"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici these are different constellations, from the ones that you've described (elsa) 2979874845 these are different constellations, from the ones that you've described (elsa) 1973890357
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Samia Bukhari
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() message posté Ven 12 Juin 2015 - 16:18 par Samia Bukhari
Nothing is built on stone; All is built on sand, but we must build as if the sand were stone. ✻✻✻ Installée sur une terrasse, Riley profite du soleil qui brille aujourd’hui à Londres. Elle a mis de la crème solaire et a un jus de raisin et un muffin aux myrtilles devant elle. De quoi passer une bonne après-midi. Elle est venue ici directement après avoir terminé son service au restaurant et elle va sûrement y passer quelques temps. Elle l’a déjà fait hier. Elle a envie de pencher la tête en arrière et de fermer les yeux pour laisser le soleil réchauffer sa peau. Cette sensation, elle l’adore. Elle a toujours aimé ça et elle ne supporte pas d’être à l’intérieur par un temps pareil. Son service lui avait paru bien trop long alors qu’elle avait seulement envie de sortir. Déjà quand elle était gamine, elle ne tenait plus sur sa chaise à l’école quand le soleil brillait dehors. Et dès qu’il était l’heure de la récréation, elle courait dehors, jusqu’à être entièrement en sueurs. Mais si elle ferme les yeux, alors ça ne servirait à rien qu’elle soit venue ici deux jours de suite. Non, si elle ferme les yeux, elle ne pourra pas voir la personne qu’elle cherche.
Pour la centième fois, elle sort sa tablette toute neuve – cadeau d’anniversaire de son père – et tape quelques mots en recherche sur internet. Grâce à la borne wifi du café, elle se retrouve rapidement sur ce blog qu’elle écume depuis quelques jours. Who’syourmommy? C’était une amie qui lui avait montré ce blog après avoir découvert des photos d’elles. Bien sûr, Riley avait été surprise et avait aussitôt regardé. Et en effet, parmi les plus vieilles entrées du blog, on la reconnaissait sur des photos et des dessins. Se découvrir ainsi, c’était étrange. Surtout qu’elle n’était pas consciente d’être prise en photo. Encore moins d’être dessinée. Pourtant, aucun doute, ce n’est pas le hasard. Pas une photo prise au hasard ou elle apparaitrait parce qu’elle était là au mauvais moment. A chaque photo, elle est l’élément central. Comme si elle posait sans même le réaliser. Mais ce qui l’avait le plus choqué, c’était ce dessin qu’elle détaille à nouveau. Elle n’a pas besoin de regarder la date pour savoir de quel jour il s’agit. Elle s’en souvient parfaitement. C’était une de ces journées qu’elle redoutait et maudissait à l’époque. Cette journée où elle laissait ses peurs s’engouffrer en elle. Où toutes ses pensées étaient tournées vers cette maladie qui pouvait revenir à tout moment.
Sur le dessin, on remarque rapidement son regard triste. Sa peur qui la ronge de l’intérieur. Comme si elle s’était vue dans un miroir à ce moment précis. Comme si la personne qui l’avait dessinée avait pu avoir un aperçu de ce qui passait dans sa tête. Entrevoir toutes ses peurs, sa souffrance passée. Tout ce qui lui passait par la tête alors qu’elle paniquait certainement. Se voir ainsi, c’était étrange. D’abord parce qu’elle n’a plus ressenti ça depuis deux années. Et ensuite parce qu’elle s’est toujours appliquée à être seule dans ces moments. Elle n’a jamais parlé de tout ça, a toujours refusé qu’on l’accompagne. N’en parlait même pas à ses proches. Seule sa mère savait quand elle avait ces rendez-vous maudits. Elle ne partageait ça avec personne d’autre que le médecin et une ou deux infirmières. Ils essayaient toujours de lui parler un peu, de la rassurer. Mais Riley ne disait rien. C’était les seuls moments où elle voulait être seule avec ses pensées. Ses pensées terrifiantes. Qu’elle ne pouvait pas contrôler. Elle détestait ces moments. C’était de plus en plus dur et c’était la raison pour laquelle elle avait arrêté d’aller à ces rendez-vous.
Elle secoue la tête, chassant cette pensée de son esprit. Elle met en veille l’appareil dans ses mains et croque dans son muffin. Elle ne sait même pas pourquoi elle est là. Enfin si, elle sait la raison. Mais elle ne sait pas ce à quoi elle s’attend. De plus, elle ne sait même pas à quoi cette Elsa St Claire ressemble. Elle a eu beau regarder toutes les photos, elle ne semble apparaitre sur aucune d’elle. Mais elle a remarqué que beaucoup des photos postées ces dernières semaines avaient été prises dans ce café ou dans cette rue. C’était son amie qui avait trouvé les photos qui avait aussi reconnu les lieux. Et une fois sur place, Riley avait tout de suite reconnu également. Et elle avait compris le charme de cette rue piétonne. Mais quelles sont les chances pour qu’elle tombe sur une personne dont elle ne connait même pas les traits du visage ? Ni même la couleur de cheveux. Rien du tout. Seulement ses mains mais à moins qu’elle ne porte encore le même vernis à ongle, ça semble voué à l’échec. D’habitude, l’impatience de Riley prendrait vite le pas sur sa curiosité et elle trouverait une autre occupation. Ce qui la fait persister, c’est ce soleil qui éclaire la terrasse du café où elle se trouve. Sans ça, elle n’aurait pas continué à attendre vainement l’impossible.
Elle boit une gorgée de son jus de raisins avant de regarder à nouveau autour d’elle. Elle scrute les passants qui lui lancent parfois un regard étrange. Elle pense naïvement qu’elle verra cette Elsa et qu’elle saura. Ou bien que ça sera elle qui la reconnaitra. Elle l’a prise en photo à plusieurs reprises après tout. Finalement, le regard de Riley se pose sur une femme élancée, un appareil photo en main. Il semblerait qu’elle cadre sur un jeune couple mais Riley n’en est pas certaine. Avec tous les zooms qui existent, elle pourrait très bien photographier quelque chose dans le fond. Elle ne sait pas si c’est elle ou non mais elle va tenter sa chance. Elle regroupe ses affaires et prend son muffin avant de se lever pour s’avancer vers cette fille qui lui fait dos. « Excusez-moi ? Vous êtes Elsa St Claire ? » Elle ne perd pas de temps et lui demande directement. Elle ne sait pas pourquoi mais elle se sent intimidée. Parce que cette Elsa a vu quelque chose qu’elle ne s’autorise pas à montrer. Enfin à tous les coups, ce n’est même pas elle et Riley vient de se ridiculiser.

