kids are the future of tomorrow. (Robbie)

« Mes soeurs, je voulais pas insinuer que tu l’étais moins qu’elle ou je ne sais pas quoi, tout est encore un peu confus dans mon esprit. » Ivana hausse les épaules. Aujourd’hui, elle n’attend rien de particulier de la part de Robbie. En tout cas, rien en dehors d’être mise à la porte comme une malpropre - risque qui lui paraît désormais éloigné - et encore moins qu’il la considère comme une sœur aussi vite. « Je sais pas trop par où commencer, j’ai quatre sœurs et deux frères, je suis le troisième, techniquement ça fait cinq avec toi maintenant. » Bouche bée. La jeune femme ne peut pas avoir une autre réaction. Quatre sœurs, deux frères. Cinq enfants donc… Ça c’est de la grande famille. Sans même savoir ce qu’ils ont pu traverser - les phases de dépression de leur mère incessantes, les difficultés financières - la fille unique qu’elle est les envie terriblement. « J’ai toujours vécu à Londres, j’ai jamais quitté l’Angleterre pour tout te dire, mais j’aimerai bien voyager dans le futur. » La jeune femme approuve silencieusement. Elle a eu l’opportunité de visiter quelques pays en Europe. Néanmoins, elle souhaiterait aller plus loin, plus souvent… Si seulement son compte en banque pouvait le lui permettre… « Sinon je fais du Taekwondo, même si je peux pas toujours me rendre à mes entraînements à cause de mes gardes ! Ça me défoule de taper sur des gens. » Si elle a déjà entendu parler de ce sport, elle a du mal à imaginer de quoi il s’agit exactement. Pour sur, ça doit être originaire d’Asie avec un nom pareil, mais après… Ça mériterait un moment de recherche une fois chez elle histoire de ne pas passer pour une véritable inculte dans le futur. « Ça te dérange si je fume ? » Signe négatif de la tête. C’est pas comme si fumait il y a encore quelques jours, avant de prendre conscience qu’elle devait se montrer plus que prudente question santé. Par pure précaution, Ivana se relève pour s’installer au bord de la fenêtre ouverte où l’air y est encore frais, sans être désagréable pour autant. « C’est pas comme si tu étais chez toi après tout. » Elle hausse les épaules et arbore son regard interrogateur. « D’ailleurs, je suis encore étonnée que Remy ne te fasse pas la guerre à ce sujet. Ou alors ça ne saurait tarder. Ou alors t’es du genre à n’en faire qu’à ta tête ? » Oui, parce que Remy ne semble pas être très encline à ce que l'on fume chez elle... Ceci dit, Ivana n'a pas cherché à la provoquer sur ce terrain, la blonde peut être redoutable quand elle le veut. « Taekwondo, c’est pas un peu dangereux quand même ? » La rouquine hausse un sourcil. Elle adhère carrément à l’idée de se défouler, mais de là à se faire taper dessus, elle comprend moins. Ça doit être encadré, certes, mais pas sans risque pour autant. Et dire que la plupart des gens ont cette vision du roller derby : des filles qui se prennent des coups tout en faisant des tours de piste, sur des patins à roulettes, en short pour le plaisir du public. En réalité, il s’agit du seul sport collectif qui a eu un intérêt à ses yeux au moment de faire un choix et de devenir un poil plus sociable.

