"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2979874845 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357
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will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river)

Anonymous
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:01 par Invité

River Allen Kipling

London calling to the faraway towns
NOM(S) : Kipling. PRÉNOM(S) : River, Allen. ÂGE : vingt-deux ans. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 23 août 1993 à Londres. NATIONALITÉ : anglaise. STATUT CIVIL : célibataire. MÉTIER  : plongeur dans un grand restaurant, musicien en solo et batteur/pianiste dans un groupe, écrivain, poète, tente de faire publier ses textes. TRAITS DE CARACTÈRE : créatif, mélomane, joyeux, curieux, téméraire, drôle, angoissé, farceur, poète, double, ambigu, décalé, habile, mature, souriant. GROUPE : on my bicycle.



My style, my life, my name

(i) La première chose que l’on remarquera si l’envie nous vient de connaître River, c’est la tension constante qui sévit entre sa joie débordante de créativité et le basculement régulier de sa personnalité : en effet, on a détecté chez lui le syndrome dissociatif, s’apparentant d’ailleurs plus au terme allemand die Spaltung, la déchirure, la division. Le patient glisse petit à petit vers une forme particulière de schizophrénie, via différentes voies plus ou moins graves qui peuvent – ou non – se stabiliser. River est à ce jour dans un état transitoire, et ce depuis le traumatisme qui réveilla en lui les premiers symptômes. Il souffre d’une anxiété majeure, d’un manque de discernement et de troubles de la vigilance lors de ses crises qui, elles, sont irrégulières. Sa condition l’a entraîné à augmenter sa consommation de stupéfiants – principalement de l’herbe aujourd’hui, mais il ne refusait pas des drogues plus dures dans le temps, néanmoins le sevrage de son frère l’a fait prendre conscience du danger véritable, et puis, comme tout le monde, il a badé après avoir vu Requiem for a Dream. (ii) River a une sœur jumelle, Gloria, et ensemble, ils sont les benjamins d’une longue fratrie de six frères et sœurs. Depuis qu’ils sont nés, Gloria et lui se battent pour savoir lequel d’entre eux est le plus vieux : en effet, Gloria est partisane du fait qu’elle l’est car elle est sortie en dernière du ventre de sa mère, ce qui signifie qu’elle a été conçue la première. River, lui, prétend que ‘brailler le premier c’est naître le premier’, donc il n’est pas d’accord avec elle. Scientifiquement parlant, c’est Gloria qui a raison, mais ne dites rien à River, il risquerait de mal le prendre. (iii) Il possède l’oreille absolue, et contrairement à la plupart des gens qui naissent avec ce don – c’est-à-dire celui de pouvoir reconnaître une note avec justesse sans le La 440 de repère, chanter et jouer juste, deviner des intervalles subtils, entendre une différence de plusieurs commas entre deux notes et apprécier la musique à sa juste valeur – il l’a entretenu. N’ayant pas les moyens de s’acheter un piano, il a appris en autodidacte sur celui de la gare de St-Pancras, proche de Camden Town. Ce fut d’ailleurs un long calvaire, non pas parce qu’il ne parvenait pas à jouer mais parce que l’instrument était légèrement désaccordé. Lorsque l’on a l’oreille absolue, bien que cela apporte un bon nombre d’avantages, l’inconvénient reste que l’absence d’une parfaite harmonie fait saigner les tympans. Il sait également jouer des percussions, notamment de la batterie. En effet, la famille Kipling a depuis toujours reçu une éducation très portée sur la musique : leurs parents, des ex-hippies, leur accordèrent des prénoms ayant une connexion – évidente ou clairement vague – avec la musique. River vient de la chanson The River de Bruce Springsteen, qu’il a chanté à un spectacle de fin d’année lorsqu’il était en primaire. Les enfants Kipling ont monté un groupe de musique éphémère – qui n’existe que lorsqu’ils se décident à faire des concerts – appelé avec toute l’originalité du monde The Kiplings. Il y a eu conflit sur le nom car certains désiraient appeler le groupe The Siblings pour noter leur lien de parenté, mais l’argument de l’opposition (en faveur de The Kiplings) décréta que mettre le nom de famille dans le nom du groupe insistait déjà sur le lien de parenté. Le conflit se régla au shifumi et The Kiplings fut gardé. Malgré quelques réticences au début, on accepta à l’unanimité, remarquant le fait que kipling et sibling se ressemblaient phonétiquement. Ayant chacun du choisir un instrument pour faire partie intégrante du groupe, River s’est mis aux percussions et aux synthés (ces derniers avec l’aide de Gloria). Mais sa carrière musicale ne s’arrête pas là. Il est également un musicien solo dont le style varie souvent entre le rock psychédélique, la musique expérimentale et le piano classique. Il cite Connan Mockasin, Benjamin Clementine, Kevin Parker, Mac DeMarco et Gabriel Fauré comme références. Il est connu – enfin, voilà un bien grand mot – sous le nom de The Nodding Dolphin. Il ne s’explique jamais sur l’origine de ce nom de scène, mais la rumeur dit qu’il sentait le whisky coca lorsqu’il s’est présenté pour la première fois devant un public. Affaire à suivre. (iv) Plusieurs facteurs l’ont poussé à écrire. Le premier et le second sont très liés : sa mère souffre d’un Alzheimer précoce depuis plusieurs années. C’est une maladie héréditaire mais il a refusé de faire le test pour savoir s’il avait le gène ou non. Dans le doute, il s’entraîne. Il relate sa vie au fil d’un journal intime – plusieurs journaux en vérité – et il apprend des chansons par cœur, se les récite chaque jour lorsqu’il a un peu de temps. La maladie de sa mère et surtout son départ à l’hôpital lorsque l’Alzheimer est devenu critique, ont beaucoup troublé River. On suppose que cet événement serait l’origine, ou en tout cas un élément clé, de son syndrome dissociatif. Il faut savoir que ce syndrome, bien qu’il soit associé à une forme handicapante d’autisme dans la vie courante, amène le malade à avoir parfois un discours perturbant dans lequel toute logique apparente est omise, ce pourquoi on arrive même à y déceler un aspect incroyablement poétique que River a réussi à apprivoiser et à accepter. Il écrit donc des poèmes dans une société – principalement européenne, certes – où ce genre semble dépassé, obsolète, mais rêve tout de même d’une future publication. Enfin, la troisième raison est, bien évidemment, la musique, celle des mots mêlée à celle des instruments. Il est le parolier principal de The Kiplings. Sa sœur jumelle est celle qui chante, il ressent exactement les textes qui lui conviennent, qui embrassent entièrement son talent. (v) River a une obsession avec les cheveux qui lui vient probablement de sa sœur aînée, Janis. Celle-ci, atteinte d’achromatopsie – elle ne voit qu’en noir et blanc – a besoin d’extérioriser la couleur pour la voir au mieux. Elle a donc les cheveux teints, complètement bariolés, et River a suivi cette tendance – ou peut-être Janis l’a-t-elle forcé – en changeant régulièrement de couleur de cheveux ou bien tout simplement de coupe. Cela a été un véritable calvaire pour les photos d’identité et il en garde toujours une pour chaque coupe – il a un trombinoscope de lui-même, oui, chacun ses passions. (vi) River a toujours été considéré comme le joyeux luron de la bande, même après l’émergence de sa maladie. L’aînée (Lou) est responsable, le deuxième (Leo) est un dur à cuir, le troisième (Richie) est plus réservé, la quatrième (Janis) est douce et colorée, quant à Gloria, elle est à la fois ce que River est et ce qu’il n’est pas – comment décrire un jumeau sans parler de l’autre, après tout ? Il est blagueur et malin, il aime faire des farces gentilles et se tire d’affaire facilement. Il a fait croire pendant plusieurs années à ses aînés qu’il était allergique à un composant du produit vaisselle, se libérant ainsi de cette terrible tâche, mais étant d’un autre côté forcé à faire rougir sa peau pour qu’elle paraisse irritée. Lorsque le reste de la fratrie découvrit la vérité, on se chargea de ruiner sa teinture en lui faisant un shampoing de liquide vaisselle. S’il n’était pas allergique avant, il exècre à présent tout ce qui lui rappelle le produit – il aime néanmoins que son assiette soit propre. (vii) River n’a pas son bac. Ce serait exagéré de dire qu’il a tenté de l’obtenir, ou même de faire un quelconque effort durant toute sa scolarité. Il aimait certaines matières, il appréciait certains professeurs, il a eu des phases où il avait décidé de ce qu’il voulait faire lorsqu’il serait grand, mais tout cela est tombé à l’eau et il a arrêté d’aller au lycée en milieu de terminale. Il a dealé un peu pendant quelques semaines pour son frère Leo avant d’être solidaire avec son autre frère Richie qui tentait d’arrêter la drogue. Enfin, après quelques mois de galères, il a fait bonne impression à un pâtissier qui l’a embauché. Suite à l’incendie de la pâtisserie en question, River a suivi son patron dans le grand restaurant vers lequel celui-ci s’est orienté. Conscient de ne pas être à la hauteur des exigences culinaires de l’établissement, il a tout de même réussi à décrocher le poste de plongeur en cuisine, donc il n’est pas peu fier puisqu’il s’agit de son premier travail. River est un garçon responsable sur lequel on peut compter, le seul problème étant ses crises. Il peut paniquer sans le vouloir et plonger dans un état dissociatif transitoire qui construit une barrière entre lui et ses obligations. De manière générale cependant, il est un collègue agréable et travailleur. Il considère qu’on apprend mieux en faisant les choses et non en analysant leur surface à travers des chiffres et des lettres, assis derrière un bureau. Selon lui, c’est le meilleur moyen de se sensibiliser à la vie en société, vie avec laquelle il semble avoir quelques soucis, parfois. Son casier reste néanmoins vierge. (viii) A Noël 2010, l’aînée Lou a fait une grande surprise à toute la fratrie Kipling, leur offrant à chacun un vélo. River, qui avait passé dix ans de sa vie à courir pour ne pas être en retard en cours, ou bien à faire des frayeurs aux automobilistes en émergeant de nulle part sur son skateboard, fut émerveillé d’enfin pouvoir rouler vite de manière plus sûre. Il ne lâche bien évidemment pas son skateboard mais l’utilise de manière plus sportive aujourd’hui, passant un temps fou au bord de la Tamise, dans les recoins souterrains aux murs bariolés de tags. Il commence à connaître la ville par cœur : l’un de ses passe-temps favoris est de rouler le plus loin possible, prendre les rues les moins fréquentées et tenter de revenir chez lui sans prendre le métro. Il s’est parfois retrouvé dans des situations critiques à cause de cela, n’hésitant pas à se glisser dans des propriétés privées pour prendre un raccourci. (ix) River a participé à des combats de rues menés par son frère Leo. Un peu comme le Fight Club, mais sans les règles. Soyons clair sur ce point, Leo est loin d’être aussi responsable que ses frères et sœurs, il fait les choses sans penser aux conséquences. Au lycée, il est donc arrivé à River d’entrer en cours avec un œil au beurre noir, des hématomes sur sa peau, des griffures ou bien même le visage en sang car le pansement de son arcade sourcilière s’était enlevé. Il a toujours eu une justification – valable ou non. Il est important de remarquer que River est un bon menteur, non pas parce qu’il joue bien le jeu, mais parce que le personnage semble être capable d’avoir vécu tout un tas d’aventures rocambolesques. Et puis, plus rarement mais tout de même, il met cela sur le compte de son syndrome. (x) Les Kipling font des happenings musicaux. N’importe où, n’importe quand. L’un d’eux commence à jouer le rythme ou la mélodie d’un morceau et tous suivent presque automatiquement. Chez eux, ils trouvent que ça leur fait passer le temps. Dehors, ils trouvent que ça fait passer le temps des autres. Parfois ils se lancent dans des improvisations mais la tâche est difficile, même si le résultat finit par être conséquent. River a toujours admiré la façon dont Gloria réussissait à improviser les paroles-mêmes d’une chanson. C’est qu’ils baignent dans le même univers, ces deux-là.     
PSEUDO : yellow. will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Facebook-dolphin-emoticon PRÉNOM : elsa. will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 16173813 ÂGE : dix-neuf ans. PERSONNAGE : inventé, fruit d'une belle insomnie will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2637431331   AVATAR : zachary robinson. CRÉDITS : glass skin, tumblr. COMMENT ES-TU TOMBÉ(E) SUR LC ? : top-site will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2555317567 CE COMPTE EST-IL UN DOUBLE-COMPTE?: lol.



