"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici loaded gun / thomas 2979874845 loaded gun / thomas 1973890357
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() message posté Mer 11 Mar 2015 - 0:02 par Invité
stay away from my trigger, i'm a loaded gun ☇ Jules se rongeait les ongles, sale habitude qu'il avait depuis... un temps tellement long qu'il ne calculait même plus. D'où l'intérêt d'avoir comme pendentif un médiator, parce qu'il était carrément incapable de se laisser pousser les ongles pour gratouiller sur son instrument. Et là, il se rongeait les ongles jusqu'au sang même. Il se craquait aussi ses longs doigts noueux et regardait l'heure sans cesse. Nul besoin d'être Sherlock Holmes pour deviner qu'il attendait quelque chose. Le retour d'Angèle en fait, qui elle avait eu la "bonne" idée d'être une élève modèle. Et pourtant, Dieu sait que le moment était mal choisi. Jules était presque à sec, oui. Presque. Ca n'arrivait jamais, normalement il avait toujours de quoi se changer les idées dans un placard en cas de mauvais temps. Mais puisque la jolie poupée squattait pratiquement tous les soirs chez lui, il faut dire que les réserves s'épuisaient vite. Quand Angie passe, la drogue trépasse ! Une connerie du genre. C'était elle qui avait de quoi faire, chez elle, et Jules ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. N'ayant évidemment pas écouté quand elle avait rapidement parlé de ses horaires, tout en s'habillant le matin, éclairé par le soleil encore mal, Jules ne savait absolument pas quand est-ce qu'elle comptait repointer le bout de son joli nez. Il soupira un grand coup, tirant nerveusement sur le joint qu'il s'était roulé plus tôt. Ca lui semblait tellement terme maintenant, encore plus inefficace qu'une clope c'te connerie. Tant pis, si la montagne ne vient pas à... bref vous saisissez l'idée.

Jules, fringué comme à son habite, -c'est à dire comme un clodo- était sortie de son loft, ne prenant même pas soin de fermer derrière lui. De toute façon, il n'y avait rien à volé chez lui. Il dévala la cage d'escalier tortueuse à la vitesse éclaire tout en se frottant nerveusement le crâne d'une main, tenant toujours de l'autre le joint entamé. Il n'eut pas le temps de prévenir de son arrivée imminente Angèle par message qu'il s'engouffrait déjà dans la ligne de métro la plus proche, jetant sur les rails le joint désormais terminé. Et puis, quand il sortie du métro il ne pu s'empêcher de penser à la dernière fois qu'il s'était rendu à la fac, complètement défoncé à la coke, il avait fait une scène pas possible en plein cours de g...gal...gali... ? Non décidément les études d'Angèle l'indifférait au plus haut point. Cette fois, il n'était certes pas plus zen, mais au moins, il n'était plus sous l'emprise de cette drogue qui avait, qu'on se le dise, un effet insupportable sur lui. Au contraire, il peinait à garder les yeux ouverts, les petits calmants qu'Angie lui avait laissé anesthésiaient son cerveau autant que ses muscles, petit à petit, les effets se faisaient ressentir. Alors, c'est d'un pas moins pressé que Jules pénétra dans la grande bâtisse de pierre qu'était l'université de Londres. Et lorsque je vous disais que Jules était totalement indifférent au parcours scolaire d'Angie, cela voulait également dire qu'il ne savait pas du tout où elle pouvait bien avoir cours. Il soupira longuement dans les couloirs, ne trouvant même pas la force de demander à quelqu'un, il se posta simplement à un endroit qui semblait passant, se disant qu'Angèle devrait obligatoirement passer par là pour sortir de la fac, priant pour qu'il n'existe pas une autre sortie plus proche de sa salle de cours.

Alors voilà, une demi-heure, que Jules attendait contre l'une des facades de la fac, enchaînant les clopes histoire de passer le temps. Sa gorge était comme endormie désormais, si bien qu'il ne sentait même pas ce qu'il fumait. Il fermait les yeux, levait le menton, essayant de prendre le soleil sur son teint cadavérique, se disant que décidément, il  n'aurait jamais aucune chance pour figurer dans les pub d'Oenobiol bronzage parfait. Mais ça faisait du bien, presque, de voir un brin de soleil filtrer à travers les nuages quasi constant du ciel Londonien. Parlant de nuage... D'un coup, le soleil semblait être voilé. Une ombre s'était glissé sur Jules, quelqu'un était visiblement posté devant lui. Jules ouvrit un oeil, le referma aussitôt, priant pour une hallu. Un léger sourire se dessina sur son visage squelettique. Tommy. commenta Jules, toujours les yeux fermés. Il s'accorda quelque seconde, quelques longues secondes pour encaisser l'info. Le temps de monter doucement sa main jusqu'à ses lèvres pour fumer une taffe. Tranquillement, vraiment posé. Et puis il laissa également le temps à la fumée de descendre jusqu'au fond de sa gorge. Enfin, il expira doucement, se noyant dans un nuage de fumée. Et c'est là, enfin qu'il ouvrit les yeux.

Il avait presque oublié que ce type travaillait ici. Et en le voyant, là, tout propre sur lui avec sa tête nonchalante, l'air de se foutre de la gueule du monde en permanence, la tranquillité de facade de Jules semblait s'évaporer de plus en plus. Il était incapable d'oublier, incapable de passer outre. Rien que de le voir, il s'imaginait Angèle, il se l'imaginait nue, sous les caresses de ce clown. Jules contracta la mâchoire, et, avant de parler, il prit à nouveau le temps de fumer. Non parce qu'il était hors de question de donner encore la satisfaction à ce con de péter les plombs. Pas encore. Enfin, il ajouta : Si tu cherches des copains pour manger à midi, j'accepte à condition que tu me donnes ton dessert. Et là, large sourire. Non, Jules disait ça car il était environ midi et Thomas était planté devant lui comme un type qui cherche où s'asseoir à la cantine et se demande s'il peut s'asseoir à la table des pompoms girls. Alors que Thomas s'était déplacé de quelques centimètres, les yeux rougis de Jules se prirent le soleil en plein dedans, lasérifié! Jules plaça donc sa main en visière sur son front pour s'en protéger, fixant son interlocuteur. Plus les secondes s'écoulaient plus il était difficile de le supporter. Voilà pourquoi, pressant, il ajouta : J't'écoute ? Bah quoi , il y avait bien une raison pour laquelle il squattait. Non ?
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() message posté Jeu 12 Mar 2015 - 0:26 par Invité
Je pianotai sur la table avec nervosité et regardai l’heure, affichée au fond de la salle sur une vieille horloge bruyante. J’avais gardé les étudiants dix minutes de plus sans m’en rendre compte. Je sentais leur fatigue et leur faim à des kilomètres, mais je n’en restais pas moins désagréable et intransigeant. Finalement, constatant la lueur suppliante dans les yeux de l’un d’entre eux, je descendis de l’estrade et leur fis un vague signe vers la sortie en soupirant, sans prononcer le moindre mot. Ils comprirent et commencèrent à s’agiter, ce qui me donna un mal de tête, et je fermai les yeux pour le faire passer – en vain. Mais lorsqu’ils furent tous partis, je retrouvai enfin le calme qui m’était si cher et ouvris les paupières d’un air morose. Je rassemblai mes affaires et quittai les lieux à mon tour. Je n’avais pas particulièrement faim. Je mangeai rarement le midi – j’oubliai de le faire, pour tout dire. J’avais simplement besoin de quinze petites minutes pour fumer une ou deux cigarettes et boire cinq cafés. On devinait facilement pourquoi j’étais toujours de mauvaise humeur. Vieux prof maussade à la con. Mes cernes se creusaient de jour en jour. Les somnifères n’y changeaient rien et les vitamines non plus. Oh, j’étais de mauvaise foi, c’était vrai : je faisais n’importe quoi avec ces chers médicaments. Mais je ne croyais pas aux miracles. J’étais trop terre-à-terre pour m’élever jusqu’à cet espoir illusoire, celui qui osait dire un jour, tout ira mieux. Dire que certaines personnes croyaient en ces conneries-là. Enfin, au fond, j’étais content pour elles. Le bonheur des autres n’entachait pas ma lourde résignation. Je passai devant le bureau du doyen et pressai le pas. Je n’avais pas envie de tomber sur ce con-là. Je longeai le mur menant à la cafétéria, m’y arrêtai pour prendre un café que je bus en une petite minute en me brûlant la langue, puis je me dirigeai vers la sortie de la fac. J’avais besoin d’une clope. J’avais eu besoin de cette clope depuis que mon cours avait commencé. Trois heures à parler de poésie. Trois putain d’heures. Je détestai les gros blocs, c’était contre-productif. Les gens finissaient toujours par se désintéresser. Parce qu’ils étaient assis et immobiles. Parce que je parlais trop vite et que je mangeais mes mots dans une langue étrangère. Parce qu’ils avaient chauds et qu’ils avaient faim. Je pouvais vous trouver cinquante autres raisons supplémentaires, mais ça n’allait pas gâcher ce plaisir immense dont l’administration de l’éducation nationale avait le secret : ruiner la vie du plus grand nombre de personnes avec les idées les plus simples.

Je sortis finalement de l’université, cigarette entre les lèvres et commençai à déambuler sur le parvis à la recherche de mes allumettes, perdues quelque part dans mon manteau. Je m’arrêtai, presque inquiet, jusqu’à ce que je les retrouve finalement dans une poche intérieure oubliée. Je secouai machinalement la petite boîte brune avant d’en sortir une. Je me tournai pour être dos au vent et, afin que la flamme ne meure pas, je la protégeai de ma main bandée et rougeâtre. « Tommy. » Bruissement du tabac qui grille. Puis je secouai l’allumette et la jetai un peu plus loin avant de lever les yeux vers celui qui s’adressait à moi. C’était un gamin blanchâtre aux traits suffisants et sombres. Je penchai la tête, glissant mes mains dans mes poches et plissant les yeux. C’était sa voix nasillarde qui m’aida le plus à retrouver son identité. Mais une fois que cela fut fait, l’éclat blafard de ses pommettes, son allure de junkie désabusé et ses yeux vaguement gris, mais surtout très ternes, se remodelèrent dans mon esprit avec pour simple étiquette : copain lamentable d’Angie. Et puis, quelques secondes plus tard, le prénom fleurit dans ma mémoire, épineux et sec : Jules. Lui aussi se souvenait de moi – étrange non ? – et m’avait apostrophé d’un surnom que j’imaginais méprisant dans sa bouche, mais que je ne relevais pas. Je n’y répondis d’ailleurs guère, préférant le toiser froidement, la clope plantée entre mes lèvres, les sourcils haussés et sceptiques. Il avait vraiment l’air maigrelet sous la lumière du jour. Le soleil se reflétait sur les reliefs de ses os sous sa peau crayeuse. Son teint était livide. Il semblait avoir campé ici toute la nuit et s’être fait réveillé par un chien errant le croyant mort. Oh, mais qu’il ne le prenne pas mal. Je me faisais cette réflexion à moi-même tous les matins en me regardant dans le miroir. Et aucun chien n’était encore venu bouffer mes membres blêmes et squelettiques. Je ne lui demandai pas ce qu’il faisait là. Tout d’abord, parce que ça ne m’intéressait pas. Et ensuite, parce que je connaissais déjà la réponse. Il n’y avait pas trente-six raisons : il était là pour Angie. Mais il était tombé sur moi. Manque de bol. Il tira sur son joint et cracha la fumée avant d’ouvrir ses yeux injectés de sang et les poser sur moi. Je restai impassible. Ce n’était pas sa présence qui allait m’empêcher de fumer ma clope tranquille. Et je trouvais ça drôle de rester là à le regarder. Pour tout dire, je n’avais rien d’autre à faire.

