"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici the magic place (hazel) 2979874845 the magic place (hazel) 1973890357
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the magic place (hazel)

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() message posté Sam 14 Mar 2015 - 15:55 par Invité
J’entrai dans une pièce à demi-éclairée par la lumière du jour. Je ressentis une désagréable impression de déjà-vu, qui m’engloba et me paralysa. L’ordre des lattes du parquet grinçant me disait quelque chose. La couleur des rideaux ne m’était pas inconnue. L’odeur me semblait familière. Et pourtant, impossible de mettre un nom, un souvenir ou quelque étiquette sur ce que j’observais. C’était comme regarder un texte traduit en langue étrangère : on le connait par  cœur, et il nous paraît si différent, si incompréhensible. Je m’avançai et me plantai au milieu de la salle, balayant longuement ce qui m’entourait du regard. Un voile brillant semblait tout recouvrir, donnant à l’endroit un aspect étrange et intriguant. J’observais la poussière planant en fins flocons dans la lumière et y passai ma main pour troubler leur tranquillité. Les grains s’agitèrent mais ne tardèrent pas à retrouver un calme harmonieux. Les rayons du soleil sur ma peau la réchauffèrent discrètement et je finis par retirer ma main, doucement, presque à regret. Je m’approchai de chaque meuble : sur la plupart se déposait la fameuse poussière et j’y traçai quelques traits, pensive. Je tombai par hasard sur des photographies familiales. Du noir et blanc. Mais je n’arrivais pas à déchiffrer les visages. Comme si les photos étaient floues au niveau de ceux-ci. Cela me plongea dans une interrogation étrange : pourquoi encadrer des photos dont on ne voyait pas les plus fameux détails, les expressions les plus vivantes ? J’avais pris l’une d’elles entre mes doigts et la reposai alors délicatement à sa place en soupirant. Je levai les yeux vers la fenêtre. Le soleil était invisible, et pourtant je sentais toujours sa douce chaleur sur ma peau. Mais tout ce que je pouvais voir se résumait à un écran blanc et épais, dans lequel je tentai de discerner des détails : mis à part les quelques voluptés qui donnaient à ce brouillard l’allure légère et onirique de la fumée, rien n’apparut. Je plissai du regard : toujours rien. Je voulus me tourner et repartir, mais quelque chose me retint. Quelque chose de subtil. Cela ne tarda pas à envelopper tout mon corps. Je ne le voyais pas, je le ressentais. Comme si le soleil avait redoublé d’efforts pour me réchauffer, tout en restant invisible. Mais cette sensation fut de plus en plus étouffante. La chaleur s’enroulait autour de mes membres, m’emprisonnant dans une cage invisible. On m’attrapa le bras.

Je me réveillai dans un léger sursaut et ouvris les yeux sur un plafond blanc. Il faisait noir et cela contrastait si fort avec la lumière de mon rêve que j’eus du mal à me rappeler de l'endroit où je m’étais endormie. Et puis, ma mémoire me revint tout naturellement après quelques secondes à palper mes draps et ma couverture : ma chambre. Cela me paraissait évident à présent. Je tournai la tête vers le réveil : 03 : 27 a.m. Je soupirai et tentai de retrouver une position confortable : impossible. J’avais beaucoup trop chaud. J’avais l’impression d’être restée à côté d’une cheminée pendant des heures, et à présent mes poumons n’en pouvaient plus. Je me grattai nerveusement l’épaule. Je connaissais cet instant dans la nuit : ce n’était pas la première fois que je faisais ce rêve, et je me réveillai toujours à ce moment précis. Parfois j’arrivai à imaginer quelque chose, laissant mes yeux se perdre dans le brouillard, tout dépendait du temps que mettait la chaleur à monter. Mais lorsque je la sentais arriver, c’était terminé. Incapable de me retourner pour voir qui m’attrapait le bras avec tant de violence. Mon regard restait piégé, mes pupilles tournant au gré des arabesques de la fumée, et j’étais prise dans cet engrenage étrange, sans pouvoir m’en libérer. Sans vraiment vouloir m’en libérer. Car il existait un certain calme propre à cet endroit mystérieux, un calme dont je profitais durant quelques courtes minutes, et qui me faisait un bien fou. J’étais prête à sacrifier des heures de sommeil pour le retrouver. Ce rêve revenait régulièrement. Une fois par semaine, parfois moins. Cela faisait longtemps, d’ailleurs, que je n’avais pas pénétré dans la fameuse pièce. La retrouver me mettait mal à l’aise, mais elle m’intriguait également, si bien que j’étais toujours bloquée dans un entre-deux frustrant à mon réveil, et que celui-ci m’empêchait de me rendormir. Ce serait le cas aujourd’hui. J’étais à peine fatiguée de toute façon. J’avais surtout très soif. La chaleur avait asséché mes muscles et ma gorge.

