"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici crashing in slow motion (angie&jules) 2979874845 crashing in slow motion (angie&jules) 1973890357
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() message posté Ven 13 Mar 2015 - 14:12 par Invité
Je grattai furieusement, mais avec discrétion, le volant de la voiture et jetai un œil au rétroviseur. Personne. Comme si une voie royale s’était ouverte devant nous pour nous conduire à destination. Je soupirai, silencieuse. Je n’avais pas envie d’y aller. Je voulais m’arrêter en plein milieu de la rue et dire à Angèle que je ne me sentais pas bien, que j’étais malade depuis la veille, mais elle était si impatiente de retrouver son cher amant que je décidai de rester muette et de continuer à conduire. De toute façon, elle avait déjà réussi à me traîner jusque-là, et je savais que ses yeux pétillants et sa cigarette me forceraient à terminer le trajet et grimper chez Jules, quitte à rester sur le canapé pendant toute la sainte soirée. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu, mais je ne m’en portais pas plus mal. Jules, dans ma tête, c’était le remède par défaut. Celui que l’on prend quand on est au bord de notre vie parce que l’on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent et qu’il semble efficace. Mais c’était un leurre. Et si, pendant deux secondes, on se sentait vaguement mieux, les effets secondaires ne tardaient pas à se précipiter derrière pour faire empirer la situation. Ça avait été comme ça pour moi, et encore plus pour Angie. Je la regardai du coin de l’œil sans dire un mot. Elle savait que quelque chose clochait, mais elle ne comprenait pas quoi, et je n’allais pas lui dire. Je ne disais jamais rien. Ça, c’était un principe simple et efficace. Prends ça dans les dents, Jules. Je tournai souplement le volant et entrai dans la rue de celui-ci. Je repérai une place qu’Angie ne tarda malheureusement pas à m’indiquer. A quelques pas de l’entrée de l’immeuble de Jules, histoire de me pousser à l’intérieur le plus rapidement possible. Je me garai et sortis du véhicule, puis levai la tête vers les fenêtres. Une lumière blafarde s’échappait de l’une d’entre elles. Je n’étais jamais venu ici. Je n’osais pas vraiment imaginer la gueule de l’appartement, tant l’image du couple de drogués qu’ils étaient m’assaillait l’esprit sans retenue. Angèle se précipita vers la porte et s’engouffra à l’intérieur. Je la suivis d’un pas traînant en rangeant les clés de la voiture et cherchant mes cigarettes d’une main tremblante.

On nous ouvrit après quelques secondes d’attente sur le palier. J’étais restée en retrait dans l’ombre, comme pour retarder l’instant, mais il arriva bien trop vite. Angèle disparut dans l’appartement, et je décollai mon dos du mur pour faire de même. J’entrai, les yeux plissés, une cigarette éteinte entre mes doigts blancs et toisai la personne qui nous avait accueillie avec une perplexité méprisante. Puis j’allumai ma cigarette, ayant retrouvé mon briquet au fond de la poche de mon manteau et pénétrai dans le séjour, une lueur sombre dans le regard. Je ne voyais plus Angèle, et je ne reconnaissais personne. Il y avait peut-être des gens du lycée. Les camés qui traînaient avec les deux amants terribles. Je doutais qu’ils se souviennent de moi, de toute façon, je n’avais jamais été la fille la plus extravertie qui soit. J’étais bizarre et chiante. Dans un autre monde où, tous l’avaient toujours imaginé ainsi, je me considérais comme au-dessus des autres. Mais non. J’étais bien dans la réalité, et ce depuis trop longtemps déjà. Mais tout durait toujours trop longtemps. Angie et Jules, ça avait duré trop longtemps aussi. Je ne comprenais pas comment ils avaient réussi à ne pas tuer l’autre, comment ils faisaient pour rester aussi soudés alors qu’ils marchaient main dans la main sur des charbons ardents. Un mystère dont seuls eux avaient la solution. Et quoique, parfois ils la perdaient eux aussi, comme on perd ses clés dans les méandres de son appartement. Celui de Jules était d’ailleurs à son image : étroit, vide, enfumé et empreint d’une étrange effervescence et d’une agitation fatigante. Je finis d’ailleurs pas le croiser dans un coin sombre et il me regarda de haut avec ses yeux injectés de sang, mais je coupai court au dialogue avant même qu’un son ne puisse sortir de sa bouche, dont les lèvres étaient pincées d’un éternel et onctueux sourire narquois. « Pas de commentaire, s’te plait. » Je n’avais pas envie de lui parler. J’allais rester une petite heure et rentrer ensuite. Pas la peine de ramener Angèle, elle allait finir dans un coin, éteinte comme une ampoule grillée. Mais elle m’avait demandé de l’accompagner pour une raison simple : elle ne voulait pas être seule entre Jules et son frère. Parce que un seul Abberline n’en valait pas deux, et autant multiplier les réjouissances quand on le pouvait. Je levai la main vers la sienne et lui volai le joint qui y était planté avant de me faufiler derrière et m’éclipser furtivement, écrasant ma cigarette sur le parquet sale. Tiens, ça, ça allait m’aider à passer le temps. Il ne m’en voudrait pas. Il me devait bien ça.

Je poussai une cloison de fortune en retrait que je croisai par hasard. Un lit. Personne dessus. C’était celui de Jules, mais pour tout dire, je m’en moquais. J’entrai, refermai tant bien que mal derrière moi et m'assis avec lassitude en regardant l’horizon urbain prisonnier de la nuit à travers la fenêtre. Puis, une fois détendue, je m’y allongeai doucement. A présent immobile, je me laissai bercer par les sons paraissant lointains du reste de l’appartement : l’herbe m'apaisa petit à petit et je sentis mes membres creuser des reliefs confortables sur le matelas, pour m’aider à m’endormir lentement. Je n’avais pas fumé depuis un moment, si bien que l’effet fut presque immédiat. J’avais déjà réduit ma consommation de tabac – vivre avec un gamin de sept ans, aussi mignon soit-il, se révélait frustrant lorsque l’on avait vraiment besoin d’une clope mais que ce besoin se retrouvait confronté à notre culpabilité. Cependant, je n’en voulais ni à Jacob, ni à Hazel. Je m’en voulais à moi-même. Un fumeur n’avait que cette seule option, que ce simple coupable à portée de main. Se déresponsabiliser face au fait accompli ne servait à rien. J’allais peut-être même finir par arrêter complètement grâce à la présence de cet enfant chez moi. Oh, et peut-être pas, songeai-je finalement en glissant le filtre du joint entre mes lèvres avant de l’écraser contre le sol froid et tourner mon corps lourd contre le mur. Je me sentis disparaître peu à peu. Les bruits se firent de plus en plus discrets dans mon oreille et ma respiration ralentit jusqu’à devenir paisible et régulière. S’endormir, c’était quelque chose de franchement agréable. Je fis le vide dans ma tête, et ne n’autorisai que l’ébauche du doux sourire de Jacob à y entrer. Et puis … non, pas « plus rien ». Au contraire. J’entendis le claquement sec de la cloison et le raclement sourd de celle-ci : on l'ouvrait. On s'assit sur le matelas à côté de moi. Je n’avais même pas envie de soupirer. Même pas envie de savoir de qui il s’agissait. Plus que cinquante-cinq minutes avant de pouvoir m’en aller sans qu’Angie me voie. Alors, dans un éclat de morosité, je grognai d’une voix désagréable : « Cassez-vous putain, je veux dormir. » Fidèle à mon image de lycéenne du fond de la salle, jetant des regards noirs à ceux qui osaient se moquer de sa réalité.
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() message posté Lun 16 Mar 2015 - 22:06 par Invité
La fumée qui était emprisonnée dans l’habitacle cherchait vaguement le chemin de la sortie, comme si elle avait apprit que s’approcher de la fenêtre la ferait sortir plus rapidement, où était-ce simplement les lois de la gravités qui fraisent en sorte d’attirer cet amas gris clair vers la fenêtre, je le savais peut-être, mais j’aimais imaginer des choses qui n’avaient pas de sens, mon cerveau ressemblait vaguement à celui de quelqu’un en pleine crise de trip au LSD, alors imaginez un seul instant lors de prise de LSD dans quel état mon cerveau était. Je souriais et j’ouvris la fenêtre. Ce qui était sympa dans la vieille voiture de Solveig c’est qu’on pouvait fumer, manger, boire et même faire des choses pas très catholique un soir d’ivresse avec un mec, le voiture n’était pas à son image et elle trainait ce véhicule depuis bien trop longtemps, si longtemps que je ne me rappelais même plus notre première virée dans ce qui semblait être à l’époque ‘’une voiture à la mode’’, mais elle roulait et pour Solveig c’était déjà très bien. Je lançais le mégot par la fenêtre tandis que la voiture était arrêtée au feu rouge, je tournais ma tête vers ma meilleure amie. Elle semblait anxieuse, elle avait cette tête, que je ne pourrais vous décrire, mais elle avait cette fameuse tête. Ses ongles s’enfonçaient avec rage dans le volant, comme si elle essayait d’en tirer quelque chose, ses lèvres se trouvaient collées par le silence et ses yeux regardaient tout sauf les panneaux de signalisation. J’arrêtais de la fixer un instant, me demandant bien ce qui pouvait la travailler ainsi, cependant je savais pertinemment que lui poser la question mènerait à une discussion stérile. Avec le temps je m’étais habitée à la simplicité de cette suédoise, mais aussi à son handicape émotionnel. Elle était la meilleure personne sur terre pour me remonter le moral, devant un vieux film français en mangeant de la glace à la pistache, car elle saivait pertinemment que le remède à mes blessures -mise à part Jules qui parfois lui-même créait la blessure- et bien c’était une bonne glace, les bras d’une meilleure amie aimante et un film. Cela fait dix bonnes années que Solveig et moi nous nous côtoyons, bien que physique nous n’étions pas pareil, même de très loin. Ce qui nous rapprochait c’était nos frères … Enfin je veux dire, nous avions la chance d’avoir des ainées aussi malades mentaux l’un que l’autre, sans parler de nos pères respectifs qui étaient à la limite du supportable, mais mon cas n’est que très peu à plaindre face à celui de celle que j’aimais estimer comme une sœur. Alors même si elle me protégeait peut-être plus que je ne pourrais lui donner en retour et bien je donnerais concrètement un rein pour cette fille, elle le savait, sans que je n’aie besoin de lui dire quoi que ce soit.

