« Merci. »

Elle t’explique qu’il vaut mieux mettre de l’eau sur les dégâts. Tu iras peut être faire un tour aux toilettes à l’intérieur s’il y en a. Elle me dit que j’ai de la chance de ne pas avoir les cheveux long, je veux bien la croire. Tu passes le mouchoir dans tes cheveux pour essayer d’effacer les dégâts. T’as l’impression effectivement que ça ne fait pas grand chose. Il faudrait aussi que tu puisses te voir dans un miroir parce qu’à l’aveugle comme ça ce n’est pas évident. En plus d’un toilette il faudrait qu’il y ait un miroir à l’intérieur de ce Starbucks.

« De la chance d’avoir eu un truc sur la tête aussi. Comme toi d’ailleurs. »

Tu lui réponds dans ton anglais parfait avec ton petit accent américain. Tu la tutoies naturellement alors qu’elle t’a vouvoyé, ça ne te dérange pas, tu ne t’en rends même pas compte. Elle te dit qu’elle n’aime pas les oiseaux et tu hoches la tête, bien d’accord avec elle.

« Il parait qu’on peut les comparer à des rats volant. Je les aime pas non plus, c’est vraiment pas propre comme bestiole. »

Si tu peux éviter d’avoir à faire à ces bêtes là tu le fais les bras ouverts. Tu as une peur bleu des animaux depuis que tu t’es fait attaquer par un dragon de komodo en Indonésie. T’as faillit perdre ta jambe suite à une morsure qui s’est infecté et tu en gardes un très mauvais souvenir.

« Enfin, y’a pas que les pigeons que j’aime pas. Je suis pas ami avec les animaux. »

Tu ris un peu après avoir fait cette révélation. Tu sais pas trop pourquoi tu as confié ça à une parfaite inconnu, mais tu t’en fiches. Pourquoi ne pas faire la conversation en attendant de passer. En plus elle a l’air cool. Tu avances un peu dans la file mais tu es encore dehors. Il fait pas chaud.

« J’ai eu une mauvaise expérience et depuis je préfère les éviter. »

Tu précises un peu plus de ton histoire à cette jeune fille. Tu te dis qu’elle doit en avoir rien à faire. Tu pourras toujours sortir ton téléphone pour passer ta solitude, mais pour l’instant t’as bon espoir qu’elle enchaîne dans la conversation.

« Enfin, pas tous les animaux non plus. Ma soeur a des lapins et ça va encore. »

Tu as ajouté ça rapidement pour ne pas que tu passes pour une fillette tout de même.

J'ai l'impression qu'il n'a pas l'habitude d'être en ville, ce n'est peut-être qu'une impression d'ailleurs. Je ne le connais pas assez bien pour savoir ça, il a peut-être juste pas de chance. Les pigeons sont une infection. Je ne les ai jamais beaucoup aimés. Il semblerait que je ne sois pas la seule. J'acquiesce lorsqu'il me dit que j'ai eu de la chance aussi d'avoir eu mon bonnet sur la tête et lui réponds :

«Oui, il faut au moins ça par ici surtout avec ces bestioles.»

J'aime les animaux en général mais les oiseaux n'ont jamais été mes préférer. Je préfère largement les chiens ou les chats. Ils sont plus mignons, plus affectueux que des oiseaux. Des rats volants, j'ai souris. Les rats me dérangeaient moins et heureusement qu'on n'en a pas tant que ça à Londres où du moins ils sont là mais tant qu'on ne les voit pas c'est bon signe. Je lui dit avec un sourire :

«Je préfère encore les rats au moins on ne les voit pas. »

Beaucoup de monde n'aiment pas les rats et c'est normal vu les maladies qu'ils transportent et les saletés qu'ils font, mais ça fait partis des aléas de la ville alors on est obligé de s'adapter et je suppose qu'en campagne c'est pire. Je dis donc :

« Une chance qu'on habite en ville cela dit, en campagne il doit y avoir beaucoup plus de bestioles, j ne changerait pour rien au monde en tout cas même s'il faut s'adapter à ce genre d'aléas. »

Il me dit avoir eu un mauvais souvenir avec les animaux. Je comprends mieux qu'il ne les apprécie pas. Je ne me souviens pas d'avoir déjà eu peur d'un animal. Je n'aime pas les insectes mais ce n'est pas pareil. Je suppose que si j'avais été dans son cas ça aurait été la même chose, les peurs ne se contrôlent pas.