Je me redressai et quittai mon lit, attrapant un pull que j’enfilai au passage: il était à la taille au-dessus si bien que je flottai dedans. Mais c’était agréable. Je mis également un legging noir troué sur mes jambes nues et sortis de ma chambre, mon paquet de cigarettes à la main. Je longeai le mur du couloir sur la pointe des pieds et gagnai le séjour puis la cuisine, allumant la lumière une fois la porte refermée derrière moi. Je m’avançai vers le réfrigérateur pour y trouver de l’eau fraîche. J’hésitai à boire à la bouteille, mais finalement je saisis un verre dans le placard pour me servir. Une fois désaltérée, je retournai dans le salon et m’installai sur le canapé, ouvrant mon ordinateur. J’avais laissé la pièce dans l’obscurité : la lumière de l’écran m’agressa et je fermai les yeux pour m’y habituer petit à petit. J’avais encore du travail à faire. En vérité, j’avais toujours du travail à faire. Mais entendre le bruit de ma cigarette se consumant me berçait et je pensais à autre chose, regardant droit devant moi, comme possédée par quelque chose d’invisible. Je fermai mon ordinateur et fis basculer ma tête contre le canapé pour trouver une position plus confortable. Je n’arrivais pas, comme à chaque fois, à me débarrasser de cette sensation de frayeur soudaine lorsque l’on m’attrapait le bras dans mon rêve. J’en avais des sueurs froides : ma peau était moite, je sentis l’humidité qui enrobait mon dos couler contre mon t-shirt. Je baissai les yeux vers mon bras : personne ne viendrait le prendre. Pas ici en tout cas. Ce fut à cet instant que j’entendis des pas se rapprocher puis s’arrêter derrière moi. Je tournai la tête et souris en reconnaissant la silhouette familière de Hazel. Je basculai sur les genoux pour lui faire complètement face. « Je t’ai réveillée ? Désolée … » Je lui lançai un regard navré en espérant que ce ne soit pas le cas, qu’elle aussi avait fait un rêve étrange qui l’avait poussée hors du lit. « Jacob dort au moins, j’espère ? » m’enquis-je d’une voix grave et inquiète. Je me décalai sur le canapé pour lui laisser une place puis écrasai la fin de ma cigarette dans le cendrier posé sur la table. Et, après un silence, je soufflai d’une voix absente : « Tu te souviens de tes rêves, toi ? » Je passai ma main droite sur mon bras gauche, comme pour le protéger discrètement, mais ne quittai pas Hazel des yeux. J’avais l’impression de poser une question idiote et scrutai son regard pour faire disparaître cette pensée. Et peut-être, déjà, pour me consoler d’une chose dont j’ignorais parfaitement la nature.
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() message posté Ven 20 Mar 2015 - 21:07 par Invité
Elle pianote depuis des heures, envahie par des milliers d'idées. Certaines plus intéressantes que d'autres. Exploitables ou non pour son prochain roman. Elle se souvient qu'il faisait jour lorsqu'elle a commencé à écrire son chapitre, c'est le milieu de la nuit lorsqu'elle entame la seconde partie. Elle s'est accordée une pause à l'heure du dîner et plus tard pour lire une histoire à Jacob pour l'endormir. Ça fait des jours qu'elle n'a pas été inspirée ainsi, et même ses yeux qui fatiguent ne l'empêchent pas de taper sur son clavier. C'est seulement quand elle finit de vider sa bouteille d'eau qu'elle songe à éteindre la lumière. Son dos est engourdi, douloureux à être trop resté dans la même position. Elle fait tomber ses vêtements sur le sol, enfile le premier t-shirt qui traine sur sa chaise avant de se laisser tomber sur son lit. Lorsqu'elle se réveille, rien n'a changé. La maison est toujours plongée dans le noir et il n'y a aucun bruit. Son rêve était paisible, beau, si bien qu'elle a du mal à savoir ce qui a pu la troubler. Elle se relève, constatant sans mal qu'elle n'a pas eu le courage de se glisser sous les draps. Sa chambre est vide et donne une impression d'être inoccupée. Seuls les draps froissés et l'ordinateur sur le petit bureau sont les témoins que quelqu'un vit ici. Se réapproprier sa propre chambre, Hazel n'y arrive toujours pas. Des