family means no one gets left behind or forgotten. (barthy)

Depuis sa séparation avec Lou, il avait eu quelques problèmes pour gérer son argent. Il ne pouvait plus compter sur sa copine pour payer le loyer ou pour remplir le frigo. Pendant près de trois ans, il s'était reposé complètement sur elle pour subvenir à ses besoins, alors le retour au célibat avait été un peu compliqué à gérer. Il était retombé dans ses vieilles combines plus facilement qu'il ne l'aurait pensé possible, volant quelques objets à ses colocataires pour les revendre ou s'adressant à des gens peu recommandables pour se faire prêter de l'argent. Sauf que c'était un engrenage sans fin, car il perdait autant d'argent en jouant au poker qu'il n'en gagnait, malgré tout, il continuait à croire qu'il finirait par se refaire. D'ailleurs, son dernier objectif en date pour remporter gros était de participer à l'un des plus gros tournois de poker en Angleterre. Dans un tournoi, il était moins facile de tricher et d'arnaquer ses adversaires, mais on pouvait également gagner des prix beaucoup plus importants. Le seul problème c'est que même s'il essayait de réunir la somme d'entrée depuis des semaines, mais il était incapable de l'obtenir, notamment à cause de sa tendance à vouloir toujours jouer l'argent qu'il avait déjà économisé. L'échéance pour s'inscrire au tournoi n'était plus que dans quelques jours et Swann était à court d'options, les types à qui il empruntait généralement de l'argent voulaient déjà lui casser la gueule pour ne pas avoir remboursé ses derniers emprunts. Dans ces moments-là, il se tournait vers sa famille, Swann avait d'abord pensé à demander à sa cousine Avery, en bonne avocate, elle devait avoir de l'argent à partager, mais il n'avait aucune envie de se prendre un savon de sa part. Finalement, la solution de facilité s'était imposé à lui, aller demander de l'aide à son cousin Bartholomew. C'était sans doute le sang irlandais qu'ils partageaient qui le rendait toujours plus enclin à le dépanner en cas de galère. Swann n'abusait pas de la générosité de son cousin en venant lui demander de l'argent toutes les semaines, mais c'était sa solution de replis quand il se retrouvait dos au mur. Quoi qu'il arrive, il savait qu'il pourrait toujours compter sur Barthy pour le dépanner. C'était à ça que servait la famille non ? Il ne pouvait pas compter sur ses parents, alors il se reportait sur son cousin. Il ne comptait plus le nombre de fois où celui-ci l'avait sauvé de galères inimaginables. Plutôt que de lui téléphoner ou d'appeler, Swann avait décidé de lui rendre directement visite à son appartement, même s'il devait dormir sur le paillasson pour l'attendre. Il espérait tomber sur son cousin en débarquant en début de soirée chez lui. Après avoir passé plusieurs jours d'affilés à jouer au poker en ligne, Swann devait ressembler à un vampire qui n'avait pas vu la lueur du jour depuis un moment. Ses cheveux partaient tous les sens, le jeune homme ayant perdu le contrôle de sa coupe depuis bien longtemps. Ses mains étaient enfoncées fermement dans les poches de sa veste en cuir, il ne daigna en sortir une que pour appuyer sur la sonnette de l'appartement. Il avait l'impression de se retrouver devant une machine à sous, dans le suspens le plus total, dans l'attente de voir si les billets finiraient par tomber ou pas. Barthy était un peu son porte monnaie sur pattes, bien que ce soit un peu réducteur. Quand la porte s'ouvre, Swann laisse échapper un ouf de soulagement en constatant qu'il s'agit bien de son cousin et pas de son colocataire. Quoi qu'il aurait peut-être quand même réussi à soutirer quelques billets à Graham s'il avait vraiment essayé. « Salut mon cousin préféré ! ». En réalité, c'était surtout le seul cousin avec qui il avait toujours un contact. Habiter la même ville aidait beaucoup pour garder des liens. Même s'il n'avait pas essayé de le brosser dans le sens du poil, Barthy savait forcément pourquoi il était là. Ce n'était pas dans les habitudes de Swann de passer à l'improviste simplement pour prendre des nouvelles. Alors, il pourrait très bien tourner autour du pot en lui demandant comment il allait, mais ce n'était pas dans ses habitudes, il préférait aller droit au but. « Je suppose que tu te doutes de pourquoi je suis là. J'aurai besoin de mille livres pour participer à un tournoi. Je te promets que je te les rembourse dès que j'aurai gagné le gros lot, tu te rendras même pas compte que t'avais mille livres en moins pendant quelques jours. ». Avec son habituelle nonchalance, il affichait un sourire rassurant. Comme si c'était tout à fait normal de demander une telle somme sur le pas de la porte. Surtout qu'il ne remboursait jamais son cousin. C'était comme ça avec Swann, tant qu'on ne venait pas lui réclamer l'argent avec une arme sous le nez, il avait tendance à faire comme s'il ne devait rien à personne.