Il finit par briser le silence après avoir de nouveau fumé. Il semblait presque calme et serein. « Si tu cherches des copains pour manger à midi, j’accepte à condition que tu me donnes ton dessert. » Je lui adressai un sourire amusé. Sans rancune, hein, Julot. C’était le milieu de la journée et j’avais encore cours après, il fallait que j’évite de trop l’énerver. J’avais remarqué, perspicace comme j’étais, qu’il réagissait très mal à mon ironie. Alors ouais, je m’étais tapé sa camée de copine, mais bon, c’était à prendre au second degré, non ? Demain on en rira de bon cœur ! Je n’arrivais pas à comprendre comment des gens qui se flinguaient autant le cerveau et le corps pouvaient s’attacher à d’autres à ce point. Mais ça, c’était parce que j’étais le flingué de service et que je m’évertuai à rester seul. Je ne parvenais pas à me mettre à la place des autres parce que ceux-ci souffriraient s’ils tentaient d’être à la mienne. Mais ces deux-là m’avaient particulièrement surpris, ce fameux soir où tout avait basculé. J’avais eu devant moi le spectacle absurde d’un dialogue de sourds mélangé à une bonne dose de stupéfiants et quelques bouts de verre. Un sacré mélodrame psychédélique. Le voir là, à la lumière du jour, sans sa partenaire détraquée, ça me faisait presque un choc. Mais je me remis vite de mon vague trouble lorsque j’entendis à nouveau le son de sa voix : « J’t’écoute ? » Mais c’était qu’il insistait en plus. Le type voulait que je lui parle. Il désirait écouter le son mélodieux de ma voix prétentieux et cynique. Et j’allais lui faire ce plaisir ultime, puisque c’était son vœu le plus cher. « Bof. Les desserts c’est ce que je préfère. » J’avais prononcé ces quelques mots d’un ton neutre en haussant les épaules. « Puis j’ai pas très faim, tu comprends … » Je lui adressai un regard empli de sarcasme comme pour lui dire « sur ce, ciao » et m’apprêtai à tourner les talons et m’en aller, mais je me retins à la dernière seconde, comme une hésitation suprême, et une sensation de plaisir inavoué m’envahit soudain, m’arrachant un discret sourire presque malgré moi. Je me frottai les lèvres pour l’effacer puis passai ma main dans mes cheveux et le pointai mollement du doigt : « Mais j’ai quand même une question pour toi. » Je restai impassible et fronçai les sourcils, consterné. « Pourquoi derrière l’oreille ? C’est stupide comme endroit, elle pourra jamais rien voir. » Je penchai à nouveau la tête, perplexe. « Enfin moi ça me parait évident, mais toi peut-être que non. » Sérieux, non. J’avais cours après,  bordel.
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() message posté Jeu 19 Mar 2015 - 23:24 par Invité
stay away from my trigger, i'm a loaded gun ☇ C'était peut-être la fatigue, la débilité en hausse des étudiants de la faculté ou bien simplement était-il blasé de voir sa tronche de toxicomane de Jules,mais dès que Thomas entendit l'autre l'interpeller, c'était comme s'il avait pris cent ans dans la tronche. On aurait dit un petit papy, luttant pour chaque bouffée d'air qui lui restait et attendant la mort avec une impatience même pas dissimulée. Jules aussi peinait à garder une expression naturelle, et dans sa tête ça tournait comme dans un carrousel : cette nuit de pétage de plomb, ces secrets inavoués, ces aveux jetés en pleine face. La jalousie mal placée de Jules ne faisait que croître de seconde en seconde tandis qu'elles semblaient s'écouler si lentement. Et le silence qui s'était instauré ne pouvait qu'être brisé. Jules se sentait jugé chaque fois que le regard de ce type qui se croyait visiblement de retour au siècle des lumières se posait sur lui. Vous savez, il avait l'impression de l'entendre penser parfois, de l'entendre se moquer de lui et c'était invivable. Merde, qu'il remballe ce rictus et ce regard à deux balles. Alors évidemment ça avait été plus fort que lui, Jules avait balancé une phrase inutile comme il en avait le secret, Thomas ne s'était évidemment pas privé de rétorquer : Bof. Les desserts c’est ce que je préfère. Puis j’ai pas très faim, tu comprends … Jules plaça une main sur son coeur, comme piqué à vif, une épée dans le coeur ou une connerie dans ce genre. Aoutch ! ça c'est du râteau de compet'. Jules répondit au sourire narquois du petit professeur tout droit sortie de Poudlard par un sourire semblable. La discussion avait tourné court, trop court pour que cela soit sérieux. Même Thomas semblait s'en rendre compte. Car à l'instant même où il allait tourner les talons, il se ravisa. Ca semblait plus fort que lui, parce qu'il fallait qu'il les place ses petites phrases étudiées à la syllabe près, ses fameuses phrases cinglantes qui avaient le don de mettre Jules hors de lui puissance vectorielle trois millions (ça se voit que j'ai pas fais un bac scientifique, hein ?). Alors voilà, Platon fit un pas en direction du tatoué, passant sa main dans ses cheveux de manière affreusement cliché. Jules, presque intéressé, presque impatient de voir ce qu'il allait bien pouvoir sortir. Oh, si tu savais mon petit ! Mais j’ai quand même une question pour toi. Le sourire encore si innocent de Jules s'amplifia et de manière très polie, très lisse il l'encouragea : Mais je t'en pris. Ah non, ne le prie pas, ne tente pas le diable, tu le sais pourtant, merde, tu le sais qu'il peut te battre à ce jeu-là. Pourquoi derrière l’oreille ? C’est stupide comme endroit, elle pourra jamais rien voir. Enfin moi ça me parait évident, mais toi peut-être que non. Et bam. Jules prit tout de même une seconde pour percuter de quoi il parlait. Ah, oui, tatouage. L'écriture calligraphique encore rougie qui lui grattait derrière l'oreille, le tatouage récemment réalisé avec Angèle. Il avait presque tendance à oublier qu'il avait le prénom de son amour, ou quoi qu'elle soit, de tatoué derrière l'oreille comme un toutou, à la vue de tous, manière pas très subtile de dire merde à ceux qui s'étaient un jour mit en travers de leur chemin tout en assouvissant sa passion des aiguilles. Cependant Jules mit une seconde supplémentaire à tilter qu'il ne parlait pas de son tatouage à lui, mais plutôt de son jumeau qui vivait sur la peau lisse de la poupée de porcelaine. Ah. Jules fut secoué d'un petit rire qui n'avait rien d'amusé. Au contraire, oh oui. Parce que passe encore que Thomas, dans son soucis du détail, ait remarqué que Jules avait un nouveau tatouage. Ce dernier portait les cheveux courts et était en face de lui. Mais à quelle occasion avait-il pu voir qu'Angèle, elle aussi, s'en était fait faire un ? Non parce que Jules avait supposé qu'après le coup qu'elle lui avait fait ce fameux soir, le fait que Platon ait atterrit tout en haut de sa liste noire était évident. Pas vous ? Enfin, le tatoué se passa la langue sur ses lèvres, essayant mollement de contenir le feu qui avait prit dans son bide. Il ne pu retenir ceci : C'est parce que moi j'le vois quand j'la prend par derrière. Une seconde. Et j'aime ça. Nouveau sourire, et toujours pas le moindre amusement. Et puis la remarque salace, c'était cadeau. Comme une manière déguisée -enfin à peine- de faire comprendre que tout roulait encore très bien entre eux et que sa petite intervention de l'autre soir n'avait eut d'autres effets que de les rapprocher davantage. Mais si vous pensiez que ça allait s'arrêter là, c'était faire erreur. Oh Jules n'était pas d'humeur. Il était presque en panne sèche de drogue, l'irritation était à son paroxysme et les sous-entendus que plaçaient si soigneusement Thomas dans tous ses mots ne faisaient que l'énerver encore plus. Alors Jules ne tarda pas à envoyer d'un geste expert sa clope plus loin et se décolla du mur. La tension ne cherchait même plus à se cacher, son coeur s'accéléra, son sang ne fit qu'un tour. A son tour il fit un pas vers le prof, se dressant devant lui comme un serpent prêt à attaquer. Ca t'éclate hein ? demanda-t-il avant de se reprendre, presque immédiatement : Ouais, j'en suis sûr. Il fit un pas de plus. T'es le stéréotype même du mec qui m'a soulé pendant toute ma vie. Tu vois, celui du type qui se croit vraiment très très cool et plus intelligent que tout le monde parce que t'as lu Shakespeare ou je ne sais pas quelle connerie et parce que, Ô miracle, il a réussi à chopper une de ses étudiantes. A noter, pour Jules, Shakespeare c'était de la connerie. En même temps, quand on est déscolarisé depuis ses seize ou dix-sept ans, c'est souvent l'effet que ça fait. Mais bref, passons. Jules, désormais lancé, ne parvenait plus à s'arrêter et, tant pis pour les regards en coins qui se multipliaient autour d'eux de la part des étudiants entrain de snacker, Jules fit un pas de plus, forçant donc cette fois Thomas à reculer d'un pas, et renchérit : J'te l'ai pas dis pourtant ? Que j'voulais plus te voir autour d'elle ? Si, Jules était presque sûr que ça avait été clair, à un moment où à un autre, qu'il n'avait plus intérêt à montrer le bout de son nez. Merde, fallait juste qu'il disparaisse de la vie d'Angèle aussi rapidement qu'il y était venu, lui cette passade stupide, cette expérience d'étudiante facile à la con, lui et sa gueule qui vous hérisse le poil.
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() message posté Sam 21 Mar 2015 - 10:32 par Invité
« Mais je t’en prie. » J’en doutais. Mais je posai la question quand même, parce que ça me tordait l’estomac de ne pas lui griller les neurones de colère. Son visage me demandait presque de le faire : il appelait, il invitait. Et donc je prononçai les fameux mots. En vérité, je me posai vraiment la question. Pourquoi diable se faire faire un tatouage derrière l’oreille ? Pour mieux l’entendre ? C’était tellement facile de faire les moindres conneries de nos jours. Quoi, Jules, tu te sens lié par la chair à Angèle parce qu’elle a ton nom gravé dans sa peau ? Ne trouves-tu pas cela un peu superficiel ? Mais c’était vrai que j’étais vieux jeu et peu créatif. Exprimer son amour, ça me dépassait presque, même si je prétendais que c’était moi, l’entité supérieure dans l’histoire. Problèmes d’orgueil. Je consulte pour ça, vous savez ? Jules ricana d’une étrange froideur. Il avait compris. Il savait qu’il n’aurait pas dû me prier. Ou peut-être qu’il prenait un malin plaisir à ce que je me foute de sa gueule. Chacun ses vices cachés. Je n’étais pas là pour le juger. Oh, bordel, si, j’étais là pour le juger. J’étais là pour observer son maigre corps rachitique de clochard lamentable et pour lui rappeler que son arrogance n’avait aucun effet sur moi. J’avais été arrogant toute ma vie. Je connaissais les techniques. Mais Jules ne s’arrêta pas au simple ricanement. Lui aussi, il était bon dans ce rôle. Parce qu’il avait compris de quoi je parlais, mais qu’une fois encore, il se retrouvait dans le brouillard : quoi, Angie, tu traînes encore avec le connard que je suis ? Il fallait peut-être que Jules se rende à l’évidence, un de ces jours. Dommage qu’il soit si peu ouvert. « C’est parce que moi j’le vois quand j’la prends par derrière. » Je souris. Arrogance, et maintenant humour déplacé. « Et j’aime ça. » J’eus presque le réflexe d’applaudir lourdement, comme pour lui signifier que je m’en foutais royalement, mais je me retins. Il n’allait pas s’en tenir à cette simple réplique, si ? Sinon, misère, il serait bien plus ennuyeux que ce que je pensais – et j’avais déjà une estime assez basse de lui, ce n’était pas la peine de la descendre encore plus. Evacuation du self-control. Je vis le calme qu’il avait adopté jusqu’alors se déverser à travers ses pupilles assassines pour m’assaillir de toute part. Une, deux, trois secondes. Je ramenai ma cigarette entre mes lèvres d’un geste élégant.