semaines qu'elle est rentrée d'Afrique et elle se sent perdue, paumée. Elle sort de sa chambre, jette un coup d'œil dans celle de Jacob pour le voir dormir et sourit avant de refermer la porte. Une grimace vient barrer son visage lorsqu'elle entend du bruit à l'étage du dessous. Sûrement dans le salon, Hazel n'est pas certaine. Son regard se dirige vers la porte entrouverte de la chambre de Solveig, un peu étonnée que celle-ci soit réveillée. Ce n'est pas rare, mais ça la surprend à chaque fois. D'un pas las, elle descend les escaliers et se pose, là, silencieuse, à l'entrée du salon. L'odeur de la cigarette lui arrache une nouvelle grimace alors qu'elle hésite à annoncer sa présence. Loin de là l'envie de se prendre un coup sur la tête si Solveig prend peur. Elle traine un peu des pieds, d'abord hésitante à rentrer dans la pièce. Puis elle finit par s'avancer, après un temps interminable, un sourire timide planant sur ses lèvres quand Solveig la reconnaît. Elle l'accueille à sa manière, comme toujours, basculant sur le canapé pour lui faire face. Même avec son regard fatigué, Solveig est toujours jolie. « Je t’ai réveillée ? Désolée … » Hazel secoue la tête. « Jacob dort au moins, j’espère ? » Sa main frôle le dossier du canapé alors qu'elle approuve d'un signe de la tête. « Tu sais comment il est. La maison pourrait s'écrouler qu'il dormirait encore. » Elle rit, toujours impressionnée par le sommeil profond de Jacob. Elle aurait aimé que ça soit son cas, pour elle et aussi pour Solveig. Doucement elle contourne le canapé, appréciant l'invitation de sa meilleure amie quand celle-ci lui fait une place à ses côtés. Pourtant, avant de s'assoir, elle s'en va vers la grande table qui trône au milieu du salon. Au passage, elle allume une petite lumière pour donner une ambiance tamisée au salon avant d'attraper un énorme carton posé sur le meuble. Le couvercle ne tient même plus et le coin gauche n'est maintenu qu'avec du scotch. « Tu te souviens de tes rêves, toi ? » Leurs regards se croisent une seconde avant que Hazel ne hausse les épaules. Avec cet air détaché, nonchalant qui lui est propre. « Parfois oui, ça arrive. » Elle l'observe rapidement et s'avance jusqu'au canapé. « Pourquoi ? T'as fait un rêve étrange ? » Inquiète que Solveig ait des problèmes ou soit préoccupée, Hazel s'assoit sur la place libre. Sa main se pose sur sa cheville dans un geste qui se veut rassurant. Pour lui montrer qu'elle est là si elle a besoin. Peut-être qu'elle devrait savoir, mais Hazel se sent toujours perdue, l'esprit ailleurs. Paumée, l'esprit encore perdu dans le sable et la poussière de l'Afrique, elle ouvre sa boîte qui repose sur ses genoux. Sa boîte aux trésors qu'elle dit toujours. Qui contient mille et une choses plus ou moins utiles ou intéressantes. Des journaux, des dvds, des livres et des magazines sur les stars. Que des objets ou choses s'étant réalisés pendant ses quatre années d'absences que ses parents lui ont mis de côté à sa demande. « Tu savais que Johnny Depp et Vanessa Paradis avaient divorcé ? » Elle coule un regard dans la direction de Solveig. Ici, tout le monde doit déjà être au courant depuis des mois. Sa main s'empare d'une série de magazines. Ils sont tous parsemés de post-it et de petites notes qu'elle a soigneusement rédigé pour se souvenir, pour en parler avec Solveig plus tard. Il y a aussi des journaux qu'elle a épluché, dépouillé de long en large. Elle a ce besoin dévorant de savoir, de rattraper chaque gramme d'actualité qu'elle a perdu depuis l'Afrique. « Apparemment il s'est marié avec une certaine Amber Heard le mois dernier. » Ça ne l'intéresse qu'à moitié, le monde des people n'ayant jamais été sa préoccupation. Elle trouve ça étrangement inutile et déplacé de s'intéresser à ça. Mais depuis son retour d'Afrique, elle ne peut s'empêcher de dévorer ces magazines qui lui rappellent tout ce qu'elle a raté. « On se fait du popcorn pendant que tu me racontes ton rêve ? » Elle lui adresse un sourire pour l'inviter à se joindre à son repas nocturne. « J'ai acheté le dvd du dernier Harry Potter. Tu sais que je ne l'ai toujours pas vu, il faut absolument qu'on le regarde ensemble. »
