You hear the screeching of an owl, you hear the wind begin to howl (Fred & Chandler)

Elle avait l'impression que tout se précipitait subitement. Elle s'était réfugié ici sur le coup de la peur, se moquant presque que Kaspar ne lui réponde pas, alors que d'ordinaire, elle se serait énervée et aurait été toquer chez son voisin. Il fallait croire que l'absence du reste de la bande lui donnait des ailes. Elle avait bien conscience d'agir de la même façon avec Kaspar et Fred, c'était bien les deux seuls garçons avec qui elle s'entendait aussi bien ... Mais si avec son ami d'enfance, elle était certaine qu'aucune ambiguité n'existait, elle n'en était pas si sure avec le brun, surtout depuis les quelques minutes qu'elle avait passé en sa compagnie. Ce qui, d'ordinaire, était léger en présence de leurs amis devenait une vraie obsession alors qu'ils étaient en tête à tête. Sa raison lui criait de partir sur le champ, que cela n'était pas raisonnable de rester ici, que ça ne ferait qu'empirer les choses et risquait de faire imploser leur bande de copains. Mais Chandler n'avait jamais été une enfant sage et elle était tellement habituée à n'en faire qu'à sa tête qu'elle bâillonna sa conscience, l'assommant définitivement lorsqu'elle sentit la caresse de Fred sur son visage. Il fallait qu'elle se ressaisisse: que lui arrivait-il pour qu'elle se transforme en fillette dès qu'il se trouvait dans les parages ?  « Et si c'est moi qui m'y mets, que me feras-tu subir ?.» Elle se mit à rougir jusqu'à la racine des cheveux: les images qu'elle avait en tête sortaient totalement  du cadre amical qu'elle entretenait avec Fred. « Euh ... Je ... Tu verras !! » finit-elle par sire en bafouillant comme jamais. Au final, s'installer sur lui comme elle l'avait fait par la suite avait été sa punition pour cet affront: elle avait vu que cela l'avait mis, ne serait-ce qu'un instant, mal-à-l'aise. « Hum non, au moins comme ça, j'ai accès au pot de glace !.» Elle resta, un instant, décontenancée, ne s'attendant pas à une telle réponse. Même si elle n'avait pas l'habitude de faire cela, Chandler se disait qu'elle obtiendrait une réaction, un signe lui indiquant si tenter une approche plus ... Spécifique, était une bonne idée. Soit il s'en fiche, soit il est débile pensa-t-elle, les yeux encore ronds de surprise. « Attention, tiens bien le pot de glace .» Elle cligna des yeux avant de comprendre, s'accrochent à son pot de glace comme à une bouée de secours. Elle poussa un petit cri de surprise quand elle le sentit la soulever qu'elle se retrouva de nouveau plaquée contre lui. Elle baissa les yeux, craignant de croiser de nouveau son regard, fixant avec attention le pot de glace qui avait légèrement plié sous ses doigts crispés. « Han ! Je sais ! Je viens d'avoir une idée de châtiment ! » dit-elle une fois ses esprits retrouvés. « Pour m'avoir secoué comme un prunier à l'instant, m'empêchant de déguster tranquillement ma crème glacé, pour avoir oser piocher dedans également... » Hôpital qui se foutait de la charité quand on savait qu'elle squattait chez lui et vidait ses placards « ... Je te ligoterais et te ferai écouter en boucle des chanteurs à midinette pendant toute une journée ! » Chandler força un rire faussement machiavélique avant d'ébouriffer les cheveux du jeune homme, ignorant les frissons qu'elle ressentait à sentir les doigts de Fred dans les siens.

« Je lance le film, sinon je pense qu'on y sera encore jusqu'à la fin de la semaine !  » Elle acquiesça, rougissant lorsqu'elle fut collée encore plus à lui alors qu'il attrapait puis reposait la télécommande. Une idée surgit dans son petit esprit tordu. La mélodie bien connu promouvant le studio producteur en fond sonore, elle posa sa cuillère dans le pot, libérant son unique main, l'autre tenant toujours le pot pour permettre à Fred de piocher dedans sans avoir à trop bouger. Si elle avait été spectatrice, elle aurait presque put parier sur une scène quotidienne d'un couple comme un autre et cette pensée lui fit tout drôle. Pouvait-elle vraiment s'imaginer ainsi avec lui ? Elle avait l'impression d'avoir nager toute sa vie d'un océan étiquetté Friendzone dont elle voulait sortir pour les beaux yeux d'un ami. Elle n'oubliait pas avoir l'âge de sa soeur et se demandait s'il restait là, avec elle, à regarder un film idiot parce qu'il cherchait à la rassurer comme un frère le ferait, comme Kaspar le ferait, ou si, lui aussi, imaginait d'autres circonstances ... « Fred ? » finit-elle par demander d'une toute petite voix. « Je crois que j'ai bien plus ... Hem ... Fin mieux que de te forcer à écouter du Biebeurk en boucle ... » Elle détourna le retard pour regarder l'écran comme s'il était soudainement la chose la plus intéressante de la pièce. « Tu ... Hum ... M'accorder une soirée rien que toi et moi ... » Elle n'osa pas tourner la tête dans sa direction, trop effrayé par la tête qu'il pourrait faire, les idées qu'il pourrait avoir. Peut être était-ce le moment de sortir une petite phrase qui tuerait le motif sous-jacent de sa proposition. Si le film nous plait, on pourrait se refaire une soirée comme ça tenta-t-elle intérieurement. Mais elle même n'y croyait pas. Finalement, elle prit son courage à deux mains et se tut, le coeur battant comme celui d'un condamné sur la chaise électrique.