« Ça t’éclate hein ? » Un pas. Je haussai les sourcils : ah, enfin. Enfin il allait devenir amusant. « Ouais, j’en suis sûr. » Deux pas. Il se dressa devant moi, agressif et nerveux, mais je restai impassible, clope plantée dans le bec, attentif. « T’es le stéréotype même du mec qui m’a saoulé pendant toute ma vie. Tu vois, celui du type qui se croit vraiment très très cool et plus intelligent que tout le monde parce que t’as lu Shakespeare ou je ne sais pas quelle connerie et parce que, Ô miracle, il a réussi à chopper une de ses étudiantes. » Trois pas. Je reculai souplement. Je n’avais pas envie qu’il me touche. Qu’il me parle, encore, ça restait divertissant, mais il semblait être sur le point de me sauter à la gorge, et je voulais éviter d’avoir les traces de ses doigts osseux sur le cou durant les prochains jours. Je repris ma cigarette et soufflai la fumée sur son visage blafard. J’avais tellement de sarcasme au bord des lèvres. Et pourtant, j’allais me contenir. On commençait à nous regarder. Les gens savaient qui était Jules parce qu’ils savaient encore plus qui était Angie. Et puis, vous savez, les rumeurs se dévorent encore plus que les desserts, de nos jours. « Tu devrais lire Shakespeare. Il a un humour assez vulgaire parfois, comme le tien. Et puis régulièrement, tout le monde meurt à la fin. Je suis sûr que ça te plairait. » J’arquai mes lèvres en un sourire narquois. Il avait décidé tout seul de s’avancer, et maintenant il en essuyait les conséquences. Mes oreilles entendaient les moindres détails. C’était à la fois déconcertant et terriblement plaisant de vouloir à ce point le descendre. Je poursuivis après avoir fumé de nouveau. « Je vis bien mon existence de stéréotype, tu sais. Mais toi par contre, tu cumules, t’arrives à tout gérer ? Non parce qu’entre celui du camé en manque à demi-mort, celui du chevalier servant et celui de l’amant trompé, c’est dur de jongler je trouve. » Ma voix était froide et grave, mais teintée d’une ironie se voulant profondément blessante. Je désirai l’appeler par ce qu’il était vraiment : un type totalement pathétique, qui prétend mener la troupe alors qu’il s’est perdu, loin derrière, et que l’on a oublié d’attendre. Pauvre Jules. Exclu dans sa propre marginalité.

« J’te l’ai pas dit pourtant ? Que j’voulais plus te voir autour d’elle ? » Grogne un peu pour voir, ça correspond bien au personnage, non ? Un rire sec m’échappa malgré moi. Ses répliques m’ouvraient son cœur pour que je puisse y planter un couteau. Il n’y arriverait pas. Il me sauterait à la gorge. Pourtant, j’étais passé outre ce détail, malgré le fait que l’on soit en plein jour, devant l’université. Les gens savaient que j’avais couché avec Angèle. Ils ne seraient pas surpris que cela mette Jules hors de lui. Cette entrevue resterait une petite semaine dans les esprits, puis elle disparaîtrait pour toujours. Comme tout ce que faisait Jules, d’ailleurs. Il pourrait crever demain, personne ne s’en soucierait vraiment. Même sa propre mort, il allait la rater. Et voilà qu’il était là, me tendant le pieux pour l’achever et ayant écarté une à une les côtes de sa cage thoracique, et je pouvais voir son cœur battre avec une rapidité folle, comme celui d'un animal courroucé. Je ne cillai pas, un mince sourire figé sur les lèvres. Si, tu me l’as dit, Jules. Mais devine quoi : je n’en ai rien à foutre. Je pensais qu’il avait compris, depuis la dernière fois. Et ses petites tentatives de me faire comprendre qu’Angie et lui étaient de nouveau comme les deux doigts de la main ne faisaient que m’amuser encore plus. Comment pouvait-il simplement croire qu’Angie lui serait fidèle jusqu’à sa mort – même si celle-ci arriverait bien assez tôt ? Ah, oui, j’oubliais. Ils avaient fait le tatouage. Sérieusement, tu te rends compte à quel point tu es ridicule, maintenant ? Ton nom est marqué au fer rouge sur sa peau, mais cela ne signifie pas qu’elle est à toi. Au contraire : elle a simplement volé une partie de ton âme et se pavane avec en riant de bon cœur, parce que c’est elle qui te mène à la baguette, et non l’inverse. Sorcière, au bûcher. Elle allait finir par me manquer, cette petite. « Détrompe-toi, c’est elle qui est venue me voir. » Semi-mensonge, mais il ne le saurait jamais. C’était ma parole contre son ouverture d’esprit. Autrement dit, ma parole contre peu de choses. Non, elle n’était pas venue me voir. Mais préférait-il que je lui raconte tous les détails ? Je n’avais pas traîné Angie dans cette cafétéria, ni sous cette pluie battante, je ne l’avais pas forcée à jouer au jeu dangereux de me séduire, ni à sortir l’héroïne et à me poser ce défi étrange de savoir si j’allais la suivre ou non. Et quand bien même je m’étais arrêté en face d’elle pour lui parler, c’était elle qui avait pris les rênes par la suite. Je me grattai la tête, songeur, puis haussait les sourcils en un mouvement ironique. « Tu crois qu’elle s’ennuie de toi ? » ai-je dit dans un souffle mesquin. J’allais faire en sorte qu’il n’ait plus aucune issue. Il fallait qu’il comprenne que c’était peine perdue. Donner sa confiance à une camée, oh, non, mauvaise idée. Même si vous croyez qu’elle vous aime. Elle préfèrera la drogue et le danger. Elle préfèrera les défis macabres et l’autodestruction. Elle préfèrera le bûcher, plutôt que de s’imaginer vôtre.
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() message posté Mer 25 Mar 2015 - 19:38 par Invité
stay away from my trigger, i'm a loaded gun ☇ Si vous cherchez la définition de "gros con insensible" dans le dico, fermez-le, allez simplement à la fac, demandez la classe du Professeur Knickertamère et observez-le. Ce type était froid, lisse, une statue de pierre tout simplement. C'était comme s'il était impossible de déceler une âme qui vive, un coeur qui bat, un feu ardent. Et ce qui était vraiment énervant, c'était que Jules était tout l'inverse. Alors bien sûr, notre tatoué n'était ni du genre à étaler sa vie à de parfaits inconnus, ni même à se mettre à sangloter à la première déception (il laissait ça à son petit frère) mais il était loin d'être une statue de pierre. Il était un écorché vif, un grand brûlé. Sa peau avait cramé, son âme était à découvert. Suffisait de le regarder pour comprendre qu'un truc clochait chez lui, suffisait de l'entendre pour savoir qu'il était un type à problème. Et comme tout écorché, on pouvait à peine le toucher sans qu'il se mette à rugir. Jules était un stéréotype lui aussi, la drogue lui avait mit les sentiments en pelote. Le complexe de l'ado qui ressent trop d'émotion sans savoir les exprimer ? C'était lui, mais devenu grand. Il ne savait rien gérer, ni sa vie, ni sa famille, ni même sa consommation plus qu'excessive. Et quand un type comme lui se retrouvait en face d'un type comme Thomas, ça faisait des étincelles, et la statue bat l'écorché.