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() message posté Mar 31 Mar 2015 - 12:28 par Invité
« Tu sais comment il est. La maison pourrait s’écrouler qu’il dormirait encore. » Je ris, amusée. C’était Jacob tout craché. J’enviais ce sommeil paisible dont profitaient les enfants. A quel âge l’avais-je perdu ? Je n’avais jamais bien dormi. Peut-être n’avais-je jamais été enfant, après tout. Hazel haussa les épaules. Je trouvai ma question stupide instantanément. « Parfois oui, ça arrive. Pourquoi ? T’as fait un rêve étrange ? » Elle s’était approchée du canapé et s’était assise à mes côtés, l’air préoccupé. Je souris lorsqu’elle posa sa main sur ma cheville. Cette femme avait un don. J’ignorais si celui-ci était logé dans ses yeux en amandes ou sur sa peau douce, mais elle dégageait quelque chose d’inouï. Elle était une lumière chaleureuse dans mon esprit sombre. « Pas étrange. Juste récurrent. » Je secouai la tête, gênée. Hazel avait probablement d’autres préoccupations. J’avais peur de l’ennuyer avec mes problèmes. Pourtant je savais qu’elle était à l’écoute, je savais qu’elle n’hésitait pas à me soutenir et me donner des conseils. Mais n’en avait-elle pas déjà assez avec sa propre vie ? Je voyais dans ses traits une femme d’un autre monde qui tentait vainement de se raccrocher au mien. Mais ma main était trop petite et trop faible : je ne parvenais pas à l’aider. Je n’étais que la fillette détraquée de la porte à côté, incapable de dormir et fumant dans son salon. « Pardon pour l’odeur, j’essaie d’arrêter. J’vais acheter des patchs et des chewing-gums, promis. » De belles paroles en l’air. Mais j’allais faire des efforts. Il ne me restait plus qu’à trouver la volonté.

Hazel ouvrit sa boîte aux trésors et un sourire amusé s’afficha sur mes lèvres. Cette boîte était vraiment magique. C’était comme la frise chronologique des années 2010. J’avais l’impression qu’Hazel se forçait à apprendre un cours par cœur après avoir séché toute l’année. Pardon, les quatre dernières années. Je sentais encore le parfum de l’Afrique sur ses vêtements et les lointains horizons sauvages au fond de ses yeux bruns. Elle n’était pas revenue. Pas complètement. « Tu savais que Johnny Depp et Vanessa Paradis avaient divorcé ? » Elle se saisit de quelques magazines people et je me grattai la tête d’un air perplexe. « Oui, euh … » Vanessa Paradis et Johnny Depp ? Ca me paraissait tellement loin que je dus secouer la tête pour me remettre les idées en place. « … ça va faire trois ans en juin. » Je la fixai et ne pus contenir mon rire qui sonna dans la pièce, chaleureux. « Tim Burton et Helena Bonham Carter ont divorcé aussi, Gwyneth Paltrow et Chris Martin également. J’peux te faire une liste si tu veux. » Mon ton était taquin, mais enjoué. C’était vrai que me sortir ce genre d’anecdotes en pleine nuit, sans aucun contexte, ça faisait ressortir mon côté moqueur. Une paumée et une folle. On était faites pour vivre ensemble. « Apparemment il s’est marié avec une certaine Amber Heard le mois dernier. » Je hochai la tête. « Ouais, ils jouent ensemble dans Rhum Express. » Film qu’elle n’avait probablement pas vu, mais j’avais tendance à oublier ce détail. Je mettais ça généralement sur le dos de la fatigue. « Mais d’après Vanessa il a mauvaise haleine, je suis un peu déçue. » Je secouai la tête. J’avais remis mes cheveux derrière mes oreilles, et ils retombèrent mollement. Je soupirai, épuisée et relevai les yeux vers Hazel. « Depuis quand tu t’intéresses à ça, toi, d’ailleurs ? » Ce n’était pas vraiment son genre. Je l’avais connue plongée dans les journaux politiques et les livres, nageant d’une association à une autre, proposant des projets et des solutions – Hazel n’avait pas le temps de se préoccuper de Johnny Depp. Et pourtant, si. C’était ce qui me faisait le plus rire : elle piochait des souvenirs dans un monde qui ne lui appartenait plus. Pouvait-elle vraiment s'y retrouver, alors ?

