(✰) message posté Ven 29 Mai 2015 - 22:03 par Invité
Le poids de nos sacs de course me rappelait que je ne devais pas seulement travailler mes abdos , mon popotin et mes gambettes à la salle de sport... mes bras en avaient bien besoin aussi ! On avait à peine fait cent mètres qu'ils commençaient déjà à me lâcher et m'arracher des petites grimaces de douleur. Oui, je me faisais cette promesse à moi-même : demain j'attaquais avec les haltères. Parce que mine de rien on avait pas encore de voiture, bien qu'honnêtement je ne me sentais pas de conduire ici, et que nos courses se passeraient ainsi dans les semaines à venir... à moins que je fasse enfin confiance aux services de livraison, ce qui m'étonnerait quand même fortement. Bref. Ce n'était pas la question... du moment du moins. Une autre trottait dans mon esprit... et quelle question ! Une simple visite dans un supermarché et voilà que je remettais tout en question. Enfin tout, non, c'était peut-être exagéré, genre je ne remettais en rien notre couple en question, je me demandais juste si... si Sam ne regrettait pas parfois d'avoir quitté son train train quotidien New-Yorkais pour moi. Parce que bordel... New-York me manquait, l'Amérique me manquait ! Je ne pense pas que j'aurai été dans le même état d'esprit si j'avais été mutée à Los Angeles par exemple, parce que j'aurai toujours eu le goût de mon Amérique chérie. Mais franchement ici... à part Starbucks et autres franchises de fastfoods américaines, il n'y avait rien qui me rattachait à tout ça. C'était triste. Et là, de suite, sur ce trottoir à galérer avec mes sacs, j'étais triste. Voire nostalgique.
La réponse de Sam m'arracha un sourire. Ah ce type je vous jure... il savait me redonner le sourire dans n'importe quelle situation. J'avais une chance folle de l'avoir. « Bonne chance pour ça » répondis-je avec un petit rire malgré toutes les questions qui tournicotaient dans mon esprit. « Bizarre ? » Je savais qu'il me rassurait , et même je croyais en ce qu'il disait, mais quand même... je cherchais la petite bête pour être sure. D'ailleurs, j'osais pas trop le regarder sur le coup, au contraire je semblais obnubilée par le trottoir de Camden. Je ris une nouvelle fois après sa blague du supermarché, tu parles d'une rencontre ! Ce type m'avait encore plus marqué que la famille Weasley dans Harry Potter... quel connard. Mais était-ce vraiment bien de reprendre sa vie ailleurs comme Sam le disait ? Peut-être qu'il ressentait ça comme ça parce qu'il avait l'habitude d'avoir la bougeotte contrairement à moi. J'avais toujours rêvé de voir le monde mais la vie et le manque de dollars sur le compte en banque de la famille Howard en avait décidé autrement. Et finalement aujourd'hui je me rendais compte que j'en avais toujours l'envie... mais pas forcément les capacités d'adaptation. Ou peut-être était-ce juste parce que je n'étais pas simplement en vacances à Londres, comme on l'avait été en Crète avec Sam par exemple, mais que j'y habitais vraiment, que c'était ma ville maintenant.
Si je regrettais d'être venue ? « Non, non, c'est pas ça. Enfin... je sais pas. » Je ne savais pas et accessoirement je ne trouvais pas mes mots. Je marquais une pause avant de reprendre « C'est juste que... j'sais pas, j'arrive pas à m'y faire. Je suis contente d'être venue, vraiment, mais est-ce que c'était pas trop précipité ? » Je le regardais en espérant qu'il calme mes craintes une fois de plus, et finis par reprendre « Tout me paraît étrange ici, ou plutôt c'est moi qui suis l'étrangère. J'ai la sale impression de ne pas réussir à trouver ma place... Tout est si différent de New-York. » Je soupirais. Ah New-York... « Et je crois que mes collègues me détestent » parce que oui, c'est bien connu que ça n'aidait pas d'être entourée d'une bande de hyènes haineuses au boulot soit trente-cinq heures par semaine voire parfois plus. « Je me disais que peut-être tu ressentais les choses de la même façon, que ton chez toi New-Yorkais te manquait, que je t'en avais privé finalement... » et je retins un 'et que tu m'en voudrais peut-être'. Voilà, j'étalais mes états d'âme au grand jour après même pas un mois dans la capitale Anglaise... peut-être était-ce le mal du pays qui faisait que... peut-être que je n'avais pas donné sa chance à Londres finalement, que je la mettais inconsciemment en compétition avec New-York... compétition à laquelle elle ne lui arrivait pas à la cheville ayant vécue certaines de mes plus belles années dans la Grosse Pomme.
