(✰) message posté Mar 24 Mar 2015 - 3:17 par Invité
D’ordinaire, ne rien dire serait le style de James. Néanmoins, la rouquine n’a pas posé cette question par simple politesse. C’était peut être sa façon à elle de changer de sujet, de ne plus être le sens de la conversation - ce qui la rend plutôt mal à l’aise. « Oh moi, je vais bien. J’ai beaucoup de travail mais dans l’ensemble, je n’ai vraiment pas à me plaindre. » Elle l’a écouté. Sans broncher. Sans chercher à creuser plus. De tout façon, ce serait peine perdue. Les rôles ne changent guère. Au final, la jeune femme ne sait pas ce qui l’affecte le plus : apprendre officiellement qu’il s’est réfugié dans son travail pour une bonne raison ou rester dans le noir, comme il vient de le faire. Elle se contente donc de sa présence, ce qui est toujours ça de gagné. Alors qu’elle regarde la carte avec un peu plus d’appétit à chaque seconde qu’elle passe en revu la liste des plats, il répond à sa seconde question. Nettement plus bavard cette fois. Elle imagine très bien chaque geste, chaque détail, quant aux émotions, c’est une autre histoire. De toute façon, Ivana s’en doutait un peu : on ne peut pas se mettre dans la tête de quelqu’un, du moins dans cette partie du cerveau, si particulière. Si elle est plutôt soulagée d’apprendre que tout c’était bien passé pour Emma, elle ne peut pas s’empêcher de frissonner, de se sentir soudainement toute bizarre. Malgré tout ce que Remy peut lui dire, elle se considère toujours comme ayant peu de forme, alors comprenez que l’image du ventre tout rond avec quelque chose de vivant dedans que l’on voit bouger… À défaut d’avoir un petit frère ou une petite sœur, la rouquine n’a jamais rien vu de tel. C’est… bizarre. Finalement, c’est l’anecdote des fraises et de la sauce au poivre qui l’a font sourire. Pourquoi pas ? L’un des seuls épisodes de Docteur Who qu’elle a eu l’occasion de voir, le personnage principal mangeait des bâtonnets de poissons panés dans de la crème anglais. Depuis, peu d’originalités culinaires de ce style l’étonnent. « C’était juste pour savoir. En tout cas, je suis pas étonnée par ton côté mère poule. Sinon, j’avais rapidement entendu dire que les femmes enceintes avaient comme une mini vessie. Tu sais comme quand tu bois de la bière et que la mi temps d’un match ne te suffit plus pour te soulager. » La rouquine s’arrête alors qu’un serveur s’est arrêté à leur table, à priori prêt à prendre leur commande. Même si tout lui fait envie, elle se contente de son plat habituel avec un extra. « Un burger végétarien et un milkshake au chocolat, s’il vous plait. » James a bien fait de la ramener à la réalité : elle meurt de faim finalement. « Mais tant mieux, si Emma était heureuse pendant sa grossesse. » Sans même s’y préparer psychologiquement, Ivana sent comme une vague d’émotion l’envahir, toute stressée par la journée, les résultats. Il fallait bien tôt ou tard qu’elle fasse connaissance avec son côté drama queen.