« On se fait du popcorn pendant que tu me racontes ton rêve ? » Mon sourire s’élargit : « Ah mais carrément ! » Nous nous levâmes et nous dirigeâmes vers la cuisine. L’idée de manger me donna faim. J’attrapai le paquet de popcorn et le versai dans un grand saladier. « J’ai acheté le dvd du dernier Harry Potter. Tu sais que je ne l’ai toujours pas vu, il faut absolument qu’on le regarde ensemble. » Je me tournai vers elle, feignant d’être sérieuse. « Ok mais je te préviens, l’adaptation est super nulle. » Voir la tête d’adolescent de Daniel Radcliffe agiter sa baguette (ou celle des autres, puisqu’il cassait la sienne) au milieu de la nuit, ça ne pouvait que me faire du bien. « J’ai hâte pour Star Wars 7 d’ailleurs. » Je penchai la tête, un sourire narquois sur les lèvres : « T’as vu les six premiers ou t’étais en Afrique à cette époque-là, aussi ? » Je me tournai vers le micro-onde en entendant les claquements des popcorns. La soirée commençait donc enfin. Je retournai au salon, sereine, et m’assis de nouveau sur le canapé, observant Hazel faire de même. Je posai le saladier entre nous. Puis le souvenir de mon rêve refit surface et je regardai l’écran noir de la télévision, pensive. Presque machinalement, j’en reparlai, comme s’il s’agissait d’une nécessité. « Je refais ce rêve toutes les semaines, à peu près. J’arrive dans une salle, du genre manoir, grand plafond, grandes fenêtres et tout, je m’approche d’une vitre, dehors il n’y a que du brouillard. Puis la température monte et on m’attrape le bras, ce qui me réveille immédiatement. » Je pris une poignée de popcorn et les mangeai un pas un. Mon regard ne glissa vers Hazel que quelques secondes plus tard. « Pourtant je vais bien en ce moment. C’est ça qui est étrange. » Je mentais. Je n’allais jamais bien. J’étais comme disloquée à travers le monde, accompagnant l’esprit de chaque femme. Je ne pouvais pas aller bien en sachant cela, en ressentant cela. Je laissai échapper un soupir rieur. « Je m’inquiète pour rien. Mieux vaut regarder Harry Potter. Il est où le dvd ? » Mes yeux firent le tour de la pièce à sa recherche. J’ai confiance en toi, Harry. C’est pas si sorcier de remonter le moral de deux amies dérangées.
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() message posté Lun 6 Avr 2015 - 19:00 par Invité
S'intéresser à la vie privée de Johnny Depp, éplucher son divorce et son nouveau mariage avec une autre blonde : c'est comme devenu une lubie étrange pour Hazel depuis quelques semaines. Ces acteurs qui passent devant la caméra sont devenus sa première source de préoccupation. Ce monde fait de strass, de flash, de grands tapis rouges et de paillettes ne l'attirent pourtant pas. Solveig le sait, ses sous-entendus moqueurs prouvent à eux-seuls qu'Hazel s'est perdue en chemin. Elle s'oblige s'intéresser à des choses qui ne lui plaisent même pas, pour essayer de sortir sa tête toujours plongée en Afrique. Ça lui demande des efforts considérables. Ces endroits déserts, ces paysages poussiéreux et désertiques lui manquent. Elle en oublie d'apprécier son retour à la ville et ce confort qui l'accueil à chaque fois qu'elle fait un geste qui semble anodin. Elle pourrait retourner aux associations pour s'occuper l'esprit. Sauver la banquise, les forêts immenses d'Amazonie, ou les pandas. Certains prospectus et dépliants trainent aussi au fond de la boîte. Ça, c'est son monde et elle fait tout pour s'en éloigner. Sa voix s'élève, s'étonnant de la séparation entre Chris Martin et Gwyneth Paltrow. Elle plaque rapidement sa main sur sa bouche et son regard s'accroche au plafond, comme pour s'assurer que Jacob ne se soit pas réveillé. Il a le sommeil lourd, c'est vrai. Chris Martin, enfin un nom qui lui parle. Sûrement parce qu'il n'est pas une figure du cinéma. La musique, elle maitrise un peu plus que le monde de Hollywood. L'expression moqueuse de Solveig ne réussit même pas à faire réagir Hazel. A côté de la plaque, elle griffonne rapidement sur un post-it le nom du chanteur. Après Johnny, elle s'intéressera à Chris. « D'ailleurs, question, est-ce que Coldplay a sorti un nouvel album ? » Elle réalise qu'elle aurait dû s'intéresser à la musique avant de se noyer dans le monde du cinéma. « Mais d’après Vanessa il a mauvaise haleine, je suis un peu déçue. » Qui ? Johnny ? Elle rit un peu avant de repousser la boîte sur la table qui leur fait face. Ce n'est tellement pas leur genre de discuter potins de stars que le rire de Hazel continue un moment. Un rire sincère, heureuse de retrouver la compagnie de son amie. A une époque, les deux femmes débattaient pendant des soirées entières sur les