oops, wrong place, wrong people. w/ april.

oops, wrong place, wrong people.

april & linaëlle

Silence total. Le calme, la tranquillité. Un matin en pleine semaine, c'est une chose assez rare. Assez rare pour en profiter, assez rare pour savourer. Pour la première fois depuis bien longtemps, je suis réveillée la première et je peux profiter du silence dans l'appartement. Le silence presque absolu. À côté de moi, Charlie est toujours en train de dormir et comme je n'entends aucun bruit, je suppose que sa fille dort encore aussi. Un moment de calme, où je peux l'observer à ma guise, sans qu'il ne proteste comme il le fait dès que je le regarde dormir. Je sais très bien, combien il a horreur que je fasse ça, alors que je trouve cela totalement fascinant. Il a l'air plus jeune quand il dort, comme s'il rajeunissait. Plus heureux, moins stressé, juste reposé et heureux. C'est assez rare de le voir de cette façon, c'est pourquoi j'aime pouvoir en profiter dès que je le peux. En règle général, c'est lui qui est réveillé avant moi, où plutôt Kayla, qui ne ce gène pas pour venir nous réveiller à peu près tous les matins quand elle est ici. Et pour une fois, c'est moi la première réveillée et ce silence me plaît, j'ai l'impression de pouvoir faire ce que je veux. Je n'ai pourtant pas l'intention de faire quoique ce soit. Mon réveil ne va pas tarder de sonner, me rendormir serait donc totalement inutile, tout comme me lever plutôt. J'aime paresser au lit et encore une fois c'est une chose que je ne peux faire que rarement. Entre mes cours, son métier, sa fille et tout le reste c'est assez difficile de pouvoir rester au lit à ne rien faire. Alors, ce matin, c'est avec plaisir que je me tourne doucement pour me rouler en boule contre lui. J'espère ne pas le réveiller, mais j'ai envie de profiter de ce moment. Plus que cinq minutes avant que mon réveil ne sonne. Cinq minutes avant que je ne doive quitter le lit, pour me préparer. Cinq minutes de bonheur.
Malheureusement, cinq minutes, cela passe trop vite et il est maintenant l'heure de me lever. J'ai proposé à ma sœur de garder son monstre pour la journée, parce qu'elle a je ne sais quel rendez-vous et je n'ai donc pas le droit d'être en retard. Avant de sortir du lit j'embrasse rapidement Charlie tout en lui disant de se rendormir. Il a encore du temps devant lui le chanceux, ce qui n'est plus mon cas. Un peu à contre-cœur je sors du lit et me dirige vers la cuisine. J'aurais bien aimé pouvoir traîner au lit et rester avec lui, mais de savoir que je vais retrouver ma sœur me donne le sourire. Même si je dois passer la journée à garder le bébé, je sais que l'on doit dîner ensemble ce soir, après mon cours et c'est suffisant pour me faire tenir route la journée seule avec le bébé. Une fois dans la cuisine, je m'étire un instant, avant de me servir de la machine pour me faire un cappuccino. J'emporte la tasse avec moi dans la salle de bain, ce qui n'est peut-être pas la meilleure idée, quand on me connaît, mais je tente ma chance quand même. Comme je m'y attendais, l'opération boire et me préparer, met beaucoup plus de temps que prévu, mais je réussis à m'habiller, me coiffer et me maquiller sans en renverser une seule goutte. Je suis fière de moi et il n'y a personne pour assister à mon exploit bien évidemment. Je suis dans les temps ce qui est une bonne chose. Je repasse dans la chambre, pour embrasser Charlie une dernière fois et lui souhaiter une bonne journée avant de m'éclipser.

