"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Camomy + The breath I've taken and the one I must to go on 2979874845 Camomy + The breath I've taken and the one I must to go on 1973890357
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Camomy + The breath I've taken and the one I must to go on

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() message posté Ven 20 Mai 2016 - 15:07 par Invité

Quatre ans, huit mois, vingt-huit jours.
L'étui de guitare posé à ses côtés, le cœur au bord des lèvres, Leigh allumait ce qui devait être la vingtième clope de la soirée. Assis sur le trottoir faisant face aux locaux de Radio 2, son pied tapait nerveusement l'asphalte au rythme furieux des battements de son cœur. Il était bien obligé de se l'avouer : il avait la trouille. Pas de passer à la radio - ça, c'était une bonne chose pour le groupe, et le jeune homme était encore étonné que le directeur ait accepté sa requête aussi facilement ; peu de groupes tombés dans l'oubli pouvaient se vanter d'une telle chance. Non, ce qui l'angoissait tenait en quatre lettres : Romy. Cela faisait exactement quatre ans, huis mois et vingt-huit jours qu'il ne l'avait pas revue ; ni elle, ni la vie dans ses yeux, ni la flamme dans sa voix. Quatre ans, huit mois, vingt-huit jours. C'était dingue, que quelqu'un puisse lui manquer aussi longtemps. C'était pas faute d'avoir essayé de l'oublier, pourtant. Il n'était même plus capable de se souvenir du visage de toutes les nanas qui avaient défilé dans ses draps après elle. Des brunes, des blondes, des rousses ; des mannequins, des folles de cul, des étoiles de mer. Pourtant, c'était toujours Romy qui hantait ses pensées. Romy et son rire. Romy et ses putains de pommettes. Romy et la douleur dans ses yeux le jour où elle l'avait trouvé en train de baiser deux groupies.
Parfois, Leigh se demandait ce qu'il serait advenu d'eux s'il n'avait pas tout foutu en l'air. Rien, probablement. Ça aurait foiré à un moment ou un autre, parce que c'était toujours comme ça que les choses qu'il entreprenait se terminaient. Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que ça aurait peut-être valu le coup d'essayer. Au moins pour en avoir le cœur net.

Quatre ans, huit mois, vingt-huit jours. Écrasant sa clope sur le bitume, Camille se décida enfin à se relever. Balançant la guitare sur son dos, il passa devant l'agent de sécurité sans même lui accorder un regard, tapota sur le comptoir de l'accueil. « Salut. Leigh Rhodes, je me suis invité à l'émission de Romy Teller de tout à l'heure. » La secrétaire sembla vérifier quelque chose sur son ordinateur avant de lui indiquer l'endroit où il était attendu. Troisième étage, couloir de droite, tout au bout.
S'exécutant, Camille eut à peine le temps de pousser la porte du studio qu'un ingé son l'avait intercepté avec un soulagement presque palpable. « Le chanteur de Camel Toe, c'est ça ? T'es là, nickel, c'est nickel. » Il avait l'air presque surpris de le voir arriver à l'heure ; sa réputation l'avait probablement devancé. « Installe-toi là, Romy ne devrait pas tarder. On prend l'antenne dans quinze minutes. » Le chanteur s'assit docilement devant le micro que le type lui avait désigné, posant soigneusement l'étui à ses pieds. Ses entrailles se tordaient douloureusement au creux de son ventre. 'Romy ne devrait pas tarder'.

Quatre ans, huit mois, vingt-huit jours. Les secondes s'écoulaient ; les minutes, aussi. Leigh avait déjà eu le temps de jouer avec un stylo, d'ouvrir et de refermer quatre fois la bouteille d'eau qu'on lui avait donné, de régler la hauteur de sa chaise. Il s'ennuyait. Ça faisait à peine deux minutes qu'on l'avait laissé tout seul, et il s'ennuyait. Mais l'angoisse et le désœuvrement, chez lui, ça faisait jamais bon ménage, il le savait. Alors, ouvrant l'étui, il attrapa sa guitare, glissa un plectre entre ses lèvres et laissa ses doigts courir le long des cordes, jouant instinctivement les premiers accords de Polly de Nirvana. C'était peut-être irrationnel, aux vues des paroles ; mais de tous, c'était le morceau qui l’apaisait le plus.

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() message posté Ven 20 Mai 2016 - 20:50 par Invité

 21:00 - Camel Toe; Leigh Rhodes l'encre des lettres ondulait sur la courbure du papier de manière déraisonnable. Son groupe, son nom, son prénom. Ce panaché m'étourdissait. Automatiquement, la question qui m'était venue en apprenant l'invité de l'émission était : pourquoi ? Pourquoi lui. Pourquoi moi. Pourquoi Radio 2. Peu à peu ma vie reprenait un ensemble cohérent, peu à peu le puzzle de mon existence se coordonnait, occultant la pièce manquante qu'était Camille. Il avait été important. Plus que ce que je ne l'avais imaginé. Il m'arrivait de penser à lui, à cette nuit. Une fumée opaque s'épandait dans la salle de concert. Les basses vibraient avec une amplitude si démesurée,  que mon corps tout entier en était secoué. J'avais chaud tant que j'avais dû retirer ma veste, les spots étaient tellement forts que je me souviens m'être demandé comment il faisait pour tenir, pour être si beau sous cet halo aveuglant et c'est la sensualité de sa voix qui était venue m'achever. Il aurait pu me mener à l'autre bout du globe que je l'aurais suivis les yeux fermés, poussait par une force divine que je n'avais jamais osé nommer. Pourtant, ce soir-là, lorsqu'il chantait cette chanson j'avais sentie mon palpitant s'accorder au sien. Nous pompions à la même allure. La folie de ses prunelles dansait pour moi, mes pommettes remontaient pour lui. Puis soudain, le noir. Il n'y avait plus rien de brillant. Mon coeur s'était éteint. L'amour avait disparu laissant place à son antonyme complémentaire : la haine. Son corps se balançait au rythme de deux autres. La soie avait glissé sur la moiteur, l'humidité de leur peau. Mon regard avait croisé le sien. D'abord, l'incompréhension. Pourquoi tu me fais ça Camille ? puis soudain la colère. L'aigreur. La bile. La haine. Les cordes de sa guitare fétiche avaient cédé sous l'assaut de mes doigts rageurs. Je veux que tu ai mal comme j'ai mal. Ensuite, c'est sans un mot que j'avais rassemblé mes affaires et que j'étais partie, sans me retourner, la tête droite, l'esprit engourdi par le chanteur au coeur boiteux et ses groupies.

