"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici with every broken bone i swear i lived. / jake - Page 3 2979874845 with every broken bone i swear i lived. / jake - Page 3 1973890357
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with every broken bone i swear i lived. / jake

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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 10:22 par Invité

Hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ Le temps passait vite et lentement. Le temps me coulait entre les doigts ou s’étirait en longueur. Quand je regardais derrière moi, je me rendais compte que les quatre années que j’avais passé sans mon mari avaient filé. Je n’avais pas eu le temps de me reconstruire correctement. Je n’avais pas eu le temps de songer à m’en remettre. Je n’avais pas eu le temps de me tirer de ma douleur, pas eu le temps d’aller mieux. Je n’avais pas eu le temps de songer à refaire ma vie avec quelqu’un d’autre et d’appliquer toutes ces résolutions. Mais, quand je m’attardais dans le détail, quand je prêtais attention à ce qui avait secoué mon coeur, je me rendais compte que mon agonie avait été lente. Lente et douloureuse; Que les secondes s’étaient transformées en minutes. Les minutes en heures. Les heures en jours. Les jours en semaines.
Tout était une question de perception. Certaines choses avaient une dualité saisissante, une dualité qui me perdait bien trop souvent ; je confrontais souvent tristesse et joie, vitesse et lenteur, douleur et bonheur. Tout se mélangeait dans mon crâne et j’étais bien incapable de savoir ce qui se passait dans mon coeur, bien incapable de savoir ce que je ressentais dans mon âme. En théorie, j’avais passé quatre années à faire mon deuil avant que mes efforts ne soient réduits en poussières. En pratique, j’avais l’impression, avec du recul, qu’il ne s’était passé qu’une poignée de mois avant que je ne recroise le regard de mon mari. Puis, au fond, j’avais l’impression, également, quand je m’intéressais réellement au détail, que j’avais passé des décennies toutes entières de tristesse. J’étais incapable de mettre mon esprit d’accord. J’étais incapable de m’arrêter sur une option, sur un choix, sur une solution, sur une réalité.
Tout se confrontait dans mon coeur. Tout se confrontait dans ma tête. Et je me demandais, au fond de moi, en silence, si mon cousin ressentait la même chose. Si c’était justement pour cela que vieillir lui faisait peur. Si c’était justement à cause de ça qu’il ne voulait pas qu’on lui rappelle son âge. Il me voyait confiante, peu soucieuse de ma trentaine qui approchait dangereusement ; cependant, il ne devait pas se rendre compte que j’avais peur. Peur de ce temps que je parvenais plus à contrôler. Peur de ce temps qui passait sans que je ne réussisse à l’appréhender. Peur de ces confrontations qui se déroulaient dans mon crâne. Sans cesse. Toujours. « Tu peux pas décider pour moi ? » me demanda-t-il et je me mis à rire en secouant la tête. J’aurais bien aimé lui rendre ce service. J’aurais bien aimé lui donner une solution miracle, une solution miracle à laquelle il aurait pu se conformer aveuglément. Mais je n’avais rien à lui donner. Après tout, les miracles n’existaient pas.
Ou, alors, quand ils existaient, ils faisaient plus mal que l’on ne pouvait l’imaginer.