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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:01 par Invité
At the beginning

will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Screenriver

**** ≈ Je refermai le carnet en même temps que mes paupières avec une appréhension soudaine, un brusque instant de vide, comme un loup, un loup sauvage sous ma peau et un loup qui voila mon visage, une tombe. Mes mains tremblèrent, l’océan de phalanges moussa sur la table et des vagues s’écrasèrent sur le récif albâtre sculpté dans mon esprit. Je vis une lumière à travers la fenêtre, un œil blanc, sans pupille, sans iris, et je me jetai sur les rideaux pour les fermer. C’était la couleur criarde et aveuglante d’un cheval spectral, un cheval blanc, un fantôme, laissant derrière lui la trace fauve et orgueilleuse d’une rose fanée. Il sentait le souffre. Je m’assis contre le mur, contre les écailles d’un serpent de pierre et je sentis son eau sanguine à travers les tuyaux, à travers ses os. Le bâtiment vivait à travers moi. Il me tuait pour mieux s’éveiller.

≈≈≈

2000« Papa est parti, River. » Je fronçai les sourcils. Maman était là, elle m’avait pris dans ses bras, je me blottissais contre elle, comme d’habitude, mais il n’y avait plus cette même chaleur, cette même sensation de sûreté que je ressentais à chaque fois que je la voyais. Elle était là, mais elle n’était pas là. Elle me regardait, mais elle regardait ailleurs. « Où ça ? » demandai-je après quelques secondes. Papa ne pouvait pas être parti. Il était parti quelque part avec sa voiture d’occasion, et il reviendrait en se plaignant comme d’habitude de la difficulté qu’il avait pour la garer. Mais cette fois, quelque chose semblait avoir changé dans le regard de Maman, comme si l’éclat de ses cheveux et de ses yeux s’était terni brusquement. Pourtant, elle me souriait à travers le clair-obscur du petit matin. Je m’étais réveillé avant tout le monde. Gloria dormait encore, sa respiration toujours calme, non troublée par la nouvelle du départ de Papa. « Il ne me l’a pas dit. Il a voulu te dire au revoir mais tu dormais profondément, il a préféré ne pas te réveiller. » Je soupirai calmement. Je ne savais pas quoi en penser. Il existait une frontière infime entre Papa et nous. Peut-être que Lou et Leo ne ressentaient pas ce fossé, mais moi oui. Nous étions trop jeunes, nous n’avions pas appris à le connaître, et quelque part je me souvenais des moments où il avait dit qu’il partait, mais pas de ceux où il avait dit qu’il restait. Ce n’était pas la première fois en quelques mois, peut-être quelques années que cette tension apparaissait sur les pommettes de Maman. Elle semblait fatiguée et je la pris par la main avant de me lever pour sortir de la chambre. Tout le monde dormait encore. « Je serai toujours là, River. » J’acquiesçai pensivement et tirai son bras pour qu’elle me suive.

