"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici only the dead have seen the end of war ft Olivia 2979874845 only the dead have seen the end of war ft Olivia 1973890357
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only the dead have seen the end of war ft Olivia

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() message posté Ven 6 Mar 2015 - 18:09 par Invité
“ We leave something of ourselves behind when we leave a place, we stay there, even though we go away. And there are things in us that we can find again only by going back there. ”    Je me tenais droit face aux tombeaux de mes ancêtres. La famille Von Ziegler avait juré allégeance à une patrie que je ne reconnaissais plus. Je voyais les inscriptions endeuillées  s’étaler sur les épitaphes sans parvenir à distinguer les lettres ou les sens cachés des mots.  Ma belle Amérique s’était brisée dans l’éclat d’une nuit éternelle. J’avais toujours eu le sentiment d’appartenir à une réalité différente, mais c’était la première fois que je réalisais toute la désillusion de mon existence. Je me tenais en équilibre entre les morts et les vivants, sans savoir de quel côté penchait la balance. Où demander mon chemin ? Comment retrouver ce que j’avais perdu ? L’aurore se dissipait dans l’horizon lointain afin de teinter le ciel de pâleur. Je clignai des yeux en interrogeant les étoiles, mais le silence béni de la nature me percutait de plein fouet. Je n’avais aucune réponse à mes interrogations.  Il y avait une certaine misère dans mon attente. L’ignorance était un cercle inachevé qui avalait vicieusement les fragments de mon âme éplorée. Pourquoi revenir troubler le deuil de mes proches ? Je me posais réellement la question.  L’air frais se déversait dans mes poumons comme si la vie n’était qu’un simple automatisme de mon corps, mais mon cœur sombrait petit à petit dans l’effroi des ténèbres. Tout était muet et vide. Sans joie. Pas de compassion. Rien du tout. Les parfums des fleurs fanées s’évanouissaient comme un souffle de flûte désagréable. J’étais bien loin des déserts de Jalalabad et des bombardements effrayants de mon commando,  mais une partie de moi restait en suspens dans le passé. Je me languissais de mon fusil de précision et des directives de mon guide à lunette monoculaires. Le son des coups de feu m’émouvait sans cesse, il m’empêchait de trouver le répit car je n’en méritais aucun. Les fantômes et les silhouettes des talibans me suivaient partout. On m’avait rappelé pendant quatre longues années que je n’étais que le pantin d’une politique capitaliste et  trompeuse. On m’avait ouvert les yeux sur l’horreur de l’humanité. La guerre aussi justifiée et noble soit-elle, n’était rien d’autre qu’un acte barbare et criminel. J’avais touché des cibles innocentes afin de me conformer à l’esprit militaire en pensant crédulement servir une cause. Mais c’était faux. Je me penchai vers le sol avec recueillement.  J’étais bien loin de correspondre à la grâce du phénix qui étendait ses ailes vers les rayons du soleil. J’étais brisé et complètement perdu dans l’ambiance morne de mon propre décès. Mes mains tremblèrent et je distinguai avec difficulté le tatouage que je portais sur l’annuaire gauche. Je me sentais nu sans mon alliance alors que je n’étais même plus marié. Légalement je n’étais qu’un tas d’os et de poussières, se désintégrant sous terre. Je déglutis afin de chasser mes émotions.

L’armée américaine m’avait interdit de quitter le pays depuis deux mois. Je constituais un danger pour la société. Les risques que j’aie subi un lavage de cerveau pendant ma captivité faisaient de moi un suspect terroriste potentiel. Durant mes longs interrogatoires, je m’étais étalé sur mes tortures au corps, et sur les détails de mon emprisonnement, mais parler ne m’avait pas soulagé dans ma douleur. J’avais besoin de taire mes sentiments indicibles. L’échec de mon amour m’était presque fatal. Je me redressai avec nonchalance ; Isaac Von Ziegler était mort seul. Sa destinée singulière faisait de lui un héros parmi les mortels, mais lorsque je me tenais face à mon miroir je ne voyais que le reflet de la désolation sur mon visage. Le vent s’élevait au rythme harmonieux de mes réflexions avant de s’évanouir dans mon dos. Il y avait deux hommes de mains à la sortie du cimetière afin de veiller à ma sécurité et celle d’Olivia – c’était grotesque comme situation. Je n’avais pas besoin qu’on me défende. Je voulais simplement comprendre les finalités de ma résurrection et revoir l’expression lumineuse de ma femme. Je tremblai en me retournant vers l’énorme porte en fer forgé. Les sons des talkies walkies m’interpella et je compris au vue de l’agitation des agents des forces américaines éparpillés tout autour qu’elle était arrivée. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Sa silhouette filiforme se dessinait entre les arbustes et le feuillage du paysage. Etait-ce encore un mirage ? Etais-ce le regard bienveillant de la voisine d’à côté qui pointait au loin ?  J’acquiesçai de la tête comme pour assimiler cette vision divine. « Olivia … » Marmonnai-je dans ma barbe avant de reculer en arrière. Je n’y croyais pas. Mes iris irrités par l’éclat du jour fixaient les contours de sa bouche voluptueuse, et il me fallut plusieurs minutes avant de tendre les bras vers elle. « C’est toi ? » Soufflai-je d’un air torturé. Ma gorge nouée souffrait de ce qui menaçait perpétuellement la quiétude de mon esprit : la séparation, la déchirure,  l’oubli et la mort.
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() message posté Ven 6 Mar 2015 - 21:38 par Invité
she felt bad for trying to live a happy, full life, while her heart was buried in a dead man’s chest ;; and she suddenly knew that she would die too. maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. you couldn't live for very long without a heart. ✻ ✻ ✻ Mes jambes étaient flageolantes. Ma respiration irrégulière. Mon corps agité de tics nerveux. Mon cœur, lui, semblait ne plus savoir battre correctement au fond de ma poitrine, comme piégé par les récents évènements. Comme piégé par la réalité. Par cette réalité qui me faisait mal, mal sans que je ne comprenne réellement pourquoi, sans que je ne comprenne réellement comment. Je focalisai mon attention sur le bruit des pas des militaires autour de moi, mais je ne parvins pas à m’oublier comme j’avais souvent eu l’habitude de le faire.
Je n’étais pas moi-même. Plus réellement. J’avais beau être calme et animée par une certaine force tranquille, en cet instant, je ne parvenais plus à rester fidèle à celle que j’étais.
Je n’arrêtais pas de penser. De ressentir. Je n’arrêtais plus et j’étais piégée. Piégée au fond de moi-même.

Vingt-et-une heures plus tôt, aéroport de la Nouvelle-Orléans ;
Je poussai un soupir. Mon dos était douloureux, mes paupières fatiguées ; je me redressai dans l’ombre de l’espoir que cela puisse me soulager mais rien n’y fit. Je soupirai une nouvelle fois en secouant la tête par dépit. Le taxi dans lequel je me trouvais mit le contact et s’inséra dans la circulation avec une facilité presque déconcertante. J’observai, avec un œil distant et prudent, le paysage défiler sous mes yeux. Cela faisait presque trois ans que je n’étais pas venue à la Nouvelle Orléans et, pourtant, je reconnaissais la Louisiane comme si je ne l’avais jamais quitté. Je sentis mon cœur rater plusieurs battements lorsque je me souvins que, la dernière fois que j’avais bien pu faire ce trajet en taxi de l’aéroport à chez moi, cela avait été avec le cercueil d’Isaac en bagage à main.
Ma gorge se noua et je détournai les yeux du paysage. Une de mes mains se porta à la chaine en or que je gardais précieusement autour de mon cou, et mes doigts vinrent attraper par réflexe mon alliance. Isaac, s’il te plait, laisse-moi, murmurai-je dans une prière muette.
Le pire dans tout cela était que je n’étais même pas sûre que cela soit le cas.
Je ne voulais pas qu’il me quitte. Qu’il quitte mes pensées. Je ne voulais pas l’oublier malgré toutes les douleurs, malgré ce deuil qui s’encrait à ma peau.
Cela aurait été comme admettre qu’il était réellement mort.

Actuellement ;
Ils me fouillèrent, mais je n’étais pas suffisamment connectée à la réalité pour me rendre compte à quel point cela pouvait être humiliant. Ils eurent la décence de laisser faire une femme ; je ne bronchai pas lorsque ses mains parcoururent mon corps pour s’assurer que je ne portai rien de dangereux sur moi, et je les laissai me confisquer ma petite paire de ciseaux de couture sans même lever un sourcil. Ils pouvaient me dépouiller, me toucher comme bon leur semblait. Je n’étais pas là, avec eux. J’étais ailleurs. Loin. J’étais perdue dans tout ce que je savais, perdue dans les mensonges que je m’étais répété durant des années, perdue dans la réalité à laquelle je faisais enfin face.
Ensuite, seulement, ils me conduisirent jusqu’à l’une de leurs voitures pour m’emmener là où il se trouvait. Je demeurai impassible, et chaque militaire présent dans l’habitacle se plia à ce même vœu de silence. Certains me jetaient des regards pour s’assurer que je me sentais bien, et je pouvais presque palper leur compassion à travers leurs traits figés.
Le temps passait. Mais mon corps refusait de se calmer.
