"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici with every broken bone i swear i lived. / jake - Page 2 2979874845 with every broken bone i swear i lived. / jake - Page 2 1973890357
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with every broken bone i swear i lived. / jake

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() message posté Lun 13 Avr 2015 - 16:34 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ La douleur. Cette douleur qui nous habitait, tous, d’une manière à chaque fois différente. L’être humain était un prisme à travers lequel elle se divisait en un faisceau de lumière, imposant toutes ses nuances, imposant toute sa palette. La douleur n’était jamais la même et, pourtant, elle était là. Elle était tout le temps-là, au fond de nous, à chaque étape de notre vie. Lorsque l’on se séparait d’un être cher. Lorsque l’on perdait un objet précieux. Lorsque l’on apprenait une mauvaise nouvelle. Lorsque nos espoirs se retrouvaient tués dans l’œuf. Lorsque l’on perdait un proche. Et même lorsque ce même proche finissait par revenir. J’avais fait l’expérience de nombreuses désillusions dans mon existence. J’avais vu Isaac s’engager dans l’armée alors que je l’avais supplié de ne pas le faire. Ma grand-mère était décédée, cette grand-mère qui m’avait presque éduqué avec mes frères et sœur. J’avais été séparée de mon mari durant des semaines, des mois. J’étais partie en Afghanistan pour être aux services de l’armée. J’avais enduré des attaques. J’avais vu des blessés de guerre, tenté de les soigner sans réussir à tous les sauver. J’avais perdu l’enfant que j’avais porté dans les stades précoces de ma grossesse, le stress ayant raison de lui. Puis, quelques jours après seulement, j’avais perdu Isaac. Alors, oui. Oui, j’avais connu la douleur, la douleur de la perte, cette douleur qui semblait s’accrocher aux cellules même de nos corps. Oui, je l’avais connu durant des mois. Cependant, j’avais toujours refusé d’y céder. Cependant, j’avais toujours pensé aux autres, à ces autres qui souffraient tout autant que moi mais d’une manière différente.
Cela avait été mon ancre. Je m’étais raccrochée à eux pour m’en sortir. J’avais faibli plusieurs fois mais Jake avait toujours veillé à me rattraper ; je n’avais jamais été seule malgré l’obstination que j’avais bien pu avoir à ne pas me laisser aller et ne pas embêter mon entourage avec le désastre ambulant que j’étais.
Et, je m’étais dit qu’avec tout cela, j’avais eu également mon lot de bonheurs. J’avais accueilli la naissance de chacun de mes cadets avec joie. J’avais apprécié ces étés avec mes cousins malgré l’entente difficile que j’avais bien pu avoir avec Jake. J’avais rencontré Isaac jeune et j’avais eu le temps d’apprécier toutes les années que nous avions bien pu passer ensemble. J’avais eu un mariage digne des plus beaux contes de fées, nos deux familles ayant dépensé sans réellement compter. Puis, aussi, il y avait eu ces petits instants de bonheur. Les fois où j’étais sortie avec Jake pour boire un café. Ces jours où j’avais assisté à la naissance de bébés à l’hôpital. Les rires de Jasmine quand je la prenais dans mes bras. Les soirées que j’avais pu passer en compagnie de mes collègues de travail à refaire le monde. Quelque part, je me raccrochais également à ces instants de bonheur pour me persuader qu’une vie était ce qu’elle était ; qu’une vie n’était qu’un lot de malheur et de bonheur, qu’un équilibre instable entre la joie et la tristesse. J’avais fini par me rendre à l’évidence que mon histoire avec Isaac n’avait pas été faite pour durer ; j’avais fini par me dire que chaque jour en sa compagnie avait été un cadeau et que, désormais, je devais avancer avec mes souvenirs.
Puis il était rentré. Il était revenu. Mon combat me paraissait bien dénué de sens maintenant que j’étais confrontée à la vérité. « Avec moi, tu peux. Tu peux craquer et me dire tout ce qui te passe par la tête. » me dit-il et j’esquissai un sourire. Oui, je savais que je pouvais. Pourtant, j’avais cette retenue qui m’animait, cette retenue qui m’empêchait de laisser un libre cours à ce qui se passait dans mon crâne. Comme si, tant que je ne le disais pas à voix haute, cela n’était pas forcément vrai. Comme si, en restant silencieuse, le fait que je perde pieds ne soit pas tout à fait réel. « Je le dirais à personne, j’suis même prêt à emporter le secret dans ma tombe. » poursuivit-il. Quelque part, je le savais. Quelque part, je n’avais jamais douté de cela. Je me mordis la lèvre inférieure, luttant quand même, sentant son regard pesé sur moi. « Pour ce que ça vaut, je trouve que tu t’en tires bien… compte tenu des circonstances. » J’haussai les épaules avec douceur, ne sachant pas réellement ce que cela signifiait. Ce que cela valait. Il était adorable mais j’avais l’impression que, malgré tout, j’étais beaucoup trop perdue pour que ce que je fasse soit bien. Je n’étais pas habituée à un tel manque de confiance en moi. « Enfin si tu préfères, on peut changer de sujet ou même ne plus parler. » Je l’observai. Je le connaissais suffisamment bien pour savoir qu’il n’aurait pas voulu lâcher l’affaire mais qu’il le faisait quand même pour me respecter, moi, mais aussi pour respecter mon silence. Je ne dis rien pendant quelques instants, faisant le tri dans mes propres pensées, cherchant à me concentrer malgré tout.
J’étais si perdue que j’étais incapable de me comporter correctement en compagnie de mon propre cousin.
Je finis par prendre une profonde inspiration et détourner le regard pendant quelques instants. Je comptais les secondes dans ma tête, comme pour me raccrocher la réalité, comme pour me faire comprendre que cela n serait pas mal. Comme pour me faire comprendre que j’avais le droit. Le droit de chercher du réconfort. « Non. Non, tu as raison, il faut que j’en parle. » En parler, oui, mais je ne savais même plus comment faire, je ne savais même plus quoi dire. J’avais peur, si peur. Je m’en voulais, aussi, je m’en voulais énormément. « Je… Je ne dors plus la nuit, mais je fais semblant parce que je ne veux pas qu’il s’en rende compte. » finis-je par dire. Ma voix était tremblante et je détestais les trémolos qui l’accompagnaient. Faible, faible. J’avais l’air faible. « Je suis mieux au travail que chez moi parce que je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas quoi lui raconter. Il a raté tellement de choses, en quatre ans… Rien qu’avec la technologie, j’ai tenté de lui expliquer certaines choses mais c’est souvent trop pour lui. Il est dépassé très rapidement et j’ai peur qu’il s’emporte. » poursuivis-je. « Je ne le connais plus, Jake. Il refuse de me parler de ce qu’il a bien pu vivre là-bas et je me sens inutile, il prie tout le temps alors qu’il n’a jamais été croyant et… Et j’ai l’impression qu’il est là sans vraiment être là, tu comprends ? » Mon discours était décousu, j’en avais conscience. Cependant, je n’avais pas eu le temps de préparer mes paroles avant de les énoncer à voix haute. Je n’avais pas eu le temps de me préparer avant d’en parler. Je laissais simplement mes idées m’échapper. Me glisser entre les doigts.
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Jake O. Cavendish
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() message posté Mar 14 Avr 2015 - 15:41 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ S’il y a quelqu’un qui mérite d’être heureux, c’est bien Olivia. Elle a vécu les pires horreurs qu’un être humain peut vivre. Elle a été témoin de la guerre et de ses victimes, elle a perdu l’homme qu’elle aimait et pourtant, elle reste debout. Ces dernières années, Jake l’avait vue retrouver peu à peu le sourire. Même si ses blessures restaient présentes, elle semblait un peu plus heureuse. Pas totalement. Il y avait toujours cette tristesse dans son regard. Cette tristesse qu’on ne peut reconnaitre que si on la connait. Mais son quotidien semblait lui suffire à tenir. Quelques petites joies pour oublier la tragédie. Elle s’était reconstruite petit à petit. Jour après jour. Elle avait recommencé à sourire sans se forcer. Elle se concentrait sur son travail qu’elle adorait. Et quand, malgré tout, ça n’allait pas, elle savait qu’elle pouvait compter sur Jake. Il était confiant. Il savait qu’elle allait finir par se remettre complètement. Qu’elle trouverait son bonheur. Un bonheur qui effacerait toutes les peines qu’elle avait pu vivre.
Le sort s’acharnait sur elle. Il était revenu, vivant. Celui qu’on pensait six pieds sous terre. On ne saura sans doute jamais qui était cet homme qui avait été confondu avec Isaac. Il était de retour dans le monde des vivants. De retour dans la vie d’Olivia. Peut-être qu’au final, ce retour signerait le retour du bonheur pour Olivia. Jake sait à quel point elle aimait son mari. A quel point elle avait détruite quand elle l’avait cru mort. Même s’il n’avait jamais apprécié Isaac, il souhaitait avant tout voir un sourire sur les lèvres de sa cousine. Enfin pour le moment, il n’était pas possible d’être sûr de tout ça. Ce qui ressort pour le moment, c’est le choc et le doute.
