(✰) message posté Jeu 12 Nov 2015 - 18:13 par Jake O. Cavendish
And now I need you to do for me what I cannot do for myself. For you to be my eyes when I do not have them. For you to be my hands when I cannot use my own. For you to be my heart when mine is done beating. ✻✻✻ Sur le chemin, Jake se demande ce qu’il a bien pu oublier. Il prévoit tout ça depuis quelques semaines déjà et il est assez fier de ses idées. Maintenant, il espère qu’elles vont fonctionner. Il veut vraiment que tout se passe comme prévu, que les choses continuent de s’arranger entre Chase et lui. Depuis le début de l’été, ça semble aller mieux, depuis qu’ils ont tout mis à plat. Ou plutôt qu’ils ont prétendu tout mettre à plat. Mais ça, il ne le réalise pas, trop content que tout aille mieux à nouveau. Et, en dehors de l’incident avec Flora, il n’y avait eu aucun problème. Ils avaient parlé par sms un peu, il était allé avec elle à l’anniversaire de mariage de sa mère et ils s’étaient amusés, comme au bon vieux temps. Avec tout ça, Jake ne peut être qu’optimiste. Ça peut fonctionner. Ils sont amis depuis près de vingt ans, c’est naturel entre eux. C’est ainsi que les choses doivent se passer. Il se présente rapidement à l’accueil et monte dans l’ascenseur qui va le mener jusqu’à l’étage où travaille Chase. Il vérifie les tickets avant de les remettre dans sa poche. Il regarde la fleur qu’il tient dans la main. Oui, tout est parfait. Tout ne peut que bien se passer. Lorsque l’ascenseur s’ouvre finalement, il en sort et demande la direction à la réceptionniste. Finalement, il n’est jamais venu dans les locaux. Il a déjà attendu Chase dehors, c’est tout. Il avait appelé la secrétaire, il y a quelques jours, pour connaître les horaires de la pause-déjeuner de son amie. Celle-ci avait sûrement pensé que Jake était son petit ami qui lui préparait une surprise puisqu’elle avait même proposé de poser une demi-journée de congé à Chase pour qu’ils puissent profiter de son anniversaire. Bien sûr, il avait accepté, étirant encore un peu plus ses projets. Arrivant derrière elle, il l’observe quelques instants. Elle est concentrée sur son travail, ce qui n’est pas étonnant. Il est un peu en avance mais peu importe. Il tapote son épaule droite avant de se mettre à sa droite, fier de sa blague lorsqu’elle se tourne de l’autre côté, avant de le voir et de lui sourire. « Bonjour ô reine de la journée ! » Fait-il en se penchant pour embrasser sa joue et l’enlacer légèrement. Il espère qu’elle n’avait rien de prévu mais, comme elle pensait sûrement devoir travailler cet après-midi, elle doit être entièrement libre logiquement. « Une jolie fleur pour égayer un peu ton bureau ! » Fait-il en posant l’orchidée violette entre deux tas de feuilles. Il sait qu’elles font partie de ses fleurs préférées et, ainsi plantée dans un petit pot, elle pourra durer longtemps, tant que Chase l’arrose. Un premier cadeau dont il est fier. « Oh et il y a ça aussi ! » Fait-il en sortant un diadème de sa poche de manteau. Il le dépose sur la tête de Chase, tout en lui souriant. « Comme ça, tu es parfaite. » Parfaite, elle l’est tout le temps. Elle mérite bien qu’il fasse des efforts pour rendre son anniversaire exceptionnel. Ça n’arrive qu’une fois par an après tout. Et à cause de tout ce qui s’est passé récemment, ils n’ont plus fêté aucun anniversaire dignement depuis quelques temps. Rien qui ne soit irrattrapable. Ils ont tout le temps pour rattraper le temps perdu, maintenant que tout va bien entre eux à nouveau. A chaque fois que Jake y pense, il ne peut s’empêcher de sourire. Il est tellement heureux qu’ils soient de nouveau amis, sans aucune gêne ni rien. Comme avant. C’est exactement ce qu’il leur fallait. « Alors, ça fait quoi d’avoir enfin le même âge que moi ? » Jake étant né en début d’année, il l’a toujours taquinée à ce sujet. Être plus grand qu’elle, ça voulait aussi dire qu’il devait la protéger. Et il s’est toujours évertué à le faire. A une exception près. Une seule exception et pourtant si importante. « Enfin ça ne durera pas longtemps, profite ! » A vrai dire, Jake n’a aucune hâte de se rapprocher encore un peu de la trentaine mais il peut toujours en plaisanter. Il ne doute pas que Chase en profitera pour le taquiner. A vrai dire, il a presque envie qu’elle le fasse. Parce que ça voudra dire qu’ils sont toujours sur le bon chemin. Celui où ils sont des amis qui peuvent tout se dire. Tout ou presque. Mais le presque, il préfère l’ignorer. « Je te kidnappe pour l’après-midi, d’accord ? » Il lui demande son avis mais clairement, il n’a aucune envie qu’elle réponde non. Surtout avec tout ce qu’il a prévu, ça serait vraiment dommage. Et ils ont besoin de passer du temps, juste tous les deux. Pour retrouver cette étincelle qui s’était presque éteinte récemment. Jake en a vraiment besoin. Il a besoin de Chase, il en est conscient. Il espère juste que ça soit réciproque. Il lui tend le manteau posé sur le dossier de sa chaise avec un sourire. « Pour commencer, je propose qu’on aille acheter de quoi manger. Seulement des pâtisseries et des friandises, comme quand on était gamins ! » Pas vraiment sain mais ils peuvent bien faire un écart de conduite de temps en temps. Aujourd’hui, tout est permis. La journée leur appartient entièrement.
. SOMEONE ASKED ME TO DESCRIBE HOME, AND I STARTED TALKING ABOUT YOUR HAIR COLOR AND THE SOUND OF YOUR VOICE, AND THE TASTE OF YOUR LIPS, AND HOW YOUR SKIN FEELS LIKE ; UNTIL I REALIZED THEY HAD EXPECTED TO HEAR A PLACE . Les anniversaires avaient longtemps été les jours les plus attendus de l'année chez les Sullivans. Dans leur petite banlieue de l'est américain, cette tradition c'était vue affublée du titre de meilleur jour de l'année par chacun des enfants de la tribus. Chase revoyait encore la douceur de cette journée de novembre, malgré le froid qui saisissait peu à peu le paysage du Maine. Le 12 novembre avait toujours été un jour heureux. Elle pouvait encore sentir l'odeur familière des gâteaux que préparait sa mère, le son particulier de la voiture de son père, encore vêtu de son uniforme, qui revenait spécialement pour l'occasion. Il n'avait jamais raté un seul de leurs anniversaires. Même si il ne restait que pour une journée, une nuit, une heure, il était toujours là, souriant, fier. Fier de sa famille. Et puis un jour, tout ça s'était arrêté. Il n'était plus venu, contre son gré. La guerre l'avait emporté, lâchement, et tout avait eu une nouvelle saveur. Les gâteaux de sa mère n'avaient plus eu le même goût ou la même odeur, ils étaient tous teintés d'une tristesse que tous partageait. Ils avaient essayé de continuer à faire de ces jours des jours heureux, en vain. Les anniversaires n'avaient plus été que des jours comme tant d'autres, et, d'un commun accord, celui de Chase avait cessé d'être un jour particulier. Elle avait laissé ce jour spécial s'envoler avec son père, pour le mieux. Elle voulait garder les bons souvenirs de sa présence, comme-ci les huit premiers 12 novembre de sa vie avaient été des cadeaux d'une valeur inestimable qu'elle ne voulait pas gâcher par les larmes de sa mère, les regards sombres de ses frères. Ses anniversaires avaient toujours été des jours heureux, et, avant qu'il ne puisse en être autrement, elle avait fait le choix de ne plus les souhaiter. Elle avait fait le choix de les laisser dans leur petite maison coquette bordée de verdure, là où elle pouvait encore entendre son père tondre la pelouse et répandre l'odeur d'herbe fraichement coupée qu'elle aimait tant. Bien sûr, sa volonté n'avait pas toujours été respectée. Chaque 12 novembre, elle pouvait compter sur une visite imprévue de sa mère, ravagée par la culpabilité de ne pas pouvoir offrir à sa fille un anniversaire convenable. Chaque 12 novembre, elle était sûre de retrouver les jumeaux sur son canapé, jouant à la console, mais témoignant tout de même d'une présence qu'elle savait spéciale en ce jour. Seul Wells disparaissait ce jour-là, pour une raison qu'elle ne recherchait pas mais dont elle le remerciait silencieusement à chaque fois. Et puis il y avait Jake. Le seul à avoir toujours refusé la fatalité à laquelle Chase s'adonnait depuis des années. Il était toujours allé à contre-courant de sa volonté. Elle lui en avait d'abord voulu, avant de saisir qu'à lui seul, il avait su redonner un