(✰) message posté Dim 22 Fév 2015 - 20:03 par Invité
. I KNOW ALL YOUR REASONS TO KEEP ME FROM SEEING. BUT NOW I AM LEAVING, ALL OF US WERE ONLY DREAMING. EVERYTHING IS ACTUALLY A MESS ‣ .Elle avait chuté, une fois, une seule. Elle avait laissé un doux mensonge l’enrober le temps d’une soirée. Rien n’avait de sens et elle se contentait de l’accepter, comme si le destin pesait de tout son poids sur ses épaules. La brune laissait ses pieds nus fouler l’herbe fraiche du palais royal, sans se soucier du quand dira-t-on. Ses boucles se baladaient dans son dos, et le bas de sa robe était humide. Elle marchait sans raison, l’alcool ayant rendu tous ses sens endoloris. Elle se sentait libre, libérée d’une emprise qui appuyait depuis trop longtemps sur sa poitrine. Julian était au loin et elle n’avait plus aucune douleur à s’éloigner de lui. Son coeur restait en miettes mais elle savait qu’à présent il serait plus aisé de le réparer. Elle ramassait les chaussures qu’elle avait abandonné à l’entrée des jardins et montait les escaliers qui menaient à la fête. Il y avait encore du monde, ceux parmi lesquels elle n’avait pas sa place. Toute cette fête était une grande mascarade auquel elle ne souhaitait plus prendre part. Lasse, elle passait entre les couples dansants, ignorant les coups d’oeil qu’on lançait à la paire de talons qu’elle tenait dans l’une de ses mains. Elle arrivait aux portes de la salle de bal, là même où elle était pour la première fois entrée. Ses yeux océans se posèrent sur une silhouette familières, qui avait avancer en symbiose avec la sienne le temps d’une danse. Rhys se tenait droit, toujours impeccable, son regard intense plongé dans le sien. Il devait la trouver ridicule, mais elle s’en fichait. Il l’attendait, peut-être. Malgré leurs différents, le début de soirée avait été calme. Elle était parvenue à mettre sa colère de côté pour se montrer fière face à lui, mais à sa vue, tout remontait. Les bribes de leur discussion attisaient son humeur et le voir l’attendre ne faisait qu’amplifier sa colère. Pourquoi était-il encore là ? Après tout, il n’en avait rien à faire. Il ne se souciait pas d’elle, il lui avait fait comprendre. C’était sa faute après tout, la brune s’était livrée à lui en pensant que peut-être les choses avaient changé. Elle pensait qu’ils avaient grandi, mais c’était faux. Rien n’avait changé. Elle finit par avancer et passa devant lui, sans le quitter des yeux. Elle tenait difficilement sur ses deux jambes, mais elle parvint sans embuches jusqu’à la sortie, sentant la présence de Rhys derrière son dos. Peut-être lui avait-il parler, elle n’en savait rien. La brunette arriva finalement sur le trottoir où des couples attendaient que leur voiture leur soit rendue, et d’un signe de main elle arrêta un taxi qui venait au loin. Il coupa le moteur à sa hauteur et elle prit place à l’arrière pendant que Rhys faisait le tour de la voiture. L’alcool troublait ses pensées à mesure que son agacement grandissait. Il voulait jouer au garçon bien élevé qui raccompagnait sa cavalière, mais il n’avait rien d’un prince charmant à ses yeux. Et ils le savaient tous les deux. « 85 Redchurch Street, Shoreditch. » Le reste du trajet se déroula dans le silence. Son front posé à la fenêtre froide du taxi, Sam voyait défiler des centaines de lumières sous ses yeux. Elle ne connaissait pas la raison qui la poussait à réagir ainsi. Il y avait encore quelques temps, elle ne se serait pas soucié de lui, de ce qu'il pensait, de ce qu'il disait. Ses mots n'avaient jamais compté, elle les avait toujours balayés. Mais elle n'avait pas pu supporter son silence. Elle n'avait pas supporter son regard sur elle, ces yeux qui ne la regardaient plus comme autrefois. Les effets de l’alcool se dissipaient au fur et à mesure que le compteur défilait. Elle n’était plus en colère, seulement lasse. Elle ne le voulait pas à ses côtés, et pourtant il était là. Il était constamment là. Le taxi finit par s’arrêter devant son immeuble, un vieux bâtiment dont les pierres commençaient à sérieusement datées mais dont le charme plaisait à la brune. Ca ne devait pas être le cas du sien. Elle fouillait dans sa pochette à la recherche de quelques billets, sachant qu’elle n'en avait pas assez pour payer la course. Elle tendit une liasse au chauffeur avant de descendre sans même attendre qu’il ait bien compté. La jeune femme avançait vers les lourdes portes de son immeuble, manquant de renverser la moitié de son sac en partant à la recherche de ses clés. En cherchant, elle espérait que Rhys était resté dans la voiture. Elle espérait qu’il ne la suivrait pas, car elle n’avait aucune envie de jouer ce soir.