✻✻✻
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() message posté Sam 13 Juin 2015 - 18:20 par Invité

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.”   Il n’y avait pas de traitement miracle pour la maladie de Parkinson. Chaque jour, les laboratoires de recherches travaillaient sur de nouvelles molécules et des techniques novatrices pour dompter les failles du cerveau humain, mais suivre l’actualité médicale ne faisait qu’exhorter ma haine. Je n’étais pas insatisfaite et capricieuse, mais je ressentais sans cesse l’angoisse insensée de la différence. J’étais à peine âgée de vingt-six ans et on m’imposant déjà l’oisiveté. Mes mains étaient devenues usées, incapables de tenir correctement un crayon ou de promouvoir la beauté de l’art que j’appréciais tant. J’avais quitté mes cours et mon stage de fin d’étude pour me réfugier dans une bulle d’insouciance et de déni, mais malgré tout le temps que je passais à Londres, je me sentais complètement démunie. Je me baladais parmi les gens avec un visage maquillé de blanc, comme une jeune fille pleine de fraîcheur et d’assurance, mais ce n’était qu’un masque de mensonges. Je soupirai en serrant mon appareil photo contre ma poitrine douloureuse. Combien de temps encore pourrais-je prendre des photos ? Mon expression se crispa tout à coup, comme paralysé par le froid. Je déglutis en m’avançant dans les rues pavées de désillusions. Les rayons du soleil filtraient gracieusement à travers le ciel afin d’envelopper ma silhouette biaisée par la douleur. Je ressentais encore les effets de ma dystonie musculaire au bras gauche mais je m’efforçais à garder le contrôle sur mon corps. Je secouais mes doigts engourdis avant de me cacher derrière l’objectif. Les images défilaient sous mes yeux au ralenti alors que je tentais de capturer l’émotion de la ville. Il y avait au fond du parc, au dessus- des buissons, autour des roserais et au bord de la fontaine, une vague un peu floue et lugubre que j’étais la seule à voire. Je m’agenouillai lentement. La brise légère du vent ornait l’espace par une certaine inquiétude que je trouvais magnifique. Un couple s’embrassait sur un banc ; un beau couple amoureux dont les gestes étaient pourtant craintifs et égarés.  Je pris plusieurs clichés sans aboutir au résultat que je voulais. Je m’éloignai avant de m’appuyer sur l’écorce rugueuse d’un arbre. Mes coudes me faisaient horriblement mal, mais je refusais d’abandonner avant d’avoir agrippé la lueur du désespoir. « Excusez-moi ? Vous êtes Elsa St Claire ? » Une voix fluette raisonnaient au creux de ma conscience. Je me redressai lentement avant de me retourner. « Oui … » Je m’interrompu soudainement, en reconnaissant les traits innocents de la jeune brune. Je me souvenais parfaitement d’elle. Elle m’avait hanté pendant des semaines, et aujourd’hui encore, il m’arrivait de rêver de notre première rencontre. Elle suintait l’angoisse et la détresse alors que je tentais de refouler mes propres ressentiments. Elle avait su pénétrer mon âme, puisque j’étais aussi triste et désemparée qu’elle. Je luttais en silence puis la peur finissait toujours par me dévorer. Je me demandais si elle éprouvait les mêmes craintes irrationnelles de la mort et les mêmes impressions d’injustice que moi. Mes réflexions affluaient dans une teinte particulière dans ma tête avant de tourbillonner dans l’espace. Mon regard  se fixa sur sa silhouette, et je me sentis tout à coup mal à l’aise. Si elle connaissait mon nom, c’est qu’elle avait parcouru les pages de mon blog.  Si elle connaissait mon nom, c’est qu’elle avait découvert son portrait et toutes les photos que j’avais prises d’elle à son insu. Je me raclai la gorge en prenant un air désinvolte. Je ne pouvais imaginer son indignation que de manière fugitive, puisque pour moi, la magnificence de l’art justifiait tous les écarts de conduite. Je l’observais longuement, complètement subjuguée par son aura douce et sensuelle. Je l’avais suivi pendant des semaines, mais elle finissait toujours par disparaitre de mon champ de vision. C’était la première fois que je pouvais l’admirer en toute liberté. Je ne songeais plus à rien, transportée par un sentiment d’engouement étrange.  Mon esprit flottait dans la cohue agitée, effleuré par les parfums, les sons et les soupirs du monde des vivants. Je tendis lentement mes bras vers elle afin de calculer la distance qui nous séparait, puis comme enflammée par son regard chocolat, je me saisis de mon appareil à nouveau. Son visage. Ses lèvres. Ses joues. Sa poitrine. Ses mains. Son muffin. Ses jambes. La couleur de ses cheveux. Le rythme de sa respiration. L’écho de ses pensées. J’aurais voulu capturé chaque fluctuation de son corps parfait. « Ne bougez pas, s’il vous plait. » Marmonnai-je en prenant quelques clichés à la dérobée. Elle était magnifique. Son allure se prêtait au décor environnant avec une harmonie presque déroutante. Je sortis légèrement de mon ivresse lorsqu’elle resta stoïque face à mon comportement. Elle devait probablement me prendre pour une folle. Je lui souris d’un air navré puis je m’approchai d’elle. « Je suis désolée. Vous vous appelez comment ? » M’enquis-je avec douceur. « Je vous prend en photo mais je ne connais pas votre prénom. »   Répétai-je en riant légèrement. Il me semblait que nous nous connaissions déjà. Je ne pouvais pas la nommer ou retracer l'histoire de sa vie, mais j'éprouvais en moi une sensation de nostalgie, comme si après des années de longue séparation, je retrouvais une amie de longue date. Sauf que ce n'était pas le cas. Cette fille était une étrangère qui avait volé mon coeur. C'était une muse et j'étais une artiste timbrée dont la carrière touchait bientôt à sa fin.
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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 11:55 par Samia Bukhari
Nothing is built on stone; All is built on sand, but we must build as if the sand were stone. ✻✻✻ A quelques pas de cette femme, Riley pose la question fatidique. Sans être sûre qu’il s’agisse de la photographe qui a posté ses photos sur un blog, Riley est intimidée.  Même si elle n’a pas envie de l’admettre, elle sait pourquoi. C’est parce que cette femme a su voir quelque chose qu’elle ne montre à personne. Parce qu’elle semble savoir tant de choses alors que Riley ne la connait même pas. Qu’elle n’avait jamais entendu son nom avant il y a quelques jours. Alors qu’elle l’a vue à un de ses moments de faiblesse. Cette faiblesse qu’elle ne laissait parler que deux jours par an. Ces deux jours où étaient programmés les rendez-vous. Et dans ce dessin, Elsa St Claire avait su capter tout ce qu’elle ressentait. Du moins, c’était l’impression qu’avait eue Riley.
La jeune femme se retourne, sans doute surprise de la question. « Oui … » Et elle semble s’arrêter lorsqu’elle reconnait Riley. Comme si elle voyait un fantôme. Comme si elles se connaissaient vraiment et qu’elles avaient juste perdu contact. Comme si elles étaient deux vieilles amies qui se retrouvaient. A la différence que Riley ne l’a jamais rencontrée. Maintenant qu’elle voit les traits de son visage, il lui semble la reconnaître un peu. Reconnaître un visage qu’elle aurait déjà croisé. Mais peut-être n’est-ce que ce qu’elle voudrait croire. Il est difficile de se souvenir de toutes les personnes dont on a croisé le chemin. Encore plus si la rencontre a été succincte et silencieuse. C’est comme si Riley rencontrait une inconnue. Une inconnue qui la connait déjà. Qui la connait trop bien. Mieux que la plupart des personnes présentes dans sa vie. Même avec les personnes au courant de sa maladie, elle n’a que rarement parlé de sa terreur. De son appréhension lors de ces rendez-vous de contrôle.
Riley a toujours pensé qu’on ne pouvait pas comprendre sa réaction. Son choix d’arrêter d’aller à ses rendez-vous. Sa mère ne le comprend pas. Parce qu’elle, elle a peur de ne pas être au courant. De l’être trop tard pour faire quelque chose. Riley, elle a peur d’être malade à nouveau. De devoir tout recommencer pour la troisième fois. Et elle n’est pas sûre d’en avoir la force. Alors même si elle est malade, elle préfère ne pas le savoir. Vivre sa vie comme elle l’entend. Et laisser les choses arriver, si ça doit arriver. Elle n’a jamais expliqué clairement à sa mère ce qu’elle ressentait. Pourquoi elle n’y allait plus. Non, elle se contente de changer de sujet, inlassablement. Elle sait qu’elle ne comprendrait pas.
Elle sent le regard d’Elsa sur elle. Mais ça ne la dérange pas autant qu’elle aurait pu le penser. Parce qu’elle la dévisage aussi. Son visage fin, ses yeux intrigués et brillants. Ses cheveux d’un blond presque aveuglant. « Ne bougez pas, s’il vous plait. » Dit-elle en levant son appareil photo. Avant que Riley ait pu répliquer, la voilà qui prend déjà quelques photos. Surprise, elle lève un bras, comme pour l’en empêcher mais se demande pourquoi elle ferait ça. Elle est troublée par cette femme. Elle ne sait pas pourquoi elle ne cesse de la prendre en photo ainsi. Elle doit remarquer sa gêne puisqu’elle finit par baisser son appareil. « Je suis désolée. Vous vous appelez comment ? » Un peu étonnée de la question, elle ne répond pas immédiatement. C’est étrange qu’elle ne connaisse pas son prénom alors que Riley a l’impression qu’elle la connait déjà. Comme si Riley lui avait déjà confié toutes ses peurs. Alors qu’elle ne les a jamais exprimées à haute voix. Non, Elsa l’a juste vue et elle a compris. Peut-être pas les détails mais l’idée principale. Riley avait été étonnée en découvrant le dessin, de ne pas s’être rendue compte qu’elle était l’objet d’inspiration de quelqu’un. Un dessin comme celui-ci prend du temps. Elsa avait dû l’observer pendant des dizaines de minutes, sans que Riley le réalise. « Je vous prend en photo mais je ne connais pas votre prénom. » Riley esquisse un sourire, encore un peu gênée. Surtout que leurs regards ne se quittent pas. Comme s’il y avait une sorte de connexion entre elles.