Je n’étais même plus sûre de pouvoir me calmer un jour.

Dix-neuf heures plus tôt, demeure familiale des Marshall ;
« Olivia ! » Je levai la tête pour voir mon père à la porte de notre demeure familiale. Je pouvais facilement  deviner qu’il avait guetté mon retour avec impatience depuis l’instant même où je lui avais envoyé un message rapide pour l’informer que je revenais en Louisiane pour quelques jours. Je lui adressai un sourire avant qu’il ne se précipite vers moi pour me serrer dans ses bras. « Mary ! Liv est arrivée ! » J’entendis un cri étouffé provenir de la maison, avant de voir, par-dessus l’épaule de mon père, ma mère qui s’avançait en toute hâte vers nous. Elle me serra également dans ses bras, m’embrassant sur les deux joues, rouspétant après ma coupe de cheveux et ma mine fatiguée. « Ca fait si longtemps, ma chérie… Nous sommes si contents de te voir avec papa. Entre, entre. » Mon père attrapa ma valise, ma mère m’attrapa par la main pour me tirer à l’intérieur. J’avais l’impression d’avoir eu le temps de vivre une existence entière depuis la dernière fois que j’avais bien pu fouler le sol de la demeure familiale. « Qu’est-ce qui t’amène, mon cœur ? » me demanda finalement ma mère. Je l’observai en retirant avec soin mon manteau. « Tu n’es pas au courant ? » Mes parents échangèrent un regard et je compris qu’ils ne savaient rien. Je leur adressai un sourire poli, accompagné d’un petit geste de la main pour faire comme si cela n’avait aucune importance. « J’ai été convoquée par l’armée. Je dois me présenter à la base demain matin à neuf heures. » Je vis leur regard se voiler. Leurs expressions se modifier.
Ils pensaient à Isaac, eux aussi. A vrai dire, je ne pensais qu’à lui, depuis que j’avais reçu l’appel de l’armée américaine.
Je pensais à lui depuis que je l’avais rencontré.
Isaac, laisse-moi. Je veux vivre.
Mais, à vrai dire, je ne savais même plus vivre sans lui. J’étais personne sans sa présence.

Actuellement ;
La voiture s’arrêta finalement, et je reconnus le cimetière de la ville. Je sentis ma respiration se perdre dans des bouffées d’air incontrôlables ; mon esprit rejetait cet endroit et les souvenirs qu’il sous-entendait. Je t’ai enterré ici, Isaac. Je t’ai enterré ici avec mon cœur tout entier parce que je ne pensais plus en avoir besoin. On m’ouvrit ma portière et je glissai une jambe, puis une autre, à l’extérieur du véhicule. L’humidité de la Nouvelle Orléans envahit l’air que mes poumons inspiraient ; le vent balaya doucement mon visage et j’attendis que l’on m’autorise à avancer pour prendre le chemin jusqu’au cimetière. J’entendis un des militaires informer dans son talkie-walkie que j’étais arrivée, puis on me laissa ouvrir la marche.
J’aurais voulu observer mes pieds. J’aurais voulu garder mon regard à terre pour ne pas avoir à ressentir la douleur qui m’envahissait alors que je m’avançais jusqu’au caveau familial des Von Ziegler. Je t’ai enterré ici, Isaac. Mais, quelque part, je me suis enterrée également. Je sentais l’appréhension se mêler à toutes ces émotions qui me rongeait l’être ; les militaires déjà présents sur place s’écartèrent de mon chemin, et finalement, je le vis au bout de l’allée.
Je le vis, lui.

Trois heures plus tôt, base militaire de Louisiane ;
Mes mains étaient jointes devant moi et j’attendais, le dos droit, assise à la table que l’on m’avait désigné il y avait dix minutes de cela. Mon regard était fixé droit devant moi ; je me refusais la curiosité d’observer les lieux de peur de croiser un visage que je pouvais connaître ou de, tout simplement, rencontrer un souvenir au détour d’un couloir.
Après tout, le lieu dans son intégralité, déjà, me rappelait Isaac.
Puis, finalement, quelqu’un pénétra dans la pièce. Mon regard se perdit sur le grade qu’il portait à la poitrine, et je notai qu’il s’agissait d’un général. Aussitôt, je me levai de mon siège en signe de respect, et il m’invita silencieusement à m’asseoir de nouveau. Puis il parla. Il me parla de cette fin d’Août 2010 où Isaac avait été piégé dans une embuscade, en Afghanistan, me remémorant ces évènements que je n’avais jamais réellement réussi à oublier. Il m’ajouta des détails, également, enrichissant l’histoire sans que je ne parvienne réellement à me focaliser sur son discours. J’étais loin. Ailleurs. Mon esprit s’était réfugié au fond de mon corps, comme pour se protéger de tous ces mots qui pourraient me blesser. Comme pour me protéger de ces évènements qui avaient achevé mon mari et qui m’avait tué, moi aussi. Puis, il me parla de faits plus récents, toujours localisés dans la même zone géographique, marqués par le sauvetage d’un soldat de l’armée américaine. A vrai dire, cela ne fut qu’en cet instant qu’il récupéra mon attention. Qu’en cet instant que je finis par me questionner sur la raison de ma présence. Je le vis prendre une profonde inspiration. « La vérité, Madame Von Ziegler, est que le soldat récupéré lors de l’opération était votre mari. »
Mon mari.
Isaac.

Actuellement ;
Mes pas n’étaient guère assurés. J’arrêtai simplement d’avancer durant quelques instants, l’observant de loin. J’avais la sensation qu’il s’agissait d’une vision. D’un rêve. D’une illusion que mon esprit aurait montée de toutes pièces comme il avait eu l’occasion de le faire à plusieurs reprises par le passé.
Les seules choses qui me ramenèrent à la réalité étaient que, dans mes rêves, Isaac avait été en bien meilleure santé. Ses traits avaient été moins tirés. Son regard moins hanté. Il avait été rasé de près ; mais, pire que tout, je me rendis compte que je n’avais jamais réellement réussi à me souvenir de ses traits.
Mon esprit avait oublié, avec le temps. Il était passé à autre chose sans que mon cœur ne réussisse à suivre la cadence.
Il se tourna finalement vers moi et je fus choquée par la réalité de cet instant. Je sentis mon corps trembler, trembler, trembler si fort que je ne réussissais même plus à garder pied. Je sentis ma respiration s’affoler, mon cœur perdre le compte de ses pulsations. Un voile trouble recouvra ma vision et je me rendis compte, au bout de quelques instants, qu’il s’agissait de larmes envahissant mes paupières. Je fis un nouveau pas dans sa direction, puis un nouveau, tentant de garder la tête haute sans trouver le courage de vaincre ma propre détresse.
Isaac, pourquoi. Pourquoi tu étais mort.
Je finis par arriver à sa hauteur. Par le voir réellement, de près, le voir sous mes yeux, plus vivant que je ne l’avais jamais espéré. « Olivia… C’est toi ? » J’hochai la tête avec ferveur, incapable d’articuler le moindre mot. Je portai une main à ma bouche pour retenir mes sanglots mais je ne parvins pas à les ravaler au fond de ma gorge. Je cédai. Je cédai à ses larmes qui coulaient sur mes joues sans que je ne puisse les rattraper, je cédai à cette profonde détresse qui m’affectait. Je cédai à ses sanglots qui secouaient mon corps, je cédai à cet étrange espoir mêlé à de l’appréhension qui m’avait encore permis d’avancer jusque-là. Isaac, pourquoi. Pourquoi tu reviens maintenant que j’avais accepté l’idée d’être une veuve. Pourquoi tu reviens maintenant que j’avais accepté la douleur de ne plus jamais de revoir un jour. Je pleurais tant que je mis du temps à voir les bras qu’il tendait dans ma direction. Je me laissai tomber contre son torse, me serrant fort, si fort contre lui, comme pour tenter de retrouver ce corps dont j’avais fait le deuil. « Tu étais mort. » marmonnai-je contre son torse. J’étais habitée par la colère. La colère d’avoir vécu dans le mensonge durant quatre ans. J’étais habitée par la douleur. La douleur de songer à tout ce qu’il avait enduré. J’étais habituée par le soulagement. Le soulagement de constater que, oui, il était vivant. « Je t’ai enterré. Je t’ai enterré, Isaac. » Je ne faisais que pleurer d’avantage. Pourtant, je me rappelais de ses paroles. Je me rappelais de ce qu’il me demandait avant que nos deux vies ne basculent. Sois forte. Ne pleure pas. Je m’en rappelais mais j’étais incontrôlable, incapable de rester dans cette demi-mesure qui me caractérisait tant. « Je ne les croyais pas. » Je me détachai de lui pour prendre son visage entre mes mains. Sa barbe lui mangeait la moitié du visage. Son regard était hanté. Ses traits étaient creusés.
Isaac, pourquoi. Pourquoi est-ce que tu les as laissé me faire croire que tu m’avais quitté.