Nous trinquâmes à toutes ces choses qui nous affectaient plus que nous ne voulions bien le laisser paraître. Je fis une grimace quand l’alcool descendit dans mon oesophage et je protestais, principalement pour la forme ; Jake se mit à rire, et cela me rassura, d’une certaine manière. « Wha, c’était fort ! » s’exclama-t-il à son tour et j’hochai la tête à ses paroles. Je repris ma pâtisserie entre mes doigts tout en reprenant la conversation où nous l’avions laissé ; j’étais réellement intéressé par son expression troublé, par ce qu’il pensait de ses retrouvailles avec Elliana. Je voulais savoir ce qu’il en pensait. Ce qui le tracassait. Je voulais savoir le fond de sa pensée. Les détails qui le perturbaient. Tout. Absolument tout. « J’en sais rien, j’étais… Nostalgique je suppose, » reprit-il finalement après avoir rempli nos verres une nouvelles fois. Je levai mes yeux vers lui pour détailler son expression, sans même parvenir à interpréter les émotions qui défilaient sur ses traits. « On a surtout discuté de nos vies, on avait dix ans à se raconter quand même. Mais je pense que j’ai bien aimé la retrouver, malgré tout, » poursuivit-il. « C’est bizarre, j’avais pas pensé à elle depuis longtemps et depuis, j’arrive pas à me la sortir de la tête. Tu dois avoir raison, j’me pose trop de questions. » Je me mis à rire en prenant une nouvelle fois mon verre. Mes pensées se faisaient plus dispersée. Mes pensées s’enchaînaient de manière illogique. Les mots et les paroles se bousculaient sous mon crâne. Il disait cela comme s’il était le seul à blâmer ; mais, la vérité, c’était que l’être humain était calibré pour être malheureux. « La joie d’être un simple mortel, » commentai-je en sirotant mon verre distraitement. « Faire la part des choses n’est pas quelque chose de naturel pour l’Homme. Je crois qu’on ferait mieux de tous les deux s’inscrire dans des cours de méditation ou de yoga, il parait que ça aide pas mal les esprits qui travaillent trop. » J’esquissai un sourire à ma propre bêtise avant de reposer mon verre, à moitié vide, sur la table basse.
Cela faisait un moment que je n’avais pas bu de cette manière. Un moment que je n’avais pas bu simplement pour le plaisir de boire. Boire et oublier. « Parle-moi d’autre chose, tu veux bien ? Comment vont tes frères et sœurs ? Toujours aussi envahissants ? » reprit-il. Je fronçai les sourcils, comprenant que c’était le signal pour que je cesse de le questionner à propos d’Eliana ; au fond, nous avions passé des années à nous taper sur les nerfs, mais j’avais fini par me dire que cela était uniquement parce que nous étions trop semblables. Trop pareils. Nous avions nos limites. Ces limites que nos coeurs nous imposaient pour notre propre bien. « Eh oui, mais tu sais, chez les Marshall on a l’habitude, » finis-je par déclarer. Ce n’était pas totalement faux. Nous étions huit enfants, âgés de vingt à trente-trois ans. Nous nous étions toujours marchés dessus. Et nous continuerons de nous marcher dessus jusqu’à la fin. C’était ainsi qu’était notre famille. Ainsi qu’elle le serait toujours. « Mais ils sont adorables, donc je ne leur en veux pas trop d’empiéter sur mon espace vital, » repris-je en haussant les épaules. A ma manière, j’avais toujours été une grande-soeur poule. Même quand j’avais été heureuse avec Isaac. Même quand je m’étais éloignée d’eux pour rejoindre les Von Ziegler. « Ils vont tous bien, je crois. Il y a quelques petites histoires, la plupart dont je ne suis même pas au courant, mais j’imagine que dans l’ensemble ça va. » Ils avaient sans doute peur de ne brusquer. Peur de se confier. Je savais qu’ils étaient arrêtés par mes propres problèmes, et je n’avais pas cherché, non plus, à les forcer pour se confier. Je partais du principe qu’ils savaient que ma porte serait toujours ouvertes pour eux. Pour eux et leurs problèmes. « Enfin, sauf quand le réfrigérateur est vide et là, bien entendu, c’est la fin du monde, » Je me mis à rire en secouant la tête. J’étais contrainte de faire les courses tous les deux jours, trois dans le meilleur des cas.
Mais, étrangement, j’aimais ça. J’aimais avoir tout ce monde chez moi. J’avais l’impression de ne plus être aussi seule.
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Jake O. Cavendish
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() message posté Lun 15 Juin 2015 - 11:24 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Jake a toujours été proche de sa famille. Il ne s’est jamais posé la question, il était ainsi. Il a été élevé dans cet environnement plein de rires et d’amour. Malgré les disputes presque quotidiennes, il n’imaginait pas sa vie sans ses deux sœurs. Pendant les disputes, il les maudissait, comme tout enfant. Ils criaient, se plaignaient et se liguaient souvent à deux contre un. Heureusement, les alliances changeaient tout le temps et parfois, ils étaient aussi les trois meilleurs amis du monde. Et puis il y avait ses cousins qui habitaient en Amérique. Il attendait toujours l’été avec impatience parce qu’il savait qu’il le passerait avec eux. Qu’il n’y aurait pas un seul moment de calme et qu’ils joueraient tout l’été durant. Et il avait continué la tradition jusqu’à la fin du lycée, même si les occupations avaient changées au fur et à mesure que le temps passait. Jake avait grandi entouré de sa famille et il continuait de le faire.
