beth's bistrot great opening

« J’allais pas rater ça. » s’enquit Alexandra sur un ton d’évidence qui m’amusa et me réchauffa le cœur. Elle était venue. J’avais l’impression de la retrouver à chaque fois, comme si elle n’était qu’une apparition propre à mes songes et qu’elle était brusquement réelle et merveilleuse, ses cheveux reflétant sa force de caractère qui m’étonnait toujours, ainsi que le flux continu et doré de ses secrets brillant d’une étrange lumière. Elle était venue et le monde allait mieux d’une seconde à l’autre. Je la gratifiai d’un sourire franc avant de la mener vers les silhouettes familières qui se découpaient parmi la foule, en finissant de retirer le tablier que Lexie avait observé avec un amusement non contenu – j’étais heureux mais précipité, j’en oubliais mes bonnes manières et ma présentation soignée. « Promis, je vous laisserai vous faire votre propre opinion sur moi dès qu’il sera reparti. » J’ouvris les yeux en grand en les tournant vers elle et en mimant un air étonné, presque vexé. Je le prenais comme une trahison. On me contredisait lorsque je n’étais pas là, c’était donc ça. Je secouai la tête et brandis un index fébrile pour l’agiter vers l’assistance en niant ses propos – mensongers, évidemment. « Vous ne pouvez pas ne pas l’aimer, sinon je ne vous aime plus. » Mon ton était boudeur mais je repris bien vite mon air revanchard et euphorique pour sourire à Maks lorsqu’il me répondit, puis je jetai un coup d’œil à sa sœur et lui adressai un signe de tête amical et un regard pétillant. « Enchantée, Alexandra. Je m’appelle Elsa. On ne s’est pas encore rencontrées aujourd’hui. Je suppose, que c’est une forme de début. » Je plissai des yeux mais l’effervescence du restaurant attira mon attention. Je croisai le regard de Graham et lui fis signe que je reprenais le service dans cinq minutes, le temps de fumer une cigarette – il ne pouvait pas me la refuser, il ne comprenait que trop bien ce besoin. Je me concentrai de nouveau sur mes interlocuteurs lorsque Lexie attrapa doucement mon bras. « Je saurai m’occuper, je veux pas vous empêcher de travailler. Tous les deux. » J’affichai un grand sourire avant de répondre. « Elsa c’est LA meilleure serveuse. Tu l’aurais vue avec les cheveux roses, cette classe, ce style, on aurait dit qu’elle était née pour être une fille cool. » Je pinçai mon pouce et mon index pour souligner mon appréciation : « Elsa, c’est la qualité. » Mes paroles se perdirent en un rire amusé et sincère, puis je soupirai pour conclure : « Bon, je vais fumer et je retourne aux fourneaux. On étouffe là-dedans ! Vous voyez, je suis maigre comme un clou parce que je suis écœuré de toutes les sucreries qui existent dans ce monde. » Je m’engageai vers la porte donnant sur la cage de l’escalier de service d’un pas épique : « Qui m’aime me suive ! » Oh, mais je les aimais déjà assez tous pour combler une réciprocité, si celle-ci n’existait pas encore.