sens à ce jour qu'elle avait souhaité oublier. Il y avait eu les anniversaires avec son père, dans cette petite banlieue du Maine, cette petite fille blonde entourée de ses êtres chers. Et il y avait eu les anniversaires avec Jake. Presque vingt à présent. Dix-huit si l'on voulait être précis. Deux avaient disparus là où son père avait péri. L'Afghanistan lui avait volé un premier anniversaire, sans qu'elle ne le voit, ayant vite perdu le fil du temps enfermée dans cette cellule. L'autre, à Londres, quelques semaines après son retour, aurait paru déplacé. Mais maintenant tout allait mieux. Du moins, c'est ce qu'elle se répétait depuis cet été. Elle voulait que ça aille mieux. Elle voulait que ça change, elle voulait retrouver ce qu'ils avaient avant, quand tout était simple. Ces dernières semaines, elle y croyait vraiment. Elle les en pensait capables. Jake en était persuadé, Chase, elle, avait plus de réserves. Mais elle se devait d'essayer. Accoudée à son bureau, la blonde laisse défiler les mots sous ses yeux, chacun d'entre eux formant un manuscrit qu'elle devrait décidée de publier ou non. Les phrases s'enchainaient alors qu'elle devait décider de son succès ou non, des chances que cet auteur avait de produire une bombe littéraire capable de rapporter un maximum de chiffre à l'entreprise. Ce n'était pas sa vocation, ni ce pour quoi ses yeux s'animaient de passion, mais c'était le rôle qui lui incombait depuis son retour à la capitale. C'était tout ce qu'elle se sentait capable de faire pour l'instant, malgré le manque persistant de la photographie. Son ancien job lui manquait à cet instant. Au même instant où la porte de son bureau fut poussée et qu'une voix familière l'interpèle. « Bonjour ô reine de la journée ! » Elle releva les yeux pour apercevoir Jake, radieux, se penchant vers elle pour l'étreindre. C'était la première fois qu'elle le voyait dans le décor de son lieu de travail, et, quelque part, elle avait toujours redouter cet instant. Quelque part, elle avait honte de ce travail, alors qu'il avait toujours cru en elle. Mais il était là, arborant un sourire qu'elle ne saisissait pas. « Une jolie fleur pour égayer un peu ton bureau ! » Elle le regarde, perplexe, poser une orchidée sur son bureau, sa fleur favorite. Un sourire commence à naitre sur ses lèvres rosées alors que ses doigts viennent dessiner les contours de la fleur qui laissait échapper une odeur qu'elle aimait tant. Pourtant, elle ne voyait toujours pas d'où lui venait cet élan de générosité. Elle s'apprêtait à lui demander plus d'explications mais il la coupa net, faisant le tour du bureau pour se poster devant elle. « Oh et il y a ça aussi ! » Elle hausse un sourcil intrigué alors qu'il sort un diadème de sa poche, venant le poser sur ses cheveux blonds. « Comme ça, tu es parfaite. » Elle sourit plus largement, toujours perdue, et replace légèrement le diadème pour éviter qu’il ne lui tombe sur le nez. « Dois-je en conclure que je ne le suis pas tous les jours de l’année ? » Elle le cherche, mais au fond ça lui fait plaisir. Elle ne sait toujours pas pourquoi d’ailleurs, mais il devait bien y avoir une bonne raison à ce déferlement de gentillesse. Un instant, elle pensa à une de leur dernière entrevue, ou plutôt au trio qu’ils avaient formé dans son salon accompagnés d’une certaine Flora. Mais vite, elle rejeta cette idée. Jamais aucun d’eux n’avait eu à s’excuser pour la vie qu’il menait en dehors de leur amitié si particulière. Ca ne pouvait être ça. « Alors, ça fait quoi d’avoir enfin le même âge que moi ? » Bien sûr. Son anniversaire. En jetant un coup d’oeil à son bureau, elle vit bien le 12 novembre sur son agenda, sans que cette date ne lui ait paru significative depuis le début de sa journée. Sûrement parce que personne à part lui et sa famille n’était au courant. Sûrement parce que sa mère avait prévu de passer le soir même, sûrement flanquée des jumeaux. Sûrement parce que Wells faisait encore le mort. Et Jake n’avait pas oublié. Alors elle réfléchit à sa question. Elle venait d’ajouter un chiffre à son âge, une nouvelle année était passée, sans qu’elle ne s’en doute. Et rien n’avait été simple. « Je me sens étrangement vieille, figure-toi. » Son nez se plisse alors qu’elle se moque de lui, malheureusement né plus tôt et condamné à être plus vieux qu’elle jusqu’à la fin de ses jours. « Enfin ça ne durera pas longtemps, profite ! » Ils s’étaient toujours taquinés à ce sujet, Chase n’hésitant pas à l’affubler d’un surnom tout à fait charmant. « J’entend tes sages paroles, Papi Jake. » Elle rit doucement tout en prenant l’orchidée pour venir la placer sur le meuble près de la baie vitrée, là où elle pourra se nourrir d’une belle lumière lorsque le temps londonien sera moins gris. Elle avait oublié son propre anniversaire, c’était une première. Après tout, cela faisait deux ans qu’elle ne l’avait pas fêté. Ca n’avait jamais vraiment été un jour de fête après tout. Mais elle pensait bien qu’aujourd’hui, Jake avait eu l’intention de changer les choses. En regardant sa montre, elle voyait sa pause déjeuner approchée à grands pas et pensait emmener Jake passer les prochaines 45 minutes dans une petite brasserie du coin, mais il avait apparemment d’autres projets en tête. « Je te kidnappe pour l’après-midi, d’accord ? » Elle écarte de grands yeux, imaginant déjà son patron l’appeler le reste de la journée pour se figurer son absence au travail. Elle s’apprêtait à lui dire qu’elle ne pouvait pas, qu’elle avait des responsabilités ici et qu’une demi-journée d’absence n’était pas acceptable, avant de croiser le regard de sa secrétaire, levant son pouce en signe de feu vert. A croire qu’il avait tout préparé. Il lui tend son manteau et elle sourit toujours plus, pressée de voir ce que la journée lui réserve. « On peut vraiment parler d’un kidnapping si je coopère à 100% ? » Elle enfile son manteau, dégageant ses cheveux du col et remettant en place sa couronne qu’elle ne comptait pas vraiment retirer, malgré le ridicule. « Pour commencer, je propose qu’on aille acheter de quoi manger. Seulement des pâtisseries et des friandises, comme quand on était gamins ! » Elle s’éloigne déjà vers la porte, pressée de quitter les locaux et de voir ce qui l’attendait. Les bonbons et autres pâtisseries avaient déjà un avant-goût plus qu’alléchant. Soudain, elle retombait en enfance, lorsqu’ils arpentaient les rues à la recherche du parfait confiseur, et qu’ils se retrouvaient souvent à se rendre malade par tant de cochonneries. Elle se souvenait des punitions accordées par leurs mères en rentrant, mais cette fois aucune n’était là pour les en empêcher. « Tu crois qu’on trouvera des arlequins ? J’en ai pas mangé depuis notre dernière indigestion, je me demande si ça se vend encore ces choses-là. » La voilà déjà dans le couloir, pensant déjà aux dizaines de bonbons et gâteaux qu’ils allaient pouvoir manger. Elle grimpe dans l’ascenseur, bientôt rejointe par Jake, des étincelles dans les yeux. « Alors, où va-t-on ? » Après tout, la journée leur appartenait.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Sam 21 Nov 2015 - 10:53 par Jake O. Cavendish