Dès l’adolescence, Olivia et lui s’entendaient déjà bien. Ils avaient presque le même âge et les mêmes centres d’intérêt. Mais le jeune Jake n’aurait pas pu imaginer qu’ils se rapprocheraient autant. Même de ses sœurs, il n’est pas aussi proche. Il ne leur raconte pas tous les détails de sa vie. Ce n’est pas vers elles qu’il va lorsqu’il a quelque chose qui lui pèse. Quelque chose d’intime dont il a besoin de parler. Non, c’est automatiquement vers Olivia qu’il se tourne. C’était venu naturellement entre eux. Parce qu’il avait été là pour elle lorsqu’elle avait perdu Isaac. Elle avait vécu avec lui pendant plusieurs semaines et pendant ce laps de temps, il avait vu toute l’étendue de son chagrin. Il l’avait entendue pleurer en pleine nuit. Il l’avait vue se lever malgré tout. Continuer d’avancer. Il avait été là pour elle, sans la forcer à se confier. C’était venu au bout d’un moment. Et depuis, ils ne s’étaient plus arrêtés. La vérité, c’est qu’il avait eu peur pour elle lorsqu’elle avait déménagé dans son propre appartement. Peur que toute seule, elle aille moins bien. Tout comme aujourd’hui, il a peur qu’elle soit là-bas avec Isaac. Heureusement, ils sont loin d’être seuls. Depuis quelques mois, il semble que tous les Marshall viennent vivre chez elle, ou presque.
Jake finit par se confier à propos de sa rencontre avec Elliana. Il ne sait pas vraiment s’il l’aurait fait s’il n’avait pas constaté l’envie d’Olivia de passer à un sujet plus léger. Un sujet qui ne la concernerait pas au moins. Elle a toujours préféré s’inquiéter pour les problèmes des autres. Ça lui permet de faire abstraction des siens. De s’occuper l’esprit et de ne pas y penser. Pendant un temps, du moins. Arranger les problèmes des autres parait souvent plus simple que se confronter aux siens. Parce qu’on n’est pas concerné directement. Et peut-être aussi un peu parce qu’on réalise que nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes. C’est sans doute égoïste mais ça fait parfois du bien. Parce qu’on sait qu’on n’est pas seul. Que d’autres peuvent nous comprendre.
Jake se confie mais sans savoir vraiment ce qu’il en pense. Ça fait une semaine qu’ils se sont revus et il n’a toujours décidé quoi en penser. Il est perdu et il déteste ça. Il voudrait savoir quoi faire. Quoi penser. Savoir s’il doit la revoir ou non. Savoir s’ils peuvent être amis, malgré leur rupture. Malgré le temps passé. « La joie d’être un simple mortel, Faire la part des choses n’est pas quelque chose de naturel pour l’Homme. Je crois qu’on ferait mieux de tous les deux s’inscrire dans des cours de méditation ou de yoga, il parait que ça aide pas mal les esprits qui travaillent trop. » Jake sourit avant de boire un nouveau verre. A ce rythme-là, ils seront ivres rapidement. Il a du mal à les imaginer à un cours de yoga. De plus en plus de personnes en vantent les mérites alors pourquoi pas ? « Tu nous imagines tous les deux en position du lotus ou j’sais pas quoi ? J’sais même pas si j’serais assez souple pour ça. Et puis rester immobile, j’suis presque sûr que ça ferait encore plus travailler ma tête. » Pour se vider l’esprit, il a le sport. Il ne reste pas immobile, il fait tout le contraire. Court jusqu’à ne plus avoir de souffle. Frappe un punchingball jusqu’à oublier tout le reste. Il n’a jamais essayé le yoga et ne le fera sûrement jamais.