La journée passe à la fois très vite et lentement. Je ne sais pas ce qui m'a pris de jouer les baby-sitter pour la journée. D'accord je suis heureuse d'être tata, mais je ne pensais pas que cela serait aussi difficile de garder le bébé toute la journée. Et encore, mon beau-frère et passé un peu dans l'après-midi et ma sœur revient de bonne heure. Mais quand même. Au moins maintenant, je suis sûre d'une chose, je ne veux pas d'enfant à moi avant moins dix ans. Je suis bien trop jeune pour avoir à m'occuper d'un bébé et quand je vois Kayla cela ne me donne pas envie d'avoir d'enfant. Bon, je suppose que les choses seraient différentes entre nous, si j'étais sa mère. C'est même assez évident. Seulement, elle est tellement difficile avec moi, que je ne comprends pas comment je pourrais avoir envie d'être maman à mon tour. Enfin, ce n'est pas quelque-chose de prévu, ce n'est même pas une chose dont nous avons déjà discuté, donc je pense que je n'ai pas à m'inquiéter de cela pour le moment. Et puis Charlie est déjà papa, alors peut-être que sa fille lui suffit. Je ne sais pas et je ne veux pas aborder le sujet. Je suis en train de jouer avec le bébé, quand j'entends ma sœur rentrer. « On est là ! » Je dois l'admettre, je suis heureuse de savoir qu'elle est là. Je ne suis pas sûre d'être douée pour tout cela. À peine arrivée, elle se précipite sur nous, pour le prendre dans ses bras. « Comment ça s'est passé ? » Connaissant, ma sœur je sais déjà que je vais regretter ma question. Aussitôt, elle se met à tout me décrire, sans me laisser le temps d'en placer une. Je ne comprends pas tout, mais hoche la tête de temps en temps, quand elle me regarde. Finalement, je suis obligée de la couper, si je ne veux pas être en retard. « Tu finiras de me raconter ce soir, je dois y aller. » J'embrasse la terreur, fait de même avec ma sœur, avant de partir. « À tout à l'heure. »
J'ai un cours et même si je pense arrêter à la fin de l'année mon expérience universitaire, je me force à continuer d'aller à certains cours. Je me suis inscrite pour ma mère, qui tenait à ce que je poursuive des études, malheureusement cela ne fut pas une brillante réussite. J'ai passé plus de temps cette année à dessiner, rêver et sécher les cours que de suivre ce qui se passait. Je ne suis pas faite pour les études, je l'ai toujours, ma mère n'a jamais été de mon avis. Encore, une chose sur laquelle elle s'est trompée. Pourtant, je viens quand même de franchir les portes de l'université, essayant de me motiver toute seule à supporter cette heure. Si je ne me trompe pas, ce qui ne serait pas la première fois, je dois avoir une heure d'histoire de l'art. C'est bien un des seuls courts, qui me passionne. J'aurais peut-être dû prendre cela comme cursus que la littérature. Je monte les marches machinalement, après m'être répétée plusieurs fois le numéro de la salle dans ma tête. Je n'ai pas envie de devoir m'arrêter pour vérifier devant tout le monde. Je marche rapidement, espérant arrivant le plus vite possible, pour pouvoir choisir une place avant le début de ce cours. Il n'y a pas grand monde dans la salle ce qui est une bonne chose. Je me place sur un côté, vers le fond et près de la porte, de cette façon, je peux partir rapidement s'il y a besoin. Une heure, une petite heure, ce n'est rien à tenir.

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CODES © LITTLE WOLF.

