FRANCE, BUREAU DE LE DIRECTION " COSMÉTIQUES VALENTINE " ✻ ” C’que je veux dire c’est que la famille c’est inévitable, c’est comme les impôts ou la mort. ”
« Naël, mon fils. Plus tard ce sera toi qui sera tout en haut de la pyramide. » Il se tient face à la capitale en ayant l'impression de dominer le monde, aux côtés de son père qui pose fièrement sa main sur son épaule et toise la population parisienne agitée à cette heure de la journée. Naël a cette sensation d'être invincible face aux belles paroles de son père. Ce qu'il apprécie le plus dans ces moments-là où il essaie de lui lobotomiser l'esprit, c'est qu'il semble heureux. Il est fière à l'idée de pouvoir modeler son petit garçon à sa façon, faire de Naël un vrai Valentine.
« Regarde ce qu'on a bâti, respire ce qu'on a accompli. » Dans le fond, il n'a pas grand chose à dire et il est incapable de lui en vouloir. Alors il sourit Naël, il se contente d'être celui qu'on attend. Dans les journaux, c'est une évidence, il est le futur visage de l'empire des cosmétiques. Les paparazzis le verront grandir, suivront son parcours en espérant qu'il poursuive le chemin qu'on lui a tracé ou justement en attendant qu'il dérape, pour faire de lui un pantin comme les autres. Quelqu'un interrompt ce moment solennelle, partagé entre un père et son fils.
« Monsieur Valentine, voici la nouvelle égérie. » Ils se retournent, afin de lui accorder toute leur attention. Une femme élancée sur ses escarpins s'avance au centre de la pièce, au départ elle fait quelques pas puis elle défile devant eux, ses longs cheveux ondulés tombent sur son dos et son regard reste fixe sur l'horizon. Elle donne l'impression d'être inébranlable.
« C'est exactement ce que je voulais t'exprimer. Nous arrêtons nos regards sur une femme seulement pour satisfaire le plaisir des yeux et pour contempler ce que les hommes appellent la beauté. Nous ne sommes pas narcissiques. Nous contribuons à l'avenir. Tu vois Naël, cette femme est parfaite et c'est grâce à nous. Grâce à ce que nous faisons. » Évidemment sa beauté elle ne l'a doit pas à l'entreprise, elle ne leur doit rien. Tout est naturel ou presque, il y a eu quelques retouches, mais rien de bien méchant. Naël observe son visage, ses courbes, il essaie de comprendre la vision de son père, de la partager. Il fait des efforts et apprécie ce qu'il voit sans pour autant que ce soit malsain. La beauté c'est la base de leur concept, celle qui attise la curiosité, cultive l'envie de ressembler à cette déesse. Elle allait montrer à la concurrence que les produits Valentine peuvent changer une personne, donner de la confiance en soi. Certes, ils ne peuvent pas changer le monde, mais ils peuvent le rendre meilleur. Un petit peu. Les apparences. Tout est basé sur les apparences. C'est ainsi qu'est le monde d'aujourd'hui et eux ça fait longtemps qu'ils l'ont compris. Ils en jouent et en font leur gagne pain. Il fallait juste être le premier idiot à prendre le risque de tout perdre ou de tout gagner.
FRANCE, DOMAINE DES VALENTINE ✻ « Il chouette ton nouveau nez, j'aurais préféré qu'il soit un peu plus en trompette, mais bon. » Un échange sur les nouveaux exploits esthétique de sa mère entre l'entrée et le plat de résistance, un classique chez les Valentine. Elle montre avec fierté sa septième merveille faciale et Naël, il commente. Elle estime que son avis vaut tout l'or du monde, si ce n'est pas mignon.
« C'est surfait. » dit-elle fièrement, comme s'il y avait une mode particulière à suivre pour chaque parcelle du visage. Un jour c'est certain elle fera partie du livre des records dans la catégorie chirurgie esthétique et on essayera de créer plusieurs visages avec des photos d'elle découpées dans les magazines.
« Tu penses quoi de mes pommettes ? » dit-elle en se tripotant le visage, en touchant à une pièce de son puzzle qu'il est certain de voir modifiée le mois prochain. Une vraie obsession.
« Relâchées, si c'est du neuf, c'est de l'arnaque. » dit-il en haussant les épaules. La gouvernante se contente de poser les plats sur l'immense table, bien trop grande pour une si petite famille, bien proportionnée par rapport à la pièce sur-dimensionnée.