Tu devrais lire Shakespeare. Il a un humour assez vulgaire parfois, comme le tien. Et puis régulièrement, tout le monde meurt à la fin. Je suis sûr que ça te plairait. Balança tranquillement Thomas tandis que Jules sentait l'énervement monter. Il se stoppa d'ailleurs une seconde, regarda sur le côté. Il secoua la tête de gauche à droite en se mordant la lèvre inférieure. Et puis, après avoir tenté de calmer son envie ardente de s'énerver davantage, défia le regard du professeur et répondit d'un air égal : Je regarderais le film. assumant jusqu'au bout son rôle de parfait petit cas social que les profs ont en horreur. C'était une psychologie inversée ou autre connerie du genre, Jules s'appliquait toujours à être ce qu'on n'attendait pas de lui. C'était simple comme ça, non ? Bien plus simple qu'essayer de faire quelque chose de bien en tout cas. Parlant de stéréotypes, Thomas n'hésita pas à renchérir sur le sujet. Je vis bien mon existence de stéréotype, tu sais. Mais toi par contre, tu cumules, t’arrives à tout gérer ? Non parce qu’entre celui du camé en manque à demi-mort, celui du chevalier servant et celui de l’amant trompé, c’est dur de jongler je trouve. Jules ferma les yeux une seconde quand Platon lui cracha la fumée dessus. Il serrait les dents. Agacé, excédé par ce type qui l'ouvrait trop et qui pour une raison obscure pensait être expert dans tous les domaines. Jules déglutit bruyamment avant d'hausser les sourcils, faussement amusé, complètement remonté : Tu sais que dalle. Balança-t-il d’un air lamentablement fataliste. Ouais, tu sais que dalle Thomas, tu ne fais qu’en avoir l’air. Evidemment qu’il avait l’air plus crédible que Jules, Thomas était prof, il avait l’air un peu désabusé et blasé, mais il avait l’air intéressant, n’est-ce pas. C’était facile pour lui de trouver Jules complètement cliché. Facile de lui foutre cette casquette de raté qu’il avait porté toute sa vie, de s’octroyer le rôle de l’amant fougueux et laisser à Jules celui du chéri amoureux et trompé. D’où sortait-il pour affirmer de telles choses ? Jules ne décolérait, toujours planté devant Thomas telle la canne devant l’infirme, d’une voix qui se voulait des plus méprisantes, il ajouta : Tu débarques et tu penses tout savoir parce que t’es la petite crise du moment d’Angèle ? Petite crise, vengeance personnelle, appelez ça comme vous voulez. Pour Jules, et sa vision peut-être un peu égocentrique du monde, Platon ne représentait rien de plus qu’une attaque, un revolver braqué sur lui afin qu’il lève les bras, lâche les armes.  Si coucher avec lui une première fois n’était peut-être pas prémédité, continuer malgré que clairement Jules n’était pas d’accord avec ça, il voyait ça comme un moyen de le punir d’être partie comme ça. C’était sans doute aussi un moyen de se rassurer. Parce que si Angie se mettait à apprécier un autre homme, qu’en serait-il de lui ? Clairvoyant sur lui-même, Jules ne s’attendait pas à ce qu’il y ai à y réfléchir. Comme Angèle l’avait si bien dit, on n’était pas beaucoup à l’aimer ce type. Ce grand chewing gum étiré et détendu, sans goût, ni rien. Jules ne gagnait pas à être connu, il n’y avait rien de plus intéressant quand on grattait. Il était incroyablement creux. Angèle lui avait accordé une admiration et une soumission sans limite pendant des années, bloquée dans son truc, comme affublée d’œillères. Mais si elle se réveillait, si elle faisait disparaitre cet agréable nuage qui l’empêchait de regarder autour d’elle, que ferait-elle ? Enfin, Jules n’avait clairement pas envie d’en débattre intérieurement pour le moment. Il se rassura comme il pu en ajoutant : Alors tu sais que dalle d’Angèle, de moi, de cette putain de situation. Situation dans laquelle tu n’existes même pas. Oui, Jules voulait le gueuler assez fort pour se convaincre que Thomas n’était qu’un parasite, qu’un moyen, qu’un outil, mais qu’au fond, dans cette situation, Jules et Angie étaient les seuls concernés. Parce que Thomas semblait prendre ses aises, s’étaler comme un pacha sur le sofa et demander même un verre de rouge. Le tatoué ne se priva donc pas de lui rappeler qu’il l’avait pourtant prévu de dégager ce sofa en vitesse. Evidemment, Thomas qui avait réponse à tout, avait aussi réponse à ça. Une réponse toute faite, parfaite. Détrompe-toi, c’est elle qui est venue me voir. Jules se passa une main moite sur son visage aux traits tirés. Fatigué, stressé et surtout en manque il laissa échappé un rire glaciale, complètement nerveux. Après ça, il se gratta le crâne et sans regarder Thomas, il demanda simplement : Vous avez couché ensemble ? naturellement, comme s’il demandait à son pote s’il avait pécho son rencard. En même temps, Jules se sentait en droit de savoir. Quand on fait ménage à plusieurs autant savoir s’il faut s’inquiéter des autres plan-cul. Le tatoué ne semblait pas savoir s’il devait croire ou non ces propos. Si Thomas avait l’air de se foutre de tout, il ne se foutait pas de Jules. Enfin, si, mais cet énergumène l’énervait tout de même. Il pouvait parfaitement décider de niquer Jules, simplement pour niquer Jules. C’est d’ailleurs ce qui se confirma quand le professeur posa la question qu’Angèle puisse s’ennuyer de son amour de jeunesse. Oui, peut-être. Non, elle ne s’ennuie pas. fut tout de même la réponse de Jules. Aller, répète-le mon gars, tu finiras bien par y croire. Terrible et cruel sentiment qu’est l’amour, hein mon gaillard ? Maintenant que tu l’as avoué, il ne fait que te hanter. Au moins, maintenant, t’as une bonne raison de chialer sur ton sort. Ta gueule, la voix intérieure. Jules commença par donner une petite tape sur le côté de l’épaule à Thomas, comme s’il venait de faire une boutade. D’ailleurs Jules riait un peu. Avant de ne plus rire du tout. Ni une ni deux, il s’empara du col de la veste que portait le Professeur, sans pour autant le secouer comme u malade, il le tenait fermement, accordant au salarié un minimum de discrétion, pour le moment. Je te le répète, tu sais que dalle. siffla Jules avant de lâcher et de pousser en arrière Thomas. Arrête d’être con, et je t’en supplis arrête avec ce ton, cet accent je-m’en-foutiste, ça me rend dingue ! Jules perdait patience, son petit corps maigrelet en manque de coco et de calmants semblait être le lieu d’un échange d’obus qui explosait dans chaque veine qui le composait. Jules se passa les deux mains sur la tête, avant de les joindre, comme pour dire que là il allait dire un truc très important. Il plongea ses yeux rouges dans ceux fatigués d’avance du professeur. Je m’en tape que tu te sois fait touché par ta nounou ou baisé par ton père ou même ton cleps quand t’étais gosse et que maintenant t’as besoin de faire chier le monde pour te sentir viril. Je ne veux plus que tu t’approches d’Angie, c’est clair ? Trouve toi une autre gamine sur qui ton regard de grand brun ténébreux marche, je suis sûre que cette fac de pechno t’en a à la pelle. Bon, insulter Angie de gamine, c’était cadeau. Mais le toxicomane abattait ses dernières cartes pour rester calme, et ça ne marchait qu’à moitié son corps entier voulait faire taire littéralement Platon.
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() message posté Mar 31 Mar 2015 - 22:52 par Invité
« Je regarderai le film. » Je haussai les épaules d’un air désinvolte. Ok, Jules, ok. Je n’allais pas le blâmer pour ça, ce n’était pas le premier gamin à faire preuve d’une telle paresse. Mais c’était Jules. Ça lui allait bien d’être ainsi. Je jouais peut-être au type prétentieux et méprisant, très certainement même, mais de son côté, il ne jouait pas : il subissait. Il subissait cette image de décadence et il allait en mourir un jour. Je n’allais d’ailleurs pas être là pour pleurer sur sa tombe. « Tu sais que dalle. » aboya-t-il avec détermination. Ah, j’avais touché juste. En plein dans son amour-propre. Et dire qu’il était vraiment amoureux de cette fille. La vie était franchement injuste. Mais il l’avait bien cherché. Je restai impassible. Je n’avais pas besoin de répondre. Il allait le faire pour moi et le sarcasme en découlerait tout seul. Jules, c’est toi qui sais que dalle. Et même ça, tu ne t’en es pas encore rendu compte. Tu vivais dans un autre monde et à présent que tu es redescendu de ton perchoir, tu as le vertige. Les femmes ne se contentaient pas d’un bout de chair ayant plus de cocaïne que de sang dans les veines. Elles ne se contentaient pas non plus du lent et prétentieux sac d’os que j’étais, mais j’étais trop égoïste et trop volage pour m’en soucier. Jules s’accrochait à des parois bien trop lisses. Et c’était moi qui savais que dalle ? L’hôpital se foutait de la charité. « Tu débarques et tu penses tout savoir parce que t’es la petite crise du moment d’Angèle ? » Mes yeux brillèrent d’un éclat amusé. Petite crise du moment. Et lui, c’était quoi ? L’homme de sa vie ? Laissez-moi rire. Je fumai en le fixant, attentif et moqueur. Toujours pas besoin de lui répondre. Il s’enfonçait lui-même dans la vase. Il laissait libre cours à sa propre imagination. « Alors tu sais que dalle d’Angèle, de moi, de cette putain de situation. Situation dans laquelle tu n’existes même pas. » Je soufflai lentement la fumée et fronçai les sourcils. « Clairement j’existe, puisque je suis là et que ça t’affecte. Mais j’comprends l’idée. » Je lui accordai un sourire narquois qu’il détesta immédiatement. J’aimais bien faire ça. Je n’avais strictement aucune raison de le faire, mais j’aimais le faire. Jules, serais-tu en train de corrompre mon âme innocente ?

« Vous avez couché ensemble ? » Je ricanai, un peu surpris de sa question. Il l’avait dit naturellement, d’un ton calme et plein de détermination. Mais je pouvais le lire dans ses yeux : Dis-moi la vérité, connard. La vérité, Jules ? La vérité c’est que c’est beaucoup plus drôle de te laisser patauger dans l’ignorance, de t’observer t’imaginer le pire parce qu’Angèle et moi en étions capables. C’était probablement la raison pour laquelle j’appréciais cette princesse. Elle et son héroïne, son sourire et la pluie dégoulinant de ses cheveux brillants. Je l’avais sentie libre, la dernière fois. Ma mère est morte, m’avait-elle dit, et malgré ça, elle était restée fidèle à elle-même. J’ignorais ce que Jules recherchait en elle, mais c’était lui qui ne savait rien d’elle s’il pensait pouvoir la dompter rien qu’en jouant au camé désabusé. Parce que le drogué, elle l’avait déjà eu. Peut-être qu’elle creusait un peu plus profondément dans son âme pour voir ce qui s’y cachait, et qu’elle ne trouvait rien. Pourquoi venir me trouver ensuite alors ? Je n’avais pas grand-chose à lui apporter non plus. La différence, c’était que je ne la laissais pas creuser. Et c’était ça qui l’intriguait le plus. La différence, c’était qu’elle n’avait pas encore trouvé ma limite. Dommage pour elle, elle ne la trouverait jamais. Pas parce que je n’en avais pas mais parce qu’elle n’allait pas dans la bonne direction. Je penchai la tête et plissai des yeux, souriant. « Voyons, ce ne sont pas des choses qui se racontent. » La réponse était non. Angie avait juste voulu se sortir d’une vague détresse et elle m’avait trouvé. Notre relation dépassait probablement le simple fait d’être amants. Je n’arrivais pas vraiment à nous décrire, d’ailleurs, et c’était ça qui me plaisait tant.

