and i stain every heart that i use, to heal the pain + joshua

That is the saddest part when you lose someone you love — that person keeps changing. And later you wonder.. is this the same person I lost? ✻✻✻  Ses prunelles vertes fixaient intensément la silhouette de Joshua à travers la vitre. Ses mains étaient posées de chaque côté du lavabo. Elle détaillait chacun des mouvements du chirurgien avec intérêt et concentration. Ses gestes étaient précis et sûrs. Il ne tremblait pas, il n’hésitait pas. Vraiment à la hauteur de sa réputation. Le nourrisson était sa patiente, mais la chirurgie réparatrice n’était pas sa spécialité. Julia était née avec une malformation ; une fente labio-palatine ou, autrement dit, un bec-de-lièvre. Ses parents avaient attendu exactement quatorze mois pour cette opération. Hanna avait suivi la petite Julia depuis sa naissance, elle l’avait vu grandir et évoluer avec cette malformation. Pendant plus d’un an. Et il avait le culot de la faire sortir de la salle. Elle soupira, avant d’allumer le robinet pour se laver les mains. Encore quelques minutes, et l’opération serait terminée. Juste quelques minutes. Elle frottait frénétiquement le savon contre la peau délicate de ses doigts. La colère colorait les traits de son visage. Ses sourcils étaient froncés, accentuant les rides entre ces derniers. La réaction de Joshua était injuste à ses yeux. Il aurait pu simplement la réprimander, il n’était pas obligé de lui ordonner de quitter le bloc. Hanna ne se rendait même plus compte de son comportement. Sa présence à ses côtés lui était tellement familière. L’espace d’un instant, elle avait oublié qu’ils n’étaient pas seuls. Qu’ils étaient entourés d’internes et d’infirmiers. Hanna avait quitté la pièce sans broncher, parce que sa patiente était plus importante qu’une vilaine querelle. Mais la situation ne lui plaisait pas pour autant. Pour qui se prenait-il ? Une douleur dans sa main gauche détourna son attention de la table d’opération. Sa peau était à vif, rosée, par ses frottements incessants. Elle jeta le reste du savon dans le lavabo et attrapa de quoi s’essuyer les mains. Hanna avait vu leur histoire s’étaler, elle avait entendu les murmures et les rumeurs, elle avait vu les regards. Même si aujourd’hui ils n’étaient plus ensemble, ils partageaient toujours un nom et des habitudes. Se parler comme s’ils étaient au milieu de leur cuisine, en faisait partie. Joshua était le seul homme qu’elle avait réellement aimé. Il l’avait fait vibrer, frissonner. Grâce à lui, elle savait qu’avoir des papillons dans le ventre n’était pas qu’une métaphore. Sa main attrapa instinctivement le médaillon qu’elle portait autour du cou. Une photo d’Ethan y était bien cachée, où ses yeux clairs brillaient avec malice et son sourire s’étendait jusqu’à ses oreilles. La mort d’Ethan n’était pas vraiment un secret, mais elle n’aimait pas en parler. A côté de ce médaillon, elle y avait attaché sa bague de fiançailles. Pour une raison qu’elle ne comprenait pas, elle n’avait pas réussi à lui rendre. Alors que lui s’obstinait à vouloir sauver quelque chose qui ne pouvait peut-être pas l’être. Un bruit à sa gauche la ramena brusquement à la réalité, loin de ses pensées. Un des internes qui venait d’arriver. Hanna le fusilla du regard, avant de quitter la pièce pour aller dans la salle de garde la plus proche. Elle savait pertinemment que Joshua la suivrait là-bas. La salle était vraiment sommaire : deux lits, un placard, des couvertures. Il faisait sombre. Hanna alluma la lumière, avant de retirer son calot en soupirant. Ses boucles rousses tombaient en cascade sur ses épaules. Sa colère ne voulait pas se dissiper. Si elle avait dépassé les bornes, lui aussi. On n’a plus besoin  de toi, Hanna, avait-il dit. Sans même lever les yeux vers elle. Et même pas Docteur. Le toupet ! Elle s’adossa contre le mur, les bras croisés au dessus de sa poitrine. Les minutes défilaient, et Hanna ne parvenait pas à se calmer. Sa poitrine bouillonnait. C’était une opération courante, presque banale. Il ne fallait même pas trois heures pour la terminer. Et pourtant, ils n’avaient pas réussi à rester dans la même pièce aussi longtemps. Trois malheureuses heures. La porte s’ouvrit finalement, révélant Joshua. Leurs regards se croisèrent, mais Hanna ne se détacha pas du mur. « Je peux savoir ce qui t’a pris ? » S’enquit-elle, le plus calmement possible. Chercher la confrontation ne servait clairement à rien. Mais c’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait pas laisser passer ça.