« Je comprends, c'est dommage, je trouve que les animaux apportent beaucoup de choses à l'être humain. Ils sont parfois bien plus intelligent que nous. »

Je ne cesserais jamais de défendre la cause animale, c'est un sujet qui me touche beaucoup et je n'ai jamais compris qu'on puisse faire du mal à des animaux. J'espère qu'un jour ceux qui font ça seront bien plus punis qu'aujourd'hui. La cause n'est à mes yeux pas assez défendu et c'est bien dommage. Je lui dis après quelques secondes :

«Je soutiens beaucoup la cause animal. Il y a trop peu de monde sensible à ça et ça ne veut pas dire que je ne soutiens pas la cause humaine non plus, mais parfois les animaux sont bien plus sensibles que les humains, mais ça dépends lesquels et ça n'empêche pas que je ne suis pas fan des pigeons. »

La file devant nous avançait, on allait pouvoir entrer dans la boutique, au moins on ne risquerait pas de se faire de nouveau salir par ces bestioles.

Les rats on ne les voit pas qu’elle te dit. C’est pas tout à fait vrai. Tu te souviens d’une fois chez un ami à toi. Tu es tombé nez à nez avec un énorme rat dans la cage d’escalier. Tu t’étais enfuis en courant, c’était à peine si tu n’avais pas crié comme une petite fille. Heureusement ça ne t’étais arrivé qu’une fois. C’est vrai que tu as de la chance d’être en ville, mais tu doutes qu’il y ait plus de rat en campagne. Tu serais plutôt d’avis qu’il y en a moins. En ville il y a beaucoup de restaurant où les rats se complaisent avec les déchets. Mais tu n’es pas là pour débattre sur les rats, alors tu gardes tes pensées pour toi. Elle avait raison sur une chose, il fallait s’adapter, il faut vivre en communauté avec ce genre de bestioles, malheureusement. Elle dit que certains animaux sont plus intelligent que nous et tu le penses aussi.

« Ouais, c’est vrai. On les sous estime. »

Tu souris quand elle dit défendre la cause animal mais ne pas être fan de pigeon néanmoins. Il ne fallait effectivement pas tout confondre, on peut faire la part des choses et c’était son cas. Toi tu ne défends pas tellement la cause animal, tu préfères les éviter dès que tu peux. Moins tu les touches mieux c’est. Même les chats et les chiens qui sont sensés être des animaux domestiques. Des amis de l’homme. Ce n’était pas ton truc.

« Tu fais parti d’une association pour les animaux ? »

Oui tu t’intéresses. Elle a l’air d’être assez planté sur ses convictions et t’aimes bien les gens comme ça. Et les associations ça t’intéresses parce que tu comptes en trouver une qui te correspond pour aider les gens et faire profiter de ton temps libre. La file d’attente avance et vous êtes à présent en intérieur tous les deux. Un employé de Starbucks arrive vers toi avec de quoi noter ta commande.

« Un chocolat caramel avec crème chantilly et un brownie au chocolat s’il vous plaît. »

Oui tu es du genre bien gourmand. Faire du vélo t’as ouvert l’appétit. Tu reportes ton attention sur la jeune fille quand elle a donné sa commande également et que l’employé est reparti de l’autre côté du comptoir. Tu te dis qu’ils sont bien organisé ici, qu’ils prévoient quand c’est le rush.

« Y’a un autre Starbucks pas loin, dans une rue parallèle, j’aurai dû aller là bas, c’est jamais plein comme ici. »

Mais tu étais dans ce coin et tu as préféré t’arrêté au premier trouvé.

« Cela dit j’aurai pas fait ta connaissance si j’avais fait ça. »

Tu fais un sourire à la jeune fille et tu sais dans ces cas là, quand tu es gentil avec les filles, qu’elles prennent souvent ça pour de la drague.

« Moi c’est Enzo. »

Tu lui tends la main pour te présenter comme il se doit.

On en était venu à parler animaux. C'était étrange la façon dont les discutions étaient amenées. On ne savait finalement jamais de quoi on allait parler, la vie est une improvisation totale et c'est ce que j'aime en elle. On ne sait pas sur qui on va tomber. Ce jeune homme n'avait pas l'air d'apprécier les animaux. Je pouvais les comprendre mais c'était tout l'inverse pour moi. Je les avais toujours aimé. J'avais eu un chat quand j'étais enfant. Je me demande bien ce qu'il a pu devenir. Il s'était enfui un jour. J'avais été très triste de ne pas le revoir. Je ne pu m'empêcher de sourire lorsqu'il me demande si je fais parti d'une association pour la cause animal. Je lui réponds :

« Non du tout. Je ne fais parti d'aucune association.»