Si Isaac avait certainement traversé tout un cauchemar, les quatre dernières années n’avaient pas non plus été faciles pour Olivia. Deux enfers différents en tous points et pourtant tous deux  horribles. Les comparer serait stupide. Leurs deux enfers sont entrés en collision et gérer l’explosion doit être difficile. Alors Olivia cache son propre enfer, pour ne pas empirer celui de son mari. C’est ce qu’elle fait toujours. Elle s’inquiète pour les autres, jamais pour elle. Et en théorie, tout va bien. Jusqu’à son propre enfer finisse par la dévorer de l’intérieur. Il est hors de question que Jake laisse ça arriver.
Malgré son envie – son besoin – de la protéger, de l’aider, il ne veut pas la forcer. Elle doit vouloir son aide pour qu’elle soit utile, il le sait. C’est ainsi qu’elle fonctionne depuis toujours. Il doit attendre qu’elle soit prête, c’est ce qu’il fait en lui proposant de parler d’autre chose. Il se doute que penser à toute cette histoire en long et en travers ne doit pas l’aider. Il le sait d’expérience, penser sans cesse à quelque chose peut torturer un esprit. On imagine mille et une théories, on s’inquiète encore plus et au final, c’est encore pire. Elle reste silencieuse quelques instants et il l’observe, respectant son silence. « Non. Non, tu as raison, il faut que j’en parle. » Il lui a fallu quelques temps mais elle réalise qu’elle doit parler de tout ça à voix haute. Exprimer ce qu’elle ressent pour essayer de mieux le comprendre. De mieux le gérer. « Je… Je ne dors plus la nuit, mais je fais semblant parce que je ne veux pas qu’il s’en rende compte. » Il la regarde, pas sûr de la raison pour laquelle elle ne parvient pas à dormir. Par peur ? Parce que ses pensées s’enchaînent, l’empêchant de fermer l’œil ? Peut-être ne le sait-elle pas non plus. Il n’est pas surpris qu’elle fasse semblant pour Isaac. Qu’elle lui cache qu’elle va mal. C’est dans sa nature, il le sait.
« Je suis mieux au travail que chez moi parce que je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas quoi lui raconter. Il a raté tellement de choses, en quatre ans… Rien qu’avec la technologie, j’ai tenté de lui expliquer certaines choses mais c’est souvent trop pour lui. Il est dépassé très rapidement et j’ai peur qu’il s’emporte. » Jake n’avait pas pensé à ce problème. Pourtant ça semble logique. Quand on vit dans un monde civilisé, on suit les nouvelles technologies sans aucun problème. Ça semble tout simplement naturel. Les téléphones changent, internet aussi, tout change sans arrêt. Mais une évolution de 4 ans d’un coup, ça doit faire un choc. Mais ce qui retient particulièrement l’attention de Jake, c’est la peur d’Olivia. Peur qu’il s’emporte. Jake a toujours trouvé qu’Isaac avait un caractère difficile à appréhender, ça s’est sûrement empiré avec ce temps de captivité. « Je ne le connais plus, Jake. Il refuse de me parler de ce qu’il a bien pu vivre là-bas et je me sens inutile, il prie tout le temps alors qu’il n’a jamais été croyant et… Et j’ai l’impression qu’il est là sans vraiment être là, tu comprends ? » Isaac ne doit plus être le même homme que celui qu’il avait connu. Même sa femme semblait avoir du mal à le reconnaître. Après quatre ans, après tout ce qu’il a vécu, c’est logique. Jake n’a jamais parlé avec Chase de ses quelques mois de captivité. Aucun d’eux n’a jamais voulu aborder ce sujet. Il sait quelques détails donnés par le frère de son ami et sinon, tout ce qu’il sait, ça lui vient de témoignages d’autres personnes ayant vécu ça. Mais c’est différent à chaque fois. C’est différent pour tout le monde. « Tu sais, j'ai toujours une chambre libre. Tu peux rester ici si tu veux, si… » Si tu as trop peur de lui. Si même elle a peur de lui, Jake est forcément encore plus inquiet. Il refuse qu’il lui arrive quoi que ce soit. Il veut croire qu’Isaac aime toujours Olivia, comme elle l’aime toujours, qu’il ne lui ferait jamais rien mais comment en être sûr ? Il a vécu des horreurs. Des horreurs qui changent un homme. Il sait bien qu’Olivia va refuser sa proposition. Elle veut l’aider, pas le fuir. Elle préfère se mettre en danger plutôt que d’abandonner quelqu’un à son sort. Ce qui rassure un peu Jake, c’est qu’ils ne doivent pas être souvent seuls dans l’appartement d’Olivia, vu que tous ses frères et sœurs ou presque habitent là-bas également. « Ou bien je pourrais aussi passer chez toi. » Pour se rassurer, lui. S’assurer qu’Isaac n’est pas un danger pour Olivia. Il ne le précise pas mais elle doit s’en douter. « C’est normal Liv, c’est nouveau comme situation. Pour vous deux. Tu vas t’y faire. » Il n’en est pas du tout sûr mais il se doit de la rassurer. Maintenant, il en est sûr, c’est sa peur qui l’empêche de dormir la nuit. Elle ne s’endort pas parce qu’elle a peur de l’homme qui dort à ses côtés. « Enfin tu n’es pas non plus obligée de t’y faire. » Rien ne la force en effet. Elle a beau avoir promis des choses à cet homme lors de leur mariage, les choses ont changées aujourd’hui. N’importe qui comprendrait qu’elle abandonne, elle en aurait tous les droits. Mais elle ne le fera pas. Elle se battra jusqu’au bout. Parce que c’est Olivia. Parce qu’elle est comme ça.

✻✻✻
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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 23:11 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ Parfois, je regrettais. Je regrettais toute l’insouciance que j’avais bien pu connaître en étant gamine. Je regrettais ces longues périodes de calme, ces longues journées chargées de douceur, ces longues heures où j'avais pu rire, rire encore et encore, rire sans que rien ne puisse m'arrêter. Je savais qu’à cette époque j’avais d’autres moyens d’être malheureuse ; parfois, même, Jake était la cause de ces soucis passagers. Cependant, avec le recul, avec l’âge, avec le temps, je me rendais compte que cela avait sans doute été la plus belle période de mon existence. Tout avait été plus facile. Tout avait été plus simple. Il y avait eu moins de questions dans mes pensées, j’avais passé bien moins de temps à me préoccuper de ce qui pouvait bien m’entourer. Chaque jour n’avait pas été une épreuve mais un cadeau ; je m’étais endormie, à chaque fois, avec des rêves pleins la tête et non pas des questions qui n’avaient pas de réponses. Je savais que j'idéalisais sans doute ce que j'avais vécu mais je ne parvenais pas à me retirer l'image de ma grand-mère faisait une tarte de mon esprit ; je ne parvenais pas à oublier la satisfaction que j'avais ressenti à chaque fois que j'avais bien pu lire des histoires à mes petits frères et petites soeurs.
Je ne parvenais pas à cesser d'idéaliser la relation que j'avais eu avec Isaac alors, douce, délicate, belle dans sa cadeur.
Cela me manquait, l’enfance. Cela me pesait presque, à mesure que je me rendais compte que tout cela était bel et bien révolue. La vie, elle, paraissait de plus en plus compliquée à chaque fois qu’une ride venait se loger au coin de mes yeux ; elle était accompagnée de ses problèmes existentiels, de ses questions obsessionnelles, de son lot de problème et de son fardeau quotidien. Jake, penses-tu qu’on aurait pu se douter ? Penses-tu qu’on aurait pu se rendre compte de ce qui nous attendait ? J’aurais tant aimé pouvoir profiter, j’aurais tant voulu avoir l’occasion de me rendre compte que tout n’était qu’éphémère. Une chance d'être heureuse plus longtemps. Voilà ce dont j'avais réellement besoin, au fond, sans que je ne parvienne à l'admettre à voix haute. Jake, ces jours-là me manquent, même si nous n’étions pas aussi proches qu’aujourd’hui. Ils me manquent parce qu’à ce moment-là je pouvais encore respirer sans ressentir de poids peser dans ma poitrine. Ils me manquent parce qu’à ce moment-là, je ne savais pas encore qui j’étais et pourtant j’avais l’impression d’être moi-même.
