you, me and nobody else (remy).

Remy Baldwin & Linaëlle Bradshaw.

you, me and nobody else.

Cela doit bien faire au moins dix minutes que je suis plantée devant mon tableau à le regarder. J'ai l'impression qu'il manque quelque-chose, mais je n'arrive pas à trouver ce que c'est. Et comme je ne veux pas faire n'importe quoi, je préfère prendre mon temps. Ce tableau est important, c'est un cadeau. Un cadeau de mariage pour mes parents. Je ne sais pas s'ils l'ouvriront quand ils sauront que cela vient de moi, mais je ne peux pas, ne rien faire. Pourtant, je devrais arrêter d'essayer d'être celle qui fera le premier pas vers eux, mais je ne peux pas. Ce sont mes parents et malgré tout, ils me manquent. Notre dispute est stupide, mais je sais qu'ils sont têtus et qu'ils n'admettront pas aussi facilement qu'ils ont eu tord. Pourtant, les tords viennent bien de leur côté et non du mien. Je ne vais pas m'excuser d'être tombée amoureuse et d'être heureuse. Ils devraient être ravis pour moi, mais non. À la place de cela, ils préfèrent ne plus me parler et faire comme si je n'existais plus. Et malheureusement, ni ma soeur, ni ma tante n'ont réussi à les faire changer d'avis jusque là. Je ne sais pas pourquoi je m'obstine. Pourquoi je suis en train de faire ce tableau qui représente leur amour. Mais je veux le terminer, je veux pouvoir leur donner et leur montrer que malgré tout je pense à eux. Nous allons bientôt être Noël et cela sera la première fois de ma vie, que je ne le passerais pas avec eux. Oh je ne serais pas seule, heureusement, mais malgré tout, cela ne sera pas pareil.
Le temps passe et je suis toujours là, plante devant mon tableau à chercher ce je ne sais quoi qui ne va pas. Remy ne va pas tarder d'arriver et moi je suis toujours plantée là. Il n'est pas terminé, il ne peut pas l'être, puisque je sens que quelque-chose manque, mais impossible de savoir quoi. Je pousse un soupir d'exaspération et pose mon pinceau. Je sais que si je reste devant, je vais finir par ne plus rien voir et cela sera encore pire. Le mieux est encore de le laisser comme cela pour le moment et d'y revenir plus tard. Peut-être que Remy pourra m'aider, même si je n'aime pas tellement montrer mes tableaux quand ils ne sont pas terminés. La seule pour qui cela ne me dérange pas, c'est ma sœur. Un dernier coup d'oeil qui ne m'aide pas plus et je quitte la pièce, en prenant soin de fermer la porte. Je ne suis pas chez moi et malheureusement nous devons partager le seul bureau de l'appartement. Pour le moment, étant seule, cela n'est pas bien grave, mais ce soir lorsque mon copain va rentrer du travail, cela posera plus de problèmes. Surtout si je n'ai pas trouvé ce qui cloche dans mon tableau. En allant dans la salle de bain, je me rends compte que j'ai bien fait. J'ai de la peinture sur la joue, sans parler de mon tee-shirt. J'ai l'habitude, alors cela ne me dérange pas, mais je dois accueillir ma meilleure amie d'ici cinq minutes et je n'ai pas tellement envie de la recevoir dans cet état. J'entreprends donc d'enlever la peinture sur mon visage, avant d'aller changer de tee-shirt. Je passe un débardeur et arrange ma coiffure avant de me diriger dans la cuisine.

