"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici if we only die once, i wanna die with you (eugenia) 2979874845 if we only die once, i wanna die with you (eugenia) 1973890357
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() message posté Jeu 12 Juin 2014 - 15:22 par Invité
Scarlet and Eugenia Lancaster + Sans que Scarlet ne se rende compte de rien, une routine s’était installée. Elle s’était imposée un rythme particulier, une habitude dont elle ne pouvait se défaire et à présent, elle n’en avait même plus envie. Chaque nuit, elle ne dormait que peu. Cinq heures dans ses meilleurs jours, trois en temps normal. Le reste de la soirée, elle la passait sur le canapé, les yeux rivés sur l’écran de la télé, le son au minimum. Parfois, elle laissait la télé éteinte et se positionnait à côté d’une lampe pour éclairer les pages de son livre. Mais elle ne dormait pas. Elle ne dormait plus, plus vraiment et ce depuis un peu plus d’un an. Elle était incapable de s’assoupir trop longtemps, incapable de faire face aux images qui défilaient derrière ses paupières closes, presque chaque nuit. Mais surtout, être éveillée lui permettait de garder une oreille sur la porte de sa sœur. Scarlet avait toujours eu un sommeil de plomb et s’endormir voulait dire qu’elle n’entendrait pas ses appels si elle avait besoin d’aide. S’endormir voulait dire qu’elle la mettait en danger, encore une fois. Le faible son provenant de la télévision du salon lui permettait de se rappeler ce simple fait, alors que ses yeux se perdaient dans les images qui bougeaient sur l’écran. Cette fois-ci, elle avait du résisté à l’envie de lancer un épisode de Game of Thrones, par respect pour son rituel avec sa sœur et c’était donc devant un documentaire animalier qu’elle s’endormait à moitié à présent. Elle tentait tant bien que mal de garder les paupières ouvertes mais c’était peine perdue. L’appartement était bien trop calme, surtout depuis qu’Emery avait déménagé. Elle ne savait pas exactement pourquoi la blonde avait déménagé mais elle ne pouvait nier qu’elle avait été soulagée de plus l’avoir dans leurs vies. Du moins, jusqu’à ce qu’il s’avère qu’il était compliqué de trouver un autre colocataire. Elles ne pouvaient évidemment pas compter sur leur demi-frère, qui squattait dans prévenir et sans payer, bien évidemment. Au lieu de quoi, cela allait bientôt faire un mois qu’elles vivaient seules et cela commençait à se faire ressentir. C’était en partie pour cela qu’en plus de la télévision allumée, Scarlet avait le journal posé sur les genoux, un stylo dans les mains et entourait les annonces d’emplois qui l’intéressaient. Elle avait deux options. Elle pouvait soit trouver un travail mieux payé que celui de son poste de vendeuse chez HMV, soit en trouver un deuxième, de nuit. Mais cette dernière perspective lui faisait peur, n’ayant pas envie de laisser sa jumelle livrée à elle-même aussi longtemps. Se frottant la tempe, les paupières closes, la brune finit par mettre le journal et le stylo de côté avant de se relever et de se diriger vers la cuisine. Elle pouvait déjà sentir ses paupières s’alourdir mais pourtant, il était encore trop tôt pour elle. A deux heures du matin, elle ne dormait généralement pas. D’un geste machinal, elle mit de l’eau à chauffer, avant de remplir une tasse de café soluble. C’était peut-être pour cela qu’elle n’arrivait pas à dormir d’ailleurs, sa consommation de café étant bien supérieure à la normale. Mais elle n’avait jamais voulu essayer de ne pas en prendre pour essayer de dormir toute une nuit. Pas tant que sa jumelle aurait besoin d’elle. Le mug fumant entre les mains, la jeune femme retourna s’asseoir sur le canapé, abandonnant l’idée de lire toutes les petites annonces et sirota sa boisson, le regard rivé sur l’écran. Le café ne tarda pas à la réchauffer toute entière et elle ne tarda pas à fermer les paupières, pour profiter une minute d’un peu de relaxation. Ce fut le bruit de la tasse rencontrant le sol qui la réveilla en sursaut. Elle s’était assoupie et elle lui avait échappé des mains. Mais malgré le café qui se répandait sur le parquet, elle ne parvint pas à y prêter attention. Pendant plusieurs secondes, voire plusieurs minutes, elle n’avait pas pu prêter attention à Eugenia, si bien qu’elle se leva, faisant plusieurs pas vers sa chambre, l’oreille tendue. Elle pouvait percevoir des bruits, sans parvenir à déterminer quoi, si bien qu’elle se rapprocha encore plus, avant de finalement entrebâiller un tout petit peu la porte. Des gémissements. Immédiatement, Scarlet ouvrit plus grand la porte et s’avança rapidement vers le lit où sa sœur faisait visiblement un cauchemar. Abaissant la barre d’un côté de son lit, la brune s’assit doucement. C’est à ce moment que sa sœur se mit à crier véritablement et que Scarlet sut qu’elle s’était réveillée. Immédiatement, sa main trouva le bras de sa jumelle.