J’observai mon cousin dans les yeux, lui adressant presque un regard désolé pour l’accabler avec mes paroles. Je m’en voulais de me présenter aussi faible à lui, je m’en voulais de l’impliquer dans le chaos de mon cœur. Je m’en voulais mais, au fond, malgré tout, je savais que cela était nécessaire, même si ma conscience continuait de ne pas être d’accord. « Tu sais, j'ai toujours une chambre libre. Tu peux rester ici si tu veux, si… » commença-t-il à me dire, mais il se reprit tout seul. Il me connaissait, après tout. Cela était sans doute pourquoi cela me paraissait plus facile de parler avec lui qu’avec les autres. Il savait. Malgré toute la retenue que je pouvais avoir, il connaissait ce qui m’habitait, il avait vu comment je me sentais. « Ou bien je pourrais aussi passer chez toi. » J’esquissai un doux sourire en entendant sa proposition, mais j’haussai les épaules, ne sachant pas réellement quoi lui répondre, quoi en penser. Je savais qu’il avait toujours eu du mal à s’entendre avec Isaac, pour une raison que j’ignorais ; leurs rapports avaient toujours été tumultueux, et j’étais très peu réceptive à l’idée qu’ils puissent passer du temps ensemble, surtout maintenant, avec l’instabilité émotionnelle d’Isaac. « Je ne suis pas sûre qu’Isaac t’accueillerait à bras ouverts. » lui répondis-je doucement. Je lui donnai un léger coup d’épaule. Mon manque d’entrain était presque effarent. Mais, au moins, j’essayais. J’essayais comme je pouvais. « C’est normal Liv, c’est nouveau comme situation. Pour vous deux. Tu vas t’y faire. » enchaina-t-il. « Enfin tu n’es pas non plus obligée de t’y faire. » Je fronçai les sourcils en entendant ses paroles, lui lançant un regard interrogateur. Je détaillai son expression pour connaître le véritable fond de sa pensée. Il était le premier à me faire comprendre que j’avais deux options, au final. Le premier à insister sur le fait que j’avais le choix. Je savais qu’il me connaissait suffisamment pour savoir que je ne pourrais sans doute jamais laisser mon mari mais il prenait un soin tout particulier à souligner mon éventail de possibilités. « Je sais. » murmurai-je avant de prendre une profonde inspiration. « Je sais que j’ai le droit de ne pas m’y faire. » Le dire à voix haute me paraissait si réel, si vrai. Le prononcer donnait presque une nouvelle dimension à cette réalité. Je sentis ma gorge se serrer et je m’éclaircis la gorge, en vain. « Mais je ne peux pas le laisser. Pas maintenant, du moins. Il a besoin de moi. Il n’osera jamais me le dire à voix haute mais je sais qu’il a besoin de moi. » Mes mains tremblaient entre celles de Jake et, doucement, je les retirai, avant de passer une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Je n’étais pas sûre de moi, non, pas sûre qu’Isaac ait réellement besoin de moi ; je savais qu’il continuait de m’aimer, au fond de lui, mais je savais également qu’il aimait une version utopique de celle que je pouvais bien être. « Et… Et je crois que j’ai besoin de lui moi aussi. Malgré tout. C’est sans doute ça le pire, d’ailleurs. J’ai besoin de lui et c’est ce qui m’affaiblit le plus. » Cela me rend fragile, Jake. Cela me rend fragile parce que je me rends compte au fur et à mesure que l’homme que j’aimais n’est plus là. Cela me rend fragile parce que je sais qu’il ne se contrôle plus réellement et qu’il a abandonné une part de son humanité derrière lui. J’espérais que mes yeux parlent à ma place ; j’espérais, aussi, que Jake ne me tienne pas compte de tout ce que je pouvais bien lui dire, comme si je ne parvenais pas à réellement assumer le véritable désastre que j’étais devenue.
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() message posté Ven 1 Mai 2015 - 19:28 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Il est difficile de réaliser la chance qu’on a lorsqu’on est heureux. Lorsque tout va bien. Lorsqu’on est avec la personne qu’on aime et que rien ne pourrait venir gâcher ça. On ne réalise pas à quel point on est chanceux avant que ce bonheur nous soit repris. Ce n’est qu’après, une fois que c’est fini, qu’on se rend compte. Qu’on se dit qu’on aurait dû plus apprécier le moment présent. Qu’on regrette ces instants. Pourtant c’est tout à fait naturel. On vit notre bonheur. On en profite sans y réfléchir, parce que c’est normal. Parce que le sourire ne quitte pas nos lèvres. On ne se pose pas de questions. On ne redoute pas le moment où tout s’écroulera.
Pour certaines personnes, ça ne s’écroule jamais. Le bonheur reste là, certains s’en lassent même. Pauvres idiots. On ne peut penser ainsi qu’une fois que son bonheur s’est émietté. Qu’il a laissé place au chaos. Que ce chaos est devenu une part de notre âme et qu’on ne peut qu’apprendre à vivre avec. On finit par s’en relever. Par trouver un autre bonheur qui nous fera sourire à nouveau. Mais ça ne sera jamais aussi innocent. Jamais aussi certain. Il y aura toujours cette petite voix au fond de nous. Cette petite voix qui a peur que le bonheur ne dure pas.
Jake avait été là lorsque le chaos était apparu dans la vie d’Olivia. Il avait été là lorsqu’elle avait traversé les ténèbres qui l’entouraient. Il n’avait pas pu comprendre réellement ce qu’elle traversait. On ne peut pas le savoir à moins de l’avoir vécu. Tout ce qu’il savait, c’était ce qu’elle lui avait dit. Parce qu’elle lui avait fait confiance. Parce qu’elle avait accepté son aide. Il avait été là quand elle avait commencé à aller mieux. Quand elle avait rechuté aussi. Il avait été là pour elle, tout le temps. Tout comme elle avait été présente pour lui quand il avait été terrifié pour la vie de Chase. Elle avait aussi été là quand il avait appris qu’elle allait revenir. Enfin. Mais il n’a jamais connu un tel chaos. Jamais autant que celui qu’a connu Olivia. Il ne sait pas ce que ça fait de perdre définitivement la personne qu’on a toujours aimée. La personne avec qui on voulait finir ses jours.
Olivia avait réussi à reprendre sa vie en main malgré tout. Malgré la tristesse qui restait encore et toujours présente. Elle aurait sans doute fini par rencontrer quelqu’un d’autre, réussi à s’ouvrir au monde et à retrouver le bonheur. Peut-être pas tout de suite, ça aurait pris du temps mais ça se serait fait, petit à petit. A la place de ça, c’était la raison de son chaos qui revenait. Un nouvel astéroïde était venu entrer en collision avec son monde déjà fragile. Ou plutôt un ancien astéroïde, de retour.
Lorsqu’il entend la peur dans la voix d’Olivia, c’est tout naturellement que Jake s’inquiète. Peut-être à juste raison. Il ne veut pas prendre le risque. Isaac avait déjà un fort caractère avant tout ça alors qui sait comment la captivité peut l’avoir changé ? Tant qu’il ne l’aurait pas vu, Jake ne pourra sans doute pas être pleinement rassuré. « Je ne suis pas sûre qu’Isaac t’accueillerait à bras ouverts. » Il est vrai que les rapports entre les deux hommes n’ont jamais été excellents. Loin de là. L’un trop possessif et colérique. L’autre trop borné. Jake avait tout de même fait de son mieux pour cacher cette animosité à sa cousine. En vain visiblement. « Qui a dit qu’on devait lui laisser le choix ? » Dit-il, ne plaisantant qu’à moitié. Il veut s’assurer qu’Olivia est en sécurité, pas devenir ami avec son mari. Il doute que ça soit possible de toute façon. Enfin à ce moment précis, il n’a rien contre Isaac. Bien sûr, il revient chambouler la vie d’Olivia mais ce n’est pas sa faute. Il n’a pas choisi de survivre, il n’a pas choisi d’être libéré maintenant. Partagé entre l’inquiétude pour la sécurité d’Olivia et la compassion envers Isaac qui a été prisonnier pendant des années. « Je sais. Je sais que j’ai le droit de ne pas m’y faire. » Elle le sait mais Jake sait déjà qu’elle le fera. Qu’elle fera tout pour aider Isaac. C’est dans sa nature d’aider les autres. Elle aiderait même sans doute son ennemi juré s’il en avait besoin. Alors son mari, ça va sans dire. Il sait qu’elle ne partira pas, même si Isaac n’était plus vraiment lui. Même s’il risquait de lui faire du mal. C’est sans doute pour ça qu’il est aussi inquiet. Parce qu’elle veut tellement aider qu’elle ne pense pas assez à elle. Elle prendrait tous les risques possibles pour aider une personne qu’elle aime. « Mais je ne peux pas le laisser. Pas maintenant, du moins. Il a besoin de moi. Il n’osera jamais me le dire à voix haute mais je sais qu’il a besoin de moi. » De toutes les personnes qu’il connait, évidemment qu’Olivia est la mieux placée pour l’aider. Elle le connait. Ou le connaissait en tout cas. Jake sait également qu’il l’aime. A sa façon que Jake ne comprend pas forcément mais il l’aime. Et même s’il a souvent pensé qu’Isaac ne méritait pas sa cousine, il savait qu’elle l’aimait aussi. « Et… Et je crois que j’ai besoin de lui moi aussi. Malgré tout. C’est sans doute ça le pire, d’ailleurs. J’ai besoin de lui et c’est ce qui m’affaiblit le plus. » Dire qu’elle avait appris à vivre sans lui, à continuer à avancer sans Isaac à ses côtés. Même si ça n’était pas encore parfait, elle prenait le chemin, doucement. Mais il était revenu. Il avait tout annulé. Tous les efforts qu’elle avait faits. Toutes les larmes qui avaient coulées. Il était de retour et ça changeait