(✰) message posté Dim 26 Juil 2015 - 19:00 par Invité
but these stories don't mean anything, if you've got no one to tell them to ☇ C'était une sorte de loi tacite, un accord communément admis entre le comité des frères : on n'aime jamais les petits copains de ses sœurs. En tout cas, pas dès les premiers abords. Et avec quatre sœurs, Jules avait été servis. Si Saphyr avait toujours été très discrète et n'avait montré à sa fratrie que celui qui devint ensuite son mari, Jules avait tout de même trouvé le moyen de le détester et le détestait encore. Et pourtant, c'était un type bien, sympa, pas de défaut majeur. Jules le trouvait simplement inintéressant et sa façon qu'il avait de vouloir s'intégrer dans cette famille l'insupportait. Pour Jo, Jules n'avait jamais trop osé faire de remarque (Jo aurait été capable de lui foutre une droite dans le pif s'il avait fichu le bordel avec l'un de ses copains), ça n'empêchait pas le jeune homme d'agir en douce, genre, en mettant du poil à gratté dans le caleçon que cet idée de Flynn McGuire avait laissé traîner dans la salle de bain. La faute de ce dernier ? Il avait osé avoir une conversation très... descriptive des atouts de la deuxième de la fratrie Abberline, dans le réfectoire du collège. Jules avait plutôt mal vécu d'entendre dans son dos tous les adjectifs possibles pour décrire des tétons. Avec Savannah, Jules avait simplement baissé les bras. Elle avait eu trop de petits copains pour que Jules les traumatise tous. Et pourtant, il n'avait pas chômé. Curtis, pour l'aider, il avait menacé de mort tout ceux qui avaient été assez fous pour briser le cœur de la cadette, pour ceux qui se contentaient d'être idiot, Jules et Curtis, en avait fait trébuché un dans la fontaine de la place non loin de la demeure Abberline et puis, quelques rumeurs infondées sur les attributs de quelques uns avaient été lancées... Pour Poppy, c'était une autre histoire, Jules voyait les choses autrement. Parce qu'il avait un point de vue interne de la situation et pas extérieure comme pour ses autres soeurs. Poppy lui avait raconté toutes ses histoires de coeur, et en général Jules avait le même avis sur l'intéressé que Poppy. Il la vengeait quand elle se faisait avoir, il la soutenait quand elle espérait une fin heureuse. Les petits copains de Poppy n'avaient en général pas à s'en faire, sauf si ça se terminait mal évidemment. Mais pour cet petit prétentieux de Gabriel... Jules ne le sentait tout simplement pas !
Il se doutait bien que la relation entre sa soeur et ce type ne s'arrêtait pas à la simple relation de bureau. C’était une relation conflictuelle, compliquée, et surtout remplie de sous-entendus. Jules connaissait bien ce genre de relation, et une chose était sûre, ce n’était jamais innocent. Il avait commencé à s’en méfier il y a longtemps déjà, mais il n’avait plus douté ce jour où il était allé chercher Poppy à son travail et qu’il avait entendu ledit patron parler de sa jumelle. Certes, ce jour-là, Jules avait fumé deux gros bangs et il était même possible qu’il ait pris un ou deux médocs. Il avait même eut une sorte d’halu’ dans le métro pour aller sur le lieu de travail de sa sœur, mais il se souvenait très bien de ce qui avait été dit. Ce type en train de faire des blagues salaces à l’un de ses collègues, qui quant à eux riaient grassement à chaque sous-entendu que faisait Gabriel. Il utilisait des mots que Jules ne pouvait accepter pour définir sa sœur : « poupée », « ma petite artiste » ou d’autres surnoms bien trop familiers pour se résumer à une relation de bureau. Et puis, il avait sorti, à un moment, une phrase qui voulait tout dire, une phrase du genre « je l’ai quand je veux celle-là ». Ni une ni deux Jules avait foncé droit vers le petit groupe de bureaucrate, ayant la ferme intention de foutre la tête de l’un dans le cul d’un autre… C’était à ce moment-là que Poppy avait fait son apparition, souriante, rayonnante, charmante comme d’habitude. Cela avait stoppé Jules net.
