Please come and rescue me - Noa & Hazel

Ce soir, j’avais faussé compagnie à Johnny et Cash, ou du moins, j’étais sortie sans en informer personne. J’avais pris un taxi jusqu’à Soho, pour me rendre à une soirée prometteuse. De la musique, de l’alcool, des gens festifs, que demander de plus ? Le chauffeur me déposa sur le pas de la porte. Ou du moins, devant le portail de la demeure où se tenait la fête. J’avais vu tellement de chose, ces dernières années, que je ne m’étonnais pas de l’extravagance des fêtards. Quelques personnes me reconnurent alors que je remontais l’allée, je les saluais avec un sourire, je n’avais qu’une envie : me lâcher. J’avais toujours cette sensation de trop-plein lorsque nous n’étions pas en concert, alors j’avais besoin de sortir. Généralement avec Johnny et Cash, mais j’en avais décidé autrement pour ce soir. Passant la porte d’entrée, la musique envahit mes tympans, parcourant mes veines. Un large sourire se répandit sur mes lèvres. Quelques bières, et heures plus tard, je me rendais dans une des salles de bains de la maison. La porte s’ouvrit alors que je me lavais les mains. « C’est occupé, attendez un peu ! », criais-je pour que ma voix couvre la musique. Mais la personne ne sembla pas encline à m’écouter. Alors que je relevais la tête, mon regard croisa celui de Jake dans le miroir. Mon sang ne fit qu’un tour, et je me retournais d’un bloc pour lui faire face. « Haz’, faut qu’on parle. », lâcha t-il, d’une voix bourrue. Il avait bu, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Mes doigts se resserrèrent sur le bord de la vasque du lavabo. « Je t’ai déjà dit, qu’on avait rien à se dire. Alors fous-moi la paix, pauvre imbécile. », m’écriais-je, le jour où j’avais perdu Mini-Haz’ à cause de lui me revint de plein fouet, me glaçant les veines. Il croyait quoi ? Que j’allais passer l’éponge sur toutes les conneries qu’il avait faites ? Il s’avança vers moi, m’attrapant le bras avec force. Je grimaçais, laissant mes prunelles plantées dans les siennes. « Fermes-la Haz’, fermes-là. », cracha t-il, et ma main libre vint atterrir sur sa joue. Le bruit de la gifle resta suspendu dans la pièce,  et sous le coup de la surprise, il me lâcha. Ni une, ni deux, je le bousculais, ouvrant la porte à la volée et partant en courant. Je l’entendis crier mon prénom, mais je disparu dans la foule. Je me réfugiais dans la chambre la plus proche, au deuxième étage. Par chance, il y a avait une clé sur la porte, je verrouillais cette dernière avant de dégainer mon téléphone portable. Je fis défiler mon répertoire, Cash … Johnny … Je ne pouvais pas les appeler, ils péteraient un câble. Surtout si ils croisaient l’autre demeuré. Noa. Je restais là, quelques instants à fixer l’écran. C’était mon dernier recours. Il était trois heures du matin, je croisais les doigts pour qu’il ne soit pas encore couché. « Noa ? C’est Hazel, j’suis désolé de te déranger, mais j’ai un petit soucis. Tu pourrais passer me chercher ? », demandais-je, alors qu’il avait décroché. J’attendis sa réponse. Positive. « Je suis à Soho, au 23 Warwick Street. Deuxième étage, la troisième porte à ta droite. », soufflais-je alors soulagée qu’il vienne me secourir.