Jamais Chandler n'aurait pensé que la soirée se termine de cette manière: une heure avant, elle travaillait sur un important devoir et était dérangée par des bruits sortis d'on-ne-sait-où et à présent, elle était lovée contre Fred Cordwell. Et le pire dans l'histoire: c'était qu'elle aimait ça ! Elle qui s'était résolue à ignorer ce qu'elle commençait à ressentir pour lui, en espérant que cela se transforme en amitié fraternelle comme avec Kaspar, se retrouvait aujourd'hui heurtée de plein fouet par son propre coeur qui ne se contrôlait plus du tout. Elle avait l'impression que Fred pouvait faire ce qu'il voulait sans qu'elle ne dise un mot et, pour la blonde qui avait toujours été une forte tête, c'était difficile à accepter. Même si en public, ils continuaient de se chercher, Chandler était obligée de reconnaitre qu'en privé, l'un comme l'autre déposaient les armes au profit de moment plus tendre et bien moins amicaux. Au final, regarder Bambi avec Kaspar, quelque jours plus tôt, avait eut du bon: même si elle n'assumait pas pleinement ce qu'elle ressentait pour son ami, et ne s'imaginait absolument pas comme une écervelée qui glousserait en le voyant, elle avait accepté pouvoir le voir d'une manière bien moins chaste. Il ne fallait sous-estimer l'exploit qui venait de se produire ! La blonde appréhendait néanmoins la réponse de son nuggets préféré. D'un coté, elle se demandait si ce qu'elle ressentait pour lui avait un chance d'être réciproque et de l'autre, elle aurait voulu disparaitre pour toujours. Lorsqu'une main vint l'obliger à le fixer dans les yeux, Chandler eut juste l'impression de mourrir de honte: il allait encore se moquer d'elle ! « J'en serai ravie Melle Daniels mais à une seule condition...» Trop choquée par sa réponse positive, l'américaine hocha la tête plus par automatisme que par réelle compréhension. Des tas de choses passaient dans son esprit sans qu'elle n'arrive vraiment à les saisir. Fred. Venait d'accepter de la revoir sans toute la clique autour ... C'était presque trop pour son petit cerveau fatigué. « ...que tu acceptes un vrai rendez-vous, dans les règles de l'art .» Elle allait de surprise en surprise ! Lorsqu'il déposa un léger baiser sur sa joue, Chandler se demanda si elle était vraiment éveillée ou si tout ceci n'était que le fruit de son imagination. « Dans les règles de l'art ? » Repeta-t-elle doucement comme si aller moins vite lui permettrait de mieux comprendre. « D'accord. » finit-elle par lui répondre, encore peu certaine de ce qu'il avait voulu lui dire.

Décidant que son coeur avait suffisamment jouer la carte de l'ascenseur émotionnel, la blonde se concentra sur le film qui venait de démarrer, posant sa tête contre l'épaule de Fred d'une manière bien plus câline que quelques minutes auparavant. Les minutes passèrent dans une étrange normalité et Chandler finit par s'endormir, épuisée par son trop plein d'émotion, bercée par la respiration régulière de Fred. Sa dernière pensée, avant de sombrer dans les bras de Morphée, fut qu'elle ne devait rien dire à Kaspar pour le moment. Fred lui plaisait, c'était indéniable. Et elle ne voulait pas prendre le risque d'ameuter la curiosité de son ami d'enfance pour une relation qui n'existerait peut être jamais ... Bien qu'anxieuse d'avoir mal interprété les paroles de Fred, Chandler finit par sombrer en se disant que finalement, il n'y avait pas meilleur endroit pour passer la nuit.