Ca ne peut pas être pire que la dernière fois

*Robe rouge ? Robe noire ? Robe habillée ? Robe décontractée ? Vous avez déjà essayé de vous habiller sans savoir où vous alliez ? Oui ? Alors vous savez ce que je ressens devant mon placard. Je suis comme seule.. Abandonnée.. Désespérée.. Et j’exagère à peine ! Ok, revenons quelques jours en arrière que je vous explique.*

L’avantage quand on est critique gastronomique c’est que l’on peut se permettre de manger au restaurant très régulièrement sans même ressentir une once de culpabilité. Au détour des rues, ma gourmandise, ayant bien compris le système, m’avait alors guider jusque devant un restaurant français du coeur de Londres. La qualité de sa cuisine faisait de lui un des représentants de la cuisine française les plus reconnus ici. Et bien soit, si il était si bon il fallait que je l’essaye.
Contrairement à ce que les gens pensent, la critique d’un restaurant ne consiste pas seulement à commenter ce que l’on mange mais également ce qui nous entoure. Je m’attelais donc à examiner attentivement le menu à l’extérieur du restaurant quand une voix inconnue m’aborda

_Je vous conseille vraiment pas cet endroit.

Oui ! Moi aussi j’ai pensé la même chose que vous : « Mais de quoi il se mêle ce con ? Je lui ai demandé son avis ? ». C’est donc tout naturellement qu’après avoir levé les yeux au ciel et soupiré un bon coup je me tournais vers lui afin de lui dire le fond de ma pensée. Et, oh, surprise ! Plutôt mignon le garçon ! Après tout, sa remarque partait d’un bon sentiment. Est ce que je pouvais vraiment lui en vouloir d’avoir la gentillesse prévenir une potentielle future cliente de la qualité médiocre d’un restaurant -disons ça comme ça- ? Non, je ne crois pas ! Me retenant de tout mon être pour ne pas laisser sortir mon habituelle répartie je lui affichais un sourire en coin en arquant un sourcil.

_Ah oui ? Vous êtes un connaisseur peut-être ? Un autre endroit à me conseiller alors ?

J’admets que niveau amabilité on repassera. Mais ça n’avait pas l’air de le déranger, bien au contraire. Loin de perdre de sa superbe, le jeune homme me conseilla un restaurant digne des plus grands -je cite, « un petit pub super sympa. »- et m’invita à l’y rejoindre un peu plus tard. Je riais intérieurement en l’écoutant me vanter son pub pour remplacer mon gastro français mais son sourire m’avait convaincu. Le rendez-vous était pris. Pour la suite je vous passe les détails. J’avais bel et bien retrouvé mon bellâtre dans son pub mais rien ne s’était passé comme prévu : cuisinier malade, commis affreux, nourriture dégueu. Vous me connaissez assez pour savoir que la soirée fut ponctuée par mes gentilles moqueries à propos de ses gouts douteux en matière de cuisine. Une fois encore pourtant, loin de se vexer il persista en m’invitant quelques jours plus tard dans un endroit à Hammersmith pour se faire pardonner. Intriguée, j’acceptais.

*Et nous revoilà donc devant mon placard ! Le temps de vous expliquer tout ça je me suis décidée pour une combinaison bleu électrique en me basant sur le fait qu’il m’aurait prévenu si la soirée avait été habillée. Perspicace, je sais.*

Dix minutes plus tard j’arrivais devant le point de rendez-vous. Le plus beau dans tout ça ? J’avais à peine dix minutes de retard. L’avantage de n’habiter qu’à une station de métro d’Hammersmith, je sais. Je regardais autour de moi, dubitative. Il n’y avait aucun restaurant à l’adresse qu’il m’avait donné, seulement des vieilles baraques à l’anglaise, toutes divisés en appartement. Sans pour autant me dégonfler je montais les quelques marches du péron et cherchais son nom avant de sonner. Quelques secondes plus tard la porte s’ouvrait sur un Jude tout sourire. Je déposais une bise sur sa joue et entrais dans l’appartement pendant qu’il se décalait pour me laisser passer.

_Dis donc, my dear, c’est quoi ton guet-apens là ?