(✰) message posté Ven 3 Avr 2015 - 16:07 par Invité
Un couillon ça c’était certain, il était même plus que le couillon de base, c’était le roi de tous les couillons du monde, le père fondateur, bref tout ce que vous voulez pour vous montrer à quel point ce garçon de vingt-cinq ans pouvait agir comme un gosse de seize ans en pleine puberté et crise d’adolescence, parfois il m’arrivait de me demander s’il avait vraiment terminé sa puberté ? Et si la dénomination ‘’adulte’’ lui suffisait pour lui prouver qu’il ne pouvait plus agir comme un gosse, mais à en croire sa bonne volonté de la soirée ce n’était pas le cas. Alors reste donc le roi des couillon, le père fondateur de cette armée de moins que rien que tu sais diriger si bien. Il n’y avait qu’à regarder ses fréquentations à commencer par Elliot, pas la peine de le présenter. Je le regardais donc sur ce lit, assis près de Solveig qui était allongée et qui semblait s’amuser avec des anges invisibles qui tournaient autour d’elle, avec ses bras elle essayait d’attraper quelque chose et rigolait comme on pouvait rigoler à une blague extrêmement marrante. Il semblait crispé sur ce lit, ne me regardant pas, préférant jeter ses cendres à même le sol et comptant certainement les carrés du parquet français qui parsemait le sol de la chambre. Lorsque j’avais certifié à Solveig que Jules n’était pas un connard avec moi en ce moment, c’était lui qui semblait penser que la conne dans l’histoire c’était moi. Il avait très certainement quelque chose à me raconter et j’étais certaine qu’il allait s’agir de quelque chose d’intéressant, il n’attendait que ça, le mauvais mot, le mauvais pas de la soirée ou le mauvais geste pour déverser sa haine sur moi, mais je n’allais pas lui laisser ce plaisir et lui demander hystériquement ‘’pardon ?’’, non, j’étais bien plus intelligente que ça et je le connaissais assez pour savoir que si je continuais à faire comme si de rien en le bombardant de je t’aime et de bisous il en aurait tellement marre qu’il finirait bien par me dire ce qui clochait, alors non, pas ce soir Jules. Je me contentais de lui faire un sourire totalement hypocrite, si hypocrite que mon visage représentait à la perfection cette émotion, je n’aurais pas pu faire mieux. « Pas celui-là » Curtis fit donc son entrée dans la chambre du roi Jules qui lui interdisait de mettre le t-shirt qu’il s’apprêtait à enfiler. La première erreur de Curtis avait été d’accepter d’emménager avec un dictateur Abberline et la seconde de faire armoire commune. Il changeant de vêtement, baragouinant dans sa barbe quelques paroles dont il était le seul à comprendre puis il termina par mettre un autre t-shirt, qui le mettait -soit-dit en passant- terriblement en valeur, Curtis était un peu plus petit que Jules (difficile d’être plus grand que lui d’ailleurs), mais il avait quelques muscles en plus, loin de là à ressembler à Arnold Schwarzenegger dans ses bons jours, mais il avait ce petit quelque chose en plus. Je regardais le cadet de la fratrie se diriger vers moi, s’empressant de me voler mon joint. L’espace d’un instant j’eus de la peine pour lui, il était sous les ordres de son grand frère et la plupart du temps il semblait en redemander. J’avais l’impression de me voir en Curtis parfois et Jules jouait le bon rôle de Blake. Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi ils se disputaient à mon propos, ils voulaient les deux diriger ma vie avec leur baguette magique et faire de moi leur petite poupée, l’un plus sainement que l’autre certes, mais leur envie irrémédiable de faire de moi leur marionnette était la même, alors pourquoi s’entendre si mal alors qu’en fin de compte les idées sont les mêmes ? « T'as dis quoi-là ? » Curtis s’était rebellé et je ne connaissais ce côté de sa personnalité que lorsque le sang qui voulait dans ses veines s’était transformé en alcool. Alors je lui avais simplement demandé s’il n’avait pas autre chose à faire ? Comme par exemple quitter cette pièce avant d’avoir plus d’emmerdes que semblait en avoir Jules, au même tire de que Solveig aussi, mais il ne m’avait pas répondu il avait préféré continuer à alimenter la tension presque palpable dans cette maudite pièce. Cependant comme un bon Abberline qui se respect il avait répondu à la question de son frère, ce qu’il venait de dire ? Et bien il insinuait tout bonnement que les deux comparses assis pour l’un et allongée pour l’autre, avaient eu des rapports sexuels. J’avais de la peine à croire ça, c’est pour cette raison que je préférais me leurrer en faisant semblant depuis tout à l’heure de ne pas comprendre un traite mot de ce qui se disait, de ne pas comprendre les sous-entendus ni mêmes les objets qui voulaient me crier ‘’ coucou, c’est nous les capotes, alors on est là parce qu’on protège Jules quand il baise avec Solvie, bisous’’.
Jules s’était levé, faisant craquer ses doigts comme s’il allait s’apprêter à frapper Curtis, je m’étais approché d’eux, restant à une bonne distance quand-même, car si Jules sautait sur Curtis j’avais l’intention d’intervenir. Je ne pourrais pas vous dire pour quelle raison j’avais toujours cette envie de protéger Curtis, il me faisait sincèrement de la peine alors c’était un peu comme mon protégé, mais le dire à Jules reviendrait à remettre en péril notre relation, alors je ne disais jamais rien, lui laissant croire que je trouvais Curtis aussi con que lui pouvait le trouver. « Toi j'te jure ! Vas-y dégage. » Il avait simplement subit une petite tape sur la tête, son grand frère était resté clément avec lui, peut-être savait-il qu’un Curtis alcoolisé était un Curtis violent ? Et que face à la violence de son petite frère Jules ne serait peut-être pas de taille ? Je n’en savais rien, mais j’étais bien contente de ne pas avoir à supplier l’un d’arrêter de frapper l’autre.
Lorsque Curtis quitta enfin la pièce je me retournais vers Jules, lui demandant s’il s’agissait d’une blague, le suppliant faussement de me dire que c’était bien une blague, ce qu’il s’empressa de faire, stupidement, comme d’habitude. Alors comme guise de réponse j’inspirais bruyamment, levant les yeux au ciel me disant à quel point ce mec pouvait être relou. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Vous voulez qu'on en parle ? On peut, je m'en fou. Solveig, vas-y raconte ! » Pas nécessaire d’argumenter plus, j’avais bien compris que ces deux la ne faisaient pas que se détester et que derrière leurs paroles tranchantes ils parlaient bien le french kiss à eux deux réunis. Alors ça m’avait semblé comme la plus grande trahison du monde. Que Jules se soit trouvé une copine avec qui il avait habitué en collocation du prénom de Jezabel, qu’il avait couché avec toutes les filles de Londres et Oxford semblaient être des faits et des gestes sans grand importance, sans même compter le moins du monde face au fait qu’il se soit tapé ma meilleure amie. Alors évidemment, Jules n’était plus le même et Solveig n’était plus ma pote, c’était comme ça, dans ma tête de nouvelles étiquettes ornaient leurs prénoms et je me contenais pour ne pas avoir à fondre en larmes, ça leur ferait bien trop plaisir. Mais que devais-je faire ? Rien selon lui. « Mais j'te conseille de la fermer Angèle, t'as rien à dire, rien du tout, fais comme moi, encaisse et ferme-là. J'te jure, ça marche. » Qu’avait-il à encaisser bordel ? Sa me rongeait sincèrement, j’espérais que sa tête puisse se décrocher de son corps et que Solveig crève d’une overdose, tu veux encore un comprimé ? Tien cadeau. J’avais des idées noir et rien que l’idée de savoir que ces deux là s’étaient vus nus et avaient fait d’autres choses ensembles me donnait envie de vomir. J’avais cette boule dans l’estomac qui me broyait les côtes une par une, sans parler de mon pouls qui s’était accéléré, cependant j’étais restée face à eux, sans bouger, fixant Jules comme jamais. Il insinuait donc que je me tapais un autre mec que lui, qui avait bien pu lui mettre les idées en plotes comme ça ? J’avais ma petite idée, pas bien dur de trouver le démon qui animait la haine de Jules de cette manière et qui pouvais lui faire avaler n’importe quelle connerie. « Encaisser quoi ? T’es vraiment con, j’pensais pas qu’il pouvait si bien te mentir, mais ne t’en fais pas, je lui ferais la remarque la prochaine fois que je coucherai avec lui. » Revoir Thomas et coucher avec lui, ça c’était une belle idée, j’avais envie que Jules puisse vraiment croire ce que je disais, car en ce moment même la seule chose que j’avais envie c’était butter Thomas qui rependait sa poudre un peu partout, une poudre mensongère. Et puis je levais une nouvelle fois les yeux au ciel, ravalant avec une fierté mal placée mes larmes, parce que je n’allais pas lui faire le plaisir de sangloter, sangloter face à un mec qui doutait de mes sentiments et qui pensais que je pouvais le tromper. Mais s’il avait envie de le croire, j’allais lui donner toutes les bonnes raisons du monde me haïr encore plus, parce que j’étais incapable de lui prouver le contraire, j’étais tout bonnement incapable de me battre une nouvelle fois, alors autant enfoncer le couteau dans la plais, une bonne fois pour toute. « J’t’avais dit que j’voulais pas venir Angie. » Si la drogue jouait encore avec le corps de Solvie, le comprimé que j’avais ingurgité pour ma part avait décidé de ne pas faire effet, tant mieux, comme ça je me rappellerais encore mieux du bruit de ma main contre le visage de Jules. BAM, ça avait dû faire terriblement mal et puis de toute façon c’était inévitable, en plus de mon prénom, c’était à présent la marque de mes doigts fins qui s’étaient encrés sur sa peau, magnifique, mais pas définitif, dommage.