« Non, elle ne s’ennuie pas. » Je fumai puis jetai mon mégot sur les marches derrière moi sans le quitter des yeux. « L’important, c’est d’y croire. » Il était bien trop proche pour que je puisse oser de telles remarques sans qu’il ne réagisse avec excès. Ce qu’il ne tarda pas à faire. Il me donna une tape sur l’épaule et mon regard glissa vers sa main téméraire. Il rit d’une nervosité non feinte et finit par m’attraper le col. Bordel. Moi qui voulais une seconde clope. Je n’allais pas réussir à l’allumer s’il s’accrochait à moi comme ça. Je le laissai cependant faire sans broncher. Quand allait-il se rendre compte que je ne le considérais pas comme un problème ? « Je te le répète, tu sais que dalle. » grogna-t-il avant de me pousser en arrière. Je retrouvai l’équilibre sans difficulté. Il me semblait bien fatigué aujourd’hui. Elle était loin, l’époque où il me mettait son poing dans la figure parce que j’avais griffé sa copine. « Arrête d’être con, et je t’en supplie arrête avec ce ton, cet accent je-m’en-foutiste, ça me rend dingue ! » Je secouai la tête d’un air faussement navré. « J’peux rien y faire, je suis un connard par nature. La voix va avec. » Je haussai les épaules et repris une cigarette. Il ne pouvait pas gagner en jouant de cette manière. Sa colère n’avait aucun effet sur moi. Pourtant il s’acharnait. Etait-il à ce point désespéré ? Il me fusilla du regard. « Je m’en tape que tu te sois fait toucher par ta nounou ou baiser par ton père ou même ton clebs quand t’étais gosse et que maintenant t’as besoin de faire chier le monde pour te sentir viril. Je ne veux plus que tu t’approches d’Angie, c’est clair ? Trouve-toi une autre gamine sur qui ton regard de grand brun ténébreux marche, je suis sûre que cette fac de pechno t’en as à la pelle. » J’avais craqué une allumette et sa tirade m’avait arrêté dans mes gestes. La flamme était suspendue dans l’air et tentait tant bien que mal de rester vivante. Je finis par y plonger l’extrémité de ma cigarette, après avoir fixé mon interlocuteur pendant quelques secondes, silencieux. Je fis un pas vers lui. « Peut-être que tu devrais te poser des questions au lieu de te voiler la face. » Un autre pas qui le força à reculer. « Peut-être que c’est toi qui devrais changer de copine. Après tout, t’es le seul à ne pas être satisfait de la situation. » Je lui lançai un regard interrogateur en me grattant la nuque. « Tu te remets jamais en question ? Tu penses vraiment que tu vas vieillir avec elle parce que vous êtes faits l’un pour l’autre ? Peut-être que oui. » Je fis une pause, laissant retomber mon bras le long de mon corps. « Et peut-être que non. » Je me penchai vers lui sans le toucher. « Je pense qu’elle est assez grande et intelligente pour choisir elle-même ses fréquentations. » Oh, pourtant j’étais le premier à lui dire de ne plus traîner avec moi mais elle insistait tant, c’en était presque flatteur. Mais ça, Jules ne le comprendrait jamais non plus. Il était borné ce garçon.
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() message posté Ven 3 Avr 2015 - 17:56 par Invité
stay away from my trigger, i'm a loaded gun ☇ Il n'avait pas tord ce con, c'était ce qui était le plus énervant avec Thomas Knicherbadger : il avait même souvent raison. Il était là, bien là, bien ancré dans la vie de Jules et Angèle maintenant. Il s'était installé tranquillement, paisiblement, sans faire de bruit et maintenant il prenait toute la place. Il était l'ombre au tableau, le détail qui tue tout. Un putain de moustique qui vole autour de vous quand vous voulez simplement dormir paisiblement, un pixel de mort sur votre télé... Il était là et ça gâchait tout. Clairement j’existe, puisque je suis là et que ça t’affecte. Mais j’comprends l’idée. Avait-il dit et Jules, évidemment, ne trouva rien à répondre à ça. Car oui, clairement il existait. Foutu con. Mais ce qui intéressait réellement Jules c'était plutôt de savoir ce qui s'était clairement passé, ce que cette existence avait engendré. En gros, il avait baisé Angie, oui ou non ? C'était ce qui tordait le bide de notre tatoué, la hantise qu'il avait. Dans sa tête, ça faisait des flash. Et le ricanement du prof en fond sonore n'arrangea rien. Jules ferma les yeux. Non, c'était pas possible. C'est ce qu'il voulait croire, de toutes ses maigres forces qui lui restaient. Angie ne pouvait pas, c'était même impossible. Elle aimait trop Jules pour ne serait-ce qu'envisager de le tromper maintenant qu'elle avait enfin ce qu'elle avait toujours désiré. N'est-ce pas ? Sauf si bien sûr, c'était justement parce qu'elle avait enfin ce qu'elle avait toujours désiré qu'elle voulait tout foutre en l'air. Si Jules était un cas social qui prenait toujours la mauvaise route, Angie était un scorpion. Ces bestioles, quand elles sont coincés dans les flammes ne trouvent rien de mieux à faire que de piquer eux-même. Angie était pareille, elle empirait tout. Elle crachait son venin partout, elle ajoutait de l'huile sur le feu, de l'essence dans les flammes. Angie, elle faisait des dramas pas possible. Alors peut-être qu'elle ne supportait pas l'idée que pour une fois, quelque chose marche bien dans sa vie. Peut-être qu'elle en avait besoin, vous savez, de galérer. Allez savoir. Jules galérait parce qu'il avait toujours galéré, Angie elle c'était une jolie fille intelligente de bonne famille qui avait choisi d'elle-même la mauvaise route, qui s'était pétée les neurones et qui avait aimé passionnément un homme branque et maintenant que cette homme branque l'aimait en retour elle... Arg ! Non, Jules ne pouvait toujours pas envisager la possibilité qu'elle l'avait trompé, il ne pouvait pas. Il prit le temps de malaxer son front avec une nervosité extrême. Et au moment où il trouva assez de calme dans ses réserves de self-control pour ouvrir à nouveau les yeux, Thomas fit sa petite remarque, bien tranchante, bien piquante : Voyons, ce ne sont pas des choses qui se racontent. Jules eut un petit rire, très léger. Ce mec le tuait littéralement et puis il leva les yeux, fatigué, blasé par le cynisme de Thomas qui tournait en boucle comme un disque bloqué sur les platines. Oui merci, j'ai saisis. répondit-il simplement. Thomas aurait même très bien pu s'arrêter au petit rire mesquin de farfadet, Jules avait déjà compris à ce moment-là la réponse affirmative qu'il essayait de faire passer. Ne se sentant de toute façon pas d'en entendre davantage, Jules ne préférait pas épiloguer plus longtemps sur ce sujet. Il n'aurait même pas du poser la question. Car deux solutions, où Thomas mentait et ça énervait Jules pour rien où il disait la vérité et Jules n'avait pas envie de l'entendre. Non, il ne voulait entendre, il ne voulait plus entendre. Blasé, triste aussi, énervé beaucoup. Jules semblait complètement vidé de toutes ses forces vitales tandis que Thomas en rajoutait, comme à son habitude, une couche. Et si, vainement, Jules tentait de convaincre l'auditoire (à savoir, lui-même et Platon) en disant que non, Angie ne s'ennuyait pas avec lui, le professeur répondit, toujours comme d'habitude, par un sarcasme plein de méchanceté. Jules ne releva pas. Fatigué, j'vous dis. Et la fatigue se transforma en pétage de plomb interne. Jules se marrait tout seul en écoutant l'accent tellement, mais alors tellement tête à claque qu'il avait ce frisé ! J’peux rien y faire, je suis un connard par nature. La voix va avec. C'était l'explication qu'il avait pour expliquer sa voix. Qu'il avait dit ça avec le plus grand détachement du monde après s'être fait agrippé et poussé en arrière. Jules se remit à rire. Non mais sérieux, c'était de nature ? C'était de naissance donc ? Ses premiers mots, c'était quoi à ce type ? "Euuuuh please mom, mon biberon tu le mets pas au micro-onde, tu le chauffes à l'allumette ! Et dad, tu changeras ma couche parce que clairement, je suis dans la merde, ha-ha ! Fuck my life, je suis soûlé !" Ah oui, Jules imaginait parfaitement la scène, Thomas sa tête d'aujourd'hui et son pif tordu sur un corps de bambin de deux ans. Un sourire excédé se dessina à nouveau sur le visage du tatoué. Et puis, encore comme d'habitude, Jules ne parvint pas à garder son calme. Son capital patience devenait incroyablement faible quand il était en présence de Thomas. Il perdait tous ses moyens, c'était horrible, une torture. Peut-être était-ce aussi dû au manque de drogue qui se faisait ressentir de plus en plus fort, peut-être aussi que c'était simplement que cette figure de trentenaire blasé, la matière grise en plus qui destabilisait Jules qui... ne serait rien d'autre que Jules. Et quand il était dans cet état, il ne trouvait rien de mieux à faire que de cracher tout ce qui lui passait par la tête. Il menaçait, balançait des théories sur une enfance chelou qu'aurait vécu Thomas (non parce qu'il avait forcément été victime d'un truc bizarre, style, viol par une chèvre ou bien sa grand-mère était fan de massacre à la tronçonneuse). Le feu qui avait prit au bout de l'allumette de Platon, ce même feu brûlait de regard et le bide de Jules. Et à la fin de son speech, pas de rire narquois, pas de petite phrase toute faites, pas de rire à gorge déployé. Non, juste un regard noir de Thomas. Jules, un peu surpris (il faut dire qu'il ne se la fermait pas souvent Knickerbidule) resta simplement planté là, les bras ballants, soutenait le regard foudroyant qu'on lui adressait. Un pas en avant. Peut-être que tu devrais te poser des questions au lieu de te voiler la face. Un pas en avant, un pas en arrière. Peut-être que c’est toi qui devrais changer de copine. Après tout, t’es le seul à ne pas être satisfait de la situation. Jules prit un air mauvais, le nez plissé, sourcil haussé. Pauvre mec. Tu te remets jamais en question ? Tu penses vraiment que tu vas vieillir avec elle parce que vous êtes faits l’un pour l’autre ? Peut-être que oui. Oui, peut-être. Jules se redressa, lui qui se tenait toujours vouté, débraillé, il se redressa, justifiant son mètre quatre-vingt-cinq. Garda le silence. Et peut-être que non. Peut-être que non, en effet. Jules ne s'était jamais imaginé vivre et vieillir avec Angie. Il ne s'imaginait pas vieillir du tout. Il ne s'était jamais projeté dans rien dans sa vie, il ne s'était pas projeté avoir son diplôme au lycée, ni même faire un métier décent. Il était simplement, là, avec elle. Sans doute que ça ne durerait pas, en fin de compte. Je pense qu’elle est assez grande et intelligente pour choisir elle-même ses fréquentations. LOL. Jules eut un éclat de rire, un seul parce que faut pas pousser, ce n'était pas si drôle. C'était surtout pour faire remarque que ce qu'il disait était dénué de sens. Angie, intelligente ? Capable de choisir ses fréquentations ? Le test de Q.I c'est très subjectif vous savez, parce que si elle n'était pas loin du Q.I d'Einstein ça ne faisait pas d'elle une fille intelligente. Une fille intelligente ne serait pas là où elle en est. Mais tant pis, c'était mignon que Thomas le pense. Jules aussi le pensait, au début. Après il avait apprit à la connaitre. Non, je m'égare. Jules était un peu remonté contre Angèle, là, maintenant, c'est pour ça qu'il en pensait du mal. Enfin, Jules soupira bruyamment. Il tremblait, vraiment. Il mit une main sur son front, encore, sa tête était trop lourde, elle faisait mal aussi. Le manque de drogue, c'était bien ça. Il jeta un coup d'oeil à la montre qu'il portait à son poignet en même tête que son autre main touchait son front brûlant. Epuisé, il répliqua : Et moi, j'pense que tu devrais la fermer. J'te jure, je me suiciderais si je devais t'entendre parler pendant un cours magistral. Et Jules pensait sincèrement ses paroles. Sans doute que quelqu'un s'était déjà suicidé à cause de ça. Le pire c'est qu'il enseignait le français, mon Dieu, l'entendre parler en Français, ça devait être dix fois pire. Jules en eu presque la nausée rien que d'y penser. Ou bien alors il avait juste vraiment, vraiment besoin d'un truc, un comprimé, de la coke, quoi que ce soit. Il regarda à nouveau sa montre, bon Angie elle sortait quand ? Ne tenant plus à l'envie d'ingérer quelque chose Jules profita de proximité avec Thomas pour tendre la main et lui piquer sa clope d'un geste rapide. Eclate toi, mon pote. Non promis. C'est vers moi qu'elle reviendra. Elle fini toujours pas revenir. Ca faisait un peu penser à un chien qui rapportait le bâton, mais l'idée était là. Jules n'était sûr de rien évidemment. Angie avait tellement changé ces dernières années, et s'il disait ça c'était plutôt pour s'en convaincre, pour que Thomas se taise, une fois pour toute. Il tira une longue taffe, essayant vainement de se calmer. La nicotine c'était du pipi de chat comparé à ce dont il avait besoin. Elle finit toujours pas revenir. Se répéta intérieurement Jules pendant qu'une boule lui nouait la gorge.
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() message posté Dim 5 Avr 2015 - 11:27 par Invité
« Oui merci, j’ai saisi. » Et voilà comment on ruinait la vie d’un type comme Jules. C’était presque trop facile. Pencher la tête, s’armer d’un détachement cynique juste assez blessant pour le toucher en plein cœur et rire de ses mots. Peut-être qu’il se sentait détaché et cynique lui aussi, avec son âme de junkie marginal. Mais à présent, il était qui ? J’avais l’impression de tout lui avoir volé sans même lever le petit doigt. Sa copine, sa fierté, son sarcasme, son air supérieur. Pas volé en fait, simplement détruit en appuyant sur une fissure déjà creusée dans le verre qui constituait sa peau. Et, d’un coup, le voilà en mille morceaux sur le sol, devant mes yeux perplexes. Tourne les talons, Jules. Tu prétends connaître Angie mieux que moi mais tu dois te convaincre toi-même qu’elle t’aime encore. Plus tu nies l’échec et plus celui-ci sera violent. Il ne supporterait pas la solitude. Il n’était pas assez détaché pour ça. Mais, voyez-vous, même Jules, même ce petit con que je méprisais tant, je lui souhaitais de ne pas tomber dans cette solitude amère qui me caractérisait. Il n’allait pas y survivre de toute façon. Et il ne voulait pas devenir comme moi, n’est-ce pas ? Pourtant c’était si simple. Désillusion, résignation, monotonie et enfin, ennui. Voilà. Mais peut-être que c’était sur Angie que j’allais déteindre et qu’au lieu de devenir comme moi, Jules aurait à me supporter dans le corps de la femme qu’il aimait. J’aurais tout donné pour voir sa tête si elle commençait à allumer ses clopes avec des allumettes ou à lui lancer des regards aussi noirs et détachés que les miens. Il ne pourrait s’empêcher de la haïr. Je trouvais cela étrangement si passionnant.

