"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici i am jack's raging bile duct (swann) 2979874845 i am jack's raging bile duct (swann) 1973890357
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() message posté Ven 26 Fév 2016 - 11:29 par Invité
Je bifurquai à l’angle d’un immeuble et manquai de rentrer dans un des passants. Il me jeta un regard noir mais je poursuivis ma route en ne lui accordant qu’un haussement d’épaules monotone et indifférent. Il était aussi fautif que moi et son air prétentieux m’agaça, si bien que je me dépêchai de descendre la rue, mes deux pieds fermement soudés à la planche de mon skateboard. Il était déjà tard mais j’ignorai quelle heure, précisément. Ça m’arrivait, parfois. Je m’échappais du domicile familial en n’accordant parfois qu’un simple à plus ou un hochement de tête, parfois moins que ça. Mais ils savaient tous que j’allais rentrer. Ça nous arrivait à tous, un par un, de nous éloigner le temps d’une nuit, pour respirer la fraîcheur d’un isolement mérité. Mes chevilles vibraient et je filai à toute allure à travers les carrefours, sous les enseignes des restaurants, grésillant et éclairant la ville de lueurs à la fois blafardes et bariolées. Je laissai mes esprits vagabonder un peu partout, faisant assez confiance à mon corps pour ne pas tomber ou ne pas déranger d’autres piétons. J’entendais des bribes de conversations, les accords des klaxons et du rugissement des moteurs, le chant des roues qui crissaient au loin sur l’asphalte et résonnaient à travers les rues comme un furtif cri de terreur, et puis tous ces bruits singuliers que l’on peinait toujours à décrire avec justesse car il fallait simplement les écouter pour qu’ils prennent tout leur sens – autrement, on ne les imaginait pas. Je croisai la porte de la nouvelle demeure de Lou mais ne m’y attardait pas, levant juste la tête pour apercevoir la lumière encore allumée de son petit séjour. Je la voyais régulièrement mais son absence pesait toujours sur nos cœurs. Pourtant nous l’avions toujours su. Elle était partie comme nous allions un jour tous le faire. Les Kipling ne se séparaient jamais vraiment. Ils restaient unis, dans leur cœur.  

Ce fut plusieurs minutes, presque un bon quart d’heure plus tard que je décidai de poser un pied à terre, freinant d’un coup sec et maintenant de justesse mon équilibre. Je regagnai le sol avec légèreté et me tournai vers le pub dans lequel nous avions toujours l’habitude d’aller, plus près du centre et de l’animation urbaine. Je me faufilai à l’intérieur et déposai ma planche contre le pot à parapluies toujours vide : c’était un hiver certes froid, mais plutôt sec, ce qui m’arrangeait pour mes longues balades en skateboard. Je traînai des pieds jusqu’au comptoir et souris au barman, conservant cependant mon air fatigué. Je ne cherchai pas à attirer l’attention. Il me demanda ce qu’il devait me servir et je fouillai dans mes poches pour d’y trouver qu’un malheureux billet que je lui tendis : « Ce que tu veux, tant que tu vérifies que je paye l’addition. » Il m’adressa un air amusé et se saisit de l’argent pour le mettre dans la caisse. Il ne tarda pas à revenir avec une large pinte de bière brune et irlandaise qui me fit saliver sur l’instant. C’était ce dont j’avais besoin. Je le remerciai et bus quelques gorgées avant de descendre de mon siège pour me diriger vers les toilettes, mon visage supportant étrangement mal la chaleur qui macérait dans le lieu. Je longeai le couloir en sous-sol mais m’arrêtai avant d’atteindre les urinoirs, mes oreilles attentives percevant une voix qui me hérissa immédiatement. Je tournai la tête et aperçus, derrière une porte entrebâillée, la silhouette familière d’un homme. Un type bien bâti et charismatique, quoiqu’au visage émacié et mystérieux. Ses cheveux cendrés luisaient d’une façon singulière sous la lumière de l’ampoule qui pendait au plafond, sans abat-jour. Mes poings se crispèrent et je les sortis lentement de mes poches en effectuant un car de tour. Puis je poussai la porte et entrai dans la salle.