≈≈≈

2010 ≈ Le visage de Lou s’illumina en même temps que le mien lorsqu’elle ouvrit la porte de l’appartement en traînant presque vainement un vélo rutilant. Leo haussa les sourcils. Il devait probablement déjà se dire que c’était d’occasion, mais nous considérions son mépris comme une étrange preuve d’amour. On savait qu’il ne le pensait pas et qu’au fond, il se réjouissait déjà d’avoir un moyen d’échapper plus facilement à la police, en cas de besoin. Ce premier vélo fut suivi de quatre autres et chacun de nous sûmes immédiatement lequel nous appartenait dorénavant. Lou poussa un large soupir tandis que nous restions bouche bée, à l’exception de Leo qui alluma sa cigarette avec le cierge qu’il avait volé à l’église. « Joyeux Noël ! » s’exclama-t-elle entre deux souffles et nous lui répondîmes tous en chœur. J’affichai un grand sourire et nous nous levâmes pour venir la remercier dans une accolade fraternelle générale. Noël était toujours considéré comme la grande tradition familiale et nous la célébrions toujours avec entrain. C’était le moment de l’année où nous fermions les yeux sur l’argent qui nous manquait et où l’on cherchait à faire sourire les autres le plus possible, comme s’il s’était agi qu’un concours annuel de bonheur. Chacun se rassit ensuite à sa place et Leo souffla la fumée de sa cigarette avec ses gestes à la fois précieux et décalés, sortant un paquet de derrière un coussin. « Mon cadeau maintenant. C’est mieux. » présenta-t-il avec emphase et Lou leva les yeux au ciel tandis que Gloria pouffa de rire. Il le tendit à son aînée et celle-ci l’ouvrit avec précaution car le contenu semblait fragile. A l’intérieur, une bouteille sans étiquette où s’agitait un liquide cuivré. « Un grand cru de la maison. » conclut Leo en tirant sur sa cigarette, fier de lui. Il nous avait dit, ou plutôt, comme d’habitude, il avait fait courir une rumeur dans toute la ville, comme quoi il s’était lancé dans le trafic et la production illégale d’alcool. La preuve siégeait à présent sur les genoux de Lou et elle adressa un regard noir au responsable alors que celui-ci se redressait avec aisance, comme s’il ne voyait pas le problème. « C’est bon. J’en ai bu. » Elle haussa les sourcils et afficha un air dédaigneux. « Tu sais que tu vas finir en taule pour de bon, Leo ? » Il pencha la tête et lui accorda un mouvement d’épaules désinvolte. Il savait. Il s’en moquait. Le dernier paquet à être encore fermé était celui de Richie. Il nous avait envoyé un cadeau du Canada et Janis s’empressa de l’ouvrir avec ses petits doigts fins et pâles, armée de cette étrange précaution dont elle s’était dotée depuis que sa vision s’était détériorée. Elle eut un sourire en devinant de quoi il s’agissait et le brandit devant tout le monde en exclamant sa joie. Une bouteille de sirop d’érable. Et on était heureux comme tout. « Bon, River, tu te charges des pancakes demain. » Je tournai la tête vers Leo, défiant. « Bordel, t’es toujours le premier levé. » ajouta-t-il en me lançant son paquet de cigarettes et son briquet. Je passai une main dans mes cheveux, soignant ma queue de cheval. Le pire, c’était qu’il avait raison et que sa logique avait le don de me convaincre.

≈≈≈

2005 ≈ La gare m’avait toujours fasciné. Les arcades qui cernaient le hall débordaient de monde aux heures de pointe et la nuit, les voyageurs assoupis ressemblaient à des ombres fantastiques parsemées aux quatre coins de la grande salle. Je longeai les briques pourpres et restai en retrait pour observer les vagabonds. Un jour nouveau se levait sur Londres et j’étais déjà debout à faire glisser mes prunelles encore enfantines partout. Je crus voir un cheval blanc dans la lumière morne du ciel qui tombait comme des rideaux au centre de la gare. Je clignai des yeux. Non, finalement, non. Je me baissai pour lasser ma chaussure pleine de poussière et m’engageai vers mon véritable but. Mais les vibrations me firent ralentir. Je cherchais le piano, cependant j’entendais déjà de la musique. J’en reconnaissais le son presque rauque qui me gênait à chaque fois mais que je réussissais à mesurer. Mes doigts glissèrent sur les escalators et je papillonnai des yeux en passant ma tête de l’autre côté de la paroi. Quelqu’un était assis derrière l’instrument et tentait quelques notes. Commençait une mélodie, tenait dix secondes puis s’interrompait. Je n’osai pas m’avancer. La mélodie était saccadée mais avait quelque chose d’étonnant. Comme les dernières secondes d’une minute qui ne reviendrait jamais. Je tendis le bras et me faufilai finalement vers le musicien. Il s’agissait en vérité d’une musicienne. Une fille aux cheveux blonds et aux yeux plissés, concentrés, intrigants. Je m’accoudai au piano et elle leva son regard vers moi en fronçant les sourcils. L’éclat furtif d’un sourire apparut sur mon visage, crispant vaguement mes lèvres puis il se refléta au fond de mes iris, au fond des siennes enfin. Ou peut-être l’imaginais-je, mais l’illusion était ainsi faite de la même matière que les Hommes ce matin. D’un signe de menton, je lui demandai de poursuivre et elle le fit, comme si je n’avais été qu’une plume virevoltant et chatouillant son épaule. Je posai ma tête sur mes bras croisés et tapotai le rythme de son morceau. Elle semblait improviser et pourtant je sentais cinq ou six influences au bout de ses dix doigts, créant de toute pièce une mélodie dont l’écho sur la voûte du plafond me rappelait de vieux morceaux que ma mère écoutait le soir avant d’aller dormir. Elle prit de l’assurance, comme si ma simple présence était encourageante. Cela me surprenait. D’habitude, c’était le contraire. L’attention des autres perturbait, on devenait un scandale, un monstre. Elle, non. Elle sembla enfin sentir le regard qui lui était dû rivé sur sa fine silhouette d’enfant, à tel point que je ne me posai pas la question de savoir pourquoi elle aussi, elle était si loin de chez elle à une heure pareille. Elle fit quelques fausses notes qui me firent frissonner puis finalement son morceau s’évanouit en quelques accords timides, puis elle me scruta de nouveau. Son visage ne voilait aucune interrogation : c’était étrange mais normal. Elle était habituée au scandale.