« Tu peux te parquer là. » Je lui montrais une place libre devant l’immeuble des frères Abberline où une fête se tenait. Elle s’était parquée lentement, comme s’il y avait un suspens à tenir, comme si elle aurait préféré avoir un accident de voiture dix mètres plus tôt, mais je ne lui en tenais pas rigueur, quelque chose la tracassais péniblement et j’allais bien le savoir un jour, car même si sa bouche refusait de dire quoi que ce soit et bien je finissais toujours par savoir ce qu’elle me cachait et mon dieu qu’elle était mauvaise pour cacher son état physique, son psychisme se reflétait sur son physique plus facilement que sur n’importe quel autre être humain. Une fois arrivée en haut je ne tenais plus vraiment en place, cela faisait quelque jours que je n’avais plus revu Jules et il me manquait. Solveig et sa politesse sonnèrent à la porte de l’appartement, inutile de préciser que ce n’était ni Curtis, ni Jules qui ouvrirent la porte, mais une jeune femme déjà bien éméchée qui avait très probablement perdu une partie de son habillement lors d’un streap poker clandestin organisé dans le fond de l’appartement des deux frères. Mes yeux ne fixèrent pas bien longtemps l’étrangère, je me faufilais très vite entre tout ce beau monde lorsque je vis Elliot au loin avec Stephen et tout le reste de la bande, oubliant Solveig au passage, je tournais la dos, mais je l’avais déjà perdu du regard, ‘’pas grave’’ pensais-je, elle était bien assez grande pour se faire des amis. Dans cet appartement il y avait tellement de monde que l’air semblait nous manquer. Elliot fumait son cinquantième joint de la soirée et les autres étaient affalés sur le canapés complétement défoncés, j’avais l’impression de revivre mes années lycée. « Il est où Jules ? » Oui, parce que Elliot était bien sympa, mais je n’allais pas passer la soirée avec lui. Il sourit à ma question me disant de me retourner car Abberline était derrière moi. Lorsque je me retournais, le destin fit en sorte que mon regard croise celui de Curtis au même moment, à la seconde près. Un frisson étrange parcourus mon corps ‘’il a fait de la musculation ?’’ à force de pleurer, ses musclent étaient devenus peut-être trop secs et donc plus voyant ? J’eus de la peine à déglutir et je me retournais vers Elliot, le gratifiant d’un beau doigt d’honneur, même s’il n’avait pas tord, il s’agissait bien d’un Abberline. un Abberline qui s’approchait dangereusement de moi, me volant une bise, comme s’il ne s’était jamais rien passé, j’eus de la peine à en croire mes yeux. « Alors tu nous a apporté quoi princesse ? » Je souris à Elliot, tandis que Curtis se tenait toujours à ma droite, avec son verre d’alcool à la main, il semblait lui aussi bien éméché, mais cependant très calme, l’herbe faisait paisiblement son travail dans le système sanguin de Curtis. Je plongeais la main dans mon sac en plastique dans lequel se trouvait deux bouteilles de vodka et des sirops à la codéine, je regardais une nouvelle fois Elliot, lui disant de patienter tranquillement ici tandis que j’allais lui faire un petit cocktail dans la cuisine. C’était surtout un moyen d’échapper à Curtis ‘’il est où ce putain de Jules ?‘’ pensais-je fortement tandis que je posais deux verre en plastique face à moi, ni une ni deux un troisième verre vint se joindre à la danse. « Vraiment … Vraiment, ça fait plaisir de te voir Angèle. » Je reconnus sa voix et même sa présence, ne levais pas les yeux, faisait semblant de l’ignorer, comme si ce qu’il venait de dire ne me concernait pas, je ne remplissais même pas son verre, il posa sa main sur mon poignet, le serrant fortement. « T’es au courant que si Jules te voit il va t’éclater la tête ? » C’était petit, nul, débile, ridicule, pas très normal, bref tous les adjectifs que vous voudrez pour décrire à quel point ce que je venais de dire sonnais faux. Il était vrai que Jules aurait explosé la tête à Curtis s’il le voyait en ce moment même, me parler et me tenir le poignet comme un forcené. Mais ce qui sonnait faux, c’était mon ton, j’avais de la peine pour le bébé Abberline de la famille, mais il fallait que je me détache de lui, même s’il fallait qu’il pleure toutes les larmes se son corps -du moins, celles qui lui restaient- je regardais ses yeux, dans lesquels il n’y avait plus une seule parcelle de blanc et je maudissais Solveig qui n’était pas près de moi pour l’éloigner, priant pour que Jules ne soit pas dans les parages. « Bordel, j’peux savoir ce que tu lui trouves ? Allé dis-le moi Angie, DIS-LE MOI ANGIE. » Je retirais mon poignet qui était enfermé entre ses griffes acérés, Elliot vint vers Curtis le repoussant, si l’herbe semblait l’apaiser et bien l’alcool prenanit le dessus, le rendait violent, comme son père. Les chiens ne dont pas des chats … Je me dirigeais vers le fond de la salle, le plus éloigné mathématiquement parlant pour ne pas avoir à subir ses foudres, les foudres d’une petite brebis qui s’était transformé en loup. En parlant du vieux méchant loup je ne le voyais toujours pas dans les parages et j’espérais qu’il ne croise pas Elliot, car celui-ci aurait sauté sur l’occasion pour raconter la petite scène de ménage qui s’était passé entre son frère et moi, ce n’était qu’une question de temps avant que Jules ne soit au courant de toute façon, mais il valait mieux pour Curtis qu’il ne soit pas dans les parages et il en valait de même pour moi, probablement. « Cassez-vous putain, je veux dormir. » J’avais atterrie dans la seule pièce plus ou moins meublée de l’appartement, la chambre de mon cher et tendre dans laquelle Solveig avait décidé d’hiberner, cette fille était vraiment trop asociale et parfois elle me tapait quand-même sur le système nerveux. « Tu m’sers vraiment à rien ! J’viens de me faire agresser par Curtis. » Elle se relevait du lit, nous étions l’une à côté de l’autre à présent, je me frottais le poignet encore rouge, ma peau marquait très vite à mon plus grand malheur. « T’as l’intention de tirer la gueule toute la soirée ? Non, parce que t’es sensée être contente de revoir Jules, depuis le temps … » Sensée, c’était le mot ! Car si je savais que Solveig n’avait jamais pu supporter Jules, nous avions quand-même été un trio infernal durant nos années lycée et cracher sur ça reviendrait à cracher sur les fondements même de notre amitié. Ce que je ne savais pas lorsque je lui disais ça, c'est qu'elle l'avait bien croisé il y a quelques minutes de ça, j'était peut-être même passée à côté de lui sans le voir et il avait peut-être même vu la scène avec Curtis de loin, mais il y avait trop de monde pour que je puisse me douter que Solveig et Jules s'étaient enfin vu après toutes ces années et je ne m'en souciais même pas pour vous dire la vérité.

Elle avait toujours tenté de me repousser de lui, peine perdue, j’étais déjà tombée amoureuse de lui au premier regard. Je lui pris la main, sortant de ma poche un petit sachet avec des comprimés coloré, sans manquer au passage de lui en poser un au creux de sa main et d'avaler le mien avec de l'alcool. « Le prochain comprimé on pourra se le passer en se roulant des pelles, si on est assez déchirées ... N’est-ce pas ? » Je lui tendis le verre d’alcool préparé à la base pour Elliot. Ponctuant ma phrase par une question, comme pour la supplier de boire, comme pour lui dire que j’avais l’intention de m’amuser ce soir, avec elle, qu’elle le veuille ou non et que sa tête de zombie, vivant l’instant le plus éprouvant de sa vie ne me revenait pas. De ma poche j’avais sortis mon portable pour écrire à Jules, tandis que quelqu’un avait augmenté le volume de la radio, choisissant une belle chanson des Rolling Stone, je me stoppais net, pas besoin d’écrire de SMS.
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() message posté Mer 18 Mar 2015 - 19:35 par Invité
quand on a, comme moi, l'âme pliée en foetus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir ☇ Ces derniers jours avaient été placés sous le signe des travaux. Depuis que Curtis avait décidé de quitter le campus, quelques jours plus tôt, le choix de son nouveau lieu d'habitation n'avait fait aucun doute : ça serait chez son frère. Allez comprendre ! Jules ne s'était pas vu refusé, l'avait même proposé lui-même (sans doute un jour où il avait prit quelque chose qui le rendait d'humeur généreuse) et si le cadet avait quelques peu hésité, désormais, il était entrain d'effectuer quelques branchements de sa nouvelle playstation, touche finale au nouveau loft. Depuis quelques mois que Jules vivait à nouveau dans la capitale, il n'avait jamais trouvé le temps d'installer des meubles dans les 100 m² de loft industriel qu'il occupait. Simplement des énormes étagères qui prenaient quasiment tout un mur pour y ranger ses vinyles, un fauteuil vieux comme le monde, une penderie sur pied sur laquelle reposait ses vieux fringues et un sommier japonais posé à même le sol, sur lequel reposait un matelas sans doute rongé de mites, et puis une télé posée par terre. Curtis ne s'était pas sentie de critiqué la décoration plus que personnelle de son frangin, cependant après quelques jours à partager ce sommier japonais avec lui et à en avoir les courbatures qui vont avec, il s'était lancé, timidement : Hey, euh, ça te dirais pas qu'on... se fasse une petite journée Ikea ? C'est ainsi que les frangins, accompagnés de Poppy qui en crevait de joie de voir ses frères refaire l'expérience de la colocation, étaient partis la moitié de la journée dans l'emblème suédois et l'autre moitié dans des brocantes et autres vide-garage. Ainsi, désormais, des sortes de panneaux japonais délimitaient deux coins chambres, un énorme canapé en cuir trônait au milieu de la pièce, un coin musique, guitare et vinyles étaient dédiés à Jules et un autre coin altères, vélo d'appartement et tapis roulant revenait à Curtis, quelques posters des classiques aimés de tous (style Star Wars, un poster de Yoda 1m50 sur 3 prenait une grande partie d'un mur), la télé était accompagnée de sa Playstation 4, et les placards de la cuisine contenaient autre chose que des Lucky Charms Cereals et du Nutella. Voilà, la colocation était fin prête, et le petit bruit de démarrage de la PS4 sonnait la fin des travaux. Comme une vieille routine, Curtis s'installa dans le canapé et balança une des manettes à son frère qui l'attrapa de sa main libre, l'autre tenant un joint à peine entamé. Le jeu de football se lançait et alors que chacun des frères choisissaient son équipe favorite (à savoir, Arsenal pour Jules et Manchester United pour Curtis), Jules lança, tout simplement : Faut qu'on fasse une pendaison de crémaillière. Curtis acquiesça vivement.

Si pour l'instant la colocation round II des frères marchait bien, ça ne tenait qu'à une seule chose : Angèle n'avait pas mis les pieds dans cet appartement depuis que Curtis y avait posé ses valises. Cette petite fête prévue à la dernière minute, c'était le grand test. Jules avait prévenu tout de suite Curtis : Angie serait là, et Angie sera souvent là. Curtis se contentait de de faire un petit sourire tordu en disant qu'il n'y avait pas de problème. Il disparaissait après dans son coin chambre, et Jules aurait juré qu'il y allait pour étouffer ses sanglots de désespoir dans son oreiller. C'était étrange ce qui se passait entre ces deux-là. Jules savait que Curtis aimait Angèle, il savait également qu'ils s'étaient revus. Curtis savait que Jules savait, et Jules savait que Curtis savait qu'il savait. Bref, beaucoup de verbes savoir dans peu de phrases. Et pourtant une sorte de non-dit planait entre les frères. Chaque phrase qui concernait Angèle Powell était tellement lourde de sens, remplie de sous-entendu. Dès que ce prénom arrivait sur la conversation l'ambiance s'alourdissait terriblement et chacun réfléchissait longuement à ce qu'il allait dire, tous les mots semblaient si méticuleusement choisis pour au choix, limiter la casse ou bien alourdir davantage l'ambiance. Curtis marchait constamment sur des oeufs, Jules quant à lui profitait de la situation et n'hésitait pas une seconde à remuer le couteau dans la plaie.

