"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici giant gutter in outer space (luna) 2979874845 giant gutter in outer space (luna) 1973890357
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() message posté Ven 24 Avr 2015 - 13:34 par Invité
Dans ma main, le minuscule éclair au café. Je le toisai, les sourcils froncés, l’air presque perplexe, presque méfiant. Oh, ça ne pouvait pas me faire de mal, si ? Je n’avais toujours pas faim. J’avais mangé quelques feuilles de salade pendant toute la journée, sans sauce, juste cette vieille scarole que j’avais acheté il y a de cela trois jours – comme si mon séjour à la campagne m’avait forcé à prendre de bonnes résolutions et à manger un peu. Je n’y croyais pas, et j’y croyais encore moins à présent que j’étais en face de cet éclair au café. J’en avais oublié le goût. J’avais oublié le goût de tout. Mes papilles gustatives devaient être bien souffrantes. Dommage. Le seul truc que je commençais à comprendre depuis, disons deux ou trois semaines, c’était que négliger son corps pour négliger son esprit, ça ne marchait pas. Pas du tout, même. Je négligeais mon corps, mais pas mon esprit, donc mon corps se prenait une nouvelle claque. Et j’en souffrais terriblement, mine de rien. On me bousculait dans la rue et je manquais de tomber. On me serrait la main et ma mâchoire se crispait machinalement, histoire de résister deux secondes à la douleur. On me laissait seul et j’allais finir par mourir littéralement de faim sans vraiment m’en rendre compte. Ou du moins c’est ce que je tendais à croire. Les chiens ne pouvaient pas me bouffer – il n’y avait rien à bouffer. Sauf qu’aujourd’hui, on célébrait je ne sais plus trop quoi à la fac, et on avait décidé de préparer un apéritif dînatoire un peu mondain et un peu insupportable durant lequel je ne pouvais que chercher une issue de secours. Je n’étais même pas bien habillé. J’étais venu parce que j’avais considéré que rester à la fac pour travailler était beaucoup plus professionnel et raisonnable que rentrer chez soi et fumer cinq paquets de clopes. Enfin, chacun son opinion sur le sujet. Voilà je baissai les yeux vers mon autre main et que celle-ci tenait une cigarette du bout des doigts, prête à tomber. Je n’avais même plus la force d’en détacher la cendre, alors elle se consumait mais restait entière et fragile. Il fallait probablement que j’arrête de fumer dans l’établissement. Le doyen le savait et il ne manquait pas de me le dire. Sauf que je lui répondais avec cet éternel haussement d’épaules qui avait le don de l’exaspérer. Dommage. Je m’en foutais. J’enseignais bien, non ? Mes yeux glissèrent jusqu’à l’éclair, m’inspirant toujours aussi peu confiance. Arrête tes conneries et bouffe, Tom. T’es pas anorexique. Non, théoriquement, je n’étais pas anorexique. Je ne me forçai pas à m’affamer et je n’allais pas vomir tout ce que j’avalais. Je ne pensais pas être malade. Mais j’oubliais, non ? J’oubliais de me nourrir, comme si ne pas réussir à dormir n’était pas suffisant. T’as aucune excuse. Il est devant toi, tu manges. T’oublies pas. Alors ouais, j’avançai ma main vers ma bouche et je gobai l’éclair avec lassitude, sans même le mâcher – ça aussi, ça me faisait bien trop mal. Je toussai. Mes mains tremblèrent et la cendres tomba. Bordel. Ça n’avait même pas le goût de café. Ça n’avait aucun goût. Ou étais-ce encore moi et ma mauvaise volonté ?

J’entendis au loin les éclats de rire et les discussions des professeurs. Je n’avais aucune envie de les rejoindre. J’y avais fait mon apparition éclair et mes quelques remarques sarcastiques, puis je m’étais enfui, l’éclair à la main, le besoin de fumer pendu aux lèvres. Je parlais de moins en moins. Presque plus lorsqu’il y avait trop de monde. Je me forçais lorsque je faisais cours, mais il m’arrivait de me bloquer et de penser à autre chose – dans le meilleur des cas – où à avoir un trou de mémoire – la plupart du temps. Sans compter les absences. Je ne m’étais pas encore complètement évanoui en plein discours, mais cela n’allait certainement pas me surprendre si, un jour, mes élèves appelaient l’hôpital parce que je venais de faire un malaise. Je m’imaginai l’espace d’un instant entre les draps blancs d’un lit propre, le visage d’un médecin me regardant de son air neutre qui en avait fini de juger qui que ce soit, tant on ne le surprenait plus. Et si plus rien ne me surprenait moi-même, je savais pertinemment que je ne surprenais plus personne. Je n’en avais plus tellement envie, de toute façon. Je savais que les gens pensaient lorsqu’ils me voyaient pour la première fois : cela se lisait dans mon regard et dans le leur. Moi aussi, j’étais entier, mais toujours fragile. Putain de cendres. J’étendis mes mains devant moi pour les observer. On aurait dit celles d’un monstre. Le genre que l’on ne voulait pas approcher mais qui intriguait quand même. Sèches et maigres. Les doigts osseux et blanchâtres, froids, qui ne manquaient pas de faire frissonner lorsqu’ils vous touchaient, sans que vous puissiez savoir si c’était par dégoût ou par plaisir. Les ongles longs – j’oubliais de m’en occuper, alors je me laissais pousser des griffes. Enfin, la cigarette vissée à mes phalanges, brûlant doucement sous mon regard éteint. J’attrapai la boîte d’allumettes posée à mes côtés et en craquai une. Pour le plaisir, mais ça me décevait de plus en plus. La flamme se refléta dans mes prunelles noires et brilla dans la pénombre. Je la laissai dévorer le bois quelques secondes puis l’éteignis en soupirant, la faisant tomber sur le sol. Il fallait que je mange un jour. Il ne fallait pas que j’oublie comment survivre.

Je me redressai soudain et les os de mon dos craquèrent. J’étais assis sur le bureau d’un amphithéâtre vide. Tout le monde se doutait que je traînais par ici mais personne n’en était absolument sûr. Personne ne voulait vraiment retrouver ma trace. Je leur accordais le fait que cela n’avait pas grand intérêt. J’avais laissé la porte entrouverte, comme pour attiser chez chaque âme errante dans le couloir l’envie étrange de rentrer. Pour y trouver ma carcasse, et je savais que je pouvais en décevoir plus d’un. Je me décevais moi-même. Je me moquais d’avance de celui qui déciderait d’entrer. Si quelqu’un venait. Après tout, cela ne m’étonnerait pas que je reparte seul ce soir, sans avoir parlé. Je ne voulais pas parler. Je n’étais qu’amertume ces temps-ci, et quelque part je m’en voulais, parce que je savais que ça allait empirer, quoi que je fasse – et je ne faisais rien, ce qui était la pire solution, bien évidemment. J’étais comme une vieille machine rouillée qui prétendait qu’elle pouvait encore marcher et qui grinçait à chaque fois qu’on la touchait. Je ne parlais pas, je grinçais. Ma cigarette finit par glisser de ma main et rejoindre les cendres sur le sol. Encore un soupir. Je me saisis de mon paquet et craquai une nouvelle allumette avec lassitude. Mes paumes plaquées contre le bois froid du bureau, la nouvelle clope coincée entre mes lèvres, je m’éteignis.

