beth's bistrot great opening

Spoiler:

Je m’arrêtai un instant devant l’enseigne brillante du restaurant. Les lumières colorées s’évanouissaient entre les ombres dansantes de la rue mais je ne parvenais plus à bouger. Mon esprit vagabondait vers des contrées lointaines et insaisissables. Les souvenirs chancelaient autour de ma mémoire avant de se transformer en poussière. Je pouvais entendre le vrombissement des chars de guerre et le crissement des chenilles sur le sable. L’ennemi était toujours là - quelque part. Je suffoquais dans le tissu de mon costume bourgeois. Mes cheveux se collaient à mes tempes dans une coiffure bien soignée que je n’acceptais pas. J’étais un zombie piégé à l’aube d’une éternité de solitude. Je ne savais plus me comporter en communauté. Je ne savais plus apprécier les saveurs de la nourriture et l’allégresse d’une soirée en bonne compagne. Je fronçai les sourcils en crispant ma main sur la hanche d’Olivia. Son corps flottait contre ma poitrine mais notre mariage volait en éclats à chaque fois que je tentais d’en recoller les morceaux. Je ressentais la chaleur de sa peau à travers les plis de sa longue robe. Elle était certainement trop élégante pour les autres. Je maintins une expression rigide en me penchant vers son oreille. « Tu vas avoir froid. » Soufflai-je dans ma barbe d’un air bourru. Je la guidai vers l’entrée de l’établissement d’un pas lent. L’ambiance était agréable à l’intérieur mais je redoutais les regards aguicheurs qui pouvaient glisser sur les courbes de ma femme. Sa bienveillance était presque contagieuse, elle filtrait à travers sa démarche gracieuse et ses manières éloquentes. J’avais l’impression d’être un gentilhomme à ses côtes. Olivia me berçait de douces illusions mais il suffisait que je rencontre le reflet de mon visage à la surface d’une coupe de champagne ou sur le rebord d’une vitre pour que la réalité me heurte de plein fouet. Je ne faisais pas partie de ce monde. J’étais un tueur. Je soupirai en m’avançant vers les propriétaires des lieux. Peter Montgomry se tenait devant la porte en arborant un sourire accueillant. Je hochai la tête dans sa direction. Il m’avait presque redonné goût à la vie. Je mangeais à sa table. Je rassasiais mon estomac resté affamé pendant de nombreuses années dans un cachot sombre et humide d’Afghanistan. « Bonsoir.» Commençai-je sur un ton neutre. « Félicitations pour l’ouverture de votre bistrot. Beth, c’est un joli nom. » Je relâchai la pression autour du bras d’Olivia fin de me décaler. «Ma femme. Olivia … Von Ziegler …» Ces mots sonnaient creux au bout de ma langue. Elle avait décidé de reprendre son nom de jeune fille et je n’avais jamais exprimé le désir ou le besoin que les choses soient différentes entre nous. Néanmoins, ce soir, je me refusais de la voir autrement. Probablement, parce qu’il y avait une certaine naïveté dans mes déclarations. J’esquissai un faible sourire. «Je vous ai déjà présentés. » Je pinçai les lèvres. «Où est Graham ? » Je haussai les épaules en observant la salle. Il y avait déjà quelques invités. Je me tendis en remarquant l’agitation tout autour du buffet. Je n’aimais pas les assemblées bruyantes. J’espérais trouver du réconfort dans la présence d’Olivia mais nous n’étions plus le couple modèle du lycée. Ici, nous étions deux étrangers qui s’étaient un jour aimé. Deux étrangers qui courraient après les ombres d’une passion qui ne s’éteignait jamais.