Les minutes avançaient, mais je voulais que les secondes reculent. Tout ce qui se dit est faux. Le temps n'effacent pas les blessures, le temps n'a pas effacée celle-ci. Non, il l'avait camouflé. L'ivresse de l'alcool, la défonce du pétard, la poudre de la cocaïne, le sexe sans amour et Leo l'avait aidé.  Le vent venait fouetter mon visage comme pour me rappeler à l'ordre. Ne tombe pas dans son piège Romy. Tu vaux mieux que ça, tu vaux mieux que lui. C'est si facile à dire. L'intensité de ses yeux m'angoissait. Le rosé de ses lèvres me replongeait dans les réminiscences colorées de notre passé. Avec lui c'était la liberté, la complicité, la passion, l'extase. C'était mieux que tout. Mieux que la vie, mais la vie c'est pas que lui. La vie c'est l'éventualité d'un horizon meilleur. D'un panorama encore inconnu, d'une immensité inimaginable. Babe on t'attend dans le studio. Il est arrivé . Je hochais la tête en écrasant mon mégot encore et encore sans m'en rendre compte. J'expirais le reste de fumée blanchâtre qui s'était coincée dans mes poumons pour ensuite rejoindre l'intérieur. Je regardais ma silhouette fuyante contre le mur. Elle aussi ne voulait pas le rejoindre. La main sur la poignée, je fermais un instant les yeux, déchirant ma lèvre inférieure sous la nervosité. Lorsque je poussais la porte, la première chose qui me parvenait été les accords de cette chanson qui lui collait à la peau. Je l'avais entendu la gratter tellement de fois, d'ailleurs c'était la seule que j'arrivais à jouer sur une guitare. Il me l'avait apprise.  T'as jamais été capable de jouer cet accord soufflais-je en laissant tomber mes feuilles sur la surface plane de la table tout en prenant place en face de lui Le hasard fait bien les choses. C'est fou. Y 'a quoi ? Une vingtaine de radios sur Londres et il a fallu que tu viennes ici pour faire ton comeback dis-je dans un petit sourire narquois. Apparemment tu vas en avoir besoin ajoutais-je en faisant glisser un inhalateur sur la table L'émission dure deux heures, essayes de tenir le rythme  terminais-je en redressant mes prunelles dans les siennes. Jouer sur sa maladie ? C'est pitoyable je sais, mais l'irritation de mes menstruations sont riens à côté de celle qu'il m'évoque.

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() message posté Mar 24 Mai 2016 - 0:13 par Invité

« T'as jamais été capable de jouer cet accord. » Ses doigts cessèrent de danser sur les cordes, son souffle se perdant au creux de ses lèvres, son cœur se serrant au son de sa voix. Il n'avait pas besoin de lever les yeux pour savoir, elle l'avait hanté trop longtemps. Romy. Elle avait déserté son existence pendant près de cinq ans, et maintenant, maintenant elle était là. Cinq ans, et il ne se sentait pas encore prêt à l'affronter ; cette pensée lui donna le vertige. C'était stupide ; il était stupide. Ce n'était qu'une fille parmi d'autres – pas de quoi se tourmenter.
Feignant la nonchalance, il enleva le plectre rivé entre ses dents, relevant lentement les yeux vers la femme qui prenait place face à lui. Un sourire goguenard luttait sur ses lèvres. « Toujours mieux que toi, dieu merci. » Son regard détaillait son visage, s'attardant un instant sur ses yeux verts, frôlant ses lèvres pourpres, glissant le long de ses pommettes. Ces derniers jours, lorsqu'il se préparait à la retrouver, cherchant à étouffer la nervosité sous l'épaisse fumée de ses cigarettes, Leigh n'avait cessé d'espérer qu'elle le laisserait indifférent - que les années auraient emportées dans leurs griffes toute l'attraction qu'elle avait sur lui. Malheureusement, ce n'était pas le cas, il l'avait rarement trouvé aussi belle. A part peut-être ce soir où il avait eu le sentiment d'entendre son cœur battre pour lui au milieu de la foule. A part peut-être cette nuit où elle s'était offerte à lui, mais pas sauvagement, pas comme d'habitude ; avec les yeux qui se regardent vraiment, avec les corps qui se consument dans une douceur jusqu'alors inconnue. A part peut-être cette fois où elle lui avait sourit, à part peut-être toutes les fois où elle lui avait sourit – à qui mentait-il ? Elle avait toujours été incroyablement belle – même le matin, les cendres d'un réveil encore chaudes accrochées à ses traits. Même ce fameux soir, le désespoir au fond des yeux, la rage au bout des doigts. « Le hasard fait bien les choses. C'est fou. Y 'a quoi ? Une vingtaine de radios sur Londres et il a fallu que tu viennes ici pour faire ton comeback » « En fait c'est Rhett qui a arrangé ça, mais je suis même pas sûr qu'il ait fait le rapprochement » C'était un mensonge, un parmi tant d'autres ; mais celui-ci avait au moins l'avantage d'être vraisemblable. C'était bien Rhett, qui s'occupait des contacts professionnels. Il était plus sérieux. Mais cette émission, c'était l'idée de Camille ; il avait tenté le coup un peu au hasard, tout comme il avait déambulé devant le Barfly ces dernières années, un espoir confus en bandoulière. « T'imagines bien que si ça avait été moi, j'aurais plutôt tenté la concurrence. », ajouta-t-il avec le même sourire narquois pendu au coin des lèvres. Quelle concurrence ? Camille il en savait rien, il disait ça pour faire genre ; au fond il n'écoutait même pas la radio. Il ne supportait pas les pubs qui y passaient, mais surtout, il ne supportait pas qu'on décide pour lui la musique qu'il pouvait écouter.
La main de Romy glissa sur la table, et il eut un instant l'impression qu'elle allait lui prendre la main. « Apparemment tu vas en avoir besoin... L'émission dure deux heures, essayes de tenir le rythme. » Les yeux de Camille se posèrent sur l'inhalateur, son sourire se brisant comme une vague sur un rocher. Et puis, après un silence de plusieurs secondes, il éclatait de rire ; un rire de gamin, de ces rires doux et sans teint. « Quoi, c'est tout ? A mon niveau ce qu'il me faut c'est plutôt un défibrillateur, tu sais » Sa maladie était loin d'être un sujet sur lequel il aimait plaisanter. Pour lui, c'était encore la témoignage inaltérable de son illégitimité, la raison de son abandon éternellement ancrée dans son être et visible par tous. Mais venant de Romy, c'était différent ; c'était la preuve que le temps n'avait rien effacé de sa répartie légendaire ni de son humour mordant ; ce qui l'avait attiré en premier chez elle. Leigh se saisit de l'inhalateur, l'agitant devant lui.  « Merci, hein! Mais je préfèrerais quand même du bouche-à-bouche. »
Son attention se perdit un instant sur la grande horloge digitale accrochée au mur, affichant le décompte en lettres rouges. Encore sept minutes.Ses yeux noirs se posèrent à nouveau dans ceux de Romy. « En tout cas, t'as fait un sacré chemin depuis... Tu vois. C'est bien » Il écarta les bras, comme pour désigner le studio entier. « Enfin, je veux dire, félicitations. »
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() message posté Jeu 26 Mai 2016 - 20:00 par Invité