« Ginny, Ginny, c’est moi, t’inquiète pas, » prononça-t-elle dans un murmure.
Elle lui frotta le bras doucement, attendant qu’elle se calme.
« Je suis désolée de t’avoir réveillée mais tu faisais un cauchemar. »
Avec le peu de lumière qui filtrait du salon, elle put voir la lueur de panique quitter peu à peu les yeux de sa jumelle.
« Ça va ? Tu veux que je m’en aille ? »
Elle ne voulait pas s’imposer mais le simple fait de savoir qu’Eugenia faisait des cauchemars pareils lui était insupportable. Le simple fait de savoir que cela était sans doute par sa faute l’était encore plus.
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() message posté Jeu 12 Juin 2014 - 17:36 par Invité
if i die young, bury me in satin, lay me down on a bed of roses, sink me in a river at dawn. send me away with the words of a love song. ✻✻✻ Dans mes rêves, la plupart du temps, je pouvais marcher. Dans mes cauchemars, également. Courir, même. Me servir de mes jambes pour simplement me lever. Les médecins m’avaient souvent dit que j’allais oublier les sensations que cela faisait ; que, peu à peu, mon esprit s’appliquerait à effacer tous les souvenirs que je pouvais bien avoir pour ne me laisser que ceux avec mon fauteuil. C’était un processus normal. Le processus habituel. Ma mémoire était censée s’adapter à ma situation actuelle. Mais ils se trompaient. Ils s’étaient tous trompé. Je ne parvenais pas à oublier ce que cela faisait ; tout comme je demeurais intimement persuadée qu’une personne devenue aveugle ne pourrait jamais oublier à quoi ressembler la couleur rouge. Je ressentais ces choses. Je ressentais ce que cela faisait. Les souvenirs étaient là, au fond de mon esprit. Au fond de mes espoirs. Leurs discours scientifiques n’étaient faits que pour soulager la conscience des patients. Leurs discours scientifiques n’étaient faits que pour donner de l’espoir à des personnes qui étaient condamnées, à leur manière. A des personnes qui n’auraient plus de rêve si on ne leur vendait pas un peu de bonheur. Ils ne m’avaient jamais dit, après tout, que je revivrais toutes les nuits ces douleurs qui m’avaient hanté pendant des mois. Ils ne m’avaient jamais dit, après tout, que j’aurais mal. Que j’aurais à prendre divers médicaments. Que je me replierais sur moi-même, simplement parce que je ne pouvais même plus supporter la vue de ma propre personne dans le miroir.
Ils ne m’avaient vendu que de l’espoir. On m’avait promis que tout irait bien. On m’avait promis qu’il existait des chances que je puisse me remettre sur mes deux jambes. Cependant, on ne m’avait jamais promis qu’il existait également une forte probabilité pour que je ne remarche jamais.