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() message posté Mer 11 Mar 2015 - 13:00 par Invité
“ We leave something of ourselves behind when we leave a place, we stay there, even though we go away. And there are things in us that we can find again only by going back there. ”    Elle m’avait jeté un mauvais sort. Je me sentais vaciller au gré de sa démarche princière et des fluctuations de ses longues boucles dorées; Olivia n’avait pas changé. Elle était restée fidèle à mes espoirs les plus fous. Les courbures de ses hanches ceindraient  l’air afin de m’offrir la vision magnifique d’un ange tombé du ciel. J’avais tué des hommes et des enfants, exactement comme on me l’avait ordonné, mais je ne m’étais jamais senti aussi ému qu’en cet instant. Mon cœur s’enfermait dans une sorte d’agonie lente et doucereuse. Il me semblait qu’en cet instant, je pouvais enfin mourir dans la sérénité. Telle était ma terrible volonté, mon effrayante résolution.  Je sombrais face à la clarté du jour. La lumière me tuait à petit feu mais je tenais bon afin d’enlacer l’esquisse d’une fantaisie. Je n’avais jamais voulu survivre pour moi. C’était cette promesse de réunion qui m’avait retenu en vie. L’émotion tourmentait ma poitrine chétive et blessée ; et je me surpris à réaliser que de toutes les tortures que j’avais subi, de toutes les humiliations au corps que l’on m’avait infligé, c’était l’éventualité de ne plus jamais revoir ma femme qui m’avait le plus pesé. Je m’emportais le trouble dans l’âme et la tristesse dans le regard, me faufilant entre les tombeaux de mes ancêtres. J’étais corrompu par mes sentiments. La fulgurance de ces lettres que je n’avais jamais su lire correctement me frappait comme la foudre. J’étais marqué par l’ignorance, exactement tel que mon père le pensait. Je ne savais pas retranscrire une confession aussi poignante que nos retrouvailles. Je ne savais rien faire d’autre que de résister aux coups acérés de mon ennemi. Je déglutis avec douleur. Olivia s’épandait comme une ombre fugace dans l’obscurité. L’apathie et la déception se battaient contre l’impossible espoir du bonheur. Le salut m’était interdit maintenant que j’avais commis les horreurs de la guerre pour servir une patrie qui m’avait déclaré mort. Je tendis les bras en tremblant, aspirant à effleurer les fragments de sa peau albâtre. Pouvais-je conquérir cet amour à nouveau ? Je la désirais avec une ardeur brûlante, comme si les brasiers de ma passion refusaient de s’éteindre, comme si mon corps mourant ne rejoignait jamais le délivrent chant de l’au-delà.  «  Tu étais mort.   » S’étouffa-t-elle en s’écrasant contre mon torse. Je refermai ma prise sur son dos avant de me pencher vers les fragrances délicieuses de ses cheveux. Mon esprit me quittait afin de danser gracieusement autour  des dessins imaginaires d’une mer déchaînée.  Je n’étais plus sûr de savoir me comporter. Qui suis-je ? Ou suis-je ? Chacun de ses gestes me renvoyait inéluctablement vers le gouffre obscur de ma disparition. «  Je t’ai enterré. Je t’ai enterré, Isaac. »  Sa voix vibrait au gré de ses pleurs déchirants. Je lui avais toujours intimé le silence et la droiture dans ce genre de situation, mais pour la première fois, ses faiblesses n’étaient que le reflet de mes propres déchirures. Je me demandais à quelle mesure Olivia pouvait-elle précipiter ma chute inhérente ? J’avais peut-être quelques doutes dans l’accomplissement de cet acte si dérisoire. Comment l’étreindre après quatre années de captivité ? Comment la retrouver sans lui paraitre étranger ?  «   Je ne les croyais pas.   »  Elle s’éloigna lentement de moi afin de prendre mon visage en coupe entre ses mains. Je fis de même, mais en dépit de ce geste tant prisé je ne parvenais toujours pas à toucher le monde de la réalité. Ma bouche se courba et je tentai un faible sourire en murmurant : « Chut … Sois forte, ne pleure pas, Olivia. ». J’étais à bout de souffle après seulement quelques mots.  Je lui adressai un long regard, ébloui par ses iris d’un bleu très vif, avant de me pencher vers elle.  « Je ne suis pas mort. » Elle habitait mon cœur depuis plusieurs années. Divine Olivia était la seule religion que j’avais choisi de suivre pour trouver le chemin du paradis. La séparation m’avait brisé. La perte de notre enfant m’avait détruit. Elle m’avait horriblement manqué. Mais la retrouver aujourd’hui, après tout ce temps, me semblait si imparfait. Des frissons saisirent mon âme. Mes cauchemars revenaient toujours, comme la nuit après le jour. Je pouvais entendre les chars du commando bourdonner dans mes oreilles, faisant vibrer le désert au-dessus de mon souterrain puant. Je sentais l’odeur rouillée du sang envahir mes narines, le claquement des fouets s’écrasant contre mon dos et les senteurs aigrelettes de l’urine sur mon visage et mes vêtements.  Je fis un grand pas en arrière, marquant une pause entre mes espoirs et mes hallucinations. Ce n’était pas Olivia. Ce n’était moi. Je n’étais pas rentré en Nouvelle-Orléans.  J’inhalai l’air avec difficulté avant de plaquer mes mains contre mes oreilles. Mythes, légendes, voix du mystère … Tout se passait uniquement dans ma tête. Je m’enfonçais dans ma solitude cuisante avant d’ouvrir les yeux à nouveau. « Ils avaient raison, je n’étais pas prêt à te revoir. Je ne suis pas prêt … » M’horrifiai-je déformant les traits saillants de mon visage affolé. J’étais une machine de guerre cassée. J’étais un horrible fardeau pour qui conque m’approcherait plus que nécessaire. Je me mordis la lèvre inférieure en fronçant les sourcils. ‘‘Laisse donc la déesse du Destin régner pour toujours, si contre toi de sombres nuages s’arrondissent, grande et calme considère le mouvement de leurs cours.’’ Je scrutai les lieux d’un air perdu, il y avait trop de soldats autour de nous. Je me sentais épié de partout. Je me retournai avec lenteur. « Suis-moi …   » Déclarai-je d’une voix neutre, qui ne laissait rien transparaître de mes pensées démentes. Je fis quelques pas pressés jusqu’aux buissons avant de lever un bras, signifiant aux agents de l’armée américaine de rester campés sur leurs positions. De toute façon j’avais une puce de localisation sur moi, je ne pouvais pas songer à prendre la fuite.

« Ou est-elle ? » M’enquis-je en reprenant mes esprits. Je regardai ses mains et son cou avec insistance sans retrouver mon alliance. « Mon alliance, mes plaques … J’ai tout perdu, ou sont-ils ? » Répétai-je en articulant avec difficulté. Mon mode d’expression était lent et intense ; Je n’avais pas eu l’occasion de parler avec civilité depuis si longtemps. Elle devait me trouver si ridicule à présent. Elle ne m’aimait plus, je le savais.  
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() message posté Ven 13 Mar 2015 - 22:18 par Invité
she felt bad for trying to live a happy, full life, while her heart was buried in a dead man’s chest ;; and she suddenly knew that she would die too. maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. you couldn't live for very long without a heart. ✻ ✻ ✻ Je l’avais connu toute mon existence, ou presque, mais je me rendais compte que mon esprit s’était appliqué à s’éloigner de lui durant ces quatre années. Je ne reconnaissais qu’à moitié ses traits ; cela était en partie à cause de mon propre deuil, mais aussi à cause des horreurs qu’il avait dû vivre, des horreurs qu’il avait dû voir.
A cette simple pensée, j’entendis presque mon cœur se briser dans ma poitrine.
J’étais persuadée qu’un mot ne pourrait suffire à tout ce que je pouvais ressentir en cet instant. J’étais persuadée que mon esprit tout entier n’était plus qu’un mélange d’une centaine d’émotion différente, allant de la profonde gratitude à une angoisse démesurée. J’aurais voulu lui dire une centaine de choses en même temps mais ma gorge serrée ne me laissa balbutier qu’une poignée de paroles ; je me trouvai à la fois ridicule et faible, sensible et incapable, mais je ne parvenais même plus à prendre sur moi. Je pleurais toute cette détresse, toute cette douleur, toute cette inquiétude. Je pleurais tout ce soulagement, toute cette gratitude, tout cet amour que j’éprouvais. Mais là était mon principal problème. J’éprouvais bien trop de choses. Je ne parvenais plus à les distinguer, à en faire ressortir une par rapport à l’autre ; j’étais piégée dans mon propre cœur, dans ma propre tête, les mains posées de part et d’autre de son visage abimé.
J’étais une infirmière. Je désirais le réparer. Après tout, même les pires cicatrices finissaient par disparaître. Mais, au fond, je savais que cela ne serait sans doute jamais vraiment possible. Je savais qu’il était comme marqué au fer rouge, que ses souvenirs seraient imprégnés de ces quatre années de captivité.
Le pire était sans doute que l’on ne m’avait pas tout dit, pas tout confié ; je l’avais bien vu, dans les yeux du général, qu’il avait préféré réserver certaines de ses paroles pour ne pas risquer de choquer mon cœur trop sensible. A cette simple pensée, je me mis à pleurer d’autant plus fort, les larmes coulant le long de ma joue sans que je ne puisse les retenir. « Chut… Sois forte, ne pleure pas, Olivia. Je ne suis pas mort. » me murmura-t-il et je fus secouer d’un rire sans joie, pleurant de plus belle. Sois forte, ne pleure pas. Il y avait plusieurs semaines, j’aurais sans doute tout donné pour entendre ces paroles chatouiller mes oreilles. Cependant, en cet instant, ses affirmations me paraissaient être si difficiles. Impossible.