« Mais non, ne t’inquiète pas, je n’ai pas froid, »  répondis-je à mon mari avec un sourire aux lèvres lorsqu’il s’inquiéta de mon état. Nous étions à l’heure, attendant patiemment que les portes de la brasserie de Peter Montgomery et Graham Sachs ne s’ouvrent au public pour la première fois. Je gardais un souvenir amer de ma dernière rencontre avec ce premier ; j’avais eu certaines réticences à accompagner Isaac pour ne pas infliger à Peter une image de mon couple lors d’une soirée si importante pour lui, mais, face à l’insistance de mon mari, je n’avais pas pu me défiler.
Finalement, nous fûmes invités à l’intérieur. Le bras d’Isaac autour de mes hanches me guida jusqu’à Peter et, pendant ce temps-là, mon regard se perdit sur la décoration de la brasserie. « Bonsoir. Félicitations pour l’ouverture de votre bistrot. Beth, c’est un joli nom, » adressa mon mari au propriétaire. J’esquissai un sourire dans la direction de Peter pour témoigner que j’approuvais ses mots. « Ma femme. Olivia… Von Ziegler… » reprit-il en insistant sur le nom de famille. Je serrai les dents, sans le reprendre. « Je vous ai déjà présentés. » J’hochai la tête. Il ne savait pas, non. Il ne savait pas que j’avais connu Peter bien avant qu’il ne nous présente. Il ne savait pas ce que j’avais bien pu ressentir pour lui à un moment donné, avant de prendre peur. « Oui, je me souviens, »  dis-je avec tout le naturel du monde. « L’endroit est magnifique. C’est un très bel hommage à ta… Votre fille. »  Je savais qu’il avait rêvé de son restaurant, que c’était un rêve qui se réalisait. Isaac s’enquit à propos du co-propriétaire mais j’étais déjà en train de continuer d’observer les lieux ; je notai les présentoirs élégants, l’ambiance aux connotations parisiennes. J’étais heureuse, oui. Heureuse pour lui. Heureuse qu’il continue, qu'il avance, peu importe ce qui lui arrivait.

Ina échangeait quelques mots avec Maksim alors qu’ils approchaient finalement de la brasserie en pleine inauguration. Comme toujours c’était son frère qui faisait la plus grande partie de la conversation, mais ils avaient toujours fonctionné de cette manière, alors pourquoi changer ? Dans sa main gauche recouverte d’un gant noir, Ina tenait fermement sa caméra de vlog. L’inauguration du Beth’s Bistrot auquel Graham l’avait invité été une animation parfaite pour son vlogmas du jour, et puis ainsi, elle allait faire un peu de pub à ce projet qui tenait tellement à cœur à l’homme. En fait elle ne savait même pas si elle pouvait qualifier Graham d’ami, mais bon, Ina n’était pas du genre à se pencher sur le problème métaphysique des relations qu’elle pouvait entretenir. La fratrie n’eut heureusement pas à attendre longtemps avant que les portes ne s’ouvrent, et ils s’engouffrèrent docilement dans la brasserie, les yeux d’Ina balayant immédiatement le décor. C’était joli. Pas vraiment son style, mais objectivement, c’était joli. On ressentait immédiatement une atmosphère agréable, et Ina sut immédiatement que cette brasserie allait devenir un de ses endroits préférés. Hors de question de le dire, évidemment. « C’est pas mal. » Elle glissa ses mots à son frère, même si elle n’en pensait pas moins bien évidemment. Elle fit remonter sa caméra jusqu’à elle et l’activa, la tournant dans sa direction. « Voilà, on est à la brasserie. Maks, dis bonjour tu veux ? » Elle tourna un bref instant la caméra vers lui, avant de commencer à s’éloigner sans même le prévenir, parlant tranquillement à sa caméra pour commenter tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres en voyant Graham au loin, et elle s’avança à grands pas vers lui, éteignant sa caméra. « Salut ! Alors content de toi ? Tu trouves qu’il y a assez de monde ? » Elle devrait sûrement le féliciter pour sa réussite, mais Ina n’était pas trop du genre à balancer les compliments de cette façon, elle finirait bien par faire passer le message autrement. « Je te préviens, j’ai vloggué l’ouverture, du coup je considère de te demander de l’argent pour la pub que je te fais. »