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(✰) message posté Mar 24 Fév 2015 - 0:20 par Invité
S’il y réfléchissait pendant un peu plus de deux secondes, Rhys se serait bien passé de ce bal pour finir l'année. Ce genre d’évènement mondain, ce n'était pas spécialement ce qu’il préférait, surtout lorsque sa cavalière se révélait être une jeune femme avec qui ses rapports étaient pour le moins... tendus. Malgré quelques piques qu'ils s'étaient lancés au début de la soirée ainsi qu'une danse partagée, leurs chemins s'étaient rapidement séparés. Rhys n'avait pas porté une attention particulière à la soudaine disparition de Sam. De toute façon, il l'avait prédit dès le moment qu'il avait compris qu'elle serait sa partenaire du jour; il leur serait impossible de rester ensemble bien longtemps. Ils étaient loin d'être amis et ne pouvaient pas se forcer à l'être, beaucoup trop entiers pour rentrer dans le moule d'un mensonge aussi évident que ridicule. Alors, après avoir flâné dans la salle, se lançant dans des discours tantôt flatteurs, tantôt aigris en fonction de la personne qu'il abordait (parce qu'il fallait l'avouer : Rhys avait aussi beaucoup d'ennemis) entre deux coupes de champagne, le journaliste jeta un coup d'œil a sa montre. Une heure du matin, bientôt deux. Le décompte était passé, il avait promis à Naël de rentrer pour faire l'after chez lui, et puis il n'y avait plus aucun individu intéressant avec qui faire la causette. Tout pointait à indiquer qu’il n’y avait rien de mieux que rentrer chez lui afin de profiter des vraies festivités. Brusquement épris d’un élan de bon sens, le brunet jugea tout d’abord judicieux de faire un tour dans la salle histoire de prévenir Sam qu’il s’en allait. Elle s’en fichait probablement, d’ailleurs, elle n’attendait peut être que cela, qu’il se tire, mais il préférait quand même l’avertir, ne sait-on jamais. Malgré l’heure tardive et les couples qui s’en allaient au fur et à mesure, la salle de bal restait tout de même bondée. Impossible d’y distinguer la jeune femme. Ce n’est qu’un peu par hasard qu’elle fit à ce moment son apparition devant l’entrée. Un sourcil arqué, Rhys la dévisagea, son regard s’attardant sur le bas de sa robe trempée ainsi que sur ses escarpins qu’elle tenait dans sa main. Bon dieu, qu’avait-elle fait durant tout ce temps ? La danse de la pluie en sautillant dans une flaque d’eau ? S’abstenant de tout commentaire, il se contenta de la suivre, réalisant alors que Sam était loin d’être dans un état sobre et que par conséquent, il ne pouvait se résoudre à la laisser rentrer chez elle toute seule. Il n’avait aucune raison de le faire, que l’on soit clairs, mais poussé par quelque chose que l’on appelait plus communément du bon sens, l’abandonner dans cet état relevait de la pure stupidité. A la sortie du taxi, il donna un billet de plus au chauffeur lorsque celui-ci s’apprêta à courir après Sam pour lui réclamer l’argent manquant et sans piper mot, Rhys suivit la petite brune, les mains fourrées nonchalamment dans les poches. Son attention fut portée durant une poignée de secondes sur les noms de la boîte aux lettres, remarquant alors que d’autres noms accompagnaient celui de Sam. Il priait intérieurement pour qu’ils soient là. « Donne-moi ça. » dit-il d’un ton un peu plus sec qu’il ne l’aurait voulu, en la voyant se battre avec son sac pour retrouver ses clés. Il n’avait pas voulu être méchant, c’était presque nerveux. Se retrouver à devoir jouer au garçon protecteur alors qu’ils n’avaient fait que se disputer la dernière fois qu’ils s’étaient vus le mettait mal à l’aise. Et cacher ce malaise derrière un masque de fer était ce qu’il savait le mieux faire. C’était ce qu’il faisait toujours. Quelques instants plus tard, Rhys s’empara des clés avant de tourner la poignée de la porte de son appartement, sans demander son autorisation. « Besoin de quelque chose d’autre ? » s’efforça-t-il à demander, appuyant au hasard sur les interrupteurs pour allumer la lumière du séjour. Il mettait les pieds ici pour la première fois et par réflexe, il ne put s’empêcher de balayer la pièce du regard. « Tu vas pouvoir rester toute seule sagement ou il faut que j’attende que tes amis, colocs, whoever rentrent ? » Cinglant sans être direct, il lui reprochait son comportement de ce soir. D’accord, plus d’une fois Rhys s’était lui-même retrouvé dans ce cas et jamais il n’avait pensé à la connotation négative que l’alcool lui apportait. Mais Sam, elle, elle n’était pas censée s’y plonger. Elle méritait mieux.
