(remy) .with great hotness comes great responsibility.

(TODAY IS THE GREATEST DAY I'VE EVER KNOWN) ❖ Elle a toujours du mal à respirer, Remy. Ses poumons la font souffrir depuis l'adolescence. C'est douloureux, gênant, cette sensation d'étouffer parfois. Debout à côté de la table à boissons, elle observe ses anciens camarades de classe. Elle sourit, amusée de tous les retrouver pour une soirée. Elle ne les a pas revu depuis plusieurs mois. Mais elle n'a pas hésité à venir lorsqu'elle a reçu le carton d'invitation. Réunion des anciens élèves. Lorsqu'elle repense au lycée, Remy ne revoit que sa tentative de tricherie avec sa jumelle. Assise autour d'une table, Tracy est là aussi. Elle est sublime dans sa robe rose et sa cascade blonde qui retombe sur ses épaules. Pendant une seconde, Remy hésite à aller lui parler. Elle bouge un pied, puis revient à sa position initiale. Et quand leurs regards se croisent, il n'y a que des reproches qu'elle peut voir dans ses yeux. Parce que le fameux soir, ce soir où elles sont rentrées dans le lycée pour voler les sujets des examens, Remy est restée cacher. Cachée derrière une rangée de casiers pendant que Tracy repartait avec la police. Peinée, Remy finit par détourner le regard. Elles qui étaient si proches à une époque ne ressemblent désormais qu'à deux étrangères. Elles étaient toujours l'une avec l'autre et fonctionnaient ainsi. Inséparables au point que leur mère complètement délurée les avaient inscrites pour tourner dans des séries qui ont vite été oubliées. Pourtant, quand Remy se retourne, il y a un sourire qui nait sur ses lèvres. Annie, sa meilleure amie, arrive à ses côtés. « Ne boude pas. » Annie secoue la tête. « Je boude pas. » Bien sûr qu'elle fait la gueule, Remy n'a pas attendu pour venir ici alors qu'elles devaient y aller ensemble. D'un geste sa main glisse dans celle de son amie alors que son autre main se pose sur sa hanche. « Viens, on va danser. » (WITH GREAT HOTNESS COMES GREAT RESPONSABILITY) ❖ Sa mère porte une longue robe rouge griffée Eli Saab. Une robe qu'elle n'aurait jamais pu se payer en temps normal. Ancienne miss à la retraite et son mari, simple infirmier, leurs faibles revenus ne permettent pas un tel achat. Son billet d'avion est le seul excès qu'elle s'est permise ce mois-ci. Elle tient à assister au premier concours de Remy en Angleterre. Rien d'officiel, elle n'a plus l'âge d'y participer, elle est présente uniquement pour ouvrir le concours. Alors, lorsque les organisateurs l'ont su, qu'une ancienne candidate de Miss Royaume-Uni (sous-entendu, la mère de Remy) viendrait, c'est tout naturellement qu'ils ont offert une robe à leur ancienne dauphine chérie. Assise sur le podium où elle va défiler dans une heure, Remy boude. Elle cherche Annie. Et comme elle n'est toujours pas arrivée, elle boude. Un classique de Remy Baldwin. A attendre sa meilleure amie trop longtemps, c'est elle qui va finir par être en retard. Sa mère le lui fait remarquer mais Remy n'écoute pas. Elle fixe son téléphone, hésite pendant une seconde à lui envoyer un message pour savoir si elle compte venir. Mais Remy, elle n'a pas envie que Annie pense qu'elle la réclame. Même pour ça, Remy Baldwin à sa fierté. « Je vais filmer le défilé, tu sais. Annie pourra toujours le voir plus tard si elle ne vient pas. » Et sa mère s'assoit à côté, passe un bras réconfortant autour des épaules de sa fille. Elle a toujours adoré Annie, sa mère. Et elle n'hésite jamais à ressortir les albums photos pour raconter toutes les conneries qu'elles ont pu faire ensemble. Alors Remy, elle lève les yeux au ciel, repousse le bras de sa mère et se lève. Elle n'a pas envie qu'Annie la regarde à travers un écran et voit le défilé plus tard. Elle veut qu'elle soit là, maintenant. Pendant une minute, la blonde se demande ce qui peut être plus important qu'elle, ce qui pourrait la pousser à l'oublier et à rater son concours. La réponse sonne comme une évidence : absolument rien. Elle l'imagine facilement au lit avec un homme. Oui, elle est sûrement en train de batifoler dans les bras d'un inconnu. Et ça suffit à rendre Remy furieuse. Pas une nouveauté, elle est toujours jalouse des conquêtes de sa meilleure amie. « Va te préparer. Laisse-lui le temps d'arriver, peut-être qu'elle s'est perdue. » Elle croise les bras sous sa poitrine et continue de faire les cents pas. D'habitude, c'est Remy qui se perd. Son