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(✰) message posté Mer 24 Juin 2015 - 16:04 par Invité
Je sais que ce n’est pas évident. Je le sais mieux que personne parce que j’avais eu du mal moi aussi, lorsque j’avais quitté Los Angeles et que je m’étais retrouvé à Paris, au milieu d’une bande de français qui ne parlait pas vraiment bien anglais, et moi qui avait un français plus que pathétique et discutable (et même encore aujourd’hui, je ne suis pas parfait dans cette langue, mais soit). Mais à l’époque, je savais déjà que je n’y resterais pas durant des années et que j’allais probablement mettre les voiles plus vite que prévu et je ne m’étais pas trompé. Après une petite année et quelques mois, j’avais disparu de cette ville pour rejoindre l’Italie et c’était exactement le même schéma ; je n’étais pas vraiment chez moi, mais je ne me sentais pas mal pour autant. Je savais m’adapter et je n’avais pas énormément d’état d’âme. Et forcément, en tant qu’Américain, j’avais cette tendance à faire des comparaisons entre mon chez moi natal et ces autres pays où je me trouvais. Et je comprends que Mackenzie en fasse autant.
« Tu ne m’a privé de rien, Mack. Si j’avais eu le moindre doute à propos de notre installation ici, je serai toujours à New York à l’heure actuelle. » Parce qu’elle se doute bien que je ne ferais jamais rien qui soit contre mes envies. Je suis sincère envers elle, et je pense que cela compte beaucoup dans notre relation. Si je ne l’étais pas, je ne crois pas que ça fonctionnerait vraiment. « Je sais ce que tu ressens. » Dis-je dans un sourire alors que je lui lance un regard. « Je suis parti des États-Unis pendant quelques années, et j’aurai pu vivre ailleurs encore longtemps, mais je crois qu’une partie de moi voulait vraiment être sur le sol américain alors que l’autre s’en fichait royalement. » Ça a toujours été le drame de ma vie. J’aimais ces moments ailleurs parce que cela m’éloignait des souvenirs de ma famille, de mon enfance et tout le reste. Mais j’avais un besoin de rentrer. Même si je ne voulais pas l’admettre.
« Nous ne sommes pas ici depuis très longtemps et c’est normal que tu ressentes ça, mais tu vas t’y faire. Tu sais très bien que cette promotion était la chance de ta vie pour ta carrière, tu ne pouvais pas passer à côté. Et je ne regrette pas d’être ici. » Je lui adresse un nouveau sourire alors que je glisse mes deux sacs dans la même main, histoire de passer mon bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi. « Tu la trouveras ta place, et je ne vois pas pourquoi tes collègues te haïraient. T’es pas superficielle. T’es pas chiante… Bon ça, peut-être un peu. » Un rire m’échappe alors que je pose mes lèvres sur le haut de son crâne. « Ils doivent sans doute être jaloux. » Quoi ? Ce ne serait pas franchement étonnant ! Il y a toujours de la jalousie dans ce milieu. Que je suis heureux d’être peintre... Et bref je ne vois pas pourquoi ils n’apprécieraient pas Mackenzie. Franchement. Si elle a réussi à me faire flancher, elle peut le faire avec tout le monde.