Je ne parvenais pas à être forte. Je ne parvenais pas à cesser de pleurer. Cela était comme si je n’avais plus aucun contrôle sur mon corps ; il ne réagissait qu’aux signaux de mon cœur, laissant la panique le gagner, laissant les angoisses le commander. J’étais perdue, finie, j’abandonnais ; je souffrais et j’étais heureuse, j’allais mal mais j’allais si bien en même temps.
Son regard était perdu, hanté et je compris, en l’espace d’un instant, qu’il m’échappait. Il fit un pas en arrière, les mains pressés contre ses oreilles comme pour chasser des souvenirs qui venaient le tourmenter ; je restai là, à l’observer, incapable de réagir, incapable de réfléchir à une réaction qui aurait pu convenir. Je ne savais même plus quoi faire. Je l’avais connu toute ma vie et pourtant j’avais l’impression qu’il m’échappait entre les doigts. Pourtant, j’avais l’impression qu’il m’était inconnu, que j’étais incapable d’anticiper ses réactions et ses paroles. « Ils avaient raison, je n’étais pas prêt à te revoir. Je ne suis pas prêt… » finit-il par me dire et je secouai la tête. Je voulus faire un geste dans sa direction. Je voulus poser une de mes mains sur son bras, lui adresser un sourire réconfortant, comme si je savais que tout irait bien. Mais j’en fus incapable. Parce que cela n’était pas le cas ; je ne savais pas ce qui allait se passer. Je ne savais pas de quoi l’avenir était fait, maintenant que l’on venait de m’admettre que le passé n’avait été qu’un mensonge dans mon existence semée de désillusion. « Suis-moi… » poursuivit-il avant de faire quelques pas. Je le vis faire un geste aux militaires autour de nous, mais il n’en fit aucun dans ma direction. Mon cœur battait douloureusement dans ma poitrine tandis que j’avançais lentement derrière lui.
Je ne m’étais jamais permis d’imaginer des retrouvailles avec ce mari que j’avais pensé avoir perdu. Je n’avais jamais autorisé mon cerveau de songer à l’impossible ; cependant, ces retrouvailles teintées d’imperfection ne faisaient que me peser et je souffrais encore plus du manque de mon mari en cet instant que durant ces quatre dernières années. « Où est-elle ? Mon alliance, mes plaques… J’ai tout perdu, où sont-elles ? » me demanda-t-il une fois que nous nous étions arrêtés. Je le vis regarder mon cou, mes mains. Mon cœur, lui, s’affola dans ma poitrine. Je fermai les yeux pendant quelques secondes, me focalisant sur ma respiration irrégulière, avant de relever la tête. Je tentai de me reprendre. Je tentai de me reprendre et, pourtant, je n’y parvenais pas. Pas réellement. « Je… Je t’ai enterré avec. » répondis-je doucement. Ma gorge était si serrée que chaque mot me faisait mal. Chaque mot me coutait. « C’est… C’est idiot, je le sais, mais j’imaginais que tu… Que tu aurais aimé les avoir, où que tu sois. » Je sentis une nouvelle vague de larmes monter à mes yeux et, avec tout le désespoir du monde, je tentai de les ravaler en observant mon mari dans les yeux. Je voulais lui montrer. Je voulais lui montrer que j’étais aussi courageuse que lui, que je le méritais, quelque part. Je voulais lui montrer que je n’avais pas oublié tout ce qu’il avait bien pu me dire, que j’avais pensé à lui, qu’il m’avait manqué.
Mais ce n’était pas suffisant. Cela ne serait jamais suffisant, j’en avais conscience. Et m’en rendre compte faisait d’autant plus mal. « Je pense que… Ils vont devoir déterrer ton cercueil… Enfin, celui où on pensait avoir mis ton corps… Tu pourras demander à les récupérer. Je suis désolée, Isaac, je pensais bien faire… Mais… » Mais je ne savais pas. Je m’arrêtai dans mon élan, la gorge pleine de tous ces mots que je ne parvenais pas à prononcer. « J’ai toujours mon alliance. Juste là. » Je passai mon pouce sur la chaine en or que je portais autour de mon cou, attrapant mon alliance qui y était accrochée. Je lui adressai un sourire. Je maintenais une distance raisonnable entre nos corps, ne sachant plus si faire un pas dans sa direction m’était autorisé. Je ne voulais pas le brusquer. Je ne voulais pas l’effrayer. Je ne voulais pas réveiller des souvenirs.
On m’avait prévenu. On m’avait prévenu qu’il était instable.
Mais Dieu qu’il voulait me manquer. Me manquer si fort.
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() message posté Mer 18 Mar 2015 - 23:20 par Invité
“ We leave something of ourselves behind when we leave a place, we stay there, even though we go away. And there are things in us that we can find again only by going back there. ”    J’avais gardé toutes ses lettres. Je tentais de les lire fréquemment avant l’embuscade,  mais je n’avais su répondre aux questions qui me taraudaient. Comment faisait-elle pour être aussi présente dans mon imagination ? J’étais hanté par les fragments de ses sourires, mais en cet instant il m’était impossible de détailler les traits de son visage. Les lumières du soleil, les illuminations de sa peau, les courbures de sa bouche, tout se voilait dans le brouillard. Cette journée se déroulait exactement comme toutes les autres, malgré la profondeur de mon amour et les agitations de mes émotions. Olivia avait beau être là, je restais toujours prisonnier de mes angoisses. Je levais lentement les yeux vers le ciel afin d’observer les nuages floconneux se tordre au gré du vent – Je pouvais respirer sans les baillons serrés des talibans. Je pouvais sentir la fraîcheur de l’air envahir mes poumons avant de se figer quelque part dans ma poitrine. Etait-ce le contentement ? L’indolence ? Les choses immatérielles m’échappaient et je ne savais plus faire la différence entre la  joie et la douleur. Je jetais sans m’en rendre compte tous les chants de grâce de la nature. Les buissons verdoyants, les fleurs fragiles et précieuses, les grands arbres du cimetière – je préférais ne plus les voir. Seule l’expression béate de ma divinité préférée sublimait l’espace qui m’entourait. Ma chérie, je suis là mais je ne suis peut-être pas revenu du front. Je me souviens de toutes mes tortures, tous les jours, mais je feins l’ignorance. Ils sont tous morts, écrasés par les projectiles de l’ennemi. Je ne sais pas comment les kamikazes ont pu localiser notre position, mais les corps déchiquetés remplissait le désert brûlant. La couleur ocre du sang se confondait avec le décor, devenant parfois verte, parfois bleue ou violette. Je l’ai vu. La main de Joshua fermée sur mes plaques et mon alliance. Il me l’a prise pour jouer et j’ai passé l’infinité à regretter de les avoir laissé m’échapper. Quand je suis revenu j’ai vu que plusieurs guerres avaient encore éclatées. Il y a des doctrines nouvelles et des mouvements  arabes révolutionnaires, mais je ne suis plus concerné. L’armée me rejette. Il parait que je suis malade. Mon esprit, mon âme, mon cœur, il me semble avoir tout perdu. Je soupirai en la traînant à l’abri des regards. Je me dressais devant elle en modérant mes pulsions. Parfois, je pouvais retrouver le reflet de mon ancien visage dans ses iris humides. Je n’avais pas de barbe. Mes joues étaient tendues par un sourire taquin, et on ne voyait pas les saillies de mon ossature chétive à travers mes vêtements. Ce souvenir était si grisant et douloureux à la fois. C’était bizarre. Je me penchai lentement à sa hauteur avant de trembler fébrilement. «  Je… Je t’ai enterré avec. » Souffla-t-elle avec difficulté. Je pouvais comprendre que ses mots lui coutaient. Je pouvais comprendre que ses aveux pouvaient être terribles à prononcer, mais j’avais le sentiment que tout ce que je touchais se transformait en cendres. J’étais le monstre de guerre crée par les politiques internationales de deux pays en désaccord. Les pulsations de mon cœur devenaient de plus en plus violentes. J’ai encore peur, Olivia. Je croisai mes mains dans mon dos avec un air absent. «  C’est… C’est idiot, je le sais, mais j’imaginais que tu… Que tu aurais aimé les avoir, où que tu sois »  Je secouais frénétiquement la tête. Elle ne m’avait pas enterré. Personne ne m’avait jamais enterré. Je refusais ce mot, il résonnait comme un supplice dans mes oreilles. Ma langue claqua brusquement contre mon palais, dévoilant ainsi l’émail de mes dents jaunie par les aliments acides qu’on me jetait à la figure. « Je pense que… Ils vont devoir déterrer ton cercueil… Enfin, celui où on pensait avoir mis ton corps… Tu pourras demander à les récupérer. Je suis désolée, Isaac, je pensais bien faire… Mais…   » Je fronçai légèrement les sourcils avant de détendre les muscles de mon visage. Ce n’était pas de sa faute. J’esquissai une ébauche de sourire en silence. J’avais perdu mes réflexes linguistiques à force d’être isolé, mais je faisais l’effort de la conversation pour répondre à ses attentes. « J’ai toujours mon alliance. Juste là. » Déclara-t-elle en me montrant sa chaine en or. Je plissai les yeux en m’avançant de quelques pas. Son dos rencontra l’écorce d’un chêne géant et je me surpris à redouter notre proximité imminente. Avais-je encore le droit de la clamer mienne ? Probablement pas. « Ne bouge pas. » Murmurai-je en posant ma main tremblante sur sa poitrine. J’effleurai son alliance du bout des doigts avant d’ancrer mes yeux profonds dans son cou parfumé. « Tu devrais l’enlever. Une alliance sans sa paire n’a plus aucune valeur. » J’hochai la tête afin de confirmer mes paroles. Il n’y avait aucune gaieté, aucune reconnaissance, aucun soulagement, dans mes mouvements. Ma passion véreuse s’étourdissait au gré de mes réflexions étranges. Je ne voulais plus qu’elle porte la promesse de notre mariage sans moi. Mon tatouage à l’annulaire gauche se mit à grouiller sur ma peau écorchée, comme pour me rappeler sa présence, mais je m’obstinais dans le refus. Je ne voulais pas de mon existence esseulée, éplorée, tourmentée, traquée et désespérée.  Tout me semblait si absurde. Je frémis à nouveau – mon corps ne semblait plus s’adapter aux changements climatiques. J’avais tout le temps froid. Il y avait aussi un peu de déception et de haine sur mon visage, mais je ne les accordais pas à Olivia. Toute ma rancœur s’élevait sans savoir quelle direction prendre. J’étais en colère sans raison. J’en voulais à une entité imaginaire, inexistence et utopique. « Légalement, je ne suis rien pour toi.   » Lançai-je d’une voix étouffée en m’éloignant. Je suivais les vibrations de sa respiration avec application, sans l’autoriser à bouger. Je ne voulais pas qu’elle m’approche de trop près, ainsi mes cicatrices rougeoyantes et mes blessures béantes lui resteraient inconnues. Il y avait en moi trop d’amour que je ne pouvais plus me contenir en sa présence. J’étais un homme incapable de chaleur humaine. J’étais un amant rigide et tétanisé par l’impuissance. Mon corps ne m’appartenait plus, une partie de mon identité gisait sous la boue, dans un cercueil gravé avec les initiales de mon nom, tandis que l’autre se mourrait dans l’incompréhension totale. Je me sentais égaré. Je voyais ma maison se dressait au loin, mais sans mon cœur, sans ma boussole et ma vivacité, je ne savais plus retrouver mon chemin.    