C’était la nuit, généralement, que je me retrouvais debout. C’était la nuit, généralement, que je retrouvais la capacité de marcher. C’était la nuit, aussi, que je retrouvais ces douleurs qui avaient failli m’emporter. Mais je ne m’en souvenais qu’une fois sur deux de ces songes qui sortaient tout droit de mes souvenirs. Mon esprit ne supportait que très peu certains épisodes de ma vie.
Je courrais. Il faisait noir. La peur envahissait mes veines, et je continuais ma course comme si ma vie en dépendait. Je ne parvenais pas à réfléchir. La seule chose qui m’importait était de fuir. Fuir, loin, très loin.  J’entendais des bruits autour de moi, des flammes qui crépitaient doucement, un feu qui brûlait sauvagement. Des craquements divers. Des hululements lugubres. Ma peau me brûlait. Me démangeait. Ma gorge était sèche ; j’avais beau crié pour de l’aide et personne ne venait m’aider. Personne ne venait me secourir. J’étais seule. Seule avec ma propre personne. Seule au beau milieu du noir. La fumée de l’incendie me faisait suffoquer. Mais je ne pouvais pas le voir. Alors, je me rendis compte que le feu brûlait à l’intérieur de mon corps, et je me mis à hurler.
J’ouvris les yeux, et de l’oxygène pénétra dans mes poumons.
Je respirai à grande goulée, tandis que je continuai de me débattre en suffoquant à moitié. Je paniquais lorsque je me rendis compte que j’étais incapable de bouger mes jambes. J’avais essayé, mais rien n’y faisait ; j’avais beau essayer, mais je restais coincée là. Une main me saisit le bras et de nouveaux cris s’échappèrent de ma gorge. J’étais piégée. Mon propre corps ne me répondait plus. Mon propre corps ne m’obéissait plus. Mes jambes. Je me demandais ce qu’avaient mes jambes. « Ginny, Ginny, c’est moi, t’inquiète pas. » La voix de ma sœur me ramena sur Terre. Je tournai la tête vers elle, et je sentis mon rythme cardiaque doucement se calmer. Je déglutis avec difficulté, une centaine d’émotions m’assaillant. J’étais saine et sauve. J’allais bien. Je n’avais rien à caindre.
J’étais handicapée.
Les larmes montèrent à mes yeux sans que je ne parvienne à les retenir. Ma sœur, elle, s’appliqua à me frotter doucement le bras comme pour m’apaiser. « Je suis désolée de t’avoir réveillée mais tu faisais un cauchemar. » Un cauchemar, oui. J’hochai la tête en assimilant cette information, déglutissant avec difficulté à mesure que les sanglots remontaient dans ma gorge.  Un cauchemar, oui. Mais en était-ce réellement un ? Je pouvais marcher, à l’intérieur. Ma réalité était un cauchemar, elle aussi. Qui étais-je pour en venir à espérer de vivre dans mes terreurs nocturnes plutôt que dans ma véritable existence ? « Ça va ? Tu veux que je m’en aille ? » me demanda doucement Scarlet. Je secouai la tête à la négative avec plus de vigueur que nécessaire. « Non. Reste, s’il te plait. » J’avais prononcé mes mots dans un murmure presque inaudible, la voix brisée par mes propres désillusions. Je posai ma main par-dessus la sienne.
J’étais incapable de me regarder dans le miroir, oui. Je me trouvais beaucoup trop pathétique. Pauvre petite fille fragile. Je n’assumais pas le fait d’être faible. Le fait d’avoir besoin des autres. Le fait d’être hanté par un évènement que j’aurais préféré oublier. « J’ai besoin de… D’une présence. Je… C’est juste cinq minutes, promis. » poursuivis-je. Je voulais chasser ces larmes. Chasser cette détresse. Dans mes rêves, je marchais, oui. Dans mes rêves, je courrais, aussi. Cependant, à chaque réveil, j’oubliais que tout ce qui avait bien pu se passer dans mon esprit n’était pas réel. Chaque matin, je me rappelais que je ne pouvais plus me servir de mes jambes.