Ici, c’était une autre ambiance. La fumée des cigarettes alourdissait  l’air qu’aucune lucarne ne venait renouveler. On aurait pu étouffer tant les odeurs acides et hostiles s’y mêlaient pour dessiner les contours de ce qu’était la masculinité, la vraie. Mes mâchoires se serrèrent : j’avais l’habitude de bien pire, me réveillant parfois dans des endroits inconnus et confinés sans aucun souvenir de comment j’avais bien pu y parvenir. Il devait y avoir cinq ou six silhouettes se découpant devant moi, cambrées au-dessus d’une table ronde où l’on avait disposé des jetons et des cartes à jouer. Le parfum fade de l’argent se mêlait au reste d’un air vicieux. J’arquai un sourcil et posai finalement mon regard sur celui qui avait attiré mon attention au départ, lorsque j’étais encore dans le couloir. Il restait concentré sur son jeu, ne laissant paraître aucune émotion lorsqu’il poussa d’un geste désinvolte une pile de jeton au centre du tapis pour relancer son adversaire. Je m’avançai finalement et me raclai la gorge pour qu’il me remarque. « Salut Swann. » Mon ton était amer et dédaigneux. Je n’étais pas habitué à être aussi crispé en période de lucidité et je n’étais pas franchement très résistant – néanmoins les combats de rue de Leo m’avaient forgé le caractère et les mâchoires. Mais à la vue de Swann, je ne pouvais m’empêcher de faire ressortir ma vieille rancœur. « T’es en train de jouer l’argent que tu t’es fait en volant le violon de ma sœur ? » J’aurais pu cracher, l’intonation aurait été la même tant le mépris remontait vite le long de ma gorge. « Tu sais, c’est pas donné ces trucs. C’est pas agréable de se les faire piquer par des cons. » Lou m’en voudrait de m’en mêler aussi impunément. Mais c’était plus fort que moi et, d’un coup, j’oubliai la tristesse de ma sœur au profit de mes propres envies : et j’avais simplement envie de justice, cette fois-là.
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() message posté Jeu 3 Mar 2016 - 18:40 par Invité
Pour chaque jour de la semaine, Swann sait où il peut se rendre pour jouer au poker. Des tables qu'il joint régulièrement et où il sait qu'il n'aura pas d'emmerdes. Parfois, il lui arrive de fréquenter plusieurs tables dans la même nuit et de finir au petit matin quand le reste de la population londonienne part travailler. Cela ne le dérange pas, il ferait n'importe quoi pour jouer, même si cela signifie vivre comme un hibou. Puis, depuis que Lou l'avait jeté, il n'avait plus rien qui l'attendait chez lui, si ce n'est une bande de colocataires trop bruyants. Certes le poker avait toujours été plus important que tout dans sa vie, mais désormais c'était aussi la seule chose qu'il avait et qui le motivait. Il se sentait vivant que lorsqu'il sentait les cartes glissaient entre ses doigts. Ce soir, c'était dans un pub qu'il se rendait pour jouer, avec l'argent qu'il avait gagné lors de sa dernière soirée de combats de boxe. De toute façon, il suffisait seulement de 100 livres pour rentrer dans la partie. Le seul problème avec Swann c'est qu'il ne savait pas s'arrêter quand il perdait, toujours en train de s'imaginer qu'il pourrait se refaire avec une bonne main. L'homme derrière le bar le reconnaît tout de suite quand il arrive et lui sert une pinte de guiness. Pas question qu'il boive quelque chose de plus violent quand il jouait, il fallait garder l'esprit clair en toutes circonstances. L'homme lui indique qu'il peut se rendre en bas et qu'ils ne vont pas tarder à être au complet. Avant que les cartes ne commencent à être distribuées, certains hommes discutent, mais Swann préfère observer en silence les gestes de ses adversaires. Quand la partie commence enfin, il rentre dans une sorte de transe, un moustique pourrait lui tourner autour qu'il ne s'en rendrait même pas compte. Son attention est focalisée sur le jeu