tout. De toutes, c’était peut-être l’épreuve la plus dure pour Olivia. Le voir revenir mais pas tout à fait pareil. Le voir revenir alors qu’elle avait fait son deuil. C’est sans doute cruel de penser cela mais il est vrai que les choses auraient été plus simples si Isaac était réellement mort. Pour lui aussi peut-être. Une mort rapide plutôt que quatre années de torture. Le plus simple, bien sûr, aurait été qu’il n’arrive rien. Qu’ils reviennent tous les deux sains et saufs de l’Irak. Mais le destin en avait décidé autrement. « Tu vas réussir Liv. Tu vas surmonter ça. Vous allez surmonter ça. » Il n’en est pas sûr, bien entendu. Comment pourrait-il l’être ? Mais il sait qu’Olivia fera tout pour réussir. Que tant qu’elle vivra, elle se démènera pour aider son mari. « Et puis si t’as besoin de parler ou de te laisser aller sans que personne le sache, moi j’suis là. Faut bien que je serve à quelque chose hein ? » Elle a mis un moment mais elle a fini par se confier. Par dire ses craintes à haute voix. Et son expression s’en trouve changée. Un peu moins stressée, bien que toujours apeurée et triste. Elle mérite de sourire, d’être heureuse. Elle ne devrait pas aller si mal. Pas après tout ce qu’elle a déjà vécu. Son regard se détourne d’Olivia pour se poser sur la table. « Nos cafés doivent être froids maintenant. » Dit-il en riant. Il les avait oubliés, avec tout ça. « Tu veux que je t’en fasse un nouveau ? Un vrai cette fois. » Il détend l’atmosphère du mieux qu’il le peut. Elle a vidé son sac, ça semble déjà lui avoir fait du bien. Maintenant il peut essayer de la faire sourire un peu. De l’aider à penser à autre chose, ne serait-ce que pour une seconde. « Ou on peut aussi passer à quelque chose de plus fort si tu préfères. »

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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 18:00 par Invité

Hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ La famille. La famille était un concept étrange, si l’on s’y attardait bien. Si l’on prenait le temps d’y songer durant quelques instants. La famille, cette foule d’individus qui n’avaient rien, absolument rien, en commun, cette foule d’individus contraints de cohabiter ensemble, pourtant. Personne n’avait l’occasion de choisir sa famille, de choisir avec qui il allait bien pouvoir partager le même sang. Tout était une question de hasard. Une question de chance. Seul le destin décidait de tous les paramètres, seul le destin avait le pouvoir, entre les mains, de décréter qui deviendrait frère et sœur, qui serait contraint de prendre soin l’un de l’autre jusqu’à la fin de ses jours. Personne n’avait l’occasion de choisir sa famille, non. Pourtant, j’avais la certitude que ces individus choisis au hasard par le destin étaient des pièces maîtresses dans le déroulement d’une vie ; ils pouvaient être un fardeau, tout comme un cadeau du ciel. Ils pouvaient être une force, ou une faiblesse.
Personne ne pouvait choisir sa famille, non. Nous n’étions que des patchworks d’individus différents, opposés, des orchestres dissonants et des couleurs mal accordées. Pourtant, j’aurais été incapable d’avancer sans mes frères et sans mes sœurs. Pourtant, j’aurais été incapable d’avancer sans Jake. Je ne les avais pas choisi, non. Ils s’étaient imposés à moi. Le destin me les avait donnés sans que je ne demande quoi que ce soit.
Je ne les avais pas choisi, non. Pourtant, je n’imaginais pas mon existence sans eux.
Je sentais le regard de Jake sur moi, sachant parfaitement qu’il était capable de deviner tous les états d’âme en s’attardant simplement sur mes traits. Être proche de cette manière d’une personne était dangereux, quelque part ; le mensonge devenait presque impossible, presque irréalisable. Je ne pouvais pas faire semblant, face à lui. Même si j’y avais mis du mien, même si j’avais cherché à lui cacher la vérité avec plus d’ardeur, je n’aurais pas réussi à lui cacher tout ce que je pouvais bien ressentir. Il me connaissait. Il me connaissait depuis des années. « Qui a dit qu’on devait lui laisser le choix ? » me demanda-t-il et j’esquissai un sourire malgré toute la détresse que je pouvais bien ressentir. Cela m’amusait, oui. Cela m’amusait même si je savais au fond de moi que cela était plus dramatique qu’il n’y paraissait. Isaac et Jake ne s’étaient jamais entendus, non. Seulement, désormais, j’avais peur que la rancœur de mon mari prenne des proportions extrêmes.
Je ne savais plus à quoi m’attendre, après tout. Je ne savais plus comment gérer la situation. Je ne savais plus comment anticiper ce qu’il ressentait. Alors, oui, la remarque de Jake m’amusait. La remarque de Jake me réchauffait le cœur. Mais, pire encore, elle me faisait prendre conscience que j’avais peur. Peur de ses colères. Peur de ce qu’il pourrait bien trouver à redire. Peur de ce qu’il pourrait bien faire. Peur, peur, peur, constamment peur. Peur comme si les autres émotions n’existaient pas. Peur jusqu’au plus profond de mon être. « Tu vas réussir Liv. Tu vas surmonter ça. Vous allez surmonter ça, » finit par déclarer Jake et je pris une profonde inspiration en hochant doucement la tête. Je savais qu’il n’était pas persuadé par ses propres paroles mais qu’il désirait que j’y croie. Je savais que personne ne pouvais réellement savoir mais qu’il fallait que je m’y accroche, que je m’y accroche de tout mon cœur. « Et puis si t’as besoin de parler ou de te laisser aller sans que personne le sache, moi j’suis là. Faut bien que je serve à quelque chose hein ? » Je levai les yeux au ciel en entendant ses mots. « Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, vraiment, » commentai-je avec un semblant d’entrain. Ca n’allait pas bien, non. A vrai dire, je doutais que ça puisse réellement aller bien un jour. Mais ça allait mieux. Et, quoi que les autres puissent dire, quoi que les autres puissent penser, j’avais l’intime conviction que c’était sans doute le principal.
La route serait longue, oui. Mais c’était pas à pas que mon univers retrouverait de son sens. C’étais pas à pas que nous y parviendrions, à notre manière. « Nos cafés doivent être froids maintenant, » finit par dire Jake en détournant son regard. Je suivis ses yeux pour observer nos gobelets, et je me mis à rire doucement. Rire. Un son que je n’avais pas entendu depuis des jours. Un son que j’avais presque oublié. Un son que mon corps ne reconnaissait presque plus. « Tu veux que je t’en fasse un nouveau ? Un vrai cette fois. Ou on peut aussi passer à quelque chose de plus fort si tu préfères. » J’esquissai un sourire presque joueur. Je comprenais les personnes qui sombraient dans l’alcool quand les choses devenaient trop dures. Je les comprenais réellement. Oublier était bien plus facile que continuer. « Tu sais que les irlandais combinent les deux ? C’est pas si bête, au final, » lançai-je avant de me redresser. Je n’avais même pas mangé la moitié de ma pâtisserie, l’estomac sans doute trop noué à cause de mes propres paroles. A cause de mes propres confessions. Je secouai légèrement la tête pour me vider l’esprit, en vain. Ca n’allait pas bien, non. Mais ça allait mieux. Me le répéter m’aiderait peut-être à me reprendre en mains. « Comme tu préfères toi, parce que maintenant, c’est de toi qu’on va parler, » enchaînai-je en esquissant un sourire. « Mon cher cousin, j’ai l’horreur de t’annoncer que tu as vingt-huit ans, que tu te fais vieux, et qu’il est temps que tu songes à  te caser. » J’avais remis mon masque, ce masque qui me permettait de prétendre que tout allait bien. Je me sentais bien, à sauvegarder les apparences. Je me sentais mieux, en souriant, en agissant comme si l’existence était un long fleuve tranquille. J’avais l’impression de vendre de l’espoir. De m’en vendre à moi-même, aussi. « Alors, pour parler de ce sujet de la plus haute importance, tu préfères quoi ? Des shots de café ou des shots de tequila ? » Je l’observai avec attention, la mine presque rayonnante. Je passai d’un état à un autre. Il me fallait énormément de temps pour me dévoiler mais une poignée de secondes, seulement, pour retrouver mes allures faussées.
J’avais l’habitude, après tout. L’habitude de feindre. L’habitude de jouer dans le grand théâtre de mon existence.

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() message posté Lun 4 Mai 2015 - 18:15 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Quand est-ce que leurs vies étaient devenues si compliquées ? Depuis quand est-ce que faire un simple pas en avant relevait de l’effort ? A une époque, tout était si simple. Presque trop. Ils n’avaient pas besoin de se poser de questions. Ils étaient heureux et c’était tout. Jake se souvient encore du sourire permanent d’Olivia au début de l’âge adulte. De l’air réjoui qu’elle avait à son mariage. Elle avait un sourire communicatif. Même s’ils n’étaient pas encore aussi proches à l’époque, il suffisait à Jake d’entendre le rire d’Olivia pour la rejoindre. Ils ne comptaient plus les fous rires qu’ils avaient eus. Pour des bêtises la plupart du temps. Pour un délire qu’eux seuls comprenaient. Ils avaient le monde à leurs pieds, l’avenir devant eux et ils se contentaient de vivre leur vie, du mieux qu’ils le pouvaient.