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(✰) message posté Mar 3 Mar 2015 - 21:56 par Invité
. I KNOW ALL YOUR REASONS TO KEEP ME FROM SEEING. BUT NOW I AM LEAVING, ALL OF US WERE ONLY DREAMING. EVERYTHING IS ACTUALLY A MESS ‣ . Ses pensées confuses étaient toutes dirigées vers la même personne ; son cavalier pour la soirée, son ennemi de toujours. Elle ne savait pas quelle force la poussait à un tel excès, pour une simple histoire. Cela faisait des années qu'il ne pouvait se tenir dans la même pièce sans tenter de s'étrangler, et elle s'étonnait qu'il puisse se moquer de son histoire. Elle lui en voulait, certes, mais elle était la première personne à blâmer. La brune avait baissé sa garde, elle avait cru pouvoir rendre les armes un instant, et elle payait son erreur. Ils n'avaient rien en commun, appartenaient à deux mondes radicalement distincts, et leurs différences creusaient toujours un peu plus le fossé qui les séparait. Il n'y avait rien à attendre d'eux, de cette potentielle amitié qui aurait pu se former. Elle avait été sotte de croire qu'ils pouvaient changé ; ils en revenaient inlassablement à se blâmer, se haïr et se pourrir. Et elle n'était plus certaine de vouloir continuer cette routine qui durait depuis déjà tant d'années. Peut-être avaient-ils usé à ce jour de toutes leurs cartes. Elle avait dévoilé son jeu et avait perdu. Il n'y avait pas de quoi en faire une histoire, et pourtant c'était exactement ce qu'elle faisait, guidée par une force qui lui était inconnue. Malgré l'étroitesse de sa robe et son taux assez élevé d'alcoolémie, elle parvenait à monter jusqu'au seuil de son appartement sans trop de mal. Le bas trempé de sa robe gênait ses mouvements et lui promettaient un joli rhume à venir, tendit qu'elle laissait une chaussure tomber à terre en tentant d'attraper ses clés. Plus elle cherchait, en vain, plus son agacement grandissait face à l'idiotie de la situation. Rhys l'avait suivi et pouvait à présent admirer le cocon plutôt miteux dans lequel elle s'était installée. Les murs du couloir étaient délabrés, la moquette avait fait son temps, et les fenêtres étaient recouvertes d'une fine particule de poussière installée là depuis des années. Ce n'était pas un château, mais elle avait appris à aimer ce vieux bâtiment qui menaçait de tomber en ruine à chacun de ses pas. Tandis qu'elle s'évertuait à fouiller dans la mauvaise poche de son sac à main pourtant ridiculement petit, la voix sèche de Rhys s'éleva dans l'air. « Donne-moi ça. » Par fierté, ou simplement par orgeuil, Sam ne daigna pas lui accorder un regard et continua ses recherches pendant encore une bonne dizaine de seconde avant de baisser les bras. Agacée, elle finit par lui tendre le sac dans lequel il trouva son trousseau d'un seul regard. Elle détestait ce sentiment d'assistanat, et elle détestait ce nouveau rôle qu'il tentait de jouer face à elle. La jeune femme avait grandit avec l'idée selon laquelle elle n'avait pas à avoir besoin de quelqu'un, mais l'alcool semblait changer la donne. D'un côté, le fait qu'il puisse la voir dans cet état lui était bien égal, mais l'humiliation était trop grande pour simplement la balayer du revers de la main. Il finit par tourner les clés dans la serrure, sachant pertinemment qu'elle en serait incapable. Il ouvrait la porte et elle le dépassait pour retrouver l'atmosphère familière de son appartement tout en entendant la voix du brunet dans son dos. « Besoin de quelque chose d’autre ? » Il cherchait la lumière alors qu'elle parvenait au salon sans encombre, ne connaissant que trop bien les lieux. Elle jetait son sac sur le canapé sans remarquer qu'il tombait immédiatement à taire et continuait son ascension vers la cuisine ouverte sur le salon. « Je n’avais pas besoin de ton aide. » Son ton était plus aigre qu’habituellement mais il ne le relèverait sûrement pas. Après tout, ce n’était pas comme si il s’en souciait. Il restait dans l’entrée alors qu’elle attrapait un verre près du lavabo pour y verser de l’eau. Elle avait besoin d’avoir les idées claires, rien qu’un instant. « Tu vas pouvoir rester toute seule sagement ou il faut que j’attende que tes amis, colocs, whoever rentrent ? » Sa voix l’irritait au plus au degrés, et elle prit le temps de terminer son verre avant de lui accorder un premier regard depuis qu’ils étaient montés dans ce taxi. « Tu peux t’en aller. Je suis une grande fille, je dois pouvoir survivre sans toi. » Elle lui lançait un sourire taché d’ironie avant d’aller reposer le verre dans l’évier. Elle savait qu’il partirait, elle n’avait qu’à le lui demander. Il n’attendait que ça. Et elle aussi. Mais elle ne put s’empêcher de faire quelques pas pour le rejoindre dans le salon, se postant face à lui sans cacher son irritation. « Je suis même certaine que ça arrangerait bien mes affaires de ne pas t’avoir constamment dans mes pattes. » Sam pouvait dire bien des choses qu’elle ne pensait pas sous l’emprise de l’alcool, mais en prononçant ceux-ci, elle ne pouvait cacher les penser réellement. Rhys Carstairs avait cet effet pervers sur elle, il avait cette faculté de l’emmerder à chaque seconde qu’ils passaient ensemble, comme il pouvait la faire sourire à travers chaque attaque perpétuée contre elle. Alors peut-être que finalement ils étaient mieux séparément. Peut-être que sans lui, ce serait moins le bordel dans sa vie.