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() message posté Dim 22 Mar 2015 - 22:03 par Invité
she felt bad for trying to live a happy, full life, while her heart was buried in a dead man’s chest ;; and she suddenly knew that she would die too. maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. you couldn't live for very long without a heart. ✻ ✻ ✻ Mon esprit semblait ne pas vouloir comprendre. Mon esprit semblait refuser la vérité qui prenait pourtant forme sous mes yeux. Mon esprit semblait s’enfermer dans ses convictions, s’enfermer dans ce qu’il pensait vrai et réel. Il rejetait la présence d’Isaac. Il la rejetait avec ferveur, comme si sa détermination serait suffisante pour prouver à mon cœur qu’il avait tort de croire ce qu’il voyait.
Parce qu’au fond, mon esprit avait peur. Peur d’avoir mal à nouveau. Peur de voir Isaac s’échapper, peur de comprendre qu’il n’était qu’un écran de fumée. J’avais passé quatre ans et demi à me faire à l’idée qu’il ne faisait plus partie de mon monde et il n’avait fallu qu’une demi-journée, une seule demi-journée, à l’armée pour réduire mes tentatives à néant. J’étais heureuse, oui. Si heureuse que cela dépassait largement l’entendement. Cependant, j’étais également empreinte d’une profonde tristesse, uniquement ravivée par tous les souvenirs que je pouvais encore conserver de mon deuil. J’avais eu si mal, j’avais eu tant de mal. Je m’étais efforcée de vivre avec son décès et on m’apprenait qu’il était encore là. J’avais souffert jour et nuit pour finalement me rendre compte que ma peine n’avait rimé à rien.
J’étais heureuse de le retrouver. Triste de me souvenir. Mais j’étais également en colère, en colère contre l’injustice de notre destinée, en colère contre ce destin qui s’amusait avec nos âmes et nos cœurs. Nous étions nés pour nous aimer. Nés pour nous perdre.
Nés pour être détruits.
Je faisais de mon mieux pour enfouir toutes mes émotions au fond de mon corps, mais la détresse prônait le reste. Je ne parvenais pas à contrôler les pleurs intarissables de mes yeux. Je ne parvenais pas à faire disparaître la boule qui s’était logée au fond de ma gorge. J’observai Isaac mais je ne voyais que toutes les épreuves qu’il avait dû subir ; j’observai Isaac mais je ne voyais que le regard hanté qui s’était ancré dans ses iris. Avait-il mal ? Oui, il avait sans doute mal, mais il avait suffisamment de courage pour ne pas laisser paraître l’ampleur de ses blessures. L’armée ne m’avait pas encore fait le récit complet de ce qu’il avait enduré, mais je savais que je n’aurais sans doute pas l’occasion de tout savoir. Ils avaient peur de me choquer. Ils désiraient me ménager. Ils prenaient des décisions à ma place, persuadés que je n’avais pas les épaules suffisamment larges.
Cela me m’était d’autant plus en colère. J’avais envie de leur crier qu’il était mon mari, que j’avais le droit de savoir. J’avais envie de leur dire qu’après avoir cru le voir brûlé vif et avoir cru couper sa jambe, j’étais capable d’encaisser les pires vérités. Mais je me connaissais suffisamment bien pour savoir que je demeurerais muette. J’étais Olivia Marshall, après tout. La force tranquille. La silencieuse infirmière. La douce altruiste. Mais ils ne me connaissaient pas assez pour savoir que, lorsque les évènements concernaient les personnes que j’aimais de tout mon corps, je n’étais plus cette même personne. « Ne bouge pas. » me dit Isaac. Mon dos avait rencontré le tronc d’un arbre. Je le laissais porter sa main à l’alliance accrochée autour de mon cou. Je ne baissai pas les yeux sur ses doigts ; je gardai mon regard dans le sien, les larmes continuant de couler le long de mes joues. Il avait tant changé, physiquement. Il semblait ête une personne différente mais, pourtant, je le reconnaissais, d’une certaine manière. « Tu devrais l’enlever. Une alliance sans sa paire n’a plus aucune valeur. » Ses mots claquèrent l’air sans que je ne m’y attende. Il hocha simplement la tête pour ponctuer ses paroles et je mis plusieurs instants avant de réussir à déglutir correctement.
Je pris une profonde inspiration pour retrouver une certaine contenance. Mais je n’étais même plus sûre d’y parvenir. Je me surprenais à remettre en question la façon dont j’avais bien pu m’accrocher à mes souvenirs. Je me surprenais à me remettre en question, moi, maintenant qu’il exposait sa façon de voir les choses. « Elle a de la valeur, à mes yeux. » lui répondis-je après un silence. Je clignai des yeux plusieurs fois dans sa direction.
Je me demandai si la boule de ma gorge finirait par s’en aller. Non, sans doute pas. Pas maintenant, du moins. Je ne savais même plus à quoi pourrait bien ressembler les jours à venir. Je ne savais même pas ce qu’Isaac désirait, ce que nous ferions. L’avenir ne m’avait jamais paru aussi incertain. Et je n’avais jamais semblé aussi instable. « Légalement, je ne suis rien pour toi. » reprit-il en s’éloignant de moi. Je fermai les yeux pendant quelques instants. Ils m’avaient prévenu, oui. Ils m’avaient rappelé que nous nous étions dit oui jusqu’à ce que la mort nous sépare. J’avais la profonde conviction que cela était faux ; je refusais les jeux de mots presque morbides de la loi. « Depuis quand est-ce que ce qui est légal dit forcément la vérité ? » demandai-je doucement. Peut-être entendait-il cette pointe de supplication dans ma voix. Peut-être se rendait-il compte à quel point je pouvais paraître désespérée. Je passai anxieusement une main dans mes cheveux, lissant les mèches folles de ma crinière or. Il y avait tant de choses que j’aurais aimé lui dire mais qui me paraissaient inapproprié. Je me réfrénais dans mes ardeurs à chaque fois que mon corps semblait faiblir ; je ne voulais pas le prendre une nouvelle fois dans mes bras à moins qu’il ne soit celui à faire le premier pas. Mon cœur ne supporterait sans doute pas un rejet, quelque part. « Mais ils m’ont dit que je pouvais toujours signer de nouveau un contrat. » finis-je par ajouter. « Mais rien ne presse. Je sais que… Je sais que tu dois être dépassé, en ce moment, que tu as surtout besoin de soins et de repos… Je peux rester en Louisiane pendant encore quelques jours, quelques semaines si c’est nécessaire. Dis-moi simplement si tu as besoin de moi. » Dis-moi que tu as besoin de moi, Isaac. Dis-le-moi. Parce que, moi, j’ai besoin de toi. La tête haute, le dos droit. J’avais si mal, en cet instant. Cette posture me paraissait si difficile. J’avais l’impression de porter le poids du monde entier sur les épaules, après tout.
