"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici we are all in the gutter, but some of us are looking at the stars. (Thomas) 2979874845 we are all in the gutter, but some of us are looking at the stars. (Thomas) 1973890357
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we are all in the gutter, but some of us are looking at the stars. (Thomas)

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() message posté Dim 23 Aoû 2015 - 15:05 par Invité
Cela devait être juste un verre, ou deux, avec les voisins. Même pas besoin de semer Evan ce soir, elle ne l’a pas vu de la journée. Monsieur doit avoir une copine ou mieux à faire, ce qui n’est pas difficile en soi. C’est déstabilisant quand il rend les choses aussi faciles… Un verre entre ceux qui sont restés à Londres tout l’été, juste avant de décoller pour la Californie. Ils ne sont pas bien nombreux, mais ce sont des gens plutôt cool. En tout cas, Teddy a passé un bon moment. Comme une personne normale.

Et puis les autres, ils ont voulu aller en boite passer une certaine heure, un certain nombre de verres. Danser, continuer de boire. Elle a décliné la proposition prétextant que la gueule de bois et les longs courriers ne font pas bon ménage. De toute façon, ce n’est pas sa tasse de thé. La foule, les corps qui s’effleurent au rythme de la musique. Tout ça lui donne des sueurs froides. Certes, elle aura tout le temps de dormir dans l’avion, mais elle a vraiment entendu que les effets de l’alcool sont comme décuplés en vol. Une bonne nuit de sommeil ne lui fera pas de mal. De toute façon, ils n’ont pas demandé plus de justifications. Trop pressés de trouver un taxi. Ils se sont comme volatilisés après avoir réglé la note. Elle est sur le point de faire de même. Mais au moment de se glisser – littéralement quitte à prendre sur elle-même – vers la sortie, une main baladeuse a comme décidé de s’aventurer sur sa robe, un peu trop bas à son goût. « Hé, mais j’vous permets pas. » Elle a peut-être finalement trop bu la Teddy, mais elle est encore capable de marcher prétendant ne pas tituber, quasiment consciente de ce qu’il lui arrive, surtout quand on fait une tentative de ce genre. Sauf que, mauvaise nouvelle, elle n’arrive même pas à avoir un peu d’autorité dans cette voix un peu trop faiblarde, alors quand quand elle tente de repousser le corps rattaché à cette main un peu trop baladeuse, c’est plutôt en vain. La fatigue et les effets de l’alcool ne sont pas de son côté pour ça. Mauvaise nouvelle encore : le dernier verre fait finalement effet. Alors le pervers, un peu plus vieux qu’elle, il semble prêt à en profiter un peu. Pourtant, elle ne porte rien ou ne fait rien de particulier… Des filles aguicheuses, il y en a certainement d’autres dans les parages. L'inconnu se cale à ses côtés, comme s’il est son petit ami. Bras glissé dans le dos, main posée sur la hanche de la jeune femme. Ce contact la met dans tous ses états de panique, à l’intérieur. Livide, elle n’ose toujours pas se défendre. Ça va lui passer. Le type va finir par l’oublier, hein. Sauf qu’il vient de terminer son verre. « Allez, je t’offre quoi ? » Rien. Elle refuse d’un signe de la tête. Elle peut plus rien boire. Pour pas finir la nuit dans ses bras minables. Minable de s’en prendre à une fille dans son état. Soudainement, Teddy ressent un sentiment de honte. Le sentiment de paraître pour une fille donc on pourrait abuser avec une certaine facilité. Sans rien dire, la jeune femme implore du regard. Il y a toujours quelqu’un, un type ou une fille bien, sans mauvaise intention et même avec un peu de compassion dans les bars. Quelqu'un qui pourrait l'extirper de cette horreur.