Sans étonnement Ivana lui fait un signe négatif de la tête, elle ne semblait pas être le genre de nana susceptible de lui prendre la tête pour un oui ou pour un non. Quand on habite avec une fille comme Remy ont développe une suspicion envers les autres êtres humains. « C'est pas comme si tu étais chez toi après tout. ». Un sourire apparaît sur son visage en entendant ça, parce qu'il réside dans l'appartement depuis trop peu de temps pour vraiment se considérer chez lui pour le moment. Il lui faudra probablement encore quelques semaines avant de vraiment considérer l'appart comme sa maison. « D'ailleurs, je suis encore étonnée que Remy ne te fasse pas la guerre à ce sujet. Ou alors ça ne saurait tarder. Ou alors t'es du genre à n'en faire qu'à ta tête ? ». Elle a l'air de bien connaître son sujet, Remy lui rendait la vie impossible à chaque occasion qu'elle avait. Si elle continuait sur sa lancée, Robbie allait finir par implorer son chef de lui donner uniquement des gardes de nuit afin de dormir toute la journée et ne pas avoir à croiser l'australienne. « Tu vois Remy quelque part toi ? ». Une lueur malicieuse apparaît dans son regard, il n'est pas un briseur de règles compulsif qui se sent obliger de faire tout ce qu'on lui interdit, mais dans ce cas-là c'était une nécessité. L'appartement de Remy n'avait pas de balcon et il se voyait mal sortir de l'immeuble sans arrêt pour aller fumer. Quand Remy était dans les parages, il faisait semblant de respecter ses règles, sauf quand elle se montrait beaucoup trop emmerdante évidemment. Ayant obtenu sa bénédiction, Robbie s'allume finalement cette cigarette, tirant avec ferveur sur celle-ci dès la première bouffée. « Taekwondo, c'est pas un peu dangereux quand même ? ». Il hausse les épaules, pas vraiment certain de comprendre la question. Le danger il a apprit à vivre avec, lorsqu'on est pompier, on voit et subit des choses beaucoup plus flippante que quelques types en kimono qui se tapent dessus. « Pas vraiment, on a des protections au niveau de la tête, la seule fois où j'ai pris un coup de pied au visage sans protection, ma mâchoire s'en rappelle encore... ». Toute la désinvolture du jeune homme en démonstration, les coups et les blessures étaient son pain quotidien. À ce niveau-là, il avait tendance à prendre plus de risques que nécessaires. Il réalise soudain qu'il ne s'est pas comporté en hôte convenable, pour une première impression on pouvait faire mieux. Pour se dédouaner, il fallait bien dire qu'Ivana lui avait lâché une sacrée bombe sur la tronche et quelques minutes avaient été nécessaire pour correctement assimilée la nouvelle. D'un mouvement fluide il se met sur ses deux pieds, abandonnant momentanément sa cigarette dans le cendrier. « Tu veux boire un truc ? On a des bières, du coca, du jus de je sais plus quel truc... ». Il énumère les boissons en les comptant en même temps sur ses doigts, essayant de se remémorer ce qu'il avait vu dans le frigo la dernière fois qu'il avait mis le nez dedans. « Faut que tu goûtes mon super super tiramisu spécialité Callaghan, banane, fraise, spéculos. Enfin si l'autre ogre a pas tout mangé, elle est petite, mais putain qu'est-ce qu'elle bouffe... ». Remy avait pris l'habitude de profiter des dons culinaires de Robbie en mangeant tout ce qu'il préparait dès qu'il avait le dos tourné. Il avait parfois l'impression d'être retour dans la maison familiale et de devoir faire à manger pour tout le monde dans cet appartement, le titre de cuistot semblait le suivre partout, aussi bien à la caserne qu'à la maison.

En réalité, Ivana n’a pas la moindre idée en quoi consiste le Taekwondo. Elle sait juste - et c’est un résumé très rapide - que tous les sports avec un nom asiatique (chinois, japonais, coréen, peu importe…) comporte un danger. C’est systématique maintenant dans son esprit. « Pas vraiment, on a des protections au niveau de la tête, la seule fois où j’ai pris un coup de pied au visage sans protection, ma mâchoire s’en rappelle encore… » La jeune femme fronce les sourcils : ouais bon, c’est un peu comme pour le roller-derby. Pas besoin d’en faire un drame alors. S’il n’y avait pas la moindre protection, il est certain que les parents