And now I need you to do for me what I cannot do for myself. For you to be my eyes when I do not have them. For you to be my hands when I cannot use my own. For you to be my heart when mine is done beating. ✻✻✻ Aussitôt que son regard se pose sur Chase, Jake sourit. Cette journée a une saveur toute particulière, en raison de tout ce qu’elle représente. De tous ces souvenirs qu’ils ont ensemble. Chaque année, depuis qu’ils se connaissent, ils avaient été ensemble. Quand il était enfant, Jake ne comprenait pas pourquoi Chase ne voulait pas fêter son anniversaire. Chez lui, son anniversaire était la journée qu’il préférait, l’ambiance était toujours festive alors naturellement, il avait voulu qu’elle ait la même chose. Il l’emmenait toujours faire quelque chose de différent. Bowling, cinéma, patinoire. Toujours quelque chose de différent mais qui convenait toujours à son petit budget. Il la faisait sourire, se moquait d’elle parce qu’elle serait toujours plus petite que lui, et ils riaient tout simplement. Et quand il leur restait assez d’argent, ils allaient piller le magasin de bonbons le plus proche, jusqu’à en avoir mal au ventre. Et à chaque fois que la journée se terminait, après qu’ils se soient fait signe depuis leur fenêtre, Jake commençait déjà à attendre impatiemment le prochain anniversaire. En grandissant, il avait compris l’aversion de Chase pour les anniversaires. Il avait compris à quel point son père lui manquait. Mais il n’avait pas arrêté leur tradition pour autant. Au contraire, il avait continué de plus belle. Pour lui rendre le sourire en ce jour ô combien difficile. Pour lui changer les idées. Seules deux années avaient fait exception. Les deux dernières années qui s’étaient écoulées, les deux plus difficiles pour eux. Lorsque Jake avait réalisé, il y a deux ans, qu’il ne pourrait même pas souhaiter l’anniversaire de Chase, ç’avait été d’autant difficile. Il avait rendu visite à la mère de Chase, sans trop savoir pourquoi. Il était resté malgré l’ambiance morose. Et finalement, il était parti lorsque Tomas était arrivé, parfaitement clair sur le fait que Jake n’avait rien à faire ici. Et puis Chase était revenue, un peu trop tard. Beaucoup trop tard, si on considère qu’elle n’aurait jamais dû partir. Et tout avait été étrange entre eux. Tellement qu’il n’avait pas osé lui proposer quelque chose pour son anniversaire. Il s’était contenté de lui envoyer un cadeau, un album de ses propres photos, soigneusement choisies. Mais il n’avait pas voulu insister. Peut-être aurait-il dû le faire, pour arranger les choses. Ou peut-être que ç’aurait été encore pire, parce qu’ils n’étaient pas encore prêts. Mais aujourd’hui, ils le sont. Et en voyant le sourire sur le visage de Chase, en réponse au sien, il sait qu’il a bien fait d’en profiter. « Dois-je en conclure que je ne le suis pas tous les jours de l’année ? » Fait-elle avec un sourire. Ce n’est pas la première fois qu’elle cherche les compliments, elle l’a toujours fait, pour s’amuser. Et ça n’a jamais dérangé Jake de lui en faire. Ce n’est que ce qu’il pense après tout. « Je n’ai jamais dit ça. » Il reste évasif mais elle connaît bien la vérité. Diadème sur la tête ou pas, elle reste parfaite. Et ça, il doute cesser de le penser un jour. Il a bien essayé après tout, sans jamais y parvenir. Lorsqu’il parle de son âge, elle semble réaliser quelque chose, sans qu’il comprenne bien quoi. Avait-elle oublié l’âge qu’elle allait avoir aujourd’hui ? Dans tous les cas, ils ont toujours eu cet écart de quelques mois. Ecart qui n’a jamais eu beaucoup de sens mais dont Jake s’est toujours vanté. « Je me sens étrangement vieille, figure-toi. » Petite pique envoyée innocemment. Mais ça ne dérange pas Jake. Pas quand c’est elle. Pas quand c’est une plaisanterie qu’ils se font depuis des années déjà. « J’entend tes sages paroles, Papi Jake. » Et elle rit. La voir heureuse, ça rend toujours Jake heureux. Heureux de voir qu’il peut toujours la faire sourire, malgré tout ce qui s’est passé entre eux. Ils vont mieux, et c’est un réel soulagement pour lui. A chaque fois qu’elle lui sourit, il réalise la chance qu’il a de toujours l’avoir dans sa vie. Qu’elle accepte toujours de lui parler. « Tu vas te calmer tout de suite, sinon je repars. » Menace-t-il sans en penser un mot. Au contraire, qu’elle le taquine, ça montre que les choses reviennent à la normale entre eux. Si c’est bien ça ce qui est normal, il ne sait plus vraiment. Elle déplace l’orchidée, pour la mettre au soleil, ce qui est une bonne idée. Sans même poser la question, il lui annonce qu’elle va passer l’après-midi avec lui. Elle semble surprise, jusqu’à regarder vers sa secrétaire, visiblement encore plus excitée que les deux intéressés. Jake n’avait rien dit quand il avait compris qu’elle pensait qu’il était le petit ami de Chase. Il aurait sans doute dû la corriger mais il ne l’avait pas fait. Par peur qu’elle refuse de lui laisser son après-midi. Peut-être aussi pour une raison qu’il préfère taire. « On peut vraiment parler d’un kidnapping si je coopère à 100% ? » Bien sûr, savoir qu’elle a hâte aussi, ça lui fait plaisir. Au moins, il n’est pas le seul à faire toute une histoire de cette journée. « Bon d’accord mais garde le secret, j’ai une réputation à tenir. » Après l’avoir aidée à enfiler son manteau, ils se dirigent tous les deux vers la sortie. En repensant au programme qu’il a prévu, Jake frémisse d’impatience. Comme quand il était gamin et qu’il faisait la surprise à Chase. A chaque fois, elle voulait deviner où ils allaient. Parfois, elle y parvenait. Parfois non. Là, il ne voit pas comment elle pourrait soupçonner quelque chose. La seule chose qu’il dévoile, c’est le magasin de bonbons. Parce que ça n’est même pas une surprise, juste une tradition. « Tu crois qu’on trouvera des arlequins ? J’en ai pas mangé depuis notre dernière indigestion, je me demande si ça se vend encore ces choses-là. » Bien sûr, ils avaient leurs bonbons préférés, malgré le mal de ventre qui suivait généralement. Ça n’avait pas vraiment d’importance, tant qu’ils pouvaient s’amuser cette journée en particulier. « Alors, où va-t-on ? » Demande-t-elle une fois qu’ils sont dans l’ascenseur. Ils ont beaucoup changé depuis les premiers anniversaires qu’ils ont fêtés ensemble mais certaines choses restent identiques. Des petits détails, des sourires, des moments d’impatience. « Tu ne crois pas que je vais craquer aussi facilement quand même. Toi qui adore pourtant les surprises. » Fait-il en appuyant sur le bouton qui fait rapidement descendre l’ascenseur au rez-de-chaussée. Maintenant qu’ils sont sortis, il a d’autant plus l’impression d’être revenu en arrière. D’être revenu aux moments où ils se promenaient tous les deux dans les rues de Londres. « Les endroits où on allait pour les bonbons ont fermé malheureusement mais j’en ai trouvé un pas loin sur internet, j’espère qu’il sera bien. » Il aurait aimé pouvoir vérifier avant pour s’en assurer mais n’en avait pas eu l’occasion. Et après tout, un magasin de bonbons reste un magasin de bonbons. Ils ne peuvent pas vendre de produits décevants normalement. Ils marchent côte à côte dans la rue, jusqu’à arriver devant la boutique, déjà décorée pour Noël. La vitrine est vraiment belle en tout cas. Et à cette heure, il n’y a personne à l’intérieur. « Mademoiselle la reine. » Et il lui ouvre la porte pour la laisser entrer. Pendant quelques minutes, ils remplissent plusieurs sachets de bonbons depuis les présentoirs du magasin, jusqu’à estimer qu’ils en ont assez. « Si on mange tout ça, on sera forts. » Et dieu sait qu’ils n’ont jamais su résister à un tel défi. Pas sûr que leurs estomacs soient aussi résistants que quand ils étaient enfants mais peu importe. Jake règle les achats à la caisse avant de revenir vers Chase, lui tendant un arlequin. Il ne pouvait pas ne pas en trouver, si c’est ce qu’elle voulait le plus. Et s’il n’y en avait pas eu ici, il aurait sûrement trouvé d’autres magasins où aller. Il en prend un aussi qu’il commence à sucer, alors qu’ils ressortent dans le froid londonien. « Tu n’avais rien de prévu aujourd’hui alors ? » Il peut poser la question, parce qu’il sait qu’elle devait travailler cet après-midi normalement. Peut-être avait-elle prévu de voir sa famille plus tard, ça ne serait pas surprenant. Tout en mangeant des bonbons, ils avancent dans les rues, guidés par Jake. Finalement, il s’arrête une fois sur les quais de la Tamise et regarde aux alentours. Ils sont en avance. Pas grave. Il repère un banc libre, apparemment convoité par un couple d’une cinquantaine d’années. « Cours ! » Et, attrapant la main de Chase, il commence à courir vers le banc. Ils arrivent au banc avant l’autre couple et s’y asseyent, en glissant et riant. Ils faisaient souvent ça quand ils étaient enfants et c’est toujours aussi drôle. D’autant plus que le couple les regarde, d’un air agacé. Mais ça, ils s’en fichent pas mal. Ils n’ont jamais eu que faire du regard des autres, ça ne va pas changer aujourd’hui. Au loin, on aperçoit le London Bridge, les quais sont envahis par la foule en pause-déjeuner. « Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu penses qu’on va bien pouvoir faire aujourd’hui ? » Demande-t-il avec un sourire malicieux, alors qu’il lui tend un sachet de bonbons. Finalement, c’est aussi addictif que quand ils étaient enfants. Si elle devine, elle est vraiment forte. Il espère juste que les idées qu’elle va avoir ne vont pas plus lui plaire que ce qu’il avait prévu.