Les accords me parvenaient aux oreilles et je pouvais aisément imaginer sa voix résonner. J'aurais aimé l'entendre mais, elle vibrait encore en moi, dans nos souvenirs. Mon coeur se serrait.  J'appréhendais le moment ou nos regards se croiseraient.  Je l'évitais, je ne voulais pas replonger dans les méandres tourbillonnent de ses yeux. Je fendais l'air pour m'asseoir sur mon fauteuil, me concentrant sur tout et n'importe quoi sauf lui. Cependant, lorsque ses cordes vocales se mirent à vibrer, je ne pus faire autrement. « Toujours mieux que toi, dieu merci. » Son sourire. Je le connaissais. Il l'avait toujours eu. Cette esquisse était taquine et dans un éclat de dent, nous retrouvions notre complicité jadis oubliée« mais moi je ne suis pas musicienne, monsieur le guitariste. À moins que tu sois là par erreur, c'est vrai qu'on entend plus trop parler des Camel Toe depuis quelques années » répondais-je en levant les yeux au ciel. Intérieurement mes soupirs se voulaient plus puissant. J'étais irritée par son comportement, mais aussi par le sentiment qui naissait en moi. Je ne voulais pas être heureuse de le revoir, je ne voulais pas le trouver beau. Je ne voulais pas que l'émission se termine. Je ne voulais pas qu'il parte, mais il partirait, il s'éloignerait et ferait tout foirer comme d'habitude. Et comme d'habitude, il me rendrait triste. Il est comme ça Camille. Il me rend malheureuse. Mes doigts s'éparpillaient sur la table, triturant les feuilles, la bouteille face à moi, je cherchais un échappatoire parce que je pouvais sentir l'intensité de ses prunelles me détailler. Est-ce que j'ai tant changé que ça  Camille ? Nerveuse, je me raclais la gorge, passant une main dans mes cheveux que j'empoignais pour finalement les laisser couler le long de mon dos. Il était le seul à me rendre ainsi, le con.  Sa présence m'intriguait. Bien entendu, ma curiosité m'avait poussé à suivre sa carrière de loin. J'avais entendu dire que les ventes étaient faibles, que les Camel Toe étaient loin de leur éclat des premiers jours. Leur prestige ne leur permettait plus de remplir des salles entières, il ne restait plus que les groupies des débuts. J'étais aussi tombée sur cette vidéo, ce concert. Il avait eu du mal à reprendre son souffle,  son coeur était malade et sa pause avait été bien plus longue.  Puis il avait repris vaillamment, avec cette chanson, cette chanson que j'aurais aimé oublier. Puis il était tombé. Inconscient. Camille n'avait pas conscience du danger, il se bornait à étreindre les limites, à vouloir les dépasser au prix de sa vie en se brulant les ailes. « En fait c'est Rhett qui a arrangé ça, mais je suis même pas sûr qu'il ait fait le rapprochement »  Une part de moi était déçue. Déçue que ça ne soit pas son initiative,  déçue que ça ne soit pas lui qui ait décidé d'être à mes côtés ce soir. Rhett sait toujours ce qu'il fait soufflais-je plus pour moi que pour lui. Rhett avait été là pour moi ce soir-là. Il avait essuyé mes larmes silencieuses et incolores jusqu'à l'aéroport mais aujourd'hui, il semblait vouloir nous confronter à nouveau. On dit que le temps efface les blessures. Peut-être avait-il pensait que l'eau avait coulée sous les ponts et que mon émission pourrait leur donner l'impulsion qui leur manquait, en souvenir de nos folles aventures européennes « T'imagines bien que si ça avait été moi, j'aurais plutôt tenté la concurrence. », « Ouai, t'as toujours été de ceux qui voulaient voir si l'herbe était plus verte chez le voisin, enfin, les voisines. » je haussais les épaules, levant mon regard vers son sourire narquois qui n'avait pas lieu d'être. « Mais ce soir tu vas devoir te contenter de moi, j'espère que ça sera suffisant »  Bien sûr que non ce n'était pas suffisant. Il avait toujours besoin de plus.