Mes yeux brillaient à la surface luisante du miroir, où la forme et le reflet de ma silhouette se jaugeaient d'un air anxieux. Je n'étais plus cette fille là. Les nuances bleues et noires de mon uniforme contrastaient avec les éclats ternes de mon expression lointaine. Je me sentais différente, aujourd'hui. Parce que j'étais un imposteur pour les personnes que j'aimais le plus. Parce que je mentais sans cesse afin de cacher ma fragilité. Je fis la moue en rajustant ma frange d'un geste fébrile. Mon bras était engourdi sous ma prise mais je m'appliquais afin de maintenir un certain équilibre entre les signes de la maladie et l'espoir d'être guérie. Peter était ici, dehors. Je ne pouvais pas le décevoir. Le regard sincère qu'il posait sur moi me retenait dans l'illusion d'un bonheur éphémère. Je voulais encore rester à ses côtés et étreindre le corps innocent de sa petite fille. Je voulais faire partie de cette routine ennuyeuse et oublier la crainte du Parkinson avec Beth. Je déglutis en secouant les épaules. « Même avant l'apparition du string on avait deux fesses ! Je peux y arriver. Les fesses c'est le plus important ! » Marmonnai-je en plissant précautionneusement le bas de ma jupe. Le badge épinglé sur ma poitrine indiquait mon prénom en dessinant des lettres grossières sur le fond neutre de l'étiquette. Je n'aimais pas cette écriture. Elle ne répondait pas aux tracés de la calligraphie occidentale que j'avais étudié durant des années. Je souris tristement. Tant pis, si je devais abandonner toutes ces valeurs qui me tenait à cœur. Tant pis, si je n'étais qu'une simple serveuse dans le restaurant de Graham Sachs.  Au fond de moi, j'étais toujours heureuse. Je voyais la vie à travers un rayon de soleil. Je serrais le nœud autour de ma ceinture avant de rejoindre la grande salle. Je pris un plateau afin flâner entre les invités, souriant, ondulant et tendant des boissons rafraîchissantes. Je jetai un regard au coin à Graham. Il se trouvait à l'autre bout de la pièce. Il n'avait pas remarqué ma présence mais il semblait si fier de cet endroit. Je pus m'empêcher de ressentir une certaine affection pour lui. Il avait réalisé son rêve et j'en faisais partie d'une façon tordue et complètement inattendue. Je haussai les épaules avec insouciance. Il y avait une certaine beauté dans le chaos de notre relation. Je voulais la voir qu'importe le prix. J'aperçus Ina et Maksim dans l'assemblée. Enfin, des visages familiers. Je me dirigeai vers eux à pas pressés, en oubliant de servir le reste des personnes conviées à l'ouverture du BB. « Maksi, tu es là ! Tiens un diabolo menthe. » M'exclamai-je en l'invitant à se servir. Je pris une coupe de champagne à mon tour et m'adossai au mur avec nonchalance. « Punaise, on voit pas assez mes jambes ça me déprime. » Soufflai-je en vidant mon verre d'une traite. « Tu es canon ce soir. » Fis-je remarquer en lui adressant toute mon attention. Je le pensais réellement. Il dégageait une aura charmante et insaisissable. Parce que Maksim était aussi fragile et abandonné que je pouvais l'être.
 

Pour tout dire Aksel était stressé. Ses mains se tordaient nerveusement entre elles alors qu’il écoutait les dernières instructions de son nouveau patron, peu avant que les portes de la brasserie ne s’ouvrent sur les invités spécialement conviés pour l’occasion. Il savait ce qu’il avait à faire évidemment, on le lui avait déjà expliqué et Aksel comprenait vite. Mais malgré tout, il avait peur de faire une boulette, de ruiner le moment de Graham et Peter et il s’en voudrait énormément si cela en venait à être le cas. Alors pour se donner du courage, il offrit un sourire à sa demi-sœur, se disant qu’il n’était définitivement pas seul dans cette nouvelle aventure. Il se mit alors soudainement à penser à Sage, et immédiatement un air ravi prit place sur son visage, parfaitement ce qu’il lui fallait pour accueillir les clients. A l’instar des autres serveurs, il voltigea avec un plateau en main, sourire aux lèvres et bonne humeur de mise. Il voyait ses patrons se faire immédiatement abordé pour les féliciter de leur nouveau petit bébé, et il repéra également Elsa s’arrêtant un moment pour discuter avec un jeune homme aux cheveux bouclés. Lui-même, un sourire aux lèvres, aborda la prochaine personne qui passa près de lui. « Bonsoir ! Est-ce que tout se passe bien pour le moment ? Puis-je faire quelque chose pour vous ? »