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(✰) message posté Mar 10 Mar 2015 - 22:06 par Invité
☐ ☐ ☐ { some perspective on these words before i hunt them down you’re an island and my ship has run aground. }
Ils se retrouvaient encore face l’un à l’autre, occupés à se disputer, à refuser de s’ouvrir l’un à l’autre, à se déchirer. C’était constamment la même chose, sans répits, sans fin. Sans pause. Leur relation faite d’épines reposait sur ce fil fragile qui ne demandait qu’à se renforcer, mais qui paradoxalement, se cassait un peu plus à chaque rencontre. Avec Sam, il avait toujours l’impression de marcher sur un champ de mine. Bon, d’accord, pour le coup de la dernière fois, Rhys l’avait bien cherché. Ou plutôt, il n’avait pas très bien réagi. En même temps, la soutenir et la bercer d’illusions par rapport à sa révélation auraient relevé de l’hypocrisie ; quitte à passer pour un connard de première, il préférait qu’elle pense cela de lui plutôt qu’elle ait une bonne opinion basée sur des mensonges. En dépit de ce que la jeune femme pouvait croire, il n’avait pas voulu la blesser. Il pouvait parfois se comporter comme un véritable idiot, égoïste et cupide, lui faire du mal intentionnellement en appuyant sur ce sujet n’était pas dans son éthique. Rhys n’avait juste pas voulu être malhonnête envers elle. « Pardon, j’avais oublié. Super Sam n’a besoin de l’aide de personne. » se moqua-t-il sur un ton sarcastique, répondant à sa façon au sourire ironique qu’elle lui lançait. Après avoir pu découvrir à quel point la brunette pouvait se montrer vulnérable malgré ce qu’elle souhaitait laisser entrevoir, il s’estimait bien placé pour penser qu’elle disait cela pour se convaincre elle-même. En ce qui le concernait, son avis était bien différent. A ses yeux, Sam Oswald-Bower avait besoin d’aide, pour le poids qu’elle portait sur ses frêles épaules. Rhys n’était pas le premier à se porter volontaire, mais inconsciemment, il ne pouvait s’empêcher de porter un regard plus empathique sur elle. Impassible face à ses commentaires, il se massa un instant les tempes, quelque peu gagné par la fatigue due à ce foutu bal. « Tu vas me rendre dingue. » C’était sorti avec lassitude, naturellement, sans aucune gêne. Parce que le brunet savait qu’il n’y aurait aucune confusion avec l’interprétation de ses paroles. Pas dingue dans le sens dingue d’elle. Dingue, dans le sens littéral, avec une connotation négative. Si Rhys avait un effet vicieux sur Sam, il était de même dans l’autre sens. Pour une sombre raison qu’il ne voulait même pas comprendre, il revenait sans arrêt vers elle, s’obligeait à lui tendre une main avant de tout faire foirer et revenir au point de départ. Cette main tendue, comme un signe d’amitié, de renouveau, c’était ça qui le gênait autant. Pourquoi s’entêter à changer les choses si au final, ils étaient eux-mêmes incapables d’apprivoiser ce changement ? « Je t’en prie, arrête de penser que mon monde tourne autour du tien. Ça n’a jamais été le cas, et ça ne le sera jamais. » Parce que clairement, Rhys n’était même pas capable d’assumer son propre monde, de régler ses propres problèmes. Peut être que d’une certaine manière, ils étaient coltinés l’un avec l’autre quoiqu’ils fassent, mais admettre qu’elle prenait déjà un peu trop d’importance dans sa vie n’était vraiment pas prévu au programme. Desserrant par automatisme le nœud de sa cravate qui lui comprimait douloureusement la gorge, il fourra ses mains dans ses poches, le regard distraitement rivé vers la décoration de l’appartement, se demandant à quoi ressemblaient les colocataires de la jeune femme en détaillant les effets personnels qui traînaient à droite à gauche. « Tu veux que je te dise un truc ? Je fais pas ça pour toi. » trancha-t-il en reportant son attention sur Sam, faisant allusion au fait qu’il l’ait raccompagnée chez elle. Il mentait, à elle et à lui-même, se censurait d’une chose évidente qu’il niait avec fermeté depuis quelques semaines : Sam était bel et bien plus qu’une vulgaire nana avec qui il avait l’habitude de se chamailler. Elle avait réussi à le toucher, à lui faire ressentir un peu d’affection envers elle. Et si en temps normal, ce sentiment était censé être agréable, Rhys se haïssait pour s’être laissé avoir de cette façon. Comment pouvait-on ne serait-ce que s’attacher un tout petit peu à une personne à qui on avait l’habitude de faire la misère ? « Je fais ça pour ma conscience. » Là, on pouvait dire qu’il voulait la blesser. Blesser l’autre pour cacher son propre talon d’Achille, blesser l’autre pour garder la face. C’était un calcul pitoyable et égoïste, mais au moins, ça lui permettait encore une fois de s’enfoncer dans un tissu de mensonges et qui sait, peut être qu’un jour, il s’en persuaderait réellement. Le journaliste savait que balancer de but en blanc des propos aussi violents allait sûrement faire réagir Sam. Lui confirmer qu’il se fichait d’elle signait potentiellement la fin d’un chapitre même pas commencé. Peut être que c’était justement ce qu’il cherchait, après tout. Ou peut être que non. Peut être qu’en fait, il ne savait pas ce qu’il voulait, ni ce qu’il faisait.