Alors oui, normalement, sur le trajet du retour en métro, Jules aurait dû raconter tout de suite cette scène à sa sœur. Il ne savait pas trop pourquoi l ne l’avait pas fait. Peut-être parce qu’il avait peur que ce Gabriel à la con ait raison, qu’il puisse vraiment l’avoir quand il voulait. Et ne voulant pas tenter le diable, il avait gardé le silence. Sauf que voilà, Jules, il n’avait pas la lumière à tous les étages, il était même un peu con, qu’on se le dise. Du coup, il venait de gaffer grave et maintenant Poppy n’était pas contente. Elle fronçait les sourcils, elle le mitraillait de question, ne comprenant pas comment il avait pu passer sous silence une telle information. Bah oui, quand on est une paire de jumeau, on partage tout. Pas le choix. Jules roulait des yeux et soupira fortement, déjà blasé par cette conversation. Hey, ca va, on est jumeau pas siamois. J’suis pas obligé de tout te dire. Si, il l’était. Voyant que son argument ne tiendrait pas la route il embraya, tout tirant sur le joint qui circulait doucement et essayant de détourner l’attention de sa traitrise vers une autre traitrise : Et toi, pourquoi tu m’as pas dis que tu craquais pour ton boss ? Silence. Ca, c’était un secret, enfin, personne n’en avait jamais parlé, mais Jules n’était pas dupe. Il la connaissait sa sœur, il la connaissait même trop bien. Cependant, il aurait préféré se tromper. Poppy tentait bien sûr de démentir, Jules la coupa avant qu’elle ne puisse aligner deux mots : Hey, ça va j’suis pas débile. Cependant, ça n’effaçait pas le fait que lui aussi n’avait pas été franc sur toute la ligne. Poppy ne lui laissait d'ailleurs guère le choix de s’expliquer. Nouvelle taffe, il repris : Je te l’ai pas dis parce que je voulais pas te faire de la peine, ça te va ? Jules tira une nouvelle taffe et se laissa tomber assis sur la première planche de bois qui se trouvait sur la trajectoire de son cul. Il hésitait à continuer mais Poppy ne lui laissait pas vraiment le choix, il soupira, prenant le temps d’une autre taffe avant de repasser le joint à sa sœur, elle en aurait besoin. Un jour, je l’ai entendu parler de toi avec ses collègues ou j’sais pas qui.. Genre, il t’aurait bien un jour, t’es bonne, t’es sexy, blablabla.. Tu vois le genre. Il veut juste coucher avec toi. En gros. Jules avait le regard vide, mais il laissant des regards furtifs à sa sœur pour guetter sa réaction. Le tatoué craignait en effet d’avoir brisé le cœur de sa jumelle.
