- edwin - someday i'll be part of your world

Les examens étaient terminés depuis quelques jours déjà, ce qui me laissait beaucoup de temps à tuer avant d'attaquer mes heures aux Starbucks. Il fallait dire aussi que je ne manquais pas de m'ennuyer. Entre se préparer psychologiquement à la venue du mini qui se concrétisera dans cinq mois environ, rattraper le temps perdu avec Chandler, ma meilleure amie, travailler sur les vidéos à faire avec Freddie et.. toute la montagne d'autres chose à surmonter, il y avait de quoi faire. Le mois de mai avait beau être de mise, la météo boudait. Il pleuvait beaucoup ces derniers temps et ça jouait beaucoup sur l'humeur.

Heureusement, quand je m'étais réveillé ce jour là, je n'entendis personne. D'habitude, les cris de Jaz' me servait d'alarme vivant, mais là, non. Peut être avais-je trop bien dormi au point de ne pas l'entendre et qu'à présent, elle a été amenée à une nourrice ou je ne sais qui qui la gardait car je ne signalais pas la présence d'un être humain dans l'appartement. Vu l'heure, ça n'était pas très étonnant, nous étions déjà dans l'après midi et tout le monde avait du sortir faire sa vie en me laissant pioncer comme une marmotte. Inquiet, je vérifiais tout de même si je n'étais pas en retard. Mon cerveau s'était remis en marche et le souvenir d'un rendez vous avec Edwin me revint à l'esprit. Il me restait une demie heure.
Je fonçai dans la salle de bain miraculeusement vide et rien qu'à moi pour prendre une douche d'extrême rapidité, de quoi sentir bon et se rafraîchir. J'enfilai un jean et le premier t-shirt que j'eus sous la main et envoyai un message à Edwin pour prévenir de mon éventuel petit retard.

D'ailleurs, comme si les choses n'étaient pas assez merdiques pour moi, il y avait des problèmes de transport. Pour aller rapidement, j'avais emprunté la voie du métro, mais il y avait forcément des complications pile quand ça m'arrangeait qu'il n'y en ait pas. Je ne prenais pas souvent ce transport en commun, et il fallait croire que l'agence du métro avait une dent contre moi. Presque à chaque fois, il m'arrivait un problème ! En prime, je ne pouvais pas envoyer plus de message que ça étant donné qu'en souterrain, je n'avais pas de réseau.
Quand j'arrivai enfin à Camden, il me fallu trouver le bon apparemment. Comme j'avais retrouvé Edwin, un ancien camarade du lycée donc, depuis quelques jours déjà, nous n'avions pas encore pris le temps de nous inviter l'un chez l'autre. Theodore ne voulait pas d'invité étranger sous peine de traumatiser sa fille ce qui conduisait au fait que j'allais toujours chez les autres. C'était un peu embêtant comme situation d'ailleurs. Vivement que je puisse avoir mon propre chez moi afin d'établir mes propres règles et me défaire de Theodore. Oh, notre relation avait beau s'être NETTEMENT améliorée depuis qu'il m'avait à demi séquestré pour la première fois, toujours était-il que par moment, il restait un gros nul et ça empiétais sur ma vie. Je n'allais quand même pas trop me plaindre. Il m'hébergeait gratuitement – même si au départ ça n'était pas consenti du tout – dans un grand et beau loft au milieu de Londres et il avait beaucoup d'attention envers moi. En fait, il était une sorte de... père spirituel. Un très étrange père spirituel.

Je regardais une fois de plus le nom de la rue puis m'avançait en voyant défiler les numéros. Théoriquement, j'étais sur la bonne voie, et j'espérai vraiment ne pas me planter. Finalement, arrivé sur le perron, je sonnai pour annoncer mon arrivée. Quand je reconnu la voie de mon ami, je fus soulagé de constaté que je ne m'étais pas trompé et que j'étais au bon endroit. Remarque, ça aurait été triste que je me retrouve à l'autre but de la ville. En quatre ans d'errance totale dans la ville, j'avais fini par la connaître comme ma poche, ou presque. Je n'avais pas non plus une mémoire d'éléphant, malheureusement.
Je gravis les escaliers pour finalement arriver devant la porte d'Edwin. Je toquais un coup dessus puis la porte s'ouvrit pour faire apparaître le jeune homme avec lequel j'avais rendez vous.
« Hey salut ! Encore désolé pour le retard, j'ai... dormi plus longtemps que ce que j'aurais cru ! » m'excusai-je d'entrée.