Parler d’Elliana n’arrange rien. Au contraire, il semble qu’il se pose encore plus de questions. Les formuler à haute voix les rend sans doute plus réelles. Alors il change de sujet, remplissant à nouveau les deux verres. « Eh oui, mais tu sais, chez les Marshall on a l’habitude, » Difficile de ne pas être bruyant quand ils arrivent à presque dix. Ça s’est tout de même arrangé avec l’âge mais quand ils sont tous réunis, ça devient vite le chaos. Mais un chaos dans lequel Jake s’était toujours plu. Déjà gamin, il n’aimait pas le calme et préférait de loin les cris et les éclats de rire. Enfin il ne sait pas si maintenant, il serait capable de vivre dans autant de bruit. Il a fini par trouver beaucoup d’avantages à habiter seul et aurait bien du mal à changer ses habitudes. Même s’il le ferait avec plaisir si Olivia en avait besoin. « Mais ils sont adorables, donc je ne leur en veux pas trop d’empiéter sur mon espace vital, » Il sait parfaitement qu’Olivia adore ses frères et sœurs, peu importe qu’ils soient bruyants ou qu’ils prennent de la place. Et même si ça l’embêtait, elle ne dirait sûrement rien.
« Ils vont tous bien, je crois. Il y a quelques petites histoires, la plupart dont je ne suis même pas au courant, mais j’imagine que dans l’ensemble ça va. » Comme lui, elle n’est pas aussi proche que ça de ses frères et sœurs. Ils se parlent mais ne sont pas au courant des détails de leurs vies. « Tant mieux alors. Faudrait que je passe un de ces jours. » Il y a longtemps qu’il ne les a pas tous vus en même temps. C’est devenu compliqué quand ils ont tous grandi. Depuis qu’ils ont tous d’autres occupations qui leur prennent du temps. « Enfin, sauf quand le réfrigérateur est vide et là, bien entendu, c’est la fin du monde, » Jake rit en même temps qu’elle. Il imagine assez bien le problème, surtout quand ils sont autant. Il faudrait sûrement un frigo plus grand. Là, Olivia doit passer son temps à le remplir encore et encore. Encore une occupation qui l’empêche de penser à tout le reste, sans doute. « Faut les comprendre, ils sont encore en pleine croissance les pauvres petits. » Plaisante-t-il. Il prend à nouveau son verre pour le vider d’un coup. L’alcool réchauffe son sang. Pas encore assez pour qu’il soit ivre. « J’sais pas comment tu fais honnêtement. Pour gérer tout ça à la fois. » Mais elle a toujours été ainsi. Jake a souvent été impressionné par ces capacités d’ailleurs. Gérer ses problèmes, son travail, sa famille, tout. « J’crois que tu m’impressionneras toujours. » Il est sincère et elle le sait. Même si elle ne se rend pas compte de tout ce qu’elle accomplit. De la femme pleine de force qu’elle est.
Jake se laisse tomber contre le fond du canapé, pousse un soupir alors que ses pensées partent vers une autre blonde. Il avait eu envie de téléphoner à Olivia dès qu’il était rentré chez lui après la soirée passée avec Chase. Mais il ne l’avait pas fait parce qu’elle avait déjà ses problèmes. Et finalement, il peut lui en parler. « L’autre soir, je suis retourné à Oxford avec Chase. Dans un bar où on passait notre temps à l’université. Et j’sais pas si les choses peuvent encore s’arranger entre nous. C’est devenu tellement… bizarre. » Le mot ne suffit pas à tout décrire mais il n’en trouve pas d’autre. « Les désastreuses aventures de Chase et Jake, nouveau chapitre catastrophique ! » Même s’il y avait eu de bons moments pendant cette soirée, Jake garde surtout en mémoire la fin. Cette fin qui sonnait tellement définitive. Comme s’il n’y avait plus rien à sauver. Raison pour laquelle il ne l’avait pas encore rappelée ou revue depuis. Il se redresse pour prendre cette fois, directement la bouteille de tequila et en boire une gorgée. Il grimace aussitôt. Mauvaise idée.