J'aurais pourtant pu mais ce n'était pas tellement mon truc de faire parti de ce genre de groupe. Je ne me sentais pas forcément très à l'aise avec les groupes. J'ai toujours eu l'habitude d'être plutôt solitaire … à ma façon. La file avait avancé et il fit son choix. Il avait l'air d'être assez gourmand. Lorsque mon tour arriva je choisi ce que j'avais l'habitude de prendre autrement dit un vanille laté et un donut à la fraise. J'ai acquiescé à ses propros il y avait tout le temps du mon dans ces cafés, du moins la plupart du temps. Je lui ai donc dis :

« Oh c'est souvent comme ça. Il y a du monde partout.»

J'ai vu un couple se lever d'une table. Si on se dépêchait peut-être qu'on pourrait y aller sans que quelqu'un n'y aille avant nous. Ce serait une avancé périlleuse vu le monde et la file qu'il y avait mais j'avais confiance. Tout le monde était assis où presque et les autres derrière nous n'étaient pas encore servis. C'était tout une stratégie de trouver une place dans un café comme celui-là. Il fallait savoir ruser. Je lui ai donc dis en lui indiquant la table d'un signe de tête :

« Ah une table s'est libéré là-bas. On va pouvoir s'installer. Enfin si ça t'ennuie pas que je t'accompagne.»

J'espérais qu'il ne me trouve pas trop entreprenante et qu'il accepte ma présence, c'était peu ordinaire de s'installer avec un inconnu, mais si on ne le faisait pas comment ferions nous des rencontres? J'ai souris lorsqu'il s'est présenté à moi. Je lui ai répondu :

« Et moi Maëlle.»

Ce n'était plus un inconnu désormais. Je savais son prénom. C'était la première étape à franchir lorsqu'on se faisait des amis et j'avais le sentiment que c'était ce qu'on allait devenir. On sent parfois ce genre de chose. C'est une première impression, évidemment il ne faut pas toujours se fier aux premières impressions, elles peuvent être trompeuse, mais je ne pense pas me tromper cette fois.

Elle ne fait partie d’aucune association, c’est marrant t’aurais cru l’inverse. Comme quoi les apparences sont souvent trompeuses. Tu n’es pas très doué pour lire dans les gens maintenant que t’y penses. T’es plutôt du genre naïf comme mec. Tu essaies de te soigner mais c’est pas facile de changer ce genre de chose. C’est vrai qu’il y avait du monde partout, on est dans le centre de Londres. Ceux qui habitent la ville plus tous les touristes ça fait beaucoup de monde. Peut être que si tu avais été en zone 6 prendre ton starbucks tu aurais trouver une enseigne vide. Peut être, mais tu aurais dû faire deux heures de vélo aussi pour y arriver. Londres et ses banlieues, c’est immense. Elle propose de s’installer à une table avec toi car une vient de se libérer.

« Oh ouais bonne idée. »

Vous avez l’air de bien discuter tous les deux, ça fera passer le temps pendant que vous allez boire votre commande. Tu apprends qu’elle s’appelle Maëlle.

« Vas prendre la table, je termine de faire la queue pour payer et prendre nos boissons. T’as commandé quoi déjà ? Un vanilla latte avec un truc à manger non ? Tu me rembourseras après. »

Tu préfères préciser ça avant qu’elle commence à contester que tu lui paies son petit déjeuner. C’est vrai après tout, vous vous connaissez à peine. Ca se fait peut être pas de déjà payer à boire à quelqu’un comme ça. Tu sais pas trop alors tu préfères ne pas le faire. Loin de toi l’envie de faire croire que ta simple gentillesse est une forme de drague. Alors chacun va payer sa part. Tu paies pour vous deux avec ta carte bleu, on te donne déjà les viennoiseries que vos avez commandé. Tu les prends et tu les apportes à la table où Maëlle t’attends.

« Je crois que nos boissons sont prête aussi, je vais rapporter ça. »

Tu files au bout du comptoir pour voir qu’effectivement vos boissons sont là. Tu demandes précision sur ce qu’il y a à l’intérieur pour ne pas emporter n’importe quoi et tu retournes à ta table.

« Et voilà. Ca n’aura pas été très long finalement. »

Tu poses les boissons sur la table et tu t’installes, enlevant ta veste. Tu poses le ticket de caisse sur la table si jamais elle a envie de voir le prix pour te rembourser. Si elle ne le fait pas tu n’es pas dérangé, t’avais envie de lui payer de toute façon. T’es généreux comme ça, surtout pour une histoire de £5. Ca te fait plaisir d’offrir des petites choses aux gens que t’apprécies. Ok tu ne la connais pas depuis longtemps mais vous êtes déjà en train de manger ensemble.