C'est d'un geste qu'on pourrait croire altruiste, que je faisais glisser un inhalateur jusqu'à lui. Mais ce n'était pas le cas. Je voulais lui faire du mal, autant que ce qu'ilm'avait fait. Camille était l'exception à la règle. La vie est bien trop courte pour s'embarasser de rancœur et pourtant, il ravivait les miennes par sa simple présence. J'étais bien avant. Avant de croiser son regard, avant d'imaginer ses bras se refermer autour de ma taille, avant que son sourire fasse échos au mien. Il riait et automatiquement mon rire accompagnait ce son mélodieux. C'était ainsi. Il était contagieux.   « Quoi, c'est tout ? A mon niveau ce qu'il me faut c'est plutôt un défibrillateur, tu sais Merci, hein! Mais je préfèrerais quand même du bouche-à-bouche. » je reprenais mon souffle en me laissant tomber contre le dossier de mon siège. Mon regard se posait sur l'appareil, sur son coeur puis dans ses yeux. T'inquiètes, y'a sûrement une stagiaire ou deux qui se portera volontaire au cas ou, je me fais pas de soucis »

Je tournais la tête vers  cette grande horloge pendue au mur, l'émission allait bientôt commencer, l'air ambiant était en train de changer. L'adrénaline secouait mes entrailles. L'agitation battait son plein dans la pièce et dans le casque que j'avais apposé sur ma tignasse. « En tout cas, t'as fait un sacré chemin depuis... Tu vois. C'est bien. Enfin, je veux dire, félicitations. » Un léger sourire étirait mes lèvres. Ses mots me firent prendre conscience qu'en effet, j'avais fait du chemin. Je n'étais plus une simple serveuse du Barfly. Aujourd'hui j'avais ma propre émission sur les ondes, je m'amusais à faire des vidéos ridicules sur Vine, pourtant l'espace d'un instant je m'étais imaginé le suivre sur les routes, être là, à chacun de ses concerts et à l'écouter jusqu'à m'en crever les tympans ... cependant ce temps était révolu, et ceci depuis longtemps. J'acquiesçais à ses paroles lorsqu'un petit garçon à la coupe brune et aux yeux noirs, toquait à la vitre. Je me retournais avec un grand sourire sur les lèvres, bombant les lèvres pour lui mimer un baiser tout en lui faisant un signe de la main., mais lorsque mon regard croisait celui de Camille, je vis ses questions et un éclair de génie traversa mon esprit. Lui ne le savait pas, alors j'allais en jouer, lui laisser croire que ce petit garçon était le mien, le sien. L'âge collait. «  On vient de fêter ses quatre ans. Il est adorable. T'es prêt ? On commence dans 5 minutes soufflais-je sur un faux ton maternel.
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() message posté Sam 25 Juin 2016 - 11:39 par Invité

Ses sourcils se froncèrent, feignant l'incompréhension. « Comment ça, Camel Toe ? Non mais on m'avait dit que Jim Morrison pouvait dédicacer ma guitare si je venais, c'est pas pour ça qu'on est là? » Il aurait aimé être drôle, fin, irrésistible. Il ne savait pas s'expliquer pourquoi, lui qui se moquait royalement de l'avis des autres ; mais il avait vraiment besoin de ça – de remonter dans l'estime de la jeune femme. Au lieu de ça, pourtant, tout ce qui sortait de sa bouche lui paraissait absolument merdique. Tout. Et déjà, il regrettait. Il n'aurait jamais dû venir ici. Il n'aurait jamais dû envoyer ce mail à la BBC. Qu'est-ce qu'il avait espéré ? Qu'en le revoyant, elle aurait envie de lui faire une nouvelle place dans sa vie, comme avant ? Camille, t'as pourtant jamais cru aux contes pour enfants ; t'es pas irremplaçable, tu le sais depuis longtemps. Après ce qu'il lui avait fait, il pouvait déjà s'estimer heureux qu'elle ne lui ait pas craché dessus en le voyant. Et pourtant, la vérité, c'était que Romy lui manquait affreusement. La complicité qu'ils avaient, il ne l'avait jamais retrouvé avec qui que ce soit. Il avait réussi à effacer un peu son visage de son esprit, à ne plus penser à elle à chaque fois qu'il était dans les draps d'une autre fille, parfois même il se passait des jours sans que ses pensées ne le ramènent à elle. Mais il était tombé sur son compte Vine, et il avait revu son sourire s'animer sous ses yeux, son rire danser dans le silence, et il eut l'impression de sentir son cœur s'émietter avec la conviction qu'il fallait qu'il la revoie. Il ne savait pas trop ce qu'il espérait ; se prouver qu'elle n'était pas si géniale que ça – ou peut-être tout simplement recevoir à nouveau un peu de sa chaleur incandescente. « Rhett sait toujours ce qu'il fait » . Il ne répondit pas ; elle avait raison, évidemment. Rhett savait toujours ce qu'il faisait ; et s'il ne l'avait pas réellement inscrit lui-même à l'émission, ce n'était probablement que parce qu'il était bien trop raisonnable pour penser que Camel Toe avait une chance de passer dans une telle émission. Rhett savait ce qu'il faisait, mais parfois, Rhett pouvait se tromper. « Ouai, t'as toujours été de ceux qui voulaient voir si l'herbe était plus verte chez le voisin, enfin, les voisines. Mais ce soir tu vas devoir te contenter de moi, j'espère que ça sera suffisant » Ses doigts se crispèrent imperceptiblement tandis que son cœur se tordait. Ça répondait à sa question : non, elle ne l'avait pas pardonné. Elle était à mille lieux de l'avoir fait. Ca leur faisait au moins un point commun : lui non plus ne se l'était jamais pardonné.