d’Ivana ne l’incitent jamais à intégrer une équipe, surtout avec pour but premier de rendre la jeune femme un peu plus sociable. « Tu veux boire un truc ? On a des bières, du coca, du jus de je sais plus quel truc… » Elle hausse les épaules. Ils n’ont pas discuté assez pour l’assoiffer et elle n’a jamais été une grande buveuse en temps normal. Une sorte de chameau si vous voulez une image. « Faut que tu goûtes mon super tiramisu spécialité Callaghan, banane, fraise, spéculos. Enfin si l’autre ogre a pas tout mangé, elle petite, mais putain qu’est-ce qu’elle bouffe… » Elle a beau être encore sous le coup des émotions, sur ces simples mots, c’est comme si Robbie a rallumé la lumière dans les yeux de la rouquine. Tiramisu ? Du sucré ? Il y a comme une petite constellation éparpillée dans son iris maintenant. Elle pourrait saliver en plus si elle avait une petite idée de ce qu’il l’attend. Elle garde donc ce détail pour la prochaine occasion qui se présentera à elle. « Et bien si tu me prends par les sentiments… » Elle tente un sourire timide. « J’ai beau être un poil compliquée, faut pas me poser trois fois une question quand il s’agit de nourriture, surtout pour le sucré… Avec du café s’il te plait. » Quitte à manger, autant boire aussi. Une fois servie, Ivana plonge sa cuillère aussitôt dans le gâteau italien. La bouchée est finalement engloutie avec vitesse. « Okay… Désolée si je précipite les choses, mais de mon côté t’es un peu comme adopté si tu fais des trucs aussi bons. Ça va, elle est finalement tombée sur un bon coloc la Remy. Elle se met plutôt bien même. » Et elle retourne à la charge sur le tiramisu. « Vas y, j’ai pas beaucoup de connaissances chez les pompiers. » Robbie est le seul en réalité. Ce serait un peu étrange de vouloir rester en contact avec ceux qui vous ramassent à la petite cuillère quand vous perdez connaissance et créez un accident sur votre vélo par la même occasion. « Le mythe des gens qui vous appellent uniquement pour sauver des chats coincés dans les arbres, véritable ? » Et puis, la jeune femme n’aime pas beaucoup le silence, en général. « Désolée, mais il fallait que je pose la question. » Il ne lui faut pas longtemps pour qu’une simple question la démange aussi vite.

Il est rare de tomber sur des gens qui n'aiment pas les desserts, avec son tiramisu il était presque sûr de faire mouche. Dès qu'elle accepte sa proposition, il se met en action, galérant un peu avec la cafetière, n'ayant pas eu l'occasion de s'en servir jusqu'à présent. Monsieur avait gardé son âme d'enfant et continuait de préférer le chocolat chaud à toutes les autres boissons chaudes d'adultes. Finalement il revient vers elle avec une assiette et une tasse. « Okay… Désolée si je précipite les choses, mais de mon côté t'es un peu comme adopté si tu fais des trucs aussi bons. Ça va, elle est finalement tombée sur un bon coloc la Remy. Elle se met plutôt bien même. ». Robbie s'était efforcé de ne pas la regarder manger, malgré qu'il ait envie de découvrir sa réaction. C'est un sourire ravit qui se dessine sur son visage, appréciant le compliment. « Tu pourras lui répéter, parce qu'elle passe quand même son temps à se plaindre ! ». Remy n'avait pas évoqué ses anciens colocataires avec lui et il n'avait pas spécialement posé de questions sur le sujet non plus. « Vas y, j'ai pas beaucoup de connaissances chez les pompiers. ». Robbie soupire presque en entendant ça, s'attendant déjà à ce qu'elle lui demande de lui présenter des pompiers beaux gosses ou de lui faire visiter la caserne pour les approcher. Si les gens pouvaient arrêter de croire que les pompiers sont tous des gravures de mode beau et courageux comme dans les séries télés. Le fantasme du pompier avait la vie dure. « Le mythe des gens qui vous appellent uniquement pour sauver des chats coincés dans les arbres, véritable ? ». Robbie tente de cacher son agacement à cette question, ce qu'il réussit plus ou moins bien. Ce n'est pas Ivana le problème, mais on lui a trop souvent posé cette question. Son propre frère avait l'habitude de l'appeler le sauveur de chat, alors qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'en sauver jusque là. « Désolée, mais il fallait que je pose