et ses adversaires, les gens croient souvent qu'il s'agit d'un simple jeu de cartes en oubliant l'aspect psychologique. Pour gagner au poker, il faut savoir lire ses adversaires et dans ce domaine Swann est redoutable, surtout quand ses adversaires sont clairement des amateurs. La tactique de Swann s'installe tranquillement et sa pile de jetons augmente, au fur et à mesure il se crée de faux tics pour mieux réussir à bluffer ses adversaires. Son spécial : faire croire qu'il a une mauvaise main en jouant nerveusement avec ses jetons. Parfois il s'amuse à boire une gorgée à chaque fois qu'il a une mauvaise main, pour ensuite s'en servir à son avantage par la suite. Néanmoins, avec le niveau de la concurrence autour de la table, il n'est pas certain qu'ils soient capables de remarquer des signaux aussi subtils. « Salut Swann. ». Sa tête se lève pour voir qui a bien pu avoir l'audace de venir l'interrompre en pleine partie, surtout quand il avait une bonne main et qui s'apprêtait à plumer tout le monde. River se dresse dans la pièce et Swann doit masquer sa surprise. Après sa rupture avec Lou, il s'était presque attendu à voir débarquer Leo pour lui péter la gueule, mais avec River il ne savait pas à quoi s'attendre. Simplement parce qu'il s'était toujours bien entendu avec lui, même quand Lou avait accepté de quitter leur foyer familial pour venir vivre avec lui. Cela ne l'avait d'ailleurs jamais dérangé quand River venait squatter chez eux pour une raison ou pour une autre. Swann au contraire des Kipling n'avait pas une ribambelle de frères et sœurs et n'avait aucune idée d'à quoi une relation fraternelle devait ressembler, mais River était ce qui se rapprochait le plus d'un petit frère à ses yeux. « T'es en train de jouer l'argent que tu t'es fait en volant le violon de ma sœur ? ». Le venin qui transparaît dans ses mots et son ton le surprend complètement, car ce n'est pas le River auquel il avait eu l'habitude d'être confronté. Apparemment, Lou n'était pas la seule à être en colère contre lui. « Tu sais, c'est pas donné ces trucs. C'est pas agréable de se les faire piquer par des cons. ». C'est étrange, mais venant de lui cette insulte banale faisait du mal. Probablement parce qu'il s'était toujours efforcé de garder une bonne image auprès de la famille Kipling, malgré son addiction. River ne l'avait jamais insulté de la sorte, si ce n'est pour rigolé, cette fois il le pensait vraiment. Toutefois, Swann ne pouvait pas se laisser faire de la sorte, surtout quand d'autres personnes étaient présentes pour entendre. « C'est bon lâche moi c'est pas comme si c'était un Stradivarius non plus. ». Si c'était le cas, Swann l'aurait probablement vendu bien avant et saborder sa relation avec Lou beaucoup plus tôt. L'intervention de River a complètement interrompu la partie de poker et les regards de tous les joueurs sont braqués sur eux. Swann n'appréciait pas de voir sa vie déballait devant tout le monde, alors qu'il n'avait strictement rien demandé. « Puis si tu parlais plus souvent à ta chère sœur, tu saurais que je lui ai rendu son précieux violon depuis un moment. ». Il s'était démené pour pouvoir le retrouver et le racheter, tout ça pour se manger des reproches de la part de Lou et maintenant par River. La prochaine fois, il ne prendra même pas la peine de faire les choses parce qu'elles sont justes. La voix de Swann est sèche, bien que cela lui fasse un peu de peine de parler ainsi à River, mais il l'avait bien cherché. « Retourne fumer tes joints et laisse nous tranquille entre adultes. ». En disant cela, il ne peut s'empêcher de repenser à toutes les fois où il avait partagé un joint avec River, ce qui avait toujours le don de faire râler Lou. Visiblement, ses erreurs avaient également détruit ses relations avec le reste des Kipling et cela ne pouvait que l'attrister.
