Il y a peut-être du bon dans le changement - Elizabeth Lempicka

Cela fait quelques jours que je dois m’habituer à ce nouveau guide… Et autant le dire c’est vraiment pas évidant, c’est un novice qui a beaucoup de mal à comprendre certains exercices, mais on doit passé par là pour réussir, pour parvenir a courir ensemble en toute confiance ! Ce n’est déjà pas facile pour moi de faire confiance à quelqu’un que je ne peux pas voir, je ne peux pas voir ce qu’il fait, c’est mimique, s’il me ment ou fait quelques choses contre mon grès… La confiance est quelque chose qui se gagne très difficilement chez moi, mais je crois que cela peut se comprendre… Mais Enzo est assez patient, je ne peux pas lui enlever cette qualité, il est travailleur, certes y a du boulot, mais il y met réellement du sien et j’avoue que cela m’aide à faire de mon mieux moi aussi, être patient à mon tour, car pour lui tout ça c’est quelque chose d’inconnu…

D’habitude la phase, ou on apprend a connaitre son partenaire est assez longue, mais je n’ai pas réellement de temps à perdre, les championnats, ça se prépare dans l’action et non dans le blabla… Alors autant y aller directement, et cela même si c’est pas toujours facile, j’ai toujours une petite appréhension pendant les exercices, mais elle va passer j’en ai la certitude !

Aujourd’hui j’ai passé ma journée de boulot, l’entrainement et donc du soir et il aura lieu au stade, nous devons absolument travailler nos réflexes communs, j’ai le réflexe de m’arrête quand on me le dit, mon temps de réaction est rapide, mais le sien pas encore, cela demande un temps d’apprentissage assez long, donc faut bosser ! En quelques jours j’ai aussi réappris à tomber, car bah quand on ne me donne pas les infos assez vite les accidents arrivent, mais c’est pas grave, au début j’ai bien senti que cela embête Enzo, mais je lui est fait comprendre que c’était normal et que j’étais habitué à cela.

Je suis au Stade, changé et en train de m’échauffer quand Enzo arrive avec sa sœur jumelle, il m’en avait vaguement parlé, mais comme moi aussi j’en ai une j’ai trouvé cette coïncidence assez drôle ! Je l’invite à aller dans s’asseoir pendant qu’on bosse du coup, Enzo prépare un parcours pour un des exercices assez compliquer c’est a dire me guider avec rapidité. Louper, louper et encore louper… Une chute, une deuxième… Une heure que cela dure… Mais j’en peux plus, cela me fatigue bien plus qu’un entrainement normal… Je finis par couper un peu court à l’entrainement du jour, m’excusant auprès de Enzo… Demain ce sera musculation, je dois être en forme, il est tant de rentrer manger et dormir… Ma vie est assez rythmée et ce n’est parfois pas toujours évidant de tout concilié. Il m’aide à ranger, je récupére mes affaires et m’apprête a partir quand je suis interpellé par une voix féminine.

L’entrainement est difficile, mais il l’est depuis le début en réalité, c’est tellement compliquer de changer de guide dans un moment si important, c’est déstabilisant de devoir tout remettre à plat alors que je me sentais près pour participé au championnat, maintenant je dois jouer les professeurs à la place, je suis en train de perdre du temps, je me retrouve à devoir courir sur tapis pour éviter de perdre trop toutes mes capacités en attentant que mon nouveau guide soit près. Mais au final, certes c’est frustrant de perdre du temps, mais je n’ai pas à ma plaindre Enzo est un élève discipliné et qui a réellement envie d’apprendre, du coup même si c’est réellement compliqué, j’avoue apprécier se nouveau rôle malgré tout.

Mais entre le boulot, les entrainements et l’accident de mon ancien guide qui certes était mon guide, mais aussi ami, j’avoue que se soir l’entrainement me semble long, les chutes me semblent presque douloureuse alors qu’elles ne le sont pas. Alors je préfère couper cours, ce n’est pas de la faute d’Enzo, c’est un tout, je laisse m’aider a rangé, je le salut et le préviens que je lui envoie un sms demain pour lui donner l’heure pour l’entrainement de musculation du soir, car je ne sais pas trop a quel heur je vais finir, une chose vraiment géniale c’est qu’Enzo est réellement disponible !