Et le grincement de la porte me fit ouvrir les yeux et je tournai la tête dans un mouvement félin. Une silhouette se trouvait devant moi et je haussai les sourcils, amusé. Tiens donc, la voilà mon âme errante. J’attrapai le filtre entre mon pouce et mon index, soufflai la fumée puis plissai des yeux. Pas encore de malice. Juste un air vaguement interrogateur, lui demandant silencieusement qui elle était et ce qu’elle foutait là. Mais très absent aussi. Si elle était bien, là, debout, à quelques pas de moi, m’observant me détruire la santé parce que j’étais un con fini, eh bien qu’elle y reste. Elle ne me dérangeait pas. Les gens comme ça avaient fini de me déranger il y a bien longtemps. J’affichai tout de même un mince sourire et pianotai sur la table, rabattant mon regard vers le fond de la salle. Je ne pouvais pas la laisser commencer à parler avant moi, si ? Mon sourire s’accentua et je baissai la tête. « Toi aussi les soirées mondaines, c’est pas trop ton truc ? » marmonnai-je finalement, un peu moqueur. Généralement, lorsque l’on était convié à ce genre d’événement, on y restait et on jouait le jeu jusqu’au bout. Mais n’étais-je pas un parfait tricheur ? On me l’avait souvent dit.
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() message posté Lun 27 Avr 2015 - 14:58 par Invité
it’s too late for that shit
luna & thomas

Les yeux rivés sur le plafond, Luna observait les rayons passant entre les fines interstices des volets qu’elle avait fermés la veille au soir, et qui dessinaient des zébrures sur la blancheur immaculée de la voûte. Il était tard dans la matinée, elle aurait dû être debout depuis un long moment, d’ailleurs cela faisait un long moment qu’elle était réveillée, mais elle ne parvenait à s’extraire de ce lit, ni même à s’y résoudre. Elle préférait mille fois rester planquée ici, sous sa couette, loin du monde et de la vie qui battait son plein à l’extérieur. Elle entendait les éclats de voix, les rires et les paroles malgré ses fenêtres fermées, et pourtant elle ne nourrissait pas le projet de sortir. A vrai dire, elle ne nourrissait d’autres projets que de rester ici pour le restant de ses jours, attendre la mort sous sa couette avec pour seule compagne sa tristesse et son désarroi. Elle était bien loin la jeune femme qui avait enfin fini par savourer sa vie, la semaine passée encore. Qu’est-ce qui avait changé ? Quelle était la raison qui la poussait à se terrer dans la quasi-pénombre ? Cet état dépressif, elle le devait à ces deux yeux dont elle avait croisé le regard quelques jours avant. Elle était rentrée très tard la veille, et avait fait attention à bien marcher sur la pointe des pieds pour ne surtout pas réveiller sa famille, et Roxane en particulier. D’ordinaire, lorsqu’elle entrait de la sorte chez elle, comme une voleuse en effraction, c’était qu’elle n’était pas dans un état de sobriété suffisant à satisfaire sa cousine, généralement accompagnée d’Achille qui était loin d’incarner la discrétion sur terre. Mais cette fois-ci, elle avait été seule, elle avait tenu à être seule à la grande surprise de Milo. Il avait pensé qu’après l’état dans lequel elle s’était plongée pendant deux jours, elle souhaiterait ne pas rester seule dans sa chambre, même si sa présence n’aurait été due qu’à la profonde affection qu’ils se portaient mutuellement. Mais non, elle était fatiguée, triste et avait mal à la tête. Si elle avait menti concernant sa fatigue, elle avait été honnête concernant sa migraine. Ce n’était que le début d’une très longue cohabitation avec madame Aspirine et monsieur Doliprane, une cohabitation parfois insupportable dès la première contrariété venue, et parfois plus douce lorsque la journée serait calme. Mais pour l’instant, Luna ignorait tout cela, elle constatait juste qu’elle avait encore les tempes douloureuses, ce qui n’arrangeait rien à son humeur de dogue allemand. Elle ne parvenait à se défaire de ce sentiment étrange et oppressant d’être passée à côté de quelque chose. Elle avait la sensation d’avoir tout raté, d’avoir fait le mauvais choix. Mais quel choix ? Avait-elle jamais eu le choix ? Comment parler de choix en sachant qu’il n’avait jamais montré le moindre intérêt supplémentaire à son égard ? Elle était obnubilée par son regard, mais lui n’avait que faire d’elle ! Elle avait même dû passer pour une folle, une folle furieuse. Et pourtant, elle ne pouvait faire taire cette menace sourde qui la clouait au lit. Elle avait laissé parler sa raison plutôt que son cœur, et son cœur la torturait à présent. Dans son esprit tordu, elle se disait que Cayden, cet inconnu finalement, n’était pas réellement quelqu’un d’important, peut-être était-il juste le symbole de son erreur. En l’obnubilant de la sorte, on tentait de lui faire comprendre qu’elle aurait dû regarder ailleurs plutôt que d’attendre un retour, pas si vain que ça apparemment. Cayden était un symbole, et non un amoureux potentiel. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’elle ne le connaissait plus, ne savait absolument plus rien de lui, si ce n’est son regard intense derrière son masque, un masque qui lui couvrait le visage. Ce masque !! C’était ça qui avait attiré son attention en premier lieu ! Ce masque qui était là, qu’elle ne comprenait pas, qu’elle aurait voulu enlever pour que tous le voient comme elle le voyait. Luna avait besoin de le revoir, elle en avait vraiment besoin.