✻✻✻
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() message posté Mar 7 Juil 2015 - 20:30 par Invité

Hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ L’esprit était handicapant, en lui-même. L’esprit nous retenait en arrière, nous empêchait d’avancer, nous brimait dans nos résolutions et nos espoirs d’un avenir meilleur. L’esprit s’encombrait de toutes ces pensées parasites qui ne nous quittaient pas une fois installées au creux de notre tête ; l’esprit nous contraignait de continuer avec ses mille-et-un pièges, ses mille-et-un obstacles. C’était comme s’il nous mettait à l’épreuve. Comme s’il testait nos limites jusqu’à ce qu’on finisse par lâcher prise, jusqu’à ce qu’on finisse par sombrer dans les abysses de nos problèmes. Il nous testait pour s’assurer que l’on pouvait suivre le rythme. Il nous testait pour s’assurer qu’il pouvait continuer de nous infliger des punitions pires encore. Je m’étais laissée engloutir, à la mort d’Isaac. J’avais laissé mes pensées m’emprisonner, mon esprit prendre le dessus. J’avais vécu chaque seconde de mon deuil comme une épreuve, chaque seconde de ma douleur comme une sentence. Je n’avais pas réussi à me libérer de toutes ces vagues d’émotions qui avaient animé mon quotidien. Ma vie. Ma tête. Ma boîte crânienne. A me libérer de toutes ces vagues d’émotions qui avait noyé l’épave que j’avais été.
Jake était comme moi, Jake attachait trop d’importance à certaines choses, Jake se laissait porter par tout ce qui lui tenait à coeur. Je ne savais pas s’il s’agissait d’une caractéristique familiale ou si les êtres humains étaient ainsi de manière générale ; la seule certitude qui m’habitait était celle que l’Homme pensait trop, interprétait trop, se noyait trop dans les flux constants de sa mémoire. Nous n’étions que des marionnettes attachées à leurs esprits vagabonds ; peut-être certains individus avaient trouvé le moyen de couper leurs fils, mais une partie de moi demeurait persuadée que cela était comparable à se détacher de sa propre humanité.
Pour le reste, je n’en savais rien. Jake et moi ressentions trop les supplices de ce crâne qui refusait de nous obéir. Peut-être que des personnes, plus chanceuses, se débrouillaient pour atténuer leurs peines. Ou alors, peut-être que le monde tout entier cédait sous les coups bas de cet esprit hostile qui se plaisait à nous épuiser. Qui se plaisait à nous achever, comme si la vie n’était pas déjà suffisante. « Tu nous imagines tous les deux en position du lotus ou j’sais pas quoi ? J’sais même pas si j’serais assez souple pour ça. Et puis rester immobile, j’suis presque sûr que ça ferait encore plus travailler ma tête. » Je me mis à rire, la tête plus légère à cause de l’alcool, imaginant mon cousin dans des positions étranges propres au yoga. Il avait sans doute raison. J’étais plutôt sceptique à l’idée qu’une séance de méditation puisse apaiser les tempêtes intérieures ; Jake marquait un point en admettant que demeurer calme n’était que le meilleur moyen pour réfléchir encore plus.
Lui comme moi avions besoin de nous occuper pour oublier. Besoin d’avoir des choses à faire pour faire taire les pensées qui fusaient dans notre crâne. C’était presque un fléau, celui d’être contraint de rester passif ; j’étais presque rassurée à la simple idée que je pouvais le comprendre mieux que personne sur ce point-là. Mieux que personne simplement parce que nous étions des parfaits identiques. « Tant mieux alors. Faudrait que je passe un de ces jours, » reprit-il quand je parlais de mes frères et soeurs à la maison. J’hochai la tête. « Je suis sûre qu’ils seraient super contents de te revoir, tu pourrais rester dîner avec nous. » Sans que je ne le veuille vraiment, des plans s’élaborèrent dans mon esprit, et je me surpris presque à songer au menu que je pourrais servir. Je fronçai les sourcils avant de secouer la tête pour chasser mes pensées volatiles. Cela ne serait pas possible, de toutes manières. Du moins, pas si Isaac était présent tous les soirs. Je n’étais pas encore réellement prête à voir mon mari et mon cousin se lancer des regards en coin d’un air sévère. « Faut les comprendre, ils sont encore en pleine croissance les pauvres petits, » lança-t-il en abondant dans mon sens, avant de prendre son verre et le finir. « J’sais pas comment tu fais honnêtement. Pour gérer tout ça à la fois. J’crois que tu m’impressionneras toujours. » J’esquissai un sourire avant de me pencher pour attraper mon verre. Jake, quant à lui, s’enfonça dans le fauteuil jusqu’à ce que son dos touche le dossier. Cela n’était pas la première fois qu’il me faisait une remarque de ce genre. Cela n’était pas la première fois qu’il me témoignait de son admiration. Comme si ce que je faisais n’était pas normal. « L’organisation n’a absolument plus aucun secret pour moi, » répondis-je avant de tremper mes lèvres dans mon verre. L’alcool brûla mes gerçures mais je mis plusieurs instants avant de me décider à boire une gorgée.
