(✰) message posté Sam 10 Oct 2015 - 5:47 par Invité
Mon coeur bat tellement fort qu'il me donne l'impression de briser ma cage thoracique. Mon ventre est aussi noué qu'une corde à sauter de petite fille. Pourtant, je continue, j'avance en camouflant ma grimace comme je le peux en enviant les porteurs d'écharpes. J'aurais pu, les ruelles londoniennes se rafraîchissent ces derniers temps et sa pluie devient glaciale. Mais jamais je ne pourrais porter ces choses-là. Je ne peux pas supporter leur contact autour de mon cou, leur toucher sur ma nuque. Rien que d'y penser, je dois réprimer un frisson de dégoût et d'angoisse. Je ne sais même pas pourquoi je garde cette séquelle en particulier, ce souvenir cuisant des mains autour de mon cou alors que l'air me manque. Tout ce que je sais… C'est que je n'ai pas envie d'y réfléchir, ni même d'affronter cette peur. Tout ce que je sais, c'est que j'ai simplement besoin de m'en tenir éloigner, d'éviter tout rapprochement avec cette zone-là de mon corps. Peu importe qui c'est, peu importe si ce sont même mes mains. Je ne peux m'empêcher de revenir en arrière lorsque cela se produit, de me souvenir de cette pensée, celle qui me confortait dans l'idée que j'allais mourir. Et cette sensation d'avoir les poumons vides, à la recherche d'un simple souffle d'air que je n'avais même pas. Cette fois, je ne peux réprimer l'agitation de mon corps et secoue la tête, me mordant fortement la joue pour me reprendre alors que je croise les regards pleins de questions sur moi. Un haussement de sourcil, un air hautain, et le tour est joué. Clarence Marshall est de retour, le vrai. Un léger sourire au coin des lèvres, je me surprend à me demander si cela est une bonne chose. J'ai tellement tout fait pour le rester, pour ne pas être celui que je suis vraiment au fond de moi, que j'en viens à me demander si je n'ai pas fait une erreur. Si je ne dois pas… Être plus sincère envers les autres. Non, envers moi-même. Une grimace me vient, détestant avoir à faire à ce genre de court de pensée, puis m'arrête devant l'immeuble désiré. Mon coeur se remet à jouer de la samba alors que je me tiens le ventre, soupirant fortement. Que va-t-elle penser de moi ? De mon attitude ? Je n'aurais pas cru en avoir quelque chose à faire à ce point. Pourtant… Pourtant, face à son appartement, pénétrant le hall pour me diriger vers l'ascenseur, je me rends compte d'à quel point c'est important en réalité. D'à quel point je peux m'en faire de ce qu'elle pense de moi, de comment elle me voit. C'est la seule à laquelle j'ai pu m'ouvrir, la seule avec qui je me sens assez à l'aise pour le faire. Inspirant une dernière fois, je laisse le maître à tout faire – ou peu importe ce qu'il est, à vrai dire, du moment que ses yeux et ses mains sont très loin de moi – appuyer sur le bon étage. La cage de fer s'élève dans un silence pesant et écrasant, me faisant détourner une nouvelle fois les yeux pour ne pas avoir à faire semblant. Je suis trop mort de trouille pour ça, actuellement. Est-ce qu'il sait que je n'habite plus ici, théoriquement ? Que vais-je faire si elle n'est pas chez elle ? Non… Normalement non, elle y est. J'ai demandé un million de fois à Andrew avant de venir ici, et je pense que si je recommence, il vient lui-même me chercher pour me jeter dans l'appartement. Nouveau soupir. Je ne sais même pas si… Tout ça, avec lui, est un tant soit peu normal. Je ne sais même pas ce que c'est, ce tout ça. Simplement qu'il m'a manqué, beaucoup trop. Et que je lui ai manqué aussi, et qu'on s'est revu, et qu'on a dîné ensemble, et que… Bref. Je ne veux pas penser à ça maintenant, pas alors que les portes s'ouvrent. Un bonne journée retentit dans mon dos, mais je n'y réponds que par