« On verra ça plus tard, au fait on a trouvé la robe de marié de Louise. Deux mots. Vera Wang. » L'effet d'une bombe qui vient de gâcher son repas, elle a réussie son coup, il étouffe. Il a besoin d'air. Il a envie de vomir sur le dessin de sa vie. Le destin du jeune homme est lié à celui d'une belle jeune femme, il s'amuse à jouer les princes charmants avec elle, bien qu'il est loin d'en connaître tous les talents, il ne l'aime pas, mais il ne veut pas se montrer blessant. Elle n'y est pour rien, comme lui, elle n'est qu'un pion dans cette histoire. Il ne sait pas qui est le pire. Elle, ou son père. La beauté plastique ou l'accro à la perfection. Quand on dit à son enfant qu'un jour il sera le roi du monde, forcément il y a des conséquences. Des exigences. Naël ce qu'il voulait c'est qu'on lui construise une maison au dessus de l'océan, un endroit isolé où il aurait mangé des friandises et des crèmes glacées, tout le temps, sans qu'on lui impose la moindre limite, du bout des doigts il aurait touché les étoiles et parfois, il aurait été camper, se cacher, dans les nuages. Un rêve de gamin auquel il s'accroche, parce qu'on a essayé de le faire grandir trop vite. D'imposer à Peter Pan une directive. Il n'a pas besoin d'amour pour s'envoler.
« Parfait. » dit-il en continuant de participer à la mascarade.
La vérité. C'est que la vie de Naël pourrait fait l'objet d'une télé-réalité que les français suivraient pour se distraire, pour faire des commentaires. Sauts en parachutes réguliers, pilotage d'un avion les yeux fermés, courses poursuites en kart dans une fête foraine, complètement perché sur une autre planète, Naël il fait n'importe quoi, n'écoute que lui. Il fuit, s'enfuit. Libre, aussi libre qu'un oiseau, il vole, s'envole. Enfant unique pourri gâté, son immaturité a grandit avec lui. Naël en a fait voir de toutes les couleurs à ses parents, au point qu'à la suite d'un accident de voiture, ils ont pris la décision de le confier à sa grand-mère maternelle qui vit à Londres. Loin de le vivre comme une punition, le garçon est littéralement tombé amoureux de la culture anglaise et surtout des anglaises en général. Durant son enfance, Naël passait quasiment toutes ses vacances chez sa grand-mère et au fil des années, il est devenu très proche d'elle. C'est la seule qui sait comment contenir son trop plein d'énergie, qui ne cherche pas à faire de lui quelqu'un qu'il n'est pas.
FRANCE, MAISON DES DUBOIS, AVANT LE DÉPART ✻ ” On passe notre vie entière à s’inquiéter de l’avenir, à faire des projets pour l’avenir, à essayer de prédire l’avenir... Comme si savoir à l’avance pouvait amortir le choc. Mais l’avenir change constamment. L’avenir est le lieu de nos plus grandes peurs, et de nos espoirs les plus fous. Mais une chose est sûre : quand finalement, il se dévoile... l’avenir, n’est jamais comme on l’avait imaginé. ” « Les étoiles. Elles sont comme nous, elles finissent par s'éteindre au bout d'un certain temps. » Il est perdu. Triste. Abîmé. Il se tient debout. Il est face à elle, le regard vide, les yeux explosés. Elle le sert dans ses bras, Louise le sert fort contre elle et il ne bouge pas. Pas d'un centimètre. Le vent les effleure. Le froid ralentit leur cœur. Il se consume et pourtant ce n'est pas le feu qui est en train de le réduire en cendre. C'est elle. Cette putain de vie. Et il y a Louise, Louise Dubois. Cette fille qui est entrée de force dans la vie de Naël. Celle qu'il s'efforce d'éviter et qu'il retrouve à chaque fois au bout du chemin. Indéniablement liés par cette éternité qui leur est imposée.
« Tu sais Naël, tu peux m'en parler si tu veux. Je suis là malgré tout, malgré ces fiançailles. Parle-moi. Ton silence me rend complètement dingue. » Elle est gentille Louise, elle est attachante aussi. Il n'a rien contre elle, mais il aurait voulu être amoureux pour pouvoir s'investir pleinement dans cette relation. Naël, il se compare souvent à un oiseau. Et comme tous les oiseaux, il ne supporte pas que l'on prive de sa liberté. Malheureusement il est forcé de constater qu'à l'heure actuelle, il a besoin d'elle. Il n'a qu'elle. Les images ne cessent de combler chaque parcelle ce son esprit et à chaque fois qu'il tente de s'exprimer, il a l'impression de s'étouffer. Cette corde invisible autour de son cou qui se serre au fur et à mesure des secondes qui défilent. Il a frôlé la vie.