Camille n'eut pas le temps d'admirer longtemps le léger sourire que ses compliments avaient provoqués chez Romy ; l'heure de passer à l'antenne approchait, et tout le monde dans le studio commençait à s'affairer. Se penchant pour ranger la guitare dans son étui, il se retourna en entendant toquer sur la vitre à côté de lui. C'était un petit bonhomme, entre deux et huit ans à priori – Camille était affreusement mauvais pour estimer l'âge des enfants – qui saluait Romy avec enthousiasme. « On vient de fêter ses quatre ans. Il est adorable. T'es prêt ? On commence dans 5 minutes » Il hocha la tête, la mine sérieuse. Pour l'émission, il ne s'inquiétait pas, il s'en sortirait. Ce qui l'angoissait, en revanche, c'était ce qu'il avait prévu de faire avant – si ses plans n'étaient pas contrariés. Instinctivement, il posa sa main sur la poche avant de son jean, vérifiant qu'il était toujours là. Oui, c'était bon – ses yeux se reposèrent soudainement sur le petit garçon, tandis que les paroles de Romy lui revenaient de plein fouet. Comment avait-elle dit ça ? « On vient de fêter » ? Il détailla l'enfant du regard. Des cheveux bruns, des yeux noirs, des fossettes adorables... Pour Camille, tous les enfants étaient semblables, mais maintenant qu'il y pensait, ce gamin leur ressemblait un peu trop à son goût. Sentant son cœur s'emballer, il jeta un regard à Romy, le cerveau tournant à toute vitesse. Il venait de fête ses quatre ans, c'est ce qu'elle avait dit. Eux s'étaient quittés quatre ans, huit mois, vingt-huit jours auparavant. Non, c'était forcément un hasard, ce gosse ne pouvait pas être celui de Romy, elle en aurait posté des photos – quel genre de mère ne gave pas le monde entier avec les photos de son bébé ? Une mère ayant le bon sens de protéger l'identité de son enfant, peut-être. Romy était intelligente, c'est probablement ce qu'elle aurait fait aussi, surtout avec la notoriété qu'elle avait gagné. Camille ouvrit la bouche, prêt à poser la question. Il fallait qu'il en ai le cœur net, où ça allait le perturber pendant toute l'émission. « Attends c'est- » Mais un membre du staff l'interrompit pour lui expliquer quelque chose – probablement le déroulement de l'émission - Camille n'en savait rien, il n'écoutait pas, se contentant d'acquiescer machinalement en le suppliant mentalement de dégager. Il fallait qu'il sache, oui, mais ce n'était pas le genre de conversation qu'il voulait avoir devant un inconnu. « On lance la page de pub, tenez-vous prêts à commencer ». Hochant la tête une dernière fois, Camille regarda le mec s'éloigner, et se pencha près de Romy dans un murmure. « Romy, le gosse, là... » Le caméraman choisit cet instant précis pour  se planter entre eux pour ajuster son matériel. Nerveusement, Leigh s'agita sur sa chaise, le cœur battant à tout rompre. Il avait besoin de savoir, il fallait qu'il sache. Il savait qu'ils s'étaient toujours protégés - il sortait toujours couvert, pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait pas d'enfant illégitime, encore moins s'il était probable qu'il lui transmette sa maladie. Il était bien placé pour connaître les ravages que ce genre d'histoires pouvaient avoir dans la vie d'un gamin. Oui, ils s'étaient toujours protégés, il n'avait pas le moindre doute là-dessus; mais maintenant qu'il y repensait, la capote avait craqué : une seule et unique fois. Le caméraman dégagea enfin, les personnes autour d'eux se plaçaient chacun à leurs postes. « C'est parti, on prend l'antenne dans 10, 9, 8... ». Abandonnant l'idée d'avoir ses réponses maintenant, Camille mis son casque avec une rage à peine dissimulée, puis plongea la main dans sa poche. Il en tira un objet qu'il laissa à son tour glisser sur la table, près de Romy : un bracelet, qu'elle avait oublié dans le bus de tournée. Quatre ans, huit mois, vingt-huit jours auparavant. Il n'avait jamais vraiment su ce qu'il représentait pour elle ; peut-être rien - mais peut-être aussi lui venait-il de sa mère, raison pour laquelle il l'avait gardé tout ce temps.
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() message posté Dim 26 Juin 2016 - 20:11 par Invité

Pendant un instant, mon regard s'était perdu sur lui essayant d'oublier mes rancoeurs. Je le détestais autant que je l'avais aimé. Autant qu'il m'avait manqué. Mais le temps avait coulé sur mes joues, laissant les larmes sécher. Les jours, les mois, les années avaient passé. 4 ans, 8 mois, 28 jours. J'aurais aimé pouvoir le regarder sans que mon coeur ne fasse un bond. J'aurais aimé que la lueur ténébreuse qui danse dans la noirceur de ses yeux ne me fasse plus autant d'effet. Mais ça serait mentir. Les sourires enfantins qu'il donnait aux plus chanceux étaient spéciaux et précieux.  Ils me renvoyaient à une ère lointaine qui semblait pourtant si récente. « Comment ça, Camel Toe ? Non mais on m'avait dit que Jim Morrison pouvait dédicacer ma guitare si je venais, c'est pas pour ça qu'on est là? » Je haussais les épaules en guise de réponse. Le timbre de sa voix résonnait dans mon âme comme les premiers accords de sa guitare. Ceux qu'il faisait au début de chacun de ses concerts. Je ne les avais d'ailleurs jamais compris. Soucieux de sa performance, il passait des heures à répéter, à accorder les cordes de sa guitare et pourtant il le faisait à chaque fois. Peut-être dans un soucis de paraître. Il était de ceux qui se donnaient des allures je-m'en-foutiste et pourtant, il travaillait. Avec acharnement.  La passion sûrement. Le feu qui consument les coeurs et qui vous donne l'envie de faire mieux, chaque jour. Chaque fois.  Finalement, je n'en avais pas été une. Lui avait été la mienne. J'avais été fasciné par cet homme. Par son assurance bancale. Par con vocabulaire. Sa façon de faire. Sa voix. Son regard mais la passion est éphémère. Un jour ou l'autre, les braises s'éteignent pour laisser place à de nouvelles. Plus chatoyante, plus chaudes, capables de vous laisser nouvelles empruntes, balayant les cendres froides des anciennes.