un vague grognement inaudible et m'avance vers la porte d'entrée, laissant l'ascenseur repartir sans moi. Peut-être que je n'aurais pas dû venir… Les secondes, puis les minutes passent, alors que je reste bloqué devant cette satanée porte. Je triture mon téléphone, hésite à envoyer un sms à Olivia, puis finalement envoie un Je stress, bon sang à Andrew. Encore une chose pour laquelle je vais m'en vouloir d'ici peu de temps, haissant toujours de me montrer aussi franc et ouvert sur moi-même avec lui… Mais je n'y peux rien, dans des moments pareils, je laisse un peu du vrai Clarence resurgir, celui plein de peur et d'angoisse qui agit souvent sous l'influence de ses démons intérieurs. Allez Clarence, tu peux le faire. T'as juste à taper sur cette fichue porte. Ou alors tu l'ouvres... Je pourrais. Je pourrais l'ouvrir et y rentrer comme si de rien n'était, faire comme si je n'étais jamais parti sans réelles explications, faire comme si je n'avais pas ainsi planté la femme qui va avoir mon bébé – et ça j'ai encore du mal à l'assimiler, à croire cela possible et vrai – et Andrew, et toute la famille, durant quelques mois. Des mois où j'ai essayé de réfléchir, de me retrouver… Sans grand succès. J'ai fait tout ça pour rien, j'en ai bien peur. Et c'est pathétique. Soufflant à nouveau, je me décide enfin à taper contre la porte, n'arrivant pas à faire comme si je me fichais de tout ça, de tout ce que j'ai fait. De comment j'ai agit. Peut-être est-ce ça, que j'ai appris… Ne pas faire comme si c'était le cas. « Olivia… ? C'est moi » Je tente alors à travers la porte toujours close, me demandant si je n'aurait pas dû me taire pour avoir la chance de voir cette porte s'ouvrir enfin sur ce que j'aurais dû dire, et faire, depuis longtemps.
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(✰) message posté Dim 11 Oct 2015 - 19:25 par Invité
Clarence & olivia — i can't escape this hell, so many times i've tried. but i'm still caged inside. somebody get me through this nightmare, i can't control myself. so what if you can see the darkest side of me? no one will ever change this animal i have become. help me believe it's not the real me. ✻ ✻ ✻ Je fixai l’unique barre qui s’était affichée sur le test de grossesse après quelques minutes d’attente, ne prenant même pas le soin de le secouer dans l’espoir que cela change quelque chose, ne pensant même plus à bien vérifier ce que cela signifiait. J’avais fini d’espérer, fini d’être animée d’une certaine candeur. J’avais fini de me faire des idées, fini de me dire qu’il en fallait un deuxième pour confirmer le premier. Je le posai sur le rebord du lavabo, les doigts tremblants. Mon esprit semblait flotter loin, si loin de mon corps. Il s’était détaché à l’instant même où il avait compris qu’il s’agissait d’un nouvel échec, d’une nouvelle mauvaise nouvelle, d’un nouveau faux espoir. Il avait fui la réalité comme pour se sauver du monde. Il avait fui la réalité tant il avait déjà bien souffert. Je ravalai ma bile pour finalement le faire tomber dans la poubelle, abaissant le couvercle en retirant mon pied d’un mouvement sec. Mon regard se posa sur mon reflet dans le miroir et je le défiai presque du regard. Je redressai mes épaules, puis ma tête, pour finalement faire un pas sur le côté et sortir de la salle de bain. J’étais seule chez moi mais j’éprouvais quand même la nécessité d’être forte, de le paraître, du moins ; j’étais seule chez moi mais je continuais d’agir comme si j’étais sur scène, dans le grand théâtre de mon existence. Mes inspirations étaient mesurées. Mes pas, quant à eux, se succédaient dans un rythme réguliers. Je ne savais même pas si j’avais envie d’informer Isaac ou si je préférais oublier seule ; je ne savais même