Une connexion qu’elle a du mal à comprendre. Elle ne connait pas cette femme. Elle ne lui a jamais parlé avant aujourd’hui et pourtant, Riley a l’impression qu’elle peut lui faire confiance. Même si elle la prend en photo sans son accord. Même si elle peut paraître légèrement folle. « Riley. Je m’appelle Riley. » Elle sourit en la regardant. Elle ne sait pas si elle est choquée ou heureuse de la voir. Comment pourrait-elle interpréter son regard alors qu’elle ne la connait pas ? « Vous voulez vous assoir ? » Demande-t-elle en désignant le banc que vient de quitter le couple de tout à l’heure. Elle ne sait toujours pas ce qu’elle attend de cette rencontre. Mais elle est bien trop intriguée pour repartir, tout simplement. Elles se dirigent vers le banc et Riley sent à nouveau le regard d’Elsa sur elle. Elle devrait sans doute être plus gênée. Sans doute que certaines personnes auraient même peur. Mais pas Riley. Et elle est la première à être surprise. « Je peux vous poser une question ? » Elle cherche l’approbation d’Elsa alors qu’elle s’assied sur le banc, lissant sa robe pour se détendre. « Je… pourquoi est-ce que vous me prenez en photo comme ça ? » Autant aller directement au but. Riley n’est pas vraiment connue pour être patiente après tout.

✻✻✻
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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 22:03 par Invité

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.”   J’observais les fluctuations harmonieuses de ses cheveux au gré du vent. Je la regardais, et je ne pouvais m’empêcher de songer à notre première rencontre dans la salle d’attente de l’hôpital. C’était étrange mais son appréhension s’était infiltrée dans mes veines afin d’enlacer mon cœur abîmé. Ce n’était qu’une illusion mais elle semblait ressentir pour deux, les peurs et les angoisses de deux âmes seules et malades. Je ne croyais pas qu’il était possible qu’une telle perfection existe et pourtant Riley incarnait une forme de romantisme innocent et si déroutant. Je m’étais précipité pour prendre des photos malgré sa gêne apparente parce que chaque émotion qui filtrait à travers son expression angélique était une délectation pour mes yeux. Sa tristesse, son effroi et son malaise étaient encore plus captivants que ses moments de sérénités. Le flash de mon appareil cliquetait au fur et à mesure que je tournoyais autour d’elle, changeant d’angles et de postures comme pour la capturer dans son intégralité. Si je le pouvais, je l’aurais sans doute supplié de rester avec moi pendant des heures afin que je puisse dessiner le contour de ses yeux luisants avec précision. Je n’étais jamais satisfaite du rendu de mes dessins lorsqu’il s’agissait de retracer son émotion. Lors de mon dernier séjour en Italie, qui remontait déjà à quelques mois, je m’étais languis de sa présence dans les rues animées de la ville. Je m’étais souvent rendu dans ses lieux de prédilection pour retrouver sa beauté presque mythologique. C’était un sujet qui me préoccupait beaucoup à l’époque. Aujourd’hui encore, je me sentais concernée par elle. Je me redressai, le visage rayonnant de joie. Cette jeune femme me donnait envie de continuer cette passion un peu particulière pour l’art et le voyeurisme malgré les conditions de ma santé. Les tiraillements de mes muscles ne me quittaient jamais. Je ne savais pas si ma douleur était réelle, ou si je l’imaginais pour me conforter dans l’idée d’abandonner mes études de calligraphie et de typologie. J’avais l’impression d’être le fantôme d’une fille que je ne pourrais plus jamais être, une ombre vespérale qui dansait sous un ciel sans poussières ni étoiles. J’avais perdu toutes mes chances de réaliser mes ambitions. J’avais perdu toute ma force et ma volonté à cause de mon incapacité à contrôler mon corps. Elle ne pouvait pas comprendre ce que cette rencontre fortuite signifiait à mes yeux. C’était un élan d’espoir dans une infinité de tristesse. Un éclat de lumière qui filtrait à travers les voussures du plafond.    « Riley. Je m’appelle Riley.» J’entendais encore sa voix dans ma tête. Riley. Je m’appelle Riley. C’était un joli prénom pour une muse. J’haussai les épaules en rangeant mon matériel dans mon sac. Le soleil envahissait le parc afin d’éclairer mes pensées. Je ne savais pas quoi lui dire et pourtant, il me semblait avoir attendu cet instant toute ma vie. Je tremblais légèrement mais je tentais de cacher mes faiblesse. « Vous voulez vous assoir ?» J’hochai frénétiquement la tête avant de la suivre en silence. Je la regardais au coin, hypnotisée par sa démarche particulière. Elle s’assit sur le banc et je fis de même, m’appliquant dans mes gestes comme pour faire bonne impression. Je serrai les cuisses avant de redresser mon torse avec nonchalance. La brise estivale qui soufflait entre les buissons animait mon sentiment de nostalgie. On s’est rencontré dans un autre monde, pas vrai ? Je croyais aux mystères cachés de la magie. Je pensais que la puissance artistique existait réellement. Je ne l’avais jamais effleuré, mais j’éprouvais ce besoin presque obsessionel de me rattacher à une forme quelconque de fantaisie. « Je peux vous poser une question ?» Je me tournai lentement vers elle en souriant. « Je… pourquoi est-ce que vous me prenez en photo comme ça ?»  Je fis la moue. Je n’en savais rien. En vérité, la situation me semblait un peu ridicule, mais telle une bête affamée, je me jetais sur les bribes d’attention et de chaleur humaine qu’elle dégageait. Je voulais réellement lever les voiles sur tous mes secrets et lui confier l’étendue de ma passion pour mes études. Je voulais lui raconter mon enfance à Glastonbury, mes désillusions, mes déceptions, mon insouciance et la découverte de ma vocation - mais il était trop tôt. Je me penchai lentement vers elle avant de souler un sourcil. « Tu me donnes ton muffin ? » M’amusai-je en ramenant ma tête en arrière. Je la tutoyais afin de briser toutes les règles de bienséances et de m’accorder à la familiarité de notre relation. Je l’avais dessiné plusieurs fois. J’avais imaginé son corps nu, courbé et affligé par la douleur. Je l’avais aussi visualisé ornée de bijoux et de fleurs sauvages. Je fermai les yeux en respirant les effluves agréables des roseraies. « J’ai très faim. Je ne prends jamais mon petit déjeuner avant de sortir le matin. »   Je ris comme une enfant. Ma frange indisciplinée drapait mes blessures invisibles. Il fallait avoir en soi un grand chaos afin de donner naissance à une étoile brillante. Et si je contournais cette phrase de Nietzsche ?  Et si ces deux entités existaient sans jamais se compléter ? J’étais le chaos, et Riley était l’étoile naissante au bout de mon crayon. Je me relevai en joignant mes deux mains sur mes cuisses. « C’est parce que tu es seule. Il y a un million de personne  autour de toi, mais à l’intérieur tu es seul dans ce que tu ressens. Comme moi. »  Murmurai-je avec retenue. Elle était envahit par la paralysie, cette haine envers elle-même, par l’étouffement des sentiments et la crainte irrationnelle d’être malade à nouveau. « Je te dessine parce que j’ai peur. »   Je glissai vers elle en tendant le bras vers son muffin.