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(✰) message posté Lun 16 Mar 2015 - 20:50 par Invité
. I KNOW ALL YOUR REASONS TO KEEP ME FROM SEEING. BUT NOW I AM LEAVING, ALL OF US WERE ONLY DREAMING. EVERYTHING IS ACTUALLY A MESS ‣ . Rien n'avait changé finalement. Ils étaient toujours là, face à face, occupés à se déchirer. Mais quelque chose avait une saveur différente. Ce n'était pas leur première dispute, ce n'était pas leurs premiers cris. Mais ils sonnaient différemment. Il y avait des reproches, de la colère, de la peine. Elle avait eu de la peine. Ca n'aurait pas du la toucher, elle connaissait Rhys depuis si longtemps, elle aurait du se douter que leurs relations ne pouvaient pas changer du tout au tout en quelques minutes. Mais elle s'était tentée à espérer. Elle avait voulu voir le bon en lui qu'elle avait pu lire dans ses yeux lorsqu'ils s'étaient fait face sur ce ring. Elle avait découvert son second visage, celui qu'il lui cachait depuis leur enfance. Il l'avait percé à jour, mais il en était pareil pour elle. Le Rhys qu'elle connaissait avant ne se serait jamais soucié d'une mauvaise humeur de sa part, ni n'aurait pris le temps d'écouter son histoire. Mais il l'avait fait. Alors elle s'était laissée aller à croire qu'ils pourraient s'améliorer, grandir, et enfin arrêter ces enfantillages. Mais ils n'étaient pas prêts. Ils ne le seraient sûrement jamais. « Pardon, j’avais oublié. Super Sam n’a besoin de l’aide de personne. » Il l’excédait. Elle ne voyait que son sourire narquois, son air supérieur, ce même regard rabaissant qu’elle avait croisé depuis sa jeunesse. Il profitait de ce qu’elle l’avait laissé voir, il profitait de ses faiblesses. Son état ne faisait que doubler son dégoût, alors que son sang cognait à ses tempes. Elle peina à verser du vin dans son verre tant ses membres tremblaient. C’était ridicule, cette situation était ridicule. Elle était furieuse contre lui, mais d’autant plus contre elle-même. Elle s’était ouverte, elle avait baissé les armes, et elle en faisait les frais. « Tu sais quoi c’est exactement ça, je n’ai besoin de personne, et encore moins besoin de toi. » Elle appuyait chacun de ses mots, guidée par sa colère, sans pouvoir les retenir. Elle n’avait pas à le faire, elle pensait chacune de ses paroles. Il lui avait prouvé qu’elle n’avait pas besoin de lui. Elle n’avait jamais eu besoin de personne. « Tu vas me rendre dingue. » Elle était à bout de souffle, à bout de force. Elle tentait de réguler sa respiration alors que sa robe semblait se resserrer sur elle jusqu’à l’engloutir complètement. Elle étouffait dans cette grande pièce, il lui dérobait tout son oxygène. Elle voulait qu’il s’en aille. Ils pourraient reprendre cette guerre une autre fois, mais quelque chose lui disait que tout s’arrêtait ici. La pièce avait une terrible odeur de fin. Ils avaient fini par tout gâcher, une nouvelle fois. « Je t’en prie, arrête de penser que mon monde tourne autour du tien. Ça n’a jamais été le cas, et ça ne le sera jamais. » Encore en bataille pour son souffle, elle ne retint pas un hoquet surpris. Elle en avait assez de l’entendre balancer toutes ces excuses ; il en avait toujours eu des tas, mais aujourd’hui il était à court d’arguments. La brune n’avait jamais osé prétendre être le centre de son monde, et elle ne désirait pas l’être. Elle n’était le centre du monde de personne, et c’était bien plus simple ainsi. Elle avait déjà trop à faire. « Mon monde tourne très bien tout seul rassure-toi, et si tu t’intéressais à autre chose que ta petite personne tu t’en serais rendu compte. » Son regard de glace se posa un instant sur lui avant qu’elle ne fasse demi tour pour s’évanouir un instant dans sa chambre. Elle ne pouvait plus supporter cette robe ridicule, cette imposture qu’elle avait mis en scène pour aller à ce stupide bal. Elle tâtonnait quelques secondes à la recherche de la fermeture du dos avant de la laisser tomber à ses cheville. Elle enfilait le jean et le vieux pull qu’elle avait laissé trainé sur son lit et les enfilait en vitesse tout en entendant la voix de Rhys. « Tu veux que je te dise un truc ? Je fais pas ça pour toi. » Elle quittait les murs de sa chambre pour lui refaire face, soulevant ses cheveux pour les extirper de son col. Elle était intéressée, tiens. Pour qui l’avait-il fait ? Que faisait-il ici ? Elle croisa les bras, enchantée d’entendre ce qu’il avait à dire. « Je fais ça pour ma conscience. » Elle voulait garder la face, ne rien montrer, tout cacher. Mais elle savait qu’il l’avait vu. Il avait vu ce froncement de sourcils, ce voile sur ses yeux. Sans qu’elle ne le veuille, son coeur s’était contracté sur ses paroles. Elle aurait aimé faire bouclier, elle aurait aimé ne