J’avais mis mon sac sur mon épaule et je m’étais dirigé vers l’armoire, parce que à force de passer tout mon temps dans cette chambre j’y avais laissé quelques affaires, ce qui semblait tout à fait normal. Tous les vêtements étaient parterre et je récupérais les quelques sous-vêtements et autres vêtements qui m’appartenaient, les mettant en boule dans mon sac, puis je me dirigeais vers la table de nuit de Jules dans laquelle trônait encore cette belle boite en aluminium remplie de préservatif, je lançais la boite sur Jules. Solveig ne semblait plus exister, elle pourra remercier la drogue plus tard, car je n’allais pas m’acharner sur une meuf qui ne savais même plus son prénom … Quoi que. « Nathan, il serait vraiment fier de toi Solveig. » Alors oui, je me sentais trahi et j’avais besoin d’être une mauvaise personne en ce moment, j’avais besoin de faire du mal à Jules et Solveig, autant physiquement que verbalement, parce que c’était la seule façon de me défendre étant donné que dire la vérité ne suffisait plus à Jules, il fallait qu’il aille s’informer auprès de Knick, c’était ridicule. Je m’étais dirigée vers Solveig, fouillant dans les poches de son jeans presque à moitié sur elle, lorsque je touchais enfin la clé de la voiture je la mis très vite dans ma propre poche. Bah quoi, j’allais quand-même pas rentrer à pied ? « Ton frère avant il m’a demandé ce que je te trouvais … » Je restais loin de Jules, tout en le regardant, les bras croisés et le ton dur. « Le problème c’est que j’te trouve plus rien justement, alors j’ai même plus envie de t’aimer Jules. La seule chose que tu sais faire c’est alimenter les problèmes et blesser les gens autour de toi. » En ce moment je pensais vraiment ce que je disais, c’était la trahison de trop et celle-ci était conséquente, elle englobait beaucoup trop de choses, beaucoup trop de chose et beaucoup trop d’émotions pour que je puisse encore une fois pardonner une idiotie pareil. Car j’étais persuadée qu’ils avaient couchés ensembles pendant que Jules et moi étions ‘’officiellement’’ en couple et même si ce n’était pas le cas ça ne changerait rien, ils avaient couchés ensembles et c’était déjà trop. Je me dirigeais vers la porte, l’intention de prendre la voiture et rentrer chez moi.
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(✰) message posté Sam 4 Avr 2015 - 17:57 par Invité
quand on a, comme moi, l'âme pliée en foetus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir ☇ Si Solveig en était à dire qu'elle aimait Jules, et que d'ailleurs on aimait tous Jules, elle devait vraiment être dans un état pas possible. Pire que Johnny Depp à la remise des Oscar, Gainsbourg aux infos, Prince Harry en nazi ou bien Mercury dans tous ses concerts réunis. Gosh, Solvie planait. Tant mieux pour elle, d'un côté, au moins elle ne se rendait pas trop compte de ce qui était entrain de se dérouler sous ses yeux. Jules lui lançait quelques regards, un peu nostalgique du temps où une simple petite pilule de speed le faisait décoller dans l'espace, ce temps béni où il lui suffisait de deux joints et une bière pour après envisager la possibilité de baiser Solveig dans les chiottes du collège. Ouais, à cette époque il décollait vraiment pour rien. Et à l'instant T, franchement, il aurait bien besoin de quelque chose pour se calmer les nerfs. Car Curtis et sa bonté naturelle avait fait une apparition éclaire, juste le temps de lancer une grenade qui avait atterrit directement dans les mains tatouées de son aîné. Après ça, il avait déserté. Jules se demanda donc combien de temps mettait une grenade à explosé. Tout en la gardant en main, il ignorait Angèle, qui elle aussi semblait à retardement. En fait, tout le monde était à retardement dans la pièce. Jules l'était depuis que Thomas avait révélé son entrevue secrète avec Angèle. Cette dernière l'était depuis que Curtis avait révélé le passé douteux de Jules et Solveig... Et elle, elle était à retardement depuis qu'elle avait prit le cachet de sa copine. Alors bam. Au final, ça explose. Encaisser quoi ? T’es vraiment con, j’pensais pas qu’il pouvait si bien te mentir... Jules secoua la tête de gauche à droite. Celle qui mentait le plus dans cette histoire, c'était bien Angèle. En fait, elle était même la seule à mentir. Si Jules n'était pas encore tout à fait sur de ce qui avait bien pu se passer entre elle et le professeur, il était au moins sûr qu'elle l'avait revu. Thomas n'avait pas pu inventer cet histoire de tatouage. N'est-ce pas ? Donc, tu dis que tu ne l'as pas revu depuis qu'on est ensemble ? demanda simplement Jules, tout en posant son regard de braise sur celui, encore plus explosé de ce qui était encore pour le moment sa petite amie. Au lieu de répondre, elle termina sa phrase, haineuse : ...t’en fais pas, je lui ferais la remarque la prochaine fois que je coucherai avec lui. Jules eut un petit rire. Et bah ça avait le mérite d'être clair. Il marmonna une connerie incompréhensible, arrêta de regarder Angèle. Putain, qu'elle crève cette salope. De son côté, Solveig semblait avoir envie de rétrécir, de se changer en la souris de Cendrillon et de disparaitre en chantant "bidibidabidibou". Alors qu'elle grommela qu'elle n'aurait pas du venir, elle se ramassa un regard noir de la part d'Angie, et Jules, qui restait fidèle à lui même n'hésita pas à renchérir : Mais non reste Solvie, c'est pas parce que la soirée est pourrie qu'elle est obligée de mal se terminé. Et bam ! Une autre explosion. Angie s'était rapprochée si rapidement de Jules qu'il ne l'avait pas vu venir, et sa main avait si fortement claquée sur sa joue qu'il pouvait presque l'entendre. Je veux dire, Jules entendait sa joue, elle criait à la vengeance. Le tatoué serra les dents. Ni une ni deux, il poussa violemment Angie en arrière. Back off bitch ! Cela obligea la poupée à reculer de quelques pas. Et qu'elle ne s'amuse pas à se rapprocher à nouveau, sinon Jules menaçait de vraiment, vraiment s'énerver. Il tira nerveusement sur sa cigarette tandis qu'Angèle fourrait dans un sac toutes ses affaires. Jules ferma les yeux, se passa sa main tenant la clope fumante sur le front. Alors voilà, c'est tout ? Elle allait se barrer, elle allait tout envoyer en l'air parce que quoi ? Parce que Jules et Solveig avaient couché ensemble genre, y a un siècle ? Bon, la dernière fois ne remontait qu'à quelques semaines, voire un mois mais et alors ? Elle aussi avait foiré, plus que tout le monde dans cette pièce, dans cet appartement même. La regardant attraper ses petits hauts, Jules ne pu retenir bien longtemps une remarque : J'y crois pas... Et si coco, ouvre les yeux, c'est bien entrain de se passer. Ta poupée elle se barre, elle est entrain de te quitter. Ils finissent tous par te quitter. Alors qu'Angie envoyait son sac remplie sur son épaule, Jules regarda derrière lui, sur le bureau contre lequel il s'était adossé et attrapa un string qui y traînait tandis qu'Angèle envoyait une pique à Solveig qui elle chouinait qu'elle était trop défoncée pour supporter tout ça. Et puis, elle se mit en quête de ses clés, Jules la regardait en fumant d'une main et en faisant tournoyer autour de son index le string de l'autre. Quand enfin elle eut ce qu'elle voulait, elle se tourna vers Jules, croisa les bras, l'air sévère. Ton frère avant il m’a demandé ce que je te trouvais … Jules arrêta de faire tourner le string et tendit le bras pour le tendre à Angèle, qui gardait de bonnes distances. Ouais, j'ai cru comprendre qu'il avait une passion pour les questions à la con, mon frère. Non mais sérieux, c'était quoi son problème à ce gosse, à demander à tout