Face au miroir, elle a fait plusieurs fois le tour sur elle-même. C’est une silhouette dont elle n’arrive pas à s’habituer qui s’offre à elle, même si elle est encore loin de ressembler à Kim Kardashian. La voilà qui s’arrondit par endroits. Tous les jours, elle se redécouvre sa nouvelle poitrine, ainsi que son ventre qui prend forme aussi et qui ne s’arrêtera pas de si tôt d’ailleurs. Encore un peu plus de trois mois maintenant et à ce rythme là, elle va finir par éclater. Elle en est certaine, déjà qu’elle est prête à parier qu’elle ne sera plus capable de voir ses pieds d’ici quelques semaines. Étrangement, si elle est encore effrayée à l’idée de devenir mère, elle est comme… rayonnante. Rayonnante-hormonale, probablement. Et puis, il y a la fin des examens, un soulagement en plus du soutien de son entourage. D’ailleurs, aujourd’hui elle doit retrouver Edwin. Edwin, un exemple pour la rouquine. Edwin qu’elle connait depuis le lycée, qui s’est retrouvé père célibataire et qui s’en sort haut la main, à son avis. Bien qu’elle n’ait pas eu l’occasion de lui parler sérieusement, et encore moins face à face, la jeune femme ne serait pas étonnée s’il est déjà au courant, si Kaspar lui en a déjà touché un mot. Mais étant le seul à être véritablement capable de comprendre ses craintes, elle doit le voir. Seul. En tête à tête. Ou avec sa fille, ce qui pourrait peut être la rassurer. Ivana n’en a aucune idée. Sur le chemin, elle ne peut pas s’empêcher de passer par une pâtisserie avec l’envie compulsive de tout acheter et d’en garder au moins la moitié pour elle. « Hello ! » Malgré son grand sourire, elle tremble de la tête aux pieds. C’est toujours aussi effrayant d’évoquer la chose. Elle ne peut pas se contenter de continuer à vivre comme avant et d’attendre l’automne prochain pour réaliser l’ampleur de la chose. Elle n’a rien à craindre, elle le sait. Il n’y aura pas de jugement ici. Rien de ce registre. « Je vous ai pris ça, au passage. » Elle balbutie ces mots comme pour retarder le véritable sujet de sa visite et tente un sourire. La jeune femme évite de préciser qu’elle a du se faire violence pour ne pas se servir dans la boite sur le chemin et lui tend la boite. Son regard glisse sur son ventre proéminent. « Même si ça devient de plus en plus compliqué à cacher, je doute que tu sois encore dans l’ignorance, n’est ce pas ? Je suis désolée, j’aurais voulu qu’on en parle plus tôt ou que Kaspar et moi te l’annoncions en même temps. » Elle soupire. Promis, elle ne va pas ajouter une dose de drame et se mettre à pleurer. C’est fatiguant, elle a déjà pas mal donné dans ce registre, notamment au tout début. D’ailleurs, elle ne serait pas étonnée non plus que son système lacrymal soit complètement à sec maintenant. « Mais c’était effrayant et il a fallu que je me calme. Alors voilà. Comment vas tu ? » Parce que la situation lui échappait totalement et elle, qui est du genre terre à terre, devait absolument retrouver ses esprits.