la question. ». Ce qui est certain c'est qu'elle n'a pas sa langue dans sa poche et qu'elle a un débit impressionnant. Malgré son agacement, Robbie prend la peine de répondre, sans s'énerver. « Y'en a, j'ai jamais eu l'occasion d'en sauver, mais ça arrive. ». Il écrase sa cigarette dans le verre qui lui sert de cendrier. Parler de son métier ne le dérange pas, il trouve cela bien plus facile que de parler de lui. Puis c'est l'occasion d'enlever ce cliché des pompiers qui sauvent des chats. « Par contre on a eu droit à une vieille qu'arrivait plus à descendre ses escaliers et qui nous a appelé juste pour ça. On la croyait étaler par terre en train de faire un malaise, elle attendait tranquillement en haut de l'escalier. ». Rien que de se remémorer la scène le fait doucement rigoler, mobiliser autant de personnes juste pour aider une petite vieille, la dame avait été bien escortée. En tout cas, Robbie est plutôt fier de son tiramisu et de la vitesse à laquelle il le voit disparaître. « Et oui le métier de pompier est bien moins palpitant que l'on ne croit, les gens s'imaginent qu'on passe notre temps à intervenir pour des incendies, alors que c'est pas le cas. L'autre jour on a eu un truc cool, un type s'était coupé le doigt avec sa chaîne de moto, une vraie boucherie ! ». Robbie n'est pas sensible du tout et il oublie parfois que les gens sont parfois beaucoup plus affectés par les histoires de sang et de membres coupés. « Et toi le droit c'est pour devenir Ally Mcbeal ? ». Oui, ses références sont aussi vieilles que lui.

« Y’en a, j’ai jamais eu l’occasion d’en sauver, mais ça arrive. » La rouquine acquiesce en silence, parce qu’elle a la bouche pleine certes, mais aussi parce qu’il n’y a rien à ajouter. Au moins, elle a enfin eu la confirmation qu’il ne s’agit pas d’un mythe, même si c’est stupide comme situation. « Par contre on a eu droit à une vieille qu’arrivait plus à descendre ses escaliers et que nous a appelé juste pour ça. On la croyait étaler par terre en train de faire un malaise, elle attendait tranquillement en haut de l’escalier. » La jeune femme imagine parfaitement la situation. Incapable de ne pas se retenir de rire, elle prend une pause dans sa dégustation pour s’accorder ce moment, presque un privilège pour son état émotionnel actuel. Comme quoi, il faut également être le héros de ces pauvres petites (et parfois adorables) mamies. « Et oui le métier de pompier est bien moins palpitant que l’on ne croit, les gens s’imaginent qu’on passe notre temps à intervenir pour des incendies, alors que c’est pas le cas. L’autre jour on a eu un truc cool, un type s’était coupé le doigt avec sa chaîne de moto, une vraie boucherie ! » Elle grimace. En plus d’être une vraie boucherie, ça ne devait pas être très agréable pour le pauvre type. La seule fois où elle a vu quelque chose de similaire, c’était dans Grey’s Anatomy. On y voyait pas grand chose, pourtant c’était pas très charmant. Et ça ne l’est toujours pas dans ses souvenirs… Surement tous ces épisodes qui ne lui ont pas donné envie de rejoindre médecine. Ça et l’élitisme qui règne dans ce genre d’études, et après. « Et toi le droit c’est pour devenir Ally Mcbeal ? » Elle hausse un sourcil tout en avalant ce qui semble être déjà la dernière bouchée de tiramisu. « Ally… Mcbeal ? Va falloir que tu m’expliques le personnage, je connais pas. » Tant pis si elle passe pour une inculte. Elle n’a pas la moindre idée de ce à quoi il fait référence. « En fait, plus le temps passe, plus je me demande ce que je vais devenir. » Son sourire se tord. « Enfin je suppose que c’est normal arrivé un moment… » Elle soupire, se redresse et descend une gorgée de café. « Parfois, j’aimerais avoir une petite parenthèse. Partir, voyager, peut-être à l’autre bout du monde, rencontrer de nouvelles personnes, avec uniquement un sac sur le dos. » Sauf que c’est tout de suite plus compliqué quand on est en cloque. « En attendant, tu crois que je peux reprendre du tiramisu ? » Sur le coup, la jeune femme n’a aucun complexe de rien laisser à Remy - les absents ont toujours tort de toute façon - quant à sa « ligne », elle doit bien nourrir deux personnes pour le coup. Zéro sentiment de culpabilité donc.