le monde des trucs de merde style : "qu'est-ce que tu trouves à Jules" ou "tu comptes te taper Angie ou Solveig ce soir ?" Angie ignora la remarque cinglante et continua : Le problème c’est que j’te trouve plus rien justement, alors j’ai même plus envie de t’aimer Jules. La seule chose que tu sais faire c’est alimenter les problèmes et blesser les gens autour de toi. Jules n'eut pas de sourire froid, il n'eut pas la moindre expression. Voyant qu'Angie ne venait tout simplement pas récupérer son sous vêtement il lui lança dessus. Tiens, prend ton string dans la gueule. Il la regarda une seconde, deux peut-être. Elle n'avait plus envie de l'aimer ? Ouais, ça il avait saisis. Il n'était qu'un fouteur de merde qui créait des problèmes et n'en résolvait aucun ? Jules tira une longue taffe, et la voix sans émotion il répondit : Salut, moi c'est Jules, on se connait ou quoi ? Bah quoi ? Il avait toujours été comme ça, bien avant de la rencontrer. Il n'avait jamais cherché de solution, il n'avait même jamais rien fait. Il se contentait d'être là, et jusqu'à présent ça n'avait jamais été un problème, ça l'avait même bien fait marré Angèle. Ces soirs où il venait la chercher tard le soir dans la voiture volée à Saphyr, ces week-end où ils prenaient le premier bus qui passait direction un festival de musique, ou bien quand Jules envoyait des caillou au fenêtre du cours où elle se trouvait au lycée et qu'elle demandait à aller à l'infirmerie pour le rejoindre et se faire baiser dans les chiottes. Jules avait toujours été comme ça, il n'avait pas changé d'un poil ces dix dernières années. Le même raté. Sauf qu'avant elle le trouvait tellement exceptionnel qu'elle en écrivait des poèmes. Des poèmes ! Jules laissa passer une seconde, souffla la fumée de sa cigarette et se redressa, décollant son cul du bureau. Il fit un pas vers elle, et bien qu'ils étaient encore à un bon mètre cinquante de distance, ça ne semblait pas assez. T'as plus envie de m'aimer depuis longtemps Angèle. T'as plus envie de m'aimer depuis que je suis revenu à Londres. Ca te tue seulement de ne pas trouver une bonne raison de me larguer en disant "tu vois, j'te l'avais dis t'es un connard." Le coeur de Jules s'était mis à battre à tout rompre, il sentait ses boyaux se liquéfier. Aujourd'hui, il disait tout haut ce qu'il avait pensé pendant des mois et des mois. Depuis son retour d'Oxford. Jules et Angèle n'avaient pas été fichu de retrouver ce qu'ils avaient perdus leur complicité et leur amour mutuel. Ils avaient passé du temps à se déchirer à s'avouer des secrets horribles. Le reste du temps ils prétendaient que rien au monde n'existait et faisaient comme si tout allait bien. Le fait est que ça n'allait pas bien, pas pour elle en tout cas. Parce qu'à chaque fois qu'ils faisaient un pas en avant tous les deux, elle en refaisait deux en arrière. Pour une fois, Jules avait essayé de faire ça bien. Il avait pardonné le fait qu'elle était la véritable raison du départ pour Oxford, il avait accepté que Curtis l'aimait et qu'elle le savait depuis toutes ces années, il avait même accepté qu'elle refuse une vraie relation au début, il avait également passé l'éponge sur la visite nocturne de Thomas et le vin volé et finalement il luia avait dit qu'il l'aimait et quand elle lui avait dit de prendre de l'héroïne sinon elle le quitterait, il en avait pris. Au final, c'était comme si elle avait recherché exactement le contraire. Qu'elle avait tout fait pour foutre la merde. Jules fit un pas supplémentaire. Et là tu sautes sur l'occasion parce que tu crois avoir compris ce qui se passait entre Solveig et moi ? Non, c'est trop facile. Désolé de te décevoir mais si tu veux lui en vouloir parce que ta meilleure pote se tape ton pseudo gars, fais-le ! Moi j'ai rien à me reprocher dans l'histoire. Ca date d'avant toutes ces histoires de couple entre nous. Je t'ai jamais trompé et je l'aurais jamais fais. Parce que je suis pas un putain de menteur comme toi. Jules parlait de plus en plus vite, la colère avait teinté son visage, il était rouge de rage. Sa mâchoire était serré, son poing aussi et la main qui tenait sa cigarette et qui montait doucement jusqu'à ses lèvres tremblait. Putain il était mal. Sa grenade à lui avait explosé maintenant. Il prit une seconde pour se calmer, ne voulant certainement finir par chialer de colère chialer tout court. Il en avait marre, marre de se tuer la tâche à essayer de la retenir. Marre qu'elle cherche les problèmes, la petite bête à chaque fois. Marre qu'elle se sente obligé de mentir, de feinter, de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Non, ça ne pouvait pas marcher comme ça. Une nouvelle taffe, qui termina la cigarette. Un peu plus posé cette fois, il finit par conclure : Alors si tu veux une raison de te barrer pour rejoindre Thomas ton nouveau grand amour, parfait, mais trouve autre chose. Elle allait le faire, de toute façon. Elle allait se barrer, Jules voulait simplement qu'elle l'assume. Il voulait qu'elle le dise et pas qu'elle invente quelque chose qu'il aurait fait. Ca non.
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(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 14:04 par Invité
« Encaisser quoi ? T’es vraiment con, j’pensais pas qu’il pouvait si bien te mentir, … » Attendez, quoi ? « Donc, tu dis que tu ne l’as pas revu depuis qu’on est ensemble ? » Quoi ? « … t’en fais pas, je lui ferai la remarque la prochaine fois que je coucherai avec lui. » Quoi ? Quoi ?? Mais j’comprends tellement rien putain. Foutu cachet, tout ça pour prouver à Abberline que je pouvais être aussi conne que lui, maintenant ils parlaient de trucs et je savais même pas si j’étais concernée ou pas, genre HELLO JE SUIS LA BORDEL. Quoique. En vérité c’était bien de se la fermer et de se faire oublier deux minutes parce que les révélations de Curtis, ça me concernait, un peu trop même. Mais coucher avec qui bordel ? Je voulais hurler cette question à leurs gueules mais mes lèvres étaient toutes molasses, toutes inutiles, genre impossible d’aligner une phrase correcte. Puis Angie m’envoyait des putain de regards noirs genre ‘j’vais te buter salope si tu parles encore’ donc bon, j’ai décidé de la fermer. Mouais c’était sûrement mieux. Je regardai aussi discrètement que possible l’entrebâillement de cette porte de fortune sauf que ça me paraissait juste impossible de réussir à sortir d’ici sans que personne me voie. Franchement j’avais pas de chance. Il suffisait que Angie et Jules se tournent vers le mur pendant genre CINQ SECONDES et je pouvais partir mais là ils prenaient juste tout l’espace, impossible de respirer, impossible de bouger, Solvie bloquée. En plus ils me montraient bien qu’ils m’avaient pas oubliée parce que parfois ils se tournaient vers moi en mode ‘ta gueule meuf’ et donc tous mes espoirs tombaient à l’eau – à l’eau ? quelle eau ? bref. Même ils me parlaient parfois. « Mais non reste Solvie, c’est pas parce que la soirée est pourrie qu’elle est obligée de mal se terminer. » Mais il lit dans mes pensées ou quoi ? Ah non merde j’avais dit que je voulais me barrer ou un truc du genre, putain, Solvie, sois digne, sois fière. Hahaha. Et OH PUTAIN ELLE VIENT DE LE BAFFER. Je sursautai et une fois la vague tension redescendue je me décidai à dire un truc inutile du genre : « Oulah y’a de l’eau dans le gaz. » MAIS POURQUOI SOLVEIG ? POURQUOI ? Genre c’est ton délire ? Tu veux pas plutôt t’allonger et faire comme si la drogue t’avait assommée ? Solution simple, en plus tu finirais peut-être par vraiment t’endormir – avec les deux nigauds à côté ? J’en doute mes amis, j’en doute.
