(Zus) C'est bon fais pas la gueule je suis rentré.

Voilà quelques jours que j'étais rentré à Londres. Pays que j'avais quitté il y a de cela deux ans. Bon, a ce moment-là rien de bien étonnant. On m'avait proposé un poste que je ne pouvais clairement pas refuser, du coup, j'avais fais mes valises et dit aurevoir à mes proches, mes amis, pour m'installer à Bruxelles. Sauf que voilà. Au début j'avais donné quelques nouvelles, puis, j'avais rencontré Lucie et là les soucis ont commencés. Dès que je souhaitais sonner à mes amis, mes proches ou encore ma famille, celle-ci me piquait une crise hors du commun. Elle hurlait, elle pleurait, elle cassait tout dans la baraque. Et moi, comme un con amoureux, je finissais par céder. Petit à petit j'avais finis par ne plus donner de nouvelles du tout et ce, même à ma famille, même à ma petite soeur Breena. Pourtant, me revoilà. J'avais ouvert les yeux sur Lucie, enfin, je l'avais surtout trouvé dans notre lit avec un autre. Ce qui, au fond, n'était pas plus mal. J'avais eu le déclique et j'avais foutu la rouquine à la porte. Après plusieurs séances avec un psychologue, un travail sur moi-même, j'avais décidé de revenir auprès des miens pour recommencer une nouvelle existence. Reprendre des bases saines. Enfin, fallait-il déjà que je me fasse pardonner de mes amis. Ce qui n'était pas gagné d'avance. Du coup, j'avais décidé de commencer par Jamie et Zus, les deux personnes qui étaient autrefois les plus proches de moi.

Finissant de ranger quelques cartons dans mon nouvel appartement, je lève les yeux vers l'horloge. Mon ami devait être à l'université à l'heure actuelle, du coup, ne connaissant pas son horaire, je décide d'y aller maintenant et de l'attendre devant son bâtiment d'études. Connaissant le phénomène, j'étais dans une merde royale. Mais soit, j'allais quand même tenter ma chance. Enfilant un pull à col roulé noir et des baskets de la même couleur, je mets ma veste en jeans et attrape mes clés de voiture. Il ne me fallu pas énormément de temps pour garer mon véhicule sur le parking de l'université, heureusement, il n'y avait pas d'embouteillage. Sortant de ma voiture, attrapant mon téléphone portable par la même occasion, je me dirige vers l'entrée du bâtiment et me pose sur un banc non loin. Il ne pleut pas, heureusement, sinon j'aurais été dans de beaux draps. J'avais pris soin de prendre avec moi quelques dossiers que je devais examiner pour une affaire de double homicides, histoire de ne pas rester à glander sur le banc en attendant Zus. Les minutes passent quand je vois un groupe d'étudiants sortirent en parlant assez fort. Certains se tenaient la main, d'autre se lançaient des vannes. Ah, il était loin le temps ou je faisais pareil. C'est que je deviens vieux hein, pratiquement trente ans s'il vous plait.

Mon regard glisse sur les étudiants quand je tombe sur la personne que je cherchais. Fermant mes dossiers rapidement, laissant mon portable se cacher dans la poche de mon pantalon, je me lève et viens me planter au milieu de la petite allée. Il ne faut pas longtemps pour que son regard croise le mien. D'instinct, je lève les mains au ciel. - Je viens en paix Zus. Parce que bon, je ne m'attendais pas à des retrouvailles merveilleuses et des embrassades. J'avais fais le con sur ce coup là et pas seulement avec lui. - Je peux m'expliquer où tu vas juste me passer sous le nez. Dans ce cas, je vais devoir te courir après...ça sera vachement gênant. Je peux crier aussi... Bon, je tentais de faire de l'humour. Humour de merde, soit, mais de l'humour quand même.

 

« Bon et bien je vous dis à lundi jeunes gens. »

Je sors de ma salle de cours enfin. Cette dernière heure a été vraiment insupportable. Depuis que Leo est partie à l’UCLA, Brunel n’est plus ce qu’elle était. Je m’ennuis. Je ne sais pas vraiment comment m’occuper une fois sorti des cours. Alors la plupart du temps, j’essaie de trouver quelqu’un avec qui trainer ou bien je rends visite à Willow. Ca fait d’ailleurs un petit moment que je ne lui ai pas rendu visite, je pourrais aller prendre de ses nouvelles ce soir et ainsi éviter la solitude.

Je salue mes potes en quittent le bâtiment et vois au loin Nolan. Non, mais c’est une blague c’est ça ? Où se trouve la caméra cachée ? Il se plante au milieu de l’allée. C’est donc bien pour moi qu’il est là. Ca me fait chier, car une minuscule partie de moi a juste envie de prendre mon ancien meilleur ami dans mes bras et le serrer comme jamais je l’ai fait auparavant. Il m’a manqué mais il a fait la connerie de m’oublier, je ne peux pas lui pardonner ça. Mon ego lui en veut comme jamais et mon cœur aussi. Je me rapproche de lui, n’ayant nul autre choix de passage. Il ose m’adresser la parole mais je passe tout droit en le tuant du regard. « Crie, quelqu’un t’entendra peut-être » dis-je en me retournant enfin vers lui.

Je m’approche et le tire dans un endroit tranquille entre deux bâtiments sans rien dire puis le plaque contre un mur de brique et plonge mon regard d’assassin dans le sien. « Qu’est-ce que tu fous là, Donnelly ? T’as pas ta place ici. » Mes mains sont posées à même la pierre de parts et d’autres de ses épaules afin qu’il ne m’échappe pas avant de m’avoir dit la raison de sa présence. « J’ai juste envie de te frapper la tête contre ce mur. Mais bon, je m’y résous, le mur ne m’a rien fait lui. » J’observe le brun face à moi. Il a embelli ces dernières années, son regard m’a manqué terriblement. Mais plus que tout : nos petits moments entre amis, rien que lui et moi m’ont manqué. Je ne me suis jamais laissé y songer depuis qu’il a coupé tout lien avec moi et maintenant qu’il est de retour je me retrouve avec tous ces sentiments pour lui qui me reviennent en pleine gueule. Je le hais autant que je l’aime car malgré tout, malgré le fait qu’il m’ait blessé, il a été là à certains moments de ma vie. Certes cela date d’il y a longtemps, mais je n’oublierais jamais son soutien et c’est probablement pour cette raison que je ne peux pas le frapper.

Sans savoir pourquoi, mes yeux commencent à devenir rouge et à s’humidifier mais je ne lui ferrais pas ce plaisir de me voir en pleure dès son retour. Il m’a d’une certaine manière trahi pour une pouffe que je n’ai jamais pu sentir. Dommage pour lui, s’il est de retour c’est qu’il a enfin ouvert les yeux mais s’il s’attend à me retrouver bras ouverts, sourire aux lèvres, prêt à tout effacer, il se trompe royalement.