(✰) message posté Sam 25 Juil 2015 - 22:17 par Invité
Il a l'air d'avoir tellement confiance en moi, j'aimerai croire qu'il a raison, croire que je serais capable de grandir et de combattre mes addictions, de me battre pour ma vie. Il n'a pas l'air de s'imaginer à quel point s'est dur pour moi de vivre avec ça, de me lever tous les jours et de me dire que ça n'a aucuns sens, de me dire que j'aurais pu cent fois améliorer les choses et que je ne l'ai jamais fait, peut-être que ça me plaît d'être une victime au fond. Je ne suis pas choqué qu'il me dise de me sortir les doigts du cul, ça me fait sourire même, mais je vois ou je veux en venir. Je baisse la tête quand il me fait comprendre que ce n'est pas anormal d'être violent avec mes problèmes, sauf que je ne veux faire de mal à personne. J'ai peur de perdre le contrôle, de devenir cette bête qui sommeille en moi et qui n'attend que de s'exprimer.
« Je ne veux pas faire de mal à qui que se soit, seulement quand je suis comme ça, j'en veux au monde entier et j'ai l'impression de perdre la tête. Je suis terrorisé à l'idée de devenir ce monstre Owen. Je n'ai pas envie qu'il prenne le contrôle. »
C'est comme s'il y avait un autre moi à l'intérieur de moi, un Tristan plus violent qui lâche toute sa colère contre le monde entier. J'ai toujours fais semblant que tout allait bien, j'ai toujours fait croire que je contrôlait tout, que se soit mon image, que se soit ma vie sentimentale, ou tout le reste, au fond je n'ai le contrôle sur rien. Je suis faible. C'est comme si j'avais une double personnalité quand j'ai ces crises de violences et je déteste les avoir, parce que ce n'est pas vraiment moi. Pourquoi est-ce qu'on m'offre une seconde chance? J'ai toujours tout fais de travers, pourquoi aujourd'hui ça serait différent? Est-ce que le destin existe vraiment? Est-ce que tout ça ne sont pas que des histoires que l'on raconte pour se justifier et se dire que oui on n'a pas fait ce choix-là parce que c'était le destin ,alors qu'au fond on avait juste peur? Je lui souris quand il me dit qu'il me fera passer un mauvais quart-d'heure si je me rabaisse encore devant lui. C'est agréable d'avoir la sensation que quelqu'un nous protège.
« J’appellerais. Est-ce qu'on peut s'occuper de mon bras maintenant? Ça fait un peu mal quand même.»
Sans blague, je me suis éclaté la main contre la porte, c'est normal que j'ai mal. Je vais encore me retrouvé avec une atèle ou un plâtre. Je vais pouvoir faire un abonnement à force.
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(✰) message posté Ven 31 Juil 2015 - 15:09 par Invité
I just want you hear me
Owen & Tristan
Les marines et d'autres corps de l'armée ont pour habitude d'utiliser des formules latines pour se différencier des uns et des autres. En quatre ans de cohabitation, j'en ai retenu une seule « Semper Fidelis » qui pourrait se traduire par « Toujours fidèle ». Cette devise, porte étendard des troupes spéciales, avait éveillé en moi une curiosité insoupçonnée. Je voulais comprendre au plus près cette expression, alors pour se faire, j'ai fait ce que toute bonne personne rationnelle fait, à savoir, ouvrir un ordinateur et demander à ce cher Google d'émettre une recherche. Je vous laisse imaginer que les premiers résultats ne furent pas des plus concluants. Wikipédia n'est pas une mine d'or comme l'on se plaît à l'imaginer, c'est un puis vide qu'il faut combler comme on peut. Tout ça pour dire qu'après quelques âpres recherches effectuées sur un réseau on ne peut plus commode, j'ai finis par saisir le sens même de cette devise chère à bien des camarades. Cette locution était souvent employée dans les corps armés, mais aussi au sein des villes qui souhaitaient affirmer leurs bonnes intentions à leur monarque, leur pays, leur représentant hiérarchique... La liste était plutôt exhaustive, je n'ai fait que retenir le plus simple. Le Semper fi, était un serment qui rappelait aux gardes prétoriens, la promesse de fidélité qu'ils avaient fait envers leur empereur.