Et là, et lààà, Angie décida de me foutre la baffe verbale de la soirée, parce qu’elle pouvait le faire. En vrai elle avait aucune raison, mais bon c’était une salope autant que Jules et moi étions des salopes. Franchement on faisait bien d’être potes tous les trois. « Nathan, il serait vraiment fier de toi Solveig. » BAM. Genre comme si ça avait un RAPPORT, non, désolée, ça n’en avait AUCUN, genre BORDEL, d’où tu te PERMETS, espèce de CONNE. D’un coup Angie, j’m’en suis totalement foutue. Désolée d’avoir couché avec Jules ? Oh, bah ouais OK OK, c’est pas non plus ‘désolée pour avoir frappé Jules à mort, balancé du haut d’une fenêtre et laissé pour mort contre une gouttière JUSTE HISTOIRE DE FAIRE CHIER T’SAIS’. Angie j’eus envie de lui foutre une bonne grosse claque dans sa gueule de poupée parce qu’elle m’énervait franchement et qu’elle avait pas le droit de faire des commentaires comme ça. Ouais j’abusais peut-être mais non putain j’abusais pas, puis j’étais complètement chéper donc franchement abusant ou pas je m’en foutais un peu. Puis là elle plongea sa main dans ma poche mais j’étais trop morte pour l’arrêter et elle en sortit mes clés de voiture et j’ai pensé ‘SALOPE’ mais j’ai rien fait, pas en état la Solvie, pas en état. Alors je l’ai regardée les yeux écarquillés comme un putain de HIBOU sur une branche, j’aurais même hululé si j’avais su le faire mais non, malheureusement je ne savais pas le faire alors je restai juste assise comme ça, gueule de hibou et silence qui noue la gorge – le seum quoi.
« Ton frère avant il m’a demandé ce que je te trouvais … » Encore le frère ? Brûlez-le putain. « Ouais, j’ai cru comprendre qu’il avait une passion pour les questions à la con, mon frère. » Ouais ouais attends moi je crois que c’est genre une règle de base pour être un Abberline mâle : faut être con. « Le problème c’est que j’te trouve plus rien justement, alors j’ai même plus envie de t’aimer Jules. La seule chose que tu sais faire c’est alimenter les problèmes et blesser les gens autour de toi. » Euh, Angie, t’as quel âge, 23 ans ? Et c’est que maintenant que tu t’en rends compte ? Putain mais bravo quoi. D’ailleurs j’ai voulu applaudir pour fêter l’occasion mais mes mains étaient toutes molasses comme mes lèvres, genre impossible de les soulever donc je restai immobile, je secouai juste nerveusement la tête. « Salut, moi c’est Jules, on se connait ou quoi ? » Pour une fois que j’étais d’accord avec ce petit con, mais heureusement j’étais bien trop morte pour qu’il s’en aperçoive, ça aurait été le comble, être publiquement sur la même longueur d’onde que Jules. Mais pour l’avoir connu depuis bien plus longtemps qu’Angie, eh bien oui, c’était le cas, et on ne changeait pas Jules parce que Jules sans ce permanent je-m’en-foutisme de camé, bah c’était plus vraiment Jules, genre le type perdait son identité, tout ce qui faisait qu’on l’appréciait – ou non, ou les deux dans mon cas. Et Angie s’attendait à quoi ? Elle savait depuis le début qu’il deviendrait – non pardon, même pas deviendrait, il était ce gamin qui jouait au con à chaque fois qu’il en avait l’occasion et maintenant que la vérité nous tombait dessus, bah on se retrouvait là comme des cons à s’engueuler et à trouver des responsables alors que tout le monde était responsable. Bande de cons putain. « T’as plus envie de m’aimer depuis longtemps Angèle. T’as plus envie de m’aimer depuis que je suis revenu à Londres. Ça te tue seulement de ne pas trouver une bonne raison de me larguer en disant ‘tu vois, j’te l’avais dit t’es un connard.’ » Non mais comment c’était possible que ce matin même Angie me dise que tout se passait bien entre eux et que maintenant tout se fracassait par terre, et moi je regardais ça avec mes yeux de HIBOU sans vraiment capter parce que, wow, non, c’était pas possible. C’était à la fois une sorte de rêve inavoué de voir ces deux-là se séparer, mais en même temps j’avais l’impression d’assister à un cauchemar, genre non, attends, non, c’est pas du tout comme ça qu’il faut que ça se passe, genre non, j’aime pas du tout comment ça se passe. « Et là tu sautes sur l’occasion parce que tu crois avoir compris ce qui se passait entre Solveig et moi ? Non, c’est trop facile. Désolé de te décevoir mais si tu veux lui en vouloir parce que ta meilleure pote se tape ton pseudo gars, fais-le ! Moi j’ai rien à me reprocher dans l’histoire. Ca date d’avant toutes ces histoires de couple entre nous. Je t’ai jamais trompé et je l’aurais jamais fait. Parce que je suis pas un putain de menteur comme toi. » Je trouvais ça un peu facile que Jules me foute tout sur le dos comme ça, alors les yeux de HIBOU se sont braqués sur lui en mode ‘t’es sérieusement sérieux ?’ mais au fond, je sais pas vraiment pourquoi, mais au fond y’avait un truc qui me faisait vraiment de la peine chez lui, et même si bon on va pas se mentir il était autant responsable que moi dans l’affaire, bah je sais pas, on était dans le même bateau tous les deux, et je décidai de pas répondre et de le laisser dans son affirmation – parce qu’il avait l’ai putain de convaincu le mec. Vous l’auriez vu ! Jules 2.0 quoi, tout rouge comme un poisson … rouge. MAIS, parce qu’il y a un mais, bah il avait pas fini son discours. « Alors si tu veux une raison de te barrer pour rejoindre Thomas ton nouveau grand amour, parfait, mais trouve autre chose. » Tête de HIBOU et je regardai Jules longuement – enfin je crois, moi ça me paraissait long quoi – puis j’ai regardé Angèle parce que … ça faisait longtemps et que je comprenais pas de quoi, de qui ils parlaient, genre c’était moi qui étais has been, c’était moi qui étais pas en phase – j’vais rejoindre Curtis, laissez-moi me lever, deux secondes.
Et c’est ce que j’ai essayé de faire : me lever. Je me dressai sur mes pattes tremblantes en faisant comme si tout allait bien alors que non, désolée, tout n’allait pas bien, c’était horrible et j’avais perdu mes talents de poète, plus rien rimait dans ma tête – OH MON DIEU CA RIME ! HALLELUJAH ! Je fis un pas faire Angèle, pas hésitant mais juste un pas d’une fille qui est prête à tomber dans les pommes à tout moment et je tendis la main vers elle, déterminée. « Rends-moi mes clés putain, je sais pas où il habite ce Thomas, j’veux pas que tu me perdes ma voiture, sérieux. » Je gardai la main tendue, genre hyper insistante la fille. « En plus t’as même pas ton permis je suis sûre. Sérieux rends-moi mes clés, je rentre. » Putain Angie ! Rends-moi mes clés, sérieux ! « Sérieux ! » Et là bim, je trébuchai sur genre, un débardeur de Jules à la con et je tombai contre le paravent japonais comme une loque. Sérieuuuux, marmonnai-je finalement. Le paravent était tombé ? Aucune idée, en plus j’avais genre juste troooop mal à la tête et envie de vomir et les deux devant moi me tapaient sur le système nerveux et ça me saoulait grave. Alors j’ai ouvert les yeux, j’étais allongée sur le sol et la première gueule insupportable que je rencontrai c’était celle d’Angie, puis y’avait Jules juste derrière alors je leur fis mes yeux de HIBOU trop furieux et j’voulais me lever sauf que bah j’ai essayé mais devinez quoi : j’ai pas réussi.