A une époque, ils pouvaient être heureux sans même avoir besoin d’y réfléchir.
Et puis les événements les avaient changés. Ce dont ils avaient été témoins. Ce qu’ils avaient subi. Ce qu’ils avaient dû surmonter. Tout ça avait profondément changé les personnes qu’ils étaient auparavant. Le seul avantage qu’ils y avaient trouvé, c’était leur relation qui s’était renforcée. Construite jusqu’à ce qu’elle soit indestructible. Désormais, elle était la première personne qu’il allait voir quand il avait besoin de parler et l’inverse était vraie aussi, même si Olivia mettait plus de temps à se confier. Ils s’étaient rapprochés dans la difficulté. Soutenus quand ils en avaient le plus besoin. Et grâce à ça, leur relation n’avait fait que se renforcer.
Bien sûr, ils auraient été mieux heureux. Moins proches mais heureux. Leurs vies auraient été plus simples. Mais le destin avait décidé de prendre ce chemin. Chemin qu’ils avaient emprunté ensemble. Toujours ensemble malgré les détours, malgré les obstacles. Ils avaient avancé main dans la main. Parfois à reculons, parfois lentement. Ils avaient continué malgré tout. Et aujourd’hui, Olivia retournait en arrière. Plusieurs kilomètres en arrière et Jake la rejoignait, tout naturellement. « Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, vraiment, » Dit-elle alors qu’il plaisantait sur son utilité. Un léger sourire sur son visage, c’était toujours ça. Bien sûr qu’il ne le pensait pas. L’aider, c’est une des missions qu’il s’est donné sans se poser la question. Et il espère fait un travail convenable malgré tout. Parce qu’il n’est pas expert. On ne lui a jamais appris à réconforter quelqu’un. A avoir les bons mots pour aider une personne triste. Il a appris en essayant, il apprend toujours.
Toujours dans l’optique de l’aider, il décide de changer de sujet. Si elle avait besoin d’en parler avec quelqu’un qui soit à l’écart de tout ce chaos, maintenant elle doit se changer les idées. Se vider l’esprit du mieux qu’elle peut pour se détendre un peu. Parce qu’elle ne peut pas continuer comme ça. Elle va finir par craquer si elle continue les faux semblants tout en se torturant l’esprit en pensant à tout ce qui ne va pas. Il la sent déjà un peu plus détendue. Pas beaucoup mais c’est un début. Quand il évoque leurs cafés oubliés, elle rit même. Un son qui fait plaisir à entendre. « Tu sais que les irlandais combinent les deux ? C’est pas si bête, au final, » Il n’a jamais eu l’occasion de goûter. L’alcool et le café, deux choses qu’il aime. Ça peut être bon. Ou peut-être que c’est comme mélanger du chocolat avec des frites. Il devrait essayer pour se faire un avis. « Comme tu préfères toi, parce que maintenant, c’est de toi qu’on va parler, » Rien d’étonnant à ce qu’elle change complètement de sujet en passant à lui. Elle n’a pas l’habitude de parler pendant si longtemps d’elle seulement. Elle préfère écouter que parler. « Mon cher cousin, j’ai l’horreur de t’annoncer que tu as vingt-huit ans, que tu te fais vieux, et qu’il est temps que tu songes à  te caser. » Elle sourit, toute trace de tristesse s’étant effacée. Du moins, pour le regard d’un inconnu. Jake sait très bien que la tristesse est toujours présente, qu’elle la cache juste du mieux qu’elle peut. Qu’elle sourit pour les apparences. Mais il espère qu’elle va se prendre à son propre jeu. Qu’elle va sourire réellement, sans même s’en rendre compte. « C’est fourbe de me rappeler mon âge Liv, très fourbe. » Marmonne-t-il dans sa barbe, amusé. Il sait qu’elle plaisante parce qu’elle sait que son âge est un point sensible. Le comble, c’est qu’elle est plus vieille que lui, de deux ans, mais elle a moins peur que lui du temps qui passe. Du temps qui défile sans qu’il s’en rende compte. Hier encore, il était un gamin dans le grand jardin des Marshall, occupé à courir après un ballon et à rire à gorge déployée. « Alors, pour parler de ce sujet de la plus haute importance, tu préfères quoi ? Des shots de café ou des shots de tequila ? » En dix secondes, elle s’est entièrement transformée. De la femme brisée et apeurée, elle est passée à une femme heureuse et taquine. Le changement pourrait presque en être terrifiant si Jake n’avait pas l’habitude. « La tequila, sans hésiter. » Il avait justement renouvelé son stock d’alcool récemment. Doucement mais sûrement, son bar improvisé finissait par se vider.
Il se lève pour ouvrir un placard, en sortir deux verres puis une bouteille qu’il pose sur la table du salon. Un détour par le frigo pour prendre un jus de fruits qu’il dépose à côté. « Pour diluer, comme toi et l’alcool, ça ne donne pas forcément de bons résultats. » Plaisante-t-il avant de s’assoir à nouveau à côté d’elle. Il ouvre la bouteille pour verser de l’alcool dans leurs verres. « Tu sais, il y a déjà ma mère qui ne me lâche pas au sujet du mariage et des enfants, tu vas pas t’y mettre aussi quand même. » Quel mal y a-t-il à ne pas être marié à vingt-huit ans ? C’est de plus courant. C’est vrai que depuis quelques temps, il préfère se concentrer sur son travail que sur de possibles relations amoureuses mais il ne culpabilise pas. Il a encore le temps et il a toujours pensé que les choses arrivaient quand elles le devaient. Nul besoin de forcer le destin. Surtout si c’est pour finir avec la mauvaise personne et divorcer au final. « Enfin tant que t’essayes pas de m’arranger un rendez-vous, ça devrait aller. » Sa mère avait bien essayé, avec la fille de son garagiste. Disons simplement que ça n’avait pas été concluant. Les rendez-vous arrangés, très peu pour lui de toute façon. Il est plutôt du genre à laisser le hasard décider. Une rencontre au hasard d’une rue, originale, qu’on peut raconter à tout bout de champ.
« Et puis tout le monde ne rencontre pas l’amour de sa vie à l’adolescence, c’est souvent plus compliqué que ça. » D’accord, pas forcément une bonne idée d’évoquer Isaac maintenant. Changer de sujet, vite. « Oh d’ailleurs, en parlant de ça, tu ne devineras jamais qui j’ai croisé l’autre jour… Elliana Hawkins. » Devant son regard un peu perdu, il précise. « Tu sais, je sortais avec elle au lycée, je t’en avais parlé. » Il tend un verre à Olivia avant de faire tinter leurs deux verres. Aussitôt, il boit cul sec le verre peu rempli. Le goût de l’alcool a beau le faire grimacer, il est plus que bienvenu. Relâcher un peu de lest ne peut que leur faire du bien.

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() message posté Ven 8 Mai 2015 - 18:08 par Invité

Hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ Il y avait des personnes qui naissaient plus chanceuses que d’autres. Des personnes qui se retrouvaient dans une bonne famille, qui voyaient le jour dans un pays qui ne connaissait ni la guerre ni les catastrophes naturelles. Personne ne choisissait la famille dont il héritait, personne ne choisissait sa mère et son père. Personne ne choisissait la situation de départ dans laquelle il se retrouvait, cette situation qui marquerait son identité sociale. Tout n’était qu’une question de hasard, de destin. Mais, quelque part, je demeurais persuadée que cela ne pouvait pas définir un individu. Je demeurais persuadée que, si cela influençait son évolution, cela ne signifiait pas qu’il n’y avait pas d’espoir pour qu’il ait un grand avenir. Pour qu’il ait ce qu’il méritait réellement. N’était-ce pas connu, ces histoires de gamins des rue devenus grands entrepreneurs ? N’était-ce pas fréquent, ces histoires d’enfants de délinquants qui terminaient diplômés à Harvard ? C’était le rêve américain même. L’essence même d’une nation de rêves et d’espoirs.
Seulement, ils avaient également oublié de dire qu’une fois en haut, il était facile de tomber. Que, même en faisant partie des privilégiés, nous n’étions pas à l’abris des malheurs. De la tristesse. De la douleur.