Robbie grimace devant l'expression de la jeune femme quand il fait référence à Ally McBeal, sans même faire exprès, elle lui donne l'impression d'être un vieux papy qui parle de choses qu'elle ne peut pas connaître car trop jeune. Une belle façon de lui rappeler qu'il a désormais dépassé le cap de la trentaine. « Ally... Mcbeal ? Va falloir que tu m'expliques le personnage, je connais pas. ». Robbie ricane, c'est vrai qu'il aurait au moins pu lui préciser que le personnage en question était une avocate. « En fait, plus le temps passe, plus je me demande ce que je vais devenir. ». Il sent tout de suite la tension qu'il a provoquée avec sa question, il était rare qu'on sache ce qu'on voulait faire à vingt ans de toute manière. Lui avait eu une véritable révélation en devenant pompier, mais il n'avait pas su toute sa vie que c'était ça qu'il voulait faire. Les interrogations d'Ivana n'étaient pas si étonnantes, Robbie avait eu l'occasion d'écouter ses autres frères et sœurs passaient par là, certains bien plus vieux qu'elle n'avaient toujours pas trouver leur voie. « Enfin je suppose que c'est normal arrivé un moment... ». Il n'ose pas l'interrompre, la laissant évacuer ce qu'elle a sur le cœur. Il n'avait pas anticipé que sa simple question allait provoquer une réponse aussi intense. « Parfois, j'aimerais avoir une petite parenthèse. Partir, voyager, peut-être à l'autre bout du monde, rencontrer de nouvelles personnes, avec uniquement un sac sur le dos. ». Un sourire illumine son visage en s'imaginant ce qu'elle raconte, tout le monde s'était probablement imaginé ça un jour. Partir à l'aventure, tout laisser derrière soit. Cependant, il avait vite abandonné cette douce illusion, une fois qu'on rentre dans la vie active, qu'on a des responsabilités. Il faut profiter de toutes les occasions possibles lorsqu'on est encore jeune comme Ivana. « En attendant, tu crois que je peux reprendre du tiramisu ? ». Il ne lui en faut pas plus pour sauter sur ses pieds pour aller chercher le reste du plat et une cuillère pour servir. Il dépose le tout sur la table basse et entreprend de remplir généreusement l'assiette de la jeune femme. « Faut t'emplumer toi ! ». Dit-il en rigolant, la jeune femme avait un petit air fragile, toute mince. Cela lui fait plaisir de voir que son dessert lui plaît autant, d'en reprendre est le plus beau compliment qu'elle puisse lui faire. « Tu devrais partir voyager cet été, c'est l'occasion, t'es jeune, faut en profiter ! ». C'était l'âge pour faire des folies, tout essayer, faire des choses qu'on aurait jamais cru possible. Tout ce que Robbie n'avait pas eu l'occasion de faire et qu'il encourageait toujours les plus jeunes à faire. « Pour ton information Ally MacBeal était une série sur des avocats dans la fin des années 90, t'as rien manqué, doit y avoir beaucoup mieux de nos jours. ». Il n'était pas assez au courant des nouvelles séries pour savoir s'il y avait des séries juridiques qui valaient le coup d'être vues. « C'est quoi ta destination de rêve ? Moi je rêve d'aller en Amérique du Sud, que ça me change un peu de la météo londonienne.. ». Le Brésil plus précisément lui avait toujours vendu du rêve lorsqu'il avait l'occasion de voir des reportages ou des photos.