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(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 21:21 par Invité
Ce que j’aimais le plus chez moi -et dieu seul sait à quel point c’était la seule chose que j’aimais en ma personne- c’était cette chance de pouvoir toujours tomber sur des dealer d’exception, qui me vendait des trucs, des dingueries sans noms qui faisaient planer à milles mètres, alors s’il fallait une demi seconde à Solveig pour décoller, moi il m’en fallait plus, toujours plus. Mon corps était habitué à sa dose quotidienne de drogue et ce que Solveig avait prit n’était pas assez suffisant pour me faire décoller avec la même fusée. J’avais mis ma main dans la poche de mon jeans pour en sortir le sachet, mais je me stoppais très vite dans ma course, relevant la tête vers ce que Jules disait. « Donc, tu dis que tu ne l’as pas revu depuis qu’on est ensemble ? » Je ne lui avais pas répondu toute de suite, non, je m’étais lancée dans un monologue sans fin et j’avais l’intention de terminer, ma remarque allait être glaçante, sanglante, blessante, chiante, superbement insolente et j’en passe. Coucher avec Thomas, encore une fois et peut-être même sous tes yeux Jules. Quel plaisir j’aurais à le faire, sincèrement ? Alors je regardais son visage et ses yeux m’esquiver après qu’il ait faussement rigolé, baragouinant quelque chose dans sa barbe dont il était le seul à comprendre. J’avais de la peine à croire ce qui sortait de ma bouche, moi qui m’évertuais à toujours bien tenir ma langue, elle bafouait largement ce soir, en disant des insanités, des choses horrible qui blessaient autant qu’un couteau enfoncé dans une plaie béante. Et puis il y avait quelque chose qui manquait à ma phrase, un petit geste, un petit quelque chose, j’avais ressortis la main de ma poche, mais cette fois elle était allé se coller directement contre la joue de Jesus. Bon, il ne l’avait pas tendu, mais rien à foutre, j’avais claqué ma main contre sa joue si fort qu’elle me faisait aussi mal que lui. Je serrais le poing, tandis qu’il me repoussa violement, pas de chance, j’avais encore assez d’équilibre pour ne pas tomber éclatée comme une crêpe au sol, cependant j’étais assez contente de ne pas en avoir fait plus, pas comme la dernière fois après la petite soirée avec Elliot et ses amis.
La remarque que Jules avait fait à Solveig en lui disant de rester y était peut être pour quelque chose, peut-être que ça m’avait sincèrement embêté qu’il puisse bien dire ça et peut-être que c’est pour cette raison que j’avais violemment collé ma main contre son visage, mais il était trop tard pour réfléchir. D’ailleurs je n’avais toujours pas répondu à la question de Jules et je n’allais pas y répondre tout de suite, il fallait d’abord que j’aille récupérer toutes mes affaires une par une pour me casser fissa et puis ça sonnait comme la fin de la fin, c’était un peu ça. Jules ne pu s’empêcher de me provoquer, adossé contre le bureau, tourniquant un string de son index. « J’y crois pas ... » Pourtant il faut, parce que ça se passe bien, c’était un peu le symbole ultime d’une séparation imminente, le symbole ultime du trop plein, d’une explosion imminente qui saute contre la figure comme une grenade. J’avais récupéré mes affaires, il était toujours adossé contre le bureau, fumant comme si de rien, me regardant faire et puis j’avais enfin récupéré les clés de Solveig et je me retournais vers lui pour lui dire que son frère m’avait posé une bien belle question. « Ouais, j'ai cru comprendre qu'il avait une passion pour les questions à la con, mon frère. » Ouais, comme le dirait si bien Solvie, c’était une marque de fabrique chez les hommes Abberline, la connerie humaine. Je lui avais balancé en pleine gueule que je n’avais plus envie de l’aimer. Je n’avais pas pesé mes mots, comme mes gestes ou quoi que ce soit d’autre à chaque fois que j’étais en colère où que je n’étais tout simplement pas posée, il fallait que je me transforme en quelque chose qui ne me ressemblait pas, où alors était-ce simplement ma nature et que j’essayais vainement de le cacher depuis toutes ces années ? Peu importe, ce qui était n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. « Salut, moi c'est Jules, on se connait ou quoi ? » Il m’avait balancé le string en pleine figure, si seulement cet idiot savait qu’il ne s’agissait pas du mien, mais très probablement celui de Solveig, mais il portait autant d’attention à ce genre de détail qu’en porterait un autre mec. Alors je le laissait faire ne disant rien, car je savais bien que ce qui allait suivre allait être quelque chose d’inédit, de nouveau. « T'as plus envie de m'aimer depuis longtemps Angèle. T'as plus envie de m'aimer depuis que je suis revenu à Londres. Ca te tue seulement de ne pas trouver une bonne raison de me larguer en disant "tu vois, j'te l'avais dis t'es un connard." » Je pouvais presque sentir son souffle me transpercer et son cœur battre bruyamment dans sa cage thoracique, il l’avait enfin balancé, ce qui le rongeait depuis toujours, depuis de longs mois, tout ce qu’il pensait depuis qu’il était revenu d’Oxford il me l’avait enfin dit et ça faisait mal. Ça me glaçait totalement le sang, parce que c’était ... Vrai. Pendant qu’il m’avait dit tout ça je m’étais contenté de baisser les yeux, de l’écouter et d’avaler un second cachet, rapidement, juste parce que j’en ressentais le besoin. Lorsqu’il termina je relevais les yeux vers lui, je venais de mourir dans ses yeux, il n’y avait pas meilleur métaphore pour expliquer qu’à présent, je ne représentais plus grand chose. Il s’était libéré de maux qui le consumaient de parts et d’autre depuis longtemps. « Je n’ai plus envie de t’aimer depuis longtemps ... » J’avais presque chuchoté, je m’efforçais juste de répéter ce qu’il disait, parce qu’en fin de compte c’était bien vrai. Je n’avais plus été capable de l’aimer comme avant, je n’avais plus cette capacité à l’idolâtrer et être à ses pieds comme avant. Je m’étais accroché à un passé que j’avais essayée de reproduire en vint depuis quelque mois, depuis son retour, mais tout ce que je voyais c’était quelque chose de raté. Pourtant il avait fait des efforts, il avait vraiment essayé, mais je n’étais plus en phase avec l’Angèle d’avant, j’avais changé, quelque chose avait changé. Lorsqu’il dormait près de moi, je ne pouvais m’empêcher de le regarder, dormir paisiblement, tandis que je savais bien que quelque chose clochait et dieu sait le nombre de fois où j’avais envie de m’en aller pour qu’il n’entende plus parler de moi, mais il se réveillait toujours à ce moment là pour déposer un baisé sur mon front, comme pour m’en empêcher, alors qu’en fin de compte il ne se doutait pas des idées que j’avais au petit matin. Mais il m’aura fallu du temps pour comprendre qu’en fin de compte c’était moi, alors ouais, j’allais le larguer. Pour mon bien, pour le sien, pour me retrouver et m’aimer avant de l’aimer lui, car j’étais incapable d’aimer Jules si je ne trouvais pas la force nécessaire de me retrouver avant tout, de me retrouver dans cette histoire. Mais tout ça, il ne le saura probablement jamais, nous allions en rester là et puis c’est tout, je n’avais pas envie de dire tout ce que je ressentais et encore moins de lui montrer à quel point j’étais mal, mal dans ma peau, mal avec lui, mal sans lui et pire encore lorsqu’on était ensemble. « Et là tu sautes sur l'occasion parce que tu crois avoir compris ce qui se passait entre Solveig et moi ? [...] Parce que je suis pas un putain de menteur comme toi. » Je me voilais bien la face autant que je pouvais voiler la sienne. Je souriais, à tout ce qu’il disait, je relevais la tête, et je ne pus m’empêcher de le regarder, longuement, respiration saccadant, mains tremblante, je m’étais approché de lui, posant une nouvelle fois ma main sur son visage et tapotant délicatement la joue sur laquelle le feu était passé il n’y a pas bien longtemps, j’avais toute son attention et je savais que ses yeux verts allaient me manquer, mais je lui souriais, toujours et puis d’un ton neutre, sans émotion j’ouvris enfin ma bouche. « Il aura fallu que je te remette les idées en place pour que tu dises enfin des choses sensées. » Je