Je récupère mes affaires et Arko qui me permettra de rentrer chez moi sans encombre. Je commence à marcher quand une voix féminine m’interpelle, je ne mets pas très longtemps à reconnaitre la sœur de Enzo, on s’est simplement salué, mais j’ai déjà enregistré sa voix, et elle a certaine notes qui sonnent comme ceux de son frère. Je n’avais pas besoin qu’on me raccompagne en réalité, mais j’avais bien senti cette petite intonation qui ferait que si je refusais elle le prendrait sans doute mal. Elle se présente de nouveau. Je comprends très rapidement qu’Enzo ne lui a pas vraiment parlé de moi, elle en vient à me demander depuis quand on s’entraine, cela me fait me poser quelques questions sur Enzo, mais je me fais peut-être des films.

«   Oui je sais, Enzo m’a parlé un peu de toi, mais si tu es là, j’ai donc cette drôle d’impression qu’il ne t’a pas vraiment parlé de moi. Je suis Oïwel, mais tu peux m’appeler Wel. Non du tout, 4 jours, d’ou les difficultés, mais bon… Y a un début un tout comme on dit.  »

Arko aboie un foie et s’asseoir me signalant alors qu’on doit traverser la route, il est tard il y a très peu de circulation, Arko se relève donc pour me signaler qu’on peut traverser, je fais attention à la descente du trottoir, mais je sens quand mon chien le fait donc tout se passe très bien.

«  Ton frère ne t’a rien dit pour sa nouvelle passion on dirait ? Ça te surprend ?  »

Je ne demande pas à Enzo de m’intégrer dans sa vie aussi rapidement que moi je dois le faire… Et puis il y a bien une différence entre lui et moi… Lui n’a pas besoin de moi, donc pas réellement besoin de m’intégrer dans ça vie aussi rapidement, même si en réalité il va finir par m’intégrer, car nous allons tout simplement former un binôme, certes lui a plus de temps que moi pour construire cette relation de confiance, mais ça viendra naturellement… Pour l’instant je me débrouille avec ma famille pour les courses par exemple, mais avant c’était mon guide qui m’y aider, car il savait réellement ce dont j’avais besoin pour les entrainements par exemple… Je ne sais pas si Enzo reprendra ce rôle, mais il est bien trop tôt pour que je lui fasse confiance pour tout ça. Je sais juste qu’il nous faut du temps et que celui-ci et plutôt réduit…

Je ne sais pas trop comment je prends réellement cette réalité, il n’a pas parlé de ce qu’il fait à sa sœur jumelle, ce n’est pas tant qu’il ne parle pas de moi qui m’interpelle, mais plutôt le fait qu’il n’ait pas dit pourquoi il s’absenter tant en si peu de temps, est-il du genre à cacher les choses, s’il est bon menteur, je ne le sentirais pas… Elle me confirma qu’il n’a rien et dit et parle de boulot… Je ne la vois pas ainsi en réalité, et je ne pense pas que cela puisse perte considérais ainsi… En effet il n’est pas payé, il est simplement bénévole. Elle me parle alors de ses départs tôt ou tard, selon mon planning d’entrainement, car en effet avec mon boulot il était important que je puisse trouver quelqu’un d’assez disponible…

« Ce n’est pas vraiment un boulot… Il est bénévole en réalité. Cela me fait bizarre de savoir qu’il ne t’en a pas parlé. Vous avez l’air plutôt proche ou je me trompe ?  »

Quand on n’a plus l’usage de la vue, on peut parfois très rapidement essayer de compenser par autre chose et donc la parole, car c’est l’un des seuls moyens pour récolter le plus d’info possible. Du coup j’ai souvent l’air d’un flic ou d’une fouine à toujours pousser des questions plus ou moins directes, j’essaye d’être dans la tranche du moins, car je n’aime pas paraitre pour ce genre de personne, je suis quelqu’un d’assez timide… Mais je ne peux pas me permettre de l’être avec les nouvelles personnes si je veux apprendre des choses sur elle… Et avoir peut-être confiance en elle. Je pose alors quelques questions histoire d’en savoir encore un peu plus sur Enzo, savoir comment les autres le voient c’est encore mieux pour se faire une idée de la personne. Nous continuons de marcher, l’avantage de se déplacer avec un chien guide c’est que cela ne me demande pas de concentration, je peux me déplacer en toute sérénité tout en parlant, avec la canne c’est moins facile.