≈≈≈

2011 ≈ Gloria renifla bruyamment et je posai mon épaule contre l’encadrement de la porte. La chambre était plongée dans la pénombre et ma gorge était serrée d’un nœud sombre et froid : les remords. Je baissai les yeux. Mes doigts étaient enroulés autour du test comme s’il s’était agi d’une relique familiale. Mais ce n’était qu’un test. Un bout de plastique qui semblait avoir ruiné sa vie. Je secouai la tête. « Pourquoi tu m’as pas dit ? » Elle soupira, exténuée, lasse, agacée par ce qu’elle considérait comme ma naïveté et ce que j’appelais mon ignorance. Elle enfouit sa tête dans le coussin et sanglota de nouveau. Je voulus m’avancer mais elle brandit sa paume en l’air pour que je m’immobilise, ce que je fis, comme si même sans me voir, elle pouvait deviner chacun de mes mouvements. Mais elle le pouvait, très probablement. Elle me reprochait justement de ne plus penser comme avant. De ne plus penser avec elle. De penser seul. J’ouvris la bouche pour parler mais son bras retomba sur le matelas à ce moment et je gardai mes mots au fond de ma gorge, au fond de mon estomac. Je l’écoutai pleurer, incapable de comprendre toute l’ambiguïté de son tourment. Je lui en voulais. Le test datait de plusieurs mois. Elle avait déjà avorté. Elle ne m’avait rien dit et ne voulait toujours rien me dire. Je soupirai et cela l’énerva. Elle releva la tête et me toisa, les yeux plissés, le regard noir. J’y décelai un dédain dont je ne comprenais pas l’origine. « Parce que tu comprends rien. » Je haussai les sourcils, perplexe. Son ton froid était catégorique et je le connaissais bien. Elle parlait ainsi aux gens qui la décevaient, et il y en avait peu. Je clignai des paupières, lui demandant silencieusement de poursuivre. « Tu ne sais pas comment tu es, River. » Elle secoua la tête, s’asseyant sur le matelas et entourant ses jambes de ses bras, les membres tremblant. « Tu ne sais pas qui tu es quand tu te laisses aller. » Je pinçai les lèvres : un euphémisme. Elle édulcorait ma maladie car elle n’avait toujours pas assimilé ma condition. Elle la refusait, l’occultait, comme si ainsi, celle-ci pouvait disparaître. Pour elle, je me laissais aller. N’étions-nous pas les mêmes ? Voilà que j’étais différent. Voilà que j’étais devenu celui que l’on montrait, celui qui pointait du doigt nos différences. « Tu ne sais pas combien de fois j’ai dû sécher mes larmes pour venir te chercher parce que tu ne savais plus où tu étais. Parce que tu ne savais plus qui tu étais. » Je me mordis la joue, pris d’une soudaine angoisse. Je voulus secouer la tête à mon tour et répliquer, mais elle avait la parole et je ne pouvais pas lui voler, pas cette fois. « Une seule fois, je ne suis pas venue. Tu m’as appelée, délirant, et j’étais devant l’entrée de l’hôpital, prête à avorter. » Elle soupira. « J’ai décidé de ne pas faire demi-tour, de ne pas te retrouver, et tu m’en veux encore. » Je fermai les yeux et une larme perla sur mes cils. Je n’avais rien à répondre. Je n’avais pas la force d’être désolé. Je n’avais pas la force de me rattraper, de me justifier. Elle méritait le silence à présent, ce silence que je ne lui avais plus offert depuis que Maman était partie. Je passai ma main sur mes lèvres tremblantes et hochai la tête d’un air entendu. Gloria était plus que ma jumelle, elle était ma muse et une partie de mon âme. J’étais censé ressentir ses maux comme elle ressentait les miens. Mais elle ne comprenait pas les miens et j’avais ignoré les siens pendant trop longtemps. Aujourd’hui, ils se permettaient de nous frapper de plein fouet.

≈≈≈

2015 ≈ A bout de souffle, je m’arrêtai en plein milieu de la chaussée, posant un pied à terre. J’avais hésité à brûler le feu rouge mais un reflet pourpre sur le capot d’une voiture m’avait indiqué l’arrivée d’un autre véhicule, alors j’avais freiné. Mes doigts se crispèrent autour du guidon. J’avais chaud. Les aubes d’août londoniennes n’étaient pas particulièrement arides mais l’annonce de la nouvelle me faisait bouillonner le sang. Graham avait prévenu tout le monde : la pâtisserie avait brûlé. J’avais commencé à adorer ça. Je m’étais senti comme un architecte étrange lorsque je montais la moindre religieuse avec toute l’application que Graham m’avait transmise. J’étais plus précis depuis que je travaillais pour lui, je le sentais même lorsque je jouais d’un instrument. La concentration extrême d’un pâtissier m’avait servi pour jouer plus juste encore. Quelques semaines seulement avant qu’il ne m’engage, je cherchais l’endroit exact où la baguette devait frapper la caisse afin d’obtenir le son et le rythme exact que je recherchais. Et puis, petit à petit, j’étais devenu un maçon culinaire et je m’étais détendu, je m’étais harmonisé avec mes phalanges capricieuses et mon regard juvénile pour obtenir ce que je recherchais musicalement. C’était une forme de synesthésie, quelque chose qui était arrivé avec la dissociation, mais que j’entretenais car cela me faisait voir le monde sous un œil nouveau, plus pur. Cependant, aujourd’hui, je ne pouvais contempler que les cendres qui s’échappaient encore du bâtiment où j’avais travaillé pendant plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois. Certains employés étaient déjà debout et regardaient les ruines avec ce même tourment peint sur leur visage. Le seul que je ne pus déchiffrer était celui de Graham, sa silhouette reculée par rapport à celles des autres. Je m’approchai à pas de loup tandis qu’il cherchait nerveusement son paquet de cigarettes dans son manteau. Peut-être qu’il s’était levé à la hâte et qu’il avait oublié de le prendre. Il était un peu plus de quatre heures du matin, ça ne m’étonnait pas. Je sortis le mien et lui tendis une cigarette : une lueur un peu plus chaude éclaira ses traits taciturnes et il l’alluma en silence. Je l’imitai. J’aimais beaucoup sa façon de faire les choses et j’avais pris l’habitude de l’observer attentivement. J’admirais cet homme. Il le savait probablement, malgré la désinvolture dont j’avais fait preuve à notre première rencontre, mettant une barrière entre « son » monde et le « mien ». Mais peut-être nous ressemblions plus que je ne le pensais. Peut-être, et voilà quelque chose de plus probable, que j’avais envie de lui ressembler plus que je ne le pensais. « Bordel … » soupira-t-il, laissant échapper un épais nuage de fumée. Je me mordis la lèvre. C’était la première fois que je le voyais dans cet état-là. C’était ce qui m’avait fasciné dès le départ : son charisme étonnant qui mettait en confiance sans briser la frontière. Il m’avait rendu fier, moi qui ne jouais que dans des bars miteux, moi qui n’avais ni mon bac, ni l’audace de me lancer dans une carrière plus sérieuse. Il m’avait vu traîner plusieurs fois dans le coin et il avait fini par m’aborder pour me demander si je cherchais quelque chose. Oui, un boulot avais-je répondu le plus naturellement du monde, et il m’avait souri, à la fois surpris et amusé par ma réponse. Je n’avais jamais cuisiné quoi que ce soit et pourtant il m’avait donné ma chance, me demandant si je me considérais comme quelqu’un de créatif. Et puis, dès que j’eus enfilé ce tablier farineux pour la première fois, je compris que j’entrais dans une nouvelle étape. Un maçon, oui. J’avais les mains rugueuses à force de les serrer autour de mes baguettes de batterie. Je venais à la pâtisserie avec des bandages autour des paumes, mais j’avais pris en maturité. Je soignais mes ongles au lieu de les ronger, je me coiffais mieux, j’appréciais le travail manuel, d’autant plus que j’y retrouvais la même sensation que lorsque je caressais les touches d’un piano ou que j'accordais le violon de Lou et la guitare de Leonard en cachette – il détestait que je touche à sa protégée. « On va s’en sortir, hein ? » soufflai-je, mais je regrettai mes paroles sur l’instant. Je m’étais permis un on qui n’avait pas lieu d’être. Graham posa ses yeux pétillants sur moi et je craignis un agacement soudain. Il me toisa pendant quelques secondes, de longues secondes que j’entendis passer dans ma tête. Puis il me sourit. Un sourire amical. Fraternel. Paternel. Un sourire que je n’avais pas eu la chance d’observer sur l’être qui aurait dû me l’adresser.

