(✰) message posté Mar 22 Déc 2015 - 23:44 par Invité
Cette fois, c'était décidé : il adopterait un cochon d'Inde. Il en avait assez d'amener ses rats chez le vétérinaire pour des problèmes toujours semblables. Leur vieillissement survenait vite et avec des désagréments dont il se serait bien passé. La petite bête réfugiée timidement entre sa main et l'abri de son coude jetait des regards prudents au reste de la salle d'attente, où l'assaillaient des odeurs contradictoires, fantômes d'animaux disparus ; Launy, de son côté, tâchait de puiser dans le spectacle des animaux présents un réconfort passager, une distraction de son devoir du jour, qui restait pénible même avec l'habitude.
A sa droite, une vieille dame bon chic bon genre portait comme lui sur ses genoux l'objet de ses affections, sorte de Corgi qui semblait presque sans pattes - et peut-être était-ce la raison de sa présence. Le vieux chien se tenait tranquille, à peine gêné par les criailleries d'un oiseau coloré, qui dressaient de loin en loin ses oreilles ébouriffées. A sa gauche donc, un homme entre deux âges, crête rouge et verte, blouson de motard aux coutures râpées, portait perché sur son poing ganté de cuir une sorte de perruche qui avait avec lui un air de famille assez frappant. Et la porte s'ouvrait pour révéler une nouvelle personne, venue s'ajouter à cette charmante petite collection, qui aurait égayé avec bonheur la maison de poupées d'une petite fille particulièrement imaginative.
Par chance, plusieurs docteurs s'étaient associés pour animer ce cabinet vétérinaire. En un instant, deux portes s'ouvrirent ; les deux voisins de Launy se levèrent, et suivirent le spécialiste capable de remettre à neuf son petit pensionnaire. Pour les personnages restants, l'attente reprit. Le décorateur d'intérieur voyait sur la table basse un magazine qui pouvait éventuellement contenir des articles intéressants. Il n'osait pas s'incliner pour le saisir, de peur de mettre en évidence son petit compagnon, et de le soumettre aux attentions hostiles d'autres animaux prédateurs. Finalement, il se décida. Comme il l'avait prévu, le rat nu partit du principe que c'était le signal de la promenade, et lui échappa souplement pour sauter sur ladite table, où il entreprit de grignoter un coin de page. L'énorme tumeur qu'il traînait ne semblait pas le gêner.
"Veux-tu venir ici," siffla Launy entre ses dents, en ramassant le petit malotru, ainsi que le magazine qui l'intéressait. "Je ne t'ai pas élevé comme ça, que je sache."
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(✰) message posté Mer 23 Déc 2015 - 20:16 par Invité
Liv, fidèle à son habitude (ou contaminée par la discipline militaire), arriva 15 minutes à l'avance. Elle était à pieds, comme toujours. Elle et Sorin avaient marché une heure avant de prendre le chemin de la clinique. La jeune femme considérait important que son chien dépense son énergie avant de rencontrer le vétérinaire, ça facilitait les choses. Pas que Sorin soit difficile ou qu'il déteste le vétérinaire, c'était seulement par principe, prenant en compte ses connaissance concernant le comportement canin. Un chien stimulé est un chien bien dans sa peau, un chien bien éduqué est un chien agréable à vivre; Sorin était les deux, la plupart du temps. Le chien le plus parfait qui soit, selon l'avis de Liv, évidemment! Une fois près du seuil, la jeune femme se pencha sur Sorin et lui empoigna les joues gentiment... Ils avaient bien des rituels bizarres:
- Prêt mon amour? Tu vas te faire assaillir par des vet tech, ce sera pas beau, tu dois être fort! dit elle sur un ton amusé.
On pouvait voir très rapidement l'amour que le chien portait à son humaine et la complicité qu'ils avaient. Sans plus attendre, Liv poussa la porte. Elle trouva trois personnes sagement assises dans la salle d'attente. Avec un sourire, elle se dirigea vers le comptoir et y chuchota son nom. La jeune réceptionniste hocha la tête et lui demanda d'aller s'asseoir. Sorin, aussitôt entré dans la clinique, s'était animé. Il était joyeux de sentir toutes ces odeurs et voir ces animaux, spécialement la farfelue perruche, de son point de vue. C'est vrai qu'il ne lui était pas donné souvent de voir des oiseaux! Pendant que Liv s'entretenait avec la réceptionniste, monsieur So' observait la pièce avec une curiosité évidente et était aussi loin de son humaine, ou aussi près des inconnus, que sa laisse le lui permettait, mais sans tirer dessus, par principe bien appris. La dame au corgi serra son chien contre elle avec un regard méfiant devant tant d'intérêt dans les yeux perçants du border collie.
Liv se dirigea vers un siège, le troisième, le plus loin possible des autres animaux que la petite pièce le lui permettait, de sa démarche lente et calculée. Une fois assise, l'air détendue, elle lança un regard inquisiteur à chacun des trois autres clients présents, les scrutant quelques secondes avant de passer au prochain. Elle passa une fraction de seconde sur le corgi, elle ne pouvait supporter ces aberrations de l'évolution canine. Elle sourit à la fière perruche. Sorin s'était couché sagement devant sa maman, gardant, mine de rien, son regard doux sur la pièce et ses occupants. Alors que Liv ne trouvait pas d'animal avec le jeune homme au visage doux, deux vétérinaire firent irruption, emportant avec eux quatre des êtres vivants encombrant la pièce pour n'y en laisser que trois, visiblement. Liv se dit que l'inconnu devait attendre que son animal soit libéré. Juste au moment où elle pensait cela, je jeune homme se pencha vers la table, libérant involontairement un petit être plissé. Ça se voyait tout de suite, ce rat avait de la personnalité. Sorin dressa les oreilles, prit un air enjoué et se leva promptement dans une cabriole amusante. Alors là, il n'avait jamais vu un rat nu.
Liv éclata de rire, un rire clair et franc, à la fois à cause de l'apparition impromptue de la créature et à cause de l'air de Sorin. La surprise du jeune homme la fit rire encore plus. Elle était toujours très à l'aise lorsqu'elle était accompagnée de son chien, elle était donc plus encline à être démonstrative et joviale. Le jeune homme rattrapa rapidement le rat, le grondant gentiment. Elle rappela Sorin à elle pour ne pas qu'il effraie le petit animal à distance et lui fit un calin, riant encore. Elle releva les yeux sur Alaunus et son compagnon et leur sourit.