Jules et moi nous ne nous engueulions jamais. C’était un postulat très simple. Nous n’en avions pas besoin, c’était un peu comme si nous étions au-dessus de ça. Sans vanité aucune, bien sûr. C’est juste que notre communication avait toujours été plutôt efficace. Ou du moins, elle n’avait pas eu de raisons d’être remise en question. Le fait qu’il ait retenu des informations changeait la donne. C’est comme si je découvrais quelqu’un d’autre face à moi. J’étais déçue, bien sûr. Mais il y avait autre chose, pas du ressentiment, non. Car après tout, il était humain de vouloir protéger les siens. C’était plutôt de la tristesse. Je pensais que l’on pouvait tout se dire, en toutes circonstances. Hélas, ce n’était pas le cas. Immédiatement, je fus conduite à penser que c’était à cause de mon mode de vie. Ou plutôt de la différence entre nos deux modes de vies à présent. Avant, j’étais toujours collée à Jules, nous faisions la même chose, testions les mêmes substances, gouttions aux mêmes boissons, et n’hésitions jamais quant à braver tous les interdits en but de notre prochaine expérience. A présent, j’avais plus de considération pour les règles, même si je ne me gênais pas lorsqu’il s’agissait de les enfreindre. Toutefois, cela avait changé les choses. Notre équilibre passé n’était plus. Je pensais que cela ne bouleverserait pas notre dynamique. J’avais sans doute tords de penser que mon frère continuerait de me considérer comme sa partenaire en crime à présent que j’étais étiquetée responsable. Le fait qu’il soit capable de me cacher des choses me blessa bien plus que je le laissais filtrer. Et je décidais que s’il voulait jouer à ça, je cacherais mes sentiments moi. Dans mon esprit raisonnait sa phrase qui me semblait une trahison à elle seule « Hey, ca va, on est jumeau pas siamois. J’suis pas obligé de tout te dire. » un instant je le toisais avant de détourner le regard. C’était pire qu’un poignard dans le dos. J’avais presque l’impression qu’il réduisait notre lien à un truc stupide en raison de notre sang. Alors que c’était beaucoup plus que ça pour moi. Trop écœurée je ne pris même pas la peine de répondre. Sa pique suivante me réveilla cependant, et je croisais les bras le toisant carrément cette fois. « Parce que ce n’est pas le cas. » rétorquais-je simplement. Je me gardais bien de dire que si on partait de son postulat je n’avais pas à lui dire. Parce que nous ne nous disputions pas, jamais. Et je ne voulais pas que la première dispute de notre existence soit causée par mon abruti de patron. Encore moins par d’hypothétiques sentiments que je pourrais avoir à son égard. Il m’était bien assez difficile ne serait-ce que d’envisager tout cela pour pouvoir en parler. S’il n’était pas en mesure de le comprendre nous n’avions plus rien à dire sur le sujet.
Son excuse n’ôtait rien au fait qu’il m’avait blessé en faisant ça, alors je haussais simplement les épaules ne donnant pas de réponses. Pire, je me demandais ce qu’il pouvait bien me cacher d’autre, pour ne pas me faire de peine. J’avais osé penser qu’on était au-dessus de ce genre de considération. Faire de la peine à l’autre était parfois un mal nécessaire pour conserver un lien hors du commun. Du moins, c’est ainsi que j’avais l’habitude de voir les choses. Ce que je ne disais pas à Jules c’était seulement ce que je n’avais pas encore compris par moi-même et les éléments sur lesquels je devais encore réfléchir seule. Que ne me disait-il pas de son côté ? J’avais du mal à croire que je me posais une telle question. Constatant que sa réponse était insuffisante, il se mit finalement à table rétablissant les choses comme elles auraient dû l’être initialement. Je l’écoutais, attentive, ayant du mal à imaginer Gabriel dire de telles choses. Jules avait sans doute raison, si je ne pouvais pas voir qu’il était un mec comme les autres, avec des intentions peu louables, c’était probablement qu’il y avait quelque chose en plus. Je refusais toutefois de m’appesantir sur ce genre de détails pour le moment. « Ah. Je ne suis pas soudainement devenue en sucre tu sais. Même si il me plait, je suis capable d’entendre ce genre de truc. Tu sais bien que je ne suis pas du genre à tomber éperdument amoureuse du premier venu. » répliquais-je légèrement blasée. Jules était pleinement conscient des problèmes que j’avais à m’attacher aux hommes en général. Je pouvais bien avoir une ribambelle d’amis mecs, mais lorsque ça devenait romantique je devais avoir un minimum de détachement possible. Je n’étais pas du genre à croire au coup de foudre. L’amour était quelque chose de bien trop compliqué pour moi. Puis, l’idée d’avoir une relation stable et durable était un peu effrayante. Surtout que ça impliquait d’avoir sans doute des enfants dans le processus. Et je ne voulais, ni ne pouvait avoir des enfants. J’étais quasiment certaine d’être prédisposée à être un parent merdique à cause des miens. Bien que je ne puisse frapper mes gosses, je pouvais devenir la pire mère au monde, j’en étais certaine.