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2009« RICHIE ! » Je lâchai mes clés qui firent un bruit sourd en tombant sur le sol. Mon sac les rejoignit vite alors que je m’élançai vers son corps étendu sur le parquet, immobile, comme mort. Je m’agenouillai. Une rapide vérification m’indiqua que son pouls battait encore, mais sa salive était mousseuse et un filet de sang s’échappait de ses narines. Je tendis le bras pour attraper le téléphone fixe et appelai les secours. Son corps bouillonnait d’héroïne et je suivis les indications de l’homme que j’eus au bout du fil, les mains et la voix tremblantes. Il m’en voudrait à son réveil, probablement, car celui-ci serait bien plus terrible que le sommeil dans lequel il s’était lui-même plongé, mais je ne pouvais pas accepter sa mort. Je ne pouvais pas accepter qu’il parte lui aussi. Je lui pris la main mais il ne la serra pas en retour, je dus le faire pour lui, lui chuchotant que tout allait bien se passer alors que la situation était manifestement critique et qu’il était pris de spasmes irréguliers, comme un épileptique. J’inspirai et expirai lentement mais mon souffle était saccadé, court, haché par la peur. Je me sentais paniquer. Je sentais mon esprit éclore comme un papillon écaille de tortue, une obscurité bigarrée et criarde remplacer le voile de lucidité que je maintenais lisse chaque jour. Les soubresauts de Richie gagnaient mes muscles et à chacun de ses mouvements incontrôlés, j’avais l’impression d’avaler une comète, l’empêchant ainsi de s’écraser à la surface de la planète, sa poussière astrale coulant à présent dans mon sang et l’épaississant, rendant mes veines trop étroites. Et toutes les écailles de ma peau s’écartèrent soudain pour laisser couler le venin du serpent que j’étais devenu : je me purifiais. Je tombais aux côtés de Richie et perdis connaissance en entendant la douce musique de l’ambulance, dans la rue.
Son état est stable, écrivis-je en bas de la page de mon journal. Ce fut la seule phrase dont je me souvins en m’éveillant à l’hôpital, prononcée par un médecin. Ce fut la seule phrase qui m’importait réellement.

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2013 ≈ Je m’adossai au mur et coinçai le filtre de ma cigarette entre mes lèvres, basculant ma tête en arrière pour observer le ciel. Celui-ci était d’un noir d’encre, comme à chaque fois que je me retrouvais ici. Trop de fois à mon goût, mais il y avait quelque chose de réconfortant à cela : Leo sortirait du commissariat puisque je venais le chercher. Toujours le même temps d’attente. Toujours la même exaspération sur le visage de Sam lorsqu’elle l’observait me rejoindre. Toujours la même expression désabusé sur celui de Leo, comme s’il justifiait encore ses actions véreuses et ses paroles acides envers les policiers. Il ne s’en rendait pas compte, mais Sam lui sauvait la mise régulièrement. Elle s’occupait de son cas et le laissait partir. Il s’était pris quelques mois de prison ferme pour son trafic d’alcool, ce breuvage infect qu’il avait qualifié de home made lorsque Janis lui avait rétorqué qu’il aurait bien pu pisser à l’intérieur d’une bouteille, le résultat aurait été le même. Mais on ne vexait pas Leonard, sauf les rares fois où on lui rappelait son prénom. J’entendis le bruit d’une grille qui s’ouvrait et laissai tomber mon mégot sur le sol, décollant mon dos du mur pour pénétrer dans l’enceinte du bâtiment. La silhouette menue de Leo se découpait au milieu de la pièce, ses cheveux ébouriffés, de larges cernes sous les yeux. Il arqua un sourcil lorsqu’il me vit. Sam le dépassa sans peine pour se diriger vers la sortie, m’adressant un sourire au passage. « A la prochaine Oswald-Bower. » grinça Leo sur un ton plaisantin et amer. Il fronça les sourcils et releva le menton. « Fais pas style que t’as un autre rencard après moi. » Je tournai la tête vers Sam, perplexe, mais aperçus ce que mon frère observait : elle avait rejoint quelqu’un qui l’attendait sous le porche. C’était une femme, plus grande que Sam mais qui paraissait plus jeune, des cheveux d’un blond cendré ondulant et retombant sur ses fines épaules, un regard à la fois distant et perçant. « C’est ma sœur, ducon. » rétorqua Sam sans même le regarder et Leo porta sa main à son cœur. « Tu me blesses par tant de vulgarité. Tu es si douce d’habitude. » Mais je ne l’écoutais plus vraiment. J’observais la nouvelle venue avec un sentiment désagréable de déjà-vu. Non pas parce que le souvenir que je cherchais était désagréable, mais ne pas le trouver me paniquait, puisque de son côté, elle semblait être dans le même dilemme. Néanmoins, elle fut plus rapide. « On se connait, hein ? » s’enquit-elle avec un sourire et Sam tourna la tête, étonnée, croyant probablement qu’elle s’adressait à Leo. Je hochai la tête et souris. « Ouais mais clairement, ça m’arrangerait si tu pouvais me rappeler d’où exactement. » répondis-je avec malice et franchise. Elle soupira. « Tu la connais ? » me demanda Leo d’un ton plus mesuré et je hochai la tête. Elle finit par claquer des doigts puis, avant de pouvoir me répondre plus clairement, elle fut prise d’un rire léger et cristallin, très enfantin, contrastant avec sa voix grave et féminine. « On a joué au piano à St Pancras ensemble. » Je haussai les sourcils alors que les images délavées d’une scène échouée sur les plages stériles de ma mémoire se coloraient de nouveau et apparaissaient devant mes yeux. Elle avait raison. Elle avait les traits particuliers de cette petite fille que j’avais surprise à plusieurs reprises, levée aux aurores pour venir s’entraîner sur ce piano usé au milieu de la gare internationale de Londres. Je jetai un regard à Sam qui avait l’air surprise et peut-être un peu émerveillée – un soupçon d’émerveillement, disons, car nous préférions rester modestes. « Je suis même pas sûre de connaître ton nom, c’est pour dire. » poursuivit-elle et je secouai la tête pour revenir à la réalité. « River. Et voilà Leonard, mon frère. » dis-je en le désignant, mais il attrapa ma nuque et m’entraîna vers la sortie avant qu’elle ne puisse se présenter en retour. « Nous sommes ravis mesdames, ces retrouvailles sont particulièrement touchantes, mais j’ai vraiment besoin d’aller bouffer, je crève la dalle parce que tu me séquestres, Sam. » Il me poussa à l’extérieur et je manquai de trébucher sur les marches. « T’es obligé d’avoir une touche avec la sœur de la flic qui peut pas me blairer ? » marmonna-t-il en me rattrapant. « T’appelles ça une touche ? J’appelle ça un cameo. » rétorquai-je en haussant les épaules et il s’esclaffa en me donnant une tape légère et vive derrière le crâne. « File-moi une clope, cameo. » Je lui tendis le paquet et le laissai avancer. Je tournai la tête vers le commissariat qui disparaissait dans la brume vespérale lorsqu’il fut un peu plus loin, mais les deux sœurs étaient déjà hors de mon champ de vision.