pas se laisser atteindre. Elle le faisait depuis tellement longtemps. Il voulait la blesser, remettre les choses à l’endroit, revenir à ce qu’ils étaient au départ ; pas grand chose. Deux parfaits étrangers. Alors à quoi bon se cacher. Sans même reprendre une contenance, elle faisait deux pas en avant jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de lui. Elle ne lui arrivait qu’aux épaules, mais son visage dur l’élevait. Elle plongeait son regard dans le sien, espérant qu’il y lise ce qu’il voulait tant voir. Elle voulait qu’il voit la peine qu’il causait, parce que le temps des taquineries était largement dépassé. Ses lèvres s’entrouvrirent sans trembler, et sa voix se fit tranchante. « J’emmerde ta conscience. » Elle ne le quittait pas des yeux, tout en se demandant comment ils avaient pu en arriver à ça. C’était peut-être tout ce qu’ils avaient en réserve, tout ce qu’ils avaient à se donner. C’était peut-être bien ça qui était triste, au fond. « Tu peux te laisser bercer d’illusions autant que tu le souhaites Rhys, moi j’en ai finis. » Elle ne cillait pas, incapable de faire le moindre geste. Elle ne pouvait ni reculer ni avancer, elle était coincée. Elle contemplait seulement les morceaux de verres brisés qui trainaient à leurs pieds, reflet de toutes ces années à se détester et s’adorer. Et aujourd’hui il n’y avait plus grand chose, un vaste vide, un large fossé entre eux qu’il semblait impossible de franchir à nouveau. Et elle n'était pas sûre de le vouloir.
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(✰) message posté Mer 29 Avr 2015 - 23:17 par Invité
Tout cela ne rimait à rien. Ce bal était une vaste plaisanterie, ni plus ni moins, et la présence de Sam à ses côtés n’était également qu’une blague de mauvais goût. Pourquoi avait-il voulu jouer le bon samaritain, encore une fois ? Était-ce impossible que Rhys arbore une bonne fois pour toutes un masque frigide envers la jeune femme ? A ce moment, il regrettait fortement de l’avoir raccompagnée. Il aurait du la laisser là, ivre, pieds nus dans la salle de Buckingham Palace sans se soucier d’elle. La vérité était qu’il était tout bonnement incapable de se montrer indifférent, encore plus lorsqu’il s’agissait d’elle. Il ne pouvait s’empêcher de la protéger, de lui donner de l’espoir quant à un avenir amical entre eux avant de tout gâcher. Ils marchaient comme ça au fond, Sam et Rhys. Jusqu’ici, ça leur avait plutôt bien réussi, mais il fallait croire que cette situation plus qu’instable était équivalente à marcher sur des œufs. « Quoi, tu vas me la jouer victime de l’égoïste et cruel Rhys Carstairs, maintenant ? » soupira-t-il. Ses membres étaient tendus, les muscles de sa mâchoire se contractaient à chaque mot prononcé. C’était comme si le monde avait cessé de tourner autour d’eux. Presque automatiquement, Rhys fut content qu’ils aient ce genre de discussion chez elle, et non pas dans la salle de bal, devant tout le monde. Une dispute en public n’était pas ce dont il raffolait le plus, bien que la présence de téléspectateurs potentiels n’aurait en rien altéré ses dires. Il ne cilla pas quand elle se rapprocha de lui, se contentant de la regarder dans le blanc des yeux malgré leur différence de taille. « Me laisser bercer d’illusions ? » répéta-t-il, sidéré. Il la dévisagea fixement, remarquant pour la première fois une lueur dans son regard, quelque chose qu’il ne saurait décrire. De la colère, de la tristesse, de la déception, il n’en savait trop rien. Il ne voulait même pas savoir, tout compte fait. Finalement, Rhys finit par secouer la tête dans un ricanement amer et abasourdi, à peine perceptible. « Mais de quelles illusions tu parles ? Je n’ai jamais rien espéré de ta part. Et je pensais d’ailleurs que c’était aussi ton cas mais apparemment non, vu la façon dont tu as réagi la dernière fois, à la boxe. » Et voilà, il avait fini par ramener le sujet qui fâche sur le tapis. Ils ne faisaient que tourner autour du pot, il était temps de rentrer dans le cœur du problème qui, aux yeux du jeune homme, était purement et simplement leur conversation remontant à tout juste quelques semaines. Il avait encore un souvenir cuisant de ce soir-là, ce soir où encore une fois, le fossé s’était creusé délibérément entre eux, comme pour définitivement les achever. Ou du moins, les éloigner durant un bon moment. Plus Rhys se triturait la tête sur sa relation avec Sam, plus il en venait à la conclusion qu’il n’y avait rien de sain dans le peu qu’ils partageaient. Se disputer, légèrement admettre qu’ils s’appréciaient pour finir par se disputer une nouvelle fois, n’était-ce pas lassant, à force ? C’était ça aussi, le problème. A deux, ils avaient animé un feu qui n’aurait jamais dû être