. SOMEONE ASKED ME TO DESCRIBE HOME, AND I STARTED TALKING ABOUT YOUR HAIR COLOR AND THE SOUND OF YOUR VOICE, AND THE TASTE OF YOUR LIPS, AND HOW YOUR SKIN FEELS LIKE ; UNTIL I REALIZED THEY HAD EXPECTED TO HEAR A PLACE . En vingt années d'amitié, Jake n'avait jamais oublié de lui faire plaisir. Jamais il n'avait cédé face à ses caprices, face à ce qu'elle avait un jour décidé de ne plus se souhaiter. Un bon anniversaire. Une bonne année à ajouter aux précédentes. Un nouveau démarrage, peut-être. Elle se l'était toujours refusé. Depuis la mort de son père, elle n'avait pas voulu de bon anniversaire. Pourtant, elle les avait eu. Chaque année, chaque jour, un joyeux anniversaire. Jake avait fait ça. Il y avait veillé, comme si il refusait qu'elle rate cette chance. Comme si il lui était impossible d'accepter que ce jour ne puisse pas être un jour de fête. Et grâce à lui, chacune de ces vingt-sept dernières années avait été dignement fêtées, malgré ses réticences. Il y avait bien eu une année où il n'avait pas pu, une année qui les avait séparé, une année où Chase avait simplement disparu. Malgré tout, elle avait su ce jour-là que, quelque part, il avait tout de même fêter son anniversaire. Peut-être une pensée, une bougie, ou plus, elle n'en savait rien, elle n'avait pas demandé. Ce dont elle était sûre, c'était que chacun de ses anniversaires avaient été fêtés, sans exception. Et elle savait que les prochains le seraient tout autant, malgré les efforts qu'elle mettait à vouloir les oublier. Peut-être qu'elle avait tord, après tout. Peut-être qu'il y avait une raison pour laquelle Jake tenait tant à ce qu'elle fête son anniversaire. Peut-être qu'il était temps de conjurer le sort qu'elle s'était elle-même jeté. Mettre la petite fille brisée qu'elle avait été de côté, oublier le temps d'une journée la femme qu'elle avait été, et celle qu'elle était devenue. Profiter, simplement. Se contenter de ces petites choses qui rendaient sa vie plus jolie. Accepter la main que lui tendait Jake, et la garder. Elle voulait y arriver. C'était ce qu'elle voulait lui offrir, aujourd'hui. Lui rendre sa meilleure amie, le temps d'une journée. Peut-être plus. Ils seraient simplement Jake et Chase, un douze novembre. Rien d'autre. C'était ça, son cadeau le plus précieux. Elle n'avait jamais eu besoin de tous les efforts qu'il mettait à rendre cette journée inoubliable. Elle n'avait jamais voulu autre chose que lui, à ses côtés, à lui sourire et la regarder comme si rien d'autre ne comptait autour d'eux. Comme si cette journée leur appartenait, comme toutes les autres à venir, et toutes celles qui étaient déjà passées. Elle retrouvait ce regard aujourd'hui encore. C'était déjà le plus cadeau qu'il pourrait lui faire pour son anniversaire. Evidemment, leur âge à présent commun vient vite sur le tapis, et Chase n'hésite pas à lui faire remarquer que, quoi qu'il se passe, il restera toujours le plus vieux des deux. Autrefois, elle se plaisait à lui dire que puisqu'il était le plus âgé, c'était lui qui partirait le premier. Ca lui paraissait bête aujourd'hui, et, déjà petite, elle avait vite réalisé que, finalement, elle aurait aimé être la plus vieille pour ne jamais avoir à affronter son absence. « Tu vas te calmer tout de suite, sinon je repars. » Elle n’en croyait pas un mot mais fait tout de même mine de n’en avoir rien à faire. Au lieu de s’en inquiéter, elle préfère repositionner son diadème et faire les princesses. « Arrête ton char, t’es pas le genre à gâcher un ticket de métro et l’heure qui va avec pour repartir si vite. » Bien sûr, elle n’avait aucune idée de ce que signifiait sa présence ici. Elle pensait peut-être à un déjeuner, et pensait déjà au temps qu’il leur restait qui était pour le moins assez court. Ses pauses duraient en général 45 minutes, elle pourrait peut-être arracher quelques minutes supplémentaires à son patron si elle se montrait assez persuasive. La liste des bons restaurants défilait déjà sous ses yeux alors que Jake lui annonçait qu’ils ne partaient pas pour un simple déjeuner, mais pour toute la journée. Surprise, elle se tourne instinctivement vers sa secrétaire, qui lui fait signe que tout est arrangé. Elle semble étrangement joyeuse, et la blonde ne doute pas que ça a un rapport avec Jake et ce qu’il avait prévu. Elle devait savoir quelque chose, mais Chase n’était pas du genre à gâcher ses propres surprises. « Bon d’accord mais garde le secret, j’ai une réputation à tenir. » Elle ne l’écoute déjà plus alors qu’il l’aide à enfiler son manteau. Bien trop excitée à l’idée de quitter son travail et de passer une journée avec son meilleur ami. Elle sautille presque jusqu’à l’ascenseur, pressant presque Jake pour qu’il accélère le pas. Elle pouvait se montrer assez insupportable lors de ces fameuses journées surprises qu’il lui préparait toujours. Dévorée par l’impatience et l’excitation, elle admettait être parfois capable du pire pour obtenir des informations, ce qu’elle ne tarda pas à faire par une question faussement désintéressée. « Tu ne crois pas que je vais craquer aussi facilement quand même. Toi qui adore pourtant les surprises. » Elle les adorait autant qu’elle les détestait, car elle savait qu’il ferait trainer en longueur chaque moment soigneusement préparé afin de la rendre folle. Elle le connaissait par coeur. Et lui aussi. Il savait bien qu’en lui révélant une partie du plan, quelques part, elle serait déçue. Alors il sort de l’ascenseur et elle sourit, heureuse de voir qu’il n’était pas prêt à céder. Ils sont maintenant dans la rue, prêts à affronter cette journée totalement inconnue pour Chase, et sûrement méthodiquement orchestrée par Jake. « Les endroits où on allait pour les bonbons ont fermé malheureusement mais j’en ai trouvé un pas loin sur internet, j’espère qu’il sera bien. » Elle était toujours étonnée de voir à quel point toutes ces choses lui tenaient à coeur. Tous ces souvenirs, tous ces lieux qu’ils avaient un jour foulés ensemble et qui aujourd’hui avaient disparus. Ils n’étaient plus les deux terribles enfants de l’immeuble 5B, rasé quelques années auparavant pour laisser place à la nouvelle architecture qui avait peu à peu envahi la ville. Leur école avait fermé quelques temps après leur départ afin de devenir un centre d’accueil pour des jeunes en difficulté. Il y a quelques