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2015 ≈ Le sol vibra sous les roues de mon skateboard et je me ramassai tel un chat prêt à bondir. Je pris mon élan et sautai une fois arrivé à l’extrémité de la rampe. Mes semelles quittèrent la planche l’espace d’un instant et j’eus cette adrénaline propre à celle des oiseaux qui écartaient leurs ailes pour prendre leur envol. Je fis ma figure avec grâce puis regagnai la planche avec souplesse, me dirigeant à l’opposé de la rampe pour venir m’y installer. Je roulai un joint et l’allumai calmement. Je fus pris d’un sentiment étrange de tendresse et de plénitude que je connaissais rarement : je n’avais besoin de rien d’autre que de ça : ma ville, ma planche et mon herbe. Je passai mes doigts dans mes cheveux et ne regardai même pas l’heure alors que Lou m’avait explicitement demandé de ne pas être en retard. J’avais bien évidemment oublié pourquoi. Peut-être fêtait-on l’énième sortie de prison de Leo – nous avions arrêtés d’acheter une bouteille de champagne lorsqu’une fois il avait passé la nuit au poste simplement dans l’optique d’en boire une coupe lorsqu’il rentrerait à la maison. Non, je m’en souvenais à présent : Lou quittait la maison. Elle avait un appartement. Avec Gloria, nous étions les plus jeunes et, à vingt-deux ans, elle considérait que nous étions capables de nous débrouiller sans elle. Il n’y avait plus que Janis et nous deux chez Maman mais nous n’avions pas les moyens de vivre autre part. Nous avions été si heureux pour Lou que nous en avions oublié d’être tristes. Elle quittait la famille, ces gamins en crise perpétuelle sur lesquels elle s’était promis de veiller six ou sept ans auparavant, lorsque Maman avait été hospitalisée. Je baillai et hésitai à m’allonger sur le sol, me laissant bercer par le son des roues sur le béton, partout autour de moi, mais on claqua des doigts et cela me sortit immédiatement de ma torpeur. Je tournai la tête : une femme brune aux grands yeux félins m’observait. « Au lieu de rêvasser, tu peux m’apprendre à faire du skateboard ? » Je haussai les sourcils, pas tout à fait conscient de ce qu’elle me demandait. « Je veux impressionner mon coloc. » ajouta-t-elle comme seule justification. « Et tu me payes combien pour ça ? » réussis-je à prononcer dans un soupir las. Elle arqua un sourcil avant d’afficher une moue approbatrice. Après tout, pourquoi pas. « La bière gratuite dans mon bar ? Il va ouvrir bientôt. » Je pesai le pour et le contre sans être en état de le faire, mais cela me parut juste et amusant. « Y’a une scène dans ton bar ? » demandais-je. Elle hocha la tête en souriant malicieusement. « Deal, alors. » conclus-je en me levant et balançant mon mégot hors de la rampe. « Moi, c’est River. » Je lui tendis une main qu’elle serra et je remarquai sa poigne. « Danny. » répondit-elle, déterminée.

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2008 ≈ Ma gorge se serra alors que je refermai la porte de ma chambre derrière moi. Je ne parvenais pas à respirer. Je revis le visage pâle et lugubre de ma mère nous annonçant la nouvelle, ce ton d’enterrement qu’elle avait pris, incapable de le masquer, les larmes qui montèrent à ses yeux lorsqu’elle prononça le nom de la maladie. J’ai une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Voilà quelques minutes que le mouvement hésitant et vacillant de ses lèvres était la seule chose à laquelle je pouvais penser. Je m’allongeai sur mon lit et attendis. Attendis que la douleur passe mais elle de passa pas. Elle resta entière, comme si l’on m’avait enfermé dans un bloc de glace et qu’il refroidissait mes membres un à un, faisait coaguler mon sang pour que mon cœur explose. Je tenais à vous l’annoncer, je sais … je … je sais que c’est difficile à entendre. Je revis ses hésitations et les fausses notes dans sa voix. Je frappai le matelas d’un coup sec, puis d’un autre et encore d’un autre, et je me mis à hurler dans ma couverture. Ma rage se transforma en profonde tristesse et je fus incapable de penser, de réfléchir. Je devenais un être insensé. Mon cas va s’aggraver, même si j’essaye d’entretenir ma mémoire au maximum. Je vais probablement devoir être hospitalisée d’ici quelques mois, peut-être un an ou deux. Elle n’avait pas le droit. Je refusai qu’elle nous laisse elle aussi, après tant de promesses. Je hoquetai puis me mordis la joue jusqu’au sang pour garder le silence. C’est une maladie héréditaire. Je n’osais pas croire à la portée de sa conclusion. Je posai mes paumes contre mes tempes et enfonçai mes doigts dans mes cheveux, comme pour emprisonner mon crâne et empêcher ma mémoire de s’enfuir. Mais à présent, je la voyais s’échapper de chaque pore de ma peau, comme des filets de sang coulant de plaies invisibles. J’avais véritablement peur pour la première fois.

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2015 ≈ J’enfilai mon tablier avec appréhension. Graham n’était plus là pour me superviser. Je savais qu’il était , quelque part, et sa présence me rassurait même si je ne le voyais pas, mais je savais que c’était différent. Il avait rejoint les cuisines de ce grand restaurant et il savait pertinemment que s’il ne m’aidait pas cette fois, j’allais finir au fond du gouffre, au chômage jusqu’à trouver la nouvelle âme charitable ou le succès soudain. Il m’avait présenté à son collègue : Peter Montgomery, avais-je lu sur sa carte. Graham me trouvait bon en pâtisserie. J’avais encore beaucoup d’efforts à fournir, mais il m’avait toujours encouragé, restant franc lorsqu’il le fallait mais n’hésitant pas à me complimenter lorsqu’il considérait que je le méritais. Pas de place pour des cuistos en herbe, avait semblé me dire le visage de Peter lorsque je m’étais présenté devant lui. Cependant, la parole de Graham avait compté, assurant au chef que j’avais été un atout jusqu’à l’incendie qui avait réduit à néant la pâtisserie. Je postulai pour le poste de plongeur et l’obtins. La fierté avait gonflé ma poitrine lorsque j’étais rentré à la maison pour l’annoncer à Janis et Gloria. Mon second vrai métier. Le troisième, avait rectifié Janis, tu es un Kipling avant tout. Elle avait raison et cela m’avait réchauffé le cœur. Aujourd’hui je commençai. J’étais arrivé cinq minutes en avance, comme à mon habitude, et à présent j’observais tous ces collègues au visage inconnu, comme lorsque l’on lisait la didascalie initiale d’une pièce de théâtre, nous indiquant le nom et le rôle de chaque personnage. Peter apparut à l’extrémité de la pièce et acquiesça avec satisfaction en m’apercevant : j’étais à l’heure. Toujours levé avant les autres, toujours en avance par crainte d’oublier où je devais me rendre.

