(✰) message posté Mer 25 Mar 2015 - 10:49 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ « Je prendrais un Americano et un Mocha en grande, s’il vous plait. Le tout à emporter. » lançai-je d’une voix claire lorsque cela fut finalement à mon tour. Il y avait du monde, autour de moi, pourtant je ne les remarquai pas. Il y avait du monde autour de moi et pourtant j’avais l’impression d’être loin de tout, loin des autres, loin du reste. Mes pensées s’accumulaient dans mon esprit fatigué sans que je ne parvienne à les trier ; souvent, je me surprenais, immobile, perdu dans mes propres émotions depuis plusieurs minutes. C’était comme si le monde entier s’arrêtait. Comme si je m’arrêtai, moi, sans parvenir à suivre le rythme des autres. Je laissai l’employé de Starbucks prendre ma commande, le dos droit, un sourire poli tirant sur le coin de mes lèvres. Revenue sur Terre, oui. Revenue sur Terre mais sans savoir pour combien de temps. « Un prénom ? » me demanda-t-il et j’eus une brève seconde d’hésitation. « Olivia. » Mon propre prénom me paraissait lointain et étranger, comme prononcé dans une langue que je ne connaissais même pas. Je lâchais prise, je perdais pied. Cela aurait pu m’effrayer si j’avais été suffisamment lucide pour me rendre compte que je n’y arrivais pas. Pour me rendre compte que je n’y arriverais probablement pas. C’était trop, même pour moi. C’était trop mais je ne réussissais même pas à me l’admettre. Il hocha la tête avant de griffonner de nouveau sur les deux gobelets, qu’il empila avant de se tourner vers sa caisse. Il releva la tête vers moi machinalement. Je devais être la centième personne qu’il devait voir, aujourd’hui. La centième cliente dont il oublierait le visage à l’instant même où la suivante arriverait dans son champ de vision. [color=seagreen) « Ça sera tout ? » [/color] Il y avait un certain empressement, dans sa voix, comme s’il avait hâte que je déguerpisse. Je ne me laissai pas démonter, mon visage affichant toujours un air chargé de bienveillance. Je comprenais sa lassitude, quelque part. Je comprenais ses réactions et sa façon d’agir. Il rêvait sans doute d’aller en pause. Il rêvait sans doute de retourner chez lui. Moi, je rêvais aussi, à ma manière. Mais, même pour cela, j’avais l’impression de ne plus avoir pied avec la réalité. « Je vais prendre deux muffins chocolat-caramel avec ça aussi. Merci. » répondis-je alors. Il hocha furtivement la tête avant d’en placer deux dans un sac à emporter ; il finit par m’annoncer le montant total à régler, et je lui tendis la monnaie. Je récupérais les pâtisseries avant de me placer dans la file pour récupérer les deux cafés que j’avais commandés. Je pensais à Isaac sans le vouloir, tout le temps, à chaque fois que je pouvais bien croiser un visage. Au début, je n’avais pas su gérer le flot continu de pensées qui avaient émergé dans mon esprit ; je m’étais laissé déstabiliser à plusieurs reprises. Puis, j’avais fini par apprendre à lister toutes mes certitudes, de la plus simple à la plus compliquée. De la plus normale à la plus étrange. Je me suis mariée à vingt ans. J’avais l’impression que cela faisait des années. J’avais l’impression d’avoir eu le temps de vivre plusieurs vies depuis cette période heureuse de mon existence. Depuis cette période plus insouciante. J’ai suivi mon mari en Afghanistan et ai travaillé pour l’armée américaine. Je ne conservai que des séquelles. Que des souvenirs lointains qui resurgissaient dans mon sommeil. La peur constante. Les blessés. L’horreur. Surtout l’horreur. Mon mari a été présumé mort. Un soldat brûlé vif avait été retrouvé avec ses plaques. Tout le monde en avait conclu qu’il s’agissait d’Isaac. Je l’avais enterré peu après, veuve. Et, avec lui, j’avais enterré toutes mes aspirations d’avoir un jour une famille à moi. Puis venaient les affirmations les plus compliquées. Les affirmations que mon esprit continuait de refuser de temps à autre. Mon mari n’était pas vraiment mort. Ils l’avaient retrouvé après quatre ans de captivité. Il avait simplement perdu ses plaques le jour de l’embuscade qui lui avait supposément couté la vie. Ils l’avaient retrouvé mais il n’était plus réellement lui-même. L’horreur, toujours l’horreur. Je sentis mon cœur s’affoler dans ma poitrine. Ses pulsations faisaient de l’écho avec mes pensées chargées de désillusions. Cela faisait plusieurs semaines et, pourtant, j’étais encore partagée entre la peur, la joie, la crainte, la colère. Je m’appliquai à conserver un visage neutre en sa présence mais mon corps tout entier était en proie au tumulte de mes pensées contradictoires. [color=sienna) « Un Americano pour Olivia ? » [/color] Je revins sur Terre avant de faire un pas dans la direction de la serveuse. Elle posa un gobelet devant moi. « Le Mocha arrive. » Je fourrai les pâtisseries dans mon sac à main, avant qu’elle ne pose un deuxième gobelet. Je la remerciai avec un sourire avant de prendre les deux boissons et sortir du Starbucks. Le vent frais balaya mon visage, s’infiltrant entre les mèches de mes cheveux. J’observai la rue dans laquelle je me trouvai avant de marcher sur le trottoir vers l’adresse de mon cousin. Ma démarche était déterminée, légèrement fière, peut-être ; je tenais ma tête haute et mon dos droit, comme à mon habitude. J’étais douée pour faire semblant, après tout. Douée pour ne pas laisser apparaître mes pensées sur mes expressions. Douée pour rester figée. Quelque part, j’étais persuadée que cela faisait partie de mon métier ; j’étais infirmière, et les infirmières s’occupaient des autres sans leur laisser croire que leur propre monde pouvait s’effondrer, à elles aussi. J’étais censée être forte. J’étais censée accuser tous les coups et endurer toutes les douleurs. Je finis par m’engouffrer dans l’immeuble de mon cousin, tapant les codes au fur et à mesure que je pouvais passer des portes censées garder l’enceinte. Je souris aux deux personnes que je croisai en montant dans les étages ; finalement, j’arrivai devant sa porte, et poussai un profond soupir avant de frapper trois fois. Puis, j’attendis. La porte finit par s’ouvrir. J’adressai un immense sourire à Jake, tendant en face de moi les deux cafés qui me brûlaient les doigts. « Je suis venue avec une offrande. » lui lançai-je. « Les muffins sont dans mon sac. » Un Americano pour lui, car de tous les cafés présents sur cette Terre, Jake n’acceptait de boire que le noir, et un Mocha pour moi. « J’espère que je ne te dérange pas, je pourrais repasser si tu as quelque chose de prévu. » Oh, Jake, j’ai besoin de toi. J’avais besoin de mettre de la distance, besoin de me sentir normale pendant une poignée d’heures. Oh, Jake, si tu savais. Bien entendu qu’il savait, mais il conservait une certaine distance avec les évènements et cela me rassurait. Cela me rassurait parce que cela me permettait de me rappeler que la vie continuait malgré tout.