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() message posté Sam 5 Sep 2015 - 12:57 par Invité
Dans un monde meilleur je serais resté chez moi. Mais je ne m’étais toujours pas habitué à la présence d’Elsa. La rentrée de l’hôpital fut lourde, difficile. Une voix raisonnable dans mon crâne se forçait à me dire d’être sérieux et responsable avec les médicaments. De ne pas en prendre trop, de le faire à la bonne heure, de fournir un putain d’effort, même minime, juste histoire de se sentir mieux. Je finissais par avoir beaucoup trop mal pour simplement m’en foutre. Je m’étais retrouvé devant ce millier de boîtes pleines de cachets, rangées dans l’ordre juste devant le miroir de la salle de bain, au-dessus du lavabo, mais les noms se mélangeaient dans mon esprit. Et quelque part, je ne voulais pas d’une addiction de plus. J’avais peur des excitants et des calmants. J’avais peur de me tromper d’heure et de foutre en l’air le peu de vitalité qui me restait encore. J’avais peur de laisser les drogues diverses me contrôler, encore une fois. La morphine me tuerait si le cancer n’y parvenait pas avant. Cette fois je n’en avais pas pris. J’avais fait tomber tous les médicaments par terre d’un violent revers de main, grognant un juron avant de tituber vers la sortie de la pièce, le palier, l’escalier et la rue. Elsa rangerait. Elsa rangeait toujours. J’étais revenu de l’hôpital, je m’étais affalé dans le canapé sans réfléchir, avant de me rendre compte que je n’avais jamais eu de canapé auparavant. Et je m’étais endormi. A la mauvaise heure, dans la mauvaise position, pour les mauvaises raisons, mais je m’étais endormi. Sommeil agité, cauchemars oubliés, mal de dos terrible au réveil. J’avais assimilé la présence du canapé. J’avais encore du mal avec celle d’Elsa, mais je ne doutais pas qu’elle réussirait à se faire une place dans cet endroit sinistre. Je n’allais jamais l’avouer, j’étais bien trop fier pour admettre que j’avais eu tort. Alors pour éviter d’affronter son regard de princesse, je filais en douce à l’extérieur sans jamais lui dire quand j’allais revenir. Ça lui faisait peur. Ça me faisait rire. Presque tout le monde était satisfait.

Je jetai mon dévolu sur un bar rempli d’oiseaux de nuit. Je fus nostalgique de toutes ces années passées à observer chacun d’eux et les connaître de loin. C’était tellement plus intéressant de ne pas s’approcher, de voir ce qu’ils laissaient voir et ce qu’ils tentaient en vain de cacher. J’aimais remarquer leurs réflexes, leurs automatismes, leurs handicaps, leurs tocs et la boisson qu’ils commandaient le plus. Je n’avais pas besoin de les aborder. Je connaissais mes oiseaux de nuit par cœur. Les meilleurs comme les pires. Je ne m’installai pas directement en pénétrant dans la salle principale, prenant le temps de trouver une position stratégique. « Hé, mais j’vous permets pas. » Cette voix s’éleva à travers la foule mais elle s’évapora aussitôt. Mon regard glissa vers sa source, attentif. Un véritable aigle. Je passai mes doigts dans ma barbe et me grattai lentement la joue. Ma mâchoire était douloureuse et j’avais l’impression qu’une simple pression sur ma peau me permettrait de la trouer. Je laissai retomber mon bras le long de mon corps en soupirant. Un pauvre con avait décidé de pourrir la soirée de l’un de mes oiseaux de nuit, une jeune fille qui aurait préféré un million d’années de solitude plutôt que de devoir supporter la présence de ce vieux pervers autour d’elle, et elle avait bien raison. L’homme termina son verre et l’importuna à nouveau. Elle était crispée, je le voyais d’ici. Personne ne réagissait. Elle ne parlait pas, restait immobile sur son siège et lui avait la voix sulfureuse, tranquille et sereine, pleine de certitude. Trop basse pour qu’on puisse l’entendre si l’on ne cherchait pas à l’écouter. Je levai les yeux au ciel en le voyant sourire. C’était navrant.