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() message posté Lun 23 Mar 2015 - 11:15 par Invité
“ We leave something of ourselves behind when we leave a place, we stay there, even though we go away. And there are things in us that we can find again only by going back there. ” Je portais mon alliance en tatouage comme la marque indélébile de mon affection pour ma femme, mais à chaque fois que je posais mes yeux profonds sur mes doigts, je ne voyais que les conséquences de ma captivité. Mon corps était squelettique et fragile. Mon ossature saillante semblait transpercer ma peau afin de dévoiler mes pires blessures ; celles du cœur. Je regardais les rebords de mes muscles fiévreux, perpétuellement, désespérément. Avais-je le droit de toucher Olivia à nouveau ? Je n’étais qu’une présence fantomatique, s’évanouissant dans l’horizon infini. Je fronçai les sourcils en songeant à mon apparence de jeune marié, ou à mes longs training militaires ; tout ce talent gâché ! Je ne parvenais pas à accepter toutes mes défaites et à vivre avec le sourire immuable du survivant. On avait l’habitude de m’appeler Lucky Louie au commando. Le chanceux. L’inébranlable. Le sniper invaincu. Foutaises ! Je serrais les poings avec amertume. Toute la puissance de mes instincts m’avait quitté. Je n’étais plus rien. Ma respiration était pesante sur ma poitrine. L’air frais des bois enlaçait mon visage mais je n’avais plus l’énergie de survivre. Peux-tu me pardonner encore cette fois ? Le silence resserrait sa prise sur ma gorge, comme si mon corps avait développé une capacité de souffrance illimitée. Il n’y avait plus aucune quiétude au fond de mon esprit. J’avais certainement trop enduré pour espérer revenir intact. J’étais un poids pour cette femme magnifique qui se tenait devant moi, gémissante, navrante et bouleversée. Elle avait toujours été plus intellectuelle que moi, ses mots étaient chaleureux et délicats, contrairement aux miens ; secs et impitoyables, pourtant je n’avais jamais eu aucun doute sur la nature de mes sentiments à son égard. Pas une seule seconde. Dans cette vie ou une autre. Je l’aimais profondément, mais quelque chose s’était brisé entre nous – ma dignité. « Elle a de la valeur, à mes yeux. » Souffla-t-elle avec un certain flegme. Ses grands yeux de biche clignèrent en ma direction comme les phares lointains du port mais j’étais incapable de soutenir son regard embrasé. Mes iris larmoyaient sous l’éclat violent du jour. Voilà ce à quoi j’étais rendu ; une épave, un vampire, un mort-vivant. Cet instant n’était qu’une trêve mensongère, mon isolement quant à lui était bien réel. J’agonisais devant elle mais elle semblait bien trop affolée pour remarquer ma détresse. Mon souffle glacé se versait sur son visage angélique. Elle avait sans doute raison de s’accrocher à la foi mais j’avais beau détailler les courbures sa bouche voluptueuse, ou les reliefs tristes de ses pommettes, je ne pouvais plus partager ses convictions. Son alliance n’avait aucune valeur. Je ne voulais pas qu’elle la garde. Je m’éloignais en effleurant furtivement son front du bout des lèvres. J’étais un homme atteint par le maux de la guerre. J’étais un homme dont les défenses s’étaient effondré les unes après les autres. Mes pieds rasèrent le sol à reculons avant de s’arrêter à mi-chemin entre les buissons et Olivia. J’étais au bord de la folie, me penchant dangereusement vers le côté obscur de la force.

« Depuis quand est-ce que ce qui est légal dit forcément la vérité ? » Je secouais lentement la tête. D’où lui venait donc ce doux espoir ? J’esquissai un maigre sourire en cachant mon cynisme derrière une expression lisse. Au cours de mes séances de tortures, je n’avais jamais songé que l’amour puisse m’abandonner, mais à présent je semblais avoir vidé la coupe de la vie. J’avais usé mes émotions à force d’attendre – Je suis usé, Olivia. « Mais ils m’ont dit que je pouvais toujours signer de nouveau un contrat. Mais rien ne presse. Je sais que… Je sais que tu dois être dépassé, en ce moment, que tu as surtout besoin de soins et de repos… Je peux rester en Louisiane pendant encore quelques jours, quelques semaines si c’est nécessaire. Dis-moi simplement si tu as besoin de moi. » J’ouvris la bouche. L’odeur de la verdure et les légers effluves des fleurs se mêlaient à mes pensées. C’était si dur de prononcer les mots justes et suppliants. J’ignorais les raisons de mon blocage, mais là, au fond de ses yeux rougeoyants, se trouvait le paradis. Je fis un pas en sa direction à nouveau. « Je suis revenu pour toi. » Articulai-je avec une dévotion craintive. « On a tous besoin de quelqu’un. Moi, plus que tous les autres. » Je me sentais seul dans un monde peuplé de personnes que j’avais connu par le passé. C’était, elle aussi, une étrangère qui cultivait le potager dans le désert afghan, arrosant les bourgeons fragiles, veillant aux besoins des racines avec une bienveillance démesurée. C’était, elle aussi, la misérable créature qui s’était endeuillé d’un soldat brûlé vif sous ses yeux. Les secondes se consumaient sous ma vision noire sans que je ne puisse échapper aux fumées étouffantes du destin. Je réprimai mon immense souffrance en posant mes bras de part et d’autre mon visage. L’ardeur de mon âme à ses côtés me paraissait au début si ridicule, mais j’étais à présent accablé par ce trop-plein d’émotions. « Où étais-tu? » Sifflai-je désespérément avec un accent étrange. Je n’avais aucune éloquence, aucune spiritualité. J’étais troublé par le chaos de nos existences. Je voulais crier du haut de mon désarroi mais cet élan de faiblesse n’aurait fait qu’alarmer les agents de sécurité qui nous entouraient. « Ils sont là pour te protéger de moi … » Susurrai-je en dépliant mes coudes. « Je suis l’ennemi … » Je ne voyais plus qu’une bravoure dans ma passion pour l’armée. L’éternité n’était qu’une seconde à mes yeux. Je me mordis la lèvre inférieure avant de fendre l’air en sa direction. Elle réussissait à captiver mon attention, avant que les ombres malsaines qui dansaient autour de ma tête ne s’élèvent tout en force et en tonalité. Je me penchai vers son menton avec pudeur. « Peux-tu épouser un ennemi ? » Demandai-je en m’effondrant dans son cou. Voilà, les parfums boisés, élégants et enjoués qui avaient bercé ma léthargie. J’ignorais absolument toutes mes inhibitions, mais je ne parvenais toujours pas à sceller ma promesse d’amour avec un baiser. J’étais surpris par ma disgrâce et ma peur de l’embrasser, et je compris enfin que l’honneur et le respect primaient sur mes impulsions bestiales.

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() message posté Mar 24 Mar 2015 - 17:40 par Invité
she felt bad for trying to live a happy, full life, while her heart was buried in a dead man’s chest ;; and she suddenly knew that she would die too. maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. you couldn't live for very long without a heart. ✻ ✻ ✻ Cela faisait plusieurs heures que j’étais au courant. Plusieurs heures que je savais. Plusieurs heures que l’on m’avait annoncé qu’il était toujours vivant, qu’il faisait toujours parti de ce monde. Pourtant, durant ces plusieurs heures, je n’avais pas remis en cause la véracité de ce qui était en train de se passer. Je n’avais pas songé que cela puisse être une divagation de mon esprit fatigué ; je n’avais même pas imaginé que cela puisse venir de moi, que cela puisse n’être réel que dans mes pensées les plus profondes. Non. J’avais accepté que cela soit la réalité.
Je l’avais accepté parce que la situation toute entière était bien trop imparfaite pour qu’elle puisse être le fruit de mon imagination.
D’abord, il y avait l’armée. Cette armée oppressante que je m’étais applique à détester et à blâmer pour m’avoir retiré mon mari. Les soldats étaient partout autour de nous ; s’ils se tenaient silencieux, leurs talkiewalkies continuaient de chuchoter des positions au gré du vent. Puis, il y avait son apparence. Son corps fatigué, son visage creusé, ses traits tirés. Il n’avait que très peu de peau à découvert mais cela n’était pas suffisant pour empêcher mon esprit d’imaginer le pire. Pour empêcher mon esprit de faire ses propres hypothèses sur sa condition. Et, enfin, il y avait son comportement. Son comportement que je peinais à suivre ; les errements de son esprit tourmenté par les horreurs qu’il avait bien pu voir, les autres auxquelles il avait bien pu assister. Je ne le blâmais pas pour cela mais cela ne faisait que contribuer à l’imperfection de la vision qui s’offrait à moi ; dans mes songes, le tout aurait été bien plus romantique, bien plus édulcoré, comme un film au cinéma, comme un roman à l’eau de rose.