J’étais une Marshall. L’héritière d’une famille qui possédait une grande partie des terres en Louisiane. La troisième d’une fratrie composée de huit enfants talentueux. Une fille aimée depuis sa naissance, soutenue par ses parents malgré leurs absences récurrentes à cause de l’entreprise familiale. J’avais tout eu pour plaire. J’avais eu le monde à mes pieds. La réussite. Le succès. L’amour, même. Pourtant, il ne m’avait pas fallu beaucoup de temps pour tomber de mes grands rêves et de mes belles illusions ; finalement, j’étais comme les autres, malgré tout ce que l’on pouvait bien penser. Finalement, le mal pouvait aussi me toucher. Finalement, j’étais humaine. Et je ressentais la peine et le désespoir. Finalement, le destin m’avait tout donné, mais il pouvait également tout reprendre. « C’est fourbe de me rappeler mon âge Liv, très fourbe, » me répondit-il, et je lui adressai un grand sourire. Je savais qu’il ne supportait pas l’idée qu’on lui rappelle qu’il était âgé de vingt-sept années, désormais, comme si le temps avait un réel impact sur le cours de son existence. L’idée de ne plus être un gamin le dérangeait peut-être ; à vrai dire, je ne partageais pas les mêmes craintes concernant mon âge. Cela ne me faisait pas peur. J’allais avoir trente ans à la fin de l’année, et je me réconfortais dans ce chiffre qui me donnait l’impression que j’étais sans plus mature, plus confiante. Plus courageuse. « Si ça peut te rassurer, je pense que tu as encore de nombreuses années devant toi, » lui répondis-je comme pour me faire pardonner. Comme pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à être préoccupé par un chiffre. « La tequila, sans hésiter, » trancha-t-il finalement avant de se lever. J’esquissai un sourire, amusée par la spontanéité avec laquelle il avait bien pu choisir.
Quelque part, nous avions tous les deux quelque chose à oublier.
J’entendis du verre tinter, la porte d’un frigidaire s’ouvrir, avant qu’il ne finisse par revenir. Je levai la tête pour suivre ses mouvements, alors qu’il posait une bouteille de jus d’orange devant moi. « Pour diluer, comme toi et l’alcool, ça ne donne pas forcément de bons résultats, » commenta-t-il et j’ouvris la bouche en signe de protestation. « Moi ? Tu veux que je te rappelle comment tu as fini à mon mariage, peut-être ? » lui répliquai-je avant de me mettre à rire. De tous mes souvenirs, peut-être était-ce cet instant-là qui m’avait le plus marquer ; nous n’avions pas été spécialement proches, à cette époque, mais le voir déchaîné m’avait fait rire jusqu’à l’hystérie. Je me souvenais encore de ma longue robe blanche qui m’avait limité dans tous mes mouvements. Je me souvenais encore d’avoir bu, beaucoup trop bu, et d’avoir simplement profité de l’instant présent. Jake et moi avions été jeunes, à ce moment-là ; à dix-huit et vingt ans, nous ne nous étions sans doute pas encore rendu compte que le pire restait encore à venir.
Finalement, j’avais été heureuse, oui. Peut-être était-ce pour cela que tout le reste ce produisait actuellement dans ma vie ; j’avais épuisé mon stock de bonheur. « Tu sais, il y a déjà ma mère qui ne me lâche pas au sujet du mariage et des enfants, tu vas pas t’y mettre aussi quand même. Enfin tant que t’essayes pas de m’arranger un rendez-vous, ça devrait aller, » me dit-il alors qu’il s’occupait de servir nos verres. Je le fixai avec attention. Oh, bien entendu, cela m’avait déjà effleuré l’esprit de le présenter à l’une de mes collègues infirmière ; cependant, j’avais prévu d’être beaucoup plus subtile que ma tante le jour où je mettrais mon plan en action. « Et puis tout le monde ne rencontre pas l’amour de sa vie à l’adolescence, c’est souvent plus compliqué que ça. » Je sentis un frisson me parcourir. J’aurais aimé pouvoir le reprendre. Le reprendre et lui dire que je n’avais pas rencontré Isaac à l’adolescence mais à huit ans. Quand je ne savais pas encore qui j’étais. Mais je ne parvins pas à prononcer le moindre mot ; Jake dut sans doute noter mon malaise passager, car il reprit la parole. « Oh d’ailleurs, en parlant de ça, tu ne devineras jamais qui j’ai croisé l’autre jour… Elliana Hawkins. » Je fronçai les sourcils, incapable d’associer son prénom au moindre souvenir. « Tu sais, je sortais avec elle au lycée, je t’en avais parlé, » ajouta-t-il en me tendant ma boisson. J’hochai alors la tête, me souvenant de son premier amour. Après avoir fait tinter les verres, je portai à mes lèvres la tequila coupée au jus de fruit, avalant une gorgée timide, avant de le vider. L’alcool brûla ma gorge, laissant un goût désagréable sur ma langue ; j’eus une grimace à l’instar de mon cousin, puis je reposai mon verre sur la table basse. « Je me souviens, la petite blonde ? » demandai-je pour qu’il me confirme. « Ca ne faisait pas depuis le lycée que tu ne l’avais pas recroisé ? Quand est-ce que c’était ? » Mon ton était dégagé, j’étais relativement détendue, tout mon esprit se focalisant sur ce dont Jake pouvait me faire part. Je me souvenais qu’il m’avait dit qu’il s’agissait de sa première déception. Qu’il avait été heureux avec elle mais que ça avait fini par se terminer. Aussitôt, je fronçai les sourcils. « Pourquoi vous vous étiez séparés, déjà ? » Je me sentais presque gênée de poser une pareille question, mais je me souvenais vaguement d’une histoire de rumeur mais je n’étais même pas sûre qu’il s’agisse de ça ; la tequila, dans mon ventre, commençait à irradier mon corps. C’était plus simple, comme ça. Plus simple de penser aux autres, plus simple de me changer les idées.
Parce que cela faisait des jours que je ne supportais plus de vivre dans ma tête.
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() message posté Sam 9 Mai 2015 - 12:10 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ En un clin d’œil, l’ambiance avait totalement changé. Des confessions difficiles d’Olivia autour d’un café oublié, ils étaient passés à des rires, à parler de la vie amoureuse presque inexistante de Jake tout en buvant de la tequila. Peut-être que c’était ça qui faisait leur force. Leur facilité à changer de sujet, à adoucir l’atmosphère pour aller mieux. Pour oublier qu’en fait, ça n’allait pas. Lui proposer ça dès le départ aurait été étrange. Il ne pouvait pas ignorer la douleur de sa cousine, il ne pouvait pas rester insensible à tout ce qu’elle gardait pour elle. Il devait d’abord l’écouter, la consoler. Il ne sait pas si ses mots ont été réellement utiles, il ne peut que l’espérer. Il sait que la douleur d’Olivia ne s’effacera pas aussi facilement. Que si les mots peuvent aider, c’est le temps qui finira par la guérir. Personne ne peut aller bien aussi rapidement après de tels événements. On peut faire semblant, ignorer la peine et la cacher au monde entier mais ça n’est pas sain. Ça ne peut pas marcher pour toujours. Pour combattre la douleur, il fallait l’accepter. Accepter qu’elle soit là, quoiqu’on fasse. La laisser sortir de temps en temps, se défouler et finalement, se changer les idées. Parce que penser à ça tout le temps, ça n’est pas bon non plus. Se demander sans arrêt ce qu’il va se passer. Se demander comment on aurait pu faire les choses différemment, comment on va faire les choses maintenant. Trop de questions sans réponses. Trop de questions qui nous rongent. Des questions qu’on peut essayer d’oublier pendant quelques instants.
C’est presque un sacrifice de la part de Jake que d’accepter d’évoquer le fait qu’il soit toujours célibataire. C’est loin d’être un de ses sujets préférés mais ça semble déjà changer les idées d’Olivia. « Si ça peut te rassurer, je pense que tu as encore de nombreuses années devant toi, » Il l’espère bien. Il y a encore beaucoup de choses qu’il n’a pas eu l’occasion de faire. Voyager dans le monde entier. Lire les livres qui s’empilent chez lui. Trouver le grand amour. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est ce qu’il a vécu avec Elliana. Non pas de par la durée de leur histoire mais bien son intensité. A son âge, la plupart des gens étaient déjà en couple ou même marié avec la personne avec qui ils vont finir leur vie. Mais il y a quelques temps que Jake n’a pas vécu de vraie histoire d’amour. Une histoire dans laquelle il se serait investi réellement. Sans doute n’a-t-il pas encore trouvé la bonne, c’est ce qu’il préfère se dire.
Il ramène de l’alcool dans le salon, estimant que la fête peut commencer. Après tout ça, ils ont bien le droit à un peu d’alcool. Peut-être que ça les aidera à oublier tout ce qui ne va pas. « Moi ? Tu veux que je te rappelle comment tu as fini à mon mariage, peut-être ? » Dit-elle alors qu’il remet en question sa résistance à l’alcool. Il n’a pas beaucoup de souvenirs de la fin de la soirée, c’est certain. Mais il se souvient tout de même s’être amusé comme jamais. A l’époque, ils n’étaient pas encore aussi proches mais ils avaient ri ensemble. Ils avaient dansé jusqu’au petit matin, alors que leurs parents avaient fini par aller se coucher. « J’te signale que la seule raison pour laquelle j’avais autant bu, c’était pour que la mariée ne soit pas la plus ivre à son propre mariage. » Plaisante-t-il. Oui, elle avait quand même pas mal bu mais pas autant que lui, c’était sûr. Il avait à peine dix-huit ans à l’époque et n’était pas encore très résistant à l’alcool. Ça s’était amélioré à l’université, à force d’expérience.