temps, elle avait découvert que le vieil arbre du parc sur lequel ils aimaient grimper et s’écorcher les genoux avait été coupé pour accueillir une nouvelle végétation. Tout changeait. Et leurs magasins de bonbons préférés avaient disparu. « Je suis sûre que ce sera parfait. » Et elle ne croyait pas si bien dire. Arrivés devant la vitrine, elle se retrouvait presque à lécher la vitrine qui avait l’air elle-même sucrée. Ses yeux s’écarquillaient tels ceux d’une enfant alors que Jake lui ouvrait la porte des merveilles. « Mademoiselle la reine. » Et elle ne se fit pas prier pour rentrer, imitant rapidement une référence avant d’aller dévaliser les étalages. Elle prit de tout, des choses qu’elle connaissait, d’autres qu’elle allait découvrir, jusqu’à ce que son paquet soit assez gros pour dérégler la balance du marchant. « Si on mange tout ça, on sera forts. » Elle regarde leurs deux paquets, sûrement les plus gros que le vendeur ait jamais vu. Pire que des enfants. Et quelques part, ça lui faisait plaisir de voir qu’ils pouvaient encore l’être. « Si on mange tout ça, on sera obèses. » Elle rit tandis que Jake se saisit de son paquet pour aller régler leurs achats. Elle se fichait bien de devenir obèse, Jake serait toujours là pour l’aider à s’habiller si elle ne pouvait plus toucher ses pieds. Ils finissent par quitter le délicieux magasin et se retrouvent de nouveau dans les rues de Londres, ouvrant leurs sachets délicieux. Avant même de goûter à l’un de ses bonbons, elle s’en va piquer dans ceux de Jake, comme elle l’avait toujours fait. « Tu n’avais rien de prévu aujourd’hui alors ? » Si elle était totalement honnête, elle avait oublié jusqu’au jour de son propre anniversaire. Au matin, elle n’avait aucun plans, même si elle se doutait à présent que ses frères seraient sûrement sur son palier quand elle rentrerait, à l’attendre avec des cadeaux achetés à la dernière minute. Elle n’était simplement pas encore au courant avant que Jake n’arrive. « Travailler. Mais manger des bonbons c’est bien plus intéressant. » Elle lui sourit et pioche un bonbon de son paquet, savourant la saveur de cette journée. Ce bonbon avait un arrière goût de déjà-vu. Ils marchent encore quelques temps avant de rejoindre les bords de la Tamise, étonnement claire aujourd’hui. La journée en elle-même était plutôt belle pour un mois de novembre. Elle s’apprêtait à enfourner un nouveau bonbon entre ses lèvres avant que Jake ne lui prenne la main. « Cours ! » D’abord surprise, elle se met tout de même à courir, sans vraiment savoir pourquoi. Le temps d’analyser la situation, elle se retrouve à piquer un banc sous le nez d’un couple qui voulait sûrement profiter de la belle vue. Le couple les fusille du regard mais Chase rigole, pensant aux dizaines d’autres couples qui leur avaient un jour lancé ce même regard. Ils avaient toujours été des sales gosses, ils n’y pouvaient pas grand chose. « Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu penses qu’on va bien pouvoir faire aujourd’hui ? » L’heure était aux devinettes, et Chase était sacrément mauvaise à ce jeu. Simplement parce qu’elle ne voulait pas deviner les surprises qu’il lui faisait. Parfois, elle touchait presque du doigt ce qui l’attendait, mais elle était toujours heureuse de voir qu’elle n’était pas parvenue à trouver la solution. Cependant, elle ne se gênerait pas pour tenter sa chance aujourd’hui. « Hmmm laisse-moi réfléchir… » Une préparation s’imposait. Elle croisait ses jambes en indienne, prête à déchiffrer les expressions de Jake afin de voir si elle touchait du doigt quelque chose. « On est au bord de la Tamise, donc… Un déjeuner au bord de l’eau ? Une visite du London Bridge ? Non, tu as toujours détesté les visites guidées. » Elle regarde autour d’elle, tentant de voir quelque chose qu’elle n’avait pas vu en arrivant. Elle y mettait pourtant de la volonté. L’expression de Jake était indéchiffrable, d’une telle façon qu’il lui était impossible de voir si elle était proche de la vérité ou totalement à côté de la plaque. « Allez Cavendish, balance, je sais que tu en meurs d’envie. Ta reine de l’ordonne. » Et elle aussi, elle en mourrait d’envie.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Lun 4 Jan 2016 - 19:08 par Jake O. Cavendish
And now I need you to do for me what I cannot do for myself. For you to be my eyes when I do not have them. For you to be my hands when I cannot use my own. For you to be my heart when mine is done beating. ✻✻✻ Cette journée est censée être heureuse. C’est le principe des anniversaires. Chaque enfant attend le sien avec impatience, à cause du gâteau, des cadeaux, des amis ou des membres de la famille réunis. Dans la famille de Jake, ces journées étaient toujours synonymes de bons moments. Ils célébraient entre eux et, lorsque c’était son anniversaire, il pouvait demander ce qu’il voulait. Il n’avait jamais rien demandé d’extravagant, parce qu’il était heureux d’être sa famille tout simplement. Ils étaient parfois allés à la plage, faire du ski une fois, dans des restaurants à thème, toutes les envies qui pouvaient passer dans sa tête d’enfant. Et puis d’autres personnes s’étaient rajoutées à l’équation lorsque les Sullivan avaient emménagés de l’autre côté de la rue. Après ça, Chase avait été présente pour chacun de ses anniversaires, où que la famille Cavendish aille pour l’occasion. Et ils avaient continué cette tradition, de célébrer chacun l’anniversaire de l’autre en grande pompe, même quand ils avaient grandis et que leurs familles n’en faisaient plus autant. Préparer cette journée était donc une évidence pour Jake. Malgré les deux dernières années plus compliquées, il ne voulait pas que leur tradition se perde. Justement, il garde espoir que cette tradition qu’ils partagent depuis près de vingt ans les rapprochera d’autant plus. Une bonne journée, c’est toujours ça de pris. Ils en ont besoin, alors qu’ils reconstruisent leur amitié encore fragile. Ça paraît presque fou de devoir faire des efforts pour une amitié qui dure depuis vingt ans, mais Jake préfère imaginer que les obstacles vont les rendre plus forts finalement. Qu’une fois qu’ils auront surmonté tout ça, ils n’en seront qu’encore plus proches et ne seront plus nostalgiques d’un passé qui n’existe plus. Le passé est terminé, ils ne peuvent plus revenir en arrière. Ça, il l’a