crackle bones
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(✰) message posté Dim 9 Aoû 2015 - 11:29 par Invité
but these stories don't mean anything, if you've got no one to tell them to ☇ Il ressentait sa peine, son étonnement aussi. Oui, elle ne comprenait pas comment d'un coup son jumeau pouvait tenir un tel discours. Un discours à l’opposé de tout ce qui avait toujours été établit entre eux comme vérité absolue. Genre, on ne se cache rien, on vit tout ensemble, on est honnête et on ne forme qu’une seule et même personne. Ce genre de théories auxquelles Jules croyait, vraiment. Enfin, avant. Oui, Poppy c’était sa moitié. Et c’est là que la nuance était importante. C’était sa moitié, et non son double. Elle étiat la meilleure moitié de lui-même, la meilleure partie, la plus jolie. Mais ça faisait longtemps qu’ils avaient arrêté d’être des sortes de copies conformes, des partenaires de crimes. Il était loin le temps où ils partaient ensemble, suivi de Curtis, foutre un pétard dans la boite aux lettres du voisin ou bien qu’ils fumaient qu’un bédo à la fenêtre de leur chambre. Les quelques rails partagés semblaient même n’avoir jamais existé. Et pourtant… Alors évidemment que ce discours blessait Poppy. Evidemment qu’elle tombait de haut, découvrant soudainement les zones d’ombre qu’elle avait pour le moment ignoré. Et pourtant, cette histoire minable avec Gabriel n’était pas la seule chose que Jules avait décidé de passer sous silence pour ménager sa jumelle. On en était même loin. Mais pas la peine de parler de ça pour l’instant.
Alors que Poppy lui reprochait d’avoir gardé le silence sur cette histoire, Jules rétorqua en lui demandant pourquoi elle ne lui avait pas dit qu’elle en pinçait pour ce vieux type. Ce à quoi elle s’offusqua : Parce que ce n’est pas le cas. Jules ouvrit alors tout de suite grand les bras, théâtral, avant d’ajouter d’un air évident et insolent : Alors qu’est-ce que ça peut te faire que je ne t’ai rien dis ? Bah oui, si elle s’en fichait de lui, qu’est-ce que ca pouvait lui faire qu’il ait dit à ses collègues qu’il voulait se la faire, hein ? Ca ne changeait absolument rien. Au pire des cas, ça aurait pu la faire bien rire, et si vraiment elle s’en fichait elle se serait simplement dit que ce type était le plus gros goujat de la galaxie et elle et son jumeau aurait bien rit sur son dos. La preuve étant que ça ne semblait pas du tout la faire rire. Mais alors, pas du tout. Ne sachant pas très bien si c’était la trahison ou l’objet de la trahison qui faisait le plus enrager Poppy, Jules misait pourtant pour un subtil mélange des deux.