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(✰) message posté Mar 24 Mar 2015 - 22:41 par Invité
Certains détails concernant les femmes enceintes ne l’intéressaient pas le moins du monde et la taille de la vessie en faisait partie. D’ailleurs, James trouvait étrange qu’elle se pose ce genre de questions. N’y avait-il rien d’autre de marquant à retenir au sujet d’une éventuelle grossesse ? Mais après tout, c’était peut-être tout à fait normal de la voir s’interroger de la sorte. Tout devait être terriblement confus dans l’esprit de la jeune fille et l’éditeur comprenait ça. « Navré, je ne suis pas un spécialiste de la question. » se contenta-t-il de répondre avant de laisser Ivana passer sa commande. Pour sa part, il n’avait absolument pas faim. Il fit donc signe au serveur qu’il ne prendrait rien et continua de fixer Ivana avec attention. « Mais tant mieux, si Emma était heureuse pendant sa grossesse. » Tant mieux ? Tant mieux … C’est tout ce qu’elle trouvait à dire ? James soupira doucement et consulta l’heure sur sa montre. Plus que quelques heures à attendre avant d’obtenir les résultats. « Tant mieux, comme tu dis. » Visiblement, cette conversation le dérangeait beaucoup. James n’aimait pas évoquer cette période de sa vie pour la simple et bonne raison que c’était douloureux pour lui d’en parler. Il venait de le faire, il venait de se confier à Ivana pour recevoir un simple « tant mieux ». Il n’était pas du genre à s’offenser facilement mais là, il trouvait qu’elle exagérait légèrement. « Tu m’excuses, j’ai un coup de téléphone à passer.» Chose vraie. Ce coup de téléphone aurait pu attendre mais non. James préférait sortir un instant et s’occuper de ses affaires histoire de se changer un peu les idées. Ainsi, il n’attendit pas la réponse d’Ivana pour se lever, sortir du restaurant et téléphoner à sa secrétaire afin qu’elle annule les rendez-vous prévus pour l’après-midi. Il ne serait pas en mesure de les honorer de toute manière. James n’avait pas envie de laisser Ivana toute seule, c’était même totalement impensable à ses yeux. De ce fait, il resta en ligne durant une bonne dizaine de minutes, juste le temps de fournir des indications supplémentaires à sa secrétaire. Après quoi, l’éditeur entra de nouveau et revint s’asseoir devant Ivana dont le burger était arrivé. « Je ne sais pas comment tu fais pour avaler cette nourriture infâme. Bon sang, les jeunes vous ne savez plus manger. »
(✰) message posté Mer 25 Mar 2015 - 3:14 par Invité
Il faut croire que quatre mots suffisent pour que la rouquine sente comme un courant d’air froid passer entre elle et James. Sans s’y attendre. « Tu m’excuses, j’ai un coup de téléphone à passer. » Les mots claquent dans l’air, un peu comme un coup de tonnerre. Elle a tout juste le temps de cligner des yeux pour constater qu’il est vraiment sorti. Dorénavant, toute seule dans le restaurant, sans quoi que ce soit à se mettre sous la dent pour le moment, la jeune femme attrape un serviette ainsi qu’un stylo, retombant nez à nez avec le test. Alors qu’un nouveau frisson parcoure son épiderme, elle tente de séparer la serviette en deux colonnes sans trop de dégâts : pros, cons. Ces dernières sont toujours vides alors que le serveur pose une assiette pleine sous son nez et que James réapparait par la même occasion. « Je ne sais pas comment tu fais pour avaler cette nourriture infâme. Bon sang, les jeunes vous ne savez plus manger. » Instinctivement, elle a comme une envie de l’appeler grand-père s’il continue comme cela. « C’est pas moi qui vient d’un pays où l’on mange des hot dog ou presque tout ce que l’on veut finalement à chaque coin de rue. » Enfin d’un autre côté, les Anglais font guère mieux et elle en est bien consciente : ils mangent carrément du poisson fris, emballé dans du papier journal, dans la rue. « Mais si tu doutes de mes talents, je relève le défi de préparer quelque chose de correct un jour sous ton nez. » Ivana s’est toujours débrouillée en cuisine et en vivant avec Sharona, elle ne fait que s’améliorer. « J’admets néanmoins que les repas corrects sont plus souvent réalisés par Kaspar. » Là-dessus, elle croque dans son burger et attend d’avoir la bouche vide pour reprendre. « Je ne voulais pas paraître impolie ou complètement indifférente à ton, enfin votre, histoire. » C’est bien la dernière chose qu’elle ferait. Volontairement, en tout cas. Parfois, elle ferait mieux de réfléchir un peu plus longtemps, ou encore de tourner sa langue dans sa bouche comme les parents le disent, avant d’ouvrir sa bouche. « Désolée, si ça t’a semblé être le cas. » Ivana marque une pause. « Tu me parles d’un de tes plus beaux souvenirs, aussi douloureux soit-il, et… Et d’une façon ou d’une autre, ça rend les choses encore plus concrètes, de savoir ce qu’il en est vraiment même si c’est subjectif, comme tu le dis. Et puis, je trouve ça injuste aussi. » En effet, James a beau dire que Kaspar et elle feraient de bons parents, cela ne devrait pas être leur tour. Et puis, elle a du mal a concevoir quelque chose de joyeux et resplendissant aujourd’hui. La voilà donc en train de doucement culpabiliser et prendre conscience qu’elle n’aurait pas du lui poser cette question. « J’en peux déjà plus d’attendre, je vais finir folle. » Ceci n’est pas une blague. Même si de toute façon, qu’elle le veuille ou non, de par son passé Ivana a déjà un pied dans la case psychiatrie. Elle tente de se concentrer sur leur semblant de conversation, le bruit autour d’eux ou même son plat pour ne pas faire les cents pas dans sa tête.