compris. Alors maintenant, il fait de son mieux pour se concentrer sur le futur. Et quelle meilleure occasion pour ça que de célébrer une année supplémentaire ? Une fois qu’ils ont dévalisé le magasin de bonbons, ils sortent dans la rue. Il ne fait pas vraiment froid et il ne pleut pas. En soi, c’est exceptionnel et ça l’arrange bien pour ce qu’il a prévu aujourd’hui. Bien sûr, il avait anticipé et son plan restait possible s’il avait plu mais ça n’aurait pas eu le même charme. Et pour Chase, il voulait que ça soit parfait. Leurs deux anniversaires étant dans des mois où il ne fait généralement pas beau, ils ont pourtant l’habitude d’être dérangés par la pluie. Mais ça ne les a jamais dérangés. Et la fois où ils avaient été interrompus en plein pique-nique dans Hyde Park par une averse terrible, ça les avait amusés plus qu’autre chose et ils s’étaient réfugiés sous l’abri sommaire que constituaient les arbres, tout simplement. Ils s’étaient toujours débrouillés de toutes les situations rocambolesques dans lesquelles ils étaient retrouvés coincés. Aussitôt dehors, ils commencent à manger des bonbons. Et même s’ils ne sont plus des enfants, ça ne les empêche pas de les adorer. « Travailler. Mais manger des bonbons c’est bien plus intéressant. » Il ne devrait pas s’étonner que Chase n’ait rien de prévu pour son anniversaire. Depuis qu’il la connait, ça a toujours été comme ça. C’était lui qui organisait pour elle, sans rien lui dire, même si elle savait qu’il serait forcément là. Il était toujours là. « Heureusement que je suis venue à ta rescousse alors ! » Fait-il en commençant à manger un réglisse. Après tout, une journée passée avec Jake est bien meilleure qu’une journée derrière un bureau, non ? Enfin il ne saurait en être certain, parce qu’ils ne parlent jamais vraiment du travail de Chase. Rapidement, ils rejoignent le bord de la Tamise, où ils chipent un banc in extrémis. Vraiment, cette journée semble parfaite, comme si rien ne pouvait venir la gâcher. Jake veut y croire du moins. Tout va bien, à partir d’aujourd’hui, et ça continuera. Et, taquin, il demande à Chase de deviner le programme de l’après-midi. Malgré tout, il prend un risque. Maintenant qu’ils sont au bord de l’eau, elle pourrait deviner avec peu d’indices et la surprise serait gâchée. Alors il espère être assez original. C’est quelque chose qu’ils n’ont jamais fait tous les deux au moins. Peut-être l’a-t-elle fait avec sa famille, il n’en sait rien mais peu importe. Il n’a pas envie de se prendre la tête, il est fier de son idée et il espère simplement que ça plaira à Chase. « Hmmm laisse-moi réfléchir… » Elle s’installe pour pouvoir le regarder. Il soutient son regard quelques secondes avant de finalement regarder devant lui, un sourire aux lèvres. Il sait que, comme à chaque fois, elle essayera de déceler quelque chose dans son expression. Elle a toujours fait ça, alors que Jake devenait de plus en plus doué pour garder un secret. « On est au bord de la Tamise, donc… Un déjeuner au bord de l’eau ? Une visite du London Bridge ? Non, tu as toujours détesté les visites guidées. » En effet, aucun risque qu’il lui propose ça. D’ailleurs, ça ne serait pas vraiment intéressant pour un anniversaire, à moins qu’ils se retrouvent à faire n’importe quoi dans le pont ou dans un musée. Ça peut être une idée à retenir d’ailleurs. Et vu sa réponse d’aujourd’hui, elle ne s’y attendrait pas du tout. Peut-être l’année prochaine, s’il n’oublie pas d’ici-là. « Allez Cavendish, balance, je sais que tu en meurs d’envie. Ta reine de l’ordonne. » Elle s’impatiente et ça n’a rien d’étonnant. Lui aussi, d’ailleurs, a hâte que l’heure fatidique arrive. Plus que quelques minutes. Il prend un bonbon dans le sac avant de se lever du banc, prêt à faire le spectacle. Même s’il ne sait pas encore ce qu’il va bien pouvoir inventer. Il va improviser, comme toujours. « J’espère que madame la reine a amené son maillot de bain alors, parce qu’on va finalement faire le grand plongeon ! » Et il écarte les bras, hilare, fier de sa bêtise. Aucun risque qu’il saute dans la Tamise un jour alors il ne va pas forcer Chase à le faire non plus. Ils en auraient été capables, quand ils étaient étudiants, lors d’une soirée très arrosée. Heureusement, l’idée n’était jamais venue à l’un des deux de proposer ce défi. Il se tourne pour finalement voir ce qu’il attendait. « Mademoiselle, j’ai le plaisir de vous annoncer que notre carrosse est arrivé. » Toujours aussi mystérieux, il espère qu’elle n’a pas compris de quoi il parlait, même si le carrosse en question est à présent dans son champ de vision. « Si vous voulez bien vous donner la peine. » Dit-il en faisant presque une révérence avant de prendre la main de Chase, désignée reine pour la journée. Bien sûr qu’il joue le jeu jusqu’au bout. Il attrape les sacs de bonbons avant de l’attirer vers le bord du quai, là où une foule de passagers débarque du petit bateau de croisière. Plus de doute à avoir maintenant, il ne peut plus garder le secret quand leur moyen de transport est juste devant eux. « Est-ce que ça te convient ? Essaye de ne pas rhabiller le bateau comme la fois en Ecosse ! » Plaisante-t-il. Bien sûr qu’il ne rate pas une occasion de lui rappeler cette mésaventure. Il faut dire que la mer était tellement agitée que lui aussi avait failli être malade. Mais il avait tenu et depuis, il avait une excellente raison de se moquer de Chase. Comme s’il n’en avait pas déjà assez avec tous les souvenirs qu’ils partagent. Finalement, le bateau se vide et c’est le tour des nouveaux passagers de monter à bord. Il n’y a pas trop de monde, heureusement. Il faut dire que Jake avait appelé pour demander à quelles heures le bateau était le plus calme. C’est leur journée à tous les deux, pas de raison qu’ils la partagent avec une cinquantaine d’autres personnes. Il lâche la main de Chase pour sortir les deux billets de sa poche, faisant particulièrement attention à ne pas laisser tomber le vrai cadeau de sa poche. Il la laisse passer devant sur la passerelle et aussitôt qu’ils sont sur le pont, un serveur les accueille, tenant un plateau avec deux coupes de champagne. « A ton anniversaire ! » Bien sûr qu’il avait réservé la gamme de luxe. La reine Chase mérite bien ça. Et quoi de mieux qu’un excellent champagne pour accompagner deux sacs entiers de bonbons ?