« Et donc Maëlle t’es de Londres ? Moi je suis arrivé y’a quelques jours seulement. Je compte y rester un an tout au plus. Mais il parait que quand on a vécu à Londres c’est dur d’y partir. Alors je verrai si je décide de rester plus longtemps. Même si ce froid n’est pas mon fort, vivement le printemps. »

Tu dis tout ça en touillant un peu sur ton chocolat que tu laisses se refroidir un petit peu.

J'acquiesce aux propos d'Enzo. Je vais donc vers la table et dépose mes affaires avant de m’asseoir. Je jette un œil à mon téléphone dans l'espoir d'y découvrir un sms d'Olly, mais pour l'heure je n'avais que des messages de Roxanne et d'Aaron. Je leur ai donc répondus puis j'ai rangé mon téléphone en voyant le jeune homme arriver avec nos deux gobelets. J'ai toujours trouvé ça étrange d'avoir mon prénom sur un gobelet. J'avais l'impression d'être au travail où dans la cuisine nous avons des tasses à nos noms. Au moins personne ne se trompait, du moins c'était le principe, mais ici c'était plutôt une question d'organisation et pour ne pas se tromper. Je lui ai répondu :

« Super merci. Ça va nous réchauffer un peu. Il fait froid en ce moment, l'hiver est bien là. »

J'ai l'habitude du froid au fond, j'ai vécu à New-York ou certains hivers étaient beaucoup plus rude qu'ici et que dire du canada ? Nous sommes tout de même bien loti comparé à d'autres. Je me plains rarement du temps de toute manière. J'aime autant le soleil que la pluie, même si la pluie est plus contraignante. Il a déposé la note sur la table et je me suis permise de la prendre pour voir combien je lui devais. J'ai sorti mon porte monnaie et lui ai tendu l'argent que je le devais. Les bons comptes font les bons amis comme on dit. Je lui ai tendu et lui ai dit :

« Tiens, voilà pour toi. »

Je lui ai souris. Je n'allais tout de même pas lui faire tout payer, surtout qu'on se connaissait pas. Je ne laissais déjà pas mon petit ami me payer des choses alors un inconnu sûrement pas. J'ai relevé la tête lorsqu'il m'a dit que cela faisait quelques jours qu'il était arrivé. Je me suis revu l'an dernier arrivant à l'aéroport. Je comprenais ce qu'il vivait. J'ai souris à nouveau et je lui ai dis :

« Il y a un an j'étais dans ton cas. J'ai vécu à New-York durant trois ans. Je suis revenu ici en pensant que je ne resterais peut-être pas longtemps et je suis restée. Je redécouvre ma ville et crois moi on s'habitue au froid. »

J'ai ris. Je comprenais qu'on puisse être frileux et que le soleil et la chaleur donnaient plus envie, mais il y avait tellement de choses belles ici. Je le savais avant d'aller à New-York mais je le sais encore plus depuis que je suis revenu.

« Où est-ce que tu étais avant? »

J'espérais ne pas être trop indiscrète, mais il n'avait pas l'air d'être timide alors je me disais que ça ne posait pas de problème.

Ca pour être là, l’hiver était bien là. Tu as pu t’en rendre compte quand tu étais sur ton vélo quelques instants auparavant. Tu as mis du temps avant de te réchauffer grâce à tes efforts. Tu as bien hâte du printemps pour sortir un peu moins couvert et profiter de ton vélo tout autant, voir plus. Elle te tend rapidement la monnaie qu’elle te doit et tu récupères le tout.

« Merci. »

Tu mets ça dans ta poche, pas envie de sortir ton portefeuille rangé dans la poche intérieur de ta veste. Tu lui rends son sourire en même temps, elle est vraiment très jolie comme fille maintenant que tu la regardes mieux. Des fois tu te dis que si t’étais hétéro tu essayerais de draguer ce genre de filles, mais comme ce n’est pas le cas tu ne prends pas cette peine. Et puis pour dire la vérité tu n’es pas doué en drague, même avec les mecs. Tu espères toujours que ta belle gueule fera le tout et ça marche la plupart du temps. Maëlle reprend la parole et te dit qu’elle a vécu à New York. C’est une ville que tu adores même si pareil, en hiver tu préfères éviter.