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(✰) message posté Mer 25 Mar 2015 - 19:05 par Invité
La répartie d’Ivana ne manqua pas de le faire sourire de bon cœur. En tant qu’américain de pure souche, on aurait pu attendre de James qu’il raffole de Junk Food et la cautionne comme la grande majorité de ses compatriotes, mais c’était bien loin d’être le cas. L’éditeur avait un goût un peu trop prononcé pour le raffinement, y compris en matière de nourriture. Il n’était pas bien difficile mais les burgers faisaient clairement parti des aliments qu’il détestait le plus au monde. « Tu marques un point. Mais depuis le temps que je vis à Londres, j’ai développé un côté British qui a considérablement pris le pas sur mes travers naturels. Puis tu sais, tous les américains ne passent pas leur temps à manger des burgers-chips, à boire de la bière tout en regardant le super bowl. Je vivais à Manhattan, je n’avais malheureusement pas le temps de regarder les matchs… » lança-t-il avec amusement. Le sport à la télé n’était clairement pas son truc. James préférait de loin y assister en vrai quand il en avait la possibilité. Mais de manière plus générale, il n’était pas particulièrement un fervent amateur des sports populaires. Son truc à lui, c’était l’aviation. Il ne fallait pas se contenter de capacités physiques mais bel et bien se centrer sur ses facultés mentales pour parvenir à maitriser un avion. S’il n’avait pas été éditeur, il aurait clairement voulu être pilote de ligne. « Mais si tu doutes de mes talents, je relève le défi de préparer quelque chose de correct un jour sous ton nez. » Oh il n’en doutait pas un seul instant. Mais c’était un risque à prendre étant donné qu’il n’aimait pas la nourriture anglaise de manière générale. Paris était de loin sa ville favorite d’un point de vue culinaire. C’est en dégustant du vin dans un restaurant en bord de Seine qu’il avait voulu faire l’acquisition d’un vignoble en France. Depuis, James avait le privilège de pouvoir savourer sa propre cuvée chaque année. « J’accepte volontiers. Je te propose même un défi : on passe tous les deux derrière les fourneaux et on voit lequel de nous se débrouille le mieux en cuisine. Je ne suis pas un chef, mais je pense ne pas trop mal m’en sortir…» plaisanta-t-il. Cela dit, James était vraiment doué pour la cuisine. Bon il n’allait pas jusqu’à cuisiner des plats trop complexes, mais de manière assez instinctive, il parvenait à réaliser des plats délicieux en se contentant d’un minimum d’ingrédients. « J’admets néanmoins que les repas corrects sont plus souvent réalisés par Kaspar. » Vraiment ? James ne l’imaginait pourtant pas en pro de la cuisine. En fait, il l’imaginait davantage avec les doigts huileux et une grosse barquette de frites sur les genoux. Comme tous les jeunes, en fait. « Ce jeune homme est décidément parfait.» Il lança une œillade innocente avec amusement en direction d’Ivana, simplement pour voir sa réaction. « Je ne voulais pas paraître impolie ou complètement indifférente à ton, enfin votre, histoire. » Le sourire de James s’estompa légèrement et il haussa les épaules avec désinvolture, l’air de dire que ce n’était pas bien grave. Il ne fallait pas qu’elle s’inquiète à ce sujet. James avait toujours tendance à réagir dans l’extrême dès qu’il s’agissait d’aborder des sujets un peu trop personnels. La grossesse d’Ivana et se remémorer celle d’Emma venait étrangement faire écho à la conversation qu’il avait récemment eu avec Lexie au sujet du fait d’avoir ou non un bébé. Soit autant d’éléments qu’il avait du mal à gérer pour l’instant. Il n’aurait certainement pas dû réagir de la sorte et il en avait bien conscience. « Désolée, si ça t’a semblé être le cas. Tu me parles d’un de tes plus beaux souvenirs, aussi douloureux soit-il, et… Et d’une façon ou d’une autre, ça rend les choses encore plus concrètes, de savoir ce qu’il en est vraiment même si c’est subjectif, comme tu le dis. Et puis, je trouve ça injuste aussi. » Rien n’était simple. Aussi bien pour lui que pour la jeune femme. James se garda toutefois de faire le même commentaire en affirmant qu’il était précisément dans la même