Il se plaint, en plaisantant, de sa mère qui désespère en attendant le moment où son fils se mariera enfin. Dans toute sa vie, il ne lui a présenté que deux petites amies et ça n’avait pas duré longtemps avec aucune des deux. Pourtant, à chaque fois, sa mère les voyaient déjà mariés, avec des enfants et tout ce qui va avec. Elle avait bien sûr était très déçue en apprenant les ruptures. Il finit par évoquer ses retrouvailles avec la première fille qu’il avait aimée. Avec les problèmes d’Olivia, ça lui était un peu sorti de la tête et pourtant, ça lui semble normal de lui en parler. Parce qu’il lui parle de tout et que, peut-être, elle pourra l’aider à savoir quoi en penser. Ça a beau faire quelques jours, il est toujours assez troublé par cette rencontre. « Je me souviens, la petite blonde ? » Il hoche la tête pour confirmer alors qu’il remplissait à nouveau leurs deux verres déjà vides. « Ca ne faisait pas depuis le lycée que tu ne l’avais pas recroisé ? Quand est-ce que c’était ? » Elle a une excellente mémoire, surtout que, contrairement à Chase, elle en avait peu entendu parler. Ils avaient rompu avant la fin du lycée et à l’époque, Olivia et lui n’étaient pas aussi proches. Ils en avaient parlé un peu mais sans qu’il se confie réellement sur ce qu’il pensait de toute cette histoire. « Depuis la remises des diplômes, oui. Je l’ai croisée par hasard la semaine dernière en allant dans une nouvelle salle de sport. » Le genre d’événements que le destin aime réserver. Désormais, il ne savait pas ce qu’il devait faire. Ils avaient discuté, comme deux vieux amis et… pas grand-chose d’autre à vrai dire. « Pourquoi vous vous étiez séparés, déjà ? » Finalement, sa mémoire a quelques défauts tout de même mais rien d’étonnant. Il avait dû lui dire la raison à l’époque, sans s’attarder dessus parce qu’il n’aimait pas l’évoquer. Il avait fini par accepter, regrettant toujours la façon dont les choses s’étaient terminées. Avant d’expliquer, il boit son second verre, esquissant une nouvelle grimace, un peu moins prononcée que la première. L’alcool lui réchauffe déjà les veines et dieu sait qu’il en a bien besoin. « Une rumeur avait couru dans le lycée, comme quoi je l’avais trompée. Je crois qu’il y avait eu un nom d’associé mais j’sais même plus lequel et de toute façon, c’était totalement faux. Sauf qu’elle y a cru et donc on avait rompu. » Ça parait tellement stupide maintenant. Ça l’est sans doute. Il n’avait pas réussi à lui faire entendre raison, peut-être n’avait-il pas assez essayé. Ou peut-être que c’était voué à l’échec de toute façon. La confiance avait été brisée, pour une rumeur fausse. « Elle est prof de fitness maintenant, dans la salle de sport justement. Je sais pas si je dois y retourner ou non. » En fait, il ne sait pas s’il le veut. Si c’est la bonne chose à faire ou s’il devrait oublier tout ça et chercher encore une nouvelle salle de sport. « On a déjeuné ensemble et on a discuté, de nos vies et aussi un peu du passé. J’sais toujours pas quoi en penser. » Presque machinalement, il remplit encore une fois leurs verres, mélangeant pas vraiment équitablement l’alcool et le jus de fruits. Qui sait ? Peut-être que l’alcool va l’aider à y voir plus clair. Ou bien à ne plus y penser, ça peut fonctionner aussi. « A nos anciennes amours qui reviennent à l’improviste ! » Dit-il en soulevant son verre pour trinquer avec Olivia. Leurs deux situations n’ont pas grand-chose en commun mais l’histoire de départ est la même. Une personne qu’ils ont aimée et qui revient dans leur vie.

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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 17:15 par Invité

Hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ A la disparition d’Isaac, j’avais cessé de regarder nos photos de mariage. Cessé de visionner les différentes vidéos que les autres avaient pu filmées. Cessé d’y penser, tout simplement, cessé de me remémorer ces instants de bonheur singuliers. Cela m’avait fait trop mal. Ces moments passés avaient pesé sur ma conscience, sur mon cœur, sur mon être. Ils avaient fait partie de moi mais j’aurais aimé pouvoir les dissocier de ma vie. Les éloigner de mon corps. De ma mémoire. De mes pensées. Mais cela avait été impossible, bien entendu. Impossible de faire comme si cela n’avait jamais existé. Impossible d’ignorer la personne même que j’incarnais. Mon mariage avait fait partie de moi, que je le veuille ou non. Mon mariage me collait à la peau, que je le désire ou pas.
Et Isaac, lui, était une partie intégrante de mon être.
Nous nous étions mariés jeunes, vingt ans pour moi, vingt-deux pour lui. Je n’avais jamais regretté le choix précipité que nous avions pris à cette époque, même après que son cercueil ait été enfoui sous Terre. Après tout, nous avions été pressés par la menace qui avait plané au-dessus de nos têtes dès l’instant où il s’était enrôlé dans l’armée. Nous avions été jeunes. Jeunes et insouciants. Jeunes et amoureux. Jeunes et persuadés que tout irait bien, persuadés que nous serions plus fort que le destin. Nos familles avaient respecté notre attachement, nos désirs, même si elles avaient toutes les deux su que nous prenions des risques. Des risques que dont nous avions eu la connaissance tous les deux. A cette époque, je m’étais persuadée que cela valait la peine. A cette époque, je m’étais répété que quelques heures de bonheur pouvaient maintenir l’équilibre avec des décennies de tristesse. J’avais été bien bête de penser une telle chose ; bien bête de me dire que j’étais suffisamment courageuse pour endurer tout cela. Mais je ne pouvais pas revenir en arrière. Je ne pouvais pas changer le cours des choses. Et, même si j’en avais eu l’occasion, je ne savais même pas si j’aurais été capable d’en saisir l’occasion. « J’te signale que la seule raison pour laquelle j’avais autant bu, c’était pour que la mariée ne soit pas la plus ivre à son propre mariage, » me répliqua-t-il et je me mis à rire. Les jeunes s’étaient déchaînés, ce jour-là. Les adultes, eux, nous avaient regardé avec un œil nostalgique, comme s’ils avaient envié notre jeunesse éphémère.
Jake paraissait presque soucieux, alors que nous buvions nos premiers verres ; je savais qu’au fond de lui il se souciait de cette existence qu’il menait, de l’absence de présence féminine à ses côtés. Il s’en faisait, oui. Il s’en faisait parce qu’il avait l’impression que le temps lui filait entre les doigts. Il s’en faisait parce qu’il avait l’impression de perdre sa jeunesse, de louper une chose essentielle dans sa vie de jeune homme. Il s’en faisait, oui. Il s’en faisait tellement que j’aurais aimé qu’il puisse voir ce que je pensais de tout cela. Parce que, moi, je ne m’en faisais pas pour lui. Je m’amusais de cette anxiété qu’il nourrissait vis-à-vis de son âge mais je savais qu’il n’avait pas à  voir les choses de cette manière. Qu’il n’avait pas à se dire qu’il passait à côté de quelque chose. Après tout, ce n’était pas encore son heure. Il ne s’était peut-être pas marié à l’âge de vingt ans, il n’avait peut-être pas encore l’amour de sa vie dans son existence, mais il avait encore de longues années devant lui pour mettre en place les dernières pièces du puzzle de sa destinée. « Depuis la remises des diplômes, oui. Je l’ai croisée par hasard la semaine dernière en allant dans une nouvelle salle de sport, » me répondit-il, et j’hochai doucement la tête avant de lui redemander la cause de leur rupture. Il remplit une nouvelle fois nos verres, et but le sien avant de me répondre. « Une rumeur avait couru dans le lycée, comme quoi je l’avais trompée. Je crois qu’il y avait eu un nom d’associé mais j’sais même plus lequel et de toute façon, c’était totalement faux. Sauf qu’elle y a cru et donc on avait rompu. » Je fronçai les sourcils quand il confirma mes souvenirs. Je portai mon verre à mes lèvres, buvant la moitié en songeant à ses propos. Quelque part, j’étais persuadée que si leur couple s’était brisé de cette manière, cela était forcément parce qu’ils n’auraient pas forcément eu la chance de construire un environnement stable ; l’une des choses les plus importantes, dans une relation, était de très loin la confiance.