Jake O. Cavendish
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» Schizophrénie : Alexander & Olivia
(✰) message posté Mer 25 Mar 2015 - 20:03 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Regarder les informations en tant que spectateur et non en tant que reporter, ça avait paru étrange à Jake dès qu’il avait commencé à travailler à la BBC. Quand il regarde, il ne voit pas seulement l’information donnée mais aussi tout le travail fait derrière par l’équipe. Il sait que l’interview montrée durait sans doute plus longtemps en réalité mais a été coupée pour sa pertinence, que tous les plans ont été réfléchis et il se demande comment il aurait réalisé ce reportage si ç’avait été à lui de le faire. Bien sûr, il ne peut pas tout faire, il ne peut pas être partout à la fois et encore heureux. En règle générale, il suit plutôt les informations sur internet, ne regardant que peu les journaux télévisés mais lorsqu’un nom en particulier était apparu sur son écran il y a presque deux semaines, il avait immédiatement allumé sa télé. Isaac Von Ziegler. Plus de quatre ans qu’il était mort, Jake était bien placé pour le savoir puisqu’il avait été à son enterrement pour soutenir sa cousine. Il n’avait pas assisté à beaucoup d’enterrements dans sa vie alors bien sûr qu’il s’en souvenait. Il se souvenait la peine sur le visage d’Olivia, sur ceux de la famille d’Isaac. Il avait vu son cercueil descendre sous terre et pourtant, c’est bien le portrait d’Isaac qui s’était affiché sur sa télé. Amaigri et meurtri mais ça ne faisait aucun doute. Jake était resté scotché devant l’écran pendant de longues minutes, sans comprendre comment c’était possible. Il ne l’a toujours pas compris à vrai dire. Le reportage donne quelques informations mais rien qui éclaire totalement la situation. Lorsque les images étaient passées au président américain en train de faire une déclaration, Jake pensa finalement à Olivia, à ce qu’elle avait dû ressentir, à ce qu’elle ressentait sûrement toujours. Aussitôt, il se pencha pour attraper son téléphone posé sur la table et ses doigts font défiler son répertoire jusqu’à tomber sur le nom de sa cousine. Une sonnerie, deux sonneries, trois… Et finalement, la voix d’Olivia qui lui dit qu’elle n’est pas disponible et qu’il peut laisser un message. Jake finit par raccrocher, incapable de savoir quoi lui dire. C’est le genre de situation auquel personne ne peut vous préparer. On nous dit de présenter nos condoléances au décès d’un proche, de souhaiter un bon rétablissement à quelqu’un qui est malade ou blessé. Mais qu’est-ce qu’on peut dire à sa cousine quand on apprend que son mari supposé mort depuis quatre ans ne l’est pas ? Les jours suivants, Jake continua de chercher des informations supplémentaires sur le retour au pays d’un soldat américain déclaré mort mais il savait que les militaires donnaient généralement peu d’informations. Juste le nécessaire, estimant que certaines choses pouvaient causer des problèmes d sécurité. Il s’était souvent demandé ce qu’il devait faire vis-à-vis d’Olivia. A deux reprises, il avait tenté de l’appeler, sans réponse. Il en avait déduit qu’il lui fallait du temps et qu’elle l’appellerait quand elle serait prête. Mais malgré ça, impossible de ne pas s’inquiéter. Réaction tout à fait naturelle. Il voudrait pouvoir protéger Olivia, la rassurer et la consoler. Enfin il ne sait pas comment elle a pu réagir à tout ça, même s’il se doute qu’elle ne peut pas aller bien. Il l’a vue se remettre doucement de la mort de son mari, se relever et recommencer à vivre finalement. Il sait à quel point ça a pu être difficile pour avoir été avec elle pendant la plupart des étapes de son deuil. Et ne pas pouvoir être avec elle en ce moment… il se sent coupable alors même qu’il a décidé de lui laisser du temps. Chez lui, pour préparer une interview importante qu’il doit faire le lendemain, Jake grignote des céréales à même le paquet. Il épluche la biographie de la femme d’affaires, cherchant toutes les infos qu’il peut trouver sur elle pour être prêt à tout. Il est interrompu dans sa lecture par des coups à la porte. Il se lève, dépoussière d’un geste ses vêtements et ouvre la porte pour découvrir Olivia sur le seuil. La première pensée qui lui traverse l’esprit, c’est qu’elle a l’air bien. Bien. Impossible de deviner en la regardant qu’elle vient de vivre une chose que peu de personnes ont déjà vécu. « Je suis venue avec une offrande. » Il lui sourit en retour alors qu’il prend les gobelets de café qu’elle lui tend. Il ne sait pas comment agir avec elle et c’est bien la première fois. Il l’a déjà vue peiner à s’arrêter de pleurer et de crier contre ce monde injuste, elle l’a déjà vu mort d’inquiétude alors que sa meilleure amie était emprisonnée. Ils ont beaucoup vécu ensemble et c’est sans doute ce qui fait qu’ils sont si proches aujourd’hui. « J’espère que je ne te dérange pas, je pourrais repasser si tu as quelque chose de prévu. » Rester silencieux n’est pas la bonne solution en tout cas. « Ne dis pas n’importe quoi, entre. » Il se pousse pour la laisser passer et referme la porte derrière elle. Il pose les cafés sur la table du salon alors qu’elle sort des muffins de son sac. Une de leurs traditions, bien que Jake n’ait jamais apprécié tous les cafés spéciaux de Starbucks. Leurs muffins sont bons au moins, il leur accorde ça. « J’te dirais bien que j’suis désolé pour le bordel mais tu me connais. » Ranger et nettoyer, Jake ne le fait presque jamais, prétextant ne pas avoir le temps pour ça. La vérité, c’est qu’il n’en a tout simplement pas le courage et que plus il retarde le moment, plus il y aura de travail. Il faisait quelques efforts quand Olivia vivait avec lui, et encore. Il s’installe sur le canapé et donne son café à Olivia avant de prendre une gorgée du sien. « Faudra que tu m’expliques un jour comment tu peux boire ça. » Dispute qui n’en est pas vraiment une mais qui revient souvent entre les deux cousins. Elle a longtemps essayé de le convertir aux cafés plus originaux mais Jake ne démord pas du café noir. Chacun ses goûts. Ce qui ne les empêche pas d’essayer de temps en temps de convaincre l’autre qu’il devrait aimer autre chose. Il la regarde quelques secondes, capable de voir derrière cette carapace qu’elle ne va pas si bien. Ses traits sont légèrement tirés et il la connait assez pour savoir qu’elle maintient les apparences. « Comment tu vas ? » Question sans doute stupide mais il préfère la laisser évoquer la situation d’elle-même quand elle sera prête, malgré son inquiétude et sa curiosité. Il a déjà attendu plusieurs jours, quelques minutes ne changeront rien. Et il veut aider Olivia du mieux qu’il peut, même s’il ne sait pas forcément comment s’y prendre.
