beautiful disaster

Siloë-Lou, c'est la petite dernière des Boelyn. C'est la petite princesse, le petit bijou à envelopper dans son écrin de velours, pour éviter qu'il ne se brise. C'est la petite beauté qu'on essaie de cacher aux yeux des autres. La petite chose qu'on doit protéger, même des petits bobos. Mais Siloë, ce qu'elle aimait, quand elle était petite, c'était sortir de sa grande maison, quitter son petit bonheur et aller jouer avec son frère. Puis elle se roulait dans la terre, plus elle était sale, plus heureuse elle était. Ses cheveux étaient enroulés dans des boules de boue, son menton toujours égratigné, ses collants en lambeaux, sa robe remplie de tâches multicolores. Mais son sourire était la plus belle chose. Ses petites dents blanches, qui étaient dévoilées, étincelantes. Ses petites lèvres retroussées et ses joues douloureuses à force de rire. Ses tâches de rousseur qui illuminaient son petit visage de petite fille. Elle était jolie, la petite brunette, avec ses deux petites couettes et ses grands yeux bleus. La petite ombre d'Aiden.

Siloë-Lou, elle a que vingt ans. Elle a pas connu grand chose dans sa petite vie. Elle a eut des amies, elle a rit, pleuré, sourit, subi. Elle était pas maltraitée, elle n'a pas été abusé. Elle était pas persécutée mais elle avait pas des tonnes d'amies. Elle était pas la petite fille détestée, mais plutôt celle qu'on enviait. Elle a jamais eut droit à toutes ces choses terribles de l'adolescence : l'acné, les appareils dentaires … Elle s'est bien développé, c'est harmonisée d'elle-même, comme une petite fleur. C'était la petite princesse, la délicatesse même. Toujours un sourire, toujours un mot gentil. On l'a élevé comme ça Siloë. Toujours être présentable, toujours être polie, toujours être la meilleure. Si, parfois, quand elle écoute ses amies raconter leurs déboires amoureux, leurs histoires de coucheries, de beuveries, leurs jeunesses, elle en veut à ses parents pour cette éducation brimée qu'elle a subis avec son frère, elle ne leur fait jamais la tête très longtemps. Elle sait que ses parents les ont élevé comme ça, son frère et elle pour leur bien et parce qu'ils avaient eux-mêmes connus ça. Même si Aiden a réussit à se libérer de ses chaînes, il a été la personne dont on ne devait plus prononcer le nom. Son père l'a renié, lui a coupé les vivres. Sa mère a pleuré, comme si son fils était mort. Et Siloë, elle a regardé ses parents, les larmes aux yeux. Elle voyait la détresse de sa mère, la colère de son père. Mais Aiden, c'est son frère. C'est celui qui la protège et qui la met hors d'elle. Alors même si elle a plus le droit de le voir, parce qu'Aiden c'est qu'un pauvre petit con, elle s'en fiche. Elle aime son grand frère plus que tout. C'est en partit pour cela qu'elle a décidé, son petit diplôme en poche, de venir suivre un cursus d'histoire de l'art à l'université.

Siloë, elle est un peu rêveuse, un peu bohème. Elle croit qu'elle va rencontrer l'amour de sa vie au détour d'une rue, qu'elle va le percuter et Cupidon les touchera de ses flèches. Elle croit naïvement que dans la capitale, elle trouvera son bonheur. Qu'elle trouvera le bonheur. Mais Siloë, elle a vingt ans. Une vie faite d'apparences, de fausse perfection derrière elle. Elle a jamais vécu. Elle a jamais aimé. Siloë, c'est juste une petite fleur trop fragile, une petite poupée trop belle, trop gentille, qui va se retrouver dans un lieu trop grand, trop sauvage. Et elle suivre sa propre décadence. Sa douloureuse décadence, qui se reflètera dans ses beaux yeux. Sa jeunesse qui va la marquer de son fer rouge, de son fer douloureux. Siloë, elle a toute la vie devant elle. Et la vie, c'est long.