Le temps d’un instant, d’un bref instant, à peine plus long qu’une goutte d’eau ruisselant de la pointe de ses cheveux jusque la fine porcelaine blanche craquelée en divers endroits, disparaissant dans les méandres d’une antique canalisation après avoir laissé un sillon humide et brillant sur la peau si blanche de son corps, Luna s’exhortait au calme. Un apaisement nécessaire pour que son cerveau puisse enfin prendre un repos mérité et que les pensées arrêtent de s’entrechoquer contre les parois de son crâne comme des auto-tamponneuses conduite par de petits caïds friand de sensations fortes. Elle était fatiguée, éreintée par ce flot incessant de pensées, d’interrogations qui semblaient ne jamais vouloir prendre fin. Elle ne connaissait qu’un seul moyen de faire taire toutes ces voix dans sa tête, mais ce moyen était justement la cause de tous ses tourments, aussi devait-elle trouver autre chose, quelque chose de bien moins dangereux, plus innocent. Inclinant la tête en arrière, bouche ouverte, elle laissa l’eau fraîche lui fouetter le visage, glisser dans sa bouche, combler l’espace sonore, réduire son espace sensoriel à l’exiguë bac de douche. La tuyauterie apparente et rouillée par les ans émit une plainte sonore qu’Luna étouffa en donnant un coup du plat de la main dessus. Le pommeau mural crachota à grand peine quelques minables filets d’eau, avant que la cascade ne reprenne. Le visage toujours offert, elle glissa ses deux mains dans ses boucles gorgées d’eau, savourant cet instant loin de tout, et hors du temps. Si seulement cette eau avait pu entrainer avec elle les doutes et les incertitudes que cette situation engendrait, et la torture psychologique qui en découlait. Pas un instant elle ne cessait de se questionner sur ce qu’on attendait d’elle, qu’elle attitude adopter, quelle voie choisir ? Il y avait comme un fossé, non, un précipice entre ressenti et raison, cette dernière lui dictant de ne surtout pas s’éloigner du chemin qu’on avait tracé pour elle, et ses sentiments se déchainant en contredisant absolument tous les points édictés par sa raison. Elle avait beau se recentrer régulièrement, se rassurer en se disant que tout cela n’était que passager, peut être une réaction disproportionnée au stress engendré par un avenir incertain, rien ne parvenait à la ramener à la surface. C’était connu, non ? Les étudiants flippaient complètement une fois que leurs études s’arrêtaient pour entrer dans le « monde du travail »… Enfin, généralement, cela se réduisait à quelques virées en club, des flirts sans grande conséquence, et parfois une petite déprime à calmer à coup de cachets. Parfois, en fermant les yeux, elle priait pour que tout rentre dans l’ordre, pour qu’on lui annonce qu’elle avait le droit de vivre sa vie, qu’elle puisse se lover dans ses habitudes, son quotidien depuis un an, et qu’elle oublie cette parenthèse passée, que tout cela s’efface pour retourner à l’état de souvenir dangereusement gênant à raconter. Mais cette envie ne faisait jamais long feu. Avait-elle réellement l’intention de s’en retourner vers cet univers aseptisé dans lequel elle avait évolué pendant des années ? Un quotidien sans surprise, un quotidien doux certes, et protecteur aussi, mais de quoi aurait-elle besoin qu’on la protège ? Certainement pas de la fureur de ses sentiments. Elle avait dormi pendant des années, s’était réveillée en arrivant en Italie, et devrait nourrir le désir de se rendormir pour les cinquante prochaines années ? Mais réfléchir en ces termes, n’était-ce pas faire preuve d’un égoïsme incommensurable ? Ne penser qu’à soi c’était oublier de penser à Milo, à Achilles, à Roxane, à sa famille. Et penser à sa famille, c’était forcément penser à Cayden…

Tous les gens importants de l’université s’étaient donné rendez-vous, et cela rappela à la jeune Italienne le jour où, avec Rossella, elles avaient visité la Basilique Saint Pierre au Vatican. Autour de ce que Luna appelait « le lit à baldaquin », la femme lui avait expliqué que ce Canopée haut de 29m, était également appelé «Baldaquin», mais qu’il ne s’agissait pas du lit de Goliath comme la Luna de 5 ans le pensait, simplement un espace sacré au-dessus et autour de l’autel, afin d’opérer l’eucharistie. Elle lui avait également expliqué que la structure était en bronze, et que les piliers torsadés devaient rappeler la colonne contre laquelle le Christ avait été attaché avant d’être porté en croix. Luna avait trouvé ça de très mauvais goût, et puis elle avait compris que ce sadisme était une tradition catholique, religion ayant pour emblème l’arme ayant tué son Dieu, ou son Fils de Dieu. C’était comme idolâtrer les cachets de Marylin, la bouteille d’Elvis, la voiture de James Dean, le flingue de 2pac, ce n’était pas logique, et Luna avait toujours aimé ce qui était logique. Elle se remémora encore une fois l’œuvre du Bernin avec ses yeux d’enfant, puis reporta son attention sur la foule des fidèles de la connaissance. L’université avait été occasionnellement fermée au public, seul les membres invités pouvaient espérer en franchir les larges portes. Normalement on était censé présenter un carton d’invitation, mais la demoiselle Di Brolese n’avait pas à se fendre de ce genre de choses, son visage et son nom étaient ses cartons d’invitations. Elle détestait ces soirées, mais elle n’avait pas pu refuser la demande intransigeante de son ancien professeur de littérature italienne. Vraiment, c’était des conneries, et elle n’attendait que la première occasion de se tirer de là. Elle avait l’impression d’être une ombre. Une ombre dont la survie ne tenait qu’à un fil, comme si elle pouvait, au moindre coup de vent, devenir poussière ou se retrouver balayée à l’autre bout du monde. Elle se sentait à la fois faible et étonnamment légère, une simple pression un peu trop forte de sa jambe contre le sol et il lui semblait qu’elle aurait pu s’envoler. C’était une sensation étrange et inédite. D’ailleurs, elle ne savait pas vraiment qui elle était, elle était juste là et en même temps pas vraiment là. Autour d’elle, des centaines de personnes se pressaient les unes contre les autres, s’éloignaient ou se rapprochaient au rythme d’une danse. Les étoffes des robes et des costumes s’entremêlaient formant des tourbillons de couleurs vives malgré la faible luminosité du lieu. Seules quelques lampes fixées aux murs de pierre éclairaient les festivités. Les visages étaient à la fois tristes et souriants et les courbes étaient floues, incertaines, comme des mirages. Personne ne la voyait et c’était tout juste si elle ne leur passait pas au travers. Elle avait l’impression d’être un spectateur égaré sur la scène d’un grand théâtre ou d’une arène, déambulant sans grande conviction parmi les différents personnages, percevant de loin une musique de fête, des éclats de rire et des échos de conversations qu’elle ne comprenait pas vraiment. Tout n’était que sons et impressions. Et puis soudain tout se mit à tourner, tellement vite qu’elle en avait la nausée, les images se mélangeaient, les odeurs, les sons, elle tenta en vain de se débattre une dernière fois. Mue par un sentiment de malaise inexplicable et par une énergie invisible, elle s’extirpa alors du coin sombre de la pièce, duquel, plaquée dos-à-dos contre le mur, elle observait la danse. Elle s’échappa dans les couloirs, et prit une grande inspiration, sans avoir eu conscience jusque-là de cette presque oppression qui s’était exercée sur elle. Elle avait besoin d’une clope pour relâcher la tension. Et c’était comme si l’odeur de la nicotine lui parvenait déjà. A moins que… non, en fait, cela semblait venir de la pièce, là, dont la porte était entrouverte. Intriguée, Luna la poussa, et ce fut dans un grincement légèrement sinistre que la lumière fit son entrée dans l’obscurité. Un bruit prémonitoire de cette rencontre, peut-être. « Toi aussi les soirées mondaines, c’est pas trop ton truc ? » Luna s’approcha, comme un insecte attiré par le feu, sans savoir qu’elle risque d’y brûler une ou deux plumes de ses ailes déjà en lambeaux, sans vraiment savoir qu’elle a affaire au pire emmerdeur de la fac. Elle avait envie d’une clope, et elle s’en était déjà glissée une dans le bec quand elle s’assit en face du bureau, sur le premier rang de tablettes de l’amphithéâtre. Elle alluma sa cigarette et laissa échapper un nuage de fumée salvatrice. « On dit "toi non plus". »