. SOMEONE ASKED ME TO DESCRIBE HOME, AND I STARTED TALKING ABOUT YOUR HAIR COLOR AND THE SOUND OF YOUR VOICE, AND THE TASTE OF YOUR LIPS, AND HOW YOUR SKIN FEELS LIKE ; UNTIL I REALIZED THEY HAD EXPECTED TO HEAR A PLACE . Souriant encore de la farce qu'ils venaient de faire à ce couple en leur dérobant le banc qu'ils visaient depuis sûrement quelques mètres, Chase ose porter un regard à ce qui l'entoure. Cette journée est étonnement belle, elle ne l'avait même pas remarqué le matin même. Comme chaque jour, elle s'était levée sans un regard vers le ciel, sans se demander si une belle journée pouvait s'annoncer. De plus en plus, elle avait du mal à les imaginer. De plus en plus, elle partait du principe que la journée ne serait qu'une succession d'étapes la menant pour finir au même endroit où elle avait commencé. Un cercle qu'elle répétait chaque jour, prise dans un tourbillon infini qu'elle ne maitrisait plus ; qu'elle ne cherchait plus à maitriser. Elle se laissait porter par les jours, les heures, répétant les actes quotidiens de la vie, et perdant toujours un peu plus de celle qu'elle avait pu être auparavant. Elle avait essayé pourtant. Elle avait voulu redevenir cette femme qu'on disait de caractère, cette femme passionnée par son travail, dotée d'un sourire capable de rendre magique la plus morose des journées. Aujourd'hui, on ne disait plus cela d'elle. Aujourd'hui, elle n'était que Chase, la collègue du quatrième étage qui avait de belles jambes mais qui énervait par son ignorance. Elle était cette voisine qu'on croisait de temps en temps, que l'on trouvait plutôt sympathique, mais qui ne se prêtait jamais aux réunions de l'immeuble. Elle était une autre, dans son corps d'avant. Elle avait perdu de son éclat, de sa valeur, comme un soleil fatigué d'avoir tant tenté de briller. Elle ne brillait plus à présent. Elle survivait. Elle attendait, sans savoir quoi. Un déclic, une douleur, une chaleur, quelque chose qui éveillerait son coeur. Parfois, en se concentrant bien, elle pouvait l'entendre battre sous l'épaisseur des tissus, mais elle préférait l'ignorer. Elle préférait écarter ce son rythmique contre ses tempes, celui qu'elle avait trop cherché lors de sa captivité. Elle préférait croire avoir laissé ce son là-bas. Ce serait si facile alors. Mais aujourd'hui était une belle journée. Elle le voyait pour la première fois depuis son retour. En regardant autour d'elle, Chase ne voyait qu'une beauté qu'elle avait tant voulu masquer. Un ciel radieux, un paysage familier, des inconnus riant aux éclats pour une blague qu'elle ne connaitrait jamais, et Jake. Il était la dernière pièce du tableau. Celle qui lui avait manqué, tous ces mois. Il était la pièce du puzzle, il l'avait toujours été. Quelque part, elle avait toujours su, bien qu'extrêmement jeune, qu'il serait toujours la pièce manquante. Elle avait toujours su qu'un jour il lui manquerait. Il lui manquait constamment. Mais sa fierté l'empêchait d'y penser, lui interdisait de le dire. Sa fierté ou sa peine. Une douleur tapis dans l'ombre, un vieux démon qui planait au dessus d'eux, au dessus de leur banc, de ce tableau parfait. Un démon qu'elle ne voulait pas libérer. Ce serait si simple pourtant. Elle pourrait décider de celer ce tableau, de ne plus jamais perdre la pièce manquante. Elle pourrait lui pardonner ce dont elle ne lui avait jamais vraiment voulu. Elle pouvait faire ce choix, là, souriant encore à la vision du couple bougon qui s'éloignait. Elle pouvait le retrouver, pour de bon. Lui promettre que plus jamais ils ne seraient séparés comme ils l'avaient été. Pourtant, cette promesse semblait truquée. Elle ne semblait plus avoir de sens à présent. Ils n'étaient plus Jake et Chase se promettant sous le vieil arbre de la cour de toujours être ensemble. Ils n'étaient plus les Jake et Chase de l'université, ni ceux de l'Afghanistan. Ils étaient les nouveaux Jake et Chase, ceux de Londres, ceux d'après. Ceux qu'elle avait peur qu'ils soient. Parce qu'à cet instant, ces nouveaux Jake et Chase ne semblaient plus incapables de vivre séparés l'un de l'autre. Ils en étaient capables. C'était ce qu'ils faisaient, même aujourd'hui. C'était ce qu'ils faisaient depuis des mois. Ils en étaient capables, mais elle ne voulait pas le croire. Parce qu'aujourd'hui était une belle journée, leur belle journée. C'était quelque chose qu'elle ne pouvait leur prendre, malgré les pensées qui l'agitaient. Impatiente, elle tente de percer le mystère de cette journée. Jake semble excitée, quoique stressé. Il jetait des coups d'oeil à sa montre, sûrement impatient de pouvoir lui présenter sa fameuse surprise. Son agitation la fit sourire ; après vingt ans, elle aimait qu'il pense encore qu'il pourrait ne pas lui faire plaisir. Il avait tord, depuis le premier anniversaire qu'il lui avait offert. Il n'avait jamais vu que ses prunelles s'agitaient plus à sa présence qu'à celle de n'importe quel cadeau. Le simple fait qu'il soit là, aujourd'hui, sur ce banc, aurait suffit. Cette parenthèse lui suffisait, mais elle ne doutait pas de son imagination pour lui avoir préparé une journée inimaginable. D'ailleurs, elle ne se foulait pas à chercher, elle préférait le stresser d'avantage pour qu'il finisse par craquer. Finalement, il se lève, gobant un nouveau bonbon et prenant une posture théâtrale devant la Tamise. « J’espère que madame la reine a amené son maillot de bain alors, parce qu’on va finalement faire le grand plongeon ! » Elle manque de s'étouffer avec son ours en gélatine, le prenant soudainement pour un fou. Elle l'aurait suivi au bout du monde, mais elle doutait de vouloir le suivre dans les eaux grises de la capitale. Elle qui pensait ne pas avoir à salir sa belle couronne, la voilà perplexe. « Ne compte pas sur moi pour me baigner là-dedans » Reine oblige, elle avait les attitudes qui allait de paire. Feignant un dédain royal, elle se détourne, un sourire malgré tout aux lèvres. Elle se doutait qu’il n’avait pas fini. Du moins, elle l’espérait. « Mademoiselle, j’ai le plaisir de vous annoncer que notre carrosse est arrivé. » Intriguée, elle cherche derrière lui un quelconque indice. Aucune calèche n’était à l’horizon, et puis c’était trop romantique pour eux, ils n’avaient jamais vraiment été de ce genre là. Du moins, pas ensemble. Il n’en avait pas les raisons. Finalement, un bâtiment se dessina derrière Jake, alors qu’il se complaisait en une référence avant de saisir sa main. « Si vous voulez bien vous donner la peine. » Elle se lève non sans une certaine appréhension face au bateau de croisière qui venait face à eux. Elle se sentait bête de ne pas y avoir pensé, bien qu’elle n’ait pas non plus forcément cherché. C’était une nouveauté, il fallait bien l’avouer. Près du quai, ils regardent la foule de touristes descendre du petit bâtiment, et Chase se demande comment autant de personnes n’ont pas pu le faire couler. « Est-ce que ça te convient ? Essaye de ne pas rhabiller le bateau comme la fois en Ecosse ! » La blonde n’avait jamais eu le pied marin, c’était le moins que l’on puisse dire. En effet, elle n’avait jamais été attiré par les grandes embarcations, toujours traumatisée par la scène finale entre Dicaprio et Winslet. Elle ne tenait pas vraiment à répéter la scène avec Jake en une si belle journée. Pour autant, elle avait déjà mis le pieds sur ce genre de bateaux qui n’avaient pas l’air bien méchant, et, évidemment, la seule fois où Jake avait été présent, il avait fallu que son estomac ne suive pas le mouvement. Il se plaisait à le lui rappeler dès que l’occasion se présentait. « C’était surtout pour détourner ton attention du bonnet D ukrainien venu en talons de 10. » Accompagnée d’un clin d’oeil, elle passe devant lui d’un pas faussement serein et passe par miracle l’épreuve de la passerelle alors que Jake se charge des billets. Elle n’était pas sereine, mais ça avait quelque chose d’excitant. Les mêmes sensations, à chaque anniversaire. À peine arrivés sur le pont, une coupe de champagne glisse sous les yeux de la blonde alors qu’un serveur les accueille avec un large sourire en leur souhaitant la bienvenue. Il avait mis la barre très haute, il fallait bien l’avouer. « A ton anniversaire ! » Elle se retrouvait avec une coupe de champagne à la main, sur le pont d’un bateau, prête à découvrir les bords de la Tamise qu’elle ne connaissait pour l’instant que depuis la terre ferme. Il fallait l’avouer, elle n’avait pas pensé finir ici en se levant le matin même. « À la tête qu’a fait ton banquier en voyant la note ! » Elle rit tout en faisant tinter sa coupe contre la sienne. Le serveur finit par les mener dans un petit coin du bateau, l’équivalent d’une place VIP dans les boîtes londoniennes. De là, ils avaient une vue imprenable sur Londres, contrairement aux autres passagers. Jake avait fait les choses en grand. Et pourtant, une question la taraudait. Elle savait que ce n’était pas le meilleur moment, mais ils avaient toujours fonctionnés ainsi. « Tu ne devrais pas plutôt emmener une Rose Dewitt sur un tel paquebot, Mister Dawson ? » Elle abordait le sujet qui les fâchait souvent, mais elle n’avait pas envie de se battre. Elle le taquinait à peine, elle était simplement curieuse. Ils n’en avaient pas reparlé depuis ce fameux soir, et Chase n’avait jamais été doué pour cacher ce qu’elle avait en tête. « Son prénom ressemble à celui d'une fleur, c’est un bon début. » Il savait de qui elle voulait parler. Absorbée par les bulles au fond de sa coupe de champagne, elle finit par relever les yeux et croiser son regard. Elle était simplement curieuse. Ou inquiète.