me repoussais, souriant tristement, regardant Solveig à ma droite tandis qu’elle semblait enfin se remettre sur ON. Mon corps lui semblait se mettre sur OFF, je voyais de la neige devant mes yeux, vous savez c’était assez étrange, la drogue semblait m’apaiser et j’allais dire à Jules ce qu’il rêvait certainement d’entendre, parce que je n’étais pas aussi courageuse que lui pour lui dire ce qui me rongeais depuis longtemps. « Jules, tu sais bien que je ne suis pas quelqu’un de bien pour toi, je te trompe, je te mens, je ne t’aime même plus et puis regarde tes veines, elles ressemblent aux miennes … Mais ne t’en fais, tu n’as rien à te reprocher, c’est vrai. » Le rouge avait teinté son visage et la colère faisait rage, j’avais de la peine pour lui, mais encore plus pour moi. Je m’étais calmée, je semblais sereine et apaisée, merci petite cachet magique. Je continuais à regarder Jules, parce que je ne pouvais clairement pas me décrocher de son visage, non, j’aimais bien trop ces traits pour m’en défaire, j’avais même une folle envie de l’embrasser là maintenant tout de suite, mais bon c’était comme vouloir se laver à l’essence et se sécher au briquet, en gros c’était pas une bonne idée et puis sa question me revint à l’esprit. « J’ai revu Thomas mardi, c’est vrai, je ne te l’ai jamais caché, tu ne me l’as tout simplement jamais demandé. » Je commençais à rigoler, avant même de pouvoir terminer ma phrase, levant les yeux au ciel et frottant vigoureusement mon visage. « Tu lui as vraiment demandé si je t’avais trompé ? J’veux dire tu l’as demandé à Thomas ! Cet homme est bien trop intelligent pour toi, il pourrait te faire avaler n’importe quoi et je suis sûre qu’il ne t’a même pas donnée une vraie réponse. » A croire que je m’étais retrouvé entre les deux ennemies lorsqu’ils avaient parlés de moi. Le fait était que je connaissais assez Thomas et son esprit tordu pour savoir qu’il n’avait ni répondu oui ni répondu non et puis je connaissais aussi très bien Jules pour savoir qu’il pourrait être une très bon scénariste dans une série pour ado, lui et ses idées qui s’entremêlaient dans son esprit pour donner des choses qu’il croyait, qui le rendait malade. Non, je n’avais pas couché avec Thomas, pas parce que c’était une règle de base dans un couple : ne pas coucher avec un autre, mais simplement parce qu’il n’avait pas insisté et s’il l’avait fait … Bref, je préférais ne pas penser au fait que Jules aurait pu être cocu ce soir là et que je tenais le rôle de la salope de service, parce qu’en fin de compte j’en étais probablement une, mais le problème primordiale, le cause de tous ces problèmes, des problèmes que je partageais avec Jules c’était que je ne savais plus qui j’étais, je ne savais plus m’aimer ni même me respecter, je me sentais souvent irrécupérable et inutile, alors pour me prouver le contraire il fallait que j’aille voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs où si mon don de persuasion était efficace lorsque je plantais une seringue dans le bras de Jules, pourtant rien de tout ça n’avait marché, que fallait-il alors que je fasse ? « Rends-moi mes clés putain, je sais pas où il habite ce Thomas, j’veux pas que tu me perdes ma voiture, sérieux. » Elle s’approchait de moi tel un zombie, je voyais bien qu’elle allait tomber dans quelques instants, peu importe, grand bien lui fasse, sa gueule contre le sol, l’idée était sympa. Alors je le regardais tendre mollement son bras vers moi, pendant qu’elle disait quelque chose par rapport à ses clés, je ne l’écoutais plus depuis longtemps. Je faisais une belle introspection et une idée me vint à l’esprit : repartir de zéro. La drogue, Jules, les études, la haine, un peu d’amour, le cul, la baise sans capote, les injections d’héroïne, Solveig, Poppy, Curtis, Thomas, Elliot, la bande de pote, le tatouage, vivre seule, ne jamais aller en cours et Londres … Tout avait défilé dans ma tête en quelques secondes, comme si la mort avait sonné à ma porte, j’avais une belle idée en tête et puis ça ne pourrait jamais être pire qu’aujourd’hui, que maintenant. Je me mis à pleurer en regardant Solveig, mais je continuais à sourire, parce que ce sourire ne m’avait pas quitté depuis que Jules l’avait ouverte grande pour enfin dire des choses vraies. « Tiens prend tes clés et … Je m’étais retourné, je voyais trouble mes larmes me gâchaient la vue autant qu’elles me gâchaient la vie, quand est-ce que tu arrêteras de pleurer pauvre fille ? Je récupérais le string au sol tandis que Solvie était tombée au sol justement, mais je m’en foutais royalement, aussi royalement qu’elle quand elle avait baisé Jules. N’oublie pas ton string. » Et je lui avais balancé celui-ci dessus, comme Jules l’avait si bien fait avant moi. J’essuyais d’un revers de main mes larmes, mais ma voix semblait encore trop triste pour se clamer, mes yeux avaient cessés de larmoyer, je m’étais approché de la porte de la chambre. Derrière celle-ci se trouvait du beau monde, complétement défoncé, au crack à l’alcool à tout et n’importe quoi, mais ils ne pourraient jamais être dans un pire état que nous, que moi. Je regardais Jules, avec mes yeux desquels le mascara s’était échappé pour se trainer sur mes joues. Et j'entendis une nouvelle fois ses derniers paroles, '' Alors si tu veux une raison de te barrer pour rejoindre Thomas ton nouveau grand amour, parfait, mais trouve autre chose. '' « J’ai une bonne raison de m’en aller, mais je ne reviendrais pas, j’te le promets. » Et puis j’avais tourné les talons, lorsque j’ouvris la porte, Curtis se trouvait derrière celle-ci avec une bière à la main, il avait donc tout écouté, quel gamin. Je lui arrachais la bière de main, parce que ma bouche était aussi sèche que le désert, et puis je me faufilais entre les gens, j’avais l’impression que tout le monde me regardais et la musique était très forte, il fallait vraiment que je parte. En musique de fond on pouvait entendre Run boy run! This world is not made for you. Run boy run! They’re trying to catch you. Run boy run! Running is a victory. Run boy run! Beauty lays behind the hills. Cours donc Angie, ce monde n'est pas fait pour toi.
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(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 22:24 par Invité
quand on a, comme moi, l'âme pliée en foetus, on a besoin de provoquer pour la dégourdir ☇ Elle part Jules, c'est bien entrain d'arriver, c'est bien entrain de se produire. Ta petite poupée russe s'est transformée en poupée tueuse, Chucky en plus flippant. Poupée cassée. Non, en fait la poupée c'est toi. Sauf que tu t'es fais déchiquetée par une môme qui s'en fou de ta gueule. T'es une poupée cassée Juju, un vieux jouet dont on ne veut plus et tu vas finir au fin fond d'une benne à ordure. Putain, ta gueule la petite voix. Jules avait la tête qui tournait il regardait faire les choses, les bras ballants. Je n’ai plus envie de t’aimer depuis longtemps ... qu'il avait entendu, à peine, mais bien entendu quand même. Putain, ça tournait autour de lui, tout était flou, tout semblait au ralenti. Angie qui finissait son sac, Angie qui souriait, Angie qui parlait. Jules ne percutait qu'un mot sur deux, sur trois, sur quatre. Il restait planté là, avec une tête complètement impassible, parfois il faisait un sourire de merde genre "ouais, j'écoute ce que tu dis c'est tellement intéressant". Il ne manqua pas de reculer sa tête dès qu'Angèle voulu lui donner des tapettes de pitié, tout en donnant un coup dans le bras qu'elle tendait. Ah non, il ne fallait pas qu'elle le touche. Il était une bulle, un foutu bulle de savon qui allait exploser si on l'approchait. Il était à vif. Et puis il y avait Solveig aussi, oui elle était toujours là, elle s'était réveillée de son trip ou pas totalement mais assez pour formuler des phrases avec Sujet, verbe, COD et toutes ces conneries dont Jules avait oublié les règles, genre c'est qui ce fucking Ornicar et c'est quoi un COI ? Une drogue ou un type de contrat, quelque chose comme ça sûrement. Mais s'il y avait bien une phrase dont Jules avait pigé le sens à l'heure actuelle, c'était : Angie te largue. Sujet Angie, verbe larguer, et a te faire foutre connard de complément.