Je restai silencieuse, songeant à mes obsessions, songeant à ces façons que j’avais de m’occuper l’esprit. Mes pensées étaient embrumées et défilaient plus lentement dans ma tête ; je trouvais presque ces longueurs agréables, comme si elles me donnaient la possibilité de me reposer. « L’autre soir, je suis retourné à Oxford avec Chase. Dans un bar où on passait notre temps à l’université. Et j’sais pas si les choses peuvent encore s’arranger entre nous. C’est devenu tellement… Bizarre. » La voix de Jake me ramena sur Terre et je tournai la tête vers lui. Je ne parvins à capter que la moitié de ses mots, la moitié de ce qu’il m’avait confié ; pourtant, mes pensées comblaient les vides sans mal, me laissant songeuse face à ses révélations. « Les désastreuses aventures de Chase et Jake, nouveau chapitre catastrophique ! » Son entrain était feint, son entrain sonnait faux. Je l’observai avec attention, tentant de noter ce qu’il pouvait bien penser de tout cela. Je ne parvins qu’à distinguer une profonde peine, l’expression d’une personne ayant connu trop de désillusions pour bien peu de joies. « Qu’est-ce que tu entends par bizarre ? » demandai-je en m’enfonçant dans le canapé à mon tour. Je tournai la moitié de mon corps dans sa direction, mon regard posé sur lui. Le monde tournait autour de moi mais je m’accrochais à la réalité pour lui. Le monde tournait autour de moi mais je gardais un pied sur Terre pour comprendre ce qui l’habitait. « Raconte-moi ce qu’il s’est passé, » finis-je par lâcher. « Si tu veux, bien sûr. » Je lui adressai un sourire avant d’exercer une légère pression sur son épaule du bout des doigts, comme pour lui donner confiance, comme pour lui faire comprendre qu’il pouvait s’ouvrir à moi sans que je ne vienne le juger. Sans qu’il n’ait peur de ce que je pouvais en penser.
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() message posté Mer 8 Juil 2015 - 11:48 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Quoi que l’on fasse, le passé finit toujours par nous rattraper. C’est une phrase que l’on entend souvent mais on ne réalise pas toujours à quel point elle peut être vraie. On peut toujours essayer de s’occuper l’esprit. De faire tellement de chose qu’on arrive à occulter le reste de notre esprit. Qu’on arrive à ne plus penser à ce qui pose problème. A ses choses auxquelles penser est parfois difficile. Ça peut fonctionner, pendant quelques temps. Jamais pour toujours malheureusement. Même si on se tient occupé tout le temps, il y aura toujours un élément pour nous faire repenser à ce qu’on essaye d’oublier. Une photo. Un souvenir. Ou même une raison sans réel rapport. Le passé a cette manière de revenir se glisser en nous quand on s’y attend le moins.
Et parfois, il gagne. Il devient trop fort pour qu’on puisse le combattre. Et d’autres fois, c’est le passé qui revient réellement. Pas que dans nos pensées. Non. En chair et en os. Et là, comment l’ignorer ? Ça devient tout de suite plus compliqué. Et pour ça, il n’envie pas la situation d’Olivia. Il envie la façon dont elle gère ça avec brio. Même si elle avait eu besoin de craquer un instant. Son passé s’est immiscé à nouveau dans sa vie et elle lutte pour garder la tête hors de l’eau. Pour faire comme si tout allait bien alors que tout s’écroule derrière elle. Il n’ose imaginer à quel point ça peut être compliqué pour elle. Il peut savoir comment elle réagit à tout ça, parce qu’il la connait. Mais il ne peut pas savoir tout ce à quoi elle pense, à moins qu’elle le lui dise.