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april & linaëlle

Je vais tellement peu en cours, qu'il me fait au moins dix minutes pour me rendre compte que je ne suis pas dans la bonne salle. Je ne reconnais personne, ce qui ne m'étonne pas, puisque je ne suis pas venue depuis un bon moment, mais quand le professeur commence à parler de choses qui n'ont rien à voir avec le cours que je suis supposée avoir, je comprends que je me suis encore trompée. Malheureusement, je n'ai pas envie de me faire remarquer en sortant. Je sais que je n'arriverais pas à discrète et si quelqu'un me fait une remarque ou me demande ce que je fais, je crois que je ne pourrais pas répondre. Non, ma seule solution est de rester assise et de faire comme si de rien n'était. Une heure, ce n'est pas grand-chose. Je dois pouvoir y arriver, du moins j'espère. Je m'en veux d'être aussi stupide, tout cela ne serait pas arrivé si j'avais suivi les cours plus assidument. J'aurais su la bonne salle et j'aurais pu suivre un de seul cours, qui m'intéresse vraiment. Mais, à la place de cela, je suis coincée ici, avec des gens que je ne connais pas, à suivre un cours qui n'est même pas dans mon cursus. Quelle idiote je suis. Le temps ne passe pas vite, ce qui ne m'étonne pas, puisque je n'ai pas envie d'écouter et que je ne cesse de penser, à combien je suis stupide. J'ose regarder autour de moi, pour rapidement m'arrêter, quand la fille à côté de moi, me sourit, avec l'air de celle qui s'ennuie aussi mortellement. Je réponds timidement, avant de faire semblant de me concentrer, quand je vois un cahier arriver à côté de moi. Il y a un dessin dessus qui reflète parfaitement mon état d'esprit, on s'ennuie à mourir. Dessiner je sais faire, bien plus que parler à une inconnue. Je fais une chose que je fais rarement, je lui réponds en dessinant aussi. Je renvoie le cahier et cinq minutes plus tard, le voici de nouveau à côté moi. Je découvre alors, que je n'ai pas de mal à lui parler par dessin interposés. Elle se prénomme April et elle s'ennuie autant que moi en ce moment. L'heure beaucoup plus vite de cette façon, ce qui est une bonne chose. Au moins, je me serais un peu sociabilisée aujourd'hui, ce qui ne m'arrive pas souvent. Je ne suis pas très douée pour me faire des amis, pas plus que quand je connais les personnes à vrai dire. Un cas à part. Quand arrive le moment tant attendu de pouvoir partir, je ne me fais pas prier et range mes affaires assez rapidement. Je suis pressée de rentrer et de retrouver ma sœur et mon neveu. Alors, quand on prononce mon prénom, je suis surprise et légèrement paniquée. Bien sûr, c'est ma voisine de dessin, il n'y a qu'elle qui peut connaître mon prénom de toute façon. Je hoche la tête en guise de réponse, attendant de voir ce qu'elle me veut. Elle me propose d'aller boire un verre. Voilà une chose qui ne m'arrive absolument jamais. J'hésite un instant, ce n'est pas mon genre, vraiment pas et puis on ne se connaît pas. Mais, je me répète souvent qu'il faudrait que je fasse plus d'efforts, voilà l'occasion. « Pourquoi pas... » Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, mais je ne vais pas tarder à le découvrir.
L'université est entourée de bars, eux-mêmes envahit d'étudiants. Une bonne chose que je ne bois pas, sinon j'aurais pu passer plus de temps ici et faire semblant d'aller en cours. À la place de cela, je ne fais même plus semblant. Je sais que Charlie aimerait que j'aille plus souvent en cours et qu'il s'inquiète pour moi, mais je ne pense pas renouveler l'expérience à la rentrée prochaine. Je pourrais me concentrer sur ma peinture de cette façon et trouvant un job pour participer financièrement. Nous avons à peine le temps de nous installer, qu'un serveur est déjà en train de savoir ce que l'on veut commander. Je demande un thé glacé, avant de poser mon sac par terre. J'ai presque envie d'envoyer un message à ma sœur pour lui dire où je suis et que je ne rentrerais pas tout de suite, mais il m'arrive de traîner avant de rentrer, alors je ne pense pas qu'elle s'inquiètera. En temps normal, la question d'April ne m'aurait pas tellement étonnée, je suis habituée à ce que l'on ne me remarque pas, mais je suis surprise qu'elle ai remarquée que je n'étais pas là d'ordinaire. Je ne sais pas si je dois lui avouer la vérité ou mentir en lui disant que si... Cependant, je ne sais pas si c'est une bonne idée de commencer par lui mentir. Surtout, qu'il n'y a pas eu mort d'homme, juste moi qui ne fais pas plus attention. « C'est-à-dire, que je me suis un peu trompée de cours... » Pourquoi un peu ? Je ne sais pas. Sans doute pour tenter de diminuer mon erreur. « Je me suis rendu compte trop tard. » Elle va sûrement se demander qu'elle genre de fille reste dans un cours qui n'est pas le sien. « Mais au moins, je sais maintenant qu'il n'y a pas que mes cours qui sont ennuyeux à mourir. » Je rigole légèrement. C'est une chose que j'ai remarquée, chaque cursus semblent avoir les cours les plus ennuyeux, alors qu'en réalité il y en a partout. Le serveur est de retour, l'air blasé et pose les verres devant nous, ainsi que l'addition. Service express. J'en viens presque à me demander s'il va aussi nous mettre dehors dès que nos consommations seront terminées. « Tu suis quel programme ? » Que je sache au moins, à quel cours j'ai réellement assisté et aussi pour en savoir un peu plus elle. Je sais au moins que nous avons le dessin en commun et cela peut sûrement être utile pour ne pas avoir trop de vide dans la conversation.

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