Putain, il se sentait trop mal, au bord du suicide mental. Du genre, s'il avait eut un flingue il se serait flingué le cerveau de l'intérieur par la pensée. Ses organes n'étaient plus que de la bouillie visqueuse, il allait finir par les dégueuler si ça continuait. Angie se cassait, c'était bon, c'était clair, c'était vachement limpide. Elle l'avait dit de sa propre bouche, elle n'avait plus envie de l'aimer, plus jamais. Finalement, il avait raison ce con de prof, ils n'étaient pas fait l'un pour l'autre, ni aujourd'hui ni hier, ni demain. Elle s'échappait de la prison dorée que Jules avait construit autour d'elle pendant de longues années. Elle se tirait pour de bon, c'est elle qui le disait : J’ai une bonne raison de m’en aller, mais je ne reviendrais pas, j’te le promets. Jules releva doucement la tête pour regarder Angie, qui elle ne le quittait pas des yeux. Il y eut de longues secondes, enfin deux secondes mais qui semblèrent durer des heures où ils étaient simplement là à se regarder genre comme si ça serait la dernière fois. Ca serait peut-être la dernière fois. Et soudainement, Jules essaya de se rappeler de leur dernier baiser. Parce que ce n'était pas aujourd'hui, aujourd'hui ils ne s'étaient vu qu'à la fête et n'avait pas échangé le moindre baiser. Ce n'était pas non plus hier, hier il était occupé avec Curtis, pour l'organisation de la soirée et puis le jour d'avant, ils finissaient de monter des meubles Ikea.. C'était sans doute encore la veille, Jules était venue chez Angie... Putain ça faisait combien de jour en arrière ça ? Putain, mais non, pars pas Angèle, revient ! Jules ne se souvenait même pas du dernier baiser. Et si c'était vraiment le dernier ? Et s'il n'y en avait plus jamais hein ? C'était con, de ne penser qu'à ça. De penser à une chose aussi inutile que ça alors qu'Angie s'enfuyait par la porte de fortune, contournait Abberline Boy II et marchait à grand pas vers la sortie. Jules voulu ouvrir la bouche, trop tard elle était déjà partie loin. Peut-être même déjà sortie du loft. Alors il ferma la bouche. Regarda autour de lui. Il y avait Curtis, planté là genre les yeux grands ouverts l'air de ne rien comprendre à ce qui se passait. Et puis il y avait Solveig, d'allonger par terre. Comment était-elle arrivée ici, Jules ne se posa même pas la question. Putain, Angie venait de le larguer.
C'était plus facile quand il avait un truc à se reprocher, l'un ou l'autre. C'était plus facile quand elle crisait parce qu'il n'avait pas donné de nouvelle pendant quatre ans, quand lui s'énervait parce qu'elle baisait un espèce d'aristo du vingt-et-unième. Parce que quand on fait des erreurs, suffit de se faire pardonner, c'est facile. Mais ce n'était pas ça. Là elle ne voulait plus de lui, elle en avait marre de lui, elle... elle avait arrêté de l'aimer tout simplement. Comment, comment pouvait-elle ? Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je vais te le dire jusqu'à ce que tes oreilles saignent. Il l'entendait encore, si clairement dans sa tête que ça semblait se dérouler juste sous ses yeux. Mais voilà, ce n'était pas le cas, ce n'était plus le cas, ça n'avait peut-être jamais été le cas. Elle l'avait quitté, elle l'avait abandonné. Putain, la garce.
Enfin, il reprit du mouvement, se passa une main dans ses cheveux en bataille et puis partie à grand pas vers la sortie de cette pseudo chambre de malheur. Mais Curtis, devant lui, lui barrait la route, la mine déconfite. Jules ferma les yeux, fit un pas en arrière pour éviter que son frère ne lui touche le bras. Une bulle putain, faut pas le toucher, il allait exploser. Curtis se ravisa donc, mais d'une petite voix -il avait décuvé, on dirait- il déclara penaud : Je... pensais pas que ça tournerait comme... ça. Ah ouais, tu pensais à quoi ducon ? Jules ravala une remarque désobligeante, il desserra même son poing qui ne rêvait que de s'écraser sur le nez un peu trop bien fait de son frangin. Là franchement, il n'avait plus la force de faire le moindre mouvement, ni même la moindre remarque. Il attendit une seconde et puis déclara d'une voix très calme, très basse, très lente aussi : Faut pas... Solveig. Faut pas qu'elle prenne sa caisse. Oui parce que clairement, elle se planterait dans le premier arbre qui se trouvait sur sa route, et même s'il n'en avait pas, elle réussirait à faire un tonneau avec sa voiture sur une ligne droite et dégagée. Curtis acquiesça et entra donc dans la chambre pour redresser Solveig qui restait pathétiquement sur le sol depuis trois plombes. Jules en profita pour passer à travers la foule. Putain, fallait... fallait... Qu'il respire.
Il poussa la porte des chiottes pour tomber sur bidule et machine qui baisaient dedans. Il ferma les yeux, respira profondément, toujours en tenant la porte il se décala sur le côté pour leur laisser la place de sortir. Dehors. et alors que Bidule tenta de négocier et que machine se plaignait, Jules serra sa main autour de la porte. TOUT DE SUITE ! Hurla-t-il, ce qui attirait l'attention de quelques personnes, mais globalement la musique trop forte couvrit ses cris. Bidule remonta son pantalon, et machin baissa sa robe et ils sortirent. Jules s'enferma donc dans les chiottes, claquant la porte et poussant le verrou. Il fit un pas en avant, puis un en arrière et puis s'adossa contre l'un des murs. En tendant les bras, il pouvait toucher le mur d'en face, c'est qu'il fit. Comme s'il essayait de le pousser pour avoir plus d'espace. Parce que clairement, là, il ne pouvait toujours pas respirer. Il tentait pourtant, il prenait de longues inspirations mais son coeur s'emballait. Elle s'est barrée putain. Putain. Jules se laissa glisser contre le mur, jusqu'à s'asseoir par terre. fais chier. laissa-t-il échapper. Et puis, avec l'un de ses pieds il tapa fortement contre le mur d'en face, une fois, deux fois, trois fois. De plus en plus fort, tout en gueulant que ça faisait chier. Parce que oui, ça faisait chier. Il avait envie de pleurer autant de hurler. Il avait envie de demander au monde pourquoi, pourquoi ça faisait mal comme ça. Comme une fillette et son premier chagrin d'amour. Jules avait l'impression qu'on lui arrachait ses poumons, il n'arrivait plus à respirer bordel ! Il tapa encore une fois avec son pied, ça fit une espèce de fente dans le mur. Bordel, "immeuble récent et nickel" mon cul ouais ! Il enfouit dans sa main dans sa poche pour y sortir un petit sachet de cacheton. Si ses souvenirs étaient exactes c'était des sortes de calmant. Ca ne pouvait pas faire de mal, certainement pas. Il en versa un ou deux dans sa main, puis trois puis quatre, puis cinq. Enfin tout le paquet. Il regarda sa paume, toute pleine de ses cachets magiques. Ca ferait dormir, ça ferait tout s'arrêter peut-être bien. Non ? Peut-être. Hop, il goba le tout.
Putain, merde ! Ca ne lui prit qu'une demi-seconde pour regretter. Enfin il se sentait toujours entrain de crever de l'intérieur, il avait envie que ces putain de chiotte soient son dernier souvenir, vraiment c'était ce qu'il avait envie sur le moment. Il n'y a que Poppy, et Saphyr, et puis Jo, et Curtis et enfin Savannah pour lui sortir cette idée en tête. Il en avait l'impression de les entendre ces putains de soeurs et ce connard de frère. Alors, rapidement, il s'enfonça un doigt dans la gorge, oh il avait déjà fait ça plein de fois. Il rempa jusqu'aux toilettes pour s'y tenir et commença à dégueuler son cocktail détonant. Quand on est enchaîné à une famille de merde, on n'a pas le droit de se foutre en l'air. On n'a pas le droit, c'est tout. Après ça il se laissa tomber en arrière, assit, toujours une main sur la lunette des chiottes, et de l'autre, il sortie de sa poche son paquet de clope, une dernière se battait en duel avec les miettes restantes. Il prit un briquet, l'alluma.