Le soir venu, alors que Jules enfilait l'un de ses débardeurs trop large qui tombaient sur lui comme sur un porte-manteau, Curtis était déjà entrain de vider une énième bière. On aurait dit un puceau le soir du bal de promo. Jules regardait son petit frère, au look si soigné que ça en faisait presque homo. Et tandis que lui et son éternel dégaine de clodo sortait du frigo quelques bouteilles, et puis installait des paquets de chips ici et là, Curtis tapait nerveusement du pied par terre. La sonnette, le cadet Abberline se leva d'un bond pour aller ouvrir. Jules le regarda par dessus le bar de la cuisine américaine, un sourcil arqué. Pauvre mec... murmura-t-il entre ses lèvres. Non, ce n'était pas Angèle. En fait, Curtis alla ouvrir presque à chaque coup de sonnette, mais ce n'était jamais Angèle. On eut le temps d'accueillir des potes de fac de Curtis, des vieux amis du collège et lycée, et puis l'éternelle bande à Elliot et autre camés notoires, des amis musiciens, des copains du club de rugby que Curtis avait fréquenté pendant pas mal de temps... Jules ne se préoccupait désormais plus de son frère qui semblait noyer son anxiété dans des whisky-coca. L'aîné avait pour sa part prit possession du coin musique et se laissait aller à quelques cachets euphorisants. Cachets qui avait le terrible effet de lui faire aimer la country, ceci expliquant cela, Jules s'était même retrouvé à gratter sur sa guitare quelques notes d'une musique de Taylor Swift, surprenant l'auditoire en connaissant même les paroles. Tant pis, il assumait. Et après un énième rail de coke, Jules, affalé dans le vieux fauteuil s'essuya le nez d'un revers de main, avant de se rendre compte qu'une traînée de sang colorait sa main d'un rouge passé. Il fronça les sourcils, attrapant un sopalin il se leva et se dirigea vers la salle de bain, tombant au passage sur son frère, plus qu'éméché.
Putain, ça va ? Qu'est-ce que t'as pris encore ? P'tain, Jules ! Jules, le sopalin sous le nez regarda son frère d'un regard vague et plein de dédain. Non mais il lui faisait la morale ou quoi ? Jules se stoppa dans sa marche et laissa Curtis parler, non sans énervement : Angèle, elle... elle va arriver et toi t'es complètement à côté de tes pompes ! C'pas sympa ! Jules émit un petit rire et attrapa le verre que son frère tenait de sa main libre. Arrête de boire gamin, ça te va pas ! Prévint-il avec un calme olympien qui cachait une envie extrème de taper dans quelque chose. Parce que c'était bien la première fois que Curtis osait prononcer lui-même le prénom de la jolie poupée. Et Jules aurait aimé s'assurer que ça serait la dernière. Curtis se contenta de pester qu'il faisait ce qu'il voulait, qu'il n'était plus un gamin avant de partir bouder plus loin. Jules finit donc par aller dans la salle de bain, posa le verre sur les toilettes et puis alla s'appuyer contre le lavabo. Quelques gouttes de sang tombèrent dedans, des traînées rouges coulaient vers les égouts. Enfin, il releva la tête, se regarda dans le miroir, comme s'il regardait un autre homme en fait. La musique trop forte du salon battait en lui comme les pulsations de son coeur, dans sa tête ça faisait comme des flashs, et puis ça tournait comme s'il était en pleine mer. Amen. Sans trop dosé combien de temps il avait passé dans les chiottes, il en ressortit en prenant le verre dérobé. Et quand il ressorti d'ici il tomba tout droit sur une fille, manquant de lui renverser la totalité du whisky dessus. Après quelques secondes, Jules la replaça enfin. Cette petite blonde à la tignasse mal coiffé et à l'air blasé, comme si ce loft était le dernier endroit sur terre où elle voudrait se trouver. Comme si le goulag était préférable à cette situation. Un sourire un peu malsain se dessina sur le visage de Jules. Solveig. Jules savait qu'Angie et elle étaient encore amies et passaient même pas mal de temps ensemble ces derniers temps mais il ne s'attendait certainement pas à ce que Powell ait réussi à la traîner jusqu'ici. Parce que pour Solveig, Jules était une sorte de sale habitude honteuse, il était un dérapage qui s'était répété plusieurs fois, c'était une mauvaise solution. Il avait été là, il avait débarqué de nul part aux moments où elle se sentait comme une merde et il n'avait fait que le confirmer. Et puis pour Jules... Jules avait l'impression d'avoir toujours eu Solveig dans son paysage, comme une figurante du fond de la salle qui s'était toujours trouvé là à chacune des différentes périodes de sa vie. C'était cette fille un peu spéciale avec qui on a pas envie de traîner, ni de baiser mais qui pourtant attirait le regard. Et même si ni l'un ni l'autre ne le voulaient, leurs souvenirs ensemble restaient coincés dans leur cerveau, à jamais. Après tout, on oublie jamais sa première fois. Enfin, Jules allait ouvrir la bouche pour sortir une de ses remarques bien cinglantes dont il avait le secret mais Solveig leva la main, le coupant dans son élan : Pas de commentaire, s’te plait. Petit sourire. Jules leva sa main libre comme pour clamer son innocence et puis monta l'autre qui tenait son verre pour en boire une gorgée. Bon, cela dit la présence de Solveig révélait une information importante : Angèle était là, quelque part. Parce que bien, sur Martin Solveig n'avait pas pu se dire d'elle-même "oh tient, si je passais à la fiesta des abberline ?" à moins qu'elle ne s'était faite violé par son frère ou tabasser par son père et qu'elle avait une intense envie de se pourrir d'avantage en couchant pour là... quatrième fois si les calculs de Jules étaient exactes, avec ce dernier. Ca aussi c'était une option... Parce que pauvre gamine slovaque, sa famille elle était presque pire que celle de Jules, voire carrément pire. Bref, passons.

Jules tendit le cou pour essayer de voir sa jolie poupée parmi la foule de gens qui était désormais présente. Pas dur de la repérer, Jules la localisa en une seconde chrono. Là, jolie et parfaite, oui tellement belle. Elle semblait briller au milieu d'une foule grise et terne. Ou bien c'était la drogue qui semblait donner à Angèle cet aura quasi-mystique. Oui, c'était sans doute ça. Au moment où Jules était entrain de se faufiler entre les gens pour la retrouver qu’un autre le devança. C’était Curtis, sorti de nulle part, il avait bondit et prit Angèle en aparté. Il était de plus en plus éméché. Seul l’alcool pouvait raisonnablement lui donner la bravoure nécessaire pour faire une telle imprudence. Pa rce qu’aller parler à Angie dans une soirée qu’il organisait avec son frère, c’était un risque à double cause. Premièrement le risque pour que Jules le surprenne était énorme, et deuxièmement, quand bien même Jules manquerait la scène il n’y avait  nul doute sur le fait qu’Angèle irait tout lui raconter six secondes plus tard. Comme elle avait révélé les sentiments qu’il avait pour elle depuis des années, comme elle avait également révélé qu’ils s’étaient revus pour faire le point sur la situation. En gros, Angie fallait pas vraiment lui confier un secret. Enfin, Jules était trop loin et la musique trop forte pour qu’il ne puisse saisir le sens des paroles que Curtis disait à Angie. Mais il voyait le visage mal à l’aise de la jeune femme, qui tentait de s’échapper à l’emprise du cadet Abberline. Quand enfin il réussi, Jules ne manqua pas de remarqué qu’elle se dirigeait droit vers son coin chambre. Il n’hésita cependant à la rejoindre. Voir son frère, de ses propres yeux aller parler à Angèle après ce qu’il savait, forcément ça lui pinçait les entrailles, ça flirtait avec son self control et sa jalousie qui en façade ne semblait pas très prononcée mais qui dans le fond brûlait ardemment se mettait à bouillir comme de la lave en fusion. Une seconde plus tard, il croisa le regard de Curtis, ce dernier, soudain coupable, ne savait pas très bien s’il devait ressentir de la colère ou de l’angoisse. Jules se contenta de le défier du regard et puis il s’approcha de ses platines pour changer de CD. Les Rolling Stones criaient maintenant le prénom de la femme convoitée, comme pour hurler une fois encore au cadet qu’Angie était chasse gardée. Après cette mise au point, Jules se dirigea vers son coin chambre.

 Le prochain comprimé on pourra se le passer en se roulant des pelles, si on est assez déchirées ... N’est-ce pas ? Jules eut un petit sourire tout en se glissant entre les panneaux japonais. J’peux regarder ? balança-t-il du tac au tac. Et là, un regard noir de la part de Solveig coupa court à son envie d’argumenter davantage sur un quelconque fantasme de regarder Angèle et sa copine se tripoter. Cependant Jules ne manqua pas pour l’occasion, se plaçant debout devant Angèle, et lui caressa prestement la joue comme pour lui dire « bonjour » de tendre l’autre main pour voler le comprimé que la douce avait mit dans le creux de la main de la pouilleuse (excusez l’appelation !) Jules, pas le moins du monde coupable, regarda le cachet, se demandant ce que ça pouvait bien être. Et puis, regardant Martin Solveig, il proposa, joueur : Je te montre comment on fait ? Proposa-t-il à Solveig, mettant le comprimé sur la langue qu’il lui tirait, comme pour confirmer l’invitation. C’était un peu pour se foutre de sa gueule, parce que Solvie, à part la fifille coincée et barbante, Jules ne l’avait pas connu sous un autre jour –enfin… presque. Et puis c’était surtout pour jouer, pour l’emmerder comme il savait si bien le faire. Ponctuer ses phrases de sous entendus et de regards en coin, à la limite de dévoiler le –les- secrets qui les liaient tous les deux. Il savait bien que ça la mettait mal à l’aise, presque autant que ça l’irritait et l’un et l’autre l’amusait.
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() message posté Ven 20 Mar 2015 - 12:19 par Invité
Je soupirai silencieusement en me rendant compte de qui était arrivée jusqu’à moi. Angèle, dont la voix reflétait cette exaspération chronique qu’elle adoptait lorsque j’étais de mauvaise humeur. Les cinquante-cinq minutes restantes explosèrent en un million d’heures : elle n’allait pas me lâcher. « Tu m’sers vraiment à rien ! J’viens de me faire agresser par Curtis. » Une fois n’est pas coutume. Je tournai la tête et lui adressai un regard navré, presque sincère, avant de me redresser et de m’installer à côté d’elle. « Désolée. » Mais ce n’est pas faute de t’avoir dit de ne pas traîner avec les Abberline, et surtout de ne pas leur plaire, voulus-je lui répondre, cependant je me retins. Elle le savait déjà. Et cette petite voix moralisatrice, je n’étais pas la mieux placée pour l’avoir. Moi aussi, j’avais de mauvaises habitudes avec eux. Avec Jules. C’était bien beau de lui rappeler que ce type était un véritable poison, sauf qu’en l’occurrence, je comprenais pourquoi elle s’était tant attachée à lui, pour avoir fait ponctuellement la même erreur. Alors je restai muette et pinçai mes lèvres, mal à l’aise, tandis qu’Angie rétorqua : « T’as l’intention de tirer la gueule toute la soirée ? Non, parce que t’es censée être contente de revoir Jules, depuis le temps … » Je secouai la tête pour ne pas lâcher un ricanement sarcastique. J’avais vu Jules et il était fidèle à son rôle de camé décadent qui vivrait encore quelques années avant de crever sur son parquet sale, et que l’on oublierait bien vite tant il était voué à disparaître. Jules, c’était un court-circuit explosif, une étincelle qui mord la peau lorsqu’elle la touche, et puis qui s’évapore. Sauf pour Angie. Parce qu’Angie, fragile et légère, c’était la paille qui avait pris feu. Je tournai la tête vers elle, sans sourire. Elle paraissait vraiment excédée, autant par les frasques de Curtis que par mon air morose et mon manque de bonne volonté. Et Dieu sait que j’avais eu de la bonne volonté avec Jules – peut-être même trop – mais il m’énervait tellement que ma mauvaise humeur prenait toujours le dessus en sa présence. Pourtant je n’aurais pas imaginé ma vie sans lui. Il y aurait sûrement eu un vide. S’il avait une seule qualité, c’était d’être l’homme le moins ennuyant au monde. On finissait toujours par faire quelque chose avec Jules. Se droguer, se marrer, s’engueuler, se jeter des regards méprisants, coucher ensemble ou broyer du noir en pleurant silencieusement alors qu’il est dans un putain d’autre monde. Electrique, ce type. Une vraie prise de courant. Voilà donc pourquoi il plaisait tant. « Je suis juste un peu fatiguée. Trop de monde, trop de fumée, trop d’agitation. » Je mentais. Je n’étais pas fatiguée – pas plus que d’habitude – et j’avais cette capacité inouïe d’isolation extrême, chose que j’avais acquise durant ma tendre adolescence. « J’ai vu Jules, il saignait du nez. » J’aurais pu m’abstenir de cette remarque un peu méprisante et ironique, mais j’en conclus que je n’avais pas la force de faire bonne figure ce soir. Non, sans blague.