Je suis loin d'être une parfaite hôtesse et encore moins une grande cuisinière. Il faut dire que chez moi, c'est ma mère qui s'occupait toujours de cela et je n'ai jamais été intéressée de regarder comment elle faisait. Heureusement pour moi, je cohabite avec un homme qui sait faire la cuisine et s'occuper de son appartement tout seul. Encore une chose, qui me fait bien sentir que je ne suis pas chez moi. Ce ne sont que des détails, mais en attendant, j'ai toujours cette impression de le déranger. J'ai à peine le temps de sortir ce qui m'intéresse que j'entends frapper à la porte. Je pose immédiatement ce que j'ai dans la main, pour aller ouvrir la porte. Je ne vérifie même pas avant d'ouvrir, ce qu'il me reproche toujours, mais je trouve Remy sur le pas de lea porte. Comme quoi vérifier était bien inutile. « Salut ! » Je la prends dans les bras rapidement, avant de lui prendre la main pour la faire entrer. Je peux être très tactile avec les personnes qui me sont proches. Remy n'est jamais venu ici. Non, que je n'avais pas envie de lui montrer où j'habite désormais, mais plutôt parce que je n'osais pas inviter du monde. Et ceux même s'il m'a répété un bon nombre de fois, que cela ne le dérange pas. Toujours cette impression de gêner. « T'as trouvé facilement ? Donne-moi ton manteau. » Je ne sais que je ne lui laisse pas le temps, mais je suis comme cela. Montée sur ressort parfois.

Codes par Wild Hunger.

Remy Baldwin & Linaëlle Bradshaw.

you, me and nobody else.

Remy est la première personne, en dehors de ma soeur, à venir me rendre visite depuis que j'ai emménage ici. Il m'a fallu du temps, avant d'oser lui demander de venir, mais maintenant qu'elle est là, je suis toute excitée. Forcément, j'ai envie que ma meilleure amie, voit l'appartement et l'endroit où je vis désormais, même si cela reste provisoire. Du moins, c'est ce que je ne cesse de me répéter. Que je ne veux pas m'imposer trop longtemps, mais jusqu'ici il n'y a pas de changement. Je ne sais pas de toute façon, s'il le prendrait bien, si je venais à lui dire que je me suis trouvée mon propre appartement ou que je vais en colocation avec une autre personne. Nous n'avons pas encore discuté et en vérité, je n'ose pas le faire. Je n'ai pas envie qu'il soit vexé ou quoique ce soit de ce genre. Ce n'est pas que je n'aime pas vivre avec lui, mais je ne me sens pas du tout chez moi. Ce qui est logique, puisqu'en réalité c'est chez lui et moi je suis seulement venue, parce qu'il n'y avait pas d'autres solutions. Et puis, vivre à moitié avec sa fille, qui me déteste presque, cela n'est pas vraiment le mieux. Sans parler du fait, que nous n'étions pas ensemble depuis si longtemps que cela, avant que je ne débarque ici. J'ai cette sensation de n'être qu'une invitée, voilà pourquoi je pense que le mieux, serait que chacun est son appartement pour le moment. Mais, pour l'instant Remy vient de rentrer à l'intérieur et je me retiens de ne pas lui faire visiter tout, tout de suite.
Je la débarrasse de son manteau, tout en entendant sa réponse. « Trois fois, seulement ? Ça aurait pu être pire. » Bien sûr, je ne peux m'empêcher de la taquiner, sur sa réponse. Je sais que trouver le bon endroit, lorsque l'on se rend quelque part pour la première fois, n'est pas une chose évidente. Je range son manteau, afin qu'il ne traîne pas, avant de le rejoindre là où je l'ai laissé, quelques secondes plutôt. Je m'apprête à lui répondre, concernant l'invitation du bal, mais une pizza vient se mettre entre ma réponse. La pizza passe d'abord. « C'est comme ça, qu'on reconnaît les vraies amies. Celles qui pensent à me nourrir. » Comme tous mes proches le savent, je suis très loin d'être un cordon bleu, je suis même capable de rater des pâtes, c'est pour dire à quel point mon niveau est bas. L'avantage c'est que Charlie lui, cuisine à la perfection, ce qui m'arrange bien. Même si forcément, c'est moins pratique quand il reste tard. J'essaie de faire des progrès, mais c'est loin d'être gagné. J'invite Remy à me suivre dans la cuisine, pour poser la pizza un instant et prendre deux, trois choses. « Comme tu peux t'en douter, ceci n'est pas ma pièce favorite. » Je ne passe que très peu de temps dans la cuisine, sauf si l'on me fait à manger et encore, il nous arrive le plus souvent de manger dans son immense salon, qui fait aussi office de salle à manger, il y a plus de place. Je prends des serviettes en papiers, des verres et de quoi boire, avant d'emmener ma meilleure amie dans le salon. Nous serons mieux pour discuter, que dans la cuisine qui semble me juger, vu mes piètres compétences.