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(✰) message posté Mar 7 Avr 2015 - 13:33 par Invité
Je sentis qu’Angèle m’envoyait des trucs à la figure et me parlait mais je n’arrivai pas à discerner ce que c’était. Son visage devint flou, puis complètement noir. Mes yeux se fermaient. Je compris que la lucidité revenait. Pas au bon moment. J’avais soudainement mal à la tête et mes pensées emmêlées semblaient se ranger une à une dans l’ordre. Ce qui se passait autour de moi avait du sens mais j'étais impuissante, complètement grillée au milieu de la chambre. Non. Non, ce n’était pas comme ça que ça devait se passer. J’entendis les pas d’Angèle à mes côtés. Ceux-ci se fondirent dans la musique et le bruit. Je voulus parler, lui dire de rester. J’eus le brusque besoin de m’excuser auprès d’elle. Je me sentais vraiment mal. J’étais la première à lui dire de quitter Jules, et à présent qu’elle venait de le faire, quelque chose se brisait en moi. Une partie de mon adolescence probablement, celle qui tenait encore debout alors que tout mordait la poussière. Et voilà que non, ça aussi, c’était en ruine dorénavant. Je parvins à ouvrir les yeux. Jules était planté devant moi et je vis sur ses traits qu’il ne réalisait pas ce qui se passait. Il devait sûrement la regarder s’en aller sans être capable de courir pour la rattraper. Bloqué, les chaussures soudées à son parquet sale, pétrifié parce que s’il bougeait, tout pouvait à nouveau partir en vrille. Comme si tout n’était pas déjà brûlé. Il n’avait plus rien et ça se voyait. Je voulus lui faire un signe, lui parler, quelque chose, mais rien ne vint. Ma bouche s’ouvrit et aucun son n’en sortit. Il ne me voyait pas de toute façon. Il ne voyait que l’ombre d’une Angèle disparue au coin du paravent. Je clignai des yeux. Une, deux, trois fois. Ce furent les seuls mouvements que je pus faire avant de les fermer à nouveau.
Et finalement, après une éternité de vide total, on daigna me toucher l’épaule, me secouer un peu et tenter de me redresser. « Réveille-toi, Sol. » Nouvelles secousses. Je ne bronchai pas. « S’te plait réveille-toi ! » Oh, sérieux, pas lui. J’ouvris les yeux et fronçai les sourcils, épuisée et agacée par sa présence. Il agitait mes clés de voiture devant mes yeux et je secouai la tête. « J’te ramène. » Je le laissai me tirer en avant et me retrouvai assise. Je lui jetai un regard noir. « Putain, Curtis … » parvins-je à articuler. Il me toisait de cet air désolé qui semblait cousu à ses cils. Son air de victime absolue alors qu’il se mettait lui-même dans la merde. Curtis me faisait pitié parfois, mais là je n’avais qu’une seule et nette envie : lui foutre une baffe pour nous avoir fait vivre cet enfer-là. Jules avait disparu, Angèle aussi, c’était donc sur lui que retomberait ma mauvaise humeur. Peut-être que ce type n’était jamais au bon endroit au bon moment. Bien fait pour sa gueule. « Va falloir te lever. J’vais t’aider. » Je fronçai du nez. « Ça te changera. » Il ne répondit pas. Ouais, t’as pigé à quel point ta jalousie, c’est des conneries ? Il s’acharnait ce type, mais le rôle du connard qu’il avait joué ce soir ne lui convenait simplement pas, tellement pas que maintenant il regrettait absolument tout. Il voulait s’enterrer parce que cet évènement signait son arrêt de mort. Il n’allait jamais revoir Angèle. Peut-être le poing de celle-ci, un de ces jours, mais le coup serait si violent qu’il ne se souviendrait pas de son visage. Il m’attrapa le poignet et je me remis debout, chancelante. Il passa mon bras sur ses épaules et je traînai des pieds hors de la chambre. Dans le séjour, les gens ne nous voyaient pas. La lumière tamisée dissimulait les formes et les visages. Je devais ressembler à dix autres filles complètement perchées qui avaient besoin de quelqu’un pour ne pas s’écrouler. Bravo Solveig. Tu gagnes toutes les palmes ce soir. Curtis fit un mouvement vers la salle de bain. « Mais tu vas où putain ? » Il eut une hésitation. « Je … Faut que je vois si Jules va bien … » Je le tirai tant bien que mal vers la porte d’entrée. « Mais lâche-le, il a pas besoin de toi. Et certainement pas envie de te voir. » Il m’adressa un regard presque inquiet. « Viens. Il va pas s’envoler. » Il jeta un dernier coup d’œil à la porte avant de suivre mes indications.
Dehors, il faisait froid. Curtis avait mon sac et mon manteau sous le bras et ne comptait pas me les rendre – j’étais probablement en trop mauvais état pour être capable de supporter le poids d’une couche de plus. Heureusement, nous avions garé la voiture juste devant l’immeuble. Je balayai les alentours du regard à la recherche de la silhouette familière d’Angèle. Introuvable. Elle était loin. Sûrement à un endroit où elle ne devrait pas être. Chez un dealer, histoire de se défoncer encore plus et oublier sa peine. Comment pouvaient-ils aimer ça ? J’avais avalé un cachet – dont j’ignorais parfaitement la nature, certes – et je me sentais comme une loque, un truc visqueux et immonde qui s’accrochait à tout ce qui passait – en l’occurrence, l’épaule de Curtis. Je fermai les yeux et ne dis rien. Angèle, putain. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je n’avais aucune raison de le faire. Même si elle m’avait profondément énervée en mentionnant Nathan, je savais qu’au fond d’elle-même, elle ne le pensait pas. Elle pouvait me détester pour les prochains mois, pour sa vie entière, je voulais me convaincre qu’elle avait dit ça sous le coup de la colère. J’eus envie de pleurer parce que tout me semblait gris et terne. J’avais un mauvais pressentiment pour Jules et elle. Séparés, mais de la mauvaise manière. Brisés. Détruits. En miettes. En poussière. Et je sentais mes organes fumer, eux aussi. Ils fondaient petit à petit. J’étais mal. J’étais vraiment sous terre. Curtis ouvrit la portière de la voiture et m’aida à m’installer côté passager, attachant ma ceinture. Je posai ma tête contre la vitre et attendis qu’il prenne place lui aussi avant de lui demander sèchement : « T’as bu ? » Ca me paraissait tellement idiot comme question. Bien sûr que oui. Une soirée chez les Abberline et on boit quoi, du Coca jusqu’au bout de la nuit ? « Une ou deux bières. » Il me mentait pour me rassurer mais je ne relevai pas. J’avais envie de rentrer. Il n’y avait personne dans la rue à cette heure et je me foutais d’avoir un accident. Au point où j’en étais … Et si Curtis se sentait de prendre les choses en mains, j’allais le laisser faire. Je n’avais pas la force de me préoccuper de ça à présent. Il démarra le moteur et nous partîmes dans le silence le plus total. Une bonne dizaine de minutes s’écoula durant lesquelles je ne bougeai pas d’un millimètre. Incapable de m’endormir. Les effets de la drogue redescendaient et Curtis conduisait lentement. Il devait avoir envie de faire attention, histoire de ne pas empirer la situation. Je finis par me tourner vers lui, lui jetant un regard froid et sombre. « Elles sont où les clopes ? » Il renifla et ouvrit la boîte à gants, me tendant un paquet à moitié entamé et un briquet. J’en allumai une après plusieurs essais – mes mains étaient molles et tremblantes – puis soufflai la fumée, le regardant en coin. Il se frotta discrètement les yeux. Il pleurait, j’en étais certaine, ou se retenait de le faire depuis un bon moment. Je soupirai, exténuée. Il ne manquait plus que ça. Les larmes de Curtis. Je secouai doucement la tête et l’ignorai durant les minutes qui suivirent. Il finit par articuler quelques mots. « Solveig … J’voulais pas que … » Je levai la main pour le couper. « Tais-toi. Je sais. Personne voulait. » J’ai descendu mon doigt vers le tableau de bord et allumai la radio pour lui faire signe de garder le silence jusqu’à la fin du trajet. Je continuai de fumer, écoutant à présent la musique et ne cillant pas. Tais-toi, Curtis. Taisez-vous, tout le monde. Tais-toi, Solveig. On avait tous oublié de dire les bonnes choses, alors mieux valait simplement arrêter de parler.