Angie attrapa ma main, ce qui me fit sursauter, et je la laissai ouverte, résignée. Elle posa un comprimé bleu au creux de ma paume et je baissai les yeux vers celui-ci, hésitante. Il était petit et vicieux, comme un lutin soufflant à mon oreille des mots libertins. Angie ne m’attendit pas pour prendre le sien et arroser sa gorge d’alcool. Elle ne devait probablement pas en être à son premier de la journée. C’était Angie. Je ne lui disais plus rien. Lui faire la morale était contre-productif, tant elle s’y opposait si violemment. Elle faisait le contraire de tout ce que la société lui imposait : plus intelligente, moins assidue, plus belle, moins saine d’esprit, plus drôle, moins concernée que la majorité de la population. Et ça lui retomberait dessus un jour. Si elle retrouvait le cadavre de Jules à l’endroit exact où j’étais assise, ça l’achèverait. Elle n’allait pas tenir longtemps non plus. Prôner la déchéance, c’était l’embrasser et la subir. « Le prochain comprimé on pourra se le passer en se roulant des pelles, si on est assez déchirées … N’est-ce pas ? » Je lui adressai le premier sourire de la soirée. Mais je n’eus pas le temps de faire plus. L’air enchanté d’Angie s’accentua alors qu’elle entendait sa chanson fétiche, et je levai discrètement les yeux au ciel. Quelle subtilité. Ils avaient la même chanson depuis la terminale, comme une ode à leur bonheur néfaste et à la beauté bientôt fanée d’Angèle. « J’peux regarder ? » Voilà que la pièce manquante du puzzle venait apparaître devant nous. Jules, un sourire ravi et moqueur accroché à ses lèvres, s’avança jusqu’à nous. Il caressa la joue d’Angèle avec douceur et vint me prendre le comprimé bleu comme je lui avais volé son joint quelques minutes auparavant. Il le regarda, perplexe, puis reposa ses prunelles grises sur moi. « Je te montre comment on fait ? » railla-t-il. J’eus envie de me lever et de lui coller une baffe alors qu’il me tirait la langue et posait le comprimé dessus. T’es vraiment un sale con, Jules, pensai-je, mais je restais immobile, les sourcils froncés. Il n’allait pas faire disparaître son petit air fier juste parce que je boudais dans mon coin et que je restais silencieuse. Pourquoi croyiez-vous que je ne supportais pas ce type ? Parce qu’il adorait ça et qu’il faisait tout pour. « T’as pas un frère à aller engueuler ? Règle tes affaires avant de t’occuper des miennes. » Et donc, la seule technique que j’avais trouvé pour esquiver ses piques agaçantes, c’était la froideur pure et dure. Il me tirait la langue, et moi je la coupais avec un sécateur. Je fermai les yeux deux secondes : j’avais oublié Angie. Elle était là, à côté de moi, et je n’avais pas hésité à m’emporter face à la connerie de Jules, sans prendre garde à sa réaction. Je me tournai vers elle mais évitai son regard. Elle avait encore le sachet de comprimés dans la main et je lui pris sans lui demander, les mâchoires serrées. J’étais tendue : deux ou trois tentatives de Jules en plus, et il allait me faire craquer. Je n’étais pas la paille dans l’histoire, je laissais cette fragilité à Angie, j’étais la poudre menaçant d’exploser à chaque seconde. Je fis glisser un nouveau comprimé sur ma paume et l’avalai sans attendre, saisissant le verre qu’Angie m’avait proposé et buvant trois longues gorgées. Puis je relevai les yeux vers Jules, le défiant presque du regard. « Comme tu vois, je me débrouille bien toute seule. » C’était puéril de réagir ainsi, et surtout très imprudent. Parce qu’Angie savait que je ne portais pas ce cher Abberline dans mon cœur, mais elle ignorait qu’il y avait déjà fait un tour pour y laisser sa trace noirâtre et brûlante que je peinais à effacer, et qu’il se faisait un malin plaisir de la pointer du doigt à chaque fois qu’il me voyait.
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() message posté Dim 22 Mar 2015 - 21:50 par Invité
Lorsque je n’étais pas totalement droguée, j’étais une personne très perspicace et observatrice, un rien me menait sur le chemin du savoir et j’arrivais facilement à comprendre les choses un peu plus rapidement que les autres, mais à la fin nous arrivions toujours tous à la même conclusion. Ce soir, à côté de Solveig j’avais donc remarquée avec facilité à quel point ma relation avec Jules emmerdait plus les autres que nous-même. S’il y avait quelque chose que je ne comprenais pas avec mon entourage c’était leur désaccord perpétuel avec mes actes et mes choix, évidemment personne ne devrait être d’accord pour que je me drogue de la sorte et que je me fasse tant de mal, mais alors qu’en était t’il de l’amour ? Une vieille chanson disait ‘’all you need is love’’ et tout ce dont j’avais besoin pour vivre mis à part mes cachets magiques et autres substances illicites, se nommait Jules. Ce prénom avait le don d’irriter absolument tous mes amis à commencer par Solveig qui n’avait jamais, au grand jamais, porté cet homme dans son cœur, parfois elle le dénigrait de la même manière qu’elle dénigrait Ulrik, à croire qu’il était aussi cinglé que son cher frère. « Je suis juste un peu fatiguée. Trop de monde, trop de fumée, trop d’agitation. » Elle mentait, je le savais bien, mais je n’arrivais toujours pas à savoir ce qui pouvait bien la mettre dans cet état insupportable. Alors je regardais la suédoise, tout en ayant l’esprit ailleurs, j’avais donc compris qu’a partit du moment où Jules et moi-même nous trouvions ensembles dans une pièce avec quelqu’un d’autre, ça déclenchait des cataclysmes sans précédent. Il n’y avait qu’à voir la mine fatiguée de ma meilleure amie qui semblait subir cette soirée rien qu’à l’idée d’imaginer un seul instant voir mon prince charmant débarquer dans la même pièce que nous. Pour elle, rentrer dans l’entre de son démon avait déjà été bien pénible, cependant je me posais une question qui sur le moment n’avait pas l’air bien importante : Comment avait-elle pu se trouver du premier coup dans la chambre de Jules ? Comme si elle connaissait cet endroit aussi bien que moi, sans parler du chemin qui menait à l’appartement, si ma mémoire est bonne -et je sais qu’elle l’est- je ne lui avais pas indiqué un seul instant la route. « J’ai vu Jules, il saignait du nez. » Avant que je puisse continuer bien longtemps mon inspection qui aurait mené à un interrogatoire, la belle me fit sortir de mes songes. Jules saignant du nez, ça n’avait pas l’air d’être quelque chose de bien alarmant, ça lui arrivait souvent quand il forçait sur la poudre, son petit nez si bien dessiné ne le laissait pas en paix lorsqu’il était aussi rempli qu’un trottoir pouvait l’être après une tempête de neige. Ce qui m’avait le plus stupéfait c’était la façon avec laquelle elle le disait, comme si elle jouissait à l’idée de le voir souffrir, elle n’avait pas eu une expression facial qui décrivait avec précision le plaisir que pouvait lui procurer la peine des autres, mais je connaissais si bien ce ton, elle avait le même lorsqu’elle parlait de son frère ou de son père. « Ah, il doit être bien déchiré alors. » Je n’avais même pas la force de me précipiter comme une adolescente amoureuse pour retrouver mon bien aimé. L’humeur massacrante de Solveig massacrait aussi la mienne et puis c’est vrai que la musique se faisait de plus en plus forte, sans compter que Solveig venait donc de m’éclair sur le fait que le tatoué se trouvait bien dans cet appartement et puis comme pour confirmer ça, Mike Jegger criait mon prénom à tue tête dans toute la pièce, un sourire se dessinait sur mes joues. Alors Jules c’est quand que tu viens me trouver ?

J’avais sortis ma pièce maîtresse, la belle boite de pandore, la boite à malice, tout ce que vous voudrez pour dire qu’en gros j’avais dans ma poche assez de drogues pour démonter tous les occupants actuels de cet appartement. Je posais sagement un comprimé dans la main de ma collègue, tandis que j’avalais le mien peu après, avec de l’alcool pour une défonce exemplaire. Il le fallait et je le pouvais, je ne connaissais pas mes limites, pour le moment elles semblaient infinies, mais pour combien de temps ? « J’peux regarder ? » Sa voix avait retenti dans cette chambre comme un écho, même si à côté le vacarme constant était à peine soutenable, la voix de Jules était très audible. La main de celui-ci vint se poser délicatement sur ma joue, j’en rougissais presque, nous n’étions pas du genre à nous embrasser goulument en public, premièrement car ça nous gênerait autant l’un que l’autre et deuxièmement parce que personne n’était d’accord avec notre amour, alors ne faisons pas subir cela à des gens retissant, comme Solveig par exemple. Je me tournais d’ailleurs vers celle-ci qui tenait toujours le comprimé avant qu’il ne disparaisse sur la langue de Jules, il fallait être plus rapide ma belle ! Sérieusement, deux camés dans une pièce et tu oses laisser trainer de la drogue dans le creux de ta main si fragile et chaste ? Pauvre enfant. « Je te montre comment on fait ? » Euh … Non ? Je connaissais bien Jules pour savoir qu’il était le plus grand connard que la terre puisse porter, il adorait titiller les gens et son plaisir absolu était de mettre le psychisme de Solveig à l’épreuve, car il savait qu’elle ne le portait pas dans son cœur et c’était tellement réciproque que sa en crevait littéralement les yeux et si les prunelles vertes parsemés de marrons de la jeune suédoise pouvaient tuer, celui-ci serrait décédé d’une mort tellement atroce que même Spielberg ne pourrait imaginer et elle serait bien dure à supporter pour la victime. Solveig avait un peut d’Ulrik en elle quand-même, il fallait se l’avouer. « T’as pas un frère à aller engueuler ? Règle tes affaires avant de t’occuper des miennes. » Si elle n’avait pas semblé accorder de l’importance à ce que j’avais pu lui dire à propos d’un Curtis violent tout à l’heure, elle ne l’avait pas oublié. Elle savait qu’il s’agissait d’un sujet extrêmement sensible, un sujet si inflammable qu’une petite étincelle pouvait l’allumer et créer un feu sans mesure. Elle se tourna vers moi, sans pour autant me regarder, car c’était comme me trahir en quelque sorte. Jules poserait des questions auxquelles je serais bien obligée de répondre, certes, je n’étais pas la meilleure pour garder des secrets, mais j’allais devoir cacher ça aussi longtemps que possible, sans trop d’espoir je savais que Curtis prendrait certainement cher ce soir, mais quand ? Seul Jules le saurait, heureusement que le petit était complétement alcoolisé, il sentirait moins la douleur où alors il oserait même affronter son grand frère chéri, la scène semblerait utopiste d’ailleurs. « Euh oui … C’est vrai, il est complétement … Saoul … Enfin, j’crois. » Je crois … ça sonnait tellement faux, j’essayais de faire croire à Jules que je n’avais pas croisé son frère alors qu’il y a quelques minutes à peine, j’avais eu le droit à un corps à corps étouffant, ce que je ne savais pas c’est que non seulement je m’en sortais mal, mais en plus de ça Jules était au courant et me voir essayer de protéger son frère contre sa fureur, ça le rendrait probablement dingue. Mais j’étais comme ça, j’aimais Jules de toute mon âme, allant même jusqu’à tatouer son prénom sur ma peau, mais j’avais beaucoup de peine pour Curtis et le voir en perpétuel désaccord avec son meilleur ami me rendait coupable, coupable qu’un autre Abberline puisse m’aimer de cette façon, s’en était malsain.

J’étais prête à me lever pour me diriger vers la cachette secrète de Jules, mais Solveig me surprit, prenant mon sachet dans lequel elle piqua un comprimé, je ne savais pas moi-même de quoi il s’agissait, trop de drogues mélangés dans ce sachet, mais elle l’avait avalé tout rond avec mon verre, sans même demander de quoi il s’agissait. Le contrôle permanent qu’elle s’évertuait à entretenir sur sa vie bien rangée semblait s’être envolé pour affronter Jules et puis de toute façon pour affronter un Jules taquins la raison n’était pas nécessaire. « Sérieux on dirait des ex en pleine dispute, vous faites flipper. » Vous n’vous devez rien, avais-je envie de continuer, mais ça ne me semblait pas utile de le préciser, cependant je ne pensais pas une seule seconde si bien me tromper, je ne savais même pas que je me trouvais assise, sur le lieu de la scène de crime perpétré il y a quelques semaines seulement et si on insistait on pouvait peut-être même sentir l’odeur de Solveig encore encrées dans les draps. Car qu’ils le veuillent ou non, leurs âmes étaient liées à jamais, c’était toujours comme ça avec les gens avec qui on couchait, on leur laissait un peu de nous, sans compter sa première fois, on lui laissait carrément sa virginité, c’était pour cette raison que je m’étais toujours refusé à coucher avec un autre que Jules, même pendant l’époque Oxford, il n’y avait qu’à voir ce qu’il se passait avec Thomas, ça ressemblait presque à la scène de Jules et Solveig, mais en encore plus weird. En parlant de premier fois, je ne savais pas qui était la premier fois de Jules et encore moins celle de Solveig, tout bonnement car je n’avais jamais songé à leur demander et puis parce que jusqu’à maintenant ça ne m’avait jamais intéressé.