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() message posté Lun 15 Juin 2015 - 15:41 par Samia Bukhari
Nothing is built on stone; All is built on sand, but we must build as if the sand were stone. ✻✻✻ A sa place, n’importe qui aurait pris peur. N’aurait pas été rassuré devant cette femme qui la prend en photo à tout va. Certains auraient directement conclu qu’elle les harcelait et auraient fui. Mais pas Riley. Non, Riley n’a pas envie de partir. Sa curiosité dépasse sa faible inquiétude. Il parait aussi qu’elle fait trop facilement confiance. C’est certainement vrai, même si elle le refuse l’admettre. L’admettre, ça serait devoir changer. Devoir se méfier. Et ce n’est pas dans sa nature. Riley, elle veut penser le meilleur des gens. Pas s’imaginer qu’ils ont de mauvaises intentions. Et qu’a fait cette Elsa à part la dessiner et la prendre en photo ? Publier les photos sans son accord a été sa seule faute. Et Riley ne lui en veut pas. La preuve, c’est que ça n’a pas changé sa vie et qu’elle vient à peine d’apprendre que son visage était publié quelque part. Elle n’a jamais trop compris l’intérêt de ce droit à l’image. Même sans qu’on le veuille, il arrive que des inconnus apparaissent sur nos photos. Une personne qui passait au mauvais moment, un enfant qui voulait faire une blague. Des personnes dont il nous est impossible de connaître le nom pour leur demander leur accord.
Elles s’installent toutes les deux sur un banc et Riley lui demande pourquoi elle la prend en photo. Au fond, elle sait qu’il n’y a sûrement pas de raison véritable. Si elle est passionnée par son art, sans doute qu’elle ne se pose même pas la question. Elle prend ce qui lui plait en photo. C’est du moins l’impression qu’a eu Riley en regardant ses photos sur son blog. « Tu me donnes ton muffin ? » Riley la regarde, surprise mais amusée. Elle ne la connait pas, même si elle en a l’impression, mais Elsa lui plait déjà. Riley avait d’ailleurs oublié qu’elle avait ce muffin dans la main, trop intriguée par cette femme. Et il en faut beaucoup pour lui faire oublier la nourriture. « J’ai très faim. Je ne prends jamais mon petit déjeuner avant de sortir le matin. » A nouveau, Riley la regarde de haut en bas. Pas étonnant quand on voit la ligne qu’elle a. Riley a beau ne pas être grosse du tout, elles n’ont pas la même morphologie. Elle est grande et a des jambes fines et interminables. Elle doit sans aucun doute attirer les regards dans la rue. Et pourtant, Riley a le sentiment qu’Elsa se fiche de ça. Qu’elle est libre, tout simplement. Qu’elle fait ce qu’elle veut, quand elle le veut. Elle reconnait ça en elle parce qu’elle a longtemps été ainsi. Ou a voulu l’être. Peut-être qu’elle l’est encore un peu.
« C’est parce que tu es seule. Il y a un million de personne autour de toi, mais à l’intérieur tu es seul dans ce que tu ressens. Comme moi. » Dit-elle en se relevant. Riley la regarde une seconde avant de baisser le regard. Non, elle n’est pas seule. Elle n’aime pas l’être. Elle aime être entourée. Elle aime parler, rire. La solitude, elle n’a jamais aimé ça. Parce que ça amène son esprit vers des endroits où elle ne souhaite pas aller. Vers des pensées qui la terrifient. Peut-être que c’est justement ce que veut dire Elsa. Mais Riley ne veut pas qu’elle ait raison. Elle ne veut pas être seule. Elle veut qu’on la comprenne mais elle ne cherche pas à s’expliquer. Elle veut qu’on l’aide sans qu’elle le demande. Sans qu’elle montre qu’elle en a besoin. Elle veut qu’on sache ce qu’elle veut sans qu’elle-même le sache. « Je te dessine parce que j’ai peur. » Peur ? Riley relève la tête vers la main tendue d’Elsa, dans laquelle elle pose le muffin. Elle n’a plus faim de toute façon.
Nerveusement, elle joue avec la fermeture de son sac. Elle sait de quoi elle a peur, même si elle ne veut pas l’avouer. Elle a peur que cette inconnue sache tout d’elle sans la connaître. Qu’elle a raison sur toute la ligne. « De quoi tu as peur ? » Tourner la conversation sur Elsa au lieu d’elle, c’est plus simple. Elle a l’air d’une personne qui ose tout, sans aucune crainte. Qui agit sans se soucier des conséquences, suivant simplement ses instincts. Peut-être que c’est de ça qu’elle a peur. De ne plus pouvoir faire tout ça. Mais pour quelle raison ? Riley n’en a aucune idée. « J’espère que ça te suffira comme petit déjeuner, bon appétit. » Dit-t-elle en la regardant à nouveau dans les yeux. C’est toujours aussi étrange. Elle a l’impression qu’Elsa peut lire dans son âme. Voir tous ses tourments qu’elle préfère taire. Et ça la trouble. Surtout que ce n’est pas réciproque. Riley imagine certaines choses en la regardant mais rien de certain. Rien d’aussi important. Elle ne connait pas cette Elsa alors qu’elle, il lui avait suffi de la dessiner pour la comprendre. « Et je ne suis pas seule… J’ai ma famille, j’ai des amis qui tiennent à moi… Je ne suis pas seule... » Au fil des mots, le volume de sa voix baisse. Elle ne sait pas pourquoi elle essaye de convaincre cette fille. Surtout qu’elle ne lui prouve rien. Ses amis ne savent pas pour sa maladie. Sa famille ne connait pas l’ampleur de son inquiétude. Non, parce qu’elle n’en parle pas. Elle garde ça pour elle, en espérant que ça disparaisse finalement. Qu’au bout d’un certain temps, elle arrêtera d’y penser. Arrêtera d’avoir peur et pourra réellement avancer. Sauf que ça fait des années qu’elle est guérie et cette peur ne va nulle part. Elle peut la faire taire par moments mais elle finit toujours par revenir. Elle lève une jambe pour venir poser son pied sur le banc. Elle pose son menton sur son genou et regarde cette femme qui l’intrigue. Cette femme qui lui fait prendre conscience de tout ce qu’elle essaye d’oublier.

✻✻✻
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() message posté Jeu 18 Juin 2015 - 18:22 par Invité

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.” Riley était l’hymne de la douleur au cœur de la déréliction. Je savais que c’était inapproprié de ma part de la suivre comme ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être attirée par son univers aux nuances pâles. Je m’étais construit un fantasme autour de ses gestes quotidiens. Je l’avais accompagné dans les rues bruyantes d’Italie en pensant retrouver les vestiges de mon innocence mais je ne faisais que perpétuer les valeurs égoïstes de mon art. J’avais eu un million d’occasions de la retrouver, de l’arrêter ou de lui parler, mais j’avais préféré me murer dans le silence. Mes sentiments à son égard étaient si complexes. Je voulais l’observer de loin comme on observe un astre lumineux dans le ciel et retracer toutes les courbures de son visage parfait. Je voulais me délecter de sa présence et l’imaginer tous les jours, sans que nos deux mondes ne se rejoignent dans les chaos de l’existence. Peut-être que je n’étais qu’un fantôme. Peut-être que je n’étais même pas là. Son parfum sucré se versait sur ma peau comme un poison brûlant, et encore une fois, je ressentis le besoin presque obsessionnel de me concentrer sur son expression envoutante. Ses yeux caressées par les chants du vent s’ouvraient et battaient des cils afin de m’enlacer chaleureusement. Je me penchai lentement vers elle avant de lui sourire. Au fond de moi, je savais qu’il était probable que je me retrouve confronté à cette situation. Je savais qu’il était probable que nous soyons contraintes à nous connaître un jour. Après tout, mon blog était public et le risque qu’elle tombe sur mon travail n’était pas des moindres. Cependant, j’étais hantée par l’appréhension. Je n’étais pas prête à lui confier les mystères qui entouraient notre histoire particulière. Elle n’avait pas encore commenté mes portraits ou mes photos. Etait-elle déçue de tapisser les murs virtuels de ma conscience ? Elle avait le droit de se sentir offusquée mais moi, j’appelais ça de la magie. Je la portais dans ma poitrine. Mon cœur était abîmé par les souffrances des mortels mais je m’échappais dans une dimension lumineuse à ses côtés. J’osais sauter à pieds joints dans les profondeurs de sa beauté. Je me mordis la lèvre inférieure en haussant les épaules. Mes pensées étaient douteuses et étranges, mais mon âme continuait à flotter en orbite autour de sa chevelure soyeuse. J’étais amoureuse de cette belle théorie de la femme-muse.