That is the saddest part when you lose someone you love — that person keeps changing. And later you wonder.. is this the same person I lost? ✻✻✻  La porte s’ouvrit finalement, révélant la silhouette de Joshua. La tête d’Hanna était toujours appuyée contre le mur derrière elle, les bras croisés au dessus de sa poitrine. Elle tourna à peine la tête pour le dévisager. On lui avait souvent dit que son regard était peut-être trop expressif, avec ses grands yeux verts olive. Ses longs cils ne dissimulaient rien. Dans ce cas précis, elle n’essayait même pas de dissimuler sa colère. Le comportement qu’il avait eu envers elle, durant l’opération, était inadmissible, au bord du non-professionnalisme. Si Hanna ne supportait pas une chose, c’était bien le manque de respect flagrant. Elle méritait des excuses, elle méritait qu’il lui en donne. Il savait pertinemment que cette opération comptait beaucoup pour Hanna. Tout comme il savait qu’on ne faisait jamais passer les sentiments avant le patient. Elle brisa enfin le silence pour lui demander ce qu’il lui avait pris. A une époque, quand ils se rejoignaient dans une salle de repos, ils étaient loin d’avoir quelconque discussion. Les siestes crapuleuses faisaient parties de leur quotidien. Quand on passe plus de temps à l’hôpital que chez soi, il faut bien devenir créatif parfois. Un sentiment de nostalgie envahit son corps. Cette époque était révolue, enterrée depuis longtemps. Si Hanna n’avait jamais réellement fait le deuil de la mort de son fils, elle avait bien fait celui de son mariage. Sa relation avec Joshua n’était plus qu’un souvenir lointain. Il lui manquait, parfois. L’homme qu’elle avait aimé lui manquait, pas cette façade, cette image qu’il se donnait. Ses câlins et ses caresses, ses mots doux et ses attentions, lui manquaient. Les aventures d’un soir ne pourraient jamais être comparables à ce qu’ils avaient. Depuis Joshua, Hanna n’avait laissé personne rentrer dans sa vie aussi profondément, elle n’avait accordé son amour à personne d’autre. Son cœur s’était refermé il y a trois ans. Ce qu’ils avaient vécu, était unique, précieux, elle ne regrettait aucune minute passée avec lui. Mais ils avaient trop avancé depuis cette époque. Ils n’étaient plus les mêmes. La mort d’un être cher change une personne. Le drame avait été vécu différemment pour les deux, et Hanna n’était pas sûre qu’ils soient encore sur la même longueur d’onde. Elle ne comprenait pas ce qui poussait Joshua à vouloir faire en sorte que l’étincelle se rallume. Elle ne lui donnait pas vraiment l’opportunité de le faire, en même temps. Hanna était têtue, peut-être un peu trop. La culpabilité qu’elle plaçait sur ses épaules l’aveuglait légèrement. « C’est à moi que tu parles ? » Un de ses sourcils se arqua, alors qu’elle le fixa longuement. « Tu vois quelqu’un d’autre dans la pièce ? » Lâcha-t-elle, sèchement. Elle décida de se lever du lit pour être à sa hauteur. Il avait beau être un titulaire, pour elle, il n’était que Joshua. Ils étaient sur le même piédestal, il ne méritait pas d’être au-dessus pour ce qu’il venait de faire. « Comme je te l'ai dit, nous n'avions plus besoin de toi, tu me stressais plus qu'autre chose et... » Ses deux sourcils s’haussèrent. Elle le stressait ? Un soupire d’énervement s’échappa d’entre ses lèvres. Il était gonflé. Elle prit une grande inspiration pour essayer de se calmer. Ils n’avaient vraiment pas besoin d’une autre dispute, mais c’était à croire qu’ils ne savaient faire que ça maintenant. « Et quoi, Josh ? » S’enquit-elle, le regard plongé dans le sien. Le bleu de ses yeux l’avait toujours fasciné, toujours envouté. C’était un bleu profond, qui contrastait violemment avec la noirceur de ses cheveux. Elle le taquinait souvent en lui disant qu’il ressemblait un peu à Ken, avec son physique. « Pourquoi tu vas pas au bout de ta pensée, hein ? » Elle croisa les bras au dessus de sa poitrine, en continuant de le fixer. « Moi je sais pourquoi. Parce que tu n’as pas de raison valable de m’avoir virer du bloc ! » Déclara-t-elle. Même maintenant, avec l’océan qui les séparait, elle le connaissait toujours aussi bien. Certaines choses ne s’oublient décidément pas.