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() message posté Mar 5 Mai 2015 - 14:47 par Invité
Elle s’approcha mais je ne relevai pas la tête. J’étais bien trop fatigué pour me préoccuper de ses gestes. Il y aurait pu y en avoir mille comme elle que je n’aurais pas relevé la tête. Elle passa comme une ombre et je devinai qu’elle s’installait sur le premier rang. Je soufflai lentement la fumée. Eteins-toi, Tom. Maintenant. Je fermai les yeux. Non tu t’endormiras pas aujourd’hui, connard, semblait me souffler ma conscience. Même plus la force de soupirer. J’étais une pauvre plume qu’un oiseau avait perdu en vol. Moi qui m’étais imaginé aigle, voilà que j’en étais la pâle copie, voûtée sur le bureau que j’avais méprisé toute ma vie. Je me lassais de l’existence avec un naturel qui m’effrayait parfois, la nuit, lorsque j’oubliais de m’endormir. Eteins-toi. On a bien compris que tu ne voulais pas mourir non plus. Alors reste-là, éteins-toi et n’emmerde plus le monde. « On dit ‘toi non plus’. » Je ne réagis pas immédiatement. Il me fallut quelques secondes avant d’ouvrir les yeux et clairement observer la jeune fille qui se trouvait devant moi. C’était vrai, elle était là. Je voyais son visage, il était éclairé par la lumière blafarde venant de la rue, filtrée par le verre sale des fenêtres. Et malgré tout, sa peau restait blanche, comme celle d’une licorne blessée et rêvant de vie sur le sol froid. Tu divagues, Tom. Sûrement. Je n’étais pas venu pour être sérieux. J’avais oublié comment me tenir droit. Mes os me faisaient beaucoup trop mal pour m’en préoccuper. Je me concentrai sur mon interlocutrice une nouvelle seconde. Cheveux noirs en cascade, air détaché et déjà une cigarette entre les lèvres, qu’elle avait allumé avant de me faire sa remarque insolente. Et quelle arrogance ! Etrangement, cela ne me déplut pas vraiment. C’était bien le genre de truc que j’étais – ou aurait été – capable de dire à quelqu’un pour le déstabiliser dès le début d’une conversation. Et son allure désinvolte, son soupir enfumé d’un soulagement discret, l’éclat blanc de sa peau, oui, elle était du genre à en être capable aussi. Je finis par la regarder dans les yeux, plissant les miens – le mystère, je ne l’oubliais jamais celui-là – et souriant faiblement. « Pas faux. » soufflai-je d’une voix rauque. Mais j’m’en fous. Quelle impolitesse, me répondre ainsi. Elle méritait presque que je sois cassant. C’était souvent ce que l’on recherchait lorsque l’on sortait une réplique pareille. Que ça énerve l’autre. Sauf que, devinez quoi, j’avais oublié ce que c’était que la colère. Je ne connaissais que deux états : l’exaspération et l’ennui. N’était-ce pas un beau mélange ?

Je penchai la tête, ne la quittant pas des yeux. Je souriais : elle m’avait amusé. C’était agréable, quelque part, de ne plus avoir à parler au mur. A soi-même. A son reflet dans les miroirs sales. Mais c’était probablement parce que je me considérais comme la seule personne capable de posséder une répartie assez solide pour me tenir tête. Cette gamine tentait sa chance. Super. Heureusement que sa voix n’était pas insupportable. Elle était empreinte d’une douceur étrange, comme dissimulée. Je me levai et balayai d’un geste mou les cendres qui mouchetaient mon pantalon et ma chemise. Je descendis de l’estrade et me postai à mi-chemin entre elle et là où je me trouvais auparavant. J’attrapai ma cigarette du bout des doigts et me redressai petit à petit, comme éveillé à nouveau et sortant d’une chrysalide invisible. Ma silhouette filiforme était-elle donc assez pâle ? Je ne voulais pas décevoir ma nouvelle amie du soir, elle réussissait si bien à s’éteindre elle aussi. « Fais gaffe, les gamins arrogants je les vire de mon amphi. » ajoutai-je finalement. Pour m’être fait exclure de nombreuses fois lorsque j’étais élève, je savais à quel point cela pouvait être frustrant. Une fois dehors, on était à nouveau confronté à soi-même. Plus d’autorité à mépriser. Plus de visage à moquer. Plus de chaise sur laquelle reposer, comme le perchoir de l’aigle que j’avais cru être. Elle n’était pas un aigle. Je n’en connaissais qu’un et il n’était pas là. Elle ressemblait à une colombe dont on avait coupé les ailes, dont les plumes avaient été maladroitement peintes en noir, comme une protection qui ne fonctionnerait jamais. Je soutins son regard sans m’approcher plus. Elle pouvait toujours partir. C’était ça, le dilemme. Partir et réellement me vexer ou bien rester et tenter sa chance. Sauf que la chance, ça n’existait pas vraiment dans mon univers. Et cet amphi sombre où les hommes n’étaient plus que des fantômes, se consumant en même temps que leurs cigarettes et disparaissant entre les arabesques de fumée, ouais, cet amphi ressemblait étrangement à ce que j’imaginais être mon univers. Trop obscur pour y faire de la poésie – trop vivant pour s’y laisser mourir. Car tout vivait ici. Le bois vivait dans l’attente du feu et je l’avais senti suer sous mon corps maigre. La lumière dansait sur les visages, mélangeant ceux des âmes errantes et ceux des spectres que j’étais le seul à voir. La fumée embaumait l’air d’une odeur singulière – nous marquions notre territoire mais personne ne nous retrouverait jamais. J’entendais le bruit que faisaient les étudiants lorsqu’ils marchaient, lorsqu’ils parlaient, lorsqu’ils pensaient, et c’était cette effervescence qui me berçait lorsque je m’éteignais une fois la nuit venue. Tu les entends aussi, jeune fille ? Ou en fais-tu partie ? Peut-être ai-je écouté un écho de ta voix se refléter dans le vide tout à l’heure, sans m’en rendre compte. J’en doutais pourtant. C’était la première fois que je la voyais. « Mais t’es mignonne et t’as l’air perdue, je te garde. » Je haussai les épaules. Cela me paraissait évident. On ne me rencontrait pas en bifurquant sur un coup de tête vers un amphi vide si on n’était pas perdu. Peut-être était-ce simplement de l’ennui. Quelle différence ? Moi-même je ne la faisais plus. Tout était gris dans ma tête. D’un gris terne, un blanc sali par l’existence, qui dévorait toutes les couleurs. J’étais aveugle. « Je pourrai t'accuser si on se fait prendre à fumer ici. » Ca m’avait tant réussi toutes ces années. J’avais rabattu mon regard vers la fenêtre et avais prononcé ces quelques mots d’un air absent. A nouveau, une évidence. Quelque chose qu’il ne me semblait même pas nécessaire d’ajouter, mais je l’avais dit quand même. Comme ça. Parce que c’était dans ma nature d’être inutile et antipathique. De hausser les épaules de manière désinvolte. De m’en foutre. C’était sa parole contre la mienne, certes, mais ce jeu était biaisé. Il m’ennuyait déjà alors que nous n’avions même pas commencé. Au fond, je voulais qu’on nous trouve ici et qu’on nous engueule pour dégradation de matériel – j’avais tout de même écrasé plusieurs mégots sur ce bureau en sueur. Au moins nos mots ne seraient pas oubliés à la minute où on allait se quitter. Cette mélancolie soudaine me donna la nausée et je tournai à nouveau la tête pour regarder la licorne. « L’arrogance a-t-elle un nom, au moins ? » lui demandai-je dans un léger sourire. Je lui inventais bien trop de surnoms. Il était temps de placer une étiquette sur ce visage blafard.