(✰) message posté Jeu 26 Mar 2015 - 22:19 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ Ma mère me rappelait sans cesse la première chose que j’avais bien pu dire à propos de Jake, lorsque je l’avais rencontré. Maman, il parle bizarrement. Tu crois qu’il a un problème ? Je n’avais pas compris, à cette époque, pourquoi ce cousin dont on m’avait tant parlé semblait parler comme une personne venue d’un autre monde. Je n’avais pas compris pourquoi sa manière de prononcer certaines voyelles était différente, pourquoi il disait certains mots à la place d’autre, pourquoi son élocution paraissait si distinguée. Je n’avais pas su que tout cela était normal. Je n’avais pas su qu’il était britannique, je n’avais même pas connu, à vrai dire, la différence entre la Nouvelle Orléans et Londres, la différence entre le continent américain et le continent européen. Je ne l’avais pas aimé, non. Il m’avait paru étrange et déroutant, me perdant avec ses airs d’aristocrates déguisé en petit garçon. Puis il avait refusé de jouer à la poupée avec moi. Puis il avait trouvé le moyen de me traiter de pleurnicheuse. Puis il m’avait tiré les cheveux en me sommant de cesser de gesticuler. Je ne l’avais pas aimé, non. Pourtant, aujourd’hui, je ne parvenais pas à imaginer un monde sans lui. J’avais appris à le connaître avec le temps, j’avais appris à grandir avec lui au fil des années. Nous étions passés de deux morveux puérils à deux adolescents complices, pour finalement devenir deux jeunes adultes évoluant au même rythme, évoluant dans la même sphère et bulle. Je ne l’avais pas aimé, non. Je ne l’avais pas aimé et, désormais, j’étais persuadée que nos débuts difficiles n’avaient été que les prémices tumultueuses d’une grande histoire. Nous n’avions été que des enfants. Nous n’avions pas su. Je n’avais pas su que, malgré son accent distingué, malgré sa tendance à refuser mes jeux, malgré nos querelles répétitives, il se cachait en lui un de ces êtres devenus essentiels à mon existence. Il m’offrit un sourire à ma déclaration, alors que je tendais, en face de moi, les deux gobelets de cafés qui me brûlaient les doigts. Il me les prit des mains et je le vis m’observer avec une attention toute particulière. Mais je fis comme si rien n’était. Mais je fis comme tout était absolument normal, comme s’il n’était pas au courant, comme si rien ne s’était passé. Au lieu de quoi, il s’écarta de l’embrasure de la porte pour me laisser entrer à l’intérieur. « Ne dis pas n’importe quoi, entre. » Je pénétrai à l’intérieur et il referma la porte derrière moi ; il alla poser les cafés sur la table du salon et je le suivis, le regard plongé dans mon sac à main où je cherchai parmi toutes mes affaires les pâtisseries. Mes talons résonnaient sur le sol de son appartement. Ce bruit m’était si familier qu’il me réconfortait, quelque part. Comme si j’étais rentrée à la maison. « J’te dirais bien que j’suis désolé pour le bordel mais tu me connais. » Un rire m’échappa. « J’ai dépassé le stade de te faire la morale à propos de ça. » lui confiai-je. Je posai mon sac sur l’un des sièges du salon, avant de retirer mon manteau avec soin ; je détaillai avec attention les piles de documents qui s’accumulaient sur la table, devinant qu’il était sans doute au beau milieu d’un article ou d’une interview importante. Je savais qu’il aurait pu me dire de repasser. Je savais qu’il avait sans doute mieux à faire que me voir, même si cela faisait un moment que nous n’avions pas eu l’occasion de nous parler en tête à tête ; au fond de moi, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’il avait sans doute très envie de me voir, qu’il avait également beaucoup de questions à me poser. Je me rappelai de ses appels manqués, et cela ne fit qu’accentuer mon impression ; pourtant je ne dis rien. Pourtant, je ne dis rien. Il alla s’installer sur son canapé et je le rejoins, emmenant les pâtisseries dans mon sillage. « Faudra que tu m’expliques un jour comment tu peux boire ça. » me dit-il et je levai les yeux au ciel pour simple réponse. Au cours de ces dernières années, j’avais sans doute dû lui faire essayer toutes les boissons que l’enseigne Starbucks pouvait bien proposer ; l’Americano était celui qu’il tolérait le plus, et encore, cela était un bien grand mot. « Comment tu vas ? » me demanda-t-il. Je sentis les couleurs abandonner mes joues et je m’assis sur le canapé, à ses côtés, sans le moindre mot. Je comptais mes inspirations comme pour me donner le temps de répondre ; mes yeux se baladèrent sur son salon, et je finis par me tourner vers lui. « Mieux. » lui répondis-je tout simplement. Je sortis un muffin du sac, prenant une serviette avant de lui tendre. J’attrapai le mien, retirant doucement le papier dans lequel le bas était enveloppé. Mes gestes étaient minutieux et précis ; de cette manière, j’avais l’impression d’avoir un semblant de calme avant de parler. Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne savais même pas si je désirais parler des évènements ; la seule chose que je savais avec certitude était qu’il méritait des réponses. Que je n’avais pas le droit de me taire de cette manière. Que je ne pouvais pas me permettre de rester silencieuse encore longtemps. J’étais venue de mon plein gré ; j’avais choisi d’être ici parce que sa présence m’avait manqué. Cependant, cela voulait également dire que je me devais d’assumer. « Disons que ça aurait pu être pire, aussi. » Mes réponses étaient creuses mais c’était tout ce que je pouvais lui offrir, d’une certaine manière. « Je crois qu’il n’y a pas réellement de mode d’emploi pour ça. Il faut juste que… Les choses continuent d’avancer, non ? » J’haussai vaguement les épaules, prenant une profonde inspiration. Je détachai un bout de mon muffin avant de le porter à ma bouche, le mâchant avec application. Mon cœur battait de manière irrégulière. J’aurais aimé lui dire tant de choses. J’aurais aimé lui confier à quel point j’étais confuse. Mais les mots ne franchissaient pas la barrière de mes lèvres. « Je suis désolée d’avoir mis du temps à venir. Ou de ne pas avoir répondu à tes appels. » finis-je par dire d’une voix désolée. « Et toi, ça va ? » Parler des autres me semblait bien plus facile que parler de moi. Comme si je pouvais garder une certaine distance avec le monde. Comme si je pouvais garder une certaine distance avec mon propre corps.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Ven 27 Mar 2015 - 18:32 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Jake considérait souvent Olivia comme une sœur, comme une amie à qui il pouvait tout dire et qui pouvait tout lui dire. Les événements avaient fait qu’ils s’étaient beaucoup rapprochés au fil des années et c’était pour le mieux. Jake savait qu’il avait son soutien et réciproquement. Un lien sincère et fort les unissait depuis déjà plusieurs années, sans qu’il soit capable de placer une date de début. La mort d’Isaac et l’enlèvement de Chase avaient sûrement joué un grand rôle. Qui sait où ils en seraient sans ces événements marquants de leurs vies ? Jake n’a jamais aimé vivre dans des suppositions, dans les ‘et si ?’. Les choses sont comme elles sont et grâce à tout ça, il a Olivia, sa cousine sans qui il n’imagine plus sa vie au quotidien. Alors tout naturellement, il avait voulu être là pour elle dès qu’il avait appris la nouvelle. Il avait essayé de la joindre, sans succès et il aurait pu essayer de se rendre chez elle. Mais il la connaissait assez bien pour savoir que, si elle ne répondait pas à ses appels, c’est qu’elle avait besoin de temps. Aussi difficile que ça soit, il lui avait laissé ce temps, sans savoir au bout de combien de jours il pourrait sonner à sa porte. Heureusement, Olivia lui avait épargné cette question en venant d’elle-même chez lui. Deux cafés dans les mains, il était facile de voir qu’elle était prête à parler de toute cette histoire. Gérer quelque chose comme ça seule, ça serait impossible de toute façon. Malgré sa curiosité, tout à fait naturelle pour un journaliste, il lui laisse du temps avant d’aborder le sujet. Sans doute qu’il s’attend à ce qu’elle l’aborde en premier, pour être sûr de ne la forcer à rien. Il commence par parler comme si de rien n’était, pour qu’elle se sente à l’aise. Comme s’ils ne savaient pas tous les deux ce qui s’était passé. Comme si son mari n’était pas revenu d’entre les morts. « J’ai dépassé le stade de