Maintenant que le moment est passé, il sait qu’elle n’en reparlera plus pour le moment. Qu’elle a plongé à nouveau dans le déni. Qu’elle a besoin de penser à autre chose. L’alcool et les histoires de Jake aident sans doute. Du moins, il l’espère. « Je suis sûre qu’ils seraient super contents de te revoir, tu pourrais rester dîner avec nous. » Il hoche la tête à sa proposition, pas certain qu’elle soit réalisable pour le moment. Peut-être que justement, avec tous les Marshall, ça serait plus simple de revoir Isaac. Plus il y aurait de personnes présentes, plus facile ça serait. En théorie bien sûr. Il n’est pas certain qu’Olivia veuille vérifier cette théorie. Pas tout de suite du moins. « L’organisation n’a absolument plus aucun secret pour moi, » En a-t-elle jamais eus ? Que ça soit chez elle ou dans sa vie en général, Olivia a toujours tout organisé à merveille. Pour que rien ne dépasse. Pas un cheveu. Pas une larme inattendue. C’est sa façon de se tenir occupée. Ça et son travail. Ils sont tellement semblables sur ce point que ç’en est surprenant. Jake avait mis longtemps à le voir. A comprendre pourquoi il s’était noyé dans son travail et dans le sport après son retour d’Afghanistan. Et encore plus après l’enlèvement de Chase.
Mais il avait fini par comprendre. Comprendre que c’était sa façon d’oublier le reste. De se concentrer sur des choses plus simples. Des choses qui ne lui donnaient pas envie de s’enfouir sous sa couette pour ne plus jamais en ressortir. Maintenant avachi dans le canapé, il se décide à parler d’un sujet auquel il évite de penser également. Mais peut-être qu’en parler avec Olivia peut l’aider à démêler tout ça. L’alcool qu’il a dans le sang l’aide à en parler. Et surtout à ironiser là-dessus. « Qu’est-ce que tu entends par bizarre ? » Demande Olivia en s’appuyant dans le dossier à son tour, tournant la tête vers lui. Il ne sait même plus pourquoi c’est bizarre entre eux. Depuis combien de temps. S’il y a des moments où ça ne l’est pas. Il n’est plus sûr de rien dès qu’on parle de Chase.
Plus sûr de savoir ce qu’il veut. Plus sûr de savoir quoi faire. « Raconte-moi ce qu’il s’est passé, » Il tourne la tête vers elle pour la regarder dans les yeux. A cause de l’alcool, ses yeux clignent beaucoup plus que d’habitude mais peu importe. « Si tu veux, bien sûr. » Il ne sait même pas par où commencer. Par le début, c’est par là qu’il devrait commencer. « Au départ, ça allait à peu près. On discutait. On avait trouvé une vieille photo de quand on était étudiants. Encore que même là, c’était un peu bizarre. On était gênés je dirais. Je ne sais pas vraiment. » Cette impression qu’ils se forçaient. Que ça ne venait plus aussi naturellement qu’avant. Cette impression dont Jake essayait désespérément de se débarrasser. « Et quand on est allé chanter – oui, parce que c’était un bar avec karaoké et c’était ce qu’on faisait à l’université. Bref, on est montés sur scène et quand ça a été son tour de chanter, elle est juste sortie du bar. Comme ça. » Il ne sait pas si ce qu’il dit a un sens. Il s’y perd lui-même. Il ne sait pas si Olivia peut le comprendre. L’alcool n’aide sans doute pas.
« Ah et puis on a parlé de la première nuit qu’on avait passée ensemble. A l’université, tu sais. J’sais même plus pourquoi j’en ai parlé, pour en plaisanter sans doute. C’était pas une bonne idée. » Il raconte tout dans le désordre. Si Olivia suivait au début, elle s’est sans doute perdue au milieu de l’histoire. En parler lui fait tout de même du bien. Même s’il n’y a pas de solution au bout. Sans doute n’y a-t-il pas de solution tout court. Il n’en a pas trouvé du moins. « J’ai l’impression qu’on s’éloigne de plus en plus et que j’peux rien y faire. Comme si j’étais juste derrière la fenêtre, à observer le spectacle, sans pouvoir agir. » Il finit par tourner la tête vers le plafond, sans savoir quoi ajouter. Ça résume tout à merveille. Même s’il se perd dans ses images presque poétiques. Ou qu’il pense poétiques parce qu’il a un peu trop bu. Il a aussi l’impression de ne pas encore avoir assez bu. Pas assez pour oublier le monde extérieur. Pas assez pour tout changer. Seulement, il faudrait qu’il se redresse pour boire encore. Et il ne sait pas s’il en a la force. S’il en aura jamais la force.


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