situation qu’elle. Inutile de l’inquiéter inutilement. « Ne t’en fais pas, tout va bien. J’ai tendance à toujours être sur la défensive dès qu’il s’agit d’aborder des choses un peu trop personnelles. En l’occurrence, je n’évoque que rarement cette période-là. J’ai même parfois l’impression que c’était dans une autre vie. Tu n’as rien fait de mal. C’est moi qui … enfin n’en parlons plus. Quant à toi, il faut que tu prennes le temps de réfléchir. Il faut toujours prendre un peu de recul pour percevoir les éléments avec un minimum de lucidité. Je sais que c’est effrayant, mais dis-toi que rien n’est insurmontable. Kaspar et toi, vous parviendrez toujours à prendre les bonnes décisions.» Il leur faisait pleinement confiance de ce côté-là. Ils étaient deux jeunes gens intelligents et parfaitement enclins à faire des choix judicieux. James ne pouvait que les soutenir et les épauler autant qu’il le pouvait. Mais pour l’instant, il ne souhaitait pas dire quoi que ce soit susceptible d’influencer Ivana outre mesure. « J’en peux déjà plus d’attendre, je vais finir folle. » Chose parfaitement compréhensible. Cela ne servait pourtant à rien qu’elle se mette dans un état pareil. Les résultats n’arriveraient pas plus vite pour autant. « Je comprends. Mais paniquer n’y changera rien. Tu veux qu’on commence à y retourner ? Avec un peu de chance, ils les auront plus tôt que prévu…»
(✰) message posté Ven 27 Mar 2015 - 3:30 par Invité
Ivana fait mine d’avoir l’air stupéfaite, si ce n’est choquée, qu’un tel mythe s’écroule quand James lui avoue ne pas être du genre à passer son temps libre devant la retransmission d’un match de foot avec bière et burger sous la main. Quand on le connaît un tant soit peu, c’est une scène plutôt difficile à imaginer. « J’accepte volontiers. Je te propose même un défi : on passe tous les deux derrière les fourneaux et on voit lequel de nous se débrouille le mieux en cuisine. Je ne suis pas un chef, mais je pense ne pas trop mal m’en sortir… » Ivana accepte le défi d’un simple hochement de tête. Elle ne doute pas une seconde de ses talents, puisqu’elle est bon public quand il s’agit de nourriture. D’ailleurs, c’est bien une raison pour laquelle elle ne propose pas de soumettre leurs œuvres à un jury : elle est certaine de « Ce jeune homme est décidément parfait. » Ça l'étonne ? La jeune femme a ce sourire en coin et les pommettes roses. Elle doute de son objectivité sur la question. Sans hésiter, elle confirmerait le constat de James. Évidemment que Kaspar a des défauts, comme tout le monde, mais il faut croire que le bonheur qu’il lui apporte chaque jour les occulte. « Ne t’en fais pas, tout va bien. J’ai tendance à toujours être sur la défensive dès qu’il s’agit d’aborder des choses un peu trop personnelles. En l’occurence, je n’évoque que rarement cette période-là. J’ai même parfois l’impression que c’était dans une autre vie. Tu n’as rien fait de mal. C’est moi qui… enfin n’en parlons plus. Quant à toi, il faut que tu prennes le temps de réfléchir. Il faut toujours un peu de recul pour percevoir les éléments avec un minimum de lucidité. Je sais que c’est effrayant, mais dis-toi que rien n’est insurmontable. Kaspar et toi, vous parviendrez toujours à prendre les bonnes décisions. » Ça fait tellement adulte, loin de cette vie étudiante qu’elle mène, entre deux étapes de la vie. C’est certainement le genre de conversation qui lui manque parfois. Gorge nouée, elle acquiesce. C’est à ce moment là que le regard d’Ivana glisse à nouveau sur la serviette. Toujours aussi vide. « Je sais même pas s’il y a une, et une seule, véritable bonne décision à prendre. » Néanmoins, si toutes les options qui se proposeront à eux comportent des sacrifices, certaines pourraient amener des regrets. « Je comprends. Mais paniquer n’y changera rien. Tu veux qu’on commence à y retourner ? Avec un peu de chance, ils les auront plus tôt que prévu… » Oui. Non. Et le pire, c’est qu’elle ne peut pas s’en prendre à lui de quelque façon que ce soit : James doit savoir exactement ce qu’elle traverse et dans quel état psychologique Ivana se trouve. En attendant de trouver le courage de prendre une