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() message posté Lun 18 Mai 2015 - 21:56 par Invité
it’s too late for that shit
luna & thomas

« Pas faux, » il souffla. Sa voix était rauque, à peine audible, et pourtant Luna en apprécia la sonorité. Alors qu’elle allait fermer les yeux, leurs regards se croisèrent, et elle choisit de tenir, de ne pas baisser les yeux face à cette personne qui l’intriguait. Une certitude se fit dans son esprit assez vite : elle l’avait déjà rencontré. Il faut dire qu’elle avait eu la mauvaise idée – et le sourire amer qui lui échappa et se forma sur ses lèvres à cette seule pensée en était l’étrange témoin – d’avoir choisi d’étudier dans l’université où sa mère travaillait, et par conséquent elle avait souvent rencontré des collègues de Rossella. Peut-être était-ce par cet intermédiaire que Professeur Grincheux lui semblait familier. Du coup elle décida de continuer à l’observer, cherchant dans sa mémoire toute information le concernant dont elle pourrait se souvenir. Pendant ce temps-là, l’homme à l’apparence squelettique, presque transparente, s’était levé, arrêté à mi-chemin, debout entre l’estrade professorale et les pupitres où elle était assise. Etrangement, il lui faisait penser à un satyre, ces êtres mythologiques qu’on décrivait pourchassant les nymphes, et elle se demanda si elle apercevrait d’autres créatures, s’attendant à voir surgir centaures, faunes ou dragons dans cette pièce à l’atmosphère chimérique. « Fais gaffe, les gamins arrogants je les vire de mon amphi. » A nouveau elle reporta son regard sur l’homme amaigri. Le sourire dédaigneux que sa remarque lui inspira parlait pour elle-même. « Je ne savais pas que vous cachiez un vagin sous ses vêtements, Madame Emily Dickinson. » C’était le nom de l’amphithéâtre, et elle assumait que c’était son nom, puisque si la pièce était sienne, alors c’était que son nom était marqué dessus. Sa cigarette arriva au filtre, et Luna l’éteignit contre le bord d’un bureau, peu soucieuse des marques que cela créerait. D’un geste habile de la main, elle l’envoya valser au loin, sans s’inquiéter des personnes qui devraient ensuite nettoyer la salle. Pour ce qu’elle en avait à faire… « Mais t’es mignonne et t’as l’air perdue, je te garde. » Un rire un peu amer lui échappa à cette nouvelle réplique. Mignonne, elle ? Il l’avait bien regardée ? Il la prenait pour qui, ce faune mystique ? Une nymphe qu’il pourrait chasser grâce à de belles paroles ? On aurait dit qu’il la considérait comme un animal de compagnie, une petite chatte qu’il pourrait garder. N’avait-il pas conscience d’avoir affaire à un véritable chat sauvage ? Quant à être perdue… Luna s’imagina, telle Alice tombée dans le trou du Lapin Blanc et arrivée au pays des merveilles. Ou plutôt, comme l’Alice du jeu vidéo, retour au pays de la folie. Lui faudrait-il affronter quelques montres à l’aide d’un couteau à la pointe ensanglantée, ça elle ne le savait pas. De la pochette qu’elle trimballait depuis le début de la soirée, elle sortit à nouveau une cigarette et un briquet, se dépêchant de l’allumer pour en inspirer la nicotine salvatrice. Sept minutes de vie en moins. Voire même onze, selon certains. Pour ce qu’elle s’en fichait. Elle se fichait de vivre et de vieillir, alors se choper un cancer ne lui faisait ni chaud ni froid. « Je pourrai t'accuser si on se fait prendre à fumer ici. » Cette nouvelle remarque donna à Luna l’envie de lever les yeux au ciel, ou plus précisément au plafond de l’amphithéâtre. Il devait bien avoir conscience que si un tel cas se présentait, alors ce serait uniquement la parole de l’un contre celle de l’autre. Elle haussa les épaules, montrant ainsi tout l’intérêt qu’elle portait aux mots qu’il prononçait. Elle n’avait que faire de sa présence dans la pièce, et s’il n’avait pas été là, ça n’aurait probablement pas changé grand-chose pour elle au final. Ses jambes balançaient doucement dans le vide alors qu’elle inspirait son poison avec délice. Elle avait envie de le laisser poireauter là, au milieu de la distance qui la séparait du bureau, sans lui donner le plaisir de lui répondre. Vraiment, elle ne voyait pas pourquoi elle lui répondrait quoi que ce soit. Simplement parce que c’était ce qu’il semblait attendre, et elle avait envie, subitement, de défier ses attentes. Ça y était, elle venait enfin de se souvenir. Professeur Knickerbadger. Effectivement un collègue de sa mère, bien qu’il enseignât la littérature française, au contraire de Rossella qui concentrait ses recherches uniquement sur la renaissance italienne. Ils avaient été présentés il y avait quelques années de cela à présent, et nul doute que lui ne se rappelait certainement pas d’elle. Encore une fois, cela n’avait aucune espèce d’importance pour la jeune brune. Alors qu’il regardait à présent en direction de la fenêtre, elle se surprit à suivre des yeux cette direction, et leurs regards se croisèrent à nouveau quand il tourna la tête vers elle. « L’arrogance a-t-elle un nom, au moins ? » Sa cigarette toujours coincée entre ses lèvres, Luna se leva agilement de son siège improvisé. Dans sa robe blanche, on aurait pu lui accorder une beauté pure, virginale, dont elle était étrangement bien éloignée. Avec ses sales habitudes alimentaires de ces derniers mois passés, ou plutôt l’absence de régime alimentaire stable, elle n’avait rencontré aucune difficulté à rentrer dans sa robe Valentino sans qu’aucune retouche ne soit nécessaire. C’était tout juste si elle n’était pas le mannequin, mis à part sa taille de lilliputienne. Une simple retouche de la jupe pour que le tissu ne lui dépasse pas des genoux. Elle ressemblait à un ange, si on oubliait le noir qui lui fardait le regard et les escarpins – seul symbole d’un grain de folie qu’elle ne perdait pas – dont elle s’était chaussée. Elle s’approcha de lui, semblant glisser comme un serpent venimeux, prêt à cracher un venin mortel. « Vous n’avez qu’à vous en rappeler Thomas. » L’usage de son prénom comme d’une arme pour le frapper. Luna ne se tenait plus qu’à une cinquantaine de centimètres de lui, et malgré ses douze centimètres de talon, elle devait encore lever le menton pour affronter ses yeux annonciateurs d’orage.