Je m’engageai dans leur direction d’une démarche nonchalante. Il ne vit pas ma main se poser sur son épaule. Je serrai fort alors qu’il se retournait, hébété par la surprise. Je penchai la tête en gardant mon sérieux. Je savais terriblement bien le faire, même lorsque j’avais envie d’éclater de rire. Et le visage livide et figé de cet individu faillit me faire perdre ma carapace de marbre alors que je lus dans ses prunelles cernées que son assurance se brisait en mille morceaux tranchant, se plantant sans vergogne dans sa fierté. « J’espère très sincèrement que t’étais pas en train de draguer ma femme. » Aucun sourire. Je jouais parfaitement le type froidement furieux. Je ne jetai pas de regard à notre voisine pour ne pas briser le contact visuel. Celui-ci faisait tout. Mais j’avais parlé fort et distinctement. Je savais que quelques paires d’yeux s’étaient posées sur nous. Il méritait de sortir de ce bar plein de honte. Il méritait que subir les jugements de tous les gens présents dans la salle. Son muscle s’était tendu mais j’appuyai de toutes mes forces dans un point sensible de son bras et il retint un gémissement. N’y pense même pas. Lui n’était pas l’un de mes oiseaux de nuit. Je le virais sans aucune hésitation. « Tu devrais songer à te barrer. » Il suspendit sa réponse cinglante – le contact visuel étant toujours aussi efficace – et glissa de son siège. Je ne le lâchai qu’au moment où il cessa de me fixer et qu’il s’en alla vers la sortie. Comme prévu, les clients le suivirent du regard alors qu’il disparaissait dans la nuit. Je m’installai sur son siège mais gardai une distance entre la jeune fille et moi. Je lui jetai un coup d’œil et constatai qu’elle était vaguement éméchée. Un mince sourire étira discrètement mes lèvres. La situation m’amusait. « La prochaine fois frappe-le. Tu le surprends, il se casse direct, les types comme lui n’ont aucun courage. » Et même s’il répliquait, d’autres s’en mêleraient. La situation ne pouvait dégénérer que si elle se laissait faire. Et je ne permettais à personne d’importuner mes oiseaux de nuit. C’était une règle d’or pour conserver une certaine harmonie.
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() message posté Mer 16 Sep 2015 - 22:29 par Invité
Pendant un moment, Teddy a cru que ce dérapage irait plus loin que la main baladeuse. Elle s’est même fait tout un tas de scénario, plus horripilant les uns que les autres. Du moins pour elle. Côté dramatique de la fille qui ne supporte pas les contacts physiques en tout genre, et non désirés. Le type, lui en dehors de l’empêcher de s’enfuir et de lui jeter quelques regards en coin lourds de sens, ne semble pas plus perturbé que cela par la situation. La jeune femme regrette de ne pas s’être éclipsée avec les autres, quitte à prendre un taxi différent pour rejoindre son lit. « J’espère très sincèrement que t’étais pas en train de draguer ma femme. » Elle cligne des yeux, surprise par la voix, le ton froid, les paroles. Ma femme ? Femme de qui ? Quoi ? Elle tressaillit, mais ne se tourne pas pour autant pour découvrir qui vient de s’adresser à eux. Malgré ses pensées brouillées, elle comprend que cette phrase n'est pas anodine, c'est son grand coup de main du soir, une sorte d'ange gardien. Qui sait. Elle se contente d’acquiescer quelque peu niaisement, le regard quelque peu perdu aussi, le tout certainement dû par l’alcool qui a atteint son système à son nirvana (ou presque). Elle se permet même de faire un clin d’œil. Oui oui, tu as bien entendu : la femme de monsieur ici présent. Et toc. « Tu devrais songer à te barrer. » Teddy est à la fois tétanisée par la façon de faire, de dire les choses, et soulagée de ne plus être seule entre les doigts de l’autre. L’autre qui semble avoir encore plus flippé qu’elle et qui a fini par prendre ses jambes à son cou. Miraculeusement. Alors elle tourne doucement la tête pour enfin faire face, voire dévisager, ce nouvel inconnu et sauveur de ces dames d’un soir. « La prochaine fois frappe-le. Tu le surprends, il se casse direct, les types comme lui n’ont aucun courage. » Si la jeune femme est un peu surprise