te faire la morale à propos de ça. » Tout comme sa mère avait fini par abandonner les reproches à propos du bazar permanent, d’abord dans sa chambre d’adolescent puis dans son appartement. C’était une cause perdue, tout simplement. Jake s’en fichait pas mal, préférant faire d’autres choses bien plus intéressantes que le ménage. Les seules choses qu’il rangeait à peu près, c’était ce qui était pour son travail, pour éviter de perdre des documents importants. Ce n’est qu’une fois assis sur le canapé, avec son café dans les mains qu’il aborde le sujet sans l’aborder directement. Lui demander comment elle va, ça équivaut à lui demander comment elle tient le coup. Jake sait à quel point sa cousine peut être douée pour sauver les apparences, il l’a vue le faire souvent au cours des dernières années. Il s’est aussi fait avoir plusieurs fois. Elle sait qu’elle peut être elle-même avec lui, laisser sortir ce qu’elle a sur le cœur, ce qu’elle ne dit à personne d’autre. Olivia prend son temps avant de répondre, vient s’assoir à côté de lui et lorsque son regard se pose sur lui, il lui offre un sourire qui se veut rassurant. « Mieux. » Un simple mot. Un mot qui laisse pourtant sous-entendre beaucoup de choses. Qu’elle allait mal, que ç’avait été dur pour elle mais que ça s’améliorait. Jake l’observe sortir un muffin et le lui tendre. Il le prend dans sa main, sans rien en faire immédiatement. Il la regarde, restant silencieux, jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole. « Disons que ça aurait pu être pire, aussi. » Il se demande un instant comment ça aurait pu être pire. Il sait qu’Olivia avait mis longtemps à faire son deuil, qu’elle ne l’avait sûrement pas totalement terminé mais qu’elle s’était relevée malgré tout. Il l’avait vue aller de mieux en mieux depuis son arrivée à Londres, passer de la femme brisée à celle qui retrouvait petit à petit goût à la vie. Pas à pas. Et puis voilà que son deuil n’avait pas de raison d’être. Que le mari qu’elle avait pleuré était en réalité vivant. Jake ne peut imaginer ce qu’elle a pu ressentir en l’apprenant. Il aurait aimé être là pour l’épauler dès le départ. « Je crois qu’il n’y a pas réellement de mode d’emploi pour ça. Il faut juste que… Les choses continuent d’avancer, non ? » C’était aussi ce qu’il avait pensé au départ. Cette situation n’a pas dû arriver à beaucoup de personnes avant elle. Une histoire digne d’un roman ou d’un film, pas quelque chose qui arrive en réalité. Si Jake avait entendu cette information, sans qu’il s’agisse d’Olivia, il n’aurait vu l’affaire que sur un plan informatif. Il n’aurait pas pensé à la femme de ce pauvre homme retenu captif pendant des années. A ce qu’elle pouvait ressentir. A ce qu’elle pouvait vivre. Là, c’était tout ce à quoi il pouvait penser. « C’est sûr que t’as fait dans l’inédit cette fois, Liv. Tout pour te démarquer, vraiment. » Il mime un ton désapprobateur, plaisantant pour essayer de détendre l’atmosphère. Dédramatiser pour rendre les choses plus faciles, il n’est pas sûr de l’efficacité de cette technique. Contrairement à Olivia, plus raffinée, il croque directement dans le muffin, laissant tomber des miettes sur le canapé. Tant pis. « Je suis désolée d’avoir mis du temps à venir. Ou de ne pas avoir répondu à tes appels. » Il n’est pas si étonné que ça qu’elle s’excuse alors qu’elle n’est en rien responsable et qu’il ne lui en veut pas du tout. Elle s’est toujours inquiétée pour les autres, parfois à son propre détriment. « Et toi, ça va ? » Incroyable encore une fois qu’elle lui pose la question malgré tout ce qu’elle traverse en ce moment. Même s’il allait légèrement mal, ça n’aurait rien de comparable et il n’en parlerait pas de toute façon. « T’inquiète pas pour moi, t’avais besoin de temps, je le comprends parfaitement. » Il n’a aucune idée de la façon dont il aurait réagi si les places avaient été inversées. Pas facile d’imaginer une telle chose. Il prend une nouvelle bouchée de son muffin avant de la regarder. Il pose le café et le muffin sur la petite table déjà bien encombrée pour venir poser sa main sur celle d’Olivia. « Prends tout le temps que tu veux, je ne vais nulle part. » Il se veut rassurant, réconfortant. Le besoin de la protéger dépasse de loin sa curiosité. Si elle est venue ici, c’est pour en parler avec lui, il la connait assez pour le savoir. Il est prêt à être l’oreille attentive qu’elle désire, ou bien l’épaule sur laquelle pleurer, ou tout ce qu’elle veut. « Je… Tu l’as revu ? » Il l’encourage doucement à se confier. Il sait qu’en parler lui fera du bien, qu’elle a des choses à laisser sortir et que c’est sans doute la raison de sa présence ici.
(✰) message posté Dim 29 Mar 2015 - 20:33 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ J’avais toujours eu un certain don pour m’oublier face aux autres. Pour laisser de côté mes propres problèmes et me focaliser sur ceux de mes proches, sur ceux qui ne me concernaient pas directement, sur ceux que je pouvais observer avec une distance de sécurité et sans risquer de me brûler les ailes. Je ne savais pas si cela était une méthode de survie ; je ne savais pas si j’agissais ainsi pour me permettre d’avancer ou bien si cela était par simple altruiste. La seule certitude que j’avais était que je préférais dédier ma vie à tous ces inconnus vivants sur cette terre plutôt que de me focaliser sur ma propre existence. J’évoluais avec les autres. Je ne voyais que les autres. Je vivais en la compagnie des autres, je me souciais des autres, j’espérais pour les autres. Cela était si facile d’aller bien quand on cessait de s’intéresser à ses propres problèmes, cela était si facile d'avancer quand il n'y avait plus rien pour nous retenir en arrière. Jake était probablement le mieux placé pour le savoir que. Le mieux placé pour se douter qu'à chaque fois que je travaillais trop, qu'à chaque fois je m'affairais pour m'occuper des autres, cela voulait certainement dire que je souffrais au fond de mon cœur. Que je souffrais bien plus que nécessaire. Que je faisais mon possible pour étouffer cette détresse. Il savait sans aucun doute que je n'avais plus aucune limite quand j'allais mal, que le décès de mon mari m'avait poussé à être à l'hôpital jour et nuit pour enchaîner les différentes gardes. Il m'avait vu m'épuiser à la tâche. Il m'avait vu tout faire pour me maintenir occupée. Il m'avait vu m'oublier si longtemps qu'il avait fini par avoir peur pour ma propre vie. Il m’avait vu dans toutes les étapes de ma douleur, il avait pu m’observer endurer toutes les nuances de la détresse. Je refusais de souffrir, je refusais d’être faible. Je refusais de me laisser faire, je refusais de pleurer. Pourtant, dans ce rejet que j’avais de la douleur, je ne faisais que m’enfermer dans toute cette peine qui m’accablait. En jouant les personnes forte et courageuse, je ne faisais qu’être malheureuse encore plus. J’esquissai un sourire à l’adresse de mon cousin, comme pour lui assurer que j’allais bien ; au fond, je tentais de me persuader que cela n’était qu’un demi-mensonge. Une part de moi allait bien, après tout. Une part de moi se sentait apaisée. Une part de moi était soulagée. Une part de moi était heureuse, heureuse de l’avoir retrouvé. Mais cette part de moi était également écrasée par tout le reste, oubliée par la panique, réduite en poussières par la détresse. « C’est sûr que t’as fait dans l’inédit cette fois, Liv. Tout pour te démarquer, vraiment. » me dit-il d’un ton presque accusateur. Mon sourire s’accentua sur mes lèvres, et je levai les yeux au ciel. Mais, au fond de moi, cela me pesait. Cette différence me pesait. J’aurais aimé ne pas être affrontée à une situation pareille. J’aurais aimé que l’on puisse m’indiquer la marche à suivre. J’aurais aimé pouvoir me raccrocher à quelque chose. Même à n’importe quoi. « Que veux-tu, j’aime quand on me remarque. » répondis-je avec un entrain qui sonnait faux dans mes oreilles. Avec un entrain qui me pesait avec tout le reste. Avec un entrain qui me paraissait étranger et lointain, comme si mon corps refusait qu’il puisse être réel. Je m’enquis sur comment il allait lui, comme pour me raccrocher à autre chose, comme pour me focaliser sur d’autres sujets. C’était le réflexe premier de mon esprit ; trouver d’autres sujets, s’intéresser aux autres. S’intéresser à lui, parce que, malgré mes soucis, je continuais de m’en faire. « T’inquiète pas