Jules s’était donc expliqué d’avantage. Il avait raconté la scène, assez rapidement mais assez explicitement pour que Poppy puisse se rendre compte de tout ça. Elle avait l’air déçue, elle semblait avoir la gorge nouée. Jules s’en apercevait, évidemment. Il la regardait donc timidement, attendant une réaction de sa part. Elle vint après quelques secondes de silence pesant supplémentaire. Ah. Je ne suis pas soudainement devenue en sucre tu sais… Jules roula des yeux. Non, mais un peu quand même. Il savait bien qu’il devait la ménager de pas mal de chose histoire qu’elle ne fasse pas une syncope. Mais nous y viendront plus tard… [color:ddf5=c03b60]. Même si il me plait, je suis capable d’entendre ce genre de truc. Tu sais bien que je ne suis pas du genre à tomber éperdument amoureuse du premier venu. Jules arqua un sourcil et regarda sa jumelle. Donc, il te plait. fut la seule réaction qu’il eut sur le coup. Genre Tu vois, j’avais raison ! stupide, vraiment. Mais il s’était sentit obligé de le faire remarquer. Cela dit, elle avait raison sur un point. Poppy n’avait jamais été du genre à se laisser embarquer dans des histoires d’amour dès le premier regard. Elle était plus réfléchit et méfiante. Peut-être que le fait d’avoir grandit élevé par un monstre et passant le plus clair de son temps avec ses deux frères avaient éradiqué en elle son côté fleur-bleue, qui sait ? Histoire de calmer le jeu, et peut-être guérir un peu le cœur de sa sœur blessée, s’imaginant sans doute un peu thaumaturge, Jules se sentit obligé de reconnaitre ceci : J’sais bien mais… J’ai flippé. Tu sais aucun frère n’aime savoir qu’un type veut baiser sa sœur. Enfin, j’crois. Mais désolé, si t’a pas aimé l’idée que j’t’en parle pas. Comme à son habitude, il s’emmêlait les pinceaux. Et puis, parce qu’il était con, il ajouta à la suite, fixant cette fois-ci le sol. T’es peut-être pas en sucre Pops, mais t’es pas non plus assez solide pour certaine chose. J’veux dire, j’peux pas tout te dire comme quand on était ado. On est plus pareil.Ca change rien au fait que tu es la seule personne qui compte pour moi mais.. On a pas pris la même direction, c’est tout. Ouais, la drogue notamment, cela avait creusé un gouffre entre eux. C’était certain. Jules ne poursuivit pas davantage, et pour ne pas attirer plus de questions de la part de Poppy, Jules ajouta un peu plus joyeusement : Mais la prochaine fois qu’un mec veut coucher avec toi, j’te le dirais. Ok ? Il esquissa un sourire et attrapa une nouvelle bière.
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(✰) message posté Ven 21 Aoû 2015 - 19:56 par Invité
Tu es bémol et moi je suis dièse. Jules.
Je détestais la tournure qu’avaient prises les choses. C’était probablement la chose la plus ressemblante à une dispute que nous avions pu avoir de toute notre existence Jules et moi. Au fond, quelque chose me disait que l’on finirait par y arriver. A l’étape des disputes. Je ne le souhaitais pas, mais plus le temps passait, plus ça me semblait inéluctable. Lorsque je déclarais que Gabriel ne me plaisait pas, il ne trouva rien de mieux que de rétorquer par me demander ce que ça peut bien me faire qu’il ne m’ait rien dit. Me retenant de lever les yeux au ciel, je me mordais la langue. Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire ? Merde, il ne comprenait plus rien ou quoi ? C’était blessant, tout simplement. Le fait d’être siamois ou pas n’avait rien à voir l’un dedans. Nous avions toujours été totalement transparents. Je savais avec qui il avait couché, et vice-versa, bien que ce ne soit pas nos conversations préférées nous les avions eues depuis tout le temps. Ce genre d’élément aurait dû être porté à ma connaissance. Et pas seulement car ça m’aurait permis de foutre un bon coup de pied dans les parties génitales de cet abrutit de Gabriel. Le gougeât. Dès qu’il regagnerait la ville, il pouvait être certain qu’il allait entendre de mes nouvelles.
Je levais les yeux au ciel lorsqu’il ne retint que la partie qui l’intéressait de mon laïus. Comment pouvait-il douter qu’il me plaise au moins physiquement ? Pour l’avoir entendu parler, il l’avait sans doute vu. Il faudrait être extrêmement difficile pour ne pas percevoir la beauté classique et symétrique émanant de Gabriel. C’était presque anthropologique qu’il plaise. Toutefois, je me gardais de rentrer dans une cession d’argumentaire à ce sujet avec mon frère. Je me contentais de le toiser, lui faisant bien comprendre que ce n’était pas l’essentiel de ma phrase. D’autant plus qu’il ignorait ce qui demeurait probablement le pire, l’empathie que j’avais pu avoir à son égard. L’espèce de lien étrange et en constante mouvance que nous avions tous les deux. Je ne savais pas comment le nommer, et cette inconsistance m’effrayait d’autant plus il fallait bien que je me l’avoue. C’était pourquoi j’évitais de lui en parler pour le moment. Il se moquerait, ou pire, condamnerait tout ça et brouillerait mes pensées définitivement. J’avais beau aimer Jules plus que tout au monde, je ne pouvais l’autoriser à avoir une telle influence dans mes ressentis. Pour ma part, je ne me serais jamais permise de me mêler de sa relation avec Angèle, ni d’aucune autre. Alors je méritais ce calme mental. « C’est bon, laisse faire. » balayais-je finalement l’incident décidant que ce n’était sans doute pas le plus grave. Il avait fini par passer à table après tout. Comme on dit : il vaut mieux tard que jamais. Du moins… je l’espérais.