par cette façon d’amorcer la conversation, elle se contente d’hausser les épaules, peu convaincue par le conseil du nouvel étranger. En réalité, ce n’est pas sa force de mouche qui lui pose problème, quoiqu’un peu puisqu’elle n’a jamais vraiment frappé quelqu’un, encore moins un malotru de cette espèce. Elle redoute surtout de se prendre un coup, un vrai, en retour. On ne sait jamais comment prédire les réactions des gens qui ont trop bu. En tout cas, loin d’elle l’idée d’avoir un coup de main au cas où son adversaire songe à répliquer. « Je suppose que je te dois un merci ? » Pendant qu’un sourire plus sincère s’étend sur ses lèvres, Teddy s’accoude à la table et pose son visage sur ses phalanges croisées, le regard toujours posé sur le brun. Si elle était plus créative, elle ferait mieux qu’un merci. Après tout, il l’a un peu sauvée ce soir. Elle scrute chacun des détails de son visage. Son nez et sa mâchoire particulièrement anguleuse. Ses cheveux débraillés, sa barbe. « L’alcool, c’est terrible chez certains. » Elle balance ça, comme d’habitude, sans se soucier qu’ici, notamment, elle pourrait croiser plus d’une personne pour qui l’alcool est terrible, puis soupire longuement tout en faisant craquer sa nuque. « Et mal pour tout le monde, en général. » Cette dernière remarque est pour elle, cette fois. Soudainement, sa tête devient trop lourde pour que ses doigts la supportent plus longtemps. Alors que ses bras retombent lourdement sur la table, son visage se pose de façon plus délicate dans le creux de son coude. « Est-ce que je peux t’offrir quelque chose en guise de remerciement avant de partir à la recherche d’un taxi ? » Non parce que tout de même, avant cette histoire de main trop indiscrète, Teddy était sur le point de rentrer chez elle. Et c’est toujours dans ses projets, bien qu’elle ressente le besoin de retrouver ses esprits. Pas encore bien remise par la dernière scène. Si on ne lui avait jamais fait le coup du type relou (non vraiment jamais jusqu’à ce soir), elle avait jamais eu le droit non plus à celui du faux petit ami/mari pour la sortir de là. Et si la jeune femme devait témoigner de cette étrange expérience, elle avouerait que c’est plus déstabilisant qu’on tend à le croire.
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() message posté Sam 19 Sep 2015 - 1:03 par Invité
Elle paraissait surprise. Cela se ressentait dans l’air, dans son silence et dans le regard qu’elle laissait accroché à mon visage et ma silhouette décharnée. Je restai de marbre. Elle devait se demander pourquoi je lui donnais un conseil pareil. Comment une crevette comme elle pouvait rivaliser avec un type comme lui. Mais justement, n’était-ce pas le problème ? Je n’aurais pas dû à avoir à lui donner cette astuce, certes violente, mais efficace. Je penchai mon visage vers elle. Je ne m’étais pas vraiment attardé sur ce à quoi elle ressemblait. Dans la lumière tamisée d’un bar, tous les visages se ressemblaient. Elle avait des traits félins encadrés par une longue chevelure brune. Un chat, un vrai chat. Me toisant avec cet air intrigué, et néanmoins en retrait, craignant chaque forme s’approchant de lui. Mais elle avait un certain magnétisme au fond des yeux. Quelque chose qui captivait. Même moi, j’eus un temps d’hésitation avant de rabattre mes prunelles sur les rangées de bouteilles qui ornaient le mur derrière le comptoir. « Je suppose que je te dois un merci ? » Un mince sourire apparut sur mes lèvres tandis que je me grattai la tempe et passai ma main dans mes cheveux négligés. Non, c’est lui qui te doit des excuses, nuance. Dommage qu’il soit parti. Je haussai les épaules, amusé par sa remarque. Elle semblait naïve, je crus l’entendre dans sa voix. Elle avait un accent né sous un autre soleil, outre-Atlantique. Oh, non, non, ça ne voulait rien dire. « C’est bien aimable. » répondis-je dans un grognement rauque. Rauque mais charmant. On ne pensait pas à la maladie et la faiblesse. On pensait au type de l’ombre qui achetait des clopes et préférait jeûner pour économiser. Beau portrait de moi-même, pourquoi s’acharner à écrire des textes entiers ?