décision et de l’exécuter, Ivana retourne noyer ses peurs et angoisses du jour dans son « infâme » burger, qui ne l’est pas tant que cela d’ailleurs. Alors qu’elle vient de manger une bonne moitié de son plat, la rouquine s’essuie les lèvres et prend une profonde inspiration. « On peut y aller, je pense… » Au cas où ils aient les résultats plus tôt. Sur place, on les reçoit sans trop attendre dans la même salle d’examination sans un mot. Le médecin, tout sourire, lui tend une feuille soigneusement pliée. Sans vouloir faire durer le suspens, Ivana met quelques minutes pour l’ouvrir. La jeune femme se mord la lèvre et fronce les sourcils au cours de sa lecture. Un rire nerveux résonne dans la pièce : aussi loin remonte ses souvenirs, ce qu’elle vient de lire ne peut pas être possible. Elle se lève pour inspecter les affiches pédagogiques placardées sur l’un des murs. « James, t’es un homme de lettres, mais t’es brillant aussi. Douze divisé par quatre, ça donne combien ? »
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(✰) message posté Jeu 16 Avr 2015 - 23:30 par Invité
Sur le chemin du retour, James fut capable de percevoir toute la tension qui habitait la jeune fille. Il savait qu’elle était anxieuse et il n’y avait rien de plus légitime dans son cas. Cette annonce allait probablement changer son existence toute entière, comme elle avait changé la sienne quelques années plus tôt. Mais comme il avait tenté de le lui faire comprendre, il savait que Kaspar et elle prendraient la bonne décision. Ils étaient suffisamment mâtures pour faire la part des choses, peser le pour et contre et envisager l’avenir avec lucidité. Ils allaient certainement en parler … Chose qu’il aurait aimé pouvoir faire avec Alexandra si seulement elle n’était pas si bornée ! Ou peut-être qu’il était lui-même le cœur du problème. Peut-être qu’il ne lui inspirait pas suffisamment confiance pour qu’elle daigne échanger avec lui sans se braquer à la moindre remarque. Il aurait aimé être là pour la soutenir mais elle avait immédiatement dressé un mûr entre eux, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’avait pas son mot à dire. C’est dans ces moments-là qu’il se disait que Lexie était bien trop jeune… bien trop impulsive. Elle avait ce tempérament insaisissable qui frôlait parfois l’incompréhension. Leurs différences étaient bien trop marquées désormais. C’est en apercevant le panneau de l’hôpital que James sortit de ses pensées. Il pressa la main d’Ivana avec un sourire qui se voulait rassurant. Il avait envie de lui transmettre toute sa force pour qu’elle puisse affronter les évènements avec courage. Mais courageuse, elle l’était. Cela ne faisait aucun doute. Contrairement à ce qu’ils pensaient, ils n’attendirent pas longtemps en salle d’attente. James laissa à Ivana le temps nécessaire pour lire la fameuse lettre que l’on venait de lui remettre et lorsqu’il la vit mordiller sa lèvre avant de laisser échapper un rire nerveux, il comprit aussitôt. Le résultat était positif. « James, t’es un homme de lettres, mais t’es brillant aussi. Douze divisé par quatre, ça donne combien ? » Ces quelques mots ne firent que confirmer ce qu’il savait déjà. Cette situation devait être particulièrement compliquée à gérer pour Ivana mais comme il le lui avait déjà clairement fait comprendre, elle pouvait compter sur le soutien de tous. « C’est mieux que de rester dans l’incertitude, Ivana.» C’est tout ce qu’il trouva à dire. En réalité, James ne savait pas trop si elle souhaitait parler, qu’il la laisse seule, ou au contraire qu’il comble les silences qui s’installaient entre eux. Sans compter que cet événement ne faisait que lui rappeler la maladresse avec laquelle il avait tenté de gérer la situation avec Lexie. Peut-être qu’il s’y prenait mal. Peut-être qu’il n’était pas capable de trouver les mots justes, de l’apaiser. Alors que faire ? Demeurant à distance pour lui laisser le temps de réaliser ce qu’elle venait d’apprendre, l’éditeur croisa ses bras devant lui. Il fixait le dos d’Ivana, toujours tournée vers les affiches. « Est-ce que ça va ?» demanda-t-il doucement, désireux de connaître son état d’esprit.