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() message posté Jeu 24 Mar 2016 - 13:25 par Invité
Je n’avais jamais été à cheval sur nos problèmes d’argent. Ils existaient, certes, mais nous avions développé une certaine imperméabilité vis-à-vis de ceux-ci, car avant tout, nous étions solidaires. Je savais que, par exemple, Leo s’en moquait éperdument car ses revenus étaient constants, quoiqu’obscurs. On lui avait un jour trouvé un poste dans un bar et, lorsque le salaire était tombé à la fin du mois, il nous avait fait part de sa déception pendant une bonne semaine avant de se faire licencier pour une raison dont lui seul pouvait être capable – depuis, il s’acharnait à nous dire que nos emplois ne menaient pas vraiment loin et que son travail lui prodiguait satisfaction et adrénaline, puisque s’enfuir à travers les rues de la ville et connaître les bonnes planques pour échapper aux policiers constituaient manifestement l’ensemble de ses loisirs, quand il ne participait pas simplement à une fête où tous les voyous du quartier échouaient jusqu’à l’aube. Mais, au fond, il restait, comme le reste de la fratrie, généreux à sa manière et surtout mélomane. Il hésitait parfois entre acheter des cordes de guitare ou des produits aussi nécessaires que la nourriture, et il nous arrivait de préférer soigner nos instruments plutôt que nous-mêmes, dans un élan artiste et bohême. Nous étions à court d’argent – souvent, bien trop souvent. Je me souvenais des semaines passées à manger des plats bas de gamme sur le plancher de la maison, s’émerveillant lorsque nous pouvions ajouter un peu de sauce à nos pâtes ou du lait dans nos céréales, tout ça parce que l’un de nous avait eu besoin d’argent pour acheter un instrument, un ampli, des baguettes ou des partitions, et que tout le monde s’était cotisé afin de subvenir à son besoin. Car c’était un besoin, au-delà d’une simple passion, et peu de gens le comprenait réellement. Nous n’aimions pas être plaints par les classes supérieures, mais nous détestions que notre plaisir commun pour la musique soit limité par de simples problèmes d’argent.

Je me souvenais du violon de Lou, la première fois où elle l’avait sorti de son étui. Ce n’était pas un grand violon de qualité inouïe, mais il était neuf, luisant de potentiel et, surtout, bien à elle. Elle avait tendu l’archet avec soin et délicatesse, affichant une moue satisfaite en y faisant glisser la colophane et en l’accordant, puis elle avait joué un morceau, laissant échapper des sourires confus à chaque note car le son lui paraissait pur et immaculé, ce dont elle n’avait plus l’habitude. C’était devenu son partenaire, son meilleur ami dans les temps les plus durs, et je reconnaissais parfois, à la radio ou à la télévision, certaines mélodies qu’elle avait jouées, pleine de ferveur ou de mélancolie selon l’humeur. Elle avait joué pour Swann, aussi. Sans nous dire qu’elle était triste, sans nous dire qu’elle était en colère, mais il lui était arrivé de rentrer à la maison et d’entamer des morceaux particuliers qui retraçaient ses sentiments bien plus précisément que si elle avait dû parler. C’était ce que nous faisions tous. Il n’était pas rare de me retrouver à un piano, muet et inspiré par les mauvaises choses. A présent, crispé devant l’expression surprise mais figée de Swann, j’aurais voulu jouer plutôt que de lui lancer ces paroles acerbes, mais celles-ci m’avaient échappé car il avait rompu l’équilibre en ne comprenant pas ce que la musique signifiait pour nous. Il fronça les sourcils et adopta un air sérieux et autoritaire. « C’est bon lâche-moi c’est pas comme si c’était un Stradivarius non plus. » Je serrai la mâchoire et mon regard s’assombrit. Tu n’y connais vraiment rien. J’avais envie de lui rétorquer qu’il ne suffisait pas de