« L’alcool, c’est terrible chez certains. » J’arquai un sourcil puis tournai à nouveau mon visage vers elle. Son ton était drôlement détaché. J’ignorais si elle s’adressait réellement à moi. Il fallait qu’elle fasse attention, j’étais un garçon susceptible. Je prenais tout trop personnellement. « Et mal pour tout le monde, en général. » Je laissai échapper un rire inaudible dans un souffle en l’observant parler. Elle paraissait épuisée mais convaincue. C’en était presque étrange. « Tu viens de le découvrir ou tu me fais la remarque ? » Moi aussi, je pouvais avoir le rôle mielleux du chat : piégée, elle passait pour la candide ou la moralisatrice. C’était à elle de choisir. Ou bien, troisième option, une répartie qui capterait mon attention. Et puis, je voulais simplement me moquer un peu d’elle. Je me faisais cette réflexion à chaque fois que j’y pensais lorsque je me trouvais coincé devant un verre rempli et luisant d’une lumière cuivrée – car j’étais toujours coincé, ce n’était jamais de ma faute. Je lui adressai un nouveau sourire, plus net cette fois-ci. A quel moment je lui dis que je déconne ? Probablement jamais, c’était là le plus drôle.

« Est-ce que je peux t’offrir quelque chose en guise de remerciement avant de partir à la recherche d’un taxi ? » Je haussai cette fois les deux sourcils et me tournai pour venir poser mon bras droit sur le comptoir et mon menton sur ma paume. Elle avait fini par se coucher, nicher son visage dans le creux de son coude. Elle était fatiguée. Fatiguée de devoir rester au bar jusqu’à en oublier l’heure sans que rien d’intéressant se passe. Fatiguée d’habiter loin et de ne plus savoir ce qu’elle faisait à traîner dans le coin. Fatiguée de boire de l’alcool et de se faire importuner par des cons. Elle ne sentait pas la clope à un kilomètre, il y avait toujours de l’espoir. « Volontiers, mais … » Je penchai la tête, une malice se déguisant en surprise logée dans les iris. « … je croyais que l’alcool c’était mal pour tout le monde. » Je haussai les épaules. Quoi, quoi, j’ai vraiment l’air d’un ivrogne ? Tu as dû louper la fois où je suis venu ici pieds nus car j’avais oublié de lasser mes chaussures et qu’elles s’étaient enlevées toutes seules dans les escalier de mon immeuble. Je lui laissais le choix de s’en aller maintenant. Ce n’était pas donné à tout le monde. Cependant, je me sentais responsable à présent. Peut-être que j’allais m’en vouloir de ne pas savoir si elle était bien rentrée chez elle, si je ne l’accompagnais pas jusqu’à la porte. Après tout, j’étais venu, j’avais fait un effort. Tout ne monde ne pouvait pas se vanter de l’avoir vu, tant cela était rare. Mais elle était un oiseau de nuit. Un chat de gouttière avec du style, sans l’odeur nauséabonde. A quand les véritables compliments, Tom ? Quoi, vous n’aimez pas mes métaphores animalières ? Pas étonnant que je sois un loup solitaire et incompris. « En plus, qui sait si je suis pas encore plus emmerdant que mon prédécesseur ? » Sourire. Ceux-là venaient par vague, je ne ponctuai pas mes phrases de points, mais plutôt d’expressions, d’airs ancrés dans le creux de mes joues et la forme de mes fossettes. Non, ça se voyait que j’étais sympa et digne de confiance. Mon corps me lâchait parfois, mais mes valeurs, mes valeurs ! Jamais ! Je la toisai sans ciller. Qui sait ? Personne ne sait. Voilà pourquoi c’est emmerdant.