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2014« Lou est en train de chercher un appart, Leo est … oh, tu sais comment il est. » Malgré moi je ne pus m’empêcher de baisser les yeux vers le regard vitreux de ma mère, toujours assise sur cette même chaise. Non, elle ne savait pas, elle ne savait plus. Je déglutis avec difficulté et poursuivis : « Janis s’est fait une couleur. Elle continue, même si l’achromatopsie la rend triste. Elle passera te voir bientôt. Gloria a grimpé d’un niveau à sa chorale. En même temps elle a vraiment la plus belle des voix, elle s’adapte à tous les styles, c’est dingue. » Je me frottai le front, soucieux. « Et puis moi, moi … ça va. Tu me manques toujours beaucoup, j’ai écrit une chanson pour toi l’autre jour. On te la chantera avec Gloria, elle viendra dès que possible elle aussi. » Je me levai et embrassai ma mère sur ses deux joues froides, la serrai dans mes bras et imaginai qu’elle me répondait par une étreinte chaleureuse. Je versai de l’eau dans son verre. « N’oublie pas de t’hydrater, Mam an. » conclus-je avant de tourner les talons et de refermer la porte derrière moi après être sorti. J’éprouvai encore ce mal-être constant qui m’accompagnait jusqu’au jour suivant lorsque je traversais ce long couloir blanc aux lumières aveuglantes. Je débouchai sur une salle d’attente et me dirigeai vers la machine à café, m’empressant de sortir quelques pièces. Dans ma hâte, j’en fis tomber quelques-unes. On m’aida à les ramasser et on les mit dans le creux de ma main. On me sourit. « Moi c’est Alexandra. » Un ton rieur que je reconnus mais qui me surprit, assez pour que je recule d’un pas, ce qui ne fit qu’accentuer son hilarité. « River, c’est ça ? Le frère du type qui emmerde ma sœur au poste tous les quatre matins ? » J’acquiesçai sans répondre. Elle avait une étrange facilité à venir m’aborder, connaître ma vie, mon frère, savoir que j’étais là, à l’hôpital. « Dé … désolé. » Je me sentis obligé d’excuser le comportement puéril de mon frère, même si cela n’arrangerait pas son cas. Elle haussa les épaules et fit un geste du menton pour m’indiquer la machine à café. « Oh ! … Euh, ouais. Merci du rappel. » J’insérai mes pièces et lui en proposai un, qu’elle refusa poliment. Elle appuya son épaule contre le distributeur, regarda sa montre, hocha discrètement la tête et but deux gorgées d’eau. « Je carbure aux minéraux naturels. » plaisanta-t-elle en imitant la voix de ces femmes au bonheur en silicone dans les publicités. Je répondis par un sourire puis nous allâmes nous asseoir sur deux fauteuils, côte à côte. « Alors, qui commence ? Il va bien falloir qu’on trouve une excuse pour expliquer notre présence ici. » Je haussai les sourcils avec malice. « Tu as déjà cramé que j’étais un peu taré, c’est mort pour moi. » L’ironie dissimulait les véritables secrets. Ma réponse l’amusa. « Alors je commence. » Cela signifiait que j’allais suivre. Elle baissa la tête, posa sa bouteille d’eau sur le sol et ouvrit ses mains en grand. Ses cheveux retombèrent de part et d’autre de son visage et je ne pus observer la fresque d’expression qui habilla ses traits alors qu’elle gardait les yeux rivés vers ses paumes. Elle inspira finalement en relevant la tête, fixa le plafond puis se lança : « J’ai une insuffisance rénale et je ne viens pas assez à l’hôpital. Je ne fais pas toutes mes dialyses. Parfois j’arrive devant l’entrée mais je ne parviens pas à pénétrer dans le bâtiment. Ma sœur s’inquiète pour moi, et moi … » Elle détourna le regard et le posa sur les rayons du soleil derrière la vitre de la fenêtre. Elle haussa les épaules. Elle en avait assez dit après tout. Je m’humectai les lèvres, la laissant soupirer lentement comme pour évacuer cette dernière phrase qu’elle ne voulait pas dire. Je clignai des paupières puis enchaînai à mon tour. « Ma mère a un Alzheimer précoce. » Elle reporta son attention sur moi et je poursuivis : « Cela fait plusieurs années qu’elle est ici, il n’y a pas de meilleurs lieux pour elle et nous venons la voir régulièrement. » Je me grattai l’arrière de la nuque avant de remettre une mèche folle derrière mon oreille. « C’est une maladie héréditaire mais je n’ai pas fait le test. En vérité j’ai peur de savoir si moi aussi, un jour, je vais finir comme elle. Je ne trouve pas ma décision particulièrement excessive. » Elle pencha la tête, l’air ailleurs, puis un doux sourire étira ses lèvres. « Je crois que ce qu’il nous manque, c’est de la compagnie. Histoire de nous faire souffler un peu une fois le mauvais moment passé. » Je hochai la tête, incapable d’empêcher un sourire semblable au sien de venir s’installer sur mon propre visage. Elle avait raison. J’allais sûrement être plus apte à traverser le long couloir si quelqu’un marchait à mes côtés. Mais qu’en serait-il d’elle le jour où elle m’appellerait et qu’elle verrait mon étrange secret ? Qu’en serait-il d’elle le jour où elle m’appellerait mais qu’elle resterait seule ?

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2015 ≈ Ma main caressa la surface à la fois rugueuse et douce de l’instrument et celui-ci chanta une mélodie rauque et agréable. Je fis tourner mes baguettes autour de mes doigts. Presque flambant neufs, même si Leo s’amusait à me rappeler que mon tambour était d’occasion. Les sphères enrobées de coton au bout de mes baguettes ne demandaient qu’à frapper la moindre surface. Cela me démangeait. Lexie essayait quelques accords au piano, suivie par Gloria. « C’est grave chiant votre truc. » La remarque valut à Leo un regard noir de la part des deux filles. « C’est pas un truc. On tente de trouver l’inspiration. » expliqua Gloria avec exaspération. Janis poussa le dernier fauteuil pour que nous ayons un maximum de place au centre du séjour. Je me décidai à taper un rythme lent, simple et souple que chacun assimila. Finalement, Leo se leva du canapé et accorda sa guitare, écrasant ensuite sa cigarette dans le cendrier à ses pieds. « Faut tout faire soi-même dans cette famille. » On leva tous les yeux au ciel et j’envoyai un regard complice à Lexie. « Tu devrais venir passer Noël ici avec Sam. » glissai-je, mais Leo se racla la gorge pour m’intimer le silence. « Si c’est pour dire des conneries pareilles, River, contente-toi de les penser. » Son ton cassant était faux. J’étais certain qu’il voudrait voir la tête de Oswald-Bower si celle-ci venait à se retrouver en face de lui le soir de Noël. Il joua un premier accord, nous indiquant la tonalité. Puis un deuxième, un troisième et un quatrième. Enfin il se mit à chanter, de sa voix rauque et fascinante qui se mariait parfaitement avec la musique.
      I’m up in the woods, I’m down on my mind
      I’m building a still to slow down the time

Gloria avait immédiatement suivi au piano, accompagnée de Lexie, et elle reprit le chant, mêlant sa voix à celle de Leo.
      I’m lost in the world, been down my whole life
      I’m building a city, and I’m down for the night
      Down for the night, down for the night
      Said she’s down for the night… down the time.