posséder un Stradivarius pour savoir jouer et que le violon de ma sœur avait une âme propre à lui, mais je me retins, conscient que dans un contexte pareil, cela sonnerait à la fois vain et ridicule. « Puis si tu parlais plus souvent à ta chère sœur, tu saurais que je lui ai rendu son précieux violon depuis un moment. » Je secouai la tête avec mépris. Je m’en moquais car le mal était fait. Il avait fait du mal à Lou et, quelque part, à toute sa famille. On ne touchait pas à la musique. On ne touchait pas à cette passion-là. Sa voix était sèche, presque dédaigneuse, mais quelque chose semblait clocher. Même pour moi, ça sonnait faux. Nous ne nous étions jamais parlé de la sorte et nous voir ainsi me mettait mal à l’aise, au fond. « Retourne fumer tes joints et laisse nous tranquille entre adultes. » Je haussai les sourcils, surpris par son mépris, comme si celui-ci me blessait. Après tout, j’étais celui qui avait fait naître l’étincelle pour mettre le feu au conflit, mais le regret apparut comme un éclair dans mes yeux, me faisant hésiter une seconde avant que ma gorge se noue de colère.

Je relevai le menton, fronçai du nez et je sentis mon cœur manquer un battement lorsque je me rendis compte que toutes les silhouettes présentes avaient les yeux braqués sur moi. Quelques murmures parvinrent à mes oreilles et me firent grincer des dents. C’est qui ce pauvre type ? Probablement pauvre, certes, mais ayant sûrement plus de dignité qu’eux tous réunis. J’étais déçu de Swann et c’est pour cela que je lui en voulais, même si Lou m’en voudrait sûrement de se mêler de ses affaires. Je pensais comme Leo, parfois. Il m’avait assez longtemps entraîné dans ses frasques pour avoir déteint sur ma personnalité qui était d’habitude si conciliante et sereine. Je craignais toujours d’oublier. D’avoir une crise et d’oublier. De m’emporter, de ne pas reconnaître ce qui m’entourait, de laisser mon identité s’effacer au profit d’une autre, factice et dangereuse, puis d’oublier ensuite. Swann ne me connaissait pas entièrement. Nous avions beaucoup partagé mais il n’avait jamais posé de questions à propos de mes absences, autant psychologiques que physiques, lorsque je m’échappais du cocon familial pendant quelques heures, voire plusieurs jours, me rendant dans des endroits dont je ne me souvenais pas du nom car c’était un autre River qui en avait foulé le sol. J’avais peur que l’on m’aborde Cependant, je connaissais Swann. Il avait des défauts, mais pas celui d’être un con, insulte qui me paraissait si fausse à présent car je savais que les paroles qu’il m’avait rétorqué n’étaient pas sincères. Nous les avions pourtant prononcés, ces regrettables mots. « Parce que tu penses que jouer au poker toute la nuit, c’est être un adulte ? Je comprends mieux pourquoi ma sœur t’a plaqué. » grinçai-je subitement en m’approchant de lui et serrant les poings. Je plissai des yeux et les braquai sur son jeu qu’il avait oublié de dissimuler à mon regard, trop occupé à contenir sa surprise et son agacement. Je fis une moue dédaigneuse à mon tour. « Carré d’as. Il se prépare à vous plumer, vous aussi. » m’enquis-je finalement avec détachement à l’intention des autres joueurs qui hésitèrent entre me fixer, fusiller Swann du regard ou baisser les yeux sur leur propre jeu en affichant un air décontenancé. Je notais avec un amusement amer que Swann était le plus garni en jetons autour de la table, puis avec nostalgie que c’était généralement comme ça que ça s’était passé lorsque ma fratrie et moi avions nous-mêmes joué au poker avec lui, et ce jusqu’au bout de la nuit, pour rire en fumant les fameux joints dont il parlait à présent avec tant de mépris. Je venais de lui ruiner sa manche. C’était donnant-donnant, il n’avait pas rendu la vie de ma sœur plus facile après tout.