Elle m’offrit son muffin et je le saisis de la main droite avec précaution. Je ne voulais pas tomber aussi prêt du but. Je refusais de lui dévoiler l’étendue de mes faiblesses et de mes ratures. J’étais l’artiste sans bras, le rêve sans éclat. Je ne pouvais plus vivre par la simple pensée d’un lendemain meilleur, même si mon caractère me poussait sans cesse vers les landes de l’optimisme et de la jovialité. « De quoi tu as peur ?» Je relevais lentement mon visage vers elle. J’observais ses traits bercés par la bonté et l’affection avant de me redresser. Emue, je lui adressai un sourire grimaçant. Ma frange blonde drapa mon regard sombre et mon sentimentalisme ridicule. J’entendais très distinctivement les battements de mon pouls. Il me guidait vers les portes du paradis, il me faisait courber l’échine et me rendait aussi fébrile qu’une adolescente amoureuse. « De tout. De rien. De toi, peut-être. » Dieu seul savait pourquoi je m’étais imposé cette épreuve ! Pourquoi avais-je répondu à son invitation ? Pourquoi avais-je succombé à ses charmes trompeurs ? Je fonçais droit dans un mur. J’avais l’impression de perdre toutes mes lumières lorsqu’elle était à mes côtés, comme si sa splendeur bouffait littéralement tout ce que je pouvais dégager. Mes doigts se raidirent pour lutter contre mon angoisse, mais Riley habitait déjà mon corps. Elle brûlait dans ma poitrine comme une flamme éternelle, et cela me rendait profondément triste parce que je ne pouvais plus la dessiner. Je ne pouvais plus concrétiser mon attachement pour elle. Je mordis le muffin d’un air absent. La pate fondait dans ma bouche sans que je ne puisse réellement en apprécier les saveurs. C’était si injuste de la rencontrer maintenant. J’avais déjà tout abandonné, mon blog existait uniquement pour me rattacher au passé. « J’espère que ça te suffira comme petit déjeuner, bon appétit.» Je déglutis en gigotant sur mon siège comme une enfant. Mes cheveux s’enroulaient autour de mon cou, se pliant et se dépliant mécaniquement entre de mon col. J’esquissai une moue amusée. « Oh mais ne j’ai un appétit vorace, rien ne me suffit jamais. » Assurai-je en prenant un autre bout. Elle me fixait mais je ne me sentais pas gênée par son insistance. Il me semblait presque légitime que nous partagions un moment aussi intime ensemble. Après tout, j’avais déjà subi la perte de mon sens noble et sublime. Le masque était tombé et je vivais l’effondrement de tous mes idéaux. « Et je ne suis pas seule… J’ai ma famille, j’ai des amis qui tiennent à moi… Je ne suis pas seule...» Sa voix s’était tout à coup transformé en murmure. Je m’arrêtai subitement de manger afin de me concentrer sur ses confessions. Il était indéniable que j’avais ébranlé sa fierté. Je souris en me retournant complètement vers elle. Je croisai mes jambes sur le banc avec gravité. Elle avait une famille et des amis, je n’en doutais pas, mais dans le cheminement pénible de la maladie elle avait toujours l’impression d’être démunie. Elle trottait sans jamais arriver à destination. « Oui, tu n’es pas seule. » La rassurai-je d’une voix mielleuse. « Tu es trop jolie pour être seule, Riley. Même moi, je n’arrive pas à te laisser seule … Mais regarde-toi … » Je baissai les yeux vers mon sac et en sorti mon appareil photo numérique. Je lui montrai les quelques clichés que je venais de prendre d’elle. Ma main gauche était traversée par des crampes douloureuses mais j’ignorais les tiraillements de mes muscles afin de me rapprocher d’elle. « Tu es seule à l’intérieur. » Je sentais les défaillances de mon corps. Je me voilais certainement la face. Je suppose, que j’essayais de calquer ma propre solitude sur la sienne afin de me créer une sorte d’occupation malsaine. Mes doigts tremblèrent alors que la douleur devenait de plus en plus intense. Je serrai les dents avant de tout lâcher. Le muffin. Les photos. Mes espoirs. Je regardais mon membre paralysé avant de siffler un juron entre mes lèvres.

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() message posté Ven 19 Juin 2015 - 15:47 par Samia Bukhari
Nothing is built on stone; All is built on sand, but we must build as if the sand were stone. ✻✻✻Pourquoi elle ? Qu’est-ce qu’elle a de particulier ? Qu’a-t-elle fait pour attirer le regard de cette artiste ? Ce sont les questions qui restent sans réponse dans l’esprit de Riley. Elle n’ose pas vraiment demander, sans savoir pourquoi. Peut-être a-t-elle peur de la réponse qu’elle pourrait obtenir. Que celle-ci ne lui plaise pas. Ou qu’elle ne la comprenne pas. Elle a remarqué qu’elle était une des seules personnes à être plusieurs fois représentées sur son blog. Et surtout la seule à l’être autant. D’autres inconnus ou inconnues mais jamais plus de quelques photos. Alors que celles où elle apparait sont plus nombreuses. Pas récentes mais de quand elle était en Italie. Et il y en avait un paquet. Comme si elle avait fait un shoot photo avec Elsa. Sauf qu’elle n’était pas au courant. Et ça devrait peut-être lui faire peur mais ça n’est pas le cas.
Se retrouver face à cette femme était étrange. Parce qu’elle s’était vue à travers son regard. Parce que cette inconnue avait su voir en un regard tout ce que Riley s’efforçait à cacher. Comme si elle était venue faire un tour au fond de son âme et n’en était jamais vraiment ressortie. Et la voir ainsi, ça devrait lui faire peur. Ça devrait lui donner envie de prendre ses jambes à son cou et de ne plus jamais revenir. Fuir loin de cette peur qu’elle fait taire depuis des années. La vérité, c’est qu’elle est effrayée à l’idée de laisser cette peur parler. De la laisser s’installer. De la laisser la dévorer. Elle a peur que si elle la laisse faire, elle ne pourra plus jamais s’en sortir. Que sa terreur sera bien trop grande pour s’en sortir. Non, à choisir, elle préfère largement être heureuse, cacher ses peurs et sourire même quand tout ne va pas. Et rencontrer cette femme qui a su capter tout ce qu’elle ressent sur un seul dessin, ça devrait lui faire peur. Mais elle est incapable de bouger. Non, sa curiosité l’emporte. Elle est intriguée, sans comprendre ce qui l’intrigue.
Elsa ne répond pas directement aux questions de Riley. Ou bien elle le fait de façon détournée. Riley ne comprend pas vraiment ce qu’elle veut dire. Ou peut-être a-t-elle peur de comprendre justement. « De tout. De rien. De toi, peut-être. » La peur, ça, elle connait. Elle ignore de quoi Elsa a peur mais elle peut la comprendre. Elle connait sa peur, même si elle ne la laisse pas s’exprimer. Même si elle lui préfère le bonheur. Un bonheur sincère malgré tout. A force, elle est devenue douée pour tout ça. Elle a même fini par y croire. Ou peut-être qu’elle sait séparer les choses. Ne plus penser du tout à sa maladie qui risque de revenir. Se contenter de vivre au jour le jour, sans se poser plus de questions. Ça lui réussit plutôt bien. « Tu devrais pas. Avoir peur de moi j’veux dire. » S’il y a quelque chose de certain, c’est que Riley est tout sauf effrayante. Ça lui a parfois fait défaut, quand elle voulait être intimidante ou tout simplement s’énerver. Malgré tous ses efforts, elle n’inspirera jamais la peur. Et c’est sans doute pas plus mal.