La blonde à mes côtés tenait mon verre et mon sachet que je me dépêchais de reprendre, lui laissant le délicieux cocktail en guise de cadeaux, elle semblait apprécier mes restes. Je regardais Jules puis Solveig, ils semblaient faire un duel de regard et l’ambiance commençait gentiment à me peser sur le système nerveux. Je me levait finalement, me dirigeants vers la petite cachette secrète de Jules, il s’agissait du tiroir dans sa table de chevet dans lequel il y entreposait sa weed. L’envie de me rouler un joint était vitale et je n’avais pas songé un seul instant à prendre de quoi faire. Une fois ouvert, quelle ne fut pas ma stupeur en y découvrant des préservatifs entre les sachets d’herbes. Je me retournais vers Jules, lui lançant un regard insistant, mon sourcil s’était relevé. Depuis de longues années nous avions délaissé ce genre de protection au profit d’une contraception hormonale et ça suffisait amplement, alors que pouvait-il bien foutre avec des capotes dans ce tiroir ? La crise de couple n’était pas à l’ordre du jour, je me mis à rigoler nerveusement. « C’est drôle … Je … » Je quoi ? En fin de compte je ne fis que rigoler secouant la tête de droite à gauche, pour ne pas avoir à lui demander des comptes en face de Solveig, il me connaissait assez pour savoir qu’il allait passer à la casserole plus tard, mais l’heure pour le moment n’était pas bonne pour ce genre de discourt et puis mes yeux se posèrent sur Solveig, qui se frottait le bras, nerveusement. Entre mes doigts je roulais le joint, passant ma langue sèche sur le bord de la feuille afin de le sceller, dans la poche de mon jeans je sortais les allumettes que j’avais volé à Thomas, je ne m’en rappelais même plus. Faute de briquet j’allais faire avec ça, tout le monde savait bien que je haïssais les allumettes car mis à part toutes les casées je n’allumais pas grand chose et puis après en avoir cassé une ou deux, je réussis enfin à allumer le joint. Je me tenais debout derrière Jules en m’avançant gentiment vers ce qui semblait être un paravent, posé en plein milieu de la pièce. Lorsque j’étais rentrée dans celle-ci je n’avais pas remarqué à quel point la chambre avait changée. « Je ne reconnais plus vraiment cette pièce et ses petites cachettes secrètes. » J’étais assez bonne pour faire comprendre des sous entendus bien placés, je m’approchais de Jules lui tendant le joint tandis que le paravent semblait crier mon prénom au même titre que Mike Jegger, une fois derrière celui-ci, je revins une mine déconfite, après avoir reconnu le sac de cours de Curtis qui trônait de l’autre côté. « On est là pour fêter quoi au juste ? » Je semblais comprendre que nous n’étions pas là pour faire simplement la fête, nous étions tous réunis pour fêter un événement assez incroyable et j’attendais que Jules me confirme l’horreur que j’imaginais dans ma petite tête.
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() message posté Dim 22 Mar 2015 - 23:16 par Invité
quand on a, comme moi, l'âme pliée en foetus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir ☇ Inutile de préciser que Jules, en pénétrant dans ce qui ressemblait à sa chambre, avait brisé l'ambiance bonne enfant et pyjama party des deux amies. Déjà, Solveig s'était refermée comme une huître, dépitée que Jules ait retrouvé le chemin jusqu'à elle. Alors la lourdeur de leur relation se faisait sentir et Angèle aussi semblait plus tendue. Ce n'était pas faute d'essayer de détendre l'atmosphère. Jules se laissa aller à quelques plaisanteries et invita même Solveig à quelques roulages de patin slash échange de cachet. A la seconde près, Angie se tendit davantage, Jules pouvait le sentir à travers son pouce qui parcourait doucement, presque trop tendrement pour faire vrai, la joue chaude de ce qu'on pouvait appeler désormais sa petite-amie, même si l'appellation officielle restait plus ou moins confidentielle. Devant le regard noir accompagné d'une froncement de sourcils dégoûté qu'offrit, comme unique réponse, Solveig à la proposition de Jules, ce dernier se contenta d'hausser négligemment les épaules. Tu sais pas ce que tu perds. plaisanta-t-il, à moitié. Oups, ah bah si, elle savait. Il ria intérieurement avant de refermer sa bouche et de balancer sa tête en arrière pour faire glisser le comprimé au fond de sa gorge. T’as pas un frère à aller engueuler ? Règle tes affaires avant de t’occuper des miennes. Ajouta enfin Solveig, qui avait sans doute réfléchit depuis tout ce temps à un bon moyen de faire fermer le clapet de Jules. Heureusement, le comprimé était déjà avalé sinon, nul doute qu'il se serait retrouvé bloqué dans l’œsophage de Jules. Il se mit à sourire, évidemment, ce n'était pas un sourire emprunt de joie et d'amusement. Ca ne l'était jamais quand on évoquait les amourettes, ex et autres prétendants d'Angie. Egoïste façon de penser, surtout quand une ancienne conquête, voire première conquête, de Jules se trouvait la pièce mais ça avait toujours été comme ça. Jules n'avait jamais accepté l'idée qu'Angèle voit d'autres hommes, ni même plaise à un autre homme (a fortiori son frère) tandis que lui ne s'était jamais sentit obligé de lui être fidèle, jusqu'à présent s'entend. Enfin, c'est fou comme Solveig savait mettre de l'ambiance. Jules ne s'embarrassa pas de lui répondre, il aurait même volontiers changé de sujet. C'était sans compter sur Angie qui s'était sentie obligée d'ajouter quelque chose, très mal à l'aise par la remarque désobligeante de sa copine. Euh oui … C’est vrai, il est complétement … Saoul … Enfin, j’crois. Jules lâcha immédiatement le visage d'Angèle et enfonça, comme il le faisait constamment quand il sentait l'agacement monter en lui, sa main dans la poche de son jean trop large pour ses cuisses de caneton à peine sorti de l'oeuf, pour en sortir son paquet de cigarette. Tout en prenant une cigarette il répliqua sans un regard : Tu crois ? Tu devrais le savoir, vu que tu lui as parlé y a genre cinq secondes. Ce ne fut qu'à ce moment-là que Jules releva la tête sur Angèle, la défiant presque. Elle était restée évasive, avait improvisé que Jules devrait être sur le dos de son frère à propos de l'alcool surconsommé ce soir, comme si Jules n'allait pas comprendre ce dont Solveig parlait réellement : l'altercation entre Curtis et Angie, évidemment. Manque de bol, poupée, Jules avait tout vu. C'est le désavantage de vivre dans un loft, tout est ouvert sur tout. Jules alluma sa cigarette, crispé. Putain, était-ce devenu une habitude pour Angèle de mentir ou bien avait-elle toujours été comme ça et Jules ne s'en rendait compte que maintenant ? Même pour des petites choses comme ça, mais le principe même énervait le tatoué. Enfin, Solveig quant à elle, avait pris au mot Jules et son défi, volant au passage la cagnotte d'Angèle, elle mit un cachet dans sa bouche et le fit passer avec un verre d'alcool. Jules arqua un sourcil, et émit un petit rire, cette fois amusé. Bon, au moins, ça changeait de sujet. Solveig lui adressa un regard profond, plein d'hardiesse qui fit rire Jules davantage. Comme tu vois, je me débrouille bien toute seule. Jules tira sur sa cigarette, pencha la tête en avant comme pour saluer la performance, sans pour autant la quitter du regard. Petite Solvie est devenue grande. commenta-t-il avant qu'un nouveau silence ne s'installe entre leurs regards qui ne se lâchaient plus. Ouais, Solvie, c'était comme ça qu'il l'appelait depuis le collège -entre autres surnoms qui étaient bien moins gentil. Il le savait qu'elle était devenue grande, il l'avait fait devenir grande, et elle l'avait fait devenir grand. Pas de la bonne façon, certainement pas, mais c'était ainsi que ça s'était passé. Jules fut alors sortie de ses souvenirs par la voix d'Angie : Sérieux on dirait des ex en pleine dispute, vous faites flipper. Même si ça ressemblait à une blague, Jules connait assez Angèle pour savoir que ça n'en était pas une. Et pire encore, le tatoué au lieu de répondre par un Non mais ça va pas ! ou un Beurk, tu veux me faire vomir ? qui aurait normalement été de rigueur face à ce genre de sous-entendu, ne trouva rien de mieux à faire que de regarder à nouveau Solveig avec un sourire à peine perceptible. Ouais, ça l'éclatait d'entretenir ce secret, de mettre Solveig mal à l'aise et puis peut-être que ça l'amusait aussi de flirter avec le danger que la révélation d'un tel secret représentait. Peut-être aussi que ça l'amusait de voir qu'Angèle n'était pas insensible à ce genre de chose. Peut-être que Jules avait besoin de reprendre un certain contrôle sur la situation. Même si désormais leur relation avait évolué, et prenait plus la direction d'une relation de couple que d'amis et plus, il ne voulait pas perdre cette main mise qu'il avait toujours eu sur elle, jusqu'à récemment. Il s'était déjà sentie suffisamment mal au moment où elle l'avait quasi-obligé -voir obligé tout court- à prendre de l'héroïne, se sentant trahis, l'âme violée et le coeur pris en otage. Bon, aujourd'hui, malgré la petite atèle qu'il portait à la cheville qui le faisait boiter légèrement, il ne regrettait pas l'expérience, s'empressait presque de retenter le coup, même si clairement ça s'était fini bizarrement. Enfin bref, ça rassurait Jules de se dire qu'Angie avait de quoi cogiter, lui qui avait également si longuement cogité à propos d'elle et Thomas. D'ailleurs, elle semblait perdre patience, coincée entre deux regards en coins. Elle se leva donc pour aller fouiller dans les affaires de Jules, ce qui n'inquiéta nullement ce dernier qui n'hésita pas à lui piquer sa place sur bout du lit, aux côtés de Solveig, quitte à faire chier, autant le faire jusqu'au bout. Angèle ressortit donc la petite boite en ferrailles dans laquelle Jules rangeait son herbe... et autres. Il remarqua bien sûr les gros yeux qu'elle fit en y voyant, par la même occasion les préservatifs. Jules ravala un "oups" bien malvenu, attendant simplement de savoir si elle allait faire une réflexion. C’est drôle … Je … Jules la fixait, attendant de voir la suite avant un petit sourire mi-gêné, mi-amusé, comme un gamin pris sur le fait de sa connerie. Il se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de rigoler et puis planta son regard sur le parquet et ses chaussures, à savoir des Doc Martens en cuire à peine lacée. Et alors qu'Angèle avait entreprit le roulage de joint, Jules regarda Solveig, qui commençait doucement à planer, ressentant sans doute les effets de ce qu'elle avait volé à Angèle. Il sourit. Plaça ses deux mains sur les épaules de la blonde et la secouant légèrement. Ah non, déconne pas ! T'es chiante quand t'es stone. ET OUPS AGAIN ! Parce que oui, à part faire Angèle se demander quand est-ce que Jules avait bien pu voir sa meilleure copine défoncée -sachant que la réponse était : les quelques fois où on s'est vu que tous les deux et où on a baiser après- cette remarque n'avait rien d'autre. Jules ricanait doucement, sans doute trop stone également pour se rendre compte de la bombe qu'il venait de lâcher. De toute façon, Angie semblait en pleine exploration du regard de l'intérieur du coin Jules, passant également entre les fines ouvertures du paravent ses yeux de biches pour voir qu'effectivement, le loft avait bien changé, ce qu'elle s'empressa de faire remarquer, non sans une petite remarque quant au contenu de la cachette de Jules, regarda sa... petite copine (oui ça faisait encore bizarre à dire) et haussa les épaules en faisant la moue. Ca c'est parce que tu viens pas assez souvent me voir. il accentua sa moue d'enfant, comme un gamin délaissé. Mais Angèle semblait buter sur quelque chose, soudain, elle se décomposait, flippait. Et merde, la question tant redoutée arrivait : On est là pour fêter quoi au juste ? Jules attrapa le joint qu'elle tendait tout en s'éclaircissant la gorge, soudain gêné : Ah, ouais, je t'ai pas encore dit... the big news ! Le suspense semblait étrangler Angèle, qui était pendue aux lèvres de Jules comme s'il détenait le code de la bombe nucléaire. Ce dernier ne se gêna pas pour prendre le temps de tirer longuement sur le joint, de faire couler la fumée dans sa gorge et de recracher le tout... dans la tronche de Solveig, tant qu'à faire. Et puis, il regarda à nouveau Powell, lui sourit : Curtis s'est embrouillé avec ses copains du campus, bref il en avait marre, il cherchait un appart. Angie semblait prête à défaillir. Jules continua tranquillement : Et vu que je suis un type vraiment adorable, je lui ai proposé de venir. Il tira une nouvelle fois sur le joint avant de le tendre à Solveig. Donc, on fête son emménagement. Jules ne quittait pas Angèle du regard, guettant sa réaction.
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() message posté Mar 24 Mar 2015 - 20:01 par Invité
« Tu sais pas ce que tu perds. » Va te faire foutre, Abberline. Tu sais ce que je perds ? La seconde pour te coller mon poing dans la gueule. Il sourit d’un air mauvais à ma remarque : prends-toi ça dans les dents. Pourtant je faisais des efforts pour l’apprécier. Et au fond, je savais que je ne pouvais pas tout simplement le détester. Mais parfois, seule la pure méchanceté marchait avec lui. Il resta silencieux. Super, garde ton sourire à la con coincé sur tes lèvres, si ça peut t’empêcher de l’ouvrir. Mais Angèle se chargea de faire l’erreur à sa place. « Euh oui … C’est vrai, il est complètement … Saoul … Enfin, j’crois. » Je levai discrètement les yeux au ciel. En fait, parler de Abberline bis, c’était franchement pas une bonne idée. Angie et Jules étaient déjà assez insupportables lorsqu’ils s’entendaient bien. Mais si ce n’était pas le cas, ils pouvaient devenir clairement invivables. Dialogue de sourds et baffes verbales au menu. « Tu crois ? Tu devrais le savoir, vu que tu lui as parlé y’a genre cinq secondes. » Et bam, c’était parti pour le combat de chiens. Je voulais me tourner et secouer Angie en lui gueulant qu’elle m’avait traîné ici pour rien, puis me lever et écraser le nez de Jules entre mes phalanges agiles, qu’il sente le cartilage craquer sinistrement et qu’il ait du sang ruisselant sur ses lèvres pour une raison autre que « je suis chéper, putaaaiiin. » Mais au lieu de ça, non. Au lieu de ça, je plongeai ma main dans la sacoche d’Angie et avalait une pilule dont je ne pris même pas la peine d’observer l’apparence. C’était juste pour cracher sur le sourire narquois de Jules. Mauvaise pioche, encore une fois. Il ne manqua pas de commenter. « Petite Solvie est devenue grande. » ET JULOT LE BULOT VA FERMER SA GRANDE GUEULE. Je lui jetai un regard noir. L’herbe qui m’apaisait deux minutes auparavant revenait en force et secouait mes pensées pour en faire vibrer les plus courroucées, mais je ne parvins pas à lui répondre, contenant mon agacement derrière mes dents serrées. Solvie. Il était bien la dernière personne au monde, exceptée ma tendre famille, à avoir le droit de m’appeler par un surnom aussi affectueux que Solvie. Mais il ne s’était jamais privé de le faire. Depuis que je le connaissais, il n’avait fait que me trouver des surnoms ridicules. Ceux dont il se servait pour m’apostropher. Et ceux qui lui permettaient de me désigner, de loin, parce que j’étais comme une plèbe à laquelle il ne voulait pas se mêler. Jules et moi, on ne s’assumait pas l’un l’autre. Je le flinguais dans mon esprit dès que j’en avais l’occasion parce que j’osais me sentir meilleure. Sauf que non. J’étais pareille. J’étais aussi lamentable que ces petites victoires qu’il s’acharnait à m’arracher des mains à chaque fois qu’il me voyait, et je détestais qu’il le fasse. Je le toisai, prête à me jeter sur lui pour lui crever ses yeux injectés de sang, mais la voix d’Angie m’arrêta dans mon élan, comme un claquement sec. « Sérieux on dirait des ex en pleine dispute, vous faites flipper. » Et bam. Je sentis le regard de Jules s’intensifier. Il adorait ça, putain, faire tourner sa propre copine en rond juste pour satisfaire un plaisir mesquin et inavoué. Je baissai les yeux et regardai mes chaussures, muette. Ce n’était même pas la peine d’essayer. Il avait déjà gagné, parce que je ne voulais pas prendre un risque qu’il agitait sous mon nez avec insouciance. Quel connard. Je relevai mes prunelles acérées vers lui. Q-u-e-l c-o-n-n-a-r-d.