Son regard s’illumine devant le plat. Comme quoi, l’appétit vient en mangeant. Ou alors la rouquine fait une de ces crises d’angoisse, tournant à la boulimie et se venge sur la nourriture pour tenter de faire passer la chose. À eux seuls, Kaspar et lui brisent le cliché de l’homme qui n’a pas sa place dans une cuisine. « Faut t’emplumer toi ! » Si c’est dit ainsi, elle va l’obéir à la lettre. De toute façon, ce n’est pas comme si elle doit se nourrir pour deux maintenant. Et puis si jamais Robbie se préoccupe autant de son poids à l’avenir, il peut toujours se proposer de faire la cuisine pendant les périodes d’examen où elle est clairement préoccupée par ses épreuves ou les jours où Kaspar n’est pas disponible. « Tu devrais partir voyager cet été, c’est l’occasion, t’es jeune, faut en profiter ! » Elle déglutit, puis grimace. Oui, elle est jeune. Oui, elle doit en profiter, mais pas cet été. « Ouais… Enfin je sais pas trop, c’est compliqué en ce moment, très certainement compromis pour cet été même. » S’il n’en est rien à ce jour, Ivana ne va pas tarder à finir énorme. Partir en vacances, se la jouer baroudeur d’un moment n’est pas possible cette année. Déjà que ce ne serait pas recommandé par le médecin, elle pourrait se faire mal ou quoi que ce soit dans ce genre, certainement plus capable de voir ses pieds à un moment donné. « Pour ton information Ally MacBeal était une soir sur des avocats dans la fin des années 90, t’as rien manqué, doit y avoir beaucoup mieux de nos jours. » Si elle a côtoyé les années 90 - comme quoi Robbie n’appartient pas encore à la génération des séniors, malgré leur différence d’âge - il semble qu’elle soit passée à travers. Mais elle ne peut qu’approuver la fin de sa phrase : il y a des séries bien sympathiques à voir de nos jours, ce n’est pas ça qui manque. « C’est quoi ta destination de rêve ? Moi je rêve d’aller en Amérique du Sud, que ça me change un peu de la météo londonienne… » La jeune femme rit. Pluie régulière, brouillard matinal occasionnel, températures jamais trop élevées. Elle compatis. Les plages anglaises n’ont rien à avoir avec les plages espagnoles ou du sud de la France… Elle déteste ces filles dans son entourage qui lui envoient toujours des photos chaque été… « Ah ça, la météo… On est pas gâtés. Mais tu partirais juste à cause de ça ? Mais le Brésil, ça doit être pas mal. » Ivana s’arrête de manger deux minutes le temps de réfléchir à sa destination de rêve. En réalité, elle n’a jamais trop eu l’occasion de partir, encore moins loin, alors elle adorerait faire le tour du monde désormais. « Si je pouvais y partir… Ce serait carrément de l’autre côté : la Nouvelle Zélande, ses paysages, sa culture maorie, creuser des espèces de jacuzzi dans le sable. Mais ça reste la destination de rêve seulement, j’ose même pas regarder le prix du billet d’avion avant d’avoir un vrai job. » C’est loin, c’est prisé, bref ça doit valoir presque une petite fortune. « Bon, je cracherai pas sur une ou deux semaines sur une de ces îles espagnoles. Ne rien faire d’autres que de siroter des cocktails sur la plage à longueur de journée, ça peut pas faire de mal. » Elle ne dirait pas non, même si son côté boule d’énergie devra se faire violence pour rester en place. Sans même faire attention, la rouquine part à la recherche d’une bouchée de tiramisu à l’aveugle… Sauf que voilà, le plat est déjà vide…

Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour quelques jours de calme sur la plage, avec un décor paradisiaque. Ne pas avoir de frères et sœurs qui l'appellent pour un oui ou pour un non, ne pas vivre au rythme des gardes et des sirènes. En y pensant, il s'ennuierait bien vite et finirait sans doute à s'activer à droite et à gauche à participer à un match de sport ou autre. Ne pas réussir à rester en place semblait être un point commun entre eux. « Ah ça, la météo… On est pas gâtés. Mais tu partirais juste à cause de ça ? Mais le Brésil, ça doit être pas mal. ». Il hoche la tête rapidement avec un large sourire, surtout que l'image qu'il a du Brésil, c'est les belles femmes qui marchent en bikinis n'importe où dans la ville. Puis les fêtes également, à chaque fois qu'il voyait le carnaval de Rio à la télévision, il se disait que ce genre d'ambiance devait être extraordinaire, de celle qu'on ne connaît qu'une fois dans une vie. « Si je pouvais y partir… Ce serait carrément de l'autre côté : la Nouvelle Zélande, ses paysages, sa culture maorie, creuser des espèces de jacuzzi dans le sable. Mais ça reste la destination de rêve seulement, j'ose même pas regarder le prix du billet d'avion avant d'avoir un vrai job. ». Robbie lui sourit, l'argent était bien la seule ombre au tableau pour tout le monde. Il était plutôt rassuré de constater qu'Ivana