Des cheveux bruns, légèrement ondulés. Des yeux aussi noirs que les siens et des fossettes qui feraient fondre n'importe qui. Je souriais en voyant le petit Tyler fouler le plancher du studio. C'est le regard de Camille qui m'avait donné l'idée. J'avais lancé cette phrase. Une phrase banale, mais qui aurait pu avoir une multitude de sous-entendus pour lui. Pour  nous.  Pour ce que nous avions été. Flirtant avec des limites que nous nous étions toujours imposées et pourtant aucune réaction. Je feignais la neutralité en regardant autre part. J'aurais aimé voir une quelconque réaction étirer ses traits. Mais rien. La tempête ne s'était pas levée. J'étais idiote. Bête de penser que ce nous avait eu de l'importance. Après tout, concrètement, il n'avait jamais existé. J'inhalais profondément.  Peut-être que finalement, je n'étais pas passée à autre chose comme j'aimais l'imaginer. Peut-être qu'il m'arrivait encore de penser à lui. A son rire. A ses mains rugueuses. Par chance, l'ingénieur venait régler mon casque, me demandant de faire quelques essaies et c'est ce moment-là que Camille se réveillait. « Attends c'est- » Son regard. Il avait enfin compris les non-dits que j'aurais aimé qu'il comprenne plus tôt. D'un geste simple, je tournais mon visage vers le sien, plongeant le vert de mes prunelles dans le noir des siennes. « Que j'attende quoi ? » lui demandais-je en essayant de reprendre le contact avec ses iris, de voir ce que j'avais voulu voir. Cependant, c'est le fessier de Fred qui se posait devant moi. Je soupirais, hochant la tête à ses instructions alors que mon coeur se mettait à battre, comme à chaque fois. J'aimais mon métier. Il réunissait chaque trait de ma personnalité hasardeuse et volage. Je pouvais m'exprimer, donner mon opinion sans me soucier de rien. J'avais le droit. Le droit de m'étaler et de prendre toute la place. J'avais le droit de tendre mes pétales vers la lumière et de briller, parce que je le méritais. Tu peux juste vérifier le branchement, j'ai pas le retour de Jake dans l'oreille, y'a un grésillement Je baissais d'ailleurs ce même côté jusqu'à ce que le murmure de la voix de Leigh ne s'épande contre mon oreille. Un léger sourire s'émancipait sur mes lèvres. « Il s'appelle Tyler, comme Tyler Durden  » soufflais-je à mon tour lorsque la silhouette du caméraman s'éloignait. Le hasard faisait décidément bien les choses.  C'est dans la dernière ligne droite que je prenais une gorgée d'eau. La gorge sèche, comme à chaque fois.  « ... 7, 6, 5 » je fermais les yeux laissant la pointe de mes cils se poser contre ma peau. Ce soir, j'allais faire ce qu'il me plaisait et ce soir il était là.  Chaque soir, je l'avais regardé faire ce qu'il aimait, j'avais apprécié l'étincelle s'allumer dans son regard lorsque le projecteur  l'éclairait et pour la première fois, il allait partager ce que moi, j'aimais faire. Ironique n'est-ce pas ? J'ouvrais un oeil lorsque je senti cet objet me cogner la main. Je me redressais sur ma chaise pour l'attraper entre mes paumes et le regarder. Je regardais Camille, puis le bracelet, puis Camille. Interdite. Surprise. « Je pensais l'avoir perdu .. » murmurais-je doucement jusqu'à laisser place à ce sourire qu'il connaissait. Ce bracelet était celui de ma mère. Un jour, alors qu'elle était partie faire les courses, je m'étais amuser à me grimer. A essayer d'être elle l'espace de quelques instants. Ses talons aux pieds, bien trop grands, sa robe sur le dos qui coulait sur le sol, son rouge à lèvre rose des bois tout en discrétion et ce bracelet que j'avais toujours aimé. Elle avait mémorisé l'instant sur papier glacé pour l'accoler à son miroir. J'admirais l'aigue-marine avec des yeux d'enfants, l'effleurant comme dans mes souvenirs défiant la temporalité de l'espace pour me retrouver dans sa chambre aux senteurs de fleur de coton. L'image était si forte que j'en loupais le démarrage de l'émission. « Okay il est temps de vous dire bonsoir. Ce soir nous avons un invité assez spécial. Leigh Rhode des Camel Toe. Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vu. Combien d'années ? 5 ans quelque chose comme ça. Comment tu vas ?» demandais-je en tournant mon visage vers notre invité. Ce soir, je devais oublier qu'il était Camille. Je devais oublier le passé, le temps d'une émission. «  Est-ce que je t'ai manqué ? » et c'est d'un air triste que mes lèvres se tordaient dans une moue enfantine. Lui, allait-il oublier nos rancoeurs et être professionnel durant ces 45 minutes ? «  Ce soir si tu es avec nous, ce n'est malheureusement pas pour mes beaux yeux. J'ai entendu dire que vous étiez en pleine préparation d'un nouvel album. D'ailleurs, c'est en exclusivité que tu nous joueras une de vos chansons. Je crois qu'il est temps de poser LA question que tout le monde se pose. Bordel où étiez-vous depuis 5 ans ? »
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() message posté Lun 27 Juin 2016 - 22:50 par Invité

« Il s'appelle Tyler, comme Tyler Durden  » Leigh senti le monde se dérober sous ses pieds. Pour lui, cette phrase était une réponse sans équivoque à sa question ; l'idée qu'elle puisse se moquer de lui ne lui effleura même pas l'esprit. Tout semblait tellement évident et tellement ironique à la fois : il l'avait forcé à rompre, elle avait découvert qu'elle était enceinte, elle l'avait gardé et caché à Camille – ce qui n'avait pas dû être bien dur, puisqu'ils avaient coupé tout contact pendant près de cinq ans. Quand il y pensait, cela ne l'étonnait même pas ; la vie aimait jouer de lui à coups de révélations violentes. Une maladie potentiellement fatale, son illégitimité, l'abandon de son père ; et aujourd'hui, Leigh devenait à son tour ce qu'il avait toujours détesté au plus haut point : le père invisible, celui qui crache la vie et qui disparaît. La seule chose qui les avait lié jusque là était ce prénom. Tyler. Son personnage fictif préféré de tous les temps.
La peine et la détresse lui vrillèrent le cœur. De quel droit ? De quel droit lui avait-elle caché cet enfant, leur enfant ? Il ne savait pas comment il aurait pris la nouvelle à l'époque, il ne savait pas s'il aurait voulu assumer ; mais il avait le droit de savoir. Il aurait dû avoir le choix. Il avait fait du mal à Romy, il ne le nierait jamais ; mais il n'était pas sûr que ça lui donne le droit de lui arracher tout ça, de l'empêcher de savoir ; et pire encore de le lui faire découvrir ainsi, à quelques secondes du direct qui pouvait sauver le groupe.
Reposant ses yeux sur le garçonnet – il n'arrivait pas encore à laisser ce mot filtrer dans ses pensées, "fils" -, Leigh essayait tant bien que mal de cacher ses émotions. Un grand sourire s'étendant d'une oreille à l'autre, Tyler semblait heureux, Tyler semblait en bonne santé. Est-ce qu'il avait échappé à la maladie ? Est-ce qu'elle l'avait fait tester ? Un million de questions résonnaient dans son crâne, et deviner qu'il n'aurait pas les réponses avant la fin de l'émission ne faisait que le rendre plus mal encore. Est-ce que Tyler savait d'où il venait ? Est-ce qu'elle lui avait parlé de lui ? Probablement pas, il ne semblait pas le reconnaître. Quel genre de père lui avait-elle inventé ? Tous les enfants veulent savoir ce genre de chose ; même quand ils ne posent pas de question.