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() message posté Sam 3 Oct 2015 - 16:56 par Invité
Alors que l’étranger semble prendre tout son temps pour lui accorder une réponse – après tout, ce n’est pas si compliqué d’accepter ou de refuser un verre – la jeune femme ne sait pas comment interpréter ce silence. Bien qu’elle ne s’empêche pas de faire de même, elle se sent observée. Rapidement, survolée. De son côté, elle n’a pas de détail particulier à noter. Surement parce que l’angle adopté ne lui offre pas de détail particulier. D’ailleurs, là-dessus, elle fait un bref effort pour se tenir un peu mieux. Pas vraiment droite, mais un peu mieux. « C’est bien aimable. » Elle arque un sourcil. Bien aimable ? Teddy est censée comprendre quoi au juste derrière cette réponse ? Du coup, elle ne sait pas quoi faire, encore moins lui répondre. Elle cligne des yeux. Ça faisait bien longtemps qu’on ne lui avait pas cloué le bec de la sorte. Sans le lui demander de façon explicite. Sans lui avoir mis de l’adhésif sur les lèvres. Elle est surprise au point d’être coupée dans son élan de départ. Dans l’immédiat, être assise sans être tripotée n’est pas si mal. Même si ce n’est pas moelleux. Même si ce n’est son lit. « Tu viens de le découvrir ou tu me fais la remarque ? » Teddy soupire et tourne la tête dans sa direction. « Pourquoi, tu as un souci en particulier ? » Elle lui répond du tac au tac, bien contente d’avoir quelque chose à dire. Même fatiguée, même dans des moments comme celui-ci, elle demeure une pipelette. Monsieur a quelque chose à se reprocher ? En tout cas, si elle devait répondre franchement à sa question, elle avouerait qu’elle a l’impression de découvrir ce fait à chaque fois qu’elle boit, de se faire avoir à chaque fois aussi. Ou plus précisément chaque lendemain matin (ou midi) après avoir bu. « Volontiers, mais… je croyais que l’alcool c’était mal pour tout le monde. » Elle lui a proposé un verre plus par politesse que pour revenir sur ses paroles. De toute façon, elle les oubliera certainement d’ici quelques jours ou semaines. Bref, elle les oubliera, recommencera et dire quelque chose d’autre de similaire. L’alcool est mal pour tout le monde. Dans le fond, l’alcool vous isole alors que vous êtes persuadés que c’est un moyen de rapprocher les gens, de faire en sorte qu’ils se font la conversation et tissent des liens. L’alcool vous donne aussi des regrets au réveil. Mal de tête. Estomac retourné. Arrière goût dans la bouche. Envie de rester au lit jusqu’à ce que tous ces effets disparaissent. « [color=crimson]Comme tu veux. » Teddy tente d’hausse les épaules, mais dans cette posture, le geste doit être brouillon. Peut-être que dans le cas du jeune homme (actuel, rien à voir avec son histoire personne qu’elle ignore), ce n’est pas encore très mal. Après tout, il semble encore cohérent et plutôt sain d’esprit. « En plus, qui sait si je suis pas encore plus emmerdant que mon prédécesseur ? » Tous ses muscles se contractent. Une situation qu’elle ne tient pas à revivre. D’ailleurs, elle donnerait cher pour l’éviter une nouvelle fois. Elle panique à l’idée de sentir encore une main malveillante se poser sur son épiderme. Il ne lui en faut pas plus pour que les larmes lui montent aux yeux. Teddy essaye de se reprendre. Elle ferme les yeux et passe sa main sur sa bouche. Quand elle rouvre les paupières, elle essaye de croire que les dernières secondes n’ont pas eu lieu. « Si c’est le cas, t’as une approche plus intelligente déjà, surtout en m’abordant avec des conseils pour me débarrasser d’un boulet. » Elle secoue la tête. En fait, cette sorte d’approche n’a ni queue, ni tête, s’il avait juste l’intention de piquer la proie de son prédécesseur. Lui dire quoi faire pour pouvoir échapper à quelqu’un de semblable, drôle de logique. « Mais je crois que c’est une sorte d’intuition, sixième sens, pressentiment… Appelle ça comme tu veux. Un truc, exclusivement féminin ou pas, qui me pousse à croire que tu garderas tes mains où il le faut ou que tu ne feras pas d’allusion déplacée. » De toute façon, qu’est-ce que cela peut bien faire ? Il est dorénavant uniquement question de décaler de quelques minutes son retour chez elle et s’il s’avère que monsieur se montre aussi insistant que son cher prédécesseur, alors elle suivra son conseil. Le frapper. Avec sa force de hamster réduite à celle de mouche à cause de l’ébriété.
