Lips Story In A Chocolate River ▓ Apple

Les jours se suivent et se ressemblent. C’est souvent l’impression que l’on ressent une fois que l’on entre dans une routine telle que celle qui nous lie au monde du travail. Pourtant même si cinq jours sur sept, mes journées se passent uniquement entre mon appartement et ma boutique, je n’ai pas ces impressions de déjà-vu. Est-ce dû au fait que je possède mon magasin depuis peu de temps ? Je pense plutôt qu’il est rare que les mêmes clients viennent me rendre visite plusieurs fois sur la même semaine. Je vois tellement de nouvelles têtes et je prends part à de nouvelles discussions et par conséquent, les journées me semblent différentes les unes par rapport aux autres. C’est un sentiment assez agréable et je ne regrette pas mon choix de vie. Même si, presque tous les jours, ma mère me sonne dans le but de me faire la morale et de me reprocher de ne pas avoir choisi un domaine littéraire pour reprendre leur entreprise. Au fond elle était heureuse que j’aie trouvé un choix de vie qui me correspond mais elle savait également que ma sœur et mon frère ne voudront jamais évoluer dans ce domaine. Je suis encore la seule qui passe quelques fois son temps libre le regard plongé dans un livre. Peut-être qu’un jour je pourrai toujours les aider à conseiller des livres tout en donnant le sourire aux gens qui viennent goûter du chocolat.

Je m’afférais derrière le comptoir à ranger les nouvelles friandises que je venais de créer. C’était toujours plus fort que moi, il fallait que je m’essaye à des nouveautés aussi souvent que possible. Souvent je testais des mélanges de goûts et les faisait tester à quelques clients triés sur le volet. S’il grimaçait je savais que je pouvais ranger l’essai dans la poubelle. Au contraire lorsque je percevais une petite lumière au fond des yeux de mes goûteurs, je savais que mes chocolats allaient plaire à plusieurs personnes. Quand je relevai la tête pour regarder vers la rue, je le vis pour la xième fois de la semaine. Ce visage posé devant la vitrine de ma boutique avait fini par m’être familier. Pourtant je ne connaissais ni son nom, ni même le son de sa voix. Bien souvent il continuait son chemin sans entrer. C’est pourquoi je n’y prêtai plus aucune attention et alla ranger quelques ustensiles dans l’arrière-boutique.  Quand je revins peu de temps après, je fus surprise de voir toujours le même regard posé sur la fontaine au chocolat. N’ayant personne dans la boutique à cet instant, je décidai de sortir lui parler. Des fois il donnait l’impression d’être perdu et en même temps c’était un comportement étrange que de regarder avec autant d’insistance plusieurs jours d’affiler sans entrer. Peut-être n’aimait-il pas le chocolat. Ma curiosité prit le dessus, j’ouvris la porte qui enclencha le bruit de cloche habituelle aux entrées et sorties du magasin. Je ne mis que quelques secondes avant de lui adresser la parole. Ma franchise était une partie de ma personnalité que mon entourage connaissait le mieux. Dites-moi je fais si peur que cela que vous n’osez pas entrer alors que cela fait quelques jours que je vous aperçois admirant ma jolie fontaine? A moins que vous ayez peur de finir empoisonner ? Je ne voulais pas l’effrayer alors j’affichai un joli sourire Comme celui que j’avais l’habitude d’aborder avec mes clients J’avais choisi le ton de l’humour pour l’aborder Je voulais juste combler ma curiosité.

Quand les journées sont aussi belles que celle d’aujourd’hui, j’ai qu’une envie, lorsque les clients ne sont pas au rendez-vous : c’est de prendre une chaise, de l’installer devant la boutique et de profiter un maximum du beau temps. Seulement, ce comportement n’a rien de professionnel. Je risquerais de faire fuir un bon nombre de clients. Principalement ceux de la vieille école, qui font toujours attention au moindre détail et si l’on sort des sentiers battus, ils ne vous ratent pas. Pourtant, je suis tellement blanche que prendre un peu de soleil ne me ferait pas de tort. Ma famille ou mes amis me font souvent la remarque que je ressemble à un cachet d’aspirine mais désole si, moi, je dois travailler toute la journée enfermée entre quatre murs. Je pourrais bien sûre faire quelques séances de « banc solaire » mais le bronzage artificiel, trop peu pour moi. Je ne suis pas vraiment une adepte des artifices. La beauté se doit d’être naturelle et si je dois l’être de couleur blanchâtre je le serai. Bien sûr je reste une femme assez féminine et j’utilise un minimum de maquillage mais si je mets une dose de fond teint pour cacher la majorité de ma blancheur, je risque de vite ressemblé à un clown, comme on peut voir dans les cirques. Je... suis désolé mademoiselle, Ce n'est pas la peur d'être empoisonné non... » Vu l’état dans lequel se trouvait le jeune homme après ma petite question, je me rendis compte que j’avais un zéro pointé au niveau de l’humour. J’avais l’impression de l’avoir effrayé alors que mon but était bien entendu, tout le contraire. Je fais si peur que ça ?

« Je n'ai jamais... mangé de chocolat... et cette chose ce vous appelez une fontaine... Et la plus belle invention que j'ai pu voir... depuis mon retour d'Argentine » Je reste perplexe et ne bouge plus l’espace de quelques secondes. Mais d’où est-ce qu’il sort celui-là. J’ai pour habitude de ne pas juger les gens trop rapidement mais là il me laissait sans voix. Comment était-ce possible de ne jamais avoir mangé de chocolat. Au vu de sa réaction, j’avais l’impression d’être face à un fou qui sort d’un asile. Pourtant j’avais un tout autre ressenti. C’est pour cette raison que je ne l’agressai pas en trouvant sa réaction un peu étrange. Après tout ce n’est qu’une fontaine en chocolat, ce n’est pas la Tour Eiffel ni même une sculpture antique qui orne les musées du monde. Attendez moi ici, je reviens de suite. J’entrai à nouveau dans le magasin. Pendant quelques instants, je restai, sans bouger, devant l’étalage de chocolat qui se présentait devant moi. Je mis quelques secondes avant de prendre quelques pralines que je déposai sur une petite assiette. L’hygiène est très importante pour et il m’est interdit de me promener les chocolats entre les doigts. Je ressortis aussi vite du magasin et présenter l’assiette au jeune homme. Goutez moi ça, vous me direz ce que vous en pensez. Je vous conseille de commencer par le chocolat blanc. Il est moins fort et du coup vous éviterez d’en perdre le goût si vous commencez par quelques chose de bien plus amer. J’hésitai à rentrer et à le laisser seul face à mes merveilleux morceaux de chocolat. Mais la curiosité me retint de vouloir quelle serait sa réaction lorsqu’il goûterait pour la première fois chaque gout de chocolat. Habituellement je me trouvais face à des enfants dans ce genre de situation. C'était toujours agréable de voir leur tête lorsqu'il croquait dans le chocolat pour la première fois. Ici je me trouvais face à un adulte mais je pense qu'au final ça sera pareil que pour un enfant. On redevient vite des enfants lorsqu'on se retrouve face à des friandises.