Au final, la partie la plus douloureuse de notre conversation ne fut pas notre presque dispute. Non, ce n’était que la partie émergeante de l’iceberg. Ce qui termina de me blesser proprement furent les paroles de Jules lorsque j’eus déclaré que je n’étais pas en sucre « T’es peut-être pas en sucre Pops, mais t’es pas non plus assez solide pour certaine chose. J’veux dire, j’peux pas tout te dire comme quand on était ado. On est plus pareil.Ca change rien au fait que tu es la seule personne qui compte pour moi mais.. On a pas pris la même direction, c’est tout. ». Immédiatement, je détournais le regard. On est plus pareils, j’peux pas tout te dire, on a pas pris la même direction ces parties de son discours tournaient en boucle dans mon esprit. J’eus l’impression d’être déracinée en un instant. Le fait qu’il ait dit que j’étais la seule personne comptant pour lui était comme un coup d’épée dans l’eau. Cela avait fini de s’effacer avec la fin de son discours. Lorsque je le regardais de nouveau, j’eus l’impression d’être une totale étrangère. Avec une connaissance parfaite de son passé, certes, mais avec la certitude également qu’il m’éloignerait dans le futur. Car il ne me considérait plus comme son égale. Notre relation était asymétrique pour lui. Alors forcément cela changeait la donne. On dit qu’on nait et qu’on meurt seul, puis qu’entre les deux c’est à nous de nous entourer. Je n’avais jamais ressenti les choses ainsi. Je suis née avec Jules, j’ai tout fait avec lui. Il était sans doute l’heure que j’apprenne ce qu’était la solitude après tout. Bien sûr, Jules détourna le sujet. Il ne voulait probablement pas que je revendique ou que je l’interroge. Au fond, je n’en avais pas besoin. Bien qu’il me pensa a des années lumières de son monde, je le connaissais assez pour me douter de ce qu’il pouvait ressentir et de pourquoi il avait pu me sortir des choses pareilles. De son côté, j’étais persuadées qu’il n’imaginait pas à quel point cela pouvait être difficile pour moi. Cela remettait toute ma vie en question. Avoir un environnement saint et rangé en valait-il vraiment la peine s’il fallait pour cela que je me sépare de l’être le plus important pour moi ? Je commençais sérieusement à en douter. Après tout, je n’étais peut-être toujours qu’à un joint de lui, qu’à une bouteille de vodka en soirée, qu’à une pilule un jour de festival. Enfin… cela faisait tellement longtemps que je n’en savais plus rien. « Ouais, merci. Histoire que je puisse lui mettre un coup de pied bien placé. C’est ce qui attend Gabriel dès que je le croiserais en tous cas. » avouais-je, sincère tout de même.
crackle bones
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(✰) message posté Dim 13 Sep 2015 - 11:21 par Invité
but these stories don't mean anything, if you've got no one to tell them to ☇ Jules ne chercha pas à approfondir l'affaire Gabriel. Poppy l'avait envoyée valser loin dernier et semblait ne plus du tout vouloir en parler. Jules n'avait rien à ajouter. Au pire quoi, il répéterait encore que tout ceci ne lui plaisait pas ? Il en rajouterait une couche en spécifiant qu'il était persuadé que tout ceci allait très mal tourner ? Poppy aurait le coeur brisé, lui serait énervé, il aurait tabassé ledit Gabriel -sans doute se ferait-il laminer par la même occasion- et Poppy finirait par perdre son travail ? Pire encore, Gabriel nous jouerait un remix de 50 nuances de Grey et Jules se tirerait une balle dans la tête ? Il était donc plus sage de faire comme Poppy l'avait suggéré avec sa petite remarque innocente et détachée : laisser tomber. Jules savait faire ça, c'était même sa spécialité.