Et, chaque matin, j’avais l’impression de réapprendre la nouvelle pour une millième fois.
Je pris une profonde inspiration, demeurant silencieuse pendant quelques instants. Puis, finalement, je tendis le bras pour saisir la poignée d’hôpital installée au-dessus de ma tête. Je me redressai tant bien que mal, et je poussai un soupir. « Je ne t’ai pas réveillé, hein ? » a main alla essuyer la larme solitaire sur ma joue, comme si cela n’était pas réel. Comme si je n’étais pas hantée par des souvenirs que j’étais supposée avoir oublié.
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() message posté Jeu 17 Juil 2014 - 21:53 par Invité
Scarlet and Eugenia Lancaster + On pouvait dire que rester éveillée était délibéré pour Scarlet. On pouvait dire qu’elle s’empêchait de dormir, volontairement. Et cela avait en grande partie un rapport avec le fait qu’elle ait l’impression que son devoir était de veiller sur sa jumelle. Cependant, il y avait une autre partie, qui au fond, était la véritable raison, faisant de sa protection envers sa sœur une simple excuse. Une autre partie, dont elle ne pouvait se défaire, une autre partie appelée cauchemars. Chaque nuit pendant plus de six mois, sans exception, elle avait revu l’accident derrière ses paupières closes, d’une manière ou d’une autre. Elle avait vu le corps de sa sœur, mutilé au point d’être inutilisable, mutilé au point d’être méconnaissable. Et chaque nuit, elle avait entendu cette voix, cette voix qui revenait souvent en plein jour, cette voix qui lui disait c’est de ma faute, c’est de ma faute, c’est de ma faute. Cette voix qu’elle s’appliquait à ignorer, car elle savait qu’elle ne pourrait pas se relever si elle venait à l’écouter. Mais elle devait le faire, se relever jours après jour, pour Eugenia. Elle n’avait tout simplement pas le droit d’abandonner, pas le droit de baisser les bras, pas le droit de laisser ses émotions la submerger. Elle se contentait de tout repousser au plus profond d’elle-même, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un sourire sur son visage. S’empêcher de dormir, faire comme si le monde avait véritablement continué à tourner n’étaient que de petits moyens pour s’empêcher de se laisser dévorer par la culpabilité. Mais lorsqu’elle voyait sa sœur au plus mal, souffrant de son état, souffrant, tout court, cette culpabilité lui revenait comme une claque en plein visage. Ses pleurs étaient le pire, ses larmes qu’elle ne pouvait tarir, quoiqu’elle fasse. Ce n’était pas la première fois qu’elle devait se précipiter au chevet de sa sœur au milieu de la nuit. Si Scarlet avait été victimes de cauchemars récurrents dans les mois suivant l’accident, cauchemars toujours bien présents, même si moins nombreux, Eugenia, elle, en avait sans doute connu de biens pires. Du moins, c’était toujours ce qu’avait suggéré ses cris lorsqu’elle finissait par se réveiller. Lorsqu’elle finissait par se rendre compte de la réalité, sans doute. Réalité à laquelle Scarlet avait également toujours du mal à se faire. Bien trop souvent, elle oubliait. Bien trop souvent, elle se levait comme s’il s’agissait de n’importe quel autre jour banal et devait retenir un mouvement de recul en voyant sa sœur émerger de sa chambre, assise sur un fauteuil roulant. Elle devait retenir les larmes qui lui montait aux yeux, alors qu’elle voyait dans l’expression de sa jumelle qu’elle s’y faisait encore, à cette vie. C’était de sa faute si elle était dans cet état, autant physique que psychologique. Alors c’était à elle de travailler, à elle de mettre la nourriture sur la table, à elle de passer des heures à chercher un magasin vendant des meubles adaptés, à elle, enfin, de sécher ses larmes. De la rassurer. De lui dire que tout irait bien, même si c’était le plus gros mensonge qui soit jamais sorti de sa bouche, même si elle s’efforçait encore de le croire, elle aussi, sans réellement y parvenir. La lumière avait beau être faible, Scarlet pouvait voir clairement l’air paniqué de sa jumelle. Tout ce qu’elle pouvait faire en cet instant était de lui frotter le bras et de lui demander si elle avait besoin de solitude. Elle pouvait se douter qu’elle était la dernière personne qu’Eugenia voulait voir, surtout si elle était la cause de ses cauchemars. Pourtant, elle lui demanda de rester et Scarlet ne se fit pas prier, attendant que sa sœur réussisse à redresser en position assise.