allumé de cette façon et à présent, le feu se transformait en incendie. Il fallait bien que ça pète, un jour ou l’autre. Mieux vaut tard que jamais, se disait-il alors. « C’est ça le réel souci, pas vrai ? » demanda-t-il, reculant de quelques pas pour maintenir une distance confortable entre eux. Elle était proche, beaucoup trop proche de lui. Il pouvait sentir son parfum féminin, presque mesurer la cadence de sa respiration à la seconde près. C’était déstabilisant, or, il n’avait pas le droit de flancher ou de perdre ses moyens. Ce n’était quasiment jamais arrivé, il ne voulait absolument pas que cela se passe aujourd’hui, en face de Sam. Machinalement, Rhys tripota son portable dans ses poches, le sentant vibrer plusieurs fois à la suite, probablement à cause des nombreux messages de ses amis qui lui demandaient où il était. « J’ai essayé, d’accord ? Crois-le ou non, j’ai essayé d’être un soutien pour toi, ce soir-là. C’est juste que y’a des sujets qui… Je peux pas, c’est tout. » Soudainement incapable de tenir sur ses jambes plus longtemps, le brunet s’appuya contre le mur près de la porte d’entrée, comme pour avoir un dossier sur lequel se maintenir. Il était conscient qu’il ne résolvait rien du tout, qu’il ne faisait peut-être que rendre les choses encore plus compliquées et confuses qu’elles ne le fussent déjà. Le jeune homme se passa une main dans les cheveux, soupirant légèrement. Sam n’allait pas comprendre. Tant mieux, il ne voulait pas qu’elle comprenne. Elle n’avait pas à comprendre. « Quoiqu’il en soit, je ne sais pas ce que tu espérais, mais ce n’était pas de moi qu’il fallait avoir des attentes. » Il ne levait pas la voix et restait muré dans un calme olympien, mesurant chacune de ses paroles ainsi que l’impact qu’elles pourraient avoir. Rhys n’était pas énervé (après tout, on était quand même le 31 !). Il était simplement sérieux et voulait lui couper les ailes durant un instant, pour qu’elle ouvre les yeux. Oui, il agissait comme un con, il était fier comme un coq et se protégeait avant tout. Mais bordel, ne pouvait-elle pas voir que malgré son attitude de bad boy sans cœur, il n’avait jamais cherché à la lui faire à l’envers ? Prêt à s’en aller, le brun posa une main sur la poignée de la porte, jugeant avoir déclaré tout ce qu’il avait à dire.
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(✰) message posté Mar 26 Mai 2015 - 23:28 par Invité
♢♢♢ / i wanna dance with somebody who really loves me /
. I KNOW ALL YOUR REASONS TO KEEP ME FROM SEEING. BUT NOW I AM LEAVING, ALL OF US WERE ONLY DREAMING. EVERYTHING IS ACTUALLY A MESS . Ils avaient été bêtes d'y croire. lls avaient été bêtes de penser que quelque chose pouvait changer entre eux. Elle ne savait pas vraiment ce qu'ils avaient espéré, ou si elle était le seule à avoir cru que leur rancoeur aurait pu être mise de côté. Mais il semblait que la haine soit leur vieille amie, guettant chaque instant de faiblesse de leur part. Car elle avait été faible de penser qu'il pouvait avoir changé. Elle aurait du le savoir pourtant, elle le connaissait maintenant. C'était exactement ce qui clochait dans cette histoire. Elle le connaissait. Elle savait à quoi s'attendre, depuis la minute où ils s'étaient croisés dans les couloirs délabrés de leur école. Elle avait toujours su qui il était, et pourtant elle s'était laissée aller à croire qu'il avait peut-être changé. Qu'autre chose que des piques à répétition était possible pour eux, qu'ils pouvaient aspirer à plus. Elle s'était trompée, et s'en voulait. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, mais s'en prendre à lui était tellement plus facile. « Quoi, tu vas me la jouer victime de l’égoïste et cruel Rhys Carstairs, maintenant ? » C'était deux mots qui collaient parfaitement à leur relation. Beaucoup d'égoïsme, quant on pense qu'ils auraient simplement pu s'ignorer. Ils avaient été égoïstes de maintenir cette relation bancale qu'ils entretenaient jour après jour à l'aide de coups bas et autres piques acerbes. Ils avaient été égoïstes de s'infliger la présence de l'autre toutes ces années, alors qu'un simple au revoir aurait facilité les choses. Et c'était ce qui rendait cela si cruel. Malgré leurs différents, malgré leur maladresse et cette façon qu'ils avaient de vouloir se détruire, ils restaient inlassablement attachés dans le même bateau. Ils attendaient simplement qu'il coule pour enfin se libérer de l'emprise de l'autre. Et le moment était peut-être venu pour eux de percuter l’iceberg. « Me laisser bercer d’illusions ? » Son rire discret résonna dans la pièce et Sam sentit une douce colère s’écouler dans ses veines. Elle tenait son regard sans pour autant le vouloir, simplement parce qu’il le fallait, parce qu’il