Il ricana. Oh, donc lui aussi la trouvait un peu téméraire et insouciante ? Mais je ne me moquais pas d’Angie comme il le faisait à présent. Si elle voulait embrasser le danger, c’était son choix et certainement pas celui de Jules. Encore une fois, ce n’était pas tant le côté amants qui me plaisait dans notre relation – bien qu’Angie reste une créature désirable et incroyablement envoûtante – mais plus le fait qu’en faisant cela, elle semblait se libérer du joug sous lequel elle avait vécu durant bien trop d’années. Faire fondre sa subordination à Jules – voilà la véritable recette du malheur de ce dernier. Je n’avais même pas besoin d’être là, planté devant lui, lui balançant des répliques acides et des sourires blessants pour qu’il perde. Non, Jules se confrontait seul à l’échec. Il s’accrochait aux ailes d’Angie mais ils n’étaient déjà plus du même monde. C'était inutile que je l'achève ici – elle le ferait elle-même. Ce n’était qu’une question de temps. Alors oui, elle choisissait très mal ses fréquentations. Mais peut-être qu’en fait, au contraire, c’était ses fréquentations qui étaient naïves et qui la choisissaient elle, parmi d’autres, sans se douter qu’elle brûlait tout sur son passage et qu’elle se baignait ensuite dans les cendres. A mes côtés. N’oubliez pas qu’elle me ressemblait déjà bien trop.

« Et moi, j’pense que tu devrais la fermer. J’te jure, je me suiciderais si je devais t’entendre parler pendant un cours magistral. » Je souris, amusé par sa remarque. Il avait vraiment le don pour faire apparaître des phrases blessantes dans mon esprit. Peut-être qu’il s’en prenait tellement plein la gueule qu’il avait fini par apprendre à apprécier cela. Explique-moi, Jules. Pourquoi tu t’acharnes, sérieusement ? « Heureusement que t’as arrêté d’aller en cours alors. Mais fais gaffe, les gens qui errent sans but dans la rue, je leur parle aussi parfois. » Oh, c’était vrai que ma voix était prétentieuse et détestable. D’une certaine manière, cela me faisait plaisir qu’il le remarque. Il n’était pas dénué de bon sens, ce garçon. Mais le bon sens s’arrêtait là, car tout ce qu’il parvenait à faire, c’était de rester et de vouloir me clouer le bec. Navré, mais ce n’est pas un morceau rachitique de chair humaine en manque de coke qui allait réussir à faire cela. Il n’était pas le premier à essayer mais j’avais rencontré des adversaires beaucoup plus coriaces. J’avais l’impression qu’il était une parodie de ce qu’il prétendait être. Je n’avais qu’à souffler et il s’évaporerait. Il avait vraiment l’air en manque. Trop excité pour rester en place ou ne pas parler, trop faible pour oser me sauter dessus. Et quoique, peut-être que dans quelques répliques, il finirait par le faire. Mais j’étais capable de l’éviter cette fois. Je l’attendais au tournant. Il s’était redressé et j’avais entendu les os de son dos craquer. Il tendit le bras et attrapa ma cigarette fraîchement allumée. Je le laissai la prendre, haussant les sourcils. « De rien, surtout. » soufflai-je ironiquement, comme pour relever une impolitesse qui ne me surprenait pas et dont je me moquais éperdument. « T’as l’air un peu blanchâtre, t’es sûr que ça va ? » Je feignis d’être sérieux et consterné. Ouais Jules, je sais que t’es au bord du gouffre. Mais je te laisse sauter toi-même, c’est beaucoup plus marrant.