Bartholomew passa sa porte en trainant ses pieds, tous ses membres endoloris après une journée d’entrainement physique à son boulot. Il grogna en laissant son sac tomber par terre, lançant son manteau à la suite. Il allait ramasser tout cela après, mais avant, il devait s’allonger et ne plus se réveiller pour au moins trois jours. Il avait beau faire parti du service linguistique, il était quand même sujet à des entraînements hebdomadaires et le dernier lui avait arraché les muscles des bras. Il marcha avec détermination vers son canapé et se laissa tomber sur ce dernier, tournant sa tête au dernier moment pour ne pas se retrouver avec un nez écrasé contre le cuir. La porte de son coloc s’ouvrit et un rire en sortit. Barthy devina que Graham se moquait de lui, mais il était trop fatigué pour se lever et aller le frapper. « Ta gueule. » Graham rit de nouveau et l’irlandais eut assez de force pour attraper un coussin et l’envoyer dans la direction où il pensait trouver Graham. En entendant le coussin tomber par terre et le rire de Graham qui repartait de plus belle, il roula des yeux et courba son corps pour épouser la forme du canapé et ferma les yeux. Le bruit de la porte se fermant résonna dans la pièce, et il sentit ses membres se détendre avant de tomber enfin dans un sommeil plus ou moins réparateur.
Ce fut le bruit de la sonnerie qui le sortit de sa torpeur et il grogna en se relevant, se sentant cependant plus alerte qu’avant de prendre sa sieste. Il passa rapidement une main sur ses cheveux, remettant les mèches dans un ordre un peu près convenable puis approcha de la porte, ses pas lents et traînant. Il l’ouvrit d’un coup et esquissa un sourire fatigué en reconnaissant la tête blonde qui se tenait devant lui. Il n’avait pas hérité du côté irlandais de sa mère, étant même plutôt ressemblant à son père, comme tous les enfants de ce dernier. Lorsqu’il avait passé ses vacances, plus jeune, il avait été perdu dans les têtes blondes qui séjournaient avec lui chez sa grand mère maternelle. Mais comme sa mère n’était pas très proche de ses frères et sœurs, il ne s’en était jamais préoccupé. Il tira une grimace en voyant les traits tirés de Swaan, presque amusé de la tête d’outre tombe qui venait de sonner à sa porte. Il était plutôt bel homme son cousin, mais dieu savait à quel point il faisait peur. color=#74b2de]« Salut mon cousin préféré ! »[/color]. Il haussa un sourcil. Voir Swann débarquer à l’improviste comme cela ne signifiait qu’une chose, et Barthy savait que de toute façon il allait répondre positivement. Swann n’avait pas besoin de le chouchouter pour cela. « Je suppose que tu te doutes de pourquoi je suis là. J'aurai besoin de mille livres pour participer à un tournoi. Je te promets que je te les rembourse dès que j'aurai gagné le gros lot, tu te rendras même pas compte que t'avais mille livres en moins pendant quelques jours. » Bartholomew roula des yeux avant de reculer pour laisser entrer son cousin. « Tu veux quelque chose à boire Nosferatu ? » demanda t’il en faisant un signe vague en direction de la cuisine impeccable à force d’être nettoyer par deux cuisiniers.
Bartholomew ne savait pas vraiment pourquoi son cousin ne pouvait s’empêcher de parier au poker de cette manière. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir, quand son obsession à lui était de voyager et de tout laisser derrière lui. Il l’avait fait plusieurs fois, avait même laissé Reagan derrière lui alors qu’il était persuadé qu’il avait une chance d’avoir une famille avec elle. Mais il savait également que son cousin ne rembourserait pas. Il s’en moquait également. Il avait passé presque cinq à faire beaucoup d’argent, et au final il avait mis de l’argent de côté pendant des années encore avant. Barthy avait une vie assez simple ; l’appartement qu’il avait acheté et qu’il partageait maintenant avec son meilleur ami était son dernier gros achat en date, et il comptait en rester là. Il n’avait aucun besoin de dépenser de l’argent pour lui, il avait toujours été ainsi. « C’est pour quel tournoi ? » Ils savaient tous les deux qu’il allait dire oui. Leur discussion n’était qu’un instant de politesse entre deux cousins amusés par les simagrées de l’autre. « T’as l’air super sur de toi, Swann... » remarqua t’il avec un sourire. Lui-même mentait bien, et c’était nécessaire pour un travail comme le sien, mais il se demandait comment Swann commençait et arrêtait de bluffer. Son cousin jouait trop à ses jeux d’argent, et peut-être que Bartholomew ne devrait pas l’aider à continuer. Mais il ne pouvait pas le laisser ainsi. Il était son cousin après tout, et pour un homme tel que Barthy qui avait passé sa vie seul sachant que son père avait eu d’autres enfants par la suite, il chérissait ceux avec qui il avait passé son enfance. Et cela incluait Swann et son addiction au jeu.

