La lumière filtrée par le voile gris perle de ma fenêtre me tira délicatement d'un sommeil agité. Je n'ouvris pas tout de suite les yeux, trop occupée à me remémorer mon rêve. Mais comme d'habitude, je cherchai à trouver une aiguille dans un nuage aussi épais que celui qui s'étalait au-dessus de Londres. Je me résolus à entrouvrir les yeux. 11h34. Pendant un court instant, je paniquai littéralement. Je devais me lever, me doucher, m'habiller et ensuite foncer à mon travail avant que ce soit la pause déjeuné et que le patron ne remarque mon absence. Mission impossible. Puis un doux plaisir s'empara de mon corps et je me rallongeai paisiblement. On est samedi.
Je sortis une clope d'en dessous mon lit puis je cherchai à tâtons le briquet sur ma table de chevet. Mes doigts touchèrent d'abord les cendres de la cigarette de la veille, puis s'accrochèrent au petit objet métallique. Je me relevai pour m'adosser contre le mur et allumer ma clope. Je tirai une fois, deux fois, trois fois et tous mes chakras se réveillèrent. Ce que c'était bon. Au diable maladie et autre conneries qu'ils pouvaient m'arriver, je préférais profiter plutôt que de m'enfermer dans une prison de frustration. Je finis ma cigarette rapidement, ce qui me convainc de me lever. Un rapide coup d'œil sur mon portable me rappela que Gaby devait passer cette après-midi. Elle passait souvent voir les créations que j'avais créée, ou simplement pour me parler. Ce mois-ci je n'avais pas vraiment eu le temps de bricoler, si ce n'est cette sorte de petit oiseau en bois non abouti. Tant pis, je n'avais que ça à lui montrer.
Je me glissai dans la douche et y restai pendant une bonne vingtaine de minutes, profitant de l'eau brûlante sur ma peau fatiguée. J'ai toujours aimé le moment de la douche, ce moment de paix avec seulement soi-même et l'eau. Cette eau qui donne l'impression de vous vider de toutes les mauvaises ondes et les choses néfastes qui vous tourmentent. Mais le loyer en fin de mois allait être salé si je prenais ma douche pour une piscine municipale. Je pris un certain temps pour me coiffer, arrangeant ma coupe maintenant vieille de trois mois. Un carré long que j'avais accompagné d'une teinture blonde méchée. J'en étais folle en sortant de chez le coiffeur mais désormais elle me semblait dater de plusieurs années. Je me vêtis d'une simple robe noire, sans prendre la peine de me maquiller.
J'ai passé le reste de la matinée à glander, le mot était fondamentalement juste. Je mangeais, allongée devant la télévision, regardant des émissions qui se ressemblaient toutes autant les unes que les autres. Gaby n'allait pas tarder à arriver et mon appartement était dans un sale état. Mes vêtements traînaient çà et là, je n’avais pas fait la vaisselle et l’aspirateur prenait la poussière. Je soupirai bruyamment. Mon appartement n'était pas très grand, mais assez pour contenir un salon avec un espace bar-cuisine, une chambre qui se résumait à un lit et une penderie remplie et enfin une salle de bain pouvant accepter une personne et demie. Il était bien plus spacieux que le cagibi qui me servait de studio durant mes trois premières années d’études, mais encore un peu étroit à mon goût. Je me levai d’un bond pour ranger ce bazar, mais il devait déjà être trop tard.
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