« Oh mais ne j’ai un appétit vorace, rien ne me suffit jamais. » Répond-t-elle quand Riley lui offre son muffin. Pour Riley, se passer de petit-déjeuner serait impossible. Elle pourrait toujours essayer mais elle est certaine que son ventre passerait la matinée à grogner et elle serait obligée de manger quelque chose. Elsa commence à manger le muffin alors que Riley murmure quelques mots. Plus pour se convaincre elle-même qu’Elsa. Elle fait toujours de son mieux pour ne pas être seule. Elle s’attache facilement aux gens et n’hésite pas à aller à la rencontre de nouvelles personnes. Elle est comme ça depuis longtemps. Elle l’était déjà quand elle voyageait à travers l’Europe. Et heureusement parce qu’elle rencontrait de nouvelles personnes tout le temps. Elle a toujours aimé être entourée et n’est pas seule. Ou peut-être qu’elle ne veut pas le reconnaître. « Oui, tu n’es pas seule. Tu es trop jolie pour être seule, Riley. Même moi, je n’arrive pas à te laisser seule … Mais regarde-toi … » Un léger sourire nait sur les lèvres de Riley. Elle ne sait pas pourquoi l’avis de cette inconnue semble compter autant pour elle. Elsa sort son appareil photo de son sac pour lui montrer les photos qu’elle vient de prendre. Tout ce que voit Riley, c’est sa gêne évidente. « Tu es seule à l’intérieur. » N’est-ce pas le cas de tout le monde ? Tout le monde a ses secrets, ses démons qui le hantent. Peut-être que ceux de Riley sont plus effrayants. Elle n’a pas la prétention de l’affirmer. D’autres personnes ont vécu pire qu’elle. Elle le sait. Alors qu’elle regarde une photo, elle remarque une tâche sur le haut de sa robe. Elle baisse les yeux pour regarder sur elle et est interrompue par un bruit de chute. Son regard se pose sur le sol, où gît le muffin et l’appareil photo d’Elsa. Riley la regarde, étonnée. « Ça va ? » Elle croit à une faiblesse, ne se doutant pas une seule seconde que ça puisse être autre chose. Un faux mouvement qui lui a fait perdre ce qu’elle tenait en main. Elle se penche pour ramasser l’appareil photo. Pour le reste du muffin, il est déjà trop tard. Elle le frotte quelques secondes contre le tissu de sa robe avant de l’examiner. « Il n’a pas l’air cassé, enfin j’suis pas une experte. » Ni l’écran ni l’objectif ne semblent endommagés, c’est tout ce qu’elle voit. Elle le tend vers Elsa, espérant qu’il ne soit pas fichu. Elle a l’air d’y tenir.
A nouveau Riley regarde la tâche – sans doute du jus de fruit – sur sa robe et s’efforce de l’effacer en mouillant ses doigts pour frotter ensuite. Ça ne semble pas vraiment marcher, tant pis. Elle hausse les épaules avant de regarder Elsa. « Tu veux me dessiner ? » Ose-telle, doucement. « Pas sûr que j’serais douée pour rester immobile mais j’veux bien essayer. » Elle ne sait pas pourquoi elle lui propose ça. Elle serait nulle pour rester immobile et elle le sait. Seule la peur qu’elle avait ressentie ce jour-là à l’hôpital avait su l’empêcher de bouger pendant quelques temps. Assez longtemps pour qu’Elsa puisse capturer ses traits et ses peurs avec son crayon. Peut-être que c’est pour ça qu’elle veut qu’elle la dessine. Pour voir autre chose que ses peurs. Pour qu’Elsa la voit autrement. Pour qu’elle prouve qu’elle a changé depuis ce fameux jour. Et parce qu’au fond, elle a peur de ne pas avoir tant changé.

✻✻✻
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() message posté Jeu 25 Juin 2015 - 20:53 par Invité

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.”   Je soupirai en regardant les nuages valser entre les voussures du ciel. On m’avait promis beaucoup de choses. Les voix de ce monde inconnu avaient aiguisés ma curiosité et ma passion pour l’art, mais à présent, je ne parvenais plus à songer à mon travail sans ressentir une pointe de déception. Je regardais Riley, et l’idée que je ne puisse plus retracer les lignes de sa beauté innocente me peinait plus que tout le reste. Habituellement, je refusais de me laisser tomber dans les méandres de ce sentiment cruel d’injustice, mais les tremblements de mes mains m’attiraient doucement au fond de l’abysse. Mes symptômes ne se manifestaient pas très fréquemment, cependant je ne suivais aucune médication, malgré les avertissements et les recommandations de mon groupe de soutien. Les  cellules de mon cerveau continuaient à se détériorer chaque jour et je ne faisais rien pour combattre le mal. Cela, ne m’atteignait pas vraiment. Je devais être folle, mais je me berçais d’illusions la plupart du temps. La douleur était encore supportable et je voulais tenir un crayon tant que je le pouvais encore. Je déglutis en observant la jeune femme assise à mes côtés. Mon cœur battait à contre sens dans ma poitrine, assailli par des angoisses muettes et des questions sans réponses. Il était parfois difficile d’envisager la possibilité d’être tout simplement moi, sans les artifices de la calligraphie et l’inspiration de la création. Suis-je trop banale pour être appréciée ? Je demeurais évasive, mais j’avais réellement peur d’elle. De toutes les belles choses qu’elle représentait et que je ne pourrais plus jamais toucher. Je fermai les yeux en me penchant lentement vers son visage. Son grain de peau était si soyeux, comme si son expression délicate avait été façonnée dans le marbre glacé. Je crispai la mâchoire en baissant la tête. « Tu devrais pas. Avoir peur de moi j’veux dire.» Je souris avec courtoisie. Elle ne se rendait pas compte de cette vision de magnificence qu’elle miroitait. Un jour, peut-être, je saurais capturer son essence magique et lui montrer à quel point elle avait pu me changer. Je n’étais qu’une gamine talentueuse parmi les autres. Je n’avais aucune identité. Mes coups de pinceaux se succédaient mais je ne faisais que suivre les techniques de mes professeurs, jusqu’au jour où son regard vitreux avait croisé mon chemin. J’avais reconnu toutes les émotions qui trottinaient derrières ses paupières rosées.  J’avais pensé ; où dans cette ville, où dans ce pays pouvais-je rencontrer une personne dont la disparition pouvait constituer pour moi une perte de ma passion ?   Et tu es apparue. Je fis la moue en hochant lentement la tête. « Par contre, tu devrais te méfier. Tu n’es pas en colère ? J’ai volé ton visage un million de fois pour le placarder partout sur mon blog. » Déclarai-je d’une voix cristalline. Je ne cherchais pas à la faire fuir, mais je désirais simplement suivre ma conscience. Je voulais assumer mes actes et ne jamais regretter notre rencontre. Je serrai ma prise sur le muffin avant de prendre une nouvelle bouchée. Les saveurs sucrées de la madeleine flottaient dans ma bouche comme une douce brise estivale avant de s’engouffrer dans ma gorge. Je n’avais pas très faim, mais manger, me permettait de recentrer mes pensées.  Les tiraillements de mes muscles s’infiltraient sous ma peau comme un poison incurable. Je m’accrochais aux vestiges de ma volonté, mais plus je résistais et plus la douleur devenait violente. Je me mordis la lèvre inférieure avant de m’abandonner à la gravité de la situation. Mon appareil photo tomba sur le sol tandis que je restais stoïque, incapable d’esquisser le moindre mouvement pour le ramasser. Ma vision se brouilla tout à coup. Tous mes espoirs volaient en éclats, et je réalisai avec effroi que je n’étais ni une princesse ni une jeune femme forte et indépendante. C’est Riley qui se pencha. Elle essuya la surface noire de mon objectif avec sa robe avant de m’adresser un regard compatissant. J’observais la lueur colorée qui se consumaient au fond de ses iris luisants avant de me rapprocher. « Ça va ?» J’aurais tant voulu lui mentir et lui assurer que ce n’était qu’un accident, mais je ne pouvais pas me résigner à la tromper encore une fois. C’était étrange, mais je n’aimais pas mentir à mes amis. Et que je le veuille où non, je la considérais comme une part indissociable de mon esprit. « « Il n’a pas l’air cassé, enfin j’suis pas une experte.» Je soulevais un sourcil sans inspecter l’écran ou le canon. J’étais transportée par son geste de bienveillance à mon égard. Personne ne remarquait mes faiblesses d’habitude. « Ce n’est pas sa première chute. Ce n’est pas grave. »  Murmurai-je en me renfrognant dans le col de mon chemisier. Elle se détourna de moi afin de se concentrer sur une tâche qui salissait sa robe. Ses mouvements étaient frénétiques et agressives contre le bout de tissu. Je me penchai avec recueillement, tout en suivant les fluctuations de ses cheveux au gré du vent. « Tu veux me dessiner ?» S’enquit-elle brusquement. Je retins ma respiration, à la fois surprise et enchantée par l’intérêt qu’elle me portait. « Pas sûr que j’serais douée pour rester immobile mais j’veux bien essayer.» J’écarquillai les yeux. Elle m’offrait l’accomplissement d’un fantasme que j’avais traîné avec moi durant des années ; une muse rien qu’à moi. L’une des neuf déesses pour m’insuffler le chant, l’invention, l’éloquence et le courage de poursuivre ma quête de la beauté. J’avais l’impression de sombrer dans la folie. Je restai crispée sur le banc pendant quelques instants, avant de maintenir ma main gauche en suspension sur mes cuisses. Elle ne tremblait plus, mais je ressentais la lourdeur de mes os et les picotements qui léchaient ma chair fébrile. « Je suis désolée … Je vais te décevoir … »  Commençai-je en hésitant. « Je n’ai plus dessiné depuis des mois. Tous mes essais ne sont pas concluants. Je fais de la photo pour compenser, mais si tu pouvais me laisser une chance … Je …   »  Je grinçai des dents avant de lui montrer mon membre tétanisé par les premiers signes du Parkinson précoce. « J’ai abandonné mes études mais je veux essayer avec toi.   » Je m’accrochais à cette invitation à s’abandonner aux flux de l’univers archaïque de l’imagination. Sans aucune retenue. Sans aucune inhibition.  