sens de l'orientation est catastrophique et Londres est trop grand pour elle. Même après quatre années sur les terres anglaises, elle réussit à se perdre. Les plages immenses et rassurantes de l'Australie lui manquent bien trop souvent. Mais si elle est venue à Londres, c'est pour cette proposition d'emploi pour les mini-miss alors, il n'y a aucun regret. Elle baisse le regard vers sa tenue d'infirmière et hoche la tête. Si elle veut pouvoir participer, elle n'a pas le choix. Une urgence à l'hôpital l'a obligé à passer dans la matinée. Raison pour laquelle elle porte encore sa blouse et n'est pas encore prête. Jamais elle n'aurait penser se plaire à travailler comme infirmière. Avec son diplôme ridicule en poche, elle a appris à devenir une excellente infirmière durant son stage. Et elle est fière, comme toujours. Ce n'est qu'une solution de secours pour payer son loyer trop cher. Mais elle a fini par apprécier sa place à l'hôpital. Sa maladie l'a peut-être empêché de devenir pompier, mais pas de sauver des vies. (...) Dans les coulisses, on s'attèle à l'aider. Et après de longues minutes à être coiffée et maquillée par les mains d'un professionnel, Remy rejoint sa mère. Elle a toujours un sourire joyeux et un mot gentil pour tout le monde. Remy, elle aurait aimé que sa jumelle soit là. Pourtant, ça fait un moment qu'elles ne se sont pas vues. Mais peu importe, elle se surprend, parfois, à vouloir la revoir. « Où est Annie ? » Seule exigence de Remy alors, que Annie soit là, avec elle. Elles ont toujours été là l'une pour l'autre. Sa mère secoue la tête tristement et Remy comprend. Elle n'est pas là. Idiote, pense-t-elle alors qu'elle remonte son costume pour mieux cacher sa poitrine. « Tu n'oublies pas, tu... » ; « J'allume le bâton au moment du refrain, je sais. » Elles se sourient et Remy jette un coup d'œil dans son dos. On lui fait signe qu'elle passe dans moins d'une minute. Ce n'est qu'un concours de beauté, rien d'incroyable. Elle est là uniquement pour l'ouverture, pour soutenir les candidates. Mais pour Remy, ça compte. Ces concours, c'est toute sa vie. Depuis l'enfance elle défile avec ses robes à paillettes pour gagner les prix. C'est sa mère qui lui a donné ce goût prononcé pour les concours de miss. Son plus beau prix reste son titre de Miss Australie, reçu deux mois avant son départ. Elle a pris son écharpe de gagnante aujourd'hui. Pour lui porter bonheur qu'elle dit. « T'es la meilleure. » que souffle sa mère avant de déposer un baiser sur sa joue. « Dis-le. » Et Remy, elle répète : « Je suis la meilleure. » Pas besoin que sa mère le lui dise, Remy, elle le sait. C'est elle la plus douée. Et elle rigole. D'un pas déterminé, elle s'avance jusqu'aux escaliers qui conduisent à la scène. Épreuve artistique aujourd'hui pour les candidates. Elle a décidé de faire la majorette pour donner l'exemple. C'est une danse qu'elle fait depuis l'enfance, mais elle a décidé de rajouter de nouveaux pas en grandissant. Annie se moque toujours de cette danse. Elle voudrait qu'elle soit là, pour qu'elle se moque avec elle des candidates. Mais non, elle est toujours absente. Rapidement Remy grimpe sur la scène et après de longues secondes d'attente, la musique démarre enfin. Remy, elle tourne, virevolte au rythme de la chanson. Elle connait chaque pas, chaque figure, chaque mouvement, elle a répété la chorégraphie des centaines de fois. Et lorsque les premières notes du refrain résonnent dans l'immense salle de spectacle, Remy fait une pirouette et allume son bâton de majorette. Son souffle se fait saccadé mais elle tient. Le bâton s'enflamme aux extrémités, Remy sourit. Elle est fière d'elle comme toujours. Et sentir les regards braqués sur elle, ça confirme qu'elle est douée. Son numéro se termine et Remy, elle tourne une dernière fois, les flammes disparaissent et elle salue le public ainsi que le jury. Ça regonfle son égo tous ces applaudissements. Elle en a besoin, Remy. Dans les escaliers, elle trottine pour rejoindre sa mère. Mais ce n'est pas elle qui l'attend contre la porte. Non, il y a une grande brune avec un portable dans la main et des lunettes de soleil sur le nez qui l'attend. Annie, sa meilleure amie. Remy s'avance, lève les yeux au ciel et sourit. « J'ai été parfaite, comme toujours. » qu'elle dit simplement lorsqu'elle arrive à ses côtés. « Tu restes trop vieille pour être à nouveau élue en tout cas. » Idiote.