14h30. Je venais de finir mon service en ce début d’après-midi, chose qui annonçait une belle fin d’après-midi et une soirée détente. Les cours et examens étant terminés, je n’avais à me soucier que de mes horaires de boulot en ce moment et de savoir comment m’organiser pour faire garder Emmy. Aujourd’hui, une fois mon service effectué, je savais que j’allai avoir du temps devant moi. Je ne reprenais que le lendemain, pour ainsi effectuer un service nocturne. Certains trouvent ça chiant de bosser la nuit, mais moi, je trouve ça plutôt cool. J’ai l’impression d’être encore un jeune sans responsabilité lorsque j’ai la possibilité d’être hors de l’appartement le soir. Enfin, ça, c’était seulement quand je ne pensais pas au fait qu’Emmy, parfois le soir, avait du mal à dormir et qu’Eleanor, elle, devait lutter pour qu’elle s’endorme sans ma présence à ses côtés. Bon, sans mentir, j’y pensais pratiquement tout le temps. Peut-être même tout le temps. Et, généralement, lorsque je finissais par rentrer à l’appartement, je retrouvais ma sœur endormie dans la chaise à bascule se trouvant dans la chambre de bébé Sweetlove, alors que cette dernière était sur son tapis de jeu, en train de jouer tranquillement. Elle finissait dans mon lit, s’endormant dès la minute suivante dans mes bras. Aussi étrange que cela puisse paraître, Emmy a toujours eu du mal à se laisser aller aux pays des rêves lorsque je ne me trouve pas dans l’une des pièces de l’appartement. Tout le monde parle du lien magique entre une mère et son enfant, mais moi, je pouvais prouver que le lien père-enfant est tout autant exceptionnel.

Il était un peu plus de 15h lorsque j’ouvrais la porte de l’appartement. « Les filles, je suis là. » Lâchais-je à peine une seconde après avoir ouvert la porte. Rapidement, une petite tête blonde déboulait à toute allure -aussi vite qu’elle puisse aller à son âge, bien entendu- depuis sa chambre pour venir se réfugier dans mes bras. « Coucou bébé. » « Coucou papa. » Je souriais en entendant sa petite voix de bébé, déposant ensuite un baiser sur l’une de ses petites joues, tout en fermant la porte d’entrée. Bizarrement, Eleanor n’avait pas encore montré le moindre signe de vie, ce qui était très étrange. Tout d’abord, parce que surveiller Emmy en journée, c’était comme surveillé un petit diable de Tasmanie. Et enfin, parce qu’elle devait prendre son service dans moins d’une heure. Déposant mon sac à dos sur le canapé, je marchais avec ma fille dans les bras en direction de la chambre de ma sœur et, au moment où j’allai toquer sur la porte, la blondinette ouvrait la porte pour en sortir. La surprise nous faisait effectuer un mouvement de recul, avant de nous faire légèrement rire. « Je t’ai entendu rentrer alors je suis allé me préparer en vitesse. Je file, à plus tard. » Elle déposait un baiser sur ma joue, un autre sur la joue d’Emmy et, elle filait ensuite à toute vitesse. Et bien, c’était du rapide tout ça. Enfin, mon ventre me faisait vite comprendre qu’il avait besoin de nourriture et que c’était urgent. Je déposais donc ma fille dans le canapé et allumé la télé pour mettre un dessin animé, puis j’allais vers le frigo. Tandis que je cherchais de quoi me mettre sous la dent, je sentais mon portable vibrer dans ma poche. Je le sortais, voyant un message provenant de Kaspar. Ce dernier m’expliquait qu’il aurait peut-être un peu de retard. Je lui en envoyais un à mon tour pour lui dire qu’il n’y avait pas de soucis. De toute façon, il fallait que je couche Emmy pour qu’elle fasse sa sieste.

Une vingtaine de minutes plus tard, ma fille dormait dans son petit lit avec son doudou à ses côtés. Kaspar ne devrait pas tarder et, normalement, on devrait pouvoir s’amuser tranquillement pendant une bonne petite heure, au moins. J’attendais donc mon ami, fraîchement retrouvé, dans le canapé lorsque l’interphone se mettait à sonner. J’y répondais en vitesse pour ne pas réveiller Emmy et, en entendant la voix de Kaspar, j’appuyais sur le bouton pour déverrouiller la porte d’entrée de l’immeuble. Après deux petites minutes, un coup sur la porte me faisait comprendre que mon ami était derrière la porte. J’ouvrai sans plus attendre. « Hey salut ! Encore désolé pour le retard, j’ai… dormi plus longtemps que ce que j’aurai cru ! » S’excusait-il. « Y a vraiment pas de soucis Kaspar. Viens, entre. » Lui disais-je tout en décalant pour qu’il puisse entrer. Je refermais la porte avant de me tourner vers lui. « Eh bien, voilà. C’est mon humble demeure. » Lâchais-je avec un air amusé. « Tu veux que je te fasse visiter ou on passe direct à la console ? » Finissais-je par lui demander.