plus si j’avais encore la détermination nécessaire pour continuer d’essayer ou si le courage finissait par me manquer. J’avais l’impression d’avoir trop perdu pour me répéter que me relever valait réellement la peine. J’avais l’impression d’avoir trop perdu pour poursuivre mes efforts comme si rien était. Mais, la vérité, c’était que j’avais l’impression de perdre un enfant à chaque fois qu’un test me démontrait que je n’étais pas enceinte. Mais, la vérité, c’était que ma grossesse nerveuse m’avait encore fait bien plus de mal que ma fausse couche. J’étais faible, au fond. Malgré toutes les épreuves, je continuais de l’être. Je tentais de lire un peu, assise contre les coussins du canapé, sans parvenir à fixer les lignes de mon chapitre ; je ressentais des impatiences remonter dans tout mon corps, si bien que j’abandonnais au bout de quelques instants. Je ne savais pas rester en paix avec moi-même simplement parce que je refusais de me focaliser sur mes problèmes. Je ne savais pas rester en paix avec moi-même parce que mes pensées se faisaient trop vivantes, se faisaient trop présentes, quand j’étais toute seule dans mon univers. Je secouai la tête, dépitée par mes propres réactions, affligée par mes gamineries, avant de finalement entre un murmure étouffé. « Olivia… ? C'est moi, » lança une voix à travers la porte d’entrée. J’haussai les sourcils, surprise, alors que mon coeur commençait déjà à s’emballer dans ma poitrine. Je me levai en un mouvement, me précipitant pour ouvrir la porte et trouver Clarence dans l’encadrement. Je ne lui laissai pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre. Je ne lui laissai pas le temps de me saluer, de s’expliquer, d’articuler le moindre mot. J’ouvris les bras pour le serrer contre moi, le serrer aussi fort que je ne le pouvais après cette longue période sans le voir. C’était étrange, quelque part. J’avais passé des années loin de ma famille mais c’était en cet instant, après son absence de quelques mois qui me touchait le plus. « Je pensais que m’avais oubliée depuis le temps, petit frère, » lui glissai-je en faisant un pas en arrière pour le laisser respirer. Je lui fis signe d’entrer à l’intérieur. « Ne reste pas sur le palier. » Je refermai la porte derrière lui. Je m’emparai de son manteau sans rien dire, allant le suspendre dans le placard, comme s’il était venu pour rester, comme s’il avait prévu de me consacrer du temps. Je ne lui laissais pas le choix, à vrai dire ; j’avais été affectée par son départ alors que j’avais toujours été en convalescence suite à mon accident de voiture lors des cambriolages de Londres. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il revienne. Je ne m’étais pas attendue à le revoir sur le pas de ma porte, pas après avoir passé temps de temps sans nouvelle, sans rien. « Tu vas bien ? Tu veux boire ou manger quelque chose ? J’ai de la bière au frigo, je peux te préparer un petit quelque chose si tu veux, » finis-je par lui dire en me tournant vers lui. J’avais noté les angoisses qui agitaient son visage. J’avais vu l’anxiété passer dans ses yeux. Je ne la notai pas pour ne pas l’embarrasser mais je me doutais bien que quelque chose n’allait pas ou, du moins, qu’il n’allait pas aussi bien qu’il ne voulait le prétendre. Au fond, nous n’étions pas bien différents l’un de l’autre. Si Clarence semblait fort et arrogant, cela n’était que pour masquer le gamin qui se cachait réellement derrière ses traits ; si je paraissais courageuse et dévouée, cela n’était que pour étouffée la gamine traumatisée qui hantait mon être. Nos apparences étaient trompeuses. Trompeuses parce que nous ne voulions, en aucun cas, que quelqu’un se rende finalement compte du chaos qui régnait dans nos esprits.