Un cœur détruit ne va devenir que cendres — Alaska E. Wilson

Je ne me définirais pas comme ces gens que vous pouvez voir dans la rue. Je me définirais comme quelqu'un de trop original, trop soumis pour avoir, peut-être, quelconque relation sociale ou autre.
Je suis née à Séoul, en Corée du Sud et lors de ce moment, mon père me l'a rappelé, les infirmières disaient que j'étais un chef d'oeuvre de la nature. Ça a bien évidemment flatté mes parents. Ils étaient fiers d'avoir une petite fille car c'était leur rêve le plus cher. Il n'y eut plus d'enfants par la suite. 3 ans après ma naissance, après avoir passé un début d'enfance heureux et sans problèmes, mes parents commencèrent à se disputer assez violemment et quelques années plus tard, mon père commença à battre ma mère. Elle ne disait rien, elle qui avait pourtant peur de peu de choses, elle qui était pourtant courageuse, très courageuse. Les ténèbres venaient chez nous et prenaient sauvagement mon père dans leur monde.

Je ne saurais que dire de mon enfance. J'étais heureuse même si j'étais assez solitaire, ayant peu d'amis, et mon père battant ma mère. On était riches, on avait du luxe à la maison, on vivait dans le luxe, le beau luxe. Mais je ne me vantais jamais, je ne disais rien à propos de cela de peur de me faire insulter par ces cons d'élèves, moutons tous autant qu'ils étaient, à dire tels compliments juste pour enrôler les gens dans leurs bandes.
Aussi, je prenais des cours de peinture sans le dire à mes parents et bien évidemment, ces cours étaient payants. Quand mon père l'apprit, bah, il entra un peu dans une colère noire et m'éjecta de la maison pendant une journée. Je mendiais dans la rue pendant des heures.

Mon adolescence ? Sans plus. Je déprimais souvent, j'étais heureuse des fois, j'étais très bonne élève. Pourquoi épiloguer sur cela alors que c'est sans intérêt ?
J'étais toujours aussi solitaire, avec peu d'amis mais je m'en fichais. Moi, ce qui m'intéressait, c'était mon chez moi, enfin, plutôt ma chambre où je pouvais me réfugier et les cours, c'est tout.
J'étais pas une personne, j'étais une fleur. Une fleur sensible, rouge comme le sang. Ah oui, parce que je me mutilais des fois quand j'étais triste. Et le sang tachait la neige. La neige signifiait ma froideur sensuelle. Le sang signifiait ma solitude. Deux amis, deux ennemis ? Je ne sais pas, je ne savais plus.
Et à mes 14 ans, à ma plus grande surprise, nous déménageâmes de Séoul pour aller à Londres, capitale si extraordinaire, si magnifique ! C'était très excitant, j'allais enfin avoir une nouvelle vie plus intéressante, moins noire, moins en mode chaos. Et beaucoup de choses s'amélioraient de jour en jour, comme si j'étais la reine des neiges devenue la reine des soleils. Mon père calma vite ses pulsions de frapper ma mère ce qui nous soulageait tous.
Il prenait des médicaments et voyait une psychologue alors ça l'aidait. Et puis, en parlant de moi, je passais presque tout mon temps à peindre alors bon. J'étais naïve dans le nouveau monde qui s'offrait à moi lorsque je peignais. Mais j'étais heureuse, j'éprouvais un grand plaisir.
Les années passèrent vite et je deviens enfin une adulte. Je peignais tout autant qu'avant ; je fis vite de beaux tableaux et en vendirent quelques-uns à différentes maisons de coutures qui voulaient moderniser leurs ateliers. Je faisais aussi des expositions privées, publiques dans des centres commerciaux, des magasins. Toutes sortes d'endroits en fait. Et ça attirait les gens. C'est grâce à cela que je suis devenue assez célèbre. Mais aussi grâce à mon site Internet où je vendais quelques-uns de mes tableaux et quelques doubles de ces mêmes tableaux. Un jour, un homme m'a appelé. Il m'a acheté un tableau pour 10,000 £. J'ai cru que j'allais mourir, je n'y croyais pas mes yeux. Et vous savez quoi ? J'ai donné 9,000 £ à une association.

Ce sont lors de moments comme celui-ci qu'on se dit que la vie vaut la peine d'être vécue, juste pour le bonheur qu'on a et qu'on procure.