« Tu as quittée ta ville natale pour rejoindre New York et je suppose qu’au départ, ce n’était pas facile… Dis-toi que ça va être la même chose à présent. Tu as besoin de plus de temps, mais ça va le faire. » J’y crois réellement. Je n’ai pas envie qu’elle soit malheureuse. « Et si vraiment tu n’y arrive pas, on rentrera. Mais il faut que tu essaie quelques mois. » Parce que franchement, je pense qu’elle s’en voudrait si on s’en allait aussi rapidement.
C'est dingue comme un seul petit détour à l'épicerie avait réussi à me faire flancher et à cogiter à propos de tout ça. De Londres, des Londoniens, des Anglais en général, de leur sale bouffe étrange... Et si j'avais fait une connerie au final ? Et si j'aurai mieux fait de rester à New-York ? Et si je m'étais trop précipitée ? Beaucoup trop de « si », et comme on dit... avec des « si » on mettrait Paris en bouteille. J'aurai très bien pu rationaliser tout ça, mais c'était compliqué en sachant que j'avais embarqué Sam là-dedans. Depuis qu'on était là je n'avais pas forcément remarqué de signes qui indiquaient qu'il ne se faisait pas à notre nouvelle vie, mais je craignais qu'il agisse ainsi pour me faire plaisir. Non pas que je n'avais pas confiance en lui et que je doutais de sa sincérité, je crois juste que je pensais qu'il faisait ça pour éviter de me faire du mal, ou un truc du genre. Mais non, Sam, mon Sam, en grand gentleman comme toujours avait toujours les mots justes, les mots qui avaient le don de calmer mes craintes et d'apaiser mes doutes. Et je savais qu'il ne disait pas ça seulement pour me faire plaisir ou pour m'éviter une crise de larmes en pleine rue... Donc respire Mack, respire ! « Tu es sur que tu ne me caches pas un billet retour hein? » le charriais-je gentiment avec un petit sourire en coin. Inutile de dire que je n'avais pas besoin de la réponse, je la connaissais déjà.
Cela me rassurait de savoir qu'il pouvait comprendre ce que je ressentais, mes doutes, mes questions, mon mal-être que j'espérais passager et j'en passe. Mais je restais bloquée sur certains de ces mots : une partie de lui voulait être sur le sol américain et l'autre s'en fichait ? Et si c'était le cas présent mais qu'il refusait de se l'avouer à cause de moi ? Chaque petite chose me faisait cogiter. « Et là qu'est ce qu'elles te disent ces petites parties de toi ? » Bonjour je m'appelle Mackenzie et je cherche la petite bête, oui parce que me faire réconforter une fois ne me suffit pas.
Je me blottis contre mon Sam quand il passa son bras autour de mes épaules, plus protecteur et plus rassurant... tu meurs, j'avais le meilleur des amoureux. Bon le meilleur... mais peut-être pas le plus compréhensif concernant mes collègues, ces hyènes sans pitié ! Le monde de la mode est plein pimbêches perchées sur des stiletos de 12 centimètres prêtes à tout pour arriver au sommet... et notamment à détester la petite nouvelle. Néanmoins je ne pu m'empêcher de pousser un « héééé » de mécontentement lorsque mon tatoué osa suggérer que j'étais chiante – même si bon, être chiante est la nature même de la femme. « Jalouses ? Mmh, je ne pense pas... elles ne t'ont pas encore vu, là au moins elles auraient une bonne raison de l'être » Voilà que je le charriais à nouveau mais j'étais persuadée d'avoir totalement et amplement raison au fond.
Encore une raison supplémentaire du pourquoi je l'aime mon tatoué : il est toujours là pour m'épauler et m'encourager de continuer. Et il avait raison. Je devais laisser sa chance à la capitale Anglaise, je n'allais pas m'y faire en une semaine tout comme Rome ne s'est pas fait en trois jours, mais lui laisser une poignée de mois... et puis... on aviserait ensuite. Peut-être que d'ici là je ne pourrais plus me passer de l'ambiance unique de Camden, who knows ? « J'espère que tu as raison » dis-je avant de lever la tête vers lui « Rhaaa, qu'est ce que je ferai sans vous monsieur McKelhann ? »
Rien. La réponse est simple. Rien. Absolument rien.