nuit fauves.

« Charlotte, où est papa ? » La jeune brunette qui donnait le bain à son plus jeune frère regardait la blondinette, les mains dans l’eau avant d’hausser les épaules « Je ne sais pas Swann, va voir dans la chambre, ou dans le salon. » Haussant les épaules à son tour, la jeune fille soupire «J’ai déjà regardé. »  « Alors je ne sais pas. » Elle claque alors la porte et descend les escaliers qui mènent au salon et retrouve son père affalé contre le meuble de la cuisine. Il pue le bourbon mélangé à la vodka. Cela lui procure des hauts le cœur. « Papa, j’ai besoin de toi pour que tu signes mon autorisation de sortie pour demain, on va au Zoo avec ma classe, pour la fin de l’année. » Son père grogne et s’allonge sur le sol de la cuisine. Lorsqu’elle entend ses autres frères et sœurs qui rentrent de l’école, elle leur sort leurs céréales préférés et enjambe son père, c’est étrange cette sensation. Voir son père ivre mort sur le sol de sa propre cuisine, ça ne devrait pas être permis pour une adolescente de quatorze ans. Tout comme cela ne devrait pas être permis de devoir s’occuper de ses frères et sœurs parce que sa toxicomane de mère est partie avec un homme plus jeune qu’elle. Mais la vie est une succession de combats, tous plus rudes les uns que les autres

« MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS ? » Attrapant une à une les bouteilles d’alcool, Swann déverse leur contenu dans l’évier en se bouchant le nez pour éviter que l’alcool ne lui monte à la tête avec la chaleur qu’il fait dehors. Son père, énervé, lui attrape le bras. Elle se débat et lui fait lâcher son bras avant de claquer la bouteille sur le sol en un fracas monstre. « Non mais attend ? Tu t’fous de moi ? Tu crois que t’es un exemple pour Ezekiel ? Tu crois qu’il est heureux de te voir tout les soirs bourré sur le sol de la cuisine parce que t’es pas foutu de t’arrêter au premier verre ? TU CROIS QU’IL EST CONTENT ? COMMENT TU CROIS QU’UN ENFANT DE CINQ ANS DOIT REAGIR. COMMENT ? » Les larmes aux yeux, la jeune fille attrape une nouvelle bouteille avant que son père la pousse loin de l’évier. « ARRÊTE TES CONNERIES SWANN. ARRÊTE OU TU VAS T’EN PRENDRE UNE. » Elle défie alors son père du regard. « Frappe moi, et tu ne me revois plus jamais, tes gosses seront placés en foyer, et tu seras tout seul, comme le pauvre minable que tu es. » Elle ne s’attendait pas à ce que le poing de son père s’écrase sur sa joue, et, déstabilisée, elle tombe à la renverse avant de se relever pour que personne ne la voit au sol. « T’es vraiment le pire des enfoirés de la terre, Maman aurait dû partir plus tôt avec son amant, ou alors, on aurait dû t’émasculer à la naissance. » Les larmes coulant sur ses joues, elle monte dans sa chambre et saisit du papier et un stylo avant d’écrire une lettre à ses frères et sœurs, une lettre d’adieu.

« Tu es sûre que tu veux faire cela ? » Prenant sa meilleure amie dans ses bras, Swann serre celle qui l’hébergeait depuis sa crise, depuis six mois. « Oui, j’ai besoin d’être ailleurs, et je ne veux pas être un poids pour toi. »  Levant les yeux au ciel, Ana lui tape doucement l’épaule « Mais tu ne seras jamais un poids pour moi. Dis moi quand tu es arrivée et quand tu es installée on skypera ! » La jeune blonde sourit alors avant de prendre le chemin de l’embarquement. Direction l’Irlande, la où elle va refaire sa vie, là ou elle pourra être Arielle et non Swann. Là où son alcoolique de père ne la hantera plus.

two month after

« Écoute Swann, je ne suis pas amoureux de toi. Tu es adorable, mais non, je ne suis pas amoureux de toi. J'adore ce qu'on a ensemble, j'adore la relation qui nous unit, mais je préfère qu'on reste amis. » Elle enfile alors son tee-shirt trois fois trop grand pour elle, et le prend dans ses bras « Je comprend Deelan, et j'accepte. » Elle lui sourit, au fond c'est vrai, elle le voit plus comme un frère et elle veut être la pour lui quand il en a besoin, alors peut-être que ce n'était pas de l'amour, mais pourtant son coeur se serre quand elle le voit franchir le pas de la porte. Deelan, l'un de ses véritable ami, le premier ami qu'elle s'est fait ici en Irlande, alors qu'elle n'avait rien. Ca ne doit pas faire aussi mal, ce n'est qu'un cœur brisé après tout.

C'est un retour à Londres anticipé, un silence radio avec Deelan et sa famille, puis il y a cet homme aussi, cet homme qu'elle a rencontré dans le bar où elle travaille. C'est un numéro griffonnée sous un sous-verre en carton, c'est une nuit passée, puis deux, puis la découverte d'une double vie, sa femme, son réel job. C'est le cœur brisé une nouvelle fois. C'est la fin de la vie sentimentale tumultueuse. Un job pour payer son loyer, c'est trimer pour payer. C'est de l'amusement, et pas d'attaches, plus d'attaches.