Graham passa une main sur ses yeux marqués par la nuit blanche qu’il avait été contraint de faire la veille, avant de tirer sur le col de cette chemise qui le serrait définitivement trop. Le tissu semblait étroit autour de sa cage thoracique et il peinait à respirer correctement, ses poumons se bloquant à mi-chemin avant de ne laisser échapper qu’un souffle court. Il n’était pas d’un naturel angoissé, pourtant. Au contraire, il avait souvent tendance à être cette force tranquille, à être d’un calme presque horripilant peu importe les situations.
Mais, en cet instant, il attachait beaucoup trop d’importance pour être détaché.
Il observait avec appréhension les personnes qui entraient à l’intérieur, comme s’il se préparait déjà à une possible catastrophe. Ses mains tremblaient ; il avait terriblement envie de fumer mais il était absolument hors de question qu’il ne s’échappe, ne serait-ce que pour cinq minutes. « Salut ! Alors content de toi ? Tu trouves qu’il y a assez de monde ? » Il baissa les yeux sur Ina et il lui adressa un sourire en refoulant toutes ses craintes au fin fond de son corps. Il haussa doucement les épaules en balayant la salle des yeux. « Sachant qu’on a ouvert les portes il y a cinq minutes, je dirais que… Oui, il y a assez de monde, »  répondit-il en désignant la brasserie. Au fond, il était quand même fier de lui. Et de Peter. Fier, avec toutes ses craintes. « Je te préviens, j’ai vloggué l’ouverture, du coup je considère de te demander de l’argent pour la pub que je te fais. » Il laissa échapper un rire. Il savait qu’elle était tout à fait en droit de lui dire cela, parce que, quoi qu’on en pense, il était fort probable que certains de ses abonnés viennent jeter un coup d’oeil au Beth’s Bistrot. Mais ça l’amusait qu’elle dise cela à voix haute. De manière si directe, sans que l’on sache si elle était sérieuse ou non. « Rappelle-moi, tu préfères quel mode de paiement ? »  lui répondit-il en plongeant son regard dans le sien. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, alors que son attention était attirée ailleurs.
Son regard se posa sur Maggie Cartwright, un bambin dans les bras. « C’est vraiment magnifique… Vous avez fait du bon boulot tous les deux. Vous faites une bonne équipe, on dirait, » lui dit-elle et il acquiesça avec un sourire. C’était toujours étrange, de l’avoir en face de lui. Etrange parce qu’elle savait toutes ces choses sur ce qu’il avait vécu, étrange parce qu’il en savait tout autant sur elle, également. Etrange. « Voici ma nièce, Sara. Je ne pense pas te l’avoir déjà présentée. » L’enfant agita sa main face à lui et il se pencha vers elle. « Bonjour mademoiselle, il était temps que je te rencontre. Ta tata me parle tout le temps de toi, »  dit-il avec entrain en lui faisant signe à son tour. « Je crois pas qu’on ait de petits pots au menu pour elle, mais elle est la bienvenue. Et toi aussi. Merci d’avoir fait le déplacement. »  Il esquissa un sourire en coin. C’était étrange, oui. Elle était la même personne qu’au téléphone. Pourtant, il n’avait pas encore réussi à se faire à cette idée-là.