n'était pas une de ces étudiantes pourries gâtées qui n'avaient jamais travaillées de leurs vies et à qui les parents payer des vacances de rêve aux quatre coins du globe. Il aurait été incapable de construire une relation avec une fille comme ça, il avait bien trop galéré dans sa vie pour regarder quelqu'un profitait de sa cuillère en argent dans la bouche. « Bon, je cracherai pas sur une ou deux semaines sur une de ces îles espagnoles. Ne rien faire d'autres que de siroter des cocktails sur la plage à longueur de journée, ça peut pas faire de mal. ». Robbie grimace un peu en s'imaginant Ibiza, avec pleins de jeunes partout en train de faire la fête, boire à outrance et faire du bruit. Définitivement plus pour lui, c'était dans ces moments-là qu'il sentait le poids des années. « Je crois qu'on se fait du mal à rêver de plage maintenant, y reste tellement de mois avant les vacances. ! ». Surtout qu'il n'était pas prioritaire pour prendre ses vacances au sein de la caserne, les pères de famille étaient favorisés pour les mois de juillet et d'août. Avec sa chance, il risquait d'avoir ses vacances seulement en septembre ou en octobre. C'était comme ça avec son métier, la ville ne pouvait pas se passer de ses soldats du feu. Il remarque soudain le plat vide devant la jeune femme et se met à rire. « Je veux bien te filer la recette stu veux, c'est vraiment pas sorcier ! ». Robbie était bon cuisinier et pâtissier, il lui arrivait parfois de concocter des petits plats un peu complexe qui n'étaient pas forcément dans les cordes de tout le monde. Le tiramisu en question n'était pas de cette catégorie et presque tout le monde était capable de le réaliser. « Tu pourras t'en faire comme ça, ou demander à quelqu'un de t'en faire, tu dois bien avoir un cordon bleu dans ton entourage.. ». Robbie farfouille sur sa table basse à la recherche d'un bout de papier vierge ou écrire les ingrédients nécessaires et la marche à suivre.

Ivana n’a même pas besoin d’un fond sonore ou d’une image pour se projeter dans un tel tableau, son imagination fait parfaitement l’affaire ce jour. « Je crois qu’on se fait du mal à rêver de plage maintenant, y reste tellement de mois avant les vacances ! » Elle fait la moue. En effet, ils se font du mal sur le coup. D’autant plus que la rouquine ne dirait pas non à l’opportunité de se changer les idées et prendre un peu le large. « Ouais, enfin parle pour toi. » Sourire narquois. En ce qui la concerne, il y a bien un point positif dans cette histoire : les examens sont bientôt terminés et au vu de sa future condition à venir, même si elle n’a pas encore abordé le sujet avec Kaspar, la jeune femme va avoir du temps devant elle : dormir, devenir énorme, manger pour deux, dormir, prendre une décision, râler, grogner, dormir. « Mais bon, les plages d’ici sont bien loin d’être comparables à celles dont on faisait allusion. » Et c’en est de nouveau déprimant rien que d’y repenser. « Je veux bien te filer la recette stu veux, c’est vraiment pas sorcier ! » Bonne idée. Ou pas. Elle serait capable d’en manger de façon compulsive jusqu’à s’en dégouter - si elle en est capable. « Tu pourras t’en faire comme ça, ou demander à quelqu’un de t’en faire, tu dois bien avoir un cordon bleu dans ton entourage.. » Elle baisse le regard. « Ça va, pour le coup je suis plutôt bien entourée. » Elle a ce petit sourire au coin des lèvres. Timide, un peu gêné. Ses pommettes prennent une couleur rosée par la même occasion. Difficile de croire que cela puisse exister encore, mais Kaspar a tout du copain parfait, tant sur le papier que dans la réalité. Compréhensif, attentionné, attachant, doué en cuisine en prime. Que demander de plus ? Quelques secondes où elle s’égare avant de se reprendre, le moins confuse possible. Rictus. « Au pire, si tu dis que ce n’est pas aussi compliqué, je devrai pouvoir m’en sortir. Et puis hein, sinon, ça me fera toujours une bonne excuse pour te rendre visite. » Si le courant semble être bien passé entre eux, Ivana n’a pas la moindre idée de ce qu’ils pourraient devenir. Tout au fond d’elle, la jeune femme ne dit pas non à un véritable frère, mais lui… Il est celui qui s’est retrouvé dans la position la plus difficile : ne pas avoir eu de père et devoir s’occuper du reste de la fratrie. Elle comprendrait qu’il ne tienne pas à en avoir une supplémentaire sur son chemin. « Merci en tout cas pour ton accueil. Ça semblait un peu mal barré, en débarquant comme ça à l’improviste et tout. C’est toujours délicat comme situation, y’a pas vraiment de manuel pour ce genre de chose. Mais je voulais te connaître vraiment, ne plus être la fille unique dans son coin. Tu vois ? » Ivana sourit sincèrement. Là, tout de suite, elle serait bien capable de le prendre dans ses bras.