logos des associations et sur des solutions à prendre pour résoudre les problèmes du monde entier. Aujourd'hui, Hazel, paumée entre l'Afrique et l'Angleterre, n'en a soudainement pas envie. Plus tard, peut-être. Leurs regards se croisent, elle lui en ait reconnaissante de se prêter à son jeu. Sa main fait tourner quelques pages, naïvement concentrée sur les ragots étalés de différentes couleurs sur les pages. Les souvenirs de l'Afrique lui paraissent encore plus précieux à côté de Johnny. « Et bah moi je ne suis pas déçue, je le trouve pas très attirant. Par contre, je ne dirais pas non pour l'embrasser lui. Tu le connais ? » Elle tourne le magazine pour lui montrer la photo d'un acteur. En lettres gras, le nom de Edward Norton s'inscrit sous la photo. Encore un acteur dont elle ignore tout. Sa culture cinématographique est un désastre, elle a presque honte de s'afficher ainsi. Il faudra qu'elle consulte Google pour en savoir plus. « Depuis quand tu t’intéresses à ça, toi, d’ailleurs ? » Tout en se pinçant les lèvres, Hazel continue de fouiller dans ses notes collées sur les pages des magazines. Elle relève la tête, glissant une mèche derrière son oreille. « Je dois m'occuper de Johnny Depp. » Elle soupire tout en prenant conscience que Solveig la connait assez pour savoir que tout ça, ce n'est pas pour elle. Solveig est magique, elle sait toujours tout. « Tu comprends pas, c'est important pour mon travail. » Encore son rêve de talk-show qui lui fait faire n'importe quoi. Solveig est soudainement la première debout pour rejoindre la cuisine. Alors que, derrière, Hazel se bat encore avec la tonne de magazines à remettre dans la boîte. Sa meilleure amie l'attend, avant de sortir du salon. Elles s'aventurent dans l'immense pièce, la blonde jouant la cuisinière tandis que la brune tire sur un tabouret. « Ok mais je te préviens, l’adaptation est super nulle. » Le temps semble s'être arrêté. Hazel fixe Solveig et se stoppe, un pied sur le tabouret près du comptoir. Dans son petit monde de fan du sorcier Harry Potter, elle a du mal à concevoir que le dernier opus est pu être un désastre. Après sept merveilles, le final ne peut que l'être aussi. « Impossible. Impossible, impossible. » Sa tête dandine de droite à gauche alors que son amie s'extasie sur la sortie d'un autre film. Hazel a du mal à s'intéresser, déjà en deuil à la simple pensée qu'elle va dire adieu à Harry sur une mauvaise adaptation. Sauvée par le gong – appelé communément popcorn dans le cas précis – elle ne répond pas immédiatement. Solveig semble être décidée à se moquer de Hazel ce soir. Sa bonne humeur communicative suffit à faire sourire l'anglaise. « Le titre me dit vaguement quelque chose. » qu'elle dit simplement pour Star Wars. Lorsqu'elle passe avec le saladier rempli de popcorns, Hazel plonge sa main dedans pour en choper quelques uns. Les deux amies s'installent sur le canapé, la brune se goinfrant de sucreries, affamée depuis son réveil. Elle en fait tomber sur le canapé, mais ne s'en soucie pas immédiatement, occupée à écouter sa meilleure amie lui faire partager son mauvais rêve. Un silence s'installe tandis que Hazel ne trouve aucune jolie façon de réagir. Soucieuse que Solveig soit dérangée et perturbée par un rêve, elle lui adresse un sourire timide. Un rêve récurrent, mais c'est la première fois qu'elle le lui fait partager. Haze ne sait pas si c'est bon ou mauvais signe. « Tu veux que je dorme devant la porte de ta chambre avec une batte de baseball ? » Pour la défendre, la rassurer aussi peut-être. Son sourire se veut réconfortant avant qu'un rire ne s'échappe de ses lèvres. Elle revient lui prendre sa main, pas décidée à vouloir la lâcher. Parce que si Solveig ne va pas bien, alors Hazel ira mal aussi. Persuadée que son monde ne tournerait plus rond si son amie n'en faisait pas partie. Elle a toujours vu Solveig comme une fleur, une petite poupée délicate qui pourtant, résiste à tout, surmonte tout. On la sait folle et imprévisible, sûrement bizarre aussi finalement et malgré tout ça, elle est probablement la personne la plus forte que Hazel connaisse. « Tu penses savoir qui pourrait être la personne de ton rêve ? Quelque chose ne va pas ? Tu sais que tu peux tout me dire. Et puis, Harry peut attendre encore un peu, ne t'en fais pas. » Après tout, ça fait presque quatre ans que la boîte prend la poussière. Elle se penche rapidement pour attraper le dvd. Un prospectus coincé sous la boîte attire quand même son œil. « Hé, Sol, regarde. On peut parrainer des ours polaires et des singes. » Retour en Afrique, elle s'imagine déjà adopter un singe. Rafiki est proche.