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() message posté Mer 14 Oct 2015 - 19:59 par Invité
« Pourquoi, tu as un souci en particulier ? » Je tournai la tête vers elle en lui accordant un sourire amusé et un haussement de sourcils. J’oubliais : il devait probablement y avoir une explication scientifique à l’alcoolisme, mais j’étais venu seul dans ce bar et je n’en repartirais probablement seul, ou en tout cas pas avec l’homme ou la femme de ma vie. De là à dire que j’étais alcoolique, certes, il y avait du chemin à faire, mais c’était probablement quelque chose dont on prenait conscience seul. Ce moment où l’on décidait de se pointer à l’une des réunions des Alcooliques Anonymes parce que l’on prenait enfin sur soi, parce que l’on agissait en adulte responsable et que l’on décidait de chasser le mal qui sévissait en nous, je ne l’avais pourtant pas vécu encore. Mon séjour à l’hôpital s’était soldé en tout un tas de recommandations, mais on ne m’avait convaincu que d’une chose : l’anorexie me tuerait plus vite que l’alcool et le tabac. Quarante jours sans manger, c’était le délais que l’on m’avait dit, en m’ordonnant de me reprendre en main et d’avaler régulièrement quelque chose. Je m’étais rendu aux réunions d’anorexiques, cela faisait à présent partie de ma routine hebdomadaire, et Elsa s’occupait de me surveiller constamment. On ne me retirait pas le filtre de ma cigarette des lèvres mais on pouvait tout de même me rappeler d’avoir faim. J’avais repris des couleurs. Je considérais cela comme une monstrueuse défaite car ma fierté bornée en prenait un sacré coup, mais après tout, ce n’était pas non plus désagréable de retrouver une once de santé, parfois.  Je la regardai de haut en bas : et pour toi alors, j’ai une gueule d’alcoolique ? Je prends tous les avis, je suis en train de monter un sondage. Mon sourire ne quitta pas mon visage lorsque je répondis : « Seul dans un bar à une heure pareille en pleine semaine ? Je doute que quiconque me dise qu’il n’a rien à se reprocher. » Et pour moi, la liste de mes échecs et de mes regrets était longue mais je m’en servais de feuille pour rouler mon tabac. C’était gratuit et ça ne s’épuisait jamais.

« Comme tu veux. » répondit-elle en haussant les épaules, désinvolte. Elle s’en foutait alors je m’en foutais aussi et acceptai volontiers le verre qu’elle m’offrit. Mais son attitude changea complètement lorsque je prononçai les quelques mots suivant. Elle se raidit et ferma les paupières, cherchant physiquement à oublier mes paroles, comme si je n’existai pas, comme si elle faisait un mauvais rêve. Puis elle se reprit et me rétorqua : « Si c’est le cas, t’as une approche plus intelligente déjà, surtout en m’abordant avec des conseils pour me débarrasser d’un boulet. » Je hochai la tête en lui accordant une moue approbatrice. En effet. Elle ne tarda pas à poursuivre. « Mais je crois que c’est une sorte d’intuition, sixième sens, pressentiment … Appelle ça comme tu veux. Un truc exclusivement féminin ou pas, qui me poussa à croire que tu garderas tes mains où il le  faut ou que tu ne feras pas d’allusion déplacée. » Un sourire félin éclaira mon visage et j’approuvai de nouveau d’un signe de tête car les limites qu’elle plaçait ainsi étaient implicites dans mon esprit. Je plaisantais. Je l’avais sauvée du lourdaud de service, ce cliché permanent du fond des bars et, même s’il était certain que j’étais moi-même un indéniable cliché – le philosophe misérable se nourrissant de l’écume amère des nuits dans les pubs irlandais aux relents de tabac et de bière brune – je savais où s’arrêtait la décence et où commençait le manque de respect. Du respect, je n’en avais pas pour moi-même, mais j’avais la présence d’esprit d’en avoir pour les jeunes filles qui venaient de se faire harceler par de pauvres types en manque d’affection – et de désir, probablement. On me servit le fameux verre et je le portai à mes lèvres avant de lui répondre : « Ne t’en fais pas. Parole d’honneur que je reste courtois et distingué. » Je reposai le verre et observai mon reflet dans les éclats cuivrés de la boisson. « Et si je t’emmerde trop même comme ça, tu te lèves et tu te barres sans un mot, je ne te suivrai pas. » Je reportai mon regard sur elle. « Moi c’est Tom. Je suis chiant mais ça va. » poursuivis-je en haussant les épaules, comme si cette présentation complètement décalée éclairait les recoins les plus sombres de ma personnalité. Etrangement, d’une certaine manière, c’était le cas. « Bon, tu fais quoi dans la vie ? » demandai-je pour conclure. Il devait forcément y avoir une raison pour laquelle elle se retrouvait ici ce soir et elle finirait par me le dire, si elle ne partait pas avant. Je maintenais une distance de plusieurs centimètres entre nous. Je ne respectais aucun accord. J’agissais juste normalement.
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