how to disappear completely. (w/ lewis)

« Tu devrais avoir peur. » J’esquisse un sourire, amusé par cet air surfait. Le grand Lewis McAllister terrorisé. C’était une grande première. Et puis, surtout, il était d’une telle crédibilité. Il était certainement aussi crédible que l’arrêt, soudain, de cette putain de migraine qui continuait de me percer littéralement le crâne. J’avais comme des tambours dans la tête. Insupportable. Pourtant, je n’en fis pas la remarque. Elle n’allait tout de même pas me gâcher la soirée. « Ah bon ? Eh bien je ne me savais pas aussi doué. » Et pourtant il l’était, il faisait même ça avec brio, la classe mondiale. Il se redressa légèrement alors que mon regard se suppléait au sien. Finalement, il vint m’embrasser, tendrement. Je ne pouvais que prolonger ce baiser, impossible pour moi de ne pas y succomber. Lewis était un romantique, il ne faisait rien paraître mais il l’était et je le savais. Moi ? Je l’étais peut-être moins. Je pouvais me sentir impliqué dans une relation comme celle-ci aujourd’hui pour en dénigrer une autre le lendemain. Je pouvais très bien me comporter en parfait connard. Je n’avais pas si bon caractère que ça mais soit, je pouvais tout aussi bien être romantique et facile à vivre. Si j’étais fraîchement divorcé tous les dix mois c’était pas pour rien. Je n’étais pas du genre infidèle, j’étais du genre indépendant. Je pouvais sentir la main de Lewis glisser le long de mon abdomen, le long de ma cuisse, la mienne était toujours fermement agrippé à sa nuque. Elle s’y délogea, pourtant, pour mieux s'infiltrer sous sa chemise défaite. Ses baisers descendirent jusqu’à ma nuque, étrangement, je nous revoyais encore dans cette cuisine. Et puis, j’ai repensé aux fois précédentes. Je ne sais pas pourquoi je finissais toujours par replonger dans ses bras. Je m’y sentais comme chez moi. « Je pense que c'est un bonne chose que tu ne sois plus souffrant. Ce serait dommage que tu tombes malade quand même ! » J’ai lâché le dossier du canapé un instant afin de saisir l’une de ses épaules en riant. Je n’étais que très peu stable dans cette position mais peu importe, j’ai donné une légère tape sur l’un de ses pectoraux. « Je ne tombe pas malade. Je suis écossais je te rappelle. Comme on dit : un scotch et ça repart ! » C’est fou comme je pouvais raconter n’importe quoi une fois fatigué. Je me suis penché une dernière fois au-dessus de lui, j'effleurais quasiment ses lèvres. Mais je n’allais pas lui faire ce petit plaisir, je me suis redressé aussi sec. « Je suppose que je dois te rendre la pareille ? » Je n’attendais aucune réponse. Je ne lui laissais pas le choix à vrai dire. J’avais juste balancé ça pour qu’il me fasse une petite place. Mon regard se posa sur la télévision un moment. Un porno venait de commencer sous mes yeux. Un homme, une femme, mauvais timing. J’ai pris la télécommande pour changer de chaîne. Un documentaire animalier. Comme si le régime alimentaire du lion d’Asie était susceptible d’intéresser quelqu’un. J’ai esquissé un sourire avant de donner la télécommande à Lewis. « Je te laisse me surprendre. » M’installant derrière lui, je dus me rendre à l’évidence : je ne voyais plus rien. J’étais blasé, totalement blasé. Pourquoi devait-il faire une tête de plus que moi ? J’ai inspiré longuement avant de glisser mes mains le long de son dos, d’embrasser sa nuque, de masser ses épaules musclés.

Evidemment qu’il n’y avait rien à la télévision à cette heure de la soirée. Ou de la nuit, plutôt. Ma main glissa doucement le long de son bras alors que j’embrassais désormais l’une de ses épaules. Finalement, je lui repris la télécommande des mains. Quel malpoli je faisais, j’esquissais un sourire à même sa peau, amusé. Mon téléviseur pris finalement sa retraite anticipée. Nous étions à présent dans la pénombre. Fort heureusement, je pouvais encore très nettement distinguer le corps de Lewis face à moi. Ma main fit le trajet inverse. Après tout, je devais bien le masser n’est-ce pas ? « De rien matelot. » Et puis, l’air de rien, je repris les choses en main. Enfin, le dos de Lewis pour être exact. Je ne disais rien, j’aimais bien ce silence, il était relaxant. Je ne pensais pas être aussi doué, je me pensais, même, plutôt mauvais mais le fait est, que je m’appliquais, que j’avais besoin d’être occupé. Et quoi de mieux pour ça que de s’occuper de Lewis ? Les minutes passèrent, je ne m’en lassais pas. J’avais de moins en moins mal au crâne bien que la douleur persistait à me mener la vie dure. Je vis alors Lewis se retourner vers moi, j’eus un large sourire à sa vue. Je pouvais sentir sa main sans la percevoir distinctement. Agrippant sa nuque tendrement, je fis en sorte de prolonger ce baiser quelques secondes de plus. « Tu viens de m’achever. » Je l’ai regardé un brin surpris. Quoique. Il était quoi ? Deux heures du matin. Après une dure journée, une soirée aussi riche en rebondissements il pouvait se permettre d’être épuisé. Je l’ai regardé se poser sur mon épaule sans rien dire avant de me redresser légèrement afin d’être plus confortable. Sa main se posa sur mon torse quand la mienne s’évertua à lui caresser le dos, encore, du bout des doigts. Je suis resté comme ça un bon moment, à cesser de penser, de réfléchir et j’ai fermé les yeux. Je me sentais bien ici, je n’avais pas besoin de faire semblant de déprécier ce moment, de feindre la gêne, la répulsion. J’étais bien. J’étais bien avec Lewis. Avec Lewis. J’ai ouvert les yeux péniblement, il semblait dormir. J’ai caressé sa crinière brune lentement, je m’amusais presque à la décoiffer. Il avait l’air si innocent comme ça. Bâillant bruyamment, je me suis senti sombrer. J’avais encore mes chaussures aux pieds pourtant. « Tu dors ? » Question conne bonjour. Si il ne dormait pas, il en avait tout l’air. Est-ce que j’allais finir par m’endormir sur ce fauteuil moi aussi ? J’avais envie de me plonger sous mes draps. Secrètement. Pourtant, je ne pouvais pas le réveiller, il semblait si bien, si apaisé.