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() message posté Mar 5 Avr 2016 - 11:10 par Invité
Rien n'énervait plus Swann que lorsqu'il était interrompu au milieu d'une partie de poker, c'était d'ailleurs pour ça qu'il coupait son téléphone quand il jouait et toutes les distractions possibles. Lui d'un naturel plutôt calme pouvait complètement sortir de ses gonds quand on le coupait dans une partie, que ce soit de manière intentionnelle ou non. Un jour, la connexion internet avait sauté pendant qu'il jouait en ligne sur un site de poker, son sang n'avait fait qu'un tour et il avait ravagé tout ce qui lui passait sous la main. Il se rappelait encore de l'expression sur le visage de Lou quand elle avait découvert de l'état de leur salon en rentrant. Son amour du jeu avait fait souffrir l'aînée des Kipling, c'était indéniable, mais River ne pouvait pas dire la même chose enfin pas directement. Sauf que lui ne se gênait absolument pas pour débarquer comme une fleur et foutre le bordel dans son existence, car même si les autres joueurs autour de la table ne disaient rien pour le moment, leurs visages avaient l'air loin d'être ravis de cet interlude. C'était presque insupportable de voir un gamin de vingt-deux ans venir lui faire la morale à propos de quelque chose qui ne le regardait même pas. Même s'il s'était habitué aux Kiplings et leur façon de fonctionner avec le temps, cela ne l'empêchait pas d'être exaspéré par leur façon de venir se mêler des histoires des autres de la sorte. Ce qui se passait entre lui et Lou ne regardait qu'eux et pas l'ensemble de la fratrie. « Parce que tu penses que jouer au poker toute la nuit, c'est être un adulte ? Je comprends mieux pourquoi ma sœur t'a plaqué. ». Son regard bleu azur s'assombrit aussitôt, ne supportant pas qu'on désigne le poker comme un simple jeu, comme s'il passait son temps à jouer à chat ou à la marelle. Ce n'était pas parce qu'on devait utiliser le terme jouer pour en parler, qu'il s'agissait forcément d'un truc de gamin. Surtout que pour Swann, c'était loin d'être un simple jeu, c'était son oxygène, son échappatoire. Certes, les conséquences de ses parties à répétition pouvaient être dévastatrices, mais il ne supportait pas qu'on dénigre le poker en lui-même. Lui ne ce serait jamais permis de parler d'une telle manière de la musique qui était aussi chère aux yeux des Kipling, pourtant on parlait bien de jouer de la musique ici aussi. Malgré sa colère qui grondait intérieurement, il ne pu réprimer un petit sourire moqueur en constatant les poings serrés de River, comme s'il voulait le frapper. Il aimerait bien voir ça avec sa carrure frêle, il avait véritablement une allure de musicien et pas de bagarreur. Trop focalisé sur les mains de River, il ne réalise même pas que celui-ci est venu jeter un coup d'œil à ses cartes qu'il avait oublié de reposer sur la table. « Carré d'as. Il se prépare à vous plumer, vous aussi. ». Le regard de Swann va de ses cartes à River avec une expression décontenancée. Il venait de bafouer la règle la plus sacrée autour d'une table de poker et il ne pouvait croire qu'il ait eu l'audace de faire ça, ou plutôt l'inconscience. Rageusement, il balance ses cartes sur la table et repousse sa chaise avec bruit. Depuis l'annonce de son jeu, une certaine cacophonie régnait autour de la table, mais il ne s'en souciait guère, toute son attention était désormais concentrée sur River. Une fois debout, il dépassait largement le jeune homme. Ses doigts s'étaient aussitôt recroquevillés pour former des poings, s'il avait été sur un ring de boxe il n'aurait pas hésité à lui