J’observai Graham disparaître derrière la paroi de la cuisine et fronçai les sourcils. Il était stressé, il l’avait été depuis son arrivée. Je m’appuyai contre le plan de travail et soupirai. C’était le grand soir, ces fameux grands soirs durant lesquels nos vies semblaient se jouer, mais j’étais trop optimiste pour penser que l’on puisse rater. Mes yeux se posèrent sur les pièces montées que nous avions créées avec Graham et je fus tenté de les toucher du bout des doigts, mais je me retins au dernier moment alors que l’un de mes collègues s’avançait vers moi. « River, t’es encore en train de rêver. » Je me redressai immédiatement et lissai les plis de mon tablier en secouant la tête. « Mais pas du tout. » m’enquis-je avec un orgueil rieur que l’on me connaissait bien. Je refis ma queue de cheval avant de continuer de nettoyer la farine qui s’était étalée sur la table. Je viendrai avec plaisir. C’était le message d’Alexandra et je savais que j’appréhendais son arrivée sans pour autant que cela soit nécessaire. Elle devait connaître du monde, après tout, elle s’amuserait bien sans moi. Mais je voulais la voir. L’apercevoir, même, rien que ça, derrière une foule de gens, souriante lorsque l’on viendrait lui proposer un petit four, reconnaissante lorsqu’un serveur lui prendrait son manteau et lui indiquerait une table. « Si, tu rêves. » Je sursautai et tournai la tête vers cette même silhouette. Je nettoyais seulement quelques centimètres depuis une bonne minute et j’avais le regard dans le vague. « Désolé … » Je soupirai de nouveau. « J’attends quelqu’un mais je ne sais pas quand elle va arriver. » Il me regarda, une moue compréhensive sur le visage. « Si tu veux je suis de service en salle ce soir, je te dis quand elle se pointe. Dis-moi juste comment elle est. » J’ouvris la bouche et m’apprêtai à la décrire, mais je ne savais pas s’il fallait commencer par la poussière d’étoile qui se dégageait de ses cheveux ou les ombres chinoises qui rendaient ses gestes bien plus vivants que ceux des autres. A moins que ce ne soit la perle perdue de l’océan qui brillait dans ses yeux bleus, puis je finis par sortir mon portable pour lui montrer une photo d’elle, car le langage n’exprimait pas assez, il rendait tout si terne. Mon collègue hocha la tête et sortit, me laissant travailler.

Ce ne fut qu’en finissant le glaçage d’un gâteau confié par Graham que je fus harponné de nouveau. « Mais elle est arrivée ta pote en fait. Si t’as fini, tu peux passer la voir. » Je le gratifiai d’un large sourire et me précipitai hors des cuisines, passant mes mains dans mes cheveux pour les recoiffer, sans grand succès. Ma queue de cheval me démangeait, mais cela devait être dû au stress contagieux des deux chefs. Je n’avais pas invité les frères et sœurs, je n’allais pas devoir subir les moqueries de Leo – et puis, j’avais pu entrapercevoir les prix sur le menu, cela m’avait arraché un sourire amusé en pensant à eux. Je plissai des yeux en arrivant dans la grande salle et il ne me fallut que peu de temps pour la repérer parmi les invités déjà nombreux. Elle venait d’arriver et je m’avançai jusqu’à elle avec un certain soulagement. « Tu es venue ! » Je me permettais toujours de lui faire part de ma surprise sans pour autant insinuer qu’elle me devait quelque chose. Je n’étais heureux de la voir que si elle voulait venir. Je ne voulais pas entacher un quelconque plaisir. « J’ai fait des petits fours, sans me vanter ils sont magiques. » Je me tournai vers la salle et repérai Elsa. Elle devait sûrement en avoir, elle. Je pris la main de Lexie et la tirai avec moi. « Elsa ! » Je m’arrêtai en me rendant compte que Maksim était là, ses cheveux bouclés et soyeux, son air candide et ses gestes doux également. « Maks, je savais pas que tu venais ! Ça fait plaisir, tout ce monde. » Avec emphase, je présentai Lexie. « Bon tout le monde, voici Alexandra, elle est sympa. Faudra que je retourne en cuisine pour vous nourrir à un moment, donc je compte sur vous pour pas la laisser toute seule. » J’étais comme libéré d’un poids. Mes amis étaient là, rien de mal ne pouvait arriver.