Une fois installée, je prends une part de pizza, il faut bien manger pendant que c'est encore chaud. « Je te ferais la visite complète après, mais j'étais en train de mourir de faim, alors tu tombes vraiment bien. » Bon, ce n'est pas totalement vrai, mais rien que l'odeur de pizza a réveillé mon appétit. « Sinon, concernant ce bal il a reçu une invitation, mais je ne pense pas qu'on va y aller. Je doute être très à l'aise. » Oui, danser devant des inconnus, rien que d'y penser, j'ai envie de m'enfuir. Je suis très loin d'être à l'aise en public et je pense qu'il y aura pas mal de monde à ce bal. « Tu vas y aller ? » Sous-entendu, avec qui, si la réponse est oui. Je peux toujours vivre le bal par procuration à travers elle, je suis très douée pour ce genre de choses. J'ai passé mon adolescence à vivre à travers ma soeur, alors. Mais maintenant, cela ne me dérange pas vraiment de ne pas aller à ce bal, je sais que je ne serais pas à ma place de toute façon. Il est donc préférable de fêter le réveillon du premier janvier rien que tous les deux, même si je sens qu'avec ma chance, sa fille sera aussi de la partie. « Maintenant que tu as un aperçu de l'immense appartement où je vis et avant que je ne te montre le reste, concentrons-nous sur ta personne. » D'accord, elle vient ici pour la première fois, mais elle doit bien aussi avoir des choses à raconter.

Codes par Wild Hunger.

Remy Baldwin & Linaëlle Bradshaw.

you, me and nobody else.

Maintenant que Remy est ici, je me demande un vague instant pourquoi je n'ai pas osé l'inviter plus tôt. Je suis heureuse d'avoir ma meilleure amie dans l'appartement de Charlie, qu'elle puisse enfin voir où j'habite pour le moment. Je ne sais pas encore combien de temps cela va durer, mais au moins, elle aura pu voir l'appartement. « Mais non, personne ne peut te détester. » Il m'arrive aussi de me perdre, alors que je suis anglaise pure souche, alors pour elle qui n'est pas née ici, ça doit être encore plus compliqué. De toute façon, le principal c'est qu'elle soit désormais ici et accompagné d'une pizza c'est encore mieux. « Je crois qu'il faudrait faire un rappel de cette règle, parce que jusqu'ici hormis ma sœur, personne n’emmène à manger. Je crois qu'ils ne savent pas à quel point je suis catastrophe. » Je suis totalement capable de rater des pâtes, c'est pour dire à quel point mon niveau est bas. Heureusement pour moi, Charlie cuisine comme un chef, je ne risque donc pas de mourir de faim pour le moment. Une fois dans la cuisine, je donne ce qui pourrait nous être utiles, avant de la faire venir dans le salon. C'est beaucoup plus simple de s'installer ici. Plus de place et moins de chichis que dans cette cuisine, qui ne semble pas m'apprécier.
Une part de pizza à la main, je reviens sur le bal. Il est sûr à quatre-vingt -dix neuf pour cent que je n'irais pas, mais je ne sais pas pour Remy. « Tu devrais y aller, comme ça, tu pourras tout me raconter après. » C'est une très bonne alternative, tout savoir, sans avoir besoin d'aller danser. Non, vraiment, je peux essayer de faire des efforts, mais là, c'est beaucoup trop m'en demander. Mettre une jolie robe, sortir avec Charlie, ce sont des choses qui ne me dérangent absolument pas, mais alors la partie danse devant tout le monde... Sans oublier, qu'il y aura plein de monde justement et ça, c'est au-dessus de mes forces. Je ne supporte pas, d'être entourée de monde, j'ai l'impression que tout le monde me regarde. Et si quelqu'un rigole, je pense automatiquement que c'est à cause de moi. Non, le bal n'est absolument pas une bonne idée pour moi. C'est peut-être pour cela, que Charlie ne m'en a pas parlé. De toute façon, cela ne change rien, ma réponse aurait été non, alors. « Si tu veux me voir apeuré dans un coin, c'est une excellente idée. » Je n'exagère même pas, c'est cela qui est le plus triste. Je termine mon bout de pizza, avant de boire mon verre d'un coup. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais assoiffée de la sorte. J'essaie ensuite, d'éloigner le sujet du bal, pour parler de Remy et sa réaction est celle que j'attendais. Elle me fait sourire et je me cale un peu plus dans le canapé, pour l'entendre me raconter sa super vie.