« Eclate-toi, mon pote. Non promis. C’est vers moi qu’elle reviendra. Elle finit toujours par revenir. » Je souris et baissai les yeux pour prendre à nouveau mon paquet de cigarettes. J’en glissai une entre mes lèvres. « La différence, c’est que … » Craquement d’allumette. Pause. Silence. Tabac qui brûle. Fumée. Je secouai la flamme pour qu’elle s’éteigne et repris la cigarette entre mes doigts. « La différence, c’est que tu t’attends à ce qu’elle revienne. Angèle s’en fout que tu l’attendes. Elle veut te surprendre et elle veut que tu la surprennes. C’est pas en jouant au junkie clochard pathétique que tu vas la garder très longtemps. Elle s’en lassera vite. » Je fis un pas en arrière en secouant la tête. « Je dis pas qu’elle va forcément revenir vers moi lorsqu’elle t’aura quitté parce qu’au fond je m’en fous complètement, elle peut aller voir qui elle veut, c’est pas vraiment mon problème, mais je doute fortement qu’elle se contente de rester avec toi. Elle finit toujours par revenir jusqu’au jour où elle ne revient plus, n’est-ce pas ? » Je penchai la tête et adoptai un air désolé en le regardant. Navré, Jules. Tes mots ne font pas le poids face à la réalité des choses. Il me faisait vraiment de la peine, au fond. « Mais garde espoir. Peut-être qu’elle reviendra le jour où elle sera en pénurie d’héroïne. » Je claquai des doigts avec désinvolture, comme si une évidence m’avait traversé l’esprit. « Mais merde, elle est riche. Elle a pas besoin de toi pour en trouver. » Casse-toi, Jules. Tu te donnes trop de mal pour rien. Au fond, j’espérais qu’il savait que j’avais raison. Il avait tant de mal à se convaincre lui-même que je tendais à croire que oui. Mais il devait encore tenir à sa fierté. Parce que oui, il pensait encore avoir de la fierté, même dans la peau d’un camé en manque – de drogue et d’amour.
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() message posté Dim 5 Avr 2015 - 19:58 par Invité
stay away from my trigger, i'm a loaded gun ☇ Et bah voilà une chose avec laquelle Jules était d'accord avec Platon : heureusement qu'il avait arrêté les cours. Jules s'était toujours félicité de l'avoir fait et détesté de ne pas l'avoir fait plus tôt. Sérieusement, il avait tenu jusqu'à dix-sept ans, un exploit. Il en avait passé du temps à traîné son petit cul (parce que oui, Jules avait vraiment un petit cul, il mettait du XS c'est vous dire !) sur les bancs de l'école. Il en avait élaboré des stratagèmes pour tricher aux interros. Au collège, ça allait encore, il avait Solveig pour se foutre de sa gueule, Teddy avec qui traîner et Poppy comme alliée contre les profs. Mais quand il avait vagabondé de lycée en lycée, c'était vraiment l'horreur. Être le petit nouveau c'était pas marrant. Vous me direz, ça lui laissait l'occasion de repartir à zéro, parce que en primaire et au collège il avait direct l'étiquette du mioche de la tribu des sauvages dont la pelouse n'était jamais tondue (vous connaissez la passion des anglais pour les pelouses bien tondues...) mais c'était justement ça qui avait tué Jules. Chaque fois c'était pareil, on se demandait qui c'était ce type qui avait l'air d'avoir une leucémie et qui ne parlait pas beaucoup, et puis après tout recommençait, les profs ne l'aimaient pas par principe, on lui demandait pourquoi il était couvert de bleu, la psychologue de l'école essayait de l'analyser tandis qu'il y avait toujours un bon samaritain pour tenter de faire venir les services sociaux. Et quand Saphyr avait eut l'idée du siècle en l'envoyant dans le privé, quitte à foutre en l'air l'assurance vie de maman qui aurait normalement servit à payer les études des plus intelligents de la portée, ça avait été folklorique. Jules avait été vu comme un pestiféré là-bas, ses seuls potes étaient l'obèse qui était la honte de son père, le fils à papa qui en réalité s'était fait un piercing au nombril et qui baisait sûrement le prof de sport dans les chiottes et puis Angie, et puis Solvie. Que du beau monde. Saphyr avait sans doute du se fouetter avec des orties d'avoir eu une idée si merdique. Loin de pousser Jules à s'améliorer, rencontrer Angie ça lui avait simplement fait passé l'envie de faire quoi que ce soit d'autres que de l'attendre toute la journée, aller la voir à la sortie des cours et puis traîner la nuit dans le quartier. En plus, c'était son frère qui avait été à l'origine de l'expulsion d'Abberline. Alors, vous parlez d'un fiasco. Enfin bref, tout ça pour dire que Jules était sortie du système scolaire, et c'était tant mieux, Platon était bien d'accord avec lui même s'il assurait que ses élèves n'étaient pas les seuls à subir ses sermons. Avait-il pensé à se reconvertir en pasteur ? Non parce que quitte à raconter des conneries, autant être payé pour ça et devant un auditoire qui y croyait, pas vrai ? Jules, dont la respiration commençait à être saccadée émit un petit rire tordue et tout en s'ébouriffant les cheveux, il commenta : Ouais, j'avais compris que t'aimais t'écouter parler. Ah ça, c'était vrai. De toute façon, c'était une qualité requise quand on voulait être prof dans le supérieur. Encore, les profs de collège et lycée, ils lisent ce qu'il y a dans le programme scolaire et puis font des interros surprises pour le reste de l'année. A la fac, le prof ne fait que parler, parler et encore parler. Bon sang, Jules se demandait encore comment il pouvait y avoir des cons pour s'inscrire là-bas. Enfin bref.

Si Jules savait prendre le pouls de quelqu'un, sans doute qu'il se l'aurait pris lui-même. Son palpitant semblait vouloir s'échapper de sa poitrine, bondir sur le sol et se rouler sur le bitume en sniffant par les ventricules de la poussière. Sérieusement. Alors qu'il venait de voler la clope que Platon avait en bouche et qu'il la fumait d'une main tremblante, le prof semblait s'inquiéter de l'état de son interlocuteur. Sans doute qu'il ne dépérissait pas assez vite à son goût. T’as l’air un peu blanchâtre, t’es sûr que ça va ? Jules tira une autre taffe, stressé, tout en levant le majeur de son autre main. Là, clairement, vu son état rien n'autre ne lui vint en tête que : Va chier. élégant, n'est-ce pas ? Normalement, il aurait sans doute trouvé quelque chose avec, disons à peine plus de sens, mais non. La fausse inquiétude de monsieur qui ne servait qu'à mettre en évidence le fait que Jules n'était qu'une merde, il en avait plein la casquette. Façon de parlé, Jules avait arrêté de porté des casquettes au milieu de l'année 2011. Faudrait d'ailleurs qu'il pense à faire passer le message à Curtis, que la casquette quand tu n'es ni black, ni footballeur américain, ni issu d'une série B des années 90, c'était nul. Ouais, il ferait peut-être ça ce soir. Enfin, pas le temps de penser plus à son look car Thomas et sa passion pour la rhétorique venait de refaire surface. La différence, c’est que tu t’attends à ce qu’elle revienne. Angèle s’en fout que tu l’attendes. Elle veut te surprendre et elle veut que tu la surprennes. Et bah ça commençait bien tout ça, non vraiment. Jules en avait déjà mal à la tête d'avance. Il se mit à rire, vraiment rire, genre blague du siècle. Il porta nerveusement la clope à sa bouche et tira une énorme taffe pour se niquer la gorge avant de répondre en riant à moitié : Wahou, t'as fait psycho à la fac entre deux cours sur ses connards de Balzac et Zola ? TADADA ! Jules pouvait citer deux auteurs français, il avait même lu les Misérables, enfin les cinq premières pages. Il était pourtant presque sûr qu'une gamine s'appelait Causette dedans, mais ça ne venait pas de son essai de lecture, la voisine de gauche, Madame Fergusson elle appelait toujours Savannah comme ça avant. Enfin bref. Impressionné par les nouveaux talents de psychanalyse de son cher professeur, Jules tenta une nouvelle approche : Allez, combien pour une psychanalyse éclair ? Non j'déconne pas j'veux essayer. Mère morte, père alcoolique, frère et soeurs chiants : GO ! ça sonnait comme un défi, mais Jules était persuadé que Thomas avait son petit avis sur la question. Ce type semblait avoir un avis sur tout. D'ailleurs si vous pensiez que son laïus était terminé vous vous trompez lourdement ! Il continua de parler, parler et parler encore. Jules de son côté l'écoutait désormais d'une oreille distraite. Il fermait les yeux, ébloui par le soleil qui semblait taper de plus en plus sur son crâne. Non sérieux, Jo avait raison avec ses conneries de réchauffement climatique il avait l'impression d'être à Johannesburg tellement ça tapait ! Et puis y a tout qui devenait saturé en luminosité et couleur, putain ! Le tatoué fit quelques pas en arrière pour retrouver la façade contre laquelle il était adossé depuis tout à l'heure. Il ne les sentait plus trop ses guibolles, on aurait dit qu'elles allaient lâché d'une seconde à l'autre. Plantant son regard clair sur le sol pour éviter de se lasérifier les yeux il continuait de fumer, lâchant parfois des petits hmmhmm affirmatifs, juste pour que Thomas se sente écouté. Mais c'était plutôt ses veines qui semblaient explosées sous sa pression sanguine qui l'inquiétait. D'ailleurs parlant de sang, Jules s'essuya sous le nez. Il avait l'impression qu'il saignait, sauf que non, sans doute un tour de son esprit. Il renifla bruyamment, reprit une taffe, bordel déjà terminée cette conne de clope ? Mais garde espoir. Peut-être qu’elle reviendra le jour où elle sera en pénurie d’héroïne. Jules sursauta en entendant le claquement des doigts de Thomas, relevant son regard rougis sur le professeur. Putain il y arrivait vachement, à claquer des doigts. Ca avait résonné dans toute la cour intérieure de la fac. Ou bien s'était simplement Jules qui entendait au volume maximum ?  Mais merde, elle est riche. Elle a pas besoin de toi pour en trouver. Jules eut un petit rire tout jetant le filtre à moitié fumé de la clope dérobée. Et puis, il mit une main sur son estomac, patraque. Ses abdos (oui il avait des abdo, ou bien s'était simplement sa maigreur qui les mettaient en évidence) semblaient en feu. Ah, toi aussi elle t'a fait le coup du fix d'héro ? Nouveau rire. Aie ! Ca faisait mal de rire, de pensée, de respirer. Bordel. Jules se passa une main sur le visage, humide de sueur. Bordel, il faisait vraiment chaud hein, il faisait chaud, on est d'accord ? Jules se mit deux doigts entre ses sourcils comme en pleine réflexion traumatisante. Il attendit une seconde et puis respira un bon coup et puis leva les yeux sur Thomas. Il l'observa une seconde. Putain il avait une de ces implantation capillaire ce mec. Ses cheveux étaient soyeux, bouclés et tout le bordel. Il se faisait des masques vous croyez ? Peut-être, qui sait. Enfin bref. Jules, d'une voix un peu tordue, un peu pressée comme par une envie de pisser, répondit enfin. Parce qu'il semblait avoir terminé le professeur. C'est bon, t'as fini ? Tu me files la migraine j'te jure. Commença-t-il doucement. Ton discours, super, charmant un vrai orgasme auditif. Mais c'est juste la centième fois que je l'entend. Et encore, c'était pour arrondir, 139 fois serait sans doute plus proche de la réalité. Mais qu'est-ce que fou Angie jolie avec ce raté d'Abberline ? Un jour elle va sortir de son trip et se rendre compte que je suis qu'une merde. Franchement Jules, t'abuse, Angie elle est tellement intelligente et toi tu la fou en l'air avec ton aura de grosse merde qui flotte en permanence autour de toi comme les petites étoiles quand les animaux se font démolir la gueule dans les cartoons ! Singea Jules, prenant la voix la plus ridicule qu'il pu. Oui, il partait un peu en couilles là. Dans son bide s'était bagdad, il avait l'impression qu'on lui arrachait les tripes à mains nues et puis dès qu'il déglutissait c'était comme s'il avalait du verre pilé. Bordel ! Il prit une inspiration pour se donner le courage de rempiler sur une nouvelle remarque : Tu crois que t'es le premier bouffon à essayer ta psycho à deux balles dégotée dans les livres que t'as dans tes chiottes ? Angie je la connais depuis qu'on a quinze ans, c'est ma meilleure amie j'veux dire... Elle m'écrivait des poèmes qu'elle cachait des mon tiroir à chaussette ! Merde elle a même raté l'enterrement de son oncle Grichka parce que j'avais réussi à avoir de la MD et des entrées pour un festival de rock Honnêtement, Jules n'était plus très sûr du prénom de l'oncle, parce que sachant que le père d'Angèle s'appelait Igor, ça serait un peu gros si son oncle s'appelait Grichka, mais l'idée était là. Enfin l'idée... Jules n'avait plus les idées très claires, ni les yeux en face des trous. Ca ne l'empêcha pas de continuer, même s'il avait vraimetn envie de vomir. Tiens, c'était une idée ça, vomir sur le prof. Bref. J'te jure, tu me donnes des conseils pour garder Angèle et éviter qu'elle s'emmerde avec moi ? J'sais pas tu te fais chier jusqu'à quel point dans ta vie pour en arriver là ? Tu penses quoi ? Qu'Angie c'est la lumière de mes jours et que je suis un putain de chanceux d'être avec elle ? Essaye de l'avoir collée à tes bask' pendant dix ans et tu verras ce que c'est. Elle est pas trop bien pour moi, et je suis pas trop bien sur elle. Ah Angèle, Jules l'avait vue comme elle était, loin de son petit côté bourgeoise coincée et de son Q.I supérieur à la moyenne. Il l'avait vu aussi paumée que lui, enchaînée à une famille aussi pourrie que la sienne qui certes n'était pas violente physiquement mais l'avait démoralisée. Angie avait sauvé Jules autant qu'il l'avait sauvé elle. Y avait pas de gagnant ou de perdant dans l'histoire, c'était juste... sa meilleure amie. Ouais voilà. Après quelques secondes de blanc, Jules déclara, plus calmement, posant sa tête contre la façade : Tu m'as demandé si je pensais qu'on était fait l'un pour l'autre elle et moi.. Et bah ouais, peut-être bien. J'en sais rien. Après tout pourquoi pas ? Tout ce que Jules savait à l'instant précis c'est qu'être un pathétique clochard junky comme disait Thomas, c'était pas trop nul pour Angèle. Parce qu'il n'y avait pas de nul ou de bon dans cette histoire. Ils avaient un passé tous les deux, un vieux passé qui datait du lycée. Ils se connaissaient, vraiment. Alors ouais, ça ne pouvait pas s'arrêter elle et lui. Et certainement pas à cause d'un insupportable je-sais-tout comme l'était Platon. Jules respira un bon coup se maintenant les paumes de ses mains devant les yeux. Bon sang, la lumière était tellement forte, on aurait dit qu'elle arrivait à passer au travers de ses paupières et à cramer son cerveau. Il était mal, putain !
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() message posté Lun 6 Avr 2015 - 13:29 par Invité
« Ouais, j’avais compris que t’aimais t’écouter parler. » Sa remarque me fit rire. Il n’était pas dénué d’humour ce jeune homme. Figurez-vous que moi non plus. Dommage qu’il soit aussi con, j’aurais presque pu commencer à l’apprécier. Et moi qui voulais être gentil et aimable, moi qui lui demandais s’il était sûr que tout allait bien, parce qu’il avait l’air un peu patraque, eh bien voilà qu’il me répondait en dressant fièrement son majeur maladif et grognant un « Va chier. » Bam, dans les dents. Je levai les mains et secouai la tête pour clamer mon innocence. « J’m’inquiète, c’est tout. » Bizarre, ce plaisir d’avoir réponse à tout. Le dernier mot. Le regarder s’enfoncer dans la vase et ne pas vouloir l’aider. Qu’il s’y noie. Qu’il y pleure. Ce n’était même pas de la haine, c’était une telle indifférence. Ce type ne provoquait rien en moi. Il enclenchait mon sarcasme, mais c’était comme une seconde nature, ça ne comptait pas. Il était vraiment toutes les choses que je méprisais chez Angie – sauf qu’il n’avait pas ses qualités. Désolé, Jules, mais ça marche pas comme ça. Il ne m’écoutait pas parce que j’étais un con. Parfait. J’allais adorer le voir imploser le jour où il allait la perdre pour de bon. Et quoique, peut-être que j’oublierai d’y penser. Peut-être qu’il allait sortir de mon esprit aussi vite qu’il y était entré. Il avait quand même de sacrées bonnes répliques, il fallait l’avouer.