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() message posté Sam 30 Mai 2015 - 16:18 par Invité
« Je ne savais pas que vous cachiez un vagin sous ces vêtements, Madame Emily Dickinson. » Mon regard glissa lentement vers elle et je la toisai en haussant les sourcils, mes cernes accentuant mon dédain. Je finis par laisser échapper un petit souffle, un rien, histoire de lui signifier que cela m’avait amusé, mais pas plus. Autant lui répondre. Autant jouer le jeu. Mes prunelles se posèrent sur la porte d’entrée, là où était inscrit le fameux nom, source de tant de sarcasme, puis elles balayèrent l’espace. Oui, j’étais chez moi. J’en connaissais chaque trace, chaque meuble, chaque trou dans les murs, chaque lézarde et chaque grincement de parquet. Lorsque l’on y entrait, on pouvait sentir ma présence, même lorsque je n’étais pas là. Si jeune, et déjà invisible, déjà omniprésent. J’étais un sale animal dont on ne se débarrassait jamais. Je l’accueillais avec un sourire qui ne présageait rien de bon. Un sourire froid. Un sourire sans vie. Un sourire, sans aucune raison valable. Pincé, droit et sec, désagréable comme la fraîcheur des matins d’automne alors que l’on est encore nostalgique de la fin de l’été. L’arrogance de la jeune fille ne me déplaisait pas. Elle était comme mon sourire. Gratuite et dérangeante. Elle respirait l’impolitesse et la lassitude, je le voyais dans la fumée de la cigarette qu’elle venait de jeter un peu plus loin, sur le sol, mais qui l’enveloppait encore, faisait croire au spectateur inattentif que sa peau brûlait et se décomposerait bientôt devant ses yeux. Je me faisais souvent cette remarque à moi-même lorsque je fumais dans ma salle de bain et que j’observais mon corps mourir lentement sur le miroir. Comme si c’était un autre homme qui souffrait à ma place. Mais cet autre Tom en avait eu assez d’être la décharge de mes excès et de mon irrespect. Je le mutilais sans même m’en rendre compte. Sans même m’en soucier, pour être plus précis. Alors il était sorti du miroir, un matin et il avait ouvert ma cage thoracique pour y déverser tout le mal. A présent, j’étais unifié mais seul. Seul à supporter le chaos que je créais moi-même, fermant les yeux et imaginant qu’il y aurait une fin à tout cela. Une fin à ce calvaire. Une fin à cette maladie me rendant invisible. Mais Tom, tu aimes être invisible. Tu aimes être insaisissable. Tu aimes être immortel et incompréhensible. Oh, oui, probablement. Assez en tout cas pour continuer à l’être. Mais mon corps pourrissait avant même que je sois mort. Quelle fatalité minable. « Je suis plein de secrets. » finis-je par répondre en regardant dans le vide. Je n’y croyais pas moi-même. Personne ne croit à tes conneries, Tom. Non, je n’étais pas plein de secrets. On pouvait me décrire et savoir ce qui se cachait sous ma peau blême en quelques secondes. Même cette gamine saurait le faire. Ils n’observaient simplement pas de la bonne manière. Je placardais la lassitude sur mon front pâle mais on y lisait la mélancolie d’un monde perdu. Je tailladais mes bras pour y écrire le mot ennui et on pansait mes plaies en me soufflant qu’il s’agissait d’une tristesse monstrueuse que je gardais scellée au fond de moi. Derrière mon cœur qui battait à peine. Derrière mon cœur qui toussait car je ne le laissais pas respirer. Comment, comment en est-on arrivés à confondre l’ennui et la tristesse ? La désinvolture et le désir de rébellion ? Le silence et la nostalgie ? Le vide et les secrets ? Ne voyez-vous pas dans mes yeux vitreux qu’il n’y a plus rien ? Même plus de mèche pour y allumer une lumière ? On a soufflé la bougie il y a si longtemps mais on croit encore à son éclat car sa fumée coule de mes paupières et on s’imagine que je pleure. Bande de cons.

La jeune fille alluma une nouvelle cigarette alors que j’oubliais de terminer la mienne tant mes mains étaient paralysées par la torpeur journalière qui m’enveloppait depuis déjà quelques mois. Celle qui m’empêchait de manger et de dormir, aussi. Celle qui me murmurait d’un air narquois et aguicheur que je vivais encore. Je laissai glisser son exaspération sur mon visage. Tu vois, je ne suis même plus drôle, je suis juste chiant. Elle se leva finalement avec une grâce inattendue et s’approcha de moi. De quoi avions-nous l’air ? Mon esprit sourit à cette idée sans que ma bouche ne le suive, et je songeai à ce qu’elle avait devant les yeux. Outre la carcasse et les mauvaises manières. Outre les airs de noblesse un peu déchue, un peu décomposée sur le sol froid de l’amphithéâtre. J’étais l’homme qui arpentait la terre battue après la bataille, critiquant les soldats morts alors que lui-même n’avait pas pris les armes. J’étais l’être sombre et sérieux qui n’avait pas participé à la fête, ses pieds parcourant la moquette sale, jonchée de la sueur euphorique des plus jeunes, mouchetée de confettis et de grains de poussière. J’étais le vautour au dos voûté qui observait les aigles sans vouloir admettre sa jalousie, les traitant de pédants et d’aristocrates en dévorant les cadavres des animaux qu’il n’avait même pas tué lui-même. Et pourtant j’avais forme humaine. Et pourtant, on pourrait s’y méprendre, c’est ça ? Elle réduisit le vide qui nous séparait et je ne la quittai cette fois pas des yeux. Elle s’arrêta à quelques centimètres de mon torse fragile et leva les yeux vers moi. Je peux entendre ton cœur battre, presque, et tant de vie me dérange. Tu ne devrais pas rester si près de moi. La fumée de ma cigarette enfuma mes narines avant de sortir à l’air libre et de se mêler à la sienne. « Vous n’avez qu’à vous en rappeler Thomas. » Je haussai les sourcils, vaguement surpris. Oh. Donc t’es pas une inconnue en fait. Ce jeu me lassait mais je me forçai à y prendre tout de même part. Pas vraiment pour lui faire plaisir. Je voyais dans son regard que je n’étais pas le genre d’homme capable de lui faire plaisir – si cet être miraculeux existait quelque part, en réalité. Je relevai le menton en gardant les yeux baissés vers elle. Rien que pour la satisfaction de la regarder de haut. Rien que pour la joie morne de pouvoir mépriser quelqu’un ce soir. Elle était là, perdue dans ma mémoire, et j’étais incapable de me souvenir de son prénom. C’était déjà assez difficile de garder en tête celui de mon père depuis qu’il était mort, alors une licorne égarée qui me provoquait sans même y mettre du sien … Je retins un soupir. Casse-toi, voulus-je lui souffler d’une voix sombre et agacée, mais les mots se coincèrent dans ma gorge. Pourquoi, Tom ? Histoire que tu te retrouves à nouveau seul ? Histoire de pouvoir mourir en paix ? Tu ne meurs pas ce soir, tu ne meurs pas demain, ni après demain, ni la semaine prochaine. Tu vas vivre, longtemps encore. Habitue-toi dès à présent. J’attrapai ma cigarette et la laissai tomber au sol, entre nous, l’écrasant sous ma semelle. Comme elle, je n’attendis pas avant de sortir mon paquet de ma poche pour en griller une nouvelle, craquant une allumette sans pour autant la quitter des yeux. Mes gestes étaient fluides et je ne la touchai pas. Nous étions bien trop proches pour vouloir briser la distance. Le premier nuage de fumée lui fut accordé et il enveloppa son visage et ses yeux défiants. « Donne-moi un indice. » Ma voix avait le timbre grave de l’ordre, et non celui de la demande. D’ailleurs, remarquez que je ne posais pas une question. J’affirmais mon impolitesse et mon antipathie en une simple phrase. Cette gamine m’énervait presque. Presque. Elle me tenait à la limite entre la profonde exaspération et la colère sèche. Là où brillait peut-être une once de mon amusement et de mon intérêt. Mais moi, je construisais tout un monde avec des presque et des peut-être.