Je ne rejoignis la danse qu’à cet instant précis, me lançant dans leur acoustique sans y réfléchir, me laissant simplement aller comme parfois j’osais le faire lorsqu’une brèche monstrueuse s’ouvrait dans mon esprit. Nous devenions scandale. Janis ne tarda pas à faire de même, jouant dans des tonalités profondes, mariant ses doigts avec les cordes pour atteindre une forme inouïe de grâce. Les traits du visage de Leo s’étaient détendus et ses yeux étaient fermés, perdus dans la mélodie, entraînés par les paroles qu’il ne put s’empêcher de chanter. Et pourtant ce fut Gloria qui s’avança, laissant Lexie seule au piano, s’agitant de manière effrénée mais si chorégraphiée au milieu de nous tous et entamant le couplet d’une voix qu’on lui découvrait à chaque fois qu’elle chantait.
      You’re my devil, you’re my angel
      You’re my heaven, you’re my hell
      You’re my now, you’re my forever
      You’re my freedom, you’re my jail
      You’re my lies, you’re my truth
      You’re my war, you’re my truce
      You’re my questions, you’re my proof
      You’re my stress and you’re my masseuse
      Mama Say Mama Sa Mama Coosa
      Lost in this plastic life
      Let’s break out of this fake-ass party
      Turn this into a classic night
      If we die in each other’s arms, still get laid in our afterlife
      If we die in each other’s arms, still get laid, yeah

Je ris, mais ils ne m’entendirent pas. J’avais l’impression d’être la chaîne qui les tenait tous ensemble, incapable de chanter tant mon esprit était concentré sur mes percussions et la vitesse des battements de mes baguettes. Des battements de mon cœur. Je levai les yeux pour me libérer, comme eux, et ce fut le regard de Lexie que je rencontrai alors. Elle me sourit, heureuse comme si elle l’avait été pour la première fois. Comme si l’été continuait à jamais en cette fin de mois de septembre et que quelque chose en elle se dénouait enfin. Des fossettes se creusèrent sur son visage et je sus à cet instant précis que j’étais tombé amoureux, même avant de la connaître. Je lus sur ses lèvres alors qu’elle parvenait à garder la mélodie intacte au piano, malgré la vitesse à laquelle Leo et Gloria avaient décidé d’aller pour une reprise improvisée. Car oui, Lexie chantait. Elle chantait un hymne qu’elle avait gardé au fond d’elle toutes ses années, et même si elle le chantait au monde entier, j’en capturais l’essence aujourd’hui, puisqu’elle semblait me l’offrir. Je n’étais pas amoureux de ses fossettes ou de ses cheveux ondulés, ni de sa voix sombre et chaude, encore moins de ses yeux sauvages et luisant d’un éclat vif. Non, au contraire, j’étais amoureux d’un tout, d’un être, d’un esprit, de cette essence qu’elle libérait aujourd’hui et qui avait un parfum de liberté qu’elle ne se privait plus de chanter.
      Run from the lights, run from the night, run for your life
      I’m new in the city
      Down for the night, down for the night, down for the night
      I’m lost in the world, been down my whole life
      I’m new in the city, but I’m down for the night
      Down for the night, down for the night.

Je n’entendis pas la porte d’entrée s’ouvrir, concluant le morceau en mêlant mon rythme aux notes de Lexie et aux vocalises de Gloria. Janis se leva et Leo abandonna sa guitare sur le canapé. Ce ne fut qu’à la fin que nous tournâmes la tête. Lou se trouvait dans l’encadrement de la porte. « Vous savez qu’on vous entend depuis King’s Cross ? » Je me figeai instantanément, des frissons de joie me parcourant l’échine jusqu’à la nuque. Je lâchai mes baguettes et une seconde silhouette se glissa aux côtés de Lou. Le teint blafard, les cheveux longs, les mêmes yeux que moi, un large sourire moqueur plaqué sur le visage : Richie. Richie après six ans passés au Canada, loin de nous. D’un mouvement synchronisé, Gloria et moi nous jetâmes sur lui pour le prendre dans nos bras. Janis ne tarda pas à suivre, puis Leo et enfin Lou. Après quelques secondes, nous nous écartâmes tous et le regard de Richie se posa sur Alexandra, qui s’était approchée mais qui était tout de même restée en retrait. « C’est qui elle ? Elle est adoptée ? » demanda-t-il en riant. Je voulus lui répondre mais Leo me devança. « Non, c’est Lexie. C’est le cameo de River. » Richie et Lexie froncèrent les sourcils et je jetai un regard noir à Leo qui m’ignora et s’avança au milieu de la pièce, coinçant une nouvelle cigarette entre ses lèvres. « Super, on a récupéré notre bassiste. On va pouvoir enfin jouer des trucs qui tiennent la route sans que je sois obligé de jouer la partie de tout le monde. » Un vague brouhaha désapprobateur se fit entendre dans l’assemblée et chacun reprit sa position initiale, derrière les instruments. Je frottai mes baguettes sur l’instrument et tambourinai doucement la surface. « Bon. » Leo se laissa retomber sur le canapé dans un bruit sourd. « On joue quoi maintenant ? »
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:02 par Invité
Preums  will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1942225346 River will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 16173813 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1922099377 comme je l’ai attendu, comme je l’aime déjà, comme il est parfait will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1922099377  will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 878725457  

J’ai déchiffré le rébus le plus compliqué du monde pour lui will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3903491763
Bienvenue à ton nouveau bébé, Elsa, Noddy, mon dauphin à moi will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 tu sais déjà ce que je pense de lui, et il était temps qu’il arrive pour que Lexie puisse se remettre de tout ce que Thomas lui fait subir will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2778241890 ( will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 ) will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2979874845
Plein de love sur lui, sur toi, sur nous will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3877719739 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2941632856 vite, ta fiche maintenant  will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 878725457

edit : ton lol will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3903491763 lol.
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:04 par Invité
oh je sais pas qui il est, mais j'ai hâte d'en savoir plus!!! will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1922099377

Re-bienvenue à la maison! will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1922099377
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:07 par Invité
Bienvenue et bon courage pour ta fiche ~
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Alycia Hemsworth
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:09 par Alycia Hemsworth
Re-Bienvenue will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357. J'ai hâte de voir ce que tu va nous faire comme personnage will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2941632856.
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:11 par Invité
rebienvenue et bon courage pour ta fiche will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:25 par Invité
lauraaaaa de l'amourfou will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 TU AS PREUMSE will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1942225346 j't'assure, j'ai fait ma meuf avec l'adresse email et finalement ça marchait pas, j'étais en STRESS pour toi will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3903491763 fuck hotmail, j'ai pris gmail Arrow bon sinon, mes rébus sont les mieux ok ? will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3095204483 regarde : will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Teacup-emoticonwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Facebook-dolphin-emoticonwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Party-popperwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Facebook-music-notes-symbolswill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Eggplant-emoticonwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Clapping-hands-emoticonwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Clapping-hands-emoticonwill my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) Muscle-arm oui j'ai rythmé son arrivée avec le dernier tomexie comme ça c'est équilibré comme un petit déjeuner will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1922099377 les vrais comprendront, vive kanye, allez ciao will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2778241890 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 (et le lol c'est vraiment juste pour toi will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2637431331 ) vive la soupe miso !
sandriiiine, merci will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357 j'espère que tu l'aimeras will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 16173813
reina, merci beaucoup will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2941632856
margaux la plus belle, merci et j'ai hâte de vous montrer ça will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 878725457
delsin, merci will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 208687334 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 208687334
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:31 par Invité
RE, RE, RE, rebienvenue à toi ! will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1913219899 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1913219899
J'ai hâte de stalker ta fiche et faut qu'on se trouve un lien :jeanjacques: 🎸
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 23:56 par Invité
Re (encore will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3903491763) bienvenue chez toi Elsa will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 2941632856
Bon courage pour ta fiche will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 3209449636 will my mantra heal when i finally feel enthusiastic ? (river) 1973890357
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