« Non, t’inquiète pas. Je ne dormais pas de toute manière, » répondit la brune dans un souffle.
Même si cela avait été le cas, Scarlet avait mentit. Son sommeil n’était pas si précieux que cela, pas si Eugenia avait besoin d’une présence.
« J’ai tout mon temps, tu sais, » reprit-elle au bout d’un petit moment. « Je peux rester. »
Doucement, sa main vint retrouver une nouvelle fois celle d’Eugenia, pour la serrer dans un geste qui se voulut rassurant. Si par le passé, ce genre de geste affectif n’avait jamais été nombreux pour Scarlet envers sa jumelle, à présent, il semblait qu’ils n’étaient plus suffisants.
« Tu veux en parler ? »
Elle ne savait pas ce dont sa sœur avait besoin mais elle se devait de demander. Cependant, elle ne savait pas non plus si elle voulait entendre qu’elle avait rêvé de l’accident, elle aussi.
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() message posté Lun 25 Aoû 2014 - 18:20 par Invité
if i die young, bury me in satin, lay me down on a bed of roses, sink me in a river at dawn. send me away with the words of a love song. ✻✻✻ Le sommeil avait toujours été une sorte d’échappatoire. J’étais restée allongée dans mon lit bien plus longtemps que nécessaire, au cours de l’année qui venait de s’écouler. J’avais aussi trouvé refuge sur le canapé, enfouie dans les couvertures, mon fauteuil loin de ma vue pour tenter d’oublier. Mais je n’oubliais que dans mes rêves. Je n’oubliais que dans ces instants où je courrais pour ma vie, dans ces instants où finalement j’aimerais bien rester. Je n’avais pas peur de mes rêves. Je n’avais pas peur de mes cauchemars. J’étais simplement effrayée par mes réveils, ces réveils bien plus douloureux que nécessaires. J’avais peur de la réalité. Suite à l’accident, je m’étais surprise à plusieurs reprises de souhaiter rester dans mes songes. De rester là. Cet univers m’avait paru plus facile que ce quotidien que j’avais fini par avoir. Je pris une profonde inspiration en tentant de calmer mes tremblements. J’avais mal à la tête. Mal au ventre. Mal au cœur. J’étais fatiguée d’être courageuse, fatiguée d’aller en rééducation et tomber pour me relever. J’aimerais simplement qu’on me laisse à terre. Qu’on me laisse tranquille. Qu’on me laisse échouer. J’étais lasse de ces espoirs, lasse des mots d’encouragement des médecins, des regards dégoulinant de pitié de mes parents qui m’accordaient bien trop de privilèges. Ils pensaient dire ce que je voulais entendre. Ils pensaient me donner l’espoir dont j’avais besoin.
Mais, la vérité, je voulais simplement qu’ils mettent un terme à toutes ces désillusions. Je voulais simplement qu’ils abandonnent mon cas, parce que je faisais partie de ces cas que l’on ne pourrait jamais sauver.