pour moi, t’avais besoin de temps, je le comprends parfaitement. » finit-il par me dire. Je secouai la tête d’un air désapprobateur, tout en l’observant croquer dans son muffin du coin de l’œil. « Prends tout le temps que tu veux, je ne vais nulle part. » ajouta-t-il. C’était rassurant, quelque part. Rassurant de savoir qu’il serait toujours là. Rassurant de savoir que je n’étais pas toute seule, qu’il ne me laisserait pas seule, dans tous les cas. Je n’avais jamais été réellement proche de ma propre famille ; j’avais connu mon mari si tôt que j’avais bati mon monde autour des siens plutôt que des miens. Jake avait fait exception à la règle. Et, ces dernière année, il avait été là même dans mes pires instants de solitude. « Je… Tu l’as revu ? » Sa question me ramena sur Terre. Je posai mon regard sur lui avant de détacher un nouveau bout de mon muffin. Je ne réussis pas à le porter à ma bouche. A vrai dire, je n’étais même plus sûre de pouvoir avaler quoi que ce soit jusqu’à la fin de mon existence. « Oui. Il est à mon appartement en ce moment même. » répondis-je. Je me redressai, comme si cela pouvait m’aider à retrouver une certaine contenance ; je pris plusieurs inspirations avant de reprendre la parole. « J’ai été convoquée par l’armée le mois dernière. C’est pour ça que je suis partie aux Etats-Unis, d’ailleurs. Ils ont attendu que je sois à la base militaire pour me l’annoncer. » Ma voix était douce. J’énonçais les faits avec un certain pragmatisme, comme si je conservais une certaine distance avec les évènements. Comme si cela ne m’atteignait pas réellement alors qu’au fond ces mêmes mots tournaient dans mon esprit depuis des semaines. « Il était plutôt instable. Maintenant, il suit le programme de réinsertion des militaires, mais il a beaucoup de mal à s’y faire. Il a enduré énormément de choses, là-bas. » Il, il, il. Jamais je, je, je. Cela était plus facile de me retirer de la vérité, comme si je n’en faisais même pas partie. Je portai à ma bouche mon morceau de pâtisserie, mâchant avant lenteur. Mes doigts tremblaient. Ils tremblaient si fort que je ne parvenais pas à les contrôler. Tout comme j’étais bien incapable de contrôler ma propre existence.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Mar 31 Mar 2015 - 14:16 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Il n’y a pas de solution magique pour réconforter quelqu’un. Tout comme il n’en existe pas pour gérer sa peine. Peut-être que certaines personnes y parviennent mieux que d’autres, ou font mieux semblant. On ne peut pas prononcer une formule magique pour faire en sorte que tout aille bien. On doit passer par ces étapes plus difficiles, on n’a pas le choix. Peut-être qu’au final, cela nous rend plus fort, ou peut-être pas. A ce moment précis, il n’est pas difficile pour Jake de voir qu’Olivia souffre. Comme souvent, elle cache cette douleur, essaye de penser à autre chose. Elle pense qu’il est plus facile de retenir ce qu’elle ressent, de taire ses problèmes, espérant qu’ainsi, ils disparaitront. Cette technique avait marché, pendant un temps. Mais Jake l’avait vue craquer plusieurs fois, se laisser aller à sa douleur qu’elle ne pouvait finalement plus contrôler. Il le sait aussi parce qu’il a essayé de faire la même chose plusieurs fois. Il le fait toujours avec son père, refusant de le voir malgré ses vaines tentatives de renouer le contact. Il l’a fait quand Chase était retenue en otage, essayant de cacher l’inquiétude qui le rongeait de l’intérieur, se noyant plus que d’habitude dans le travail. Olivia et lui sont semblables sur de nombreux points mais celui-ci est sans doute celui qui les rapprochent le plus l’un de l’autre. Ce point qui fait qu’ils se comprennent et peuvent se parler sans crainte. Jake voudrait pouvoir retirer tout le chagrin d’Olivia, le prendre, en faire une boule de papier et le brûler dans une cheminée. Sauf qu’il n’a pas de cheminée et que ce n’est pas possible de toute façon. Il sait que, tout ce qu’il peut faire, c’est l’écouter, avoir des paroles réconfortantes. Il ne soignera pas sa peine ce soir, ni demain. Ça prendra du temps. Tout comme ça avait pris du temps quand elle croyait son mari décédé. Le destin est injuste, se joue d’elle. Bien sûr, le fait qu’Isaac soit en fait vivant pouvait être considéré comme quelque chose de bien. Son mari lui revenait, celui avec qui elle voulait vivre sa vie entière et qui lui avait été retiré. Mais Olivia a refait sa vie, a fait son deuil et apprendre que tout cela n’avait aucun sens avait dû être un choc terrible pour elle. Ça le serait pour n’importe qui. Quatre années sont passées. Quatre années, c’est une éternité. Des jours heureux, d’autres beaucoup moins. Quatre années, ça parait peu dans toute une existence et pourtant. C’est assez pour se reconstruire une vie, pour changer de métier, pour changer de partenaire. Quatre années, ça change tout. Jake mange le muffin sans vraiment y prêter attention. Il n’a pas spécialement faim et, même si c’était le cas, il est plus inquiet pour Olivia. Il se doute qu’elle n’a pas appris la nouvelle de la même façon que lui. Elle était sa femme, elle avait dû être la première à le savoir en dehors de l’armée. Et, si elle n’en avait pas parlé avec Jake, elle avait dû garder le secret avec presque tout le monde. Besoin de temps pour appréhender la nouvelle peut-être. Jake ne lui en veut même pas un tout petit peu. Il sait qu’il existe un tas de façons de gérer les nouvelles choquantes. « Oui. Il est à mon appartement en ce moment même. » Il la regarde, un peu étonné malgré tout. Il a du mal à imaginer Isaac entre les murs de l’appartement si familier de sa cousine. Il a du mal à l’imaginer en vie tout court. Il a beau avoir vu une photo de lui aux informations, la situation parait encore tellement surréaliste. Mais il ne compte pas parler de ça à Olivia. Quelle importance cela peut-il avoir qu’il ait du mal à se faire à l’idée qu’Isaac soit en vie ? Il l’est, point. « J’ai été convoquée par l’armée le mois dernière. C’est pour ça que je suis partie aux Etats-Unis, d’ailleurs. Ils ont attendu que je sois à la base militaire pour me l’annoncer. » Chaque mot semble lui demander un effort démesuré. Jake ne peut qu’imaginer l’état dans lequel elle devait être en apprenant ça. Etrange comme façon de procéder, se dit-il. Mais y a-t-il une bonne façon d’annoncer ce genre de choses ? L’annonce de la mort d’un soldat à sa famille, on la voit dans de nombreux films, toujours la même chose à peu de choses près. Mais l’annonce à une femme que son mari était en fait vivant, ça doit être inédit, même pour l’armée. Il la regarde, restant silencieux. Il ne sait pas ce qu’il doit dire ou faire. Il n’aime pas se retrouver dans une telle situation. Il n’aime pas voir Olivia comme ça. « Il était plutôt instable. Maintenant, il suit le programme de réinsertion des militaires, mais il a beaucoup de mal à s’y faire. Il a enduré énormément de choses, là-bas. » Revenir à la vie réelle après des années de captivité doit être extrêmement compliqué en effet. Il avait pu le constater avec Chase, à une autre échelle. Si Jake était principalement inquiet pour sa cousine, il s’était aussi interrogé sur l’état, physique comme psychologique, de son mari. Il remarque les mains tremblantes d’Olivia et relève la tête vers elle. Il réalise que ses mots lui coûte beaucoup plus qu’il ne le pensait. Il a l’impression qu’elle est en état de choc, comme tétanisée par ce qu’elle vient de dire. Alors Jake pose son muffin sur la table et vient encercler de ses mains celles d’Olivia. « Hey… Hey Liv. » Il murmure en la regardant. Il ne peut pas se contenter de l’écouter, pas cette fois. Elle n’a pas besoin d’une oreille attentive, elle a besoin de soutien. Parce qu’elle s’inquiète pour Isaac, elle s’inquiète pour le monde entier mais personne ne s’inquiète pour elle. Il sent les mains d’Olivia encore tremblantes entre les siennes. « Dis-moi. Dis-moi comment tu vas Olivia. » Il ne la quitte pas des yeux, soutient son regard comme pour lui transmettre la force dont elle manque aujourd’hui. « La vraie version. Pas les conneries que tu dis à tout le monde. Je veux la vérité, entière et sans mensonges. » Il peut l’encaisser. Elle a besoin de s’inquiéter pour elle-même, de dire tout ce qu’elle retient sans doute depuis quelques semaines déjà. Elle a besoin de se faire passer en première, pour une fois.