Si cela avait été dans mon esprit, si cela n’avait été qu’un rêve, je n’aurais pas été face à tout cela. L’armée aurait été absente. Le tout se serait déroulé loin d’un cimetière. Il m’aurait souri avant de me serrer dans ses bras. Il m’aurait dit qu’il m’aimait. Je lui aurais dit que je l’aimais en retour. Et nos vies auraient repris à l’instant même où elles s’étaient arrêtées. « Je suis revenu pour toi. On a tous besoin de quelqu’un. Moi, plus que tous les autres. » me répondit-il après s’être rapproché de moi d’un seul et unique pas. Je l’observai avec attention, luttant contre un nouveau flot de larmes menaçant de s’échapper de mes paupières ; mon cœur se serra dans ma poitrine. J’avais l’impression de prendre ses mots comme une promesse D’interpréter ses paroles comme s’il s’agissait d’une certitude. Il était revenu pour moi et mes pensées s’arrangeaient pour interpréter cela comme bon leur semblait ; elles prenaient pour acquis leurs désirs. Elles prenaient pour acquis mes espérances de gamine. Mes espérances désespérées. « Où étais-tu ? » Sa voix était sifflante. Je ne reconnaissais pas ses intonations, et je me laissai déstabiliser pendant un quart de secondes avant de me reprendre. Je redressai mes épaules qui commençaient à légèrement s’affaisser ; je relevai le menton pour arranger ma posture. « A Londres. » lui répondis-je doucement. « J’ai… J’y ai déménagé. J’ai un bon poste dans une clinique là-bas. » L’ébauche d’un sourire pris place sur mes lèvres, un sourire que j’aurais aimé rassurant, un sourire que j’aurais aimé tranquille. Je ne voulais pas qu’il sache que j’avais quitté les Etats-Unis pour fuir son souvenir. J’avais honte, quelque part, de ne pas avoir su assumer sa mort ; comment pouvais-je lui expliquer que chacun des coins de rues m’avaient rappelé notre histoire ? Comment pouvais-je lui dire sans paraître idiote que je l’avais vu partout, où que j’aille, quoi que je fasse ? « Samantha va bien. Et… Blake et Andrew se sont fiancés. Ma Blake et ton Andrew. » La nouvelle m’avait échappé ; je n’avais pas songé un seul instant à lui dire avant que les mots ne dépassent ma pensée. Oh, Isaac, il y a tant de choses que tu ne sais pas. Je sentis une bouffée d’anxiété m’envahir lorsque je réalisais qu’il ne savait pas pour Jasmine. Lorsque je réalisais que je l’avais trompé, d’une certaine manière, au cours de ces quatre dernières années.
Oh, Isaac, si seulement tu savais.
Si seulement il savait. Mais je n’étais même pas sûre de vouloir qu’il le sache. « Ils sont là pour te protéger de moi… Je suis l’ennemi… » reprit-il en se mordant la lèvre. Puis, en quelques pas, il se redirigea vers moi. Je levai la tête quand il arriva à ma hauteur ; j’eus l’impression que cela était la première fois que nous étions aussi proches, si l’on omettait l’instant où je l’avais pris dans mes bras. « Peux-tu épouser un ennemi ? » Sa question résonna dans ma boîte crânienne. Elle résonna si fort qu’elle vint donner la pulsation et le rythme à mon cœur. Elle perturba mes pensées et le fil de mon esprit, si bien que je ne répondis pas tout de suite à sa question désespérée. Sans que je ne m’y attende, il se réfugia contre moi, blottissant son visage dans mon cou. Je fermai les paupières avec violence, passant mes bras autour de lui pour le serrer fort, si fort, contre moi. « Tu es leur ennemi. Pas le mien. » Oh, Isaac. Souviens-toi. Tu as promis de défendre ta patrie, j’ai promis de sauver les blesser, qu’ils soient alliés ou ennemi. Oh, Isaac. Rappelle-toi. Je suis une infirmière, une soldate de la santé, je n’ai pas de nation ni d’opposants. Il n’existe que le genre humain dans mon monde. Il n’y a pas de drapeaux. « Leur présence est inutile. Je sais que tu ne me feras jamais aucun mal. » repris-je doucement. « Tu n’es pas mon ennemi. Tu ne le seras jamais. » Mon cœur battait au rythme de mes pensées, mes respirations se précipitaient dans ma cage thoracique. Et, ça, pouvait-il l’entendre ? Mes sentiments ravageaient mes veines et la douleur gelait mes blessures.
Et, ça, pouvait-il l’entendre ?
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() message posté Dim 5 Avr 2015 - 23:17 par Invité
“ We leave something of ourselves behind when we leave a place, we stay there, even though we go away. And there are things in us that we can find again only by going back there. ” Je me noyais dans les battements effrénés de mon cœur. Où était donc l’espoir ? Ma tête chancelait sans aucun rythme sur mes épaules. Bientôt, je n’entendrais plus les fluctuations du vent contre les buissons, ni le timbre particulier d’Olivia. Bientôt, je deviendrais sourd face à ses supplications, peu importe ses mots, ses grands gestes ou l’émotion qui emplit son regard abyssal. Tout ceci, n’était qu’un mauvais rêve ! J’avais l’impression d’être propulsé dans un espace-temps différent. Il n’y avait pas d’erreurs en amour, pourtant je n’avais fait que faillir à mes devoirs ; en tant que soldat, et en tant que mari. Je ne voulais pas la blesser ou feindre ma mort mais je découvrais avec surprise et un sentiment d’injustice du destin que les larmes qui séchaient sur ses joues empourprées étaient intarissables. Je ne voulais pas qu’elle connaisse la misère du deuil où la douleur de l’abandon. Je ne voulais pas qu’elle souffre à cause de mon héritage. Je la poussai légèrement avant d’ancrer mon regard tourmenté sur sa bouche. Combien de fois avait-elle prononcé mon prénom lorsque je n’étais plus là ? Je me souviens avoir prié en invoquant ta seule présence. Là-bas, dans le froid, la crasse, la pourriture et l’obscurité, Olivia était ma lumière divine. Tu sais, mon père m’a entrainé toute ma vie à accepter la mort noble du militaire. Je pensais qu’une explosion fulgurante, un coup de feu précis, ou un poignard acéré, aurait raison de ma vie. Ainsi, te quitter aurait été si rapide que je ne me serais même pas rendu compte de l’atrocité de cet acte, mais ces quatre années en Afghanistan n’ont fait que me blesser au plus profond de mon être. J’ai demandé à te retrouver avant de réaliser que je préférais succomber à mon ignominie. Je suis désolé de n’être que les fragments brisés de l’homme que tu as épousé. Sans m’arrêter, je me penchai lentement. Je tendis machinalement ma main vers l’écorce de l’arbre derrière elle. J’aurais tant voulu embrasser ses lèvres pulpeuses, mais mes désirs obliquaient vers un souvenir lointain où je n’étais qu’un prisonnier de guerre, m’empêchant de retrouver mon humanité. « A Londres … J’ai… J’y ai déménagé. J’ai un bon poste dans une clinique là-bas. » Souffla-t-elle avec un sourire pâle. Je retins ma respiration, suspendu entre les tremblements de sa mâchoire fine. « Samantha va bien. Et… Blake et Andrew se sont fiancés. Ma Blake et ton Andrew. » Je fronçai les sourcils avant de céder au vertige. C’était trop d’informations d’un coup. Trop de prénoms – trop de personnes dont l’existence me paraissait si lointaine. Je serrais les poings en me braquant soudainement. Tous les muscles de mes bras se tendirent dans une inflexion douloureuse, me rappelant que j’avais raté une multitude de choses. La famille était une notion qui m’avait échappé. A vrai dire, je m’étais uniquement focalisé sur Olivia durant ma séquestration. Elle était la plus importante – la seule et l’unique. Je lui avais promis une éternelle allégeance malgré les ratures sur mon corps.