« J'étais... Ils étaient... » Il essaie. Une bonne fois pour toute, il veut que ces images cessent de le hanter. Constamment. Sans répit. Tels des vagues qui vont et qui reviennent.
« Tu sais comment on fait pour surmonter ça ? Louise je veux savoir comment on fait pour surmonter ça. » Il se sépare de son étreinte et serre ses mains autour de ses bras. Il l'a secoue, l'air désespéré et pour la première fois il se sent proche d'elle. Proche de cette Louise qu'il s'entête à repousser. Elle en a fait des efforts, bien plus qu'il n'a essayé. Lui tout ce qu'il voulait, c'est avoir le choix. Naël c'est le genre de garçon qui est né avec des ailes dans le dos, qui reste perché bien haut sur son nuage blanc et qui redescend à l'occasion. Quand ça l'enchante. Il n'a pas besoin d'un putain de pansement. Il ne veut pas être dépendant de quelqu'un. S'attacher. Souffrir. Ressentir constamment ce manque. Il ne veut pas qu'elle lui manque et avoir ce trou au coeur. Faire tomber des arcs-en-ciel, que son histoire soit pulvérisée par des grues et que les pièces tombent dans la terre. Qu'elles s'enterrent.
« Parce que moi je ne sais pas. Je suis resté. Je suis resté à côté d'eux pendant plusieurs minutes, elles étaient longues et interminables. Je n'ai pas compris pourquoi j'y suis pas passé moi aussi. Pourtant je suis encore là. Je sais bien qu'on ne m'expliquera jamais. Etant donné qu''entre nous, on sait qu'il n'y a pas logique à la vie. Nous sommes des putains de pantins dans un putain de spectacle.» Il est trempé. Elle aussi maintenant. La pluie inonde Paris depuis plusieurs jours et cela fait presque deux heures qu'il est dehors à la recherche de quelque chose ou plutôt de quelqu'un. Inconsciemment il est sorti et il s'est mis à marcher sans penser où il s'arrêterait. Sans penser à quoi que ce soit. Naël la relâche. Il pose ses mains sur sa bouche, il essuie vulgairement l'eau qui coule abondamment sur son visage. Et soudain.
« Je ne veux pas me marier avec toi Louise. Je ne veux pas être un fantôme. Je veux vivre. Je suis perdu, en morceaux et je veux vivre. » Et soudain, il s'entend. Il se met à sourire, il commence doucement à rire et il finit par exploser. Il rit aux éclats. Naël devient euphorique, il a enfin compris. Il a laissé un bout de lui dans cet accident de voiture qui ne rime à rien et peut-être qu'il y est resté tout entier. Cet accident qui s'est déroulé en une fraction de secondes. Il n'a rien perdu, il s'est juste perdu lui-même.
« On n'a jamais eu d'arc-en-ciel. » L'amour. Naël s'est toujours dit qu'une fois qu'il tomberait amoureux d'une fille, il verrait la vie de toutes les couleurs. Il observerait le monde d'une autre façon. Il serait remplacé par un flou artistique. Évidemment Louise, elle n'est pas contente. Elle déchante pensant qu'ils étaient en train d'écrire quelque chose sur les pages blanches de leur histoire. Elle le gifle, elle le pousse, elle hurle de colère. Elle a le droit. C'est un con. Un putain de con.
« Dégage, va t-en, je ne veux plus te voir. » Naël il ne mérite personne. Il revendique trop sa liberté pour pouvoir s'inquiéter de quelqu'un. Il se suffit à lui-même et entre nous, c'est déjà beaucoup.