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(✰) message posté Mer 3 Fév 2016 - 6:15 par Jake O. Cavendish
And now I need you to do for me what I cannot do for myself. For you to be my eyes when I do not have them. For you to be my hands when I cannot use my own. For you to be my heart when mine is done beating. ✻✻✻ Malgré toutes les difficultés auxquelles ils ont été confrontés depuis quelques années, ça semble naturel de passer cette journée ensemble. Et aujourd’hui, Jake ne veut pas penser à ce qui ne va pas. Il veut profiter de cette journée où même le ciel leur sourit. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Chase et, comme chaque année depuis qu’ils se sont rencontrés, il l’emmène faire quelque chose qu’ils n’ont encore jamais fait. Et Jake souhaite que cette journée marque un nouveau début pour eux. Revenir dans le passé ne leur réussit pas, il faut qu’ils parviennent à avancer ensemble. Avec leur amitié longue de vingt ans, ça pourrait sembler simple, naturel. Mais, même si Jake n’imagine pas sa vie sans Chase dedans, il a compris que ce n’était pas si simple que ça. Qu’il fallait des efforts. Mais aujourd’hui n’est pas un effort. Aujourd’hui, c’est juste une vieille tradition qu’ils ont depuis qu’ils sont enfants. Une journée en dehors du temps – enfin pas totalement espère-t-il. Une journée heureuse, tout simplement, prémisse de tout un tas d’autres journées heureuses. Et même si la journée a commencé sur un ton enfantin, avec le repas composé de bonbons et la course vers le banc, la suite du programme est tout de même plus mature. Il avait bien pensé à trouver une activité qui les ferait retomber en enfance : une journée dans un parc d’attractions ou quelque chose dans le genre. Et il avait finalement opté pour une mini-croisière sur les eaux de la Tamise. Une activité bien plus adulte pour un nouveau départ entre eux. Sur le bateau, ce sont surtout des touristes qui montent, surtout en pleine journée ainsi. Eux, ils ne sont pas là pour découvrir la ville, ils la connaissent par cœur pour en avoir écumé les rues depuis leur enfance. La vue est tout de même différente depuis le fleuve mais ce n’est pas ce qui intéresse le plus Jake. Tant qu’il est avec Chase, ils auraient pu aller n’importe où que ça lui aurait plu. Enfin il avait fait l’effort de trouver une activité originale pour lui faire plaisir. Pour qu’ils gardent un souvenir précis de cette journée d’anniversaire. Fidèle à lui-même, Jake ne résiste pas à une remarque sur l’état de Chase lors de leur dernier voyage en bateau. Bien sûr, les vagues de la mer n’ont rien à voir avec la Tamise, toute plate. C’était d’ailleurs ce qui l’avait convaincu de réserver cette promenade en bateau pour l’anniversaire de Chase. Les risques pour qu’elle soit malade sont presque anéantis, puisque le bateau ne bougera presque pas. Il avait réfléchi à tout, comme chaque année. « C’était surtout pour détourner ton attention du bonnet D ukrainien venu en talons de 10. » Il tourne la tête vers elle, un peu surpris. Il ne se souvenait pas de ça. Comme quoi, les souvenirs varient d’une personne à une autre. « Ne te trouve pas d’excuses, tu étais juste malade à en crever. » Il se souvient plus de la façon dont le bateau allait presque se retourner plutôt que d’une fille insignifiante. Comme la plupart du temps, le morceau de ses souvenirs qui est toujours présent, c’est Chase. Comme une constante tout au cours de sa vie. Et elle l’est encore aujourd’hui, même si ça n’est plus exactement pareil. A peine sont-ils à bord qu’ils ont une coupe de champagne chacun. Jake ne regrette nullement son choix – et aussi son prix – en constatant que le service est vraiment à la hauteur. Ça en vaut la peine. « À la tête qu’a fait ton banquier en voyant la note ! » Heureusement, le compte en banque de Jake est assez rempli pour qu’il puisse se permettre quelques écarts comme aujourd’hui. Enfin sûrement que son banquier a été surpris, il est rare qu’il dépense autant d’un coup. Mais, peu importe le prix, il veut juste passer un bon moment avec la meilleure compagnie qui puisse exister. « Quand c’est pour toi, je ne compte pas. Et tant pis pour mon banquier ! » Fait-il avant de boire une nouvelle gorgée. Le serveur les guide jusqu’à un endroit privé, une petite terrasse avec une vue imprenable sur l’extérieur. Accoué à la rambarde, Jake profite du soleil sur sa peau. Quelle journée magnifique. S’il n’avait pas fait beau, il aurait vraiment dû prévoir autre chose, quitte à reporter à l’année suivante cette idée de bateau. Heureusement, le soleil était au rendez-vous. « Tu ne devrais pas plutôt emmener une Rose Dewitt sur un tel paquebot, Mister Dawson ? » Il tourne la tête vers Chase, pas certain de comprendre. Avec qui d’autre est-ce qu’il pourrait partager ce moment ? C’est avec Chase qu’il est venu, c’est avec Chase qu’il veut être. D’ailleurs pourquoi voudrait-il emmener quelqu’un d’autre alors que c’est son anniversaire à elle ? A moins qu’il ne comprenne pas complètement la référence, ce qui est aussi possible. « Son prénom ressemble à celui d'une fleur, c’est un bon début. » A son regard évasif, il comprend de qui elle parle. Il aurait dû s’y attendre. L’histoire ne pouvait pas s’oublier aussi facilement. « Tu sais que je n’ai jamais été fan de Titanic. » Il a dû le voir une ou deux fois, sans jamais complètement accrocher. Sûrement qu’il partait avec un apriori négatif étant donné qu’il n’aime aucun film romantique. Il sourit, conscient que ce n’était pas la réponse que Chase attendait. Mais il ne sait pas quoi lui dire. Il n’a pas envie de parler de Flora maintenant. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il n’y a que Chase. « En plus, ça finit mal, c’est pas une bonne idée. » Bon ce bateau-là a peu de risques de couler et, même si c’était le cas, ils s’en sortiraient très probablement sains et saufs, après un bain forcé dans les eaux de la Tamise. Jake ne peut pas éviter le sujet indéfiniment, encore moins maintenant que Chase l’a abordé. Pourtant, il le souhaiterait. Ils n’ont jamais fait ça ; parler de la relation de l’autre. Enfin pas sérieusement. En général, c’était pour critiquer ou pour se plaindre. Mais aujourd’hui, ça ne semble pas être l’intention de Chase et ça sonne presque faux. Peut-être qu’il devrait s’y habituer, peut-être que c’est la façon dont leur amitié fonctionne désormais. De façon plus saine, si on y regarde bien. Mais Jake n’est pas certain d’apprécier ce changement. Il a toujours préféré que les choses restent telles qu’elles sont. « Je ne suis plus avec Flora. » Dit-il doucement. Finalement, mentir paraît plus simple. Surtout que c’est vrai, Flora et lui ne sont pas en couple. Il l’avait dit à Chase la fois où elle avait rencontré Flora. Mais il n’avait rien expliqué de plus et il n’a pas envie de le faire aujourd’hui non plus. Alors c’est sûrement plus simple ainsi. De prétendre qu’il y avait quelque chose et que c’est terminé. En espérant que son mensonge ne finira pas par le rattraper. « Mais je ne veux pas t’embêter avec ça, c’est toi la reine aujourd’hui, un point c’est tout ! » Dit-il en retrouvant un sourire sincère. Il finit sa coupe de champagne et la dépose sur une table dressée. C’est le moment que choisit le bateau pour quitter le quai. « Qu’est-ce que tu as à raconter alors ? Tout va bien au travail ? » En prononçant ces questions, il réalise qu’il ne sait pas grand-chose sur sa vie de tous les jours. Sûrement qu’il n’a pas l’habitude de demander, parce qu’avant, il faisait partie intégrante du quotidien de Chase. Encore un changement qui lui déplaît, mais qu’est-ce qu’il peut bien y faire ? Pas la peine de ressasser tout ce qui ne va plus, il doit regarder vers le futur. Il doit se concentrer sur cette nouvelle version d’eux, parce que c’est la seule qu’il peut avoir. Et, s’il faut choisir, il préfère avoir cette version quelque peu différente que rien du tout, de loin.
✻✻✻
CODES LITTLE WOLF.
Spoiler:
5000ème message le 3 février You're my person. You're my sister. You're my family. You're all I've got. 4 years