« Il est aussi très disponible, il s’adapte à mes horaires de boulot travail.  »

Nous longeons une rue pour ensuite arriver dans celle où se trouve mon appartement.

« Arko, c’est mon chien guide, mais aussi mon meilleur ami, mon compagnon de tous les jours.  »

Je ne sais pas pourquoi elle tient à continuer cette conversation, maintenant elle sait ce que fait son frère, mais elle est toujours là à essayer d’en apprendre plus sur moi… Cela m’est étrange.

« Oui, je suis né à Belfast, mais j’ai vécu la plus grande partie de ma vie à Londres.  »

Je suis loin d’être le type qui va renvoyer Elizabeth d’où elle vient, même si pour le moment elle est un mystère pour moi.

« Je suis arrive c’est cet immeuble, je peux t’offrir un verre si tu souhaites poursuivre cette conversation au chaud…  »

Non je ne suis pas vexer qu’il n’est pas parler de moi, c’est juste plutôt surprenant en sachant qu’on ne passe quand même pas mal de temps ensemble. Donc si, ils sont réellement proches, je pense qu’elle a du se passer de drôles de questions, très sincèrement je m’en serais poser si ma jumelle disparaissait ainsi, même si on ne vit plus ensemble je l’ai au moins une fois par jour au téléphone, elle me questionne sur mes faits et geste de la journée telle un détective avertit. Parfois, j’ai envie de dire stop, mais en même temps cela me rassure tellement de savoir qu’elle est toujours là au cas ou. Alors non je ne suis pas vexé, après tout il a le droit de ne pas m’intégrer dans sa vie aussi vite que moi que je dois le faire. Le principal c’est qu’il soit présent pour les entrainements, qu’il s’investisse réellement… Les restes c’est que du plus si on veut.

« T' inquiète pas, il fait ce qu’il veut, c’est juste pas forcement évident de faire confiance à quelqu’un qui homme ce « détaille » à sa sœur jumelle. J’ai moi aussi une sœur jumelle et je t’assure qu’elle sait tout.  »

Je n’irais pas dire qu’elle sait quand je vais pisser, mais quand on vivait ensemble c’était ça ! Mais chacun son histoire familiale j’ai envie de dire. C’est ainsi, je n’arrive pas à suivre la suite de son discours… Regarder quoi ? Bonne question, je ne sais même pas si elle est brune ou blonde, surement brune, vu que son frère à cette couleur de cheveux. Et donc j’apprends que c’est réellement de famille de ne pas se raconter tout dans les détails, enfin je le comprends comme ça.

« Je ne sais pas ce que je dois regarder, mais pour info je ne sais pas réellement à quoi tu ressembles.  »

Je souris, je sais qu’elle risque de se retrouver mal à l’aise de cette petite gourde, comme beaucoup, mais je suis habité à tout cela, donc je me vexe plus pour ces détails. Enfin on continue notre chemin, j’étais pas très à l’aise qu’elle se joigne à moi ainsi, mais au final sa compagnie n’est pas agréable, j’aime bien sa voix, je ne la trouve pas agressante et son intention est bonne, je ne ressens rien de négatif. Elle prend même le temps de s’intéresser pleinement à Arko, m’indiquant alors qu’elle à deux lapines, ça mord c’est petite bête surtout quand on ne sait pas ou on met les doigts. Mais au moins, j’en apprends un peu plus sur elle et peut-être sur son frère si la conversation continue…

« C’est mignon, moins pratique pour quelqu’un comme moi, mais c’est cool.  »

Je souris un peu amuse par moi-même sur le coup, au final. Et j’avoue que maintenant que je suis accompagné j’ai pas trop envie de me retrouver seul de suite. Je lui demande si elle veut rentrer. Je ne vois pas sa réaction, mais je sens bien sa surprise.