Angie se leva finalement, et Jules se précipita à sa place, se collant presque à moi comme un gamin satisfait d’avoir fait les pires bêtises. Je tournai ma tête vers lui et il put lire sur mes lèvres : « pauvre con ». Autant l’insulter lorsqu’Angie ne pouvait pas m’entendre ni me voir. Ça m’étonnait même presque qu’elle ne se soit pas méfiée de quoique ce soit, laissant juste échapper une remarque ironiquement adéquate pour la situation. Des ex en pleine dispute. C’était exactement ce que Jules m’inspirait : toujours en désaccord et à jamais dans mon esprit, comme un mauvais rêve que j’osais à nouveau faire. Mais Jules lâcha mon regard pour glisser le sien vers Angèle, et j’imitai son mouvement : « C’est drôle … Je … » Mes mains se crispèrent sur le matelas. Elle brandissait dans sa main des préservatifs et cela eu le don de me mettre mal à l’aise. Juste comme ça. Juste parce que Jules se faisait un malin plaisir d’étirer à nouveau ses lèvres en un sourire goguenard. Mais les choses arrivaient trop vite pour moi. Le cachet mystérieux que j’avais volé à Angèle commençait à faire effet et je tanguai dangereusement de droite à gauche, oubliant presque ce qu’il se passait. Mais putain, ça faisait du bien, de ne pas les entendre pendant deux petites minutes. Deux maigres minutes. Pardon … secondes. Jules ne tarda pas à saisir mes épaules tremblantes et me secoua doucement, soufflant d’une voix rieuse : « Ah non, déconne pas ! T’es chiante quand t’es stone. » Provocation. Encore et toujours. Je levai mes mains pour attraper mollement ses poignets et les retirer de mes épaules, en vain. Je tirai, mais il maintenait sa prise fermement. « Arrêêêêêête de jouer au coooon. » Histoire de me donner une crédibilité nouvelle et de prouver à toute l’assemblée que ouais, la drogue et moi, ça n’allait pas faire bon ménage, mais que j’assumais quand même. Il finit tout de même par me lâcher lorsqu’Angie parla de nouveau : « Je ne reconnais plus vraiment cette pièce et se petites cachettes secrètes. » Jules haussa les épaules et adopta sa tête de « j’ai réponse à tout » – visage que j’exécrai avec violence. « Ca c’est parce que tu viens pas assez souvent me voir. » Je laissai échapper un soupir. « Si seulement ! ». Ma voix était excédée, presque forcée. Et pourtant j’étais sincère : si seulement Angie pouvait arrêter de voir Jules, histoire qu’il disparaisse de la circulation pour le restant de ses jours – et des miens, soit dit en passant. Sauf que nooooon, bien sûr que nooooon. Ces deux-là, c’était les amants maudits contre le reste du monde. Ils finiraient par s’entretuer, j’en étais persuadée.  

« On est là pour fêter quoi au juste ? » s’enquit Angie après avoir roulé son joint. Ah parce qu’on fêtait quelque chose maintenant ? L’ambiance était si tendue et étrange que j’en avais presque oublié ce que je faisais là. Et la drogue ne m’aidait pas à retrouver mes esprits. La voix de Jules non plus.  « Ah, ouais, je t’ai pas encore dit … the big news ! » Je fermai les yeux en sentant la fumée de Jules envahir mon visage. Je ne relevai même pas, ce n’était plus la peine. « Curtis s’est embrouillé avec ses copains du campus, bref il en avait marre, il cherchait un appart. Et vu que je suis un type vraiment adorable, je lui ai proposé de venir. Donc, on fête son emménagement. » Je ricanai, les yeux perdus dans le vide, et attrapai le joint que Jules me tendait. Merveilleux. Comme si ces deux-là n’avaient pas assez de problème comme ça. Je fumai, mon regard glissa de l’un à l’autre, les sourcils haussés, une lueur espiègle sur le visage. J’avais envie d’exploser de rire tellement la situation était lamentable. Mais je ne savais pas ce qui était le mieux entre broyer du noir en restant muette et me foutre ouvertement de leur gueule. Finalement je secouai la tête : j’avais fait mon choix. Oh, attendez, non, l’herbe avait fait mon choix à ma place. « C’est vous qui allez ressembler à des ex bientôt. » Et j’éclatai d’un rire nerveux, bien satisfaite de ma réplique. Je rendis le joint à Jules et basculai lentement sur le dos, un sourire aux lèvres. J’observai le plafond : il était lumineux. Il était magnifique. Il était blanc, putaaaain. « Tu te sens obligé d’être un connard avec toutes les filles que tu te tapes, Jules ? » J’allais regretter mes mots. Dans deux minutes. Ou secondes. Rien à foutre. Ca me faisait un bien fou. Et puis, grande devise de la soirée – et de nos vies toutes entières : Blame it on the drugs, kids.
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() message posté Mar 31 Mar 2015 - 21:08 par Invité
Le plus gros problèmes avec Jules, c’était ses problèmes justement. Il en avait plus que son dos ne pouvait en supporter, pourtant il ne faisait rien pour alléger son cas, préférant passer sous silence des évidences, des excuses ou des remises en question pour rester un éternel connard. Il se donnait une image de rebelle qui se nourrissait de haine et de souffrance -ce qui en soit était le cas-, mais il ne pensait jamais un seul instant à régler ses problèmes, alors de là à ce qu’il me dise à demi-mot que j’étais une menteuse et que je le faisais très mal, car oui, il avait vu ma petite altercation avec son cher frère, ça semblait impensable. Il sautait sur l’occasion quand il en avait l’occasion, mais si je m’étais tu, si je n’avais même pas présenté le cas de son frère, il ne m’aurait jamais sermonné pour avoir adressé la parole à celui-ci, il aurait laissé couler cette histoire comme il laisse couler la drogue dans son système sanguin. Son regard, d’une lourdeur conséquente, s’était posé sur moi, j’avais de la peine à le regarder. Je venais de mentir certes, mais comment lui expliquer que c’était pour le bien de son petit frère plus que pour le mien ou même le sien ? Restons-en là.« Petite Solvie est devenue grande. » Je ne savais pas combien de temps allait pouvoir tenir les nerfs de Solveig contre un Jules imbuvable. La drogue qu’elle avait ingurgitée semblait faire effet, elle s’était enfin décrispée le visage et un large sourire débile trônait sur celui-ci, sur son teint balafre que même les vampires lui enviaient. Mon cher Abberline préféré n’avait pas pu s’empêcher de venir se coller à elle, comme s’il n’y avait pas assez de place sur ce foutu matelas posé à même le sol, non, il avait fallut qu’il se colle à elle alors qu’il y avait encore de la place pour trois éléphants obèses et leurs petits. Jalouse ? Peut-être, mes joues avait montées en température, sans parler de mon corps, c’était ridicule, mais mon instinct de femelle amoureuse et possessive était en mode ON et voir Jules collé à ma meilleure amie m’agaçait un peu, pas grave, il n’y avait que très peu de chance que je puisse perdre quoi que ce soit si l’un se colle à l’autre, enfin ça c’est ce que je pensais, car dans ma tête l’un et l’autre étaient les deux contraires qui ne pouvaient pas se piffrer, mais je ne savais pas encore que la douce Solveig et son corps de Vénus avait déjà gouté au doux plaisir qu’offre un Jules. « Ah non, déconne pas ! T’es chiante quand t’es stone. » Je fumais tranquillement mon joint et je n’avais rien demandé à personne, enfin si accessoirement j’avais demandé à la suédoise en face de moi de m’accompagner pour ne pas finir seule entre les deux frères Abberline, mais je n’avais jamais demandé à ce que Jules faute dans ses propres paroles. ‘’…Quand t’es stone…’’ disait-il en la secouant de droite à gauche tendis qu’elle tanguait dangereusement vers lui. Je ne pouvais pas cacher mes émotions, elles s’encraient sur mon visage très rapidement et mes sourcils questionnaient les deux jeunes gens en face de moi. ‘’Quand est-ce que tu l’as vu stone pour la dernière fois ?’’ avais-je envie de demander, mais je serai passée pour une putain de parano, déjà que cette belle image de camée me collait au corps, je n’allais pas en rajouter une couche, je me taisais donc pour la énième fois de la soirée, assemblant gentiment les morceaux d’une lettre aussi dévastatrice qu’un testament. Tandis que Jules semblait figé sur le visage niait de Solveig, il n’osait même plus me regarder et elle, avançait qu’il était tout simplement idiot et qu’il devrait arrêter de jouer au con. C’était un fait, il devrait vraiment arrêter. Mes jambes ne tenaient plus en place, je me baladais donc dans la chambre, je m’étais dirigée vers un lieu encore inconnu, aménagé avec soin, tout l’inverse du côté de Jules, le paravent semblait séparer un monde de néant avec un monde parfait. J’avais très vite reconnu le sac de cours de Curtis qu’il n’avait pas changé depuis son entrée au collège, un cadeau de sa mère, il y tenait comme a la prunelle de ses yeux, autant que Jules tenait à sa guitare de la même manière, c’est fou ce que ces gosses étaient attachés à leur mère, la mort de celle-ci les avait rendu … étranges. « Curtis s’est embrouillé avec ses copains du campus, bref il en avait marre, il cherchait un appart. Et vu que je suis un type vraiment adorable, je lui ai proposé de venir. Donc, on fête son emménagement. » Mon visage avait changé de couleur, mes yeux d’émotions et ma bouche était grande ouverte, pas besoin d’en dire plus Jules, je venais de comprendre que la big new qui enchantait tout un quartier à commencer par Curtis, n’allait pas m’enchanter bien longtemps, c’était même un cauchemar pour dire vrai. Jules disait ça avec une telle fierté, me fixant du regard pour essayer de savoir ce que je pouvais bien en penser, franchement qu’attendait-il que je lui dise ? « Putain … ça ... ça c’est la meilleure idée de couillon que t’ai jamais eus. » Parce que s’il semblait heureux de pouvoir partager son loft avec son frère, il allait être moins enchanté à l’idée des refus perpétuels que j’allais lui offrir quand à l’idée de loger chez lui pour une nuit ou deux. Non, sincèrement, imaginez nous dormir tranquillement dans la MÊME chambre que Curtis, ça semblait surréaliste, c’était même tellement impensable que rien que l’idée semblait me débecter, une image de dégout traversa mon esprit l’espace d’un instant. Jules venait de transformer son loft en couvant catholique. « C’est vous qui allez ressembler à des ex bientôt. » La petite blonde s’était enfin réveillée et elle avait un humour à couper au couteau, du sarcasme à revendre, le joint que Jules venait de lui tendre ne semblait pas améliorer son cas, qui plus est j’étais tendue quant à la big new de mon cher et tendre. « Ta gueule Solveig » Sincèrement elle aurait mieux fait de m’écouter non ? Tais-toi petite suédoise, blanche comme la neige, ferme donc cette bouche que le diable avait dessinée, n’en dit pas plus et arrête de rigoler de la sorte. « Tu te sens obligé d’être un connard avec toutes les filles que tu te tapes, Jules ? » J’étais repassé de l’autre côté de la chambre, pour voir une Solveig allongée de tout son long sur le lit, rigolant aux éclats, comme si ce qu’elle venait de dire était la blague la plus drôle du monde. Mais j’avais de la peine à croire ce qu’elle disait et j’avais envie de mettre la faute sur la drogue. « Tu devrais arrêter la drogue, ça te fait dire des conneries, c’est pas un connard avec moi en ce moment. » Je croyais sincèrement qu’elle parlait de moi, dans cette pièce j’étais la seule à avoir couché avec lui, enfin c’est ce que je pensais. Et puis l’atmosphère de cette chambre me criait le contraire, non, non, elle parlait pour elle à vrai dire. Mais j’étais persuadée que la drogue lui faisait dires des bêtises où alors n’avais-je pas envie de devoir me disputer une nouvelle fois avec l’infidèle Jules ?