(✰) message posté Mer 1 Avr 2015 - 21:20 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ J’avais été au courant avant les médias. J’avais su avant le reste du monde. Cela avait été comme si j’avais été mise dans la confidence, détentrice d’un des secrets intimes du monde, portant sur mes épaules le poids d’une vérité trop lourde. Je ne conservais que de très flous souvenirs de mon bref séjour à la Nouvelle-Orléans et je n’avais pas réellement cherché à me rappeler des évènements successifs ; j’avais enfermé toutes les images de ma mémoire dans une boîte de mon esprit, l’abandonnant au fond de mes pensées dans l’espoir que cela puisse m’aider à oublier. A oublier et avancer. Mais cela n’avait pas réellement fonctionné, bien entendu. Je me rappelais simplement de l’insistance de certains représentants de l’armée, qui m’avaient fait comprendre à quel point la confidentialité de l’affaire était essentielle. Ils m’avaient également confié qu’Isaac était instable et pourquoi il avait représenté un danger réel pour notre pays durant les premiers jours qui avaient suivi son sauvetage. Après tout, il aurait pu être programmé pour n’être qu’une bombe à retardement. Après tout, il aurait pu être conditionné pour se retourner contre sa patrie, contre sa famille, contre moi, sa femme. Les possibilités avaient été infinies et l’armée, elle, avait fait preuve d’une extrême prudence. D’une trop grande prudence, peut-être, même, le rabaissant d’une certaine manière dans le peu d’estime qui devait lui rester. J’avais cru comprendre, également, qu’ils avaient attendu avant de me convoquer, attendu avant de me faire venir, le soignant et l’interrogeant avant que je ne puisse avoir l’autorisation de le retrouver. L’autorisation de savoir, même. Savoir qu’il était vivant, savoir qu’il était là, savoir toutes, absolument toutes, ces vérités cachées. Savoir tout ce que je n’avais pas su durant des années. Savoir cette vérité comme empoissonnés, réveillant au fond de moi une confusion d’émotions et de sentiments. Ils étaient tous restés très professionnels. Ils avaient respecté ma détresse passagère, ils avaient répondu à toutes mes questions, ils m’avaient donné du temps pour gérer mes propres pensées. Ils n’avaient pas cherché à me sortir de mon silence, également ; ils avaient enduré mes périodes d’absence, ces longues périodes où les pensées avaient oppressé mon esprit, ces longues périodes où je m’étais perdue dans mes propres émotions. Mais, au fond, malgré toute leur sollicitude, ils n’avaient rien pu faire pour moi. Ils ne savaient pas quelle était la bonne réaction à adopter. Ils ne savaient pas comment gérer. Ils ne savaient pas comment s’adapter, me gérer, m’aider. Ils avaient beau faire partie de l’armée ; ils avaient beau être des soldats au service de leur pays, entraînés et confrontés à des situations extrêmes, personne, pas même eux, ne pouvaient se préparer au retour d’un mort. Parce que cela allait à l’encontre des principes fondamentaux de l’existence même. Les morts étaient morts. Les morts ne revenaient pas à la vie. Les morts appartenaient au passé. Un sourire flottait sur mes lèvres et je m’efforçai de me tenir droite pour ne pas inquiéter plus que nécessaire Jake ; j’énumérai les faits d’une voix claire, espérant paraître plus forte que je ne l’étais. Je n’avais pas peur de lui dire toutes ces choses ; je n’avais absolument aucune retenue quant aux informations confidentielles. Je lui faisais confiance. Je lui faisais confiance avec tout mon cœur et tout mon être. Je lui faisais confiance comme une perdue. Je lui faisais confiance parce que je savais que mon cousin m’avait vu dans les pires états et que, inversement, je l’avais soutenu dans les pires instants de son existence. Nous avions été soudés, quelque part. Nous avions appris à avancer ensemble, ne comptant que sur nous-même pour se relever. « Hey… Hey Liv. » finit-il par me dire. Il avait abandonné sa pâtisserie pour emprisonner mes mains dans les siennes. Je fixai nos doigts pendant de brefs instants avant de relever la tête vers lui. J’aurais aimé que cela soit si simple. J’aurais aimé que les mots me viennent avec une facilité déconcertante, mais mon esprit s’accrochait au déni de mes propres sentiments. Je vivais pour les autres. Je ne vivais pas pour moi. Comme si c’était trop dur de le faire. « Dis-moi. Dis-moi comment tu vas Olivia. » Je sentais son regard sur moi, insistant, comme s’il cherchait à deviner mes propres pensées. Dis-moi, Jake, est-ce que tu penses que nous sommes nés brisés ? Ou crois-tu que c’est simplement le destin qui s’amuse à nous rendre malheureux ? Les misères du monde. Les tristesses de l’univers. J’aurais aimé me détacher de tout cela, trouver refuge ailleurs. « La vraie version. Pas les conneries que tu dis à tout le monde. Je veux la vérité, entière et sans mensonges. » Je continuai de l’observer. Ses yeux me détaillaient avec application. Je voyais une lueur briller au fond de son regard, cette lueur signifiant qu’il ne se laisserait pas avoir par de belles paroles ou de grandes excuses. Cela était sans doute là le problème, quelque part. Il me connaissait trop bien. Il lisait la vérité sur mon visage, parvenait à décrypter mes émotions sur mes traits, tout comme j’avais si bien su le faire auparavant, lorsque ce qu’il s’était passé avec Chase l’avait tourmenté. J’étais venue chez lui pour lui tenir compagnie, à cette époque. J’avais fait de mon mieux pour soulager son fardeau, sa conscience. J’avais tenté d’apaiser ses émotions, de partager sa douleur, même. N’était-ce pas ce que nous faisions ? Veiller l’un sur l’autre ? Pourtant, au fond de moi, je refusais de l’accabler avec une situation que je ne parvenais pas à comprendre. Pourtant, au fond de moi, j’avais l’impression que c’était injuste, injuste de l’entrainer avec moi, injuste de le contraindre d’avoir affaire à toutes ces choses. « Je te l’ai dit, Jake. Ça va mieux. » répétai-je en lui adressant un sourire calme. Je suis désolée, Jake. Désolée si ce n’est pas assez. « Ce n’est pas facile tous les jours mais ça va aller. Ça va toujours. » Le répéter, c’était comme y croire. Le répéter, c’était comme si cela devenait réel, comme si cela allait réellement se dérouler de cette manière. Ma gorge se serra quand je réalisais que je prenais un soin tout particulier à me mentir à moi-même. « Ne t’inquiète pas pour moi, d’accord ? Je ne vais pas me laisser abattre. Ce n’est pas mon genre. » Au fond de moi, je voulais lui dire, sans doute. Au fond de moi, j’espérais enfin exprimer mes craintes, ma confusion. Au fond de moi, j’avais besoin de partager, mais je refusais d’entrainer quelqu’un dans ma chute. Je refusais d’être secourue alors que j’avais fait le vœu de secourir.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Jeu 2 Avr 2015 - 18:27 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ Jake n’avait aucune idée de la façon dont Olivia parvenait à faire semblant pendant si longtemps. Faire semblant qu’elle allait bien. Faire semblant qu’il ne se passait rien de spécial dans sa vie. Faire semblant qu’elle n’avait pas besoin d’aide. Il avait essayé lui aussi, quand il allait mal. Pas vraiment convaincant. C’était principalement par fierté qu’il l’avait fait, pour ne pas paraître faible et pour ne pas attirer la pitié chez les autres. Mais ce n’est pas la raison qui pousse Olivia à agir ainsi. Il le sait. Ce qui la fait cacher ses sentiments, agir comme si elle était forte alors qu’elle est sur le point de s’écrouler, c’est ce besoin de s’inquiéter pour les autres avant de s’inquiéter pour elle. Elle ne veut pas causer de soucis à d’autres personnes donc elle garde le secret, garde la tête haute et se concentre sur d’autres problèmes que les siens. Dit ainsi, ça a l’air simple. Mais Jake ne sait pas comment elle se débrouille pour ne pas craquer, pour ne pas laisser sortir tout ce qu’elle a dire. Il l’avait vue plusieurs fois craquer durant les dernières années mais cela restait rare. A sa place, n’importe qui serait au trente-sixième dessous et chercherait du réconfort n’importe où. Mais elle garde tout pour elle, reste forte et épargne aux autres ses problèmes. Jake ne sait pas trop si c’est une preuve de force ou de stupidité. Sans doute un savant mélange des deux. Il