La main de ma sœur sur mon bras était apaisante et, doucement, mes craintes semblèrent rendre les armes et se retirer. Elles retournèrent ronronner au fond de mon être, attendant patiemment mon prochain réveil lorsque j’oublierais de nouveau. Mes yeux cherchèrent ceux de ma sœur dans le noir tandis que je lui demandai de rester, mais je ne parvins qu’à apercevoir l’inquiétude qui creusait ses traits. Je savais qu’elle se voulait réconfortante mais qu’elle ne parvenait pas toujours à y parvenir. Je savais qu’elle s’en voulait inutilement mais les mots demeuraient coincés au fond de ma gorge. J’aurais aimé la prendre dans mes bras pour lui dire que tout irait bien mais je savais que cela ne serait plus le cas. « Non, t’inquiète pas. Je ne dormais pas de toute manière. » me répondit-elle et j’esquissai un sourire triste. Je savais qu’elle ne dormait que très peu. Qu’elle veillait. Qu’elle se laissait aller aux insomnies comme si elles pouvaient la libérer comme mes songes pouvaient me libérer. Elle avait peur de ses songes. J’avais peur de la réalité. Nous n’étions plus que des choses brisées et fragiles. Le prix à payer pour que nous commencions à être comme des sœurs avait été cher payé. « J’ai tout mon temps, tu sais. Je peux rester. » finit-elle par m’assurer. Sa main attrapa doucement la mienne et je sentis mon cœur se serrer. Je me sentais idiote et puérile. Faible et insignifiante. Je pris de profondes inspirations tandis que je me souvenais de la panique qui avait bien pu m’envahir. « Tu veux en parler ? » Je secouai la tête. Je ne voulais pas qu’elle s’en veuille plus que nécessaire. Je ne voulais pas lui infliger la terreur que je ressentais à chaque fois que je me réveillais pour me rendre compte que je ne pouvais plus marcher. Doucement, je tapotai le matelas à côté de moi pour qu’elle vienne s’y allonger. Mon lit avait toujours été trop grand pour moi, après tout. Je n’utilisais jamais les deux places, hormis lorsque Bartholomew trouvait opportun de venir s’échouer à mes côtés lorsque j’étais assoupie. Je ne pouvais pas réellement me déplacer dans mon propre lit, après tout. Je n’avais personne dans ma vie pour finalement ne plus être seule. Mais peu importe. Je ne m’étais jamais résolue à avoir un lit simple. « Je ne veux pas t’embêter avec ça. » murmurai-je en attendant qu’elle me rejoigne. Lorsqu’elle finit par s’allonger, j’en fis de même, le visage tournée vers elle et le bras sous mon oreiller. « Ne t’inquiète pas, je ne rêve pas de… De l’accident, tu sais. C’est des rêves stupides. J’ai l’impression de faire des cauchemars comme une petite fille. Ça finira par me passer. Ça passe toujours. » J’étais résolue à ne pas admettre devant elle que j’oubliais mon handicap toutes les nuits. J’étais résolue à la protéger à ma manière, comme j’avais toujours pu le faire. Silencieusement. Dans mon coin. Dans l’ombre. Et tout cela sans qu’elle ne finisse par le savoir un jour. Sans qu’elle ne le sache.
J’avais toujours aimé ma jumelle de loin, sans lui dire directement ou lui en faire part. Ça avait été notre manière de faire. Notre manière d’agir. Nous avions grandi de cette façon. « Tu as eu des nouvelles de papa ou maman ? » demandai-je doucement comme pour changer le sujet de conversation. « Tu sais, je les adore. Sincèrement. Ils sont les meilleurs parents du monde mais… Pour être honnête, je commence sincèrement à en avoir marre qu’ils me traitent comme une petite fille fragile. Tiens, par exemple, la semaine dernière maman a recommencé à m’appeler deux fois par jour pour vérifier que je suis toujours… Vivante, je suppose. » Je parlais, parlais, parlais, comme pour oublier ce rythme cardiaque toujours affolé et ces craintes qui me rongeaient. Je parlais, parlais, parlais, comme pour lui faire penser à autre chose et lui montrer que j’étais positive, souriante, que mes cauchemars ne m’arrêteraient pas.
Après tout, c’était vrai : les cauchemars ne m’arrêteraient pas. C’était la vérité qui le faisait.
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