« On s’habitue ? J’espère alors. C’est que le début de l’hiver on en a pas encore terminé. Faudra peut être que je me couvre un peu plus si je veux continuer de me balader à vélo. J’aime pas trop les transports en communs. Trop de monde. »

Même si sur la route il y a pas mal de monde aussi, tu préfères, tu as ton espace. Tu es prudent aussi, tu n’as pas envie de finir sous les roues d’un camion. Tu prends ton gobelet pour goûter ta boisson et voir si elle est à la bonne température pour la boire. Elle te demande où tu étais avant et tu reposes ton gobelet.

« J’étais à Venise, en Italie. »

Précision sûrement inutile mais tu es fière de ton pays alors t’aimes bien faire la précision.

« J’étais guide touristique là bas, j’ai terminé mes études. C’était plutôt cool mais j’avais envie de bouger un peu alors je suis venu ici parce que j’ai ma soeur qui y a emménagé il y a quelques mois. C’est ma soeur jumelle, on est rarement longtemps éloigné l’un de l’autre. »

Tu ne sais pas si elle sait ce que c’est d’avoir un jumeau mais tu supposes qu’elle comprendra. Vous êtes fusionnel toi et ta soeur, c’est difficile de vous séparer. Tu as déjà mal vécu les quelques mois loin d’elle et tu profites de sa présence maintenant que vous êtes réunis.

« Je squatte son appartement pour l’instant, c’est plutôt cool, elle a de la place. »

Tellement cool que tu doutes chercher autre chose, tu vas rester chez elle tranquillement. Sauf si elle montre des signes qu’elle ne veut plus de toi dans son appartement, mais ça ça t’étonnerait.

« Tu faisais quoi à New York ? Et ici tu fais quoi comme boulot ? A moins que tu fasses des études ? »

Elle a l’air jeune alors ça se pourrait.

Je lui ai souris et lui ai rendu la monnaie. Il avait l'air gentil en tout cas, ça changeait un peu. J'acquiesçais lorsqu'il me demanda si on s'habituait et lui répondit :

« Oui on s'habitue à tout. Ah le vélo, ça entretient, ce n'est pas mon élément de transport préféré. Je préfère la voiture même pour le sport. Mais les transports en communs sont utile tout de même malgré le monde. Je ne pourrais pas m'en passer.»

Je ne me déplaçais qu'en métro même si je rêvais d'avoir ma propre voiture. J'avais mon permis depuis peu de temps mais pas encore de voiture et je savais ce que je voulais. Une voiture de sport évidement. Je n'étais pas journaliste sportive pour rien mon nouveau travail me permettrait de faire plus de folie et de vivre comme je le voulais. Je m'étais promis de réussir par moi-même et pas grâce à mes parents et je réussissais petit à petit.

Il m'avoua qu'il était allé à Venise. J'ai souris lorsqu'il m'a dit qu'il était guide touristique, ça me faisait penser à Breena même si elle était guide dans un musée. Il avait une sœur jumelle. Je trouvais ça étonnant d'avoir un jumeau ou une jumelle. Je crois que j'aurais adorais ça. Je me serais senti moins seule. Je n'ai jamais eu de frère ou de sœur et je ne manquais pas de m'occuper seule, j'ai toujours eu beaucoup d'imaginations, mais je dois admettre que ça devait être quelque chose.

« Tu en a de la chance. »

Je ne me suis jamais plainte de ma vie, mais ça n'avait pas été facile tout le temps. Je m'entendais mal avec mes parents ce qui m'avait poussé à partir de chez moi et prendre l'air. Je n'avais pas voulu faire ce qu'ils avaient prévus pour moi. Je leur avais toujours désobéi et je ne leur avais même pas dit que j'étais rentrée. Cela faisait un an maintenant et je n'osais toujours pas aller les voir. Je lui ai répondu :

« Non non, j'ai terminé mes études il y a trois ans. J'ai fait ma dernière année de journalisme à New-york, mes parents ne voulaient pas que j'aille dans cette voie et comme je ne les ai jamais écoutés je suis partie à la fin de ma deuxième année. Ils voulaient que je devienne médecin et finalement j'ai trouvé un job en même temps que mes études à New-York. J'étais aux archives et puis je suis devenu journaliste. Jusqu'à l'année dernière. J'ai appris la mort de ma grand-mère alors je suis revenue et je suis restée. J'ai retrouvé un travail au Times grâce à un ami journaliste et puis finalement je vais présenter une émission sportive.»

Ils seraient surpris s'ils me voyaient et s'ils voyaient que j'ai réussis mais j'aurais trop peur de leur réaction. C'est décidément bien facile de parler avec un inconnu. C'est souvent comme ça que j'ai rencontrer la plupart de mes amis d'ailleurs.

« Tu es toujours guide ici ? »