« Non, je ne fais pas confiance en claquant des doigts, mais dans ta voix je ne ressens rien de négatif, ni même dans tes gestes. Je ne voix pas, mais je ressens beaucoup de choses.  »

Je me dirige vers l’entrée de l’immeuble, je l’ouvre sens difficulté et me dirige vers l’ascenseur, appuyant sur le dernier étage. Même en cas de panne d’ascenseur, je peux prendre les escaliers c’est pas un énorme souci. J’ouvre la porte de mon appartement, ou l’aménagement est assez simple surtout pour me permettre une fonctionnalité totale, chaque chose à sa place c’est très important sinon c’est l’accident. L’appartement est donc extrêmement bien ranger… Je relâche Arko, et me déplace comme une personne lambda dans l’appartement.

« Tu bois quelque chose ?  »

Je remarque lors comment deux faux jumeaux peuvent être différent de ce qu’on l’est ma sœur et moi. Cela me confirme alors que l’épreuve qu’a été cette tumeur et l’arrivée de mon handicap a réellement joué sur mes relations avec les autres… Cela aurait pu aussi dissoudre ma famille, mais non, nous ça nous à simplement que plus souder et je ne les remercierais jamais assez de ce qu’ils ont fait pour moi et qu’il continue tout simplement à faire, car encore à l’heure d’aujourd’hui j’ai beau vivre seul j’ai besoin d’eux régulièrement. Je lui souris alors, car elle exprime ma pensée.

«  Oui, mais je ne peux m’empêcher de croire que mon handicap n’est pas innocent dans ce lien fort que j’ai avec ma famille. Elle s’appelle Olvia.  »

Les gens ne se rendent pas toujours comment ce n’est pas évident de devoir apprendre a connaitre des gens qu’on ne voit pas, apprendre a faire confiance avec ce handicap est quelque chose de difficile et certain détaille nous en apprennent beaucoup sur une personne. Des détails qui semblent si peu importants pour les gens « normaux » pour moi c’est très important. Un simple détail peu en révéler long sur une personne, savoir qu’il ne dit pas tout à sa sœur me fait dire qu’il peut être tenté de me cacher des choses qui se passe autour de nous par exemple, cela peut être anodin pour lui et pour vous, mais moi non…

Nous nous retrouvons un peu sur un quiproquo, je pensais qu’elle voulait que je regarde un truc sur elle, chose impossible, mais apparemment je suis bien fatigué, car je n’ai pas compris qu’elle me parlait de toute autre chose. Mais ce n’est pas grave, cela nous amuse plus qu’autre chose et c’est tant mieux. Je souris simplement, on ne va pas disserter sur cette gourde, surtout qu’elle me parle alors de ces lapines et c’est mignon et je ne peux m’empêcher de faire une petite blague. Elle sera certaine qu’une gourde ne me gêne pas.

«  Un jour peut-être, mais pour l’instant on n’a rien fait de mieux que les chiens guide.  »

Nous sommes arrivés et je finis par l’invité a monté, ce qui la surprend je le sens bien, je lui explique brièvement pourquoi je n’hésite pas à l’inviter, je ne sais pas trop comment elle réagit, mais ne cherche pas à renchérir, ni même ne refuse mon invitation au final. Je libère Arko, qui reste un chien calme et va donc ce que coucher dans son panier. Je demande à mon invité si elle désire boire quelque chose, oui j’ai du très j’en bois pas personnellement ou alors très peu, les sachets de thé son pas traduire en braille donc bon, je me suis mis au café par dépit est maintenant j’aime ça. Je me dirige alors vers la cuisine, je sors deux tasses, j’en prendrais un aussi du coup, car un café a cette heure si non, sinon je ne vais jamais dormir. Je remplis les deux tasses d’eau pour les mettre aux micro-ondes, j’ai vite compris que la bouilloire c’est galère et dangereux… Je sors la boite d’assortiment de thé.

«  Je te laisse choisir, et si tu peux me sortir celui à la vanille ce serait gentil. Et sinon je suis Kiné à l’Hôpital.  »