« Wahou, t’as fait psycho à la fac entre deux cours sur ces connards de Balzac et Zola ? » Il ricanait bêtement et cela m’arracha un sourire satisfait. C’était prévisible. En plus il me sortait des références. Retourne regarder les films, s’il te plait. « Allez, combien pour une psychanalyse éclair ? Non j’déconne pas j’veux essayer. Mère morte, père alcoolique, frère et sœurs chiants : GO ! » Je le toisai, moqueur et détaché. Non, désolé Jules, mais ça n’expliquait rien. On pouvait être un connard pour mille raisons différentes ou bien un saint alors qu’on était né dans la crasse la plus immonde. Regarde-moi. Je suis né à la campagne, fils unique, parents travailleurs et dévoués, mais cela ne m’avait pas empêché de devenir un sale con. Sa mère était morte ? J’en versai presque une larme. Son père alcoolique ? Oh. D’accord. Super. On pourrait prendre ta vie et en faire un scénario médiocre, tu gagnerais des millions. Ecris un livre, Jules, montre-moi à quel point tu es prévisible à chaque page. Il ne tenait pas en place. Il grillait la clope avec nervosité. Je comptai les secondes, une à une, me demandant quand il allait craquer. Ça m’ennuyait presque qu’il résiste. Alors je restai comme ça, planté devant lui, le toisant et l’incitant à se jeter sur moi pour qu’il montre à tout le monde à quel point il était tombé bien bas, à quel point il était amoureux et à quel point cela allait le détruire. J’ai raison, Jules. Arrête tes conneries.

« Ah, toi aussi elle t’a fait le coup du fix d’héro ? » Je penchai la tête, un peu surpris d’abord, puis l’ironie reprit sa place sur le trône. Oh, Angie, sérieusement ? Tu cherches à savoir celui qui te convient le plus pour abandonner l’autre ? Mais c’était biaisé d’avance, jeune fille. Tu n’allais pas m’abandonner, c’était moi qui allais le faire. Je lui laissais l’illusion du contraire pour la vider de toutes ses ressources, quitte à me brûler un peu au passage, mais je me remettrai de son absence bien plus vite qu’elle de la mienne. Je souris, moqueur. « Elle nous compare, c’est mignon. » Je revis le regard d’Angie, prête à m’enfoncer l’aiguille dans la peau, la même aiguille ayant servi à transpercer la sienne. Oh, j’avais peut-être chopé une maladie à cause de ça. Mais rien ne pouvait être pire que ce que j’avais déjà. Un mal noir et visqueux rongeant l’intérieur de mon corps et ne laissant que la souffrance pour me rappeler que j’étais vivant. Je n’étais qu’acidité. Si Jules voulait avoir une chance, il fallait qu’il s’abandonne à cette douleur, et non qu’il y résiste. Il brandissait sa faiblesse comme un animal agonisant devenait dangereux. Il montait au sommet du pieux sur lequel on voulait l’empaler – mais il n’avait pas la carrure du martyre : tout le monde voulait le voir mort, il ne se battait pas pour des causes justes. Et si aujourd’hui j’avais pitié de lui, il restait quelqu’un de détestable. Alors, tu l’as pris le fix d’héro ? Tu lui as exaucé ce vœu-là ? Tu t’es laissé avoir ? Normal. Tu penses encore qu’elle te préfère à la drogue. Mais c’est faux. Elle te fait t’oublier toi-même pour mieux s’emparer des rênes. Jules, elle te dirige, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu fous là, à l’attendre, cramant sous le soleil, tes veines se desséchant à cause du manque de drogue, alors que tu pourrais être chez toi à te défoncer tranquille ? Pourtant, tu persistes. Tu vas jusqu’à affronter ma présence et mes révélations pour rester avec elle. Et tu oses te moquer de mes vagues analyses ? Détrompe-toi, ce ne sont pas des analyses, ce sont des avertissements. Que tu ne prendras sûrement pas au sérieux, mais devine quoi : je n’en ai strictement rien à foutre.

Et puis il s’emporta. Il se lança dans un immense discours auquel je prêtai une attention étonnamment toute particulière et qui me laissa pourtant de marbre. Encore. J’étais la millième personne à lui faire la morale, disait-il. Mais je ne suis faisais pas la morale. Oh, non, putain, moi je ne faisais que me foutre ouvertement de sa gueule, parce que je pouvais le faire et que je n’avais rien à perdre. Mais ouais, putain, peut-être qu’ils étaient faits pour être ensemble et qu’Angie allait tout simplement arrêter de venir me voir. Et alors, Jules, et alors ? Pensait-il que ça me blessait ? Que ça m’attendrissait, qu’il me parle de lettres d’amour ? Qu’il me dise qu’il était le seul à la connaître, à être capable de la supporter, et qu’ils se complétaient l’un l’autre, malgré tout ? « Tu m’as demandé si je pensais qu’on était faits l’un pour l’autre elle et moi … Et bah ouais, peut-être bien. J’en sais rien. » Je hochai la tête, affichant une moue approbatrice et encourageante – ironique ? qui ? moi ? – et fumai tranquillement, le toisant, amusé. L’important c’était d’y croire, je lui avais déjà dit. Puis un sourire navré apparut sur mon visage et je lui répondis finalement. « Super  alors. » Je haussai les épaules avec désinvolture. « J’ai presque hâte de te voir pleurer toutes les larmes de ton corps quand elle t’aura quitté. » Puis je secouai la tête. Nouvelle évidence, mais je ne claquai pas les doigts – ça l’avait déjà assez surpris la première fois. « Ah mais non, j’y pense : je m’en fous complètement. » Je le regardai d’un air un peu perplexe, de l’air de lui demander pourquoi il m’avait raconté sa vie alors qu’il savait pertinemment que j’allais m’en moquer avec un détachement habituel. Il pensait peut-être que je tenais à Angie, quelque part. Il voulait me faire croire que je ne l’aurai jamais. Faux dans les deux cas : je me moquais d’Angie autant que de lui et, c’était bien dommage pour lui, mais je l’avais déjà eue.
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