Manque de chance, la voilà qui repars sur le bal. Je suis déjà mortifiée à la pensée de moi devant des gens, alors le vivre en vrai, ce n'est pas possible. Elle met pourtant le paquet en me prenant la main, pour essayer de me faire changer d'avis. C'est pour cela que je l'aime, elle essaie toujours de me faire sortir et bouger, plus que je ne le ferrai toute seule. Mais cette fois-ci, c'est peine perdue. « Tu sais aussi bien que moi, que ça ne marchera pas. Trop de monde, je ne pourrais pas. » Rien que d'en parler, je suis légèrement paniquée et ma voix se fait plus faible. Je ne pourrais pas, je ne peux pas. Je lui adresse un sourire et une moue désolés. « Il vaut mieux que tu y ailles sans moi. Au moins, tu n'auras pas à t'occuper de moi. » Je n'ai pas en plus envie de gâcher sa soirée, parce que je ne pourrais rien faire. Il vaut mieux que je reste ici pour le trente et un décembre et qu'elle aille s'amuser au bal avec Naël. Après quoi, je reprends une part de pizza, dans laquelle je mords sans ménagement. Je n'ai pas tellement mangé à midi, mettant retrouvé seule. C'est pour cela, que l'on a inventé les gâteaux et autre nourriture toutes prêtes, pour les gens comme moi.
J'en suis à la moitié de ma part, quand elle me parle d'être médecin. « Pourquoitupourraispas ? » Je me rends compte, que la bouche pleine, elle n'a pas dû comprendre grand-chose. Je me dépêche de terminer avant de reprendre, « Pourquoi tu pourrais pas ? » Je trouve cela chouette comme idée moi. C'est une excellente infirmière et je suis convaincue, qu'elle pourrait faire bien plus si elle le voulait. « La question, c'est est-ce que tu en as envie ? » Peut importe sa réponse, je n'ai aucun doute sur le fait, qu'elle serait un formidable médecin, mais je ne sais pas si elle le veut. Elle ne m'en a jamais parlé. « De toute façon, je suis convaincue que tu pourrais faire ce que tu veux. » Enfin, presque. Je sais très bien qu'avec sa maladie, elle ne peut pas tout faire non plus. Et c'est tant mieux, je n'ai pas envie qu'il lui arrive quelque-chose, parce qu'elle aurait trop forcée ou autre, j'ai encore besoin d'elle. « C'est marrant, parce que moi je songe à arrêter la fac. » Elle est la première personne, à qui j'en parle. Personne n'est au courant, même si cela ne doit pas être une énorme surprise, puisque je passe plus de temps à peindre ou dessiner que d'aller en cour. J'ai toujours voulu vivre de ma passion et ce n'est clairement pas la littérature. Avant qu'elle ne puisse me questionner, j'enfourne le reste de ma part dans ma bouche, espérant gagner du temps.

Codes par Wild Hunger.