Le décompte s'achevait et Leigh vit avec satisfaction les émotions que le bracelet provoquaient chez Romy. Ses yeux émeraudes caressaient les gemmes avec nostalgie, un sourire doux glissant sur ses lèvres – il senti aussitôt quelque chose se gonfler dans sa poitrine. Il aurait aimé la détester pour ce qu'elle venait de lui faire ; mais non, au lieu de ça, il sentait son crétin de cœur se réchauffer à la lumière de ce sourire. Au fond, c'était un petit miracle, qu'il ait réussi à garder intact un si petit objet. Camille était quelqu'un de désordonné ; il lui était arrivé de perdre des couteaux de cuisine de trente centimètres dans sa propre maison sans jamais les retrouver. Il s'achetait des briquets par lots et finissait toujours par être obligé d'allumer ses clopes sur la gazinière. Mais, ce bracelet, ce putain de bracelet, il avait réussi à le garder, malgré les déménagements, malgré les tournées, malgré le temps qui passe et qui emporte tout.
Le trouble fit rater à Romy le lancement. Tant mieux. Lui ne pouvait pas s'enlever ce gosse du crâne ; il aurait été injuste qu'il soit le seul à ne pas pouvoir se concentrer. « Okay il est temps de vous dire bonsoir. Ce soir nous avons un invité assez spécial. Leigh Rhodes des Camel Toe. Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vu. Combien d'années ? 5 ans quelque chose comme ça. Comment tu vas ? Est-ce que je t'ai manqué ? » Il la dévisagea une seconde, désarçonné. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle avoue le connaître devant ses auditeurs ; quelque part, il aurait été plus facile de jouer les inconnus, plutôt que de jouer avec les limites de l'avouable et de l'inavouable. Mais peut-être les gens n'auraient-ils pas été dupes ; certains indices traînaient encore dans les méandres du web. « C'est ça ouais, cinq ans à peu près. Tu m'as teeerriblement manqué Romy. » Il avait dit ça avec un sourire en coin, appuyant volontairement sur le 'terriblement' pour faire croire qu'il en rajoutait des tonnes ; ce n'était pourtant qu'une litote. « Ce soir si tu es avec nous, ce n'est malheureusement pas pour mes beaux yeux. J'ai entendu dire que vous étiez en pleine préparation d'un nouvel album. D'ailleurs, c'est en exclusivité que tu nous joueras une de vos chansons. Je crois qu'il est temps de poser LA question que tout le monde se pose. Bordel où étiez-vous depuis 5 ans ? » Un léger rire échappa à ses lèvres tandis qu'il se forçait à sourire. Il faisait tous les efforts du monde, mais il ne parvenait pas à occulter la présence de Tyler, de l'autre côté de la vitre. « En fait Rhett était puni, on vient seulement de le laisser sortir de la cave. » Il sentait son cœur accélérer sous ses côtes, une chaleur lui montant doucement aux joues. Sa belle confiance en lui avait disparu, il avait l'impression mauvais ; pathétique. Ce n'était pas avec des vannes comme ça que Camel Toe allait refaire salle comble. Il eut une pensée pour Rhett, qui l'écoutait. Il sentait probablement son trouble au simple son de sa voix, se mordant la lèvre en l'encourageant mentalement à se reprendre. Ouais, c'était sans doute ce qu'il faisait; il le connaissait par cœur. « Plus sérieusement, on n'a pas spécialement défrayé la chronique mais on a sorti un album en 2013, 'The lost ones', et on a continué nos concerts en Europe et ici, en Angleterre. C'étaient vraiment des concerts cools, t'aurais dû venir. Personne ne dansait aussi bizarrement que toi dans la salle. » Il leva les bras et remua une seconde sur sa chaise dans une imitation pas si mauvaise d'un des pas de danse de Romy - de Romy bourrée. C'était pour la caméra, qu'il faisait ça, trop bien conscient que son trouble, s'il l'affichait, pouvait être visionné en direct sur internet. Feindre la bonne humeur était la seule option ; mais ses iris noires se plongeaient gravement dans celles de Romy. Pourquoi tu m'as caché ça Romy.

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() message posté Mar 28 Juin 2016 - 11:05 par Invité

Les mots étaient sortis bien plus vite que je ne l'aurais cru, bien plus vite que je ne l'aurai voulu. Son regard se posait dans le mien, il essayait de comprendre, de trouver les réponses à ses questions silencieuses. Par automatisme et pour me protéger, je baissais la tête, laissant mes iris suivre cette danse dans laquelle mes doigts s'exprimaient. J'étais nerveuse. Nerveuse de lui faire du mal. Ce n'était pas moi. La rancune ne faisait pas partie des mes priorités. J'étais la fille qui voulait juste vivre et profiter du présent, me délestant des ruines du passé. Pourtant, il était celui qui allumait les facettes de ma personnalité. Qu'elles soient glorieuses ou non. Lorsque je redressais mon visage, je voyais ses yeux se poser sur Tyler. La sincérité de son regard me déchira le coeur. En cet instant, je savais ce qu'il pensait. A qui il pensait. À Eric. À cet homme qui avait été son père jusqu'à son adolescence pour finalement porter l'étiquette du déserteur inconnu. Il avait cessé d'exister laissant derrière lui le petit garçon au coeur boiteux. Camille. Je voulais lui crier que tout ceci était faux, que ce n'était qu'une blague de mauvais genre, le retour de la médaille ,mais ma voix ne voulait pas sortir. Ma gorge était à nouveau sèche, assez pour que je prenne une nouvelle gorgée d'eau. Peu à peu, l'envie de lui faire du mal, l'envie de me venger avait disparue, mon coeur essayait tant bien que mal de reprendre le tempo du sien cependant, les accords étaient à refaire. Inlassablement.