That is the saddest part when you lose someone you love — that person keeps changing. And later you wonder.. is this the same person I lost? ✻✻✻  « Je ne vais pas au bout de ma pensée parce que ça ne t’intéresse pas Hanna ! » Son front se plissa, alors que son regard croisa celui de Joshua. C’est ce qu’il pensait ? Qu’elle avait une si basse opinion de lui et de ce qu’il disait ? Elle secoua la tête, en se reculant davantage dans la pièce. C’était ridicule, complètement ridicule. « Je t’ai viré de ce bloc parce que je savais que tu ne le supporterais pas, pour te faire réagir, te montrer que j’existe encore ! Ta patience à des limites, je le sais très bien, tu n’aurais pas tenu encore bien longtemps comme ça, même si ça te fait me détester un peu plus … » Elle le fixa longuement, silencieuse. Les petites roues dans son cerveau tournaient et tournaient et tournaient. Leur relation était chaotique. Joshua s’était fait une idée d’elle qui était faussée par leur comportement respective. Mais ce qui la surprenait le plus, c’était ça. Qu’il mélange vie privée et vie professionnelle pour ‘attirer son attention’. Une commotion dans le couloir attira son attention. Des internes, des infirmiers et sûrement des chirurgiens s’agitaient à l’extérieur de la pièce. Hanna se demanda si l’un d’eux allait être biper, mettant fin prématurément à leur discussion. Elle croisa les bras au dessus de sa poitrine, continuant à rester silencieuse, jusqu’à ce qu’il finisse son monologue. Parce que c’était tout le temps comme ça, il vidait son sac et Hanna attendait patiemment qu’il se taise. « Tu te rends compte de ce à quoi je suis réduit ?! C’est grave ! » Ses prunelles olives roulèrent dans leurs orbites. « Tu as fini ? » S’enquit-elle, plus calmement qu’elle ne l’était intérieurement. S’énerver encore plus de servait à rien. « Tu crois que j’ai quoi, cinq ans ? Tu crois que je peux pas rester dans un bloc plus de deux heures avec toi ? » Sa voix était calme mais ferme, froide, elle était sèche. « Je te croyais plus intelligent. Je te croyais plus malin que de mélanger vie privée et vie professionnelle. Mais encore une fois, tu m’as prouvé le contraire. » Elle se détacha du mur derrière elle, pour venir à la hauteur de Joshua. Du haut de son mètre quatre vingt cinq, Hanna devait lever la tête pour pouvoir croiser son regard. Mais leur différence de taille ne l’avait jamais empêché de lui tenir tête. Bien au contraire. « Si tu veux me parler, tu m’envoies un message, tu m’appelles, tu me bipes, peu importe mais ne t’avises plus jamais de faire ça, tu m’entends ? » Son regard était plongé dans le sien, elle lui lançait un regard noir, pour lui faire comprendre que la situation ne lui plaisait en aucun cas. « J’ai pas besoin que tu fasses des trucs aussi stupides pour attirer mon attention. Et tu sais quoi ? C’est franchement pas le meilleur moyen pour avoir une discussion. » Elle reconnaissait parfaitement qu’elle n’avait fait aucun effort pour aller vers lui. La personne qu’elle aimait et qui lui manque n’existait plus. Tout comme la Hanna dont il rêve encore n’est plus. Ils avaient changé, pris des chemins différents, évolués différemment. Son deuil en avait fait une personne aigrie. Hanna, elle, s’était renfermée, avait emprisonné ses sentiments et ses émotions dans un coin de son cœur. C’était mieux ainsi. Aimer n’amenait jamais rien de bon, de toute façon, à part des peines de cœur. Si son mariage avait changé sa vision des choses, la mort de son fils, elle, avait remis les compteurs à zéro. Joshua ne la comprenait plus. La preuve, il pensait avoir besoin de faire ce genre de chose pour que Hanna lui accorde de l’importance. Alors que non, elle n’avait pas besoin de ça. Elle secoua la tête, avant de venir s’asseoir sur un des lits. Ils n’étaient pas confortables, pas des masses, mais ils servaient bien quand c’était nécessaire. Pour une sieste, un petit somme de quelques heures, c’était suffisant. Elle reporta son attention sur Josh, qui se tenait au milieu de la pièce. Elle se demandait si leur relation valait encore la peine d’être sauvée, et s’il restait encore quelque chose à sauver. Pour l’instant, elle était persuadée que non.