Et, s’ils s’étaient séparés pour une rumeur, cela prouvait qu’il n’y en avait pas eu, entre eux. La jeunesse n’excuserait rien. « Elle est prof de fitness maintenant, dans la salle de sport justement. Je sais pas si je dois y retourner ou non, » reprit-il. « On a déjeuné ensemble et on a discuté, de nos vies et aussi un peu du passé. J’sais toujours pas quoi en penser. » J’observai les traits de mon cousin, terminant mon verre avant qu’il ne décide de nous resservir encore une fois. Il paraissait perplexe, oui. Confus, également, comme s’il ne s’était pas attendu à ce qu’il recroise le chemin de la première fille qu’il avait dû aimer de toute sa vie. « Je pense que tu dois sans doute trop réfléchir, » lui fis-je doucement remarquer. Ce n’était pas des propos moralisateurs, loin de là ; mon ton était doux, mon expression compatissante. Je savais que l’esprit d’un être humain était sans doute le pire fléau. Je savais que les pensées étaient bien souvent incontrôlables. Incontrôlables et empoisonnées.
Mon cousin leva son verre. « A nos anciennes amours qui reviennent à l’improviste ! » lança-t-il alors en guise de toast. J’eus un petit rire, l’esprit légèrement confus à cause de l’alcool bu trop vite. « A ce passé qui resurgit sans prévenir, » dis-je à mon tour en trinquant. Je bus mon verre cul-sec, me rendant compte bien après qu’il était beaucoup plus concentré en alcool que les précédents. Je toussai, le reposant, vide, sur la table. « Tu veux me tuer ? » Je me mis à rire, avant de passer une mèche de cheveux derrière mes oreilles. Je reposai mes yeux sur la pâtisserie que j’avais picoré un peu plus tôt, remettant la main dessus voracement ; j’avais subitement faim, après tout. L’un des premiers stades quand on buvait. « Ca s’est bien passé, autrement, votre déjeuner ? » repris-je, refusant de laisser les affaires de mon cousin de côté. « Parce que, soyons honnêtes, vous vous êtes séparés pour une raison tout à fait  absurde, même si ça traduit quand même un manque ahurissant de confiance entre vous. Quand tu étais avec elle, tu pensais à quoi ? » J’étais légèrement plus directe qu’à mon habitude, laissant l’alcool dans mes veines me guider dans mes paroles ; cependant, cela ne changeait en rien ce que je pouvais en penser ; si Jake jugeait bon de me parler de leurs retrouvailles, c’était que cela n’était pas bénin. C’était que cela le tracassait, le tracassait suffisamment pour que son front soit barré par un pli soucieux.
Du moins, c’était ce que je croyais. Mais, au vu du désastre de ma vie émotionnelle, je ne savais même plus si je pouvais encore clamer le rôle de conseillère.
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Jake O. Cavendish
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() message posté Mer 20 Mai 2015 - 16:27 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Jake avait toujours voulu fonder une famille, épouser une femme qu’il aimerait et être heureux. Ça parait facile, dit comme ça. Le seul détail plus compliqué, c’est qu’il faut rencontrer la bonne personne. A plusieurs reprises, Jake avait cru l’avoir trouvée. Avait pensé rester toute sa vie avec cette même personne et créer une famille avec elle. Sauf qu’il n’avait même jamais eu le temps d’aller jusqu’à la demande en mariage. Ni même de la préparer. Il n’en était jamais arrivé aussi loin. Il ne s’en formalise pas. Il imagine qu’il finira bien par rencontrer la fille avec qui ça sera évident. Il a encore du temps devant lui, même s’il a l’impression que les années passent à une vitesse folle. A vingt-huit ans, sa mère avait déjà eu deux enfants, sa grande sœur et lui. Même si son mariage ne s’était pas bien terminé, Jake sait que sa mère ne regrette rien. Elle n’aurait jamais pu savoir que ça finirait ainsi. Quand on épouse quelqu’un, on n’a aucune assurance que ça va durer. Que rien n’arrivera.
Olivia avait presque toujours connu Isaac. Avait su rapidement qu’elle voulait faire sa vie avec lui. Même si Jake n’appréciait pas son mari, il ne pouvait nier qu’ils étaient heureux ensemble. Heureux jusqu’à ce qu’un drame arrive. C’est toujours comme ça que ça se passe. Certains drames peuvent être surmontables, d’autres ne le sont pas, par nature. Olivia avait été seule pendant quatre ans. Avait évolué et aujourd’hui, alors qu’elle apprenait le retour de son mari, elle ne savait plus quoi faire. Jake n’a jamais connu ce qu’Olivia et Isaac ont vécu. Le grand amour – s’il existe bien – il l’attend encore.
Il n’aime pas vraiment parler de tout ça, parce que ça ne fait que lui rappeler qu’il n’est pas près d’avoir sa propre famille. Même s’il sait qu’il ne peut pas forcer les choses, qu’elles finiront par venir naturellement, il est impatient. Et le fait que sa mère se fasse du souci n’arrange rien. Ça lui arrive d’en parler avec Olivia, même s’il préfère éviter le sujet. Surtout que ça n’y change rien. Il est toujours aussi célibataire et ne prend pas le temps de s’investir dans une relation. Ne souhaitant pas s’éterniser sur son célibat, il décide de parler à Olivia de sa rencontre avec Elliana. En parler pourra peut-être lui faire du bien. Ou peut-être qu’il se posera encore plus de questions, il ne sait pas vraiment. Au moins, il cesse de garder ça pour lui. « Je pense que tu dois sans doute trop réfléchir, » Elle a raison, il le sait. Peut-être qu’il devrait juste retourner la voir, continuer de renouer avec elle, sans se poser de questions. Sans se demander où ça va mener. Sauf qu’il ne sait pas s’il est capable de faire taire les voix dans sa tête. « Tu peux pas décider pour moi ? » Beaucoup plus simple. Enfin il n’est pas certain que ça soit la solution.
Les verres s’enchaînent sans qu’il les compte. Dès qu’ils sont vides, il se contente de les remplir à nouveau, dosant de plus en plus bizarrement. Mais après tout, ils boivent pour se détendre, pour oublier tous les problèmes et rire plus facilement. « A ce passé qui resurgit sans prévenir, » Ils trinquent et boivent en même temps. Trop d’alcool, pas assez de jus de fruit, Jake grimace à nouveau. Il sent déjà son sang se réchauffer sous les effets de l’alcool. « Tu veux me tuer ? » Le verre d’Olivia était aussi mal dosé apparemment. Elle rit au moins, c’est le principal. « Wha, c’était fort ! » Dit-il en riant à son tour. Il l’observe reprendre sa pâtisserie abandonné. C’est vrai qu’il commence à avoir faim lui aussi. Et s’il ne veut pas finir sur le sol, complètement ivre, il ferait mieux de faire comme elle. « Ca s’est bien passé, autrement, votre déjeuner ? » Elle revient sur le sujet, souhaitant plus d’informations. « Parce que, soyons honnêtes, vous vous êtes séparés pour une raison tout à fait  absurde, même si ça traduit quand même un manque ahurissant de confiance entre vous. Quand tu étais avec elle, tu pensais à quoi ? » Il remplit à nouveau leurs verres, presque machinalement. Elle a raison là-dessus. Il avait souvent pensé ainsi. Qu’Elliana aurait dû le croire si elle lui faisait vraiment confiance. Mais à côté de ça, il se disait toujours qu’il aurait pu essayer plus longtemps, qu’il aurait peut-être fini par la convaincre. Rien ne sert de ressasser le passé, ils avaient fini par rompre. Elle n’avait pas été la femme de sa vie, comme il avait pu le croire. « J’en sais rien, j’étais… nostalgique je suppose. » Elle n’avait pas été dans ses pensées depuis des années avant qu’il la recroise, il y a quelques jours.
Il n’était plus amoureux d’elle, du moins, ça paraitrait logique. En la voyant, il n’avait pas ressenti les choses qu’il ressentait quand il était adolescent. Il avait surtout repensé à tous ces souvenirs avec elle. Au bonheur qu’ils avaient pu vivre ensemble. « On a surtout discuté de nos vies, on avait dix ans à se raconter quand même. Mais je pense que j’ai bien aimé la retrouver, malgré tout. » C’est vrai que la raison de leur rupture avait été stupide. Peut-être auraient-ils finis par se séparer, même s’ils avaient surmonté ça. Personne ne le saura jamais. Il boit son verre cul-sec avant de prendre le muffin resté sur la table et de mordre dedans. Il pourrait sans doute trouver quelque chose de plus consistant à manger, en fouillant dans ses placards. Pour le moment, il se contente de ça. « C’est bizarre, j’avais pas pensé à elle depuis longtemps et depuis, j’arrive pas à me la sortir de la tête. Tu dois avoir raison, j’me pose trop de questions. » Il se laisse tomber contre le dossier du canapé avec un soupir. Il préférait presque quand ils parlaient des histoires d’Olivia. Au moins, il pouvait oublier ses propres problèmes. Mais c’est son tour, il n’a pas le choix. C’est au tour d’Olivia de pouvoir penser à autre chose. « Parle-moi d’autre chose, tu veux bien ? Comment vont tes frères et sœurs ? Toujours aussi envahissants ? » Demande-t-il en croquant à nouveau dans la pâtisserie. Comme quoi, il veut bien se sacrifier mais pas trop longtemps non plus.

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