Bien que je n'aimais pas être en retard, j'avais la fâcheuse manie de l'être lorsque je devais me rendre à des rendez-vous. Heureusement, la plupart des gens que je devais rejoindre étaient compréhensifs quand cela arrivait. Et puis, j'avais pour habitude de prévenir les gens si bien que j'étais à moitié pardonné.
Heureusement, Edwin faisait parti de ces gens là. Bon, je n'avais pas un retard énorme non plus et j'espérai que je n'allais pas déranger. J'avais réussi à trouver sans trop de difficulté là où il vivait et ça avait eu une avance considérable sur mon retard. Je ne connaissais pas par cœur la ville, mais une grande partie, et Candem Town en faisait parti.

Arrivé à destination, je m'étais aussitôt fondu en excuse pour mon retard. A cela, Edwin me répondit qu'il n'y avait pas de problème avant de m'inviter à entrer. Je soupirai de soulagement et m'exécutai. Comme à chaque fois que je pénétrai un tout nouvel endroit, je me mis à observer un peu partout autour de moi. J'avais une mémoire visuelle et ma curiosité me poussait à le faire.

« Eh bien, voilà. C’est mon humble demeure. » présenta mon ami.
« Whouaaah, j'adore ! »

Quand on me connaissait bien, on savait qu'il m'en fallait peu pour être heureux. Et vu ma situation actuelle, les appartements et biens immobiliers devenaient capitaux pour moi. Je n'avais pas encore eu le temps de m'y consacrer, mais je songeai très bientôt à parcourir les annonces de vente d'appartement afin de m'en payer un. L'héritage d'une vieille tante italienne m'offrait le luxe de le faire et pour avoir été à la rue pendant quatre ans, c'était une des choses que j'aspirais le plus. Sans compter qu'avec la grossesse d'Ivana, je ne pourrais plus habiter chez Theodore et il fallait que je me paye mon propre chez moi.

« Tu veux que je te fasse visiter ou on passe direct à la console ? »
J'arrachai mon regard de l'appartement pour me tourner vers Edwin. Sa question m'avait soudainement rappelé la raison pour laquelle j'étais venu. Choix cornélien. Les jeux vidéo m'avaient TELLEMENT manqués ! Je me surprenais à avoir oublié que nous devions nous y consacrer, honte à moi !

« Bah, pourquoi ne pas faire une visite rapide avant de commencer ? » suggérai-je après un bref temps d'hésitation. Je ne savais pas si je pouvais avoir l'audace de le proposer, mais comme il m'avait posé la question, voilà que j'y répondais et puis au moins, cela allait me permettre de réprer une pièce essentielle : la salle de bain, afin d'éviter de demander où étaient les toilettes si besoin était.
L'appartement d'Edwin ne semblait pas bien grand, comme la plupart des appartements de jeunes locataires. Mais à ce que j'en avais vu, c'était un bel endroit, bien situé qui plus était. Candem Town n'était pas un endroit réputé pour être mal fréquenté, mais je ne pensais pas avoir le luxe de pouvoir m'offrir quoique ce soit dans ce coin là.

« Oh, tu sais quoi ? Je vais pas tarder à chercher de quoi me loger. Je vis chez quelqu'un, une sorte de... colocation, mais il est grand temps que j'ai mon propre toit à moi tout seul. » annonçai-je avec le sourire aux lèvres rien qu'à l'idée d'y penser. Theodore avait été généreux avec moi, étrangement généreux d'ailleurs, mais il était grand temps que je m'en aille. Cela allait me permettre notamment d'échapper à ses règles absurdes et de pouvoir avoir les miennes. J'ignorais si Ivana allait me rejoindre ou non, puisqu'elle m'avait clairement dit qu'elle n'était pas prête à vivre avec moi. J'étais un peu déçu, mais je ne pouvais pas la blâmer. Même avec ce qu'il s'était passé, cela faisait moins d'un an que nous nous étions remis ensemble et malgré cet 'incident', les choses faisaient que tout allait très vite tous les deux. Un peu comme lorsque nous nous étions retrouvés d'ailleurs. A croire que c'était devenu notre rythme.