fallait un gagnant et un perdant. Et elle ne voulait pas perdre face à lui. « Mais de quelles illusions tu parles ? Je n’ai jamais rien espéré de ta part. Et je pensais d’ailleurs que c’était aussi ton cas mais apparemment non, vu la façon dont tu as réagi la dernière fois, à la boxe. » Le souvenir amer de leur entrevue à la salle de sport défila sous ses yeux bleus alors qu’elle tentait de garder la face. Il continuait d’appuyer sur ses failles, sur sa faille. Il utilisait la faiblesse qu’elle avait bien voulu lui montrer, se sentant alors en sécurité. Or, elle ne l’était visiblement pas avec lui. Il avait balayé ses aveux comme de vulgaires paroles futiles. Tout l’était pour lui, futile. Tout n’était qu’un jeu, le monde était son terrain. Et peut-être avait-il cru qu’elle resterait là à le regarder jouer. Mais elle était fatiguée de parler, fatiguée de tenter de sauver ce qui n’existait pas. Elle s’était ouverte à lui et il avait balayé ses paroles comme si rien ne comptait. Il l’avait blessé au point qu’il ne pouvait plus réparer cette énième blessure. Ils ne jouaient plus dans la même cour. « C’est ça le réel souci, pas vrai ? » Il reculait et elle osait enfin prendre une pause dans cette joute de regards. Elle ne pouvait plus supporter la cadence de ses prunelles alors qu’il la dévisageait comme si ils brisaient enfin un tabou. Ce n’était pas que la discussion à la boxe. C’était autre chose. Le réel souci, c’était ce qu’ils partageaient, ou plutôt faisaient semblant de partager depuis des années. Le réel souci, c’était eux. Ils étaient un souci dont Sam aimerait bien se débarrasser. « J’ai essayé, d’accord ? Crois-le ou non, j’ai essayé d’être un soutien pour toi, ce soir-là. C’est juste que y’a des sujets qui… Je peux pas, c’est tout. » La colère la quitta peu à peu. Elle le regardait sans le voir, n’avait plus l’envie de se battre, ça n’en valait plus la peine. Il avait essayé. Et elle devait l’en féliciter. Elle devait lui pardonner, encore. Parce que c’était comme ça qu’ils fonctionnaient. Ils s’envoyaient les pires vacheries, et s’attendaient à voir l’autre le lendemain, prêt pour de nouveaux tirs. Mais Sam n’y arrivait plus. La brèche qu’il avait creusé était trop grande à présent. « Oh, excuse-moi, je ne savais pas qu’il y avait une liste de sujets à ne pas aborder avec toi. La prochaine fois, ramène-moi le manuel de fonctionnement de Rhys Carstairs et je m’abstiendrais d’évoquer certains points qui pourraient irriter ta grande sensibilité. » ses mots quittaient ses lèvres tels des lames qu’elle espérait voir se loger dans son corps. Elle voulait qu’il ait mal autant qu’il lui avait fait mal en balayant du revers de la main l’histoire qui avait forgé ce qu’elle était aujourd’hui. Elle n’avait pas choisi d’aborder son passé avec lui, il lui avait demandé. Il avait choisi d’entendre ce qu’elle ne disait que rarement. Et il n’avait pas été à la hauteur. Elle ne voyait pas en quoi son passé avait un quelconque impact sur le sien. Il n’avait, pour le peu qu’elle en savait, jamais vécu de tragédie familiale, et semblait vivre une vie dont chacun pouvait se plaire à rêver. Elle en rêvait, parfois. Alors non, elle ne comprenait pas. « Quoiqu’il en soit, je ne sais pas ce que tu espérais, mais ce n’était pas de moi qu’il fallait avoir des attentes. » Elle le regardait, dos au mur, près à s’en aller. Il mettait comme un point final aux espoirs qu’ils avaient chacun pu avoir de cette relation. Il mettait un terme à une chance de s’entendre, chose visiblement impossible. « Je n’ai jamais eu d’attentes, ne t’en fais pas. Je te connais trop bien pour ça. » Elle le regardait, écoeurée. Il était prêt à partir et elle n’allait pas le retenir. Ils coulaient doucement depuis des années, et la dernière partie du bateau encore immergée venait de se voir recouverte d’un épais voile ne laissant aucune place à un possible sauvetage. Il n’y avait pas grand chose à sauver, en somme. Des bribes de rires, quelques moments complices, mais le reste n’avait visiblement pas tant de valeur. Finalement, elle se détacha de ses yeux pour se déplacer jusqu’à sa cuisine ouverte, passant devant lui sans un geste. Elle lui tournait le dos, la bouteille de vin déjà ouverte dans une main, et son verre vide dans l’autre. Elle resta un moment à contempler les deux, avant qu’un sourire mauvais se dessine sur ses lèvres. « Je suis en sécurité, tu as rempli tes obligations de parfait gentleman, je te félicite. Tu peux t’en aller maintenant. Tu es si doué pour ça. » Sans attendre une quelconque réponse, elle resserre sa prise sur la bouteille avant d’en vider le contenu dans son verre. Elle porta le bord à ses lèvres, attendant seulement d’entendre la porte claquer derrière elle.