Voilà l'explication plus ou moins rationnelle de la chose. Mais je dois avouer que même avec les mots, je ne parvenais à appréhender totalement cette devise. Je ne l'ai compris que bien plus tard, après avoir effectué ma première mission. Le Semper Fi n'est pas un asservissement, ni le rappel à l'ordre d'un engagement, non, c'est bien plus encore. Cette fidélité éternelle, c'est une cohésion, c'est une force, une fraternité. C'est une promesse que l'on fait à nos frères d'armes, à ceux et celles qui traversent avec nous les champs de mines et essuient les tirs ennemis. Mais c'est aussi une promesse que l'on fait aux camarades qui partagent les mêmes troubles. On vit ensemble, on meurt ensemble, voilà comment résumer les choses sans l'aspect austère de la rationalité. Tristan n'était pas un soldat, néanmoins, je pouvais lui dédier cette devise. Nous ne sommes pas frères d'armes, mais nous avons lutter et nous luttons encore contre une ennemie commune, l'addiction. Et à ce titre, nous devons œuvrer ensemble, différemment certes, mais ensemble sinon rien. À cet instant, je m'étais fait la promesse solennelle d'une éternelle fidélité à Tristan. Bien sûr, je préférais garder cette promesse pour moi, pour ne pas trop en faire et pour continuer à paraître solide aux yeux de mon camarade d'infortune. Mais je savais qu'à présent nous étions liés l'un à l'autre pour combattre chacun à notre façon, la dépendance.
Cette fois, je me tais, je le laisse parler, car je sais qu'il en a besoin et même s'il se fustige, je sais que d'une certaine façon, il se déleste de tous les maux qui l'accaparent. Il comprend certaines choses, parfois il les interprète mal, mais c'est à lui de faire le chemin qu'il lui reste à parcourir pour sortir de la tête de l'eau. Bah dis-donc, je ne me savais pas si philosophe ! Mais traite de plaisanterie je dois quand même examiner cette main qui semble bien douloureuse. Je m'exempte alors du rôle patriarcale et enfile à nouveau mon costume de médecin. J'observe ainsi avec attention la blessure de mon patient.
"-A priori la fracture s'est bien résorbée avec le plâtre. Tu vas avoir quelques fourmillements et il faudra une voir deux heures pour que ton bras retrouve toutes ses sensations. Ca c'est dû au plâtre qui a endolori ton muscle. Ensuite, il ne faudra pas t'étonner de découvrir, sous le plâtre, une peau asséchée et une repousse du poil. Je te conseille de mettre une crème hydratante, de la Aveeno ou du Lubriderm, au moins deux fois par jour pendant une petite semaine. Je précise que si tu as encore mal, c'est normal. C'est un peu comme les douleurs fantômes après amputation, sauf que pour toi, ça va se dissiper progressivement. Je te ferais une ordonnance pour la crème, tu l'as trouvera facilement en pharmacie. Bon sur ce, ça n'est pas moi qui est en charge de l'enlèvement du plâtre. C'est à l'étage en dessous. J'espère que ça ira. Tu sais que tu as mon numéro en cas de problème, alors n'hésite pas, qu'importe l'heure."
Je lui adresse un sourire, puis une petite tape amicale sur l'épaule. J'espère vraiment qu'il va s'en sortir, parce que je l'apprécie, que je tiens à lui. Il mérite plus que quiconque de tourner la page et de vivre tout simplement une vie dont on l'a privé avec cette agression.
"-Aller, vas donc enlever ce plâtre ! Et ne t'avise plus d'aller éclater ta main contre une porte. On ne distribue pas de carte d'abonnement ici."
J'esquisse un dernier sourire et ne peux finalement m'empêcher de le serrer une dernière fois dans mes bras pour le rassurer et lui insuffler de l'énergie positive.
"-Aller file !" dis-je en lui ouvrant la porte. Il me sourit à son tour et finit par quitter mon bureau. J'espère ne plus jamais le retrouver dans un sale état, quiconque d'ailleurs. Alors je pense qu'il faudrait batailler pour que ça n'arrive plus. C'est ainsi que je referme la porte de mon bureau dans l'attente d'une nouvelle consultation.