Il sent bien qu'il a soulevé un point sensible lorsqu'il a évoqué une tierce personne capable de faire la cuisine. « Ça va, pour le coup je suis plutôt bien entourée. ». Pas difficile pour lui de reconnaître le sourire et l'attitude d'une fille amoureuse, après tout il avait grandi avec trois petites sœurs et avait eu l'occasion de les voir dans tous leurs états. Ivana avait tout de la fille amoureuse, mais il se retient bien de dire quelque chose. Après tout, si elle n'avait pas abordé le sujet, ce n'était sûrement pas à lui de le faire. Il détestait recevoir un interrogatoire de la part de ses frangines et il n'était pas prêt à en faire passer un à Ivana. « Au pire, si tu dis que ce n'est pas aussi compliqué, je devrai pouvoir m'en sortir. Et puis hein, sinon, ça me fera toujours une bonne excuse pour te rendre visite. ». Robbie hoche la tête en souriant, une fois le choc initial passé, il devait bien dire qu'il commençait à apprécier la jeune femme. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il appréciait le calme et le côté plus en rentrer d'Ivana, bien loin de la fratrie Callaghan et de leurs grandes gueules et leurs caractères de cochons. C'était plutôt reposant finalement, de ne pas se faire contredire ou interrompre à chaque fois qu'il parle. « Merci en tout cas pour ton accueil. Ça semblait un peu mal barré, en débarquant comme ça à l'improviste et tout. C'est toujours délicat comme situation, y'a pas vraiment de manuel pour ce genre de choses. Mais je voulais te connaître vraiment, ne plus être la fille unique dans son coin. Tu vois ? ». Il a envie de rire de la voir autant se justifier pour quelque chose dont elle n'a pas vraiment besoin, mais il se retient pour ne pas la vexer ou qu'elle ne l'interprète de la mauvaise manière. « T'en fais pas, puis t'as pas besoin d'excuse si tu veux qu'on se revoit ou je sais pas... ». Après tout, c'était différent de vouloir rencontrer quelqu'un pour mettre un visage sur un prénom et avoir une vraie relation avec la personne sur le long terme. Il farfouille sur sa table basse à la recherche d'un stylo et d'un bout de papier, ce qu'il a dû mal à localiser. Sans faire de cérémonie, il finit par arracher un bout de page d'un des magazines à la con de Remy pour écrire son numéro de téléphone dessus. Il lui tend avec un petit sourire hésitant. « Ce sera plus simple, si jamais tu veux me joindre, qu'on fasse un truc. Vu que je suis souvent à la caserne, on sait jamais. ». Ce ne serait pas un drame non plus qu'Ivana se pointe à l'appartement, vu qu'elle connaissait également Remy. Quoi qu'elle décide de faire de son numéro, Robbie se doutait bien qu'ils auraient l'occasion de se recroiser par le biais de Remy ou d'une autre manière. Elle avait déboulé dans sa vie sans prévenir, mais malgré tout, il n'était pas aussi ennuyé ou flippé qu'il l'aurait pensé, il prenait les choses comme elles venaient. Alors, si elle voulait continuer à le voir et apprendre à le connaître davantage, il était partant.