Une journée de plus qui s'envole, sans que tu puisses l'empêcher, tu cherches ce que tu as accomplis mais rien ne vient, un jour à bosser au milieu de ta passion, la musique est ta drogue, celle qui te fournis ce que ta vie ne t'apporte pas, l'adrénaline, pourtant à chaque fois c'est la même chose, ce sentiment de vide t'envahis, cette sensation d'inachevé, que tu refoules au final comme toujours, sauf lorsque tu te retrouves sur scène derrière ce masque auprès de ceux que tu considères tout de même comme des amis, malgré vos vies complètement différentes, sur scène vous êtes unis par la même chose, la musique. Mais ce doux rêve a toujours une fin, tel un papillon éphémère, s'envole plus vite à chaque fois. Ce soir, est un soir ordinaire, pas de concert, pas d'adrénaline, juste toi et le fond de ton verre, déjà vide pour la troisième fois, tu as tenté d'appeler Damian mais monsieur est occupé ce soir, super ! Tu n'as pas envie de voir Darcy non plus, ta noirceur va finir par la contaminer un jour, tu ne veux pas ça pour elle, non tu préfères rester seul, assis sur ce foutu sofa, à mater ce foutu film pourris, dont tu es incapable de dire de quoi il parle, et tu t'en fous royalement tant qu'il t'occupe l'esprit ça te va. L'heure défile, les cigarettes aussi, les verres se vident, tes yeux se ferment sans que tu ne t'en rendes compte, tu te laisses sombrer dans les ténèbres lorsque tu les vois s'éloigner, une vibration vient perturber ce moment, puis un autre et plusieurs s'ensuivent, tes paupières se relèvent, tu cherches l'origine du bruit et le trouve sur la table basse, ton portable vibre. Tu te redresses avec difficulté et l'attrapes pour répondre sans même vérifier la personne qui t'appelle ; « Allô » Ta voix est faible et endormie, mais ton esprit se réveille à une vite folle lorsque tu entends la voix au bout du fils, Hazel, sa voix est calme mais tu perçois une certaine inquiétude et le bruit autour t'informe qu'elle n'est sûrement pas seule. Hazel est la seule du groupe a réellement compter pour toi, tu ne lui montres pas forcément mais tu tiens à elle, tu connais son histoire, ressent sa fragilité derrière cette carapace de file forte et enjouée. Elle te demande de l'aide, de venir la chercher. Tu acceptes sans hésiter, peu importe où elle se trouve, tu seras toujours là pour elle, tu sais que votre relation n'est pas aussi fusionnelle qu'avec Cash et Johnny mais ça te convient parfaitement, tu sais qu'elle a besoin de quelqu'un sur qui compter lorsque qu'ils deviennent trop protecteur et tu acceptes ce rôle sans problème. « Files-moi l'adresse j'arrive tout de suite » Elle t'indique précisément où elle se trouve et raccroche. Tu es déjà debout, à la recherche de tes clés, tu  n'es pas vraiment inquiet, mais tu ignores dans quelle situation elle se trouve et tu préfères te dépêcher, tu seras rassuré une fois sur place. Dix minutes plus tard, te voilà à la porte du 23 Warwick Street, où doit se trouver Hazel, tu pénètres dans la maison, te faufiles parmi les fêtards encore nombreux à cette heure, tu repères les escaliers et les grimpes deux par deux « Hazel ? » tu tentes de l'appeler arrivé au deuxième étage malgré la musique assourdissante, tu prends à droite comme elle te l'a indiquée, et attrapes la poignée de la troisième porte, fermée, tu frappes à la porte « Hazel ? C'est Noa, t'es là ? »  

Adossée contre la porte, les genoux repliés sur ma poitrine, j’attendais Noa avec appréhension, me rongeant les ongles. J’espérais qu’il trouve facilement la maison, j’espérais que mes indications avaient été suffisantes. Comment Jake avait-il fait pour me trouver ? Après neuf ans de silence radio, il avait réussi à me retrouver. C’était une véritable énigme et pas des plus agréables. Je ne voulais pas revivre, ce qu’il m’avait fait enduré. Une petite voix te rappelle quelques tabloïds te collent au train depuis que le succès de Gaslight est au rendez vous. Alors forcément, il aurait fallu un seul tweet pour savoir où je pouvais me trouver. C’était totalement flippant. Je ne pensais pas le revoir, surtout après mon avertissement de l’autre fois. S’il continuait à me suivre, il allait falloir que j’en parle à Johnny et Cash. Je soupirais, ils allaient devenir encore plus protecteur, ou alors ils allaient chercher Jake pour lui casser la figure – ou pire ? – . Au choix. J’étais dans de beaux draps. Un quart d’heure plus tard, des coups sont donnés à la porte, ce qui me sors de ma torpeur, de ma réflexion. Pendant un instant, mon esprit me chuchote que c’est peut être ce taré de Jake, mais, il ne me faut pas plus d’une seconde pour reconnaitre la voix qui s’élève de derrière la porte.  « Hazel ? C'est Noa, t'es là ? » . Je me relevais avec souplesse, avant de déverrouiller la porte et de l’ouvrir pour voir Noa me faire face. Mon soulagement est tellement grand, que je ne peux m’empêcher de le prendre dans mes bras pendant quelques instants. Je savais que je pouvais compter sur Noa, il était toujours là pour moi, me disant mes quatre vérités, me sortant des sales plans dans lesquels je m’étais fourrée en l’occurrence. « Je suis tellement désolée, je ne savais pas qui appeler… », chuchotais-je, avant de le relâcher de mon étreinte. Je m’efface pour qu’il puisse entrer, et je refermais la porte derrière lui. Peut être voudrait-il une explication ? Jake risquait de nous voir si il était encore entrain de me chercher ? Je commençais à devenir paranoïaque, ce n’était pas bon du tout. « Tu es garé loin ? », lui demandais-je, en commençant à faire quelques pas dans la pièce, passant une main nerveuse dans mes cheveux. Je me fais l’impression d’être une droguée, ou une alcoolique en manque. Pitoyable. « J’espère que je ne t’ai pas réveillé ou que je n’ai pas interrompu quelque chose ? Franchement merci d’être venu me chercher. », lâchais-je, en affichant un sourire redevable.