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() message posté Ven 26 Juin 2015 - 18:44 par Samia Bukhari
Nothing is built on stone; All is built on sand, but we must build as if the sand were stone. ✻✻✻ La vérité, c’est qu’elle a peur. Elle a peur, plus que d’habitude. Plus que la peur qui l’accompagne à chaque pas. A chaque mot. A chaque décision. A chaque pensée. Aujourd’hui, sa peur est plus grande. Ce n’est pas d’Elsa qu’elle a peur, non. Ce dont elle a peur, c’est ce qu’Elsa a su voir. Ce que le monde extérieur ne voit pas. Quand on entraperçoit un regard triste chez elle, on n’imagine pas tout ce qu’il cache. Parce qu’elle s’arrange toujours pour sourire la seconde suivante. Elle sourit toujours et elle est devenue douée. Douée pour mentir au monde extérieur. Douée pour se mentir à elle-même. Tellement que ç’en est devenu naturel pour elle. Elle ne s’en aperçoit même plus et peut-être même qu’elle y croit.
Oui, elle y croit. Parce qu’elle ne veut pas que son existence se résume à sa peur. A cette maladie qui lui a déjà pris trop de jours et de nuits. Trop d’innocence. Trop de souffrance. Elle ne veut pas penser à sa peur à chaque minute, chaque seconde. Elle veut vivre. Elle veut découvrir. Elle veut rire. Elle veut pleurer. Elle veut aimer. Elle veut détester. Elle veut s’amuser. Elle veut travailler. Elle veut dormir. Elle veut tout et rien à la fois. Mais par-dessus tout, elle voudrait que cette peur s’évanouisse. Pour qu’elle puisse faire tout ça pleinement. Il n’existe pas de traitement à ça. Pas de médicament qu’elle pourrait prendre. Pas de thérapie à suivre. Il y a bien des groupes de soutien. Des psychologues. Elle a fait quelques séances, quand elle était malade pour la seconde fois. Et un peu après. Mais elle n’avait trouvé le réconfort qu’on lui promettait. Alors elle était partie le chercher en voyageant. Courant après l’impossible.
Et sa peur finissait toujours par la rattraper. Des moments qu’elle ne voulait pas longs. Elle fait toujours de son mieux pour la fuir. Pour la faire disparaître. Pour aussi longtemps qu’elle le peut. C’est pourquoi elle ne devrait pas rester avec Elsa. Parce que sa peur, Elsa l’a vue. Elle sait qu’elle est vulnérable, bien plus qu’elle le laisse paraître. « Par contre, tu devrais te méfier. Tu n’es pas en colère ? J’ai volé ton visage un million de fois pour le placarder partout sur mon blog. » Elle hausse les épaules, ne voyant pas pourquoi elle devrait être en colère. Ou, si, elle le voit. Elle comprend que beaucoup de personnes seraient énervées de découvrir que notre visage a été utilisé sur un site public. Mais Riley ne l’est pas. Non, elle ne lui en veut pas. Pourquoi le devrait-elle ? Ce qu’elle n’a pas aimé, ce n’est pas d’être affichée sans son accord. Non, c’est que cette inconnue l’ait tellement comprise. « Qu’est-ce que ça changerait d’être en colère ? » Murmure-t-elle tout simplement. Elle n’en veut pas à Elsa, du tout. Elle ne comprend pas forcément pourquoi c’est son visage qu’on retrouve le plus souvent sur son blog mais elle ne lui en veut pas.
Alors qu’elle lui montre des photos, Elsa fait malencontreusement tomber son appareil. Riley le ramasse, soulagée qu’il ne soit pas cassé. Même si elle n’y était pour rien, elle se serait sans doute tenue pour responsable. Mais il ne semble pas avoir de séquelles. « Ce n’est pas sa première chute. Ce n’est pas grave. » Elle ne s’interroge même pas sur la raison de la chute de l’appareil. Naturellement, elle pense à la raison la plus évidente. Une simple maladresse. Qui peut arriver à n’importe qui. Elle-même en fait souvent. Trop à son goût.
Sans trop savoir pourquoi, Riley propose à Elsa de la dessiner. Par curiosité. Par envie de prouver quelque chose. Elle ne sait même pas si elle sera capable d’être un bon modèle. Elle n’aime pas rester immobile. Elle n’aime pas rester seule avec ses pensées. Naïvement, elle pense qu’elle ne sera pas seule. Parce qu’Elsa sera là, à la dessiner. Elle veut essayer, malgré tout. Parce que, sans la comprendre, elle ressent une certaine connexion avec cette inconnue. Cette inconnue qu’elle apprend progressivement à connaître. Pourtant, elles ne se disent presque rien. Rien d’intime. Rien d’important. Quelques mots qui ne semblent rien vouloir dire. Mais qui ont beaucoup plus de sens. « Je suis désolée … Je vais te décevoir … » Riley observe sa main, comme hypnotisée. Elle a le sentiment que quelque chose ne va pas, sans savoir quoi. Ni pourquoi elle a ce sentiment. « Je n’ai plus dessiné depuis des mois. Tous mes essais ne sont pas concluants. Je fais de la photo pour compenser, mais si tu pouvais me laisser une chance … Je … » Il est vrai que, maintenant qu’elle y pense, il y a moins de dessins sur son blog dans les images récentes. Surtout des photos. Riley n’y avait rien vu de plus jusqu’à maintenant. Pourquoi ne peut-elle plus dessiner ? Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Ce n’est pas par manque d’envie si elle a besoin de compenser. Riley, elle, n’a jamais eu ce genre de besoin. Ce genre de passion qui vous manque quand vous ne pouvez plus l’assouvir. Ou elle ne s’en est pas rendue compte. « J’ai abandonné mes études mais je veux essayer avec toi. » Elle montre sa main, comme si elle était incapable de la bouger. C’est sans doute ça, le problème. Même si Riley ne sait toujours pas de quoi il s’agit. « Qu’est-ce que tu as ? » Ce n’est pas le genre de question qu’on pose à une inconnue mais Riley a l’impression qu’elles sont déjà proches. Trop proches pour deux femmes qui viennent de se rencontrer. Et pour venir confirmer cela, elle vient effleurer sa main de la sienne. Comme si elle pouvait faire quelque chose pour l’aider.