« Salut Solveig. » La porte s’était ouverte et Curtis était rentré dans ce qu’il pouvait à présent nommer ‘’sa chambre’’, il se dirigea tout droit vers son armoire pour y attraper un autre t-shirt étant donné que celui qu’il portait était trempé et sentait l’alcool. Lorsqu’il rentra dans la pièce il salua Solveig qu’il n’avait encore pas vu et qu’il ne connaissait pas selon moi ! Il se passait des choses étranges qui me dépassaient, comment Curtis pouvait-il connaître Solveig ? C’était tout bonnement impossible, même à l’époque du lycée il n’avait pas connaissance de sa personne. « Alors, tu te tapes laquelle ce soir ? » Il s’était posé à côté de moi, me volant le joint au passage pour le fumer, tandis que son attitude ne lui ressemblait pas, il provoquait Jules et ce qu’il disait était choquant, un sourire malsain se dessinait sur son visage, ses yeux étaient explosés et rouge, la drogue et l’alcool ne lui réussissaient pas. « T’as pas autre chose de mieux à foutre Curtis ? » Qu’un des deux frères me tape sur le système nerveux passe encore, mais les deux, en même temps, dans la même soirée et dans la même pièce, non merci. Il continuait de rigoler stupidement se dirigeant vers la sortie. « J’te conseil Angie ! ça te changera de l’autre. » Je m’étais avancée, faisant face à la seule personne tenant encore debout sur le lit, Jules. Me frottant le front si fortement qu’un trou allait se former, j’avais posé mes mains sur ses épaules. « C’est une blague, dis-moi que c’est une blague Jules … S’te plait. » Je n’avais plus un seul regard pour Solvie, j’espérais qu’il puisse me répondre non, je l’espérais sincèrement, car un oui, pourrait changer bien des choses.
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() message posté Mer 1 Avr 2015 - 17:18 par Invité
quand on a, comme moi, l'âme pliée en foetus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir ☇ Arrête de jouer au con. Oui, c'était un conseil à suivre. Sans doute qu'un jour, à force de l'entendre de la bouche de tout le monde, Jules finirait par comprendre. L'espoir fait vivre, faut croire. Jouer, il ne savait faire que ça. Jouer au plus malin, jouer avec les cachets, l'herbe et la poudre, jouer au zonard, jouer au gamin mal-né, mal-aimé, mal-conçu. Et être con, incroyablement con quoi qu'il fasse ou qu'il dise. Tout était de traviole chez Jules, il ne s'était pas contenté de prendre quelques mauvaises décisions dans sa vie, non, il avait fait les mauvais choix encore et encore jusqu'à ce qu'il ait atteint le fond. Vous savez, parfois, on ne se rend pas compte de ce que l'on fait, on agit et de terribles conséquences vous foncent dessus comme un train à pleine vitesse et vous vous faites broyer. Mais avec Jules, ce n'était pas ça. Il sautait lui-même sur les rails. C'était ça avec Solveig, il savait que ce petit jeu qui l'amusait tellement ce soir allait finir par lui péter à la gueule, il le savait parfaitement, mais il continuait. Et puis Angèle, on n'en parlait même pas. En ce moment c'était non-dit, sous-entendu et rancoeur refoulée. Jules aurait pu faire quelque chose, parler, crever l'abcès. Mais non, il avait préféré garder au fond de lui tout ce qui le hantait depuis plusieurs jours. Craignant peut-être de savoir la vérité, sans doute. Craignant de devoir prendre une décision, et dire adieu. Ca n'était pourtant pas moins douloureux, peut-être plus. La regarder tout les jours, l'embrasser, lui faire l'amour ou ce qui s'en rapprochait le plus tout en gardant dans un coin de sa tête qu'elle était peut-être une putain de menteuse. Bref, Jules il prenait mauvaise décision sur mauvaise décision, encore et encore.

Angèle semblait sentir qu'un truc bizarre se passait. Pas mal de sous-entendus avaient été balancé entre les trois comparses, pas mal de regards en coin avaient été échangé et le sourire quasi-constant de Jules ne voulait pas quitter son visage. Elle ne disait rien de plus, se contentait d'observer tout en allumant le joint. En fait, la seule chose qui semblait réellement la déranger c'était les affaires qu'elle reconnaissait mais qui n'appartenait pas à Jules, éparpillées un peu partout dans la chambre, le loft en général. Et bah chérie, s'il n'y a que ça qui te choque ! Jules, un peu rassuré qu'elle ne demande des comptes que pour cela se contenta de répondre, un peu en riant, révélant l'identité de son nouveau colocataire. Curtis. Ca tomba sur Angie comme une averse terrible un jour de grand soleil. Elle était visiblement sous le choc, déprimée à l'idée qu'une colocation Abberline se forme. Jules, qui avait récupéré le joint qui circulait se contentait de la regarder sans prononcer un mot. Il tirait sur le joint, tandis qu'enfin, elle balançait : Putain … ça ... ça c’est la meilleure idée de couillon que t’ai jamais eus. Il eut un petit sourire, regardant le vide. Après avoir inhalé la fumée, il la recracha doucement, calmement. D'une voix tout à fait calme, fataliste même il répondit alors : Bah ouais, j'suis un couillon, qu'est-ce que tu veux. Il n'accorda pas à un regard pour Angèle. Un sacré couillon ouais. Fallait l'être pour proposer à Curtis, avec qui c'était la guerre froide, de vivre avec lui. Mais surtout fallait l'être pour rester avec une fille qui visiblement en avait rien à foutre, mentait au quotidien, couchait avec d'autres mecs. Non, pas d'autres, UN autre. Jules ferma les yeux une seconde pour chasser cette idée de sa tête. Les médocs, ça aidait à passer outre l'éventualité d'une tromperie. Heureusement qu'il y avait ça, sinon, clairement, Jules aurait déjà implosé. Silence pesant. C’est vous qui allez ressembler à des ex bientôt. Oh tient, elle était encore là elle ? Je veux dire, encore mentalement là ? Apparemment, elle suivait le fil de l'action même si elle avait l'air perché. Jules lui lança un regard noir. Si d'habitude ces petites interventions le faisait rire, là pas du tout. Angèle reprit immédiatement sa copine, méchamment. Ca  ne faisait pas rire Angèle non plus. On ne sous-entend pas de telles choses, c'était pas bien. Jules et Angèle ils appartenaient tellement l'un à l'autre qu'on ne pouvait sous-entendre à une séparation claire et précise. C'était aussi pour ça que Jules gardait pour lui sa petite entrevue avec Platon de l'autre jour. Parce que s'il en parlait, si toute cette histoire était vraie.. .après quoi ? Après ils se séparaient et faisaient leur vie jamais de leur côté ? Non, impensable, intolérable même. Jules garda le silence, un peu perdu dans ses pensées, il planta son nez dans ses Doc Martens. Tu te sens obligé d’être un connard avec toutes les filles que tu te tapes, Jules ? Allez, on avait perdu Solvie! Elle planait maintenant, allongée sur le lit et se marrait tellement qu'elle aurait pu en pleurer. Oops. Jules se passa la langue sur les lèvres. C'était tellement évident, tellement compréhensible comme sous-entendu que là, c'était sûr, Angie allait percuter. Explosion imminente. Jules se contenta d'attendre, sans trop savoir dans quel état d'esprit il était. Tu devrais arrêter la drogue, ça te fait dire des conneries, c’est pas un connard avec moi en ce moment. Jules haussa les sourcils, un peu surpris. Ah bah non, elle n'avait toujours pas tilté la poupée. Il eut un petit sourire satisfait, comme quand c'était Curtis qui se faisait punir par Saphyr d'une connerie qu'il avait fait lui-même, dans le temps. Et puis, fidèle à lui-même, Jules balança doucement, assez bas, sans trop savoir s'il pensait tout haut ou s'il voulait vraiment se faire entendre : ouais, c'est elle la connasse en ce moment. Après ça il releva la tête, fit un sourire à Angèle, comme pour lui dire qu'il plaisantait. Bah oui, vous savez faire semblant et tout. Mais faire semblant n'allait bientôt plus être possible.