foutre une raclée. Sauf qu'il s'agissait du petit frère de Lou et qu'elle ne lui pardonnerait jamais s'il venait à lui refaire le portrait. C'est avec cette pensée en tête qu'il arrive à décontracter ses doigts pour venir pousser River au milieu du torse dans la direction de la sortie. « Qu'est-ce que tu veux River ? Elle m'a déjà largué, vous l'avez récupéré à plein temps, qu'est-ce que tu veux de plus ? ». Évidemment, ses frères et sœurs n'avaient jamais manifesté d'hostilité à son égard, mais Swann se doutait bien qu'ils devaient être contents de pouvoir voir dès qu'ils le souhaitaient sans la présence de Swann à ses côtés. Malgré tous les efforts de Lou pour le faire accepter au sein de sa famille, il avait toujours eu l'impression de ne pas être à sa place au milieu d'eux. Il ne pensait pas qu'ils le faisaient exprès, mais la connexion entre eux était tellement forte, qu'il était difficile d'exister au milieu de tout ça. Il le pousse une nouvelle fois vers la sortie en secouant la tête. « T'as vraiment de la chance d'être son frère... ». En plus d'avoir anéanti sa manche, sa présence ici autour de cette table pouvait être complètement remise en question. Les autres joueurs n'appréciant que moyennement la distraction. Tout le monde était là pour jouer au poker et pas pour assister au drama de Swann. Malgré tous ses efforts pour oublier Lou, elle et sa famille semblait le poursuivre partout, dans tous les aspects de sa vie.
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() message posté Jeu 23 Juin 2016 - 10:09 par Invité
Je ne le pensais pas. Pas vraiment. Pas complètement. Le visage de Swann s’assombrit à la seconde où il entendit ma révélation et je restai de marbre, les mâchoires serrées, le fixant avec une appréhension qui grandit lorsqu’il se releva. Je ne souriais pas. Je ne me trouvais pas particulièrement malin et j’ignorais parfaitement s’il serait capable de me mettre son poing dans la figure. A cet instant, j’étais trop altéré par la colère soudaine que sa vision m’avait inspirée que je le défiai du regard jusqu’au bout. Ce n’était pas mes affaires, certes. J’avais ruiné son jeu comme il n’avait pas hésité à vendre le violon de Lou, et s’il s’était racheté par la suite, l’erreur avait été faite et elle était irréparable, à mes yeux. C’était certainement idiot de ma part d’avoir révélé le contenu de son jeu. Une méchanceté gratuite qui ne me ressemblait pas. Mais il méritait au moins de perdre une fois. C’était en tout cas ce que je cherchais à me convaincre sans être certain de vraiment y parvenir. Swann s’approcha brusquement tandis que ses adversaires ne nous quittaient pas des yeux, et si certains étaient encore surpris par la distraction, d’autres nous fixaient d’un mauvais œil, mécontents d’être ainsi dérangés par des affaires qui ne les intéressaient pas. Mais je n’avais pas pu m’en empêcher. J’avais vu Swann et le visage qu’il adoptait lorsqu’il jouait : concentré, imperturbable, professionnel. Mon sang n’avait fait qu’un tour et je ne songeais même pas à le regretter à présent car je me connaissais assez pour savoir que j’avais toujours été un garçon impulsif. La dissociation devait forcément jouer dans ma réaction : mes sens étaient altérés, mon comportement aussi. Bien sûr, j’évitais la véritable crise qui aurait probablement agacé Swann mais inquiété également. Néanmoins, je restais sur des charbons ardents car je ne me rendais pas compte de l’ampleur que mes mots et mes gestes pouvaient avoir. En l’occurrence, ils provoquaient une irritation brusque et sanguine à Swann mais ses poings serrés ne me firent pas tiquer.