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() message posté Ven 26 Juin 2015 - 14:21 par Invité
it’s too late for that shit
luna & thomas

« Je suis plein de secrets. »
Elle aurait voulu ricaner, montrer à quel point elle trouvait cette réponse idiote, mais elle n’en avait rien fait. Peut-être qu’elle n’était qu’une intruse dans cette salle après tout, et cela reflétait son état d’esprit général : comme si elle n’avait sa place nulle part. L’enfant sans nom, le prénom unique, qui voulait être un garçon et n’avait peur de rien si ce n’est le rejet. Elle avait mal choisi son compagnon d’infortune ce soir-là. Mais comme un papillon attiré par la lumière, quitte à s’y brûler les ailes, elle s’était approchée de cet homme, cette flamme mourante qui se tenait en face d’elle. Elle ne craignait pas la morsure d’un feu affaibli. Et tandis qu’elle l’observait, elle décelait ces fameux secrets qu’il devait supposer bien enfouis sous sa carapace de mépris. Oh bien sûr, elle ne prétendait pas tout comprendre de lui en un regard, et elle était certaine qu’elle pouvait aussi se tromper. Mais il lui semblait être un reflet déformé de sa propre image. Ce n’était pas la tristesse qui l’habitait, contrairement à elle, mais une sorte de vide qu’elle ne s’expliquait pas. Qu’elle ne désirait pas s’expliquer de toute façon, il ne l’intéressait pas. Pas tant que ça, du moins, si elle voulait bien l’admettre. Alors elle observait ce vide avec curiosité, avec des yeux d’enfants qui n’arrivaient pourtant plus à s’émerveiller. Elle voulait lui demander comment il avait fait pour obtenir ce résultat. Apprenez-moi. C’était le message que ses iris verts laissaient passer. Voilà ce qu’il suscitait, une sorte d’émerveillement macabre et glauque pour cette absence de tout dans son être. Mais ne se trompait-elle pas, était-il si vide qu’il le paraissait ? Là encore, Luna retint un ricanement devant sa propre bêtise, sa propre folie. De quel droit juges-tu les gens petite fille, alors que tu ne sais toi-même plus ce que tu désires ? Alors elle sourit. Un sourire faux et désarticulé comme ce qu’on attendait du pantin sans ficelle qu’elle devenait. Un sourire mort, effacé. Elle ne s’amusait même pas vraiment, elle se lassait déjà de cette conversation mourante et sans intérêt.

Elle aurait dû partir. Ce qui lui restait d’instinct lui criait de s’éloigner avant qu’elle ne brûle complètement. Mais l’attrait du feu, c’était bel et bien sa dangerosité après tout. Et du coup, elle restait là, à quelques centimètres de lui, toujours à observer l’étrange phénomène qu’il était. Elle voyait bien qu’elle avait éveillé quelque chose en lui quand elle avait montré qu’ils s’étaient déjà rencontrés. Elle n’aurait pas appelé ça de la curiosité, ni même de la surprise. C’était juste… un truc. Un tout petit truc qui s’était allumé dans son regard pour s’y éteindre aussitôt. En fait, plus les minutes s’écoulaient à le fixer, plus elle avait le sentiment d’avoir affaire à une statue, ou à une marionnette. C’était lui le pantin sans fils pour diriger sa vie, et visiblement, il ne savait pas quoi faire de sa liberté. Mais son observation ne s’arrêtait pas à la figure humaine seulement, elle s’étendait aussi au nuage de fumée puante qui les enveloppait. Tout bon non-fumeur qui se respecte aurait crié au scandale devant cet épais brouillard de vapeurs de nicotine qu’ils dégageaient l’un et l’autre. Un bref instant, Luna se demande quelles auraient été les fragrances qui auraient émané de son compagnon de marbre : elle s’imaginait des senteurs mentholées et poivrées, un brin acide comme son caractère. Peut-être une note de chèvrefeuille pour adoucir l’image d’un homme doué seulement pour la destruction de soi. Elle comparait mentalement ce trouble nuageux à un baiser fantomatique. Plus qu’un échange entre des lèvres qui se touchent, ils échangeaient leurs souffles, l’un aspirant ce que l’autre avait expiré. Ça avait presque quelque chose de beau, de poétique.
« Donne-moi un indice. »
Il exigeait, mais il ne lui plaisait pas d’obéir à sa requête. Luna n’avait jamais baissé le regard, et même si lui la prenait de haut, elle n’y voyait aucune agressivité à son égard. Il aurait pu depuis longtemps la mettre dehors si l’envie le prenait. Cependant, ils ne pouvaient rester dans cette situation de silence qu’elle maintenait encore pour les secondes à venir. Son regard avait glissé vers la fenêtre, puis c’était tout son corps qui avait semblé attiré par l’espace de clarté – juste un effet des lampadaires dehors, elle n’en doutait pas un seul instant – alors elle avait délaissé la statue de vide pour regarder à l’extérieur. La vue n’avait rien de grandiose, et elle n’avait même pas espéré le contraire. La cendre rougeoyante de sa cigarette se reflétait dans le verre à chaque nouvelle bouffée de poison qu’elle aspirait.
« Qu’est-ce que ça m’apporterait ? »
Certes, Luna ne demandait rien en échange. Un nom n’était qu’un nom, et le sien n’avait aucune valeur à ses yeux. Son nom n’était pas le sien. Elle leva les yeux, cherchant dans le ciel.