Curtis se glissa avec maladresse entre les paravents. Il ne salua que Solveig, Jules en ria presque. Quitte à choisir il préférait que son frère soit un abruti avec Angèle plutôt qu'un abruti amoureux. Notre tatoué tendit la jambe dès qu'il vu son cadet pour prendre dans sa poche son paquet de clope. C'était conseillé d'avoir quelque chose entre les mains qui le calmait quand il voyait Curtis. Juste histoire de ne pas s'énerver, ou pas trop. Tout en allumant sa cigarette il suivit Curtis du regard, le voyant prendre un nouveau t-shirt. Pas celui-là. ordonna d'une voix calme Jules en voyant celui qu'envisageait son frère, Jules l'aimait bien lui, il le mettrait peut-être demain, peut-être qu'il voulait juste rappeler c'était qui le grand frère aussi. Curtis bougonna un peu mais changea comme par automatisme son choix pour en prendre un autre. Mais au final, peut-être aurait-il mieux valu lui laisser le choix de son t-shirt. Car certes, il en avait prit un autre, mais il ne se gêna pas pour demander, le plus naturellement du monde, tout en se changeant : Alors, tu te tapes laquelle ce soir ? Jules ne cilla pas. Il fit claquer son pouce contre le filtre pour faire tomber la cendre de sa clope à même le sol, et d'une voix qui perdait très clairement patience, il balança tout de suite : T'as dis quoi-là ? non, Jules avait très bien entendu mais il voulait simplement que son frère répète. Allez Curtis, donne-moi l'occasion de t'en foutre une. Angie tenta de faire taire le cadet, mais rien à faire. Il avait sa tête de con, sa tête de mec bourré. Et Curtis, il ne savait  pas boire. Il en devenait soit dépressif, soit mauvais. Jules se leva d'un bond, faisant un pas vers le plus jeune, mais gardant les distances, ayant peur de le tuer sur place s'il approchait davantage. Surtout que le petit renchérit, calmement, tout en prenant des mains d'Angèle le joint qu'elle tenait. J’te conseil Angie ! ça te changera de l’autre. Et bam. Là, si Angie ne comprenait pas, c'est qu'on lui avait mentit, elle n'était ni surdouée, ni même apte aux études supérieures. Un petit blanc s'installa. Jules ignora tout bonnement Angèle, il ne voulait plus la voir, il ne voulait même pas savoir quelle tête elle faisait. Il ne voulait pas non plus regarder Solveig, à tout les coups elle était encore entrain de rire sur le lit en se roulant dans les couvertures, la petite était encore novice, les médocs ça la faisait planer à cent mille pieds. Non, là, il avait autre chose à foutre. Il s'approcha de son frère, contournant Angie au passage, ignorant sa question même. Il arracha des mains le joint que Curtis tenant et de son autre main il donna une tape, sur le crâne de ce dernier, comme son fait à un gosse qui à fait une connerie. Toi j'te jure ! Vas-y dégage. Curtis ricanait doucement tout en levant les mains comme pour se déclarer innocent. Ca va, je posais juste la question. Jules fit les gros yeux, Curtis en profita pour sortir de la chambre après avoir lancé un "bisous" à tout le monde. Putain, qu'il était con ce gosse ! Jules inspira doucement. Allez, fallait affronter l'auditoire maintenant. Il se retourna donc, gardant le joint entre ses doigts sans pour autant le consumer. Angie semblait péter littéralement les plombs, littéralement ! Elle en tremblait presque. Dès qu'elle eut l'attention de son amoureux, elle réitéra sa question. Est-ce que c'était une blague ? Oui, tout ça c'était une blague. Toute cette putain de situation était une incroyable blague. Leur couple en était aussi une. Alors, du tac au tac, Jules déclara d'une voix tout sauf sincère : Oui, c'est une blague. Bah quoi, elle lui avait demandé de le dire, il  le disait. Evidemment que ce n'était pas sincère. Evidemment que Curtis avait dit la vérité. Ca crevait les yeux, le plafond même. Jules posa ses yeux sur Solveig, puis sur Angèle. Il tira une taffe, lentement et puis écarta les bras, l'air de dire "bah qu'est-ce que tu veux ?" Et puis, il regarda les filles et, d'une voix de con au bord de l'explosion de colère il reprit : Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Vous voulez qu'on en parle ? On peut, je m'en fou. Solveig, vas-y raconte ! Il ce tourna vers la petite blonde scandinave, attendit une seconde, pas une de plus avant de reprendre. Bah oui, maintenant que les vannes étaient ouvertes, Jules n'arrivait plus à retenir la rancoeur qu'il avait gardé ces derniers jours. Mais j'te conseille de la fermer Angèle, t'as rien à dire, rien du tout. Son ton était de plus en plus mesquin, méchant, haineux presque. Et puis il adopta son air de se foutre de la gueule du monde, il eut un petit sourire froid et puis déclara tout simplement : Fais comme moi, encaisse et ferme-là. J'te jure, ça marche ! Il sous-entendait clairement qu'il avait des choses à encaisser, qu'il avait laissé sous silence. Angèle aurait pu croire qu'il parlait de Thomas, je veux dire de l'histoire qu'on savait déjà tous à propos de Thomas, sauf que ça, on ne pouvait pas dire que Jules l'avait gardé pour lui, un délicieux coquard avec orné le visage de Platon pour en témoigner pendant quelques jours. Non, il parlait d'autre chose. Autre chose qu'il n'avait pas encore abordé avec Angèle. Thomas round II, la vraie tromperie.
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Anonymous
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() message posté Mer 1 Avr 2015 - 22:13 par Invité
« Putain … ça … ça c’est la meilleure idée de couillon que t’aies jamais eu. » Ses paroles étaient lointaines. De vagues échos. Quoi. Qu … « Bah ouais, j’suis un couillon, qu’est-ce que tu veux. » Pareil, ses mots, c’était embrouillé dans ma tête, et sauf que attends, j’allais quand même faire une moue approbatrice parce que j’étais d’acc, non ? si. Jules est un couillon, je le répète deux, trois fois, juste pour moi dans ma tête. J’avais pris quoi déjà ? J’avais pris un truc ? Haussage d’épaules. Ce mot n’existe même pas. Haussement. Attends. Ouais. Et puis j’me marrais bien moi, c’était pas si tragique. Abberline, tais-toi. « Ta gueule Solveig. » Ah non Abberline te tais pas, Dragansson tais-toi, tu dis n’imp- oh, j’avais pris quoi, sérieusement ? Voilà que la tension montait d’un cran, bim, et tout ce à quoi je pensais c’était à Aerosmith parce que finalement quelqu’un avait changé la chanson, les Rolling Stones c’était has been, comme Jules et Angie. Boum, sur le lit Solvie. Ça rime. Je suis une poète. Et je me marrais toujours bien, oh, je prenais ça avec un tel détachement. Prenez exemple les jeunes. Jules était plus âgé. Merde. Ma réplique ne marche donc pas. Et je disais des trucs, j’allais les regretter mais je les disais quand même parce que c’était la faute d’Angie si j’étais là, oh, si tu m’avais pas traînée ici j’aurais pas dit les mots réfléchis deux secondes Angie réfléchis. Les mots. Elle en dit aussi. J’crois. « Tu devrais arrêter la drogue, ça te fait dire des conneries, c’est pas un connard avec moi en ce moment. » Hahahahahaha, moi ça m’a fait rire ces mots parce que hahahaha ils étaient vraiment drôles, tu sais que tu devrais songer à faire carrière Angie tu gagnerais de l’argent tellement que tu saurais plus quoi en faire, sauver la banquise de la mort imminente et sauver les tigres au Bengale et sauver les enfants quelque part, y’a toujours des enfants à sauver, prends-toi pour Bono ou quelqu’un d’important. Attends, Solvie, attends, réfléchis. La banquise ça se sauve pas avec de l’argent, réfléchis, la glace fond, et puis. c’est. tout. Bye les ours polaires. Hhm pas bête. Comme quoi y’a encore un peu de logique dans ce petit crâne. « C’est vrai il est parfait Julot, on l’aime. » Hahaha je ris encore.

« Salut Solveig. » Qui parle ? Oh salut toi. « Salut, Abberline … le deuxième. Le second. » Deuxième ou second ? J’ai connu la différence un jour. C’était pas le deuxième en plus, ils avaient des sœurs de partout les Abberline. Genre Angie et les sept nains ou quelque chose du genre. Je tentai de compter sur mes doigts le nombre d’Abberline mais impossible, en plus je commençai à me demander si ils avaient ou pas un chien et s’il fallait que je le compte ou pas avec les autres. Puis il changeait de t-shirt et j’avais mes yeux braqués sur lui parce que c’était le seul qui mettait un peu d’ambiance. Je tournai la tête. Jules. Je trounai la tête. Angie. Je truonai la tête. Curtis. Ils étaient là, et en même temps non. Réfléchis Solvie, attends, c’était toi qui étais là, et en même temps non. « Alors tu te tapes laquelle ce soir ? » NON CURTIS, LE SECRET, TU GÂCHES TOUT. Je me redressai lentement, mal au crâne mais bon, j’avais l’habitude, et je lançai à Curtis un sale regard de chien enragé genre chien des Abberline, le onzième doigt de la main. Hahahah- attends non Solvie, là c’est vraiment pas drôle. « T’as dit quoi-là ? » T’es sourd Julot ? Il a dit : tu t’es tapé les deux filles dans cette pièce et y’en a une qui va pas adorer j’crois. Et moi j’allais pas adorer qu’elle adore pas. Oh, attends, y’a encore de la logique ? Ouais, ça tiens debout. « T’as pas autre chose de mieux à foutre Curtis ? » Et moi je répondis du tac au tac, allez : « J’avoue t’es con. » Tous les mêmes ces Abberline. Même fille, même appart, même connerie. Peut-être que c’était les mêmes après tout. « J’te conseille Angie ! Ça te changera de l’autre. » J’ai voulu dire ‘l’autre t’emmerde’ parce que c’était vraiment pas sympa mais je me suis retenue parce que, grand moment de lucidité et j’me suis dit que c’était pas le truc à dire, parce que là, Angie se tourna vers Jules, incompréhension totale, et moi je commençai à me rendre compte que oh, ouais, j’étais grillée totalement. Sauf que ça me paraissait tellement loin. Tellement lent. Au ralenti Solvie – ça rime encore. « Toi j’te jure ! Vas-y dégage. » Ouais dégage Abberline II, va-t’en de notre royaume, t’es tellement pas en phase. « Ça va, je posais juste la question. » Bizarrement c’était pas très Curtissien tout ça, de provoquer Abberline premier, mais bon, rien ne tournait rond ce soir. Sauf ma tête. Tournis pas possible parce que je me rendais compte de ce qui se passait et que j’aimais vraiment pas ça. Angie s’approcha et saisit les épaules d’un Jules un peu décomposé. Baisse les yeux Solvie, c’est pas ton moment, là. « C’est une blague, dis-moi que c’est une blague Jules … S’te plait. » Tout se déconstruisait petit à petit et moi je restais là, plantée sur la couverture de Jules, sans bouger, pétrifiée, interdite, c’que vous voulez, et je voulais juste m’enterrer sous terre. Enfin je crois, parce que cette saleté de cachet m’embrouillait l’esprit. Putain Angie je t’avais dit que je voulais pas venir. J’lui avais dit, non ? Non ? Je sais plus. Sous terre Solvie – ça rime plus. « Oui, c’est une blague. » Poisson d’avril connard. Pourquoi Jules avait raconté cette histoire à son frère, je l’ignorai, de un parce que je n’étais pas franchement sa fierté et de deux parce que je savais pas vraiment ce que c’était, les relations fraternelles, vu que les miennes étaient putain de  chaotiques – crève, frérot, crève. « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous voulez qu’on en parle ? On peut, je m’en fous. Solveig, vas-y raconte ! » Alors c’est pas un connard avec toi Angie ? Mais je m’en voulais trop, d’un coup, je m’en voulais trop et je grattai furieusement mes jambes, genre vraiment furieusement, sans les regarder parce que je savais pas vraiment lequel regarder en fait, Jules la colère ou Angie le désespoir ? Donc je me rabattis sur moi-même, Solvie la connasse, et maintenant ce que je comptais sur mes doigts, enfin dans ma tête, c’était le nombre de fois où j’avais couché avec cette endive de Jules, trois fois je crois, trois, et devinez quoi : je me sentis pas beaucoup mieux après avoir compté. Mais la tension et la révélation m’avaient fait récupérer un peu de lucidité même si bon, avouons-le, j’étais mal. Alors j’osai pas parler parce que j’allais m’enfoncer c’était sûr, donc je restai muette et je regardai juste le sol et j’arrêtai de me gratter parce que ça faisait vraiment fille bizarre. Oh, tiens-toi bien Solvie. Reste digne. C’est ça. Ta gueule à moi. Ma gueule. « Mais j’te conseille de la fermer Angèle, t’as rien à dire, rien du tout. » Et c’est donc là que j’ai relevé les yeux et que j’ai fixé Jules un peu perplexe parce qu’il insinuait un truc qui passait pas bien dans ma tête, qui clochait beaucoup même. Angie ne trompait pas Jules. C’était juste tout con comme règle, c’était comme inscrit dans leur code génétique ou quoi, Angie aimait Jules et Angie ne voyait que Jules et ça m’avait saoulée assez longtemps pour que je l’imprime dans mon cerveau scandinave. « Fais comme moi, encaisse et ferme-là. J’te jure, ça marche ! » Je fronçai les sourcils et je voulus parler, et mes yeux passèrent de Jules à Angie, puis re à Jules, puis re à Angie, puis j’ouvris la bouche et j’allais dire un truc, merde Solvie, FAIS PAS CA OH, sauf que si, j’allais le faire, vibration de cordes vocales et puis : « Je … » Oh bravo, belle performance. « J’t’avais dit que j’voulais pas venir Angie. » Faux, j’lui avais pas dit mais bon, elle l’avait compris d’elle-même. Angie la perspicace, Solveig la connasse – ça rime ! « J’suis pas en état pour ces conneries … » Solveig non, franchement la prochaine fois abstiens-toi, genre franchement quoi. Autant pour parler que pour te taper le copain de ta meilleure pote. Hahaha. Non. Putain non, c’est pas drôle.
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