LONDRES, MAISON DES " EMERSON " ✻ ” Tous les jours j'fais l'acteur, j'fais semblant, j'maquille la peur en plaisantant. ” Appuyé contre le comptoir du bar, il observe les invités. Une soirée chez les voisins, contrairement à sa grand-mère, il ne pouvait pas louper un tel évènement. La famille Emerson vient de débarquer en ville et il est intrigué par les membres qui la compose. En apparence, le père a l'air d'être un mec blanc comme neige, le genre qui détourne pas de l'argent, mais il semble avoir d'étroites relations avec sa femme de ménage. La mère, est une pale copie de la sienne. Elle aborde un sourire qui en dit long sur ses intentions, mais surtout elle porte une robe que sa fille pourrait enfiler sans le moindre problème. On voit clairement qu'elle a un problème avec son âge et aussi avec l'alcool. Quand à la fille, elle est tout simplement coincée. Un peu trop intelligente, un peu trop BCBG, un peu trop dans son monde. Malgré tout, elle semble avoir un copain. C'est mignon. Elle est tout l'opposée de son frère. Il l'a fixe un peu trop longtemps, de manière dérangeante, ce qui semble la gêner ou plutôt l’agacer. Il a du mal à définir ce que les éclairs dans ses yeux veulent transmettre comme message. Il lui adresse un clin d’œil et elle réplique en pointant son majeur. La soirée s'annonce plus intéressante que prévue. Quelques verres et quelques heures plus tard, il profite de l'absence du petit ami pour la rejoindre au bord de la piscine. Espérant lui faire payer son acte gracieux et divin. Il s'approche d'elle et lui glisse discrètement dans son oreille :
« Plutôt moche pour une aussi jolie fille d'être aussi malpolie. » Il l’agace, elle bouillonne, et passe son bras autour de son épaule pour en rajouter une couche.
« Heureusement pour toi, je ne suis pas rancunier. » Un grand sourire arrogant s'affiche sur son visage, un sourire de provocation. Automatiquement, elle retire son bras de ses épaules et avec sang-froid, elle lui colle une belle droite. L'inconnue tourne les talons, mais il ne compte pas en rester là. Touché dans son égo, Naël attrape son bras et elle se débat, n'hésitant pas hurler qu'il est en train de l'agresser. Sans hésiter, il l'encercle avec ses bras et se jette avec elle dans la piscine. Elle essaie de remonter à la surface et il joue, encore, il essaie de faire en sorte de la garder auprès de lui un peu plus longtemps.
« Espèce de... ! » « Vas-y je t'écoute exprime le fond de ta pensée. » « T'es qu'un con, je dirais même plus un gros con ! Tu viens d’abîmer ma robe qui provient d'un grand couturier et je te jure que mon copain va te buter pour ce que tu as fait. » « Je crois plutôt qu'il va me remercier et tu sais pourquoi ? Parce qu'elle te vas largement mieux dans cet état, si tu vois ce que je veux dire. » dit-il en la reluquant de haut en bas, tandis qu'elle essaie tant bien que mal de cacher la couleur de ses sous-vêtements au reste des invités. L'inconnue lâche un voir plusieurs grognement, éprise d'une colère noire et sort de la piscine. En croisant une dernière fois son regard, il est certain qu'elle a essayé de le tuer une dizaine de fois rien que par la pensée. Il continu de sourire bêtement parce qu'il est sur qu'elle n'en restera pas là, qu'il l'a reverra.
LONDRES, APPARTEMENT DE NAËL ✻ « Moche. » « Crétin. » Ils passèrent plusieurs mois à jouer au chat et à la souris, des mois à se détester et à se retrouver. Naël n'avait pas osé parler de sa dernière altercation avec Louise Dubois, celle qu'il était censé épouser dans quelques jours. Il sait très bien qu'ils sont au courant, mais il sait également qu'ils n'approuveraient pas le fait qu'il ait osé se marier dans leur dos. Encore jeune et pourtant très amoureux. Un soir, ils ont pris l'avion pour aller à Las Vegas. Au départ, il s'agissait d'une sortie entre potes, d'un plan organisé sur la comète et au final, ça s'est transformé en mariage, basé sur un pari, sur des conneries. Ils auraient pu tout annuler, dire devant un avocat que ce soir-là, ils n'étaient pas en état et qu'ils regrettaient d'avoir été aussi inconscients. Le truc, c'est qu'ils n'en avaient pas envie. Elle est devenue sa muse, il ne se lassait pas de la regarder tant elle était belle. Cette inconnue qui le rendait dingue, le mettait dans tout ses états. Ils ne s'entendaient pas sur tout, en fait ils n'étaient jamais d'accord et c'est ce qui fonctionnait entre eux. Ce désaccord perpétuel qui entrainait une certaine passion. Avec elle, il vit en haut de son putain d'arc-en ciel. Naël n'habite plus chez sa grand-mère, mais dans un appartement situé en plein coeur de Londres. Il a pris son indépendance et voilà où ça le mène. Toujours plongé dans cette bulle infernale où il n'en fait qu'à sa tête. Pensant qu'il finira le restant de ses jours avec son anglaise. Il brise sa carapace. Il prend des risques en la laissant dévoiler ses sentiments. Naël se laisse embarquer dans ce qu'il appelait autrefois, la vie. Il grimpe en haut de son fichu arc-en-ciel, se laissant briser le coeur à plusieurs reprises, il a été pulvérisé par des grues et ses histoires d'amour sont tombées en miettes dans la terre. Telles des graines. Sans aucune poésie pour le sauver. Aux oubliettes.