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() message posté Ven 17 Avr 2015 - 15:52 par Invité
« D’ailleurs, question, est-ce que Coldplay a sorti un nouvel album ? » Je fronçai les sourcils pour réfléchir. « Oui, deux même, je crois, depuis que tu es partie. » Je lui adressai un sourire amusé. Et puis, hésitante, je lui avouai : « Je suis allée les voir d’ailleurs, pour leur tournée en 2011. » Après tout ce n’était pas ma faute si elle était partie en Afrique à ce moment-là ! Mais j’aurais bien aimé qu’elle vienne au concert avec moi, j’étais certaine qu’elle pouvait se lâcher quand un truc lui plaisait particulièrement. C’était le cas pour l’écologie, pourquoi pas pour Coldplay. « Mais t’as sûrement entendu certaines de leurs chansons en revenant ici. » Puis je lui fredonnais l’air de Paradise pour lui rappeler que oui, elle la connaissait cette chanson. Ca me faisait drôle de lui parler de ça. C’était si superficiel en un sens, mais pourtant je trouvais cela étrangement nécessaire. Lui rappeler quel était le monde qu’elle avait quitté. Et on pouvait la trouver paumée, mais Hazel s’était confrontée à une partie de la planète qui était méconnue de bien trop de gens. Elle savait ce qui se passait derrière nos frontières. Elle l’avait vu. Que représentaient quelques manques culturels lorsqu’elle se trouvait être la  personne la plus ouverte et déterminée que je connaisse ? « Et bah moi je ne suis pas déçue, je le trouve pas très attirant. Par contre, je ne dirais pas non pour l’embrasser lui. Tu le connais ? » J’avais acquiescé pour Johnny Depp – je trouvais qu’il avait perdu tant de charme, de toute façon – et posai à présent mes yeux sur le magazine qu’Hazel me montrait. Je reconnus sans peine l’acteur qui s’y trouvait et relevai la tête vers mon amie, enthousiaste. « Mais oui c’est Edward Norton, t’as jamais vu Fight Club ? Pourtant il est sorti y’a longtemps celui-là ! » Mais pas sûr que ce film soit le délire de Haze. En vérité je ne connaissais que trop peu ses goûts. « Le meilleur rôle de Brad Pitt, ce film. » renchéris-je avec un sourire. « Mais récemment Norton a joué dans Birdman, faudra que t’ailles le voir, il est super ! Je t’accompagnerai si tu veux, histoire que tu te perdes pas dans le cinéma. » C’était la routine. Se moquer d’elle tant que je pouvais encore le faire. Je savais que Hazel finirait par se réhabituer à tout ça. A la société occidentale. A aller au cinéma le dimanche avec ses amis. A sortir et rencontrer d’autres gens. A amener son fils à l’école chaque jour. A vivre une routine qui risquait de l’ennuyer, à la longue. « Je dois m’occuper de Johnny Depp. Tu comprends pas, c’est important pour mon travail. » Elle s’était pincée les lèvres et soupirait. Etait-elle déjà résignée ? Elle s’attaquait à un monde qu’elle avait oublié et celui-ci était immense.