Ses phalanges se détendirent finalement et il me poussa vers la sortie en mesurant son ton pour s’adresser à moi. Il ne me frapperait pas. Un coup d’œil à son visage d’insurgé et sa carrure bien plus imposante que la mienne pour comprendre que je n’allais pas tenter le coup non plus. Il me poussa en direction de la sortie et je me laissais faire sans pour autant le quitter des yeux. « Qu’est-ce que tu veux River ? Elle m’a déjà largué, vous l’avez récupérée à plein temps, qu’est-ce que tu veux de plus ? » Je fronçai les sourcils sans être certain de vraiment saisir s’il s’agissait d’un reproche ou d’une fatalité. Lou était partie de la maison familiale pour vivre avec Swann mais malgré notre tristesse, nous savions qu’elle n’aurait pas pu rester indéfiniment à nos côtés. En vérité, je me demandais même comment elle avait fait pour s’occuper de nous aussi longtemps, depuis l’hospitalisation de notre mère. Je secouai la tête mais l’expression de Swann restait sévère et irritée : il se serait débarrassé de moi en quelques secondes si ça avait été aussi facile. « T’as vraiment de la chance d’être son frère … » Il avait probablement raison mais le problème n’était pas là. Je m’en moquais qu’il me frappe sous l’effet de la colère, ce n’était pas comme si je ne l’avais pas mérité en venant le voir et en interrompant sa partie. J’avais plus d’estime pour lui que je ne le laissais paraître, et ce à la différence de mes deux autres frères, dont l’aîné possédait un ego trop important pour qu’un autre homme puisse être considéré et le cadet peignait le monde et les individus d’indifférence en marchant nonchalamment à travers le paysage morne de la ville.

Je reculai d’un pas pour me retrouver dans le couloir et soupirai pour garder mon calme – et pour qu’il garde le sien de son côté. Sa manche était ruinée de toute façon, il pouvait bien m’accorder deux minutes. En réalité, j’étais déçu de son comportement envers ma sœur, même si mon opinion ne comptait pas dans cette histoire. J’avais toujours apprécié Swann. Il avait un humour tranchant et son regard cachait la frise des frasques qu’il avait fait depuis sa tendre enfance. A la différence de Leo qui exaspérait en montrant trop son idéologie rebelle, Swann inspirait une confiance inaltérable et ses sourires m’avaient toujours paru francs. Je ne le connaissais pas bien et je savais qu’il avait toujours eu du mal à trouver sa place au milieu de tous ces frères et sœurs soudés, mais j’avais ressenti un pincement au cœur en apprenant que Lou et lui ne se fréquentaient plus, ainsi qu’une amère sensation de déception lorsque l’on m’avait vaguement fait part des raisons de cette rupture. Je me mordis la lèvre, perdant en assurance devant son visage fermé et réprobateur. « Tu penses qu’on la voit beaucoup plus depuis que t’es plus là ? » Je haussai les épaules avec désinvolture et le ton de ma voix diminua légèrement pour ne pas me faire entendre des autres joueurs. « A ce que je sache, elle vit toujours sans nous. » Encore une fois, là n’était pas le problème. Ce n’était qu’à présent que je me rendais compte de l’absurdité de ma présence. « Elle était peut-être triste avec toi. » continuai-je en laissant ma phrase en suspens. « Mais elle l’est définitivement sans toi. » Voilà enfin ce que je lui reprochais, à tort probablement car leur relation ne me regardait pas. Elle ne me concernait que lorsque Lou avait constamment le visage voilé de mélancolie et que, je pouvais l’observer dans son regard, tout lui rappelait Swann, jusqu’à ce violon volé. Je lui reprochai d’avoir préféré le jeu à l’amour de ma sœur, car j’avais toujours cru qu’il valait bien plus que tout l’or du monde. Je me trompais peut-être. Ca m’arrivait de plus en plus ce soir, manifestement.
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