« On ne les voit pas. » Elle marqua un temps d’arrêt. « Les étoiles et la lune. »
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() message posté Mer 1 Juil 2015 - 17:23 par Invité
Un silence ponctua mes paroles. Classique, songeai-je en fumant de nouveau. Elle s’en foutait. Elle s’en foutait que je connaisse ou non son nom. C’était beaucoup plus marrant de me laisser dans l’ignorance. C’était comme avoir un pouvoir étrange sur moi. M’empêcher de finir mes phrases. M’empêcher de la rappeler si elle venait à partir. M’empêcher de la considérer comme réelle. Elle était là, elle était apparue comme un enchantement étrange auquel je ne prêtais pas attention. Elle était l’atmosphère. Elle était l’image de ma lassitude et de mon perpétuel rejet. Ce vide innommable. Dis-moi que tu le ressens aussi et j’y croirai. Je croirai à tout ce que tu me diras. J’en étais à là. Rester sur place mais laisser mon esprit vagabonder au loin. Je n’avais plus la force de le laisser dans mon corps. Je suivis la jeune fille des yeux lorsqu’elle se tourna vers la fenêtre pour observer la rue. Je ne bougeai pas immédiatement. J’attendis d’entendre sa voix. Je savais qu’elle allait me répondre. Elle s’en serait allée sinon. « Qu’est-ce que ça m’apporterait ? » Je haussai les épaules, distraitement. Oh, rien. Je m’en fous hein. C’est juste histoire d’être satisfait. De donner un nom à ma métaphore. Non, ça ne lui apporterait rien. Je ne lui apporterais rien, je n’étais pas fait pour ça. Je n’étais pas de bonne compagnie. Elle semblait taillée dans le même bois que moi. Oublie mon nom dans ce cas-là, et peut-être qu’on se réveillera dans nos lits respectifs, peinant à nous rappeler de notre rêve, doutant qu’il en soit vraiment un. Doutant de l’avoir fait. J’aurais tant voulu rencontrer les femmes inconnues que j’avais vues au fond de mes songes les plus étranges. Elles m’apparaissaient comme des créatures mystérieuses, parées d’habits brillant d’une lumière provenant d’un autre monde. Et cette fille en faisait partie, quelque part. Elle s’estompait à mesure qu’elle existait. Son reflet dans la fenêtre paraissait plus vivant qu’elle, retraçant vivement ses traits et ses gestes les plus forts, possédant la clarté qui miroitait sur les immeubles à l’extérieur, la capturant pour en faire sa peau. Je pouvais même observer sa respiration embaumée de tabac, grise et chaude, s’écrasant sur la vitre car elle ne pouvait en sortir. Peut-être qu’elle ne voulait pas sortir, qu’elle était bien, là, dans sa robe blanche à scintiller sous la lumière factice de la rue. Et peut-être aussi que, comme moi, elle ne voyait pas la différence entre l’intérieur et l’extérieur. Que ses poumons étaient perforés, comme les miens, et que l’air les lui brûlait. Qu’où qu’elle soit, elle se sentait toujours pareille : vide et immaculée. Mes yeux parcoururent un instant le drapé de sa robe puis je m’avançai lentement, m’arrêtant à quelques mètres d’elle, son dos et sa chevelure d’ébène comme seuls tableaux de sa présence. « Pas grand-chose. » soufflai-je enfin pour répondre. Je ne voulais pas lui mentir. Être ici n’avait aucun sens et je n’étais pas l’homme idéal pour lui en donner. Mais quitte à ce que l’on se perde, mieux valait embrasser l’absurdité. C’était le meilleur moyen de la comprendre. Je relevai le menton et mon reflet apparut furtivement sur la vitre, quelques boucles retombant sur mon front de platine, mes pommettes saillantes luisant d’un éclat blanc et sec, mes yeux dont l’iris et la pupille se mêlaient dans un tourbillon noir et profond, la couleur d’un café amer qui faisait fondre la langue, un ristretto corsé et bouillant que l’on avalait le matin dans l’espoir de tenir une journée encore après un million de nuits passées à attendre de pouvoir s’endormir. Puis il disparut aussi promptement qu’il était venu et je ne vis plus que son visage, à nouveau. Elle regardait le ciel mais semblait ne pas l’apercevoir. Je battis des paupières à l’affût d’une nouvelle remarque. Du fameux indice. Elle avait peut-être décidé de rester silencieuse. De se mêler aux constellations et de briller plus fort que la lune.

« On ne les voit pas. » lâcha-t-elle enfin. « Les étoiles et la lune. » Je haussai les sourcils et fis à nouveau quelques pas pour la rejoindre. Je me plaçai à ses côtés et levai les yeux à mon tour pour observer la voûte céleste, mais d’épais nuages recouvraient la nuit et on ne voyait effectivement rien. Je m’humectai les lèvres, presque agacé de ne pas pouvoir contempler la poésie vespérale que les fumées de la ville cachaient si bien, puis je baissai la tête et la tournai légèrement vers elle pour fixer son profil rêveur et pensif. Battement de cils. C’est ça ton indice ? Mes mains se posèrent sur le rebord de la fenêtre et je pianotai dessus un instant, sans savoir quoi faire de mes dix doigts. Je voulais apaiser mon ventre douloureux mais j’avais peur d’avoir encore plus mal en le touchant, si bien que je le laissai gronder, criant sa souffrance. J’étais vide. Le vide le plus abstrait et le vide le plus concret. Je doutais qu’elle veuille en savoir plus. Ce n’était pas glorieux, ce n’était même pas beau, même pas mélancolique. C’était simplement effrayant. Mourir, c’est laid, tu sais. On ressemblait à des fantômes alors que l’on tenait encore debout, nos peaux translucides emprisonnant les astres et notre fumée enveloppant nos corps comme le brouillard d’une nuit d’orage. « On s’en fout. On brille plus qu’eux. » soufflai-je doucement. C’était vrai. On brillait de la lumière des morts, des anges qui s’en allaient au ciel dans une ascension divine, sans être sûrs de l’atteindre un jour mais désirant tout de même illuminer la terre d’une majesté macabre et hautaine. On brillait de la lumière de l’or dérobé aux grands rois dans leurs cercueils, arrachant un morceau de linceul pour s’enfuir sans en laisser tomber. On brillait de la lumière d’une lune invisible, d’une lune disparue au fond de l’univers, nous laissant seuls et perdus, minuscules et pourtant si fiers. On brillait d’une lumière étrange mais les nuages ne parvenaient pas à l’étouffer. Parce que nous étions la source de ces nuages et que nous les abattions partout autour de nous pour mieux pouvoir briller. Les arabesques de fumée rencontrèrent la vitre et s’envolèrent vers le plafond usé. Mes doigts se crispèrent contre le bois puis je laissai mes bras retomber le long de mon corps avec lassitude. « Les étoiles que l’on voit sont déjà mortes depuis longtemps, de toute façon. » Oui, des milliers d’années auparavant. Bien avant que tu naisses. Bien avant que je naisse moi-même. N’était-ce pas la plus belle des métaphores ? On brillait de la lumière des cadavres des étoiles. Si, moi je trouvais ça beau, quelque part. Je trouvais ça apaisant. Peut-être que j’étais déjà mort depuis longtemps, moi aussi. Que j’étais un reflet du passé, intemporel, inaccessible. « Alors c’est ça ? Ton nom se perd près des étoiles ? » Mon ton était ironique, presque rieur. Quelque part, une curiosité noire s’était éveillée en moi et je m’amusais à lui répondre. Je m’amusais à arpenter la voie qu’elle avait ouverte, ces pavés reflétant la pâleur de tout ce qui brillait comme nous. Le blanc ivoire du crâne d’un squelette. Les plis sombres de notre linceul. Les astres que l’on ne pouvait qu’imaginer au fond de nos rêves les plus étranges, les plus lointains, les plus effrayants. Et enfin, elle aussi. Même si elle ne le voyait pas. Même si elle n’aurait jamais l’occasion de pouvoir admirer cette lumière.
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