« Tu es leur ennemi. Pas le mien. » Elle se fourvoyait à nouveau. J’étais certainement enregistré comme un danger potentiel pour le pays. Je connaissais le protocole. On m’avait gardé pendant un mois afin de s’assurer que je n’avais pas subi de lavage de cerveau – le détecteur de mensonge ponctuait mes longs récits, mais je ne disais jamais la vérité. Je baissai les yeux d’un air affligé. Elle ne pouvait plus voir au plus profond de mon âme. J’étais condamné à errer dans ma solitude. « Leur présence est inutile. Je sais que tu ne me feras jamais aucun mal. Tu n’es pas mon ennemi. Tu ne le seras jamais. » Reprit-elle avec douceur. Je regardais les couleurs de l’horizon oranger se disperser entre les tombes de mes ancêtres. C’était si difficile de revenir à la vie – Je me battais constamment pour retrouver la paix, mais tous mes efforts semblaient vains. Les fantômes qui rodaient autour de ma tête avaient raison de ma conscience. Olivia, je t’ai toujours aimé plus. Mais aujourd’hui, je ne peux te regarder sans songer que notre relation est vide. Je ne pourrais plus jamais te combler. Depuis que nous avons perdu le bébé, je ne suis plus qu’un bon à rien. Je lui souris d’un air terne avant de me mordre la lèvre inférieure. Je voulais retrouver l’étincelle passionnée qui pétillait au bord de mon regard azur – cependant, je n’étais qu’un automate. J’avais résisté aux pires châtiments, j’avais commis des violences et des trahisons à contre cœur, et enfin j’étais tombé du haut de mon piédestal. J’ai tué pour toi. Ma langue claqua contre mon palais. « Je te fais du mal … Tu ne le vois même pas … Divine Olivia … » Articulai-je en sentant la bile remonter le long de ma gorge. Regarde-toi. Tu as pleuré à la minute où, je suis apparu. Est-ce que je te fais peur ? La chemise ample qui flotte autour de mon torse jadis fort et impétueux, trahi toute ma fausse confiance. Je ne suis plus sûr de pouvoir te prendre dans mes bras sans faire craquer le tissu cicatriciel qui recouvre mes plaies béantes. Ce n’est pas ta faute si tu ne reconnais plus mon visage. Le chaos coule dans mes veines. Je peux tomber à genoux mais ma bouche ne prononcera jamais les mots de l’espoir, de l’amour, de toi. Les mèches dorées de ses longs cheveux s’enroulaient autour de mes doigts filiformes et égratignés. J’étais étonné de voir à quel point la vie me décevait. Mes tatouages ternis par les coups de fouets et de bâtons grouillaient sous les spasmes qui traversaient ma peau. Il ne reste plus que l’écho de notre bonheur dans mon esprit. C’est étrange. Tu ravives ma douleur. La guerre m’a brisé, et tu épands mes cendres au gré du vent. Mon souffle court se versait dans l’ambiance morose du cimetière, emporté par la mélancolie générale. Je roulai des yeux vers le soleil. L’heure de la prière approchait – il y avait cinq louanges obligatoires à adresser au miséricordieux dans le rite musulman ; à l’aube, à la mi-journée, dans l’après-midi, après le coucher du soleil et la nuit. J’avais appris à m’abandonner aux mélodies des versets du coran. Les croyances du monde n’avaient aucun sens pour moi, et pourtant je m’étais perfectionné en arabe afin de purger mon âme. C’était le seul moyen pour qu’on me laisse me laver. C’était la seule façon pour que les jihadistes épargnent le sniper américain. Je suis peut-être trop différent pour être aimé en retour. Je battis des cils d’un air perdu. « Tu as mal n’est-ce pas ? » Je voyais les flammes embraser le décor tout autour. Mes mains se posèrent de part et d’autre son cou. Tu as mal et tu n’oses même pas me l’avouer.

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Anonymous
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() message posté Jeu 9 Avr 2015 - 15:57 par Invité
she felt bad for trying to live a happy, full life, while her heart was buried in a dead man’s chest ;; and she suddenly knew that she would die too. maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. you couldn't live for very long without a heart. ✻ ✻ ✻ Et maintenant ? Mon esprit refusait d’y penser. Mon esprit refusait de se projeter dans le futur, dans ce futur qui me paraissait si incertain maintenant que l’équilibre de ma vie toute entière avait été basculé. Je me surprenais à ne pas savoir où je serais demain, après-demain, dans une semaine ; pourtant, avant même d’arriver à la Nouvelle-Orléans pour apprendre la vérité, j’avais su de quoi ma vie aurait été constituée. Je serais rentrée chez moi. J’aurais retrouvé Blake, Clarence, Andrew, Bleizian et Gabriel, attroupé dans mon appartement, envahissant mon espace vital sans vraiment le vouloir. Cela m’aurait légèrement oppressé mais j’aurais fait avec ; j’aurais été pleine d’un entrain étrange, commandant des pizzas pour tout le monde, me couchant tôt pour récupérer du décalage horaire. J’aurais repris le cours de mon quotidien monotone. Je serais allée travailler. J’aurais soigné les autres. Je serais sortie le soir, avec des amis, avec des amants, peut-être. J’aurais refusé des rendez-vous, j’en aurais accepté certains. J’aurais prié le ciel pour qu’Isaac me pardonne, où qu’il puisse bien être. J’aurais continué ma vie, oui. J’aurais affronté ses longues journées et l’absence de mon mari qui se faisait toujours sentir.
Mais cela ne semblait plus être possible. Je ne pouvais plus faire comme si rien n’était. Je ne pouvais pas agir comme si rien n’avait changé, comme si je ne savais pas. Je ne pourrais pas me permettre de reprendre mon existence là où je l’avais laissé ; la nouvelle faisait désormais partie de moi.
Il faisait partie de moi, lui, malgré toutes ces années.
Je le voyais perdre pieds et lâcher prise, également. J’aurais aimé lui dire que tout irait bien mais je ne savais même pas si cela serait vrai ; j’étais incapable de songer au futur, incapable de voir l’avenir, incapable de savoir ce que l’on pourrait bien faire. Je ne voyais que mon quotidien disparaître au loin. Je ne voyais que mes minces tentatives pour reconstruire une vie se transformer en poussières. Nous ne pourrions même pas songer reprendre nos vies là où elles s’étaient arrêtées ; Isaac était sans doute bien trop traumatisé pour parvenir à cela, et je savais, au fond de moi, que j’avais changé aussi. Je n’étais plus la même, non.
Je peinais à le reconnaître sous son corps déformé par les horreurs. Je peinais à le reconnaître dans ses gestes chargé de détresse. Mais la question qui résonnait le plus fort dans mon cœur était s’il me reconnaissait, moi. S’il me voyait comme avant ou si je n’étais plus qu’un visage inconnu parmi tant d’autres. « Je te fais du mal… Tu ne le vois même pas… Divine Olivia… » dit-il. Sa voix n’était même plus régulière, mais je l’entendais, lui, me parler. Je me fichais de son apparence, je me fichais de ses blessures, je me fichais de ses traumatismes. Je ne m’en faisais que pour lui. Que pour nous. Que pour cette vérité, cette situation. Les émotions s’entremêlaient et je me perdais dans la détresse ; les émotions s’entremêlaient et, malgré moi, j’avais mal. J’avais mal comme il semblait l’avoir deviné. J’avais mal parce que, justement, je m’en faisais trop pour toute ces choses. « Tu as mal n’est-ce pas ? » Je secouai la tête presque par automatisme, dans le mince espoir de lui faire oublier mes peines pour qu’il puisse se focaliser sur les siennes ; je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi, je ne voulais pas lui rajouter des soucis en plus de tous ceux qu’il devait déjà avoir. Je veux être parfaite, Isaac. Laisse-moi être parfaite. Laisse-moi être forte. Laisse-moi te montrer que je peux l’être pour toi et pour nous. « Ne t’occupe pas de moi. » lui intimai-je avec un sourire réconfortant. Ses mains, de part et d’autre de mon cou, réchauffait mon épiderme. « C’est l’émotion. Ce n’est rien. Je vais bien. » Oui, j’allais bien. J’étais en bonne santé. Je n’avais aucun trouble psychologique. Je pouvais encore travailler. J’étais entourée de personnes aimantes, bien qu’envahissantes. Je passais mes journées à ce que je savais faire le mieux ; aider les autres. M’occuper d’eux. Alors, oui, j’allais bien. Malgré tout l’amas d’émotions que mon cœur contenait en son sein sans parvenir à s’en détacher, j’allais bien et j’étais persuadée que j’irais bien. « Concentre-toi sur toi, d’accord ? » poursuivis-je. Ne pense pas à moi, Isaac. Ne te donne pas cette peine. « Comment tu te sens, toi ? » Quelque part, pour oublier mes propres peines, pour oublier mon propre mal être, je voulais connaître les siens pour tenter de lui enlever ces  poids qui lui pesaient. Isaac, laisse-moi t’aider. Laisse-moi le faire. Tu me connaissais suffisamment bien pour te souvenir, aujourd’hui, que c’est ma seule façon de me calmer. Et d’aller mieux. Je l’observai avec attention. Je ne le touchai pas, également, pour ne pas le brusquer, pour éviter qu’il y ait trop d’informations dans son esprit troublé. Je voulais qu’il me croie, également. Je l’espérais de tout mon cœur.
Il s’est passé quatre ans, Isaac. Quatre années où j’étais toute seule. Quatre années où tu n’as fait que me manquer. Quatre années où j’ai eu la possibilité, quand même, d’apprendre à avancer sans toi à mes côtés. Et je l’ai fait, Isaac. J’ai avancé sans toi. J’ai avancé avec cette absence qui pesait dans ma poitrine mais j’ai réussi à e faire, comme tu m’avais demandé un jour. Mais tu m’as toujours manqué, Isaac. Tu me manques encore. J’ai fini par croire que tu étais mon âme sœur, cette âme sœur que le destin m’avait retirée trop tôt. Laisse-moi t’aider. Laisse-moi m’oublier. Laisse-moi être là pour te prouver que, malgré ces quatre années à avancer, je continuai de regarder derrière. « Dis-le moi. Tu sais que tu peux me le dire. » Et je gardai le silence, l’observant avec attention. Le vent balayait mes cheveux et je frissonnai sans le vouloir.
Mais je ne cillai pas. Pas une seule fois. Je voulais le voir à chaque instant de ces retrouvailles imparfaites, par peur qu'il ne disparaisse comme une illusion. Comme un fantome.
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