Le métal frottait contre le bois de la table. Le froideur du bijou cognait contre ma peau. Je baissais le regard en attrapant avec délicatesse l'objet de tous mes souvenirs. Un large sourire se dressait sur le coin de mes lèvres alors qu'une chaleur tendre venait me réchauffer. Je sentais son souffle argenté glisser contre mon cou. Sa douce voix me murmurer des mots réconfortant dans le creux de mon oreille et ses doigts glisser dans mes cheveux. Mais elle n'était pas là. Son fantôme n'était que le fantasme de mon subconscient. Ma mère m'avait abandonné pour allumer les étoiles dans le ciel, pour guider les autres dans la nuit. Pour tisser les courbures laineuses des nuages, offrant le refuge à d'autre. Et moi maman ? Pourquoi tu n'es pas resté pour moi ? Pour nous ? Les questions que je m'étais posées toute mon enfance avaient eu les réponses rationnelles de l'adulte ,mais la peine n'avait jamais disparu. Elle s'était enfouie dans les méandres de mon coeur, mais par moment, elle refaisait surface, ouvrant les portes du passé.  Il l'avait gardé. Il avait pris soin de la mémoire de ma mère durant 4 ans, 8 mois et 28 jours.

Le jingle de radio 1 était lancé. Le voyant du direct allumé. La voix de Jake résonnait dans mon oreille. Je venais de louper le lancement de l'émission. Ma paume se refermait sur le bracelet tandis que je reprenais contenance, m'élançant dans l'introduction. Les mots coulaient avec une aisance et un naturel presque déconcertant. Pourquoi feindre ce qu'il s'était passé ? J'avais connu Camille, Leigh et les Camel Toe. Notre passé était figé sur la toile et je n'avais pas envie de mentir, de l'oublier. Il m'avait aidé à me construire. Il m'avait aidé à être la personne que j'étais aujourd'hui. Il ne suffit pas de fermer un livre pour en oublier les pages. Et indéniablement, Camille en faisait partie. [color=#339999]« C'est ça ouais, cinq ans à peu près. Tu m'as teeerriblement manqué Romy. » [/colro]  Je souriais devant l'ironie de sa voix, de l'intonation de ses mots.  Bien sûr que non, je ne lui avais pas manqué. Il n'était pas comme ça, il ne s'embarrassait pas de ce genre de futilités sentimentales.    « Aooown, j'ai pas changé de numéro. T'aurais pu m'appeler  » soufflais-je en redressant mon regard dans le sien. Pourquoi tu ne l'a pas fait ? Pourquoi as-tu balayé mes sentiments d'un revers de main ? « En fait Rhett était puni, on vient seulement de le laisser sortir de la cave. -  Plus sérieusement, on n'a pas spécialement défrayé la chronique mais on a sorti un album en 2013, 'The lost ones', et on a continué nos concerts en Europe et ici, en Angleterre. C'étaient vraiment des concerts cools, t'aurais dû venir.Personne ne dansait aussi bizarrement que toi dans la salle.»  Je riais en le voyant se lancer dans une imitation presque parfaite du résultat qu'avait l'alcool sur mes pas de danse. Aooutch. La vérité me frappe de plein fouet. J'avais l'air d'une abrutie moi aussi ? lui demandais-je tout en laissant mon sourire résonner dans les fibres de ma voix.  « Voyez le ravage de l'alcool les amis. Buvez avec modération si vous ne voulez pas ressembler à ça et pensez à désigner un capitaine de soirée avant de partir. C'est important soufflais-je en montrant les pas de danse de Camille, mais ses yeux percutaient les miens, sans avertissement. S'il arrivait à donner le change pour la caméra son regard semblait crier le contraire. Il était grave et emplit de douleur. « On va essayer de passer outre ce moment qui est autant gênant pour toi que pour moi. J'ai une petite surprise, rien que pour toi. Nous avons retrouvé l'une de tes plus grandes fans, mais il va falloir que tu gagnes le droit de la voir.  » je sortais 4 soutiens gorge d'un sac pour les poser devant lui. La fan dont je parlais avait pour habitude de les suivre à travers toute l'Europe et chaque soir, elle lançait son soutiens gorge sur scène en direction de Camille. Sacré budget. Le reste des sous-vêtements appartenait aux membres féminins de l'équipe, l'un d'entre eux était le mien Mais pour l'heure, nous avons une coutume dans l'émission et à ces mots, le stagiaire apportait deux Bloody Mary.  Je savais que c'était ce qu'il préférait. Je n'avais rien oublié, juste tout enfouis. Si j'avais essayé de l'éviter durant ces 5 dernières années, j'avais fait de même avec tout ce qui se rapprochait de lui. À commencer par ce cocktail, par les chansons que nous écoutions tous les deux, les films que nous regardions en boucle et d'autres futilités. « S'il est bien fait, peut-être que je t'apprendrais à danser »   terminais-je par dire en lui faisant un clin d'oeil.

Le bloody Mary déjà bien entamé, le jeu des sous-vêtements terminé, la fameuse fan allait arriver. Il avait trouvé. Combien de fois nous étions nous moqué d'elle une fois dans le bus de tourné. Ses sous-vêtements avaient trouvé une nouvelle vie, à chaque fois. Table de chevet d'appoint, lance chaussette, ceinture de sécurité lorsqu'il nous était arrivé de prendre des véhicules peu sécuritaires ... autant dire qu'elle avait un bonnet assez incroyable.  « Faites entrée Daisy » des applaudissements se firent entendre alors que les cheveux rouges de la demoiselle se faisaient voir. Ses joues étaient colorées de la même teinte. Ses yeux brillaient lorsqu'ils se posaient sur Camille. Cette femme était sa plus grande admiratrice et sans vraiment que je ne m'y attende, ni même le reste de l'équipe, elle courrait pour se jeter dans  les bras de Leigh. De mon Camille manquant de le renverser, laissant ses émotions transparaître dans des cris aigus. « Waouh, ça, ça vient du coeur.  Doucement Daisy. J'ai encore besoin de lui. Mais tu sais quoi, je vous offre le dîner dans l'un des meilleurs restaurants de la ville après l'émission. C'est pour moi.  » l'envie de rire était présente, je regardais Camille avec ce petit sourire taquin que nous pouvions avoir par le passé. Se jouer l'un de l'autre avait été notre credo. Tout avait commencé ainsi. Par de la taquinerie.

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