De toute façon, Gabriel n'était pas forcément le coeur du problème. Il était le déclencheur mais en aucun cas le nerf de la guerre. Poppy devait se rendre à l'évidence, Jules avait cessé de marcher à ses côtés, ou peut-être était-ce l'inverse. Quoi qu'il en soit, l'un avait quitté l'autre. Jules marchait dans un sentier dangereux et escarpé, hanté par le passé, tandis que Poppy allait de l'avant sur une route plus calme. Et ce n'était pas une mauvaise chose. Bien au contraire. Jules trouvait cela très bien ainsi. Au moins, Poppy était tirée d'affaire, du moins en partie. Lui, ça le regardait. Jules avait du mal à savoir si au final, ce n'était pas lui qui avait choisi cette route, parce qu'au fond, ça lui plaisait dans un sens. Il se retrouvait dans cette vie incohérente, sans début ni fin, en lambeaux. Allez savoir. Et pourtant, pour Poppy c'était tout l'inverse. Juste après que son jumeau ait mis les choses au clair avec elle, elle avait l'air de s'être pris un couteau dans le bide. Son regard s'était voilée et elle semblait être entrain d'assimiler la nouvelle. Voilà pourquoi Jules lui laissa quelques secondes, minutes peut-être, pour qu'elle accuse le coup. Il resta silencieux et buvait tranquillement sa bière. Cependant il ne la quittait pas des yeux, prêt à réagir au moindre signe vraiment inquiétant de la part de sa jumelle. La voyant perdue dans ses pensées, il voulu changer de sujet, partir sur une note plus joyeuse. C'était comme ça, il ne fallait pas s'attarder sur les disputes, c'était inutile. Pour Jules, s'en était même pas une vraie. Poppy sauta sur l'occasion pour chasser ses idées noires ou ses pensées les plus alambiquées. « Ouais, merci. Histoire que je puisse lui mettre un coup de pied bien placé. C’est ce qui attend Gabriel dès que je le croiserais en tous cas. » Jules esquissa un sourire et tenta un rapprochement. Sentant la tempête passé il s'approcha de sa frangine et l'attira contre lui, comme pour vraiment signer le traité de paix. Il bu une autre gorgée de bière et ajouta d'un air léger : Et bah, je préfère entendre ça ! Il relâcha son étreinte et de sa main libre il ébouriffa la tignasse brune de sa jumelle. Il ricanait déjà intérieurement en imaginant Gabriel se prendre un bon coup dans les joyeuses. Oui, c'était même particulièrement jouissif.
Enfin, Jules donna sa bière sans rien annoncer à sa jumelle, comme frappé par une idée. Il ne trouva pas le temps de lui expliqué qu’il s’échappa dans l’arrière boutique, lieu qui devrait normalement revenir à Elliot lorsque tout ceci serait réglé. Il en revint avec deux pots et peinture et des rouleaux qu’il posa fièrement devant sa sœur. Du coup, j’imagine que je vais devoir redonner un coup de jeune à ce truc. Jules se baissa, il n’était pas très sûr de ce qu’il allait découvrir dans ces pots de peinture qui semblaient être là depuis cinq ans, au moins. Cependant lorsqu’il les ouvrit, la peinture blanche ne semblait pas trop radioactive. Bon point. Il tendit donc un rouleau à Poppy. Tu m’aides ? C’était une question sans réellement en être une. Evidemment qu’elle l’aiderait. Jules avait tout de même décidé, pour al première fois de sa vie de faire quelque chose, de construire quelque chose, de mener un projet à bien. Et ça, ça se fête.