la connait assez pour savoir qu’elle ne va pas aussi bien qu’elle le prétend. Qu’elle a besoin d’aide même si elle ne la demandera jamais. Même si elle ne s’en rend pas compte. Même si elle refuse de l’admettre. Elle a déjà laissé Jake l’aider, à plusieurs reprises mais ça a toujours pris du temps. Le temps qu’elle accepte avoir besoin d’aide. Qu’elle regarde le problème en face. Tenant ses mains dans les siennes pour l’empêcher de trembler, il lui demande d’être honnête. Il ne veut pas qu’elle lui parle des problèmes des autres ou lui fasse un résumé de toute la situation. Il veut qu’elle lui dise comment elle tient le coup. Comment elle accuse la nouvelle. Elle n’a pas d’épaule sur laquelle se reposer, pas de guide pour lui expliquer comment faire. Elle reste forte pour soutenir son mari qui a traversé des choses horribles et qui, d’après ses dires, a du mal à se réhabituer à la vie réelle. Elle l’aide, le soutient mais qui la soutient, elle ? Qui est là pour elle quand la charge devient trop importante ? Jake accepte cette place, sans même se poser la question. Être là pour elle, c’est un réflexe. Aussi simplement que ça. Elle reste silencieuse quelques instants et, sur ses traits, Jake lit toute sa détresse. Tout ce qu’elle retient en elle. A force de garder la tête haute, ses épaules ne parviennent plus à la soutenir. Elle a trop de choses qu’elle garde pour elle. Trop de choses qu’elle ne dit à personne. Trop de choses qu’elle ne se dit même pas à elle-même. « Je te l’ai dit, Jake. Ça va mieux. » Mieux, ça ne veut rien dire. Mieux, ça ne dit pas comment elle va. Ça ne dit pas de quel point elle part pour comparer. Mieux par rapport à quoi ? Mieux, ça peut vouloir dire qu’elle va bien ou bien qu’elle va terriblement mal, juste un peu mieux qu’avant. Mieux, tout ce que ça veut dire c’est pas pire. Mieux, ce n’est pas une réponse. « Ce n’est pas facile tous les jours mais ça va aller. Ça va toujours. » Il ne doute pas qu’elle puisse surmonter tout ça. Il pense juste qu’il peut l’aider à le faire. Qu’elle ne devrait pas avoir à le faire seule. Il doute qu’Olivia confie ce qu’elle ressent à son mari encore instable. Il la connait, elle doit être forte pour eux deux. C’est toujours ce qu’elle fait. Que ça soit avec des personnes qu’elle connait ou avec ses patients. Elle prend leur peine et reste forte, quoiqu’il advienne. A force de prendre tous les chagrins et difficultés des autres, elle va finir par exploser. « Ne t’inquiète pas pour moi, d’accord ? Je ne vais pas me laisser abattre. Ce n’est pas mon genre. » Il ne sait pas si elle y croit réellement ou si elle essaye de s’en convaincre. Dans les deux cas, il s’inquiète pour elle. Elle devrait savoir que Jake ne va pas s’arrêter là. Qu’il la connait mieux que ça pour croire à ses semi-vérités qu’elle lance sans y croire pleinement. « T’aurais le droit pourtant. » Il la regarde. Elle refuse de laisser ses sentiments parler. S’emparer d’elle. La perspective de perdre le contrôle doit l’effrayer. Il le comprend parfaitement. S’efforcer à faire taire ses sentiments peut sembler plus facile que de les affronter. On ne sait jamais l’ampleur qu’ils vont prendre. La façon dont on va réagir à tout ça. Si on sera capable de s’arrêter si on ouvre les portes. Tout ça peut être terriblement effrayant, il le sait. « Avec tout ce que t’as vécu, t’aurais parfaitement le droit de te laisser aller, de t’effondrer, ça serait normal. La plupart des gens n’ont pas vécu la moitié de ce qu’il t’est arrivé et certains sont quand même tombés en dépression. » Tout le monde n’a pas la même force qu’Olivia. Tout le monde ne réagit pas de la même façon aux drames. Mais il faut trouver le juste milieu entre la dépression et le déni. Trouver l’équilibre, s’il existe. « Et moi, j’suis là pour toi. Tu peux tout me dire. » Ils se sont soutenus l’un l’autre dans les pires situations. Ont connu l’autre dans ses pires moments et sont restés quand même. Jake ne pense pas qu’Olivia ait peur de lui faire peur. Elle a peur de ce qu’elle garde en elle. « C’est à ça que sert la famille non ? »
(✰) message posté Jeu 9 Avr 2015 - 12:43 par Invité
hope when you take that jump, you don't fear the fall. hope when the water rises, you built a wall. hope when the crowd screams out, they're screaming your name. hope if everybody runs, you choose to stay. hope that you fall in love, and it hurts so bad, theonly way you can know is give it all you have and I hope that you don't suffer but take the pain. hope when the moment comes, you'll say 'i did it all, i owned every second that this world could give, i saw so many places, the things that i did. with every broken bone, i swear i lived'. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression que le regard de Jake parvenait à sonder mon âme jusque dans les profondeurs de mon corps. J’avais l’impression qu’il décryptait chacune de mes émotions, le moindre trouble que je pouvais laisser paraître, par inadvertance, sur mon visage. Je savais que je ne parviendrais jamais à réellement lui mentir ; il ne connaissait que trop bien mes façons de faire, mes manières de réagir. Il savait qu’il ne pouvait jamais réellement faire confiance à mes vérités. Que, bien souvent, elles cachaient bien plus qu’un simple mal être passager. Que, bien souvent, elles cachaient des blessures que je prenais un soin tout particulier à oublier, oublier au fond de mon corps, au fond de mon cœur. Que, bien souvent, elles n'étaient rien d'autre qu'un mensonge. Je le voyais sur son visage, également. Je voyais qu’il savait parfaitement qu’aller mieux ne voulait pas dire aller bien et que, dans mon cas, cela se rapprochait sans doute plus de aller mal. Je voyais sur son visage qu’il n’était pas satisfait par mes réponses et qu’il voulait plus, tellement plus, plus que je ne pouvais lui donner, sans doute. Je l’entendais presque me dire allez, Liv, crache-le morceau. Crache-le avant qu’il ne soit trop tard, et tout cela simplement en me sentant scrutée par ses yeux. Il n’avait même pas besoin de parler, au fond. Il n’avait même pas besoin de cette peine. Je parvenais à saisir ses indignations en détaillant simplement son regard. C’était presque un fléau, quelque part, celui d’être trop bien connue d’une personne. Cependant, malgré le sentiment constant que j’avais d’être oppressée, je ne parvenais pas à me dire que cela était une mauvaise chose ; je passais le plus clair de mon temps à éviter de me confier et, pourtant, le simple fait de savoir qu’il serait là, au cas où, me réconfortait d’une certaine manière. Je n’étais pas seule. Même si je m’obstinais à être, je ne l’étais pas. Même si je m’éloignais des autres pour ne pas leur dévoiler tout ce que je pouvais bien ressentir, je savais qu’il existait des individus qui m’accompagneraient toujours dans les chemins les plus tortueux qu’il soit, sans même que je ne leur demande de le faire. « T’aurais le droit pourtant. » finit-il par décréter. Je l’observai en silence, me faisant violence pour ne pas secouer la tête et le contredire. Il disait cela mais il ne savait pas. Il disait cela mais il n’avait aucune idée des responsabilités que j’avais. Je devais me lever avec le sourire. Un sourire pour deux, simplement pour montrer à Isaac que la vie était ce qu’elle était, simplement pour lui donner envie de se lever. Je devais rire aux bêtises de mes frères et sœurs pour leur faire croire que tout allait bien. Pour leur montrer que, si je parvenais à accuser le coup, ils pourraient sans doute le faire, eux aussi. Je devais être enthousiaste et heureuse de vivre. Je devais l’être parce qu’il n’y avait plus que moi pour être positive. Je devais absorber le malheur des autres et m’occuper de leur problème, simplement parce que cela était ce que j’avais toujours fait, simplement parce que c’était mon rôle. Alors, non. Je n’avais pas le droit d’aller mal. Je n’avais pas le droit de céder à la détresse, parce que j’avais l’impression que, si je le faisais, tout finirait par s’écrouler. « Avec tout ce que t’as vécu, t’aurais parfaitement le droit de te laisser aller, de t’effondrer, ça serait normal. La plupart des gens n’ont pas vécu la moitié de ce qu’il t’est arrivé et certains sont quand même tombés en dépression. » reprit Jake, comme pour contredire mes pensées. « Et