« Impossible. Impossible, impossible. » Je haussai les épaules, pensive mais toujours amusée. Elle jugerait par elle-même. Je n’aimais pas les adaptations Harry Potter parce que les livres avaient bercé mon adolescence et qu’ils les avaient ruinés en les adaptant, mais pourtant je les avais tous vus plusieurs fois chacun. Parfois j’aurais voulu avoir le courage de Hazel et quitter ces routines qui nous apparaissaient comme évidentes alors qu’au fond, elles étaient inutiles. « Le titre me dit vaguement quelque chose. » Je ricanai gentiment en guise de réponse. Pour le coup, Star Wars, j’allais la traîner au cinéma qu’elle le veuille ou non. Elle attrapa quelques pop-corn au passage et nous retournâmes vers le canapé, souriantes.

A l’écoute de mon récit, son sourire ne disparut pas mais je savais qu’elle n’avait pas de solution miracle. D’ailleurs, je n’en cherchais pas vraiment : il ne s’agissait pas d’un problème à proprement parler. Juste d’un fait. Je faisais un rêve étrange et cela m’agaçait. Mais personne ne pouvait rien y faire. « Tu veux que je dorme devant la porte de ta chambre avec un batte de baseball ? » J’éclatai d’un rire soudain en l’imaginant faire ce qu’elle me proposait. « Non quand même pas ! Mais merci de ta proposition. » Je laissai mon dos retomber sur le dossier et regardai le plafond, pensive. Peut-être que c’était une véritable menace. Ce n’était pas non plus si rare, que l’on découvre des vérités fondamentales en rêvant. Peut-être que le brouillard était déjà là mais que je ne le voyais pas encore. Et cette main qui m’attrapait voulait-elle me protéger du danger dont j’ignorais l’existence ou à l’inverse m’emprisonner, à la merci de celui-ci ? Et les détails me frappaient à chaque fois car ils participaient à cette inquiétante étrangeté qui s’emparait de moi à chaque fois : l’étrangeté venait du fait que tout me semblait familier mais que je ne me rappelais plus de rien. « Tu penses savoir qui pourrait être la personne de ton rêve ? Quelque chose ne va pas ? Tu sais que tu peux tout me dire. Et puis, Harry peut attendre encore un peu, ne t’en fais pas. » Je lui adressai un sourire sincère. Merci Hazel, voulus-je dire, mais les mots restèrent coincés au fond de ma gorge, inexplicablement. Je secouai la tête comme pour chasser mon mal être. Le pire, c’était que ce mal être ne semblait même pas exister. Pourquoi accabler Hazel de tels problèmes ? Ils étaient invisibles, illisibles, incompréhensibles. On ne se débarrassait pas des ombres qui nous collaient à la peau sans que l’on puisse les voir. « Je … » Je n’avais jamais vraiment voulu y réfléchir. Peut-être parce que j’avais peur que ce soit mon frère. Mais celui-ci était loin. Presque mort. Je l’avais oublié. Je n’en parlais jamais. J’y croyais, à ce principe stupide, comme quoi si on ne parlait pas d’un être, celui-ci finirait tout bonnement par disparaître. Que nous étions faits de mots et non d’actes. Que nous ne trouvions notre importance que dans nos paroles et nos pensées. Pourtant, je n’arrivais même pas à dire merci. N’était-ce pas parfaitement révélateur ? « … Je n’oserais pas faire attendre Harry. » Je baissai la tête et un sourire apparut sur mon visage. Un sourire un peu triste, mais je mis cela sur le compte de la fatigue en priant pour que Hazel fasse de même. Je grignotai quelques pop-corn avant de me tourner vers mon amie. « Ne t’inquiète pas, ça va. Ce n’est que du brouillard après tout. » Au fond de moi, je n’y croyais pas, mais la lueur franche dans mes yeux disait le contraire.

« Hé, Sol, regarde. On peut parrainer des ours polaires et des singes. » Je penchai la tête vers le prospectus qu’elle tenait entre ses doigts et pouffai de rire. C’était bien Hazel, ça. « On pourra appeler notre singe Marcel, comme celui de Ross dans Friends. » Voilà une référence qu’elle allait forcément connaître, non ? Mais je poursuivis, un sourire jusqu’aux oreilles. « Tu me tapes si j’offre un chaton à Jacob pour son prochain anniversaire ? » Il nous fallait un animal de compagnie, histoire que notre foyer en devienne vraiment un. Histoire que l’on se sente enfin à la maison. Dans notre univers.
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