Les deux cousins ne se ressemblaient absolument pas physiquement, mais ils étaient plus proches qu'on ne pouvait le croire aux premiers abords. Le fait de passer tous les étés ensemble chez leur grand-mère avait forgé un lien indestructible entre eux. Depuis l'enfance, ils avaient tendance à se comporter un peu comme des jumeaux, toujours fourrer l'un avec l'autre à faire les quatre cents coups. Dans son esprit Barthy était ce qui se rapprochait le plus d'un frère, bien qu'il ne soit techniquement que son cousin. En plus, ils avaient le même âge ce qui avait aidé à ce qu'ils conservent leur complicité en grandissant. Ils n'étaient pas collés l'un à l'autre, loin de là, mais ils avaient toujours été présents pour les grands moments de la vie de l'un et de l'autre. Swann se rappelait encore des folies qu'ils avaient fait pour fêter ses trente ans en grandes pompes. Ce qu'il aimait avec Barthy c'est qu'il ne le jugeait pas sur sa passion du poker comme pouvait le faire d'autres membres de sa famille ou si c'était le cas, il s'était abstenu de le formuler à haute voix. En tout cas, il ne se fait pas prier pour pénétrer dans l'appartement luxueux de son cousin. « Tu veux quelque chose à boire Nosferatu ? ». Il lève les yeux au ciel quand il le compare à un vampire, mais n'en prend pas du tout offense. Il se fichait complètement de l'apparence qu'il pouvait bien avoir, surtout en compagnie de son cousin. « Un café serait pas de refus, avec quelques gouttes de sang, du O positif si t'as ça en stock. ». Il ne pouvait pas s'empêcher de rebondir sur cette histoire de vampire. La cuisine est tellement propre que Swann se demande s'il n'est pas censé enlever ses chaussures avant de pénétrer à l'intérieur. La sienne était toujours en bordel avec une tonne de vaisselles qui traînaient dans l'évier. Chez eux, chaque ustensile devait avoir une place bien précise dans un placard, alors que chez lui, il fourrait tout dans les placards en espérant que tout ne se casse pas la gueule dès qu'il ouvrait la porte. « C'est pour quel tournoi ? ». Il doutait que son cousin soit au courant de tous les tournois qui se déroulaient dans la ville, mais il était tout à fait enclin à lui bassiner les oreilles avec du poker. « T'as l'air super sur de toi, Swann... ». Swann jette un regard de travers à son cousin avec un air outré sur le visage. C'était dans sa nature de toujours se montrer optimiste, cela ne servait à rien de s'inscrire à un tournoi et de mettre en jeu autant d'argent s'il ne pensait pas avoir une chance. Au fond, il savait pertinemment que c'était complètement inconscient de prendre le risque de perdre l'équivalent d'un mois de salaire en seulement quelques minutes, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il vivait pour ce moment d'adrénaline où il se retrouvait avec des cartes entre les mains, à se demander ce que les autres pouvaient bien avoir dans les leurs. « C'est au Empire Casino, un truc officiel et tout, avec les meilleurs joueurs du pays et même d'ailleurs. Il faut que j'y participe, ma vie en dépend. ». Il faisait exprès de prendre un air faussement dramatique comme si sa vie en dépendait et d'en faire des caisses. Certes, il voulait plus que tout participer à ce tournoi, mais ce n'était pas forcément une question de vie ou de mort. « Au moins, c'est pas une partie louche avec des mafieux qui viendront te réclamer de l'argent pour me récupérer en vie. ». Il rigole de sa blague, c'était vraiment un scénario catastrophe et il espérait vraiment ne jamais en arriver jusque là. Toutefois, il lui était déjà arrivé de devoir de l'argent à des gens louches et de venir en rampant voir Barthy pour qu'il le dépanne. Ce n'était pas une chose dont il se vantait souvent, de s'être retrouvé avec une arme sur la tempe à cause du poker n'avait vraiment rien de glorieux. « Tu payerais bien ma rançon si on me kidnappait hein ? ». Il s'appuie contre le plan de la cuisine d'un air nonchalant. Il aimait se persuader qu'il était complètement indépendant et qu'il n'avait besoin de personne dans sa vie, mais c'était toujours agréable de savoir que quelqu'un était là pour lui quoi qu'il arrive. Barthy avait ses arrières et il le savait, mais il ne résistait pas à l'envie de le vérifier en le taquinant un peu.