moi, j’suis là pour toi. Tu peux tout me dire. » J’esquissai un sourire pour lui montrer que ses paroles me touchaient. Pour lui montrer que je l’entendais, même si je ne cédais pas à ses mises en garde et ses mots. Oh, Jake, j’ai peur que si je me mets à pleurer je ne parviendrais pas à m’arrêter. « C’est à ça que sert la famille non ? » J’eus l’impression que mon cœur se brisa dans ma poitrine, comme si ses simples mots avaient un sens tout autre. « La famille. » répétai-je. Ma gorge se serra dans cette détresse qui m’envahissait. La famille, la famille, la famille. N’était-ce justement pas cela qui me faisait du mal ? J’avais cru pouvoir fonder une famille. J’avais cru pouvoir avoir la mienne. Mes espoirs s’étaient réduits en poussières et avaient disparu pendant plus de quatre ans ; du jour au lendemain, cette simple notion s’était retrouvée à m’accabler, d’une certaine manière. La famille. Je m’étais enfermée dans le travail parce qu’être proche des autres faisait trop mal. La famille. Oui, la famille. Mais, dans mon esprit, si cela était le plus beau cadeau qu’il soit, cela était également un fardeau de plus. Une ombre sur le cœur. « Je… » commençai-je avant de finalement m’arrêter dans mon élan. Je déglutis avec difficulté, mesurant mes inspirations. Oui, la famille. La famille était là pour se soutenir. La famille était là pour aimer. Mais la famille faisait partie aussi de ces faiblesses, ces faiblesses qui nous rendent bien plus vulnérables. « Je ne suis pas sûre de faire les bonnes choses, Jake. » finis-je par dire. La famille. La famille. La famille. J’avais passé des années, après la disparition d’Isaac, à la rejeter. Au fond, seul Jake n’avait pas subi le même traitement ; cela n’avait fait que me prouver, au fil des années, que je ne pouvais pas m’en sortir toute seule malgré tous mes efforts. « La famille… Mes frères et sœurs… Je dois être là pour eux et leur faire croire que tout ira bien même si je n’en suis pas sûre moi-même. » poursuivis-je. « Et Isaac… Je n’ai pas le droit de me laisser aller, tu comprends ? Je ne peux pas. » C’est à ça que sert la famille, non ? Oui, justement. C’était à cela que servait la famille. Et j’étais la famille de tous ces individus ; alors, pour eux, je devais être forte. Je devais les soutenir. Et, au fond, je ne devais surtout pas lâcher prise non plus.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Ven 10 Avr 2015 - 11:36 par Jake O. Cavendish
Doesn’t matter how tough we are. Trauma always leaves a scar. It follows us home, it changes our lives, Trauma messes everybody up, but maybe that’s the point: All the pain and the fear and the crap. Maybe going through all of that is what keeps us moving forward, it’s what pushes us. Maybe we have to get a little messed up, before we can step up. ✻✻✻ La peine. La souffrance. Chaque personne a sa propre façon de la gérer, de la vivre. Beaucoup la laissent prendre possession d’eux. Ils partent en vrille, font une dépression et refusent d’aller mieux. Ils ne sont plus que cette douleur et tout le monde la voit. Certains refusent l’aide des autres, certains la demandent. Pour la plupart, leur peine dépasse ce qu’elle devrait être normalement. Non pas qu’il y ait une norme, chacun réagit à sa façon. Pour Jake, ça a toujours semblé invraisemblable de ne pas sortir de chez soi pendant des mois, de pleurer une relation sans cesse, peu importe à quel point on tenait à la personne. Quand on sait qu’il existe des choses beaucoup plus graves qu’une rupture, ça peut paraitre ridicule. Pour autant, il n’ira pas juger ces personnes. Après tout, il a lui aussi vécu des ruptures et il sait que ça peut être difficile de perdre quelqu’un. Mais comparer tout ça à ce qu’Olivia a vécu, ça serait démesuré. Pourtant, sa cousine a une façon toute particulière de réagir à sa peine. Elle n’est sûrement pas la seule à agir comme ça. C’est le principe, à moins de connaître réellement la personne, il est difficile de savoir quand elle souffre. Cacher sa douleur, afficher une force à laquelle on a nous-même du mal à croire, continuer d’avancer quoiqu’il arrive. Jake sait très bien qu’Olivia garde tout pour elle, comme elle l’a toujours fait. Elle ressent le besoin d’être forte pour tout le monde alors que ses forces à elle sont presque épuisées. Elle s’inquiète toujours pour les autres avant de s’inquiéter pour elle-même. Beaucoup considèreraient sans doute ça comme une qualité mais c’est aussi un piège. Un piège qui peut s’avérer dangereux si on n’y fait pas attention. Il sait pertinemment qu’elle refusera de parler de tout ça avec son mari ou avec d’autres. Déjà qu’elle a du mal à se confier à Jake. Elle doit sans doute être quand même heureuse qu’Isaac soit revenu mais c’est sûrement éprouvant aussi. Jake ne peut pas imaginer ce qu’elle ressent. Difficile de s’imaginer dans une telle situation. Il essaye tant bien que mal de la mettre en confiance, de la convaincre qu’elle a le droit de parler. Elle a beau tenter de le convaincre qu’elle va bien, il n’y croit pas. Il la connait assez pour savoir qu’elle cache ses sentiments. « La famille. » Murmure-t-elle, plus pour elle que pour lui. Il est vrai que, même si Olivia s’entend bien avec sa famille, elle n’est pas tellement proche d’eux. Tout comme Jake ne l’est pas de la sienne. Il leur parle, bien sûr mais se confier pleinement, c’est autre chose. Lui et Olivia ont fait exception à la règle, à cause de ce qu’ils ont traversé tous les deux. Parce qu’ils pouvaient se comprendre et qu’ils se soutenaient, sans aucun jugement. C’est toujours le cas aujourd’hui et Jake est heureux de pouvoir compter sur sa cousine, qu’importe les circonstances. « Je… » Il la regarde, ses mains tenant toujours les siennes, sans même se poser la question. Elle est bien plus affectée par toute cette histoire qu’elle ne le laisse paraître. « Je ne suis pas sûre de faire les bonnes choses, Jake. » Qu’est-ce que c’est au fond les bonnes choses ? Il n’y a pas de guide pour ce genre de situation. Pas d’antécédents ou très peu. Et personne ne va la juger pour la façon dont elle agit. Vu de l’extérieur, elle a l’air de gérer parfaitement tout ce qui se passe dans sa vie. Elle continue de vivre, gardant ce sourire de façade, s’efforce de ne pas montrer ses faiblesses pour épargner les autres. « La famille… Mes frères et sœurs… Je dois être là pour eux et leur faire croire que tout ira bien même si je n’en suis pas sûre moi-même. » Comment pourrait-elle en être sûre ? Comment savoir si la vie va reprendre son cours normal ? Pendant quatre ans, elle a vécu une autre vie et la voilà plongée à nouveau dans un passé dont elle avait fait le deuil. Elle devrait en parler et non pas essayer de convaincre les autres. « Et Isaac… Je n’ai pas le droit de me laisser aller, tu comprends ? Je ne peux pas. » Il peut le comprendre. Il n’a aucune idée de comment peut aller Isaac après tout ce qu’il a vécu mais ça ne peut pas être facile. Ni pour lui ni pour Olivia. Mais elle ne devrait pas rester silencieuse pour autant. « Avec moi, tu peux. Tu peux craquer et me dire tout ce qui te passe par la tête. » Jake a un peu de mal à comprendre pourquoi elle ne veut pas se confier à lui. Il met ça sur le compte de sa peur d’ennuyer les gens avec ses problèmes. Elle devrait savoir qu’elle ne l’embêtera jamais. Et qu’il peut tout entendre, sans juger. Etre l’épaule attentive dont elle a besoin. « Je le dirais à personne, j’suis même prêt à emporter le secret dans ma tombe. » Quel intérêt aurait-il à aller raconter ça ? A qui pourrait-il le raconter d’ailleurs ? Il sait qu’elle préfère que peu de personnes soient au courant de ses problèmes, pour ne pas déranger alors il respectera toujours sa volonté. « Pour ce que ça vaut, je trouve que tu t’en tires bien… compte tenu des circonstances. » La force d’Olivia le surprendra sans doute toujours. Peu importe ce que le monde lui envoie comme obstacles, elle continue toujours d’avancer. Parfois plus lentement, parfois en courant, parfois en rampant presque. Mais elle continue. « Enfin si tu préfères, on peut changer de sujet ou même ne plus parler. » La forcer serait contraire à tout ce en quoi il croit. Alors même s’il souhaiterait qu’elle s’exprime, il arrête d’insister. Le temps viendra sûrement où elle voudra en parler.