LONDRES, BAR IRLANDAIS ✻ Naël ne vit pas une vie d'exception, mais il est interne à l'hôpital. Il souhaite devenir médecin et se spécialiser dans le service de réanimation. Le brun travaille également dans une filiale qui se nomme " VALENTINE'S COSMETIC ". Les Valentine ont développé leur activité en Angleterre et cela a permis à Naël, en acceptant d'être co-gérant, de se rabibocher avec eux. Un peu. Ce n'est pas parfait, mais il y travaille. De plus, cela lui permet d'atteindre un certain confort, de vivre dans les beaux quartiers de Londres. Un Valentine ne peut pas fuir éternellement sa vraie nature. Naël est bien placé pour le savoir. C'est une façon pour lui et pour eux, de réparer ce qui a été brisé. Il n'est pas encore solide le sparadrap, il est fragile, mais il tient et c'est l'important.
« C'est une connasse. Elle l'a choisi lui, au lieu de moi. Je suis complètement largué là. Dans tous les sens du terme. » Et pourquoi dépendons-nous de l'amour déjà ? Naël se pose encore la question. Il a essuyé un divorce et toutes les réflexions qui vont avec. Ce n'est pas un fou du mariage, mais disons qu'il a aimé au point de vouloir lier sa vie à une autre. Maintenant quand il y repense, il trouve ça niait et stupide. Il voudrait pouvoir soutenir son ami et lui dire de belles ritournelles, des choses poétiques, mais tout ce qu'il a envie c'est de cracher sur l'amour et ce qu'il nous impose.
« Et toi t'es un con. Tu en trouveras une autre. Ce n'est pas la peine de te noyer pour elle, tu le sais que ce n'était pas la bonne. » Il passe son bras autour des épaules de son ami.
« Observe. Ouvre-bien tes yeux et ose me dire qu'il n'y en a pas une qui t'attires. » dit-il de manière positif, en tentant de lui ouvrir les yeux sur le monde.
« Tu te fous de ma gueule ? C'est une blague de français c'est ça ? » Naël est le plus sérieux du monde. Il a décidé qu'il ne toucherait plus le fond, plus jamais. Il en marre de manquer d'oxygen, d'avoir besoin de temps pour être bien, pour comprendre qu'il ne changera jamais et qu'ils n'ont pas besoin de revenir en arrière pour tout corriger.
« Le plus sérieux du monde. Je vais t'abandonner à ton propre sort et aller draguer la jolie blonde qui est au bar. » Il laisse tomber son ami et se dirige d'un air nonchalant vers une jeune femme posée contre le comptoir. Naël n'est pas vraiment un bon copain quand il aperçoit une jolie fille.
« Bonsoir je m'appelle Clément. Je ne suis pas vraiment charmant et je n'ai pas beaucoup d'argent. » Conneries. Il aime bien reprendre ses vieilles habitudes, ses vieilles techniques de drague. Naël ment toujours sur son identité, il raconte souvent qu'il a fait le tour du monde et qu'il n'a pas un rond. Il aime bien se faire passer pour l'aventurier qui est pommé et sans attache.
« Et c'est comme ça que tu comptes me mettre dans ton lit... Clément ? Il en faudra plus pour m'impressionner. » Elle répond du tac au tac et ça lui plait. En général, elles se contentent de sourire, d'être surprise par une entrée en matière aussi peu travaillée. Il l'a regarde, il l'a désire, elle est belle et lui, bien plus que les autres, il est attiré par la beauté.
« Quoi ? » Elle perd patience. Naël n'entend pas la musique qui résonne en fond, il ne voit pas les personnes qui dansent autour d'eux, il se montre juste dérangeant. Un peu trop insistant. Émerveillé par tant de perfection.
« Je regardais le bout de salade que tu avais de coincé entre tes dents. Il est si vert, si bien placé... C'est mignon. Sur ce, bonne soirée. » Étrange. Elle n'a rien de coincé entre ses dents, elle est bien trop parfaite pour cela. Naël est juste chiant, un con, le roi des emmerdeurs. Capable de vous faire douter de vous-même, capable de vous mettre la tête à l'envers. Il n'arrête jamais, il n'a peut-être pas eu un destin exceptionnel, mais il marque les esprits et peu importe de quelle manière il le fait. On n'a pas tous la chance d'être aussi insupportable.
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