(✰) message posté Sam 18 Avr 2015 - 1:15 par Invité
Maintenant qu’elle sait de quoi il en résulte, la rouquine est devenue muette comme une carpe. Elle ne se sent pas particulièrement soulagée, d’autant qu’elle a une sorte de poids supplémentaire sur ses épaules, mais disons qu’elle n’a plus cette angoisse liée au doute. Dans l’immédiat, la jeune femme préfère cette situation que la précédente. Plus anxieuse que la moyenne, elle était sur le point d’être rongée de l’intérieur. « C’est mieux que de rester dans l’incertitude, Ivana. » Elle sourit, toujours dos à James, et approuve d’un bref signe de la tête. « Est-ce que ça va ? » Elle rebrousse chemin en trainant un peu des pieds comme une petite fille. Elle imagine très bien sa propre mère rouspéter, parce qu’elle pourrait tomber. Pendant une seconde, cette pensée lui redonne le sourire. Sauf qu’en fait, Ivana est toujours entre deux eaux et n’a pas la force de faire mieux. Elle se laisse tomber sur la chaise sans pour autant cesser de fixer ses chaussures. « Je sais toujours pas si ça va. Un peu le souffle coupé par l’effet de surprise. C’est un sentiment étrange. Ça me rend pas folle de joie comme certaines, mais je me sens pas particulièrement pessimiste pour autant. Néanmoins, sans Kaspar là tout de suite à mes côtés, j’aurais préféré que ce soit négatif. C’est cruel hein ? » Elle avoue à moitié avoir eu tort de demander à James de l’accompagner. Peut-être qu’elle aurait pu demander à Kaspar, oui. Ou peut-être qu’il n’aurait pas su quoi dire non plus. Et de l’autre côté, il y a James. James que la rouquine considère comme une personne plus sage, avec plus d’expérience et certainement les mots adéquats pour la rassurer. « Non sérieusement… Pour une raison que j’ignore, si on avait eu cette discussion il y a un an, je t’aurais ri au nez. C’est juste énorme. Ces derniers mois ont été énormes. » Parce qu’Ivana a toujours été cette fille calme, un peu en retrait, super sérieuse. Disons qu’avant Kaspar, il n’y avait que ses études et le roller derby. Aucun intérêt pour le sexe opposé et la vie nocturne de la jeunesse londonienne. « Kaspar qui fait son retour dans ma vie après quelques années, une grossesse… On dit ‘jamais deux sans trois’, je me demande ce qui va me tomber dessus maintenant. » Peu sarcastique d’ordinaire, c’est pourtant la seule chose qui soit en mesure de détendre Ivana dans l’immédiat. Avec tout cela, elle a presque oublié la présence du médecin qui le leur fait remarquer à l’aide d’un rictus. Elle sursaute sur sa chaise. « Vous avez encore un peu de temps pour en parler au père, si ce n’est pas le cas… » Il le fait exprès ou quoi ? Si ce dernier est toujours pas convaincu… James doit bouillonner… En ce qui la concerne, la jeune femme réprime un rire. C’est plus fort qu’elle, désolée. « Mais le plus tôt vous aurez une décision, le mieux ce sera pour votre corps. » Son regard finit par tomber sur trois plaquettes : les trois choix qui s’offrent à Kaspar et elle désormais. Interruption, adoption, devenir parents.