Peut-être que c’est là, la raison pour laquelle elle a déjà l’impression de la connaître. Parce qu’elles sont semblables. Parce que personne ne peut rien pour elles. Certains voudraient essayer mais ils ne peuvent pas prendre la douleur, les peurs. Ce sont des choses qu’on ne peut pas partager. Que d’autres ne peuvent pas comprendre. « Tu veux qu’on aille autre part pour ça ? Le soleil va bientôt passer derrière les immeubles et il fera plus frais. » Et quand Riley a froid, elle grelotte. Pas l’idéal pour poser pour un dessin. Et Elsa n’a peut-être pas ce qu’il lui faut avec elle, si elle n’a pas dessiné depuis longtemps.

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() message posté Mar 14 Juil 2015 - 0:07 par Invité

“The muses are ghosts, and sometimes they come uninvited.”   J'avais croisé le visage de Riley un million de fois par le passé. J'avais imaginé toutes les nuances de tristesse qui se cachaient derrière ses prunelles, mais les choses me semblaient différentes à présent. Elle était réelle. Elle bougeait. Elle respirait. Elle était vivante et je ne la connaissais pas. Ses lèvres frémissaient au gré de mes pensées comme l'écho d'une douce frayeur qui se faufilait au cœur de ma conscience. Et j'avais peur à mon tour. Je la regardais et je ressentais toute l'injustice du monde s'abattre sur mes épaules. Je me penchai lentement avant de glisser vers son côté du banc. J'étais trop près. Trop entreprenante. Le parfum suave de ses cheveux flottait autour de ma poitrine. Dans quelle mesure la maladie pouvait-elle me précipiter vers l'extrême ? Je sentais le Parkinson ronger mes entrailles et me bouffer de l'intérieur. C'était un mal incurable. L'heure tournait et il continuait à s'infiltrer dans mes os. Il détruisait tous mes rêves. Tu peux le voir toi ? S'il te plaît, dis moi que tu le vois … J'avais l'impression de me perdre dans l'oubli. Je me transformais en épave et le rugissement des vagues m'emportait au fond de l'océan. Tom ne remarquait pas ma souffrance. Il m'avait tourné le dos. Il m'avait abandonné dans un appartement vide, sombre et poussiéreux. Je tentais de garder la foi mais la présence de ma petite muse réduisait tous mes efforts à néant. Le masque de la désillusion tombait. Je redevenais fragile et brisée sous les arcs de sa bienveillance. « Qu’est-ce que ça changerait d’être en colère ? » J'haussai les épaules avec désinvolture avant de lui sourire. Son attitude attisait ma curiosité. Elle était aussi belle et froide qu'une statue grecque. Ses traits exprimait une immense générosité, une force tranquille et apaisante. Elle ne réagissait pas comme je l'avais imaginé. Et cette pensée renforçait encore plus l'attachement un peu dérisoire que je ressentais à son égard. Je pouvais aligner toute une théorie sur notre rencontre, sur les complexes artiste/muse et l'histoire de l'art, mais je finissais toujours par confondre l’œuvre et la vie. Je peinais à déterminer si elle était l'auteur et moi le dessinateur ou si au contraire, mon inspiration l'avait crée de toute pièce. « Probablement rien, » Finis-je par murmurer. « Ça nous permettra peut-être de penser à autre chose. Si tu me cries dessus je ne remarquerais plus que mon bras tremble. Tu ne penseras pas à tes rendez-vous, à ta journée, à ton muffin que j'ai fais tomber … » Je lui adressai un sourire amusé. « Il n'y aura plus que nous et la colère. Avec un peu de chance je découvrirais une grosse veine sur ton front ou au coin de ton œil et j'irais la rajouter dans tous mes clichés de toi pour me venger... » Je ris avec allégresse. C'était un peu gamin, il fallait l'avouer, mais c'était le genre de réaction typique dont je pouvais faire preuve sur le coup. Je tirai la langue en joignant mes mains sur mes genoux cagneux, puis dans un élan de lassitude je me mis sur la pointe des pieds et me tournai vers Riley. « Je ne suis pas très mature parfois. » Déclarai-je en guide de justification.

Je regardais mon appareil photo sans réellement me soucier de son état. J'étais surtout concernée par l'échec, par mon renoncement à l'art, par ma lâcheté et ma faiblesse. Je soupirai en me redressant légèrement. Disparaître. Voilà ma première intention. Je voulais me lever et courir à perte d'haleine à travers les allées du parc, mais je ne pouvais pas me résigner à laisser Riley derrière moi. Je tenais à elle. J'accordais trop d'importance à notre connexion, à ses sourires au coin, à ses larmes invisibles et à sa stature légère. Je m'accrochais à toutes les éventualités qu'elle pouvait m'offrir parce qu'elle semblait être la seule à pouvoir me sauver de la solitude. « Qu’est-ce que tu as ?   »  S'enquit-elle avec douceur. Sa main se posa sur la mienne et je sursautai au contact de sa peau. Elle était froide et translucide alors que je m'étais attendu à ce qu'elle m’enflamme complètement. Je ne bougeai pas, tout du moins, pas volontairement. Je fixais mes doigts contre sa paume mais les tiraillements de mes muscles trahissaient mes efforts d'immobilité. Je restai silencieuse, un instant. Les battements de mon cœur raisonnaient dans mes oreilles comme un tambour de guerre. Comment lui avouer que je souffrais d'une maladie de vieux ? Mes sourcils se froncèrent légèrement. Je me mordis la lèvre inférieure puis je rassemblai mon courage. « Parkinson précoce.   » C'était mon âme qui s'élevait sur mes cordes vocales pour lui répondre. Je ne pouvais pas lui mentir. Je ne pouvais pas plonger dans son regard abyssal sans être fidèle et authentique. Je me rendais bien compte qu'elle était malade elle aussi. Je ne connaissais pas la nature ni l'ampleur de sa condition, et étrangement, mon instinct me poussait à respecter une certaine distance de bienséance. Je ne formulais pas de question indiscrète. Je n'exprimais pas le désir d'en savoir plus, parce qu'au fond de moi, j'avais l'impression de tout connaître d'elle. Toutes les facettes de sa personnalités étaient ancrées dans ma mémoire. Je les oubliais de temps en temps, mais je ne pouvais pas m'en défaire complètement. Je m'éloignai lentement. Je contemplais son visage comme s'il s'agissait d'un rappel constant de ce que j'étais : Elsa St. Claire, la petit fille un peu trop rêveuse. La petite fille perdue dans la cruauté d'un monde d'adulte. Mais, il suffisait que Riley me sourit pour que mon esprit se sente plus léger. « Tu veux qu’on aille autre part pour ça ? Le soleil va bientôt passer derrière les immeubles et il fera plus frais.    » Aller autre part. C'était une bonne idée. Je traînais toujours mon calepin dans mon sac, par habitude. Par entêtement aussi. J'étais étonnée qu'elle se prête aussi facilement aux jeux de l'inconnu, mais sa beauté méritait d'être célébré. Sa prestance me poussait à la suivre n'importe ou. « J'habite chez mon … grand frère.   » J'avais du mal à le qualifier autrement. Nous avions grandi ensemble. Je me réfugiais chez ses parents lorsque les miens finalisaient les modalités du divorce. Je l'avais aimé de manière déraisonnable et aujourd'hui, il était parti. Je baissai tristement la tête avant de me reprendre. « C'est vide et ça sent le tabac froid. Je ne suis pas sûre que tu apprécies l'ambiance. J'ai juste besoin d'une bonne luminosité, alors l'endroit m'importe peu.   » Je me levai en rangeant mon appareil photo. Mes yeux suivaient les mouvements de la foule qui se dispersait au loin. Il y avait une rangée de café et de commerces, puis mon regard accrocha une rampe d'escalier attenant à un ancien bâtiment. « Si je te donne mon sweat, tu n'auras pas froid